Auteurs et textes mystiques
Filiation au siècle des Lumières
Carmels
Mystiques après 1600
DT Etudes
Lilian Silburn
Listes & bibliographie
TABLE DES MATIERES
Table des matières
*************************** 15
100. FENELON LE GNOSTIQUE LA TRADITION.doc 17
71.FÉNELON MYSTIQUE / UN FLORILEGE [2016] 21
101. Fénelon_mystique_14x21.6_18oct16.docx 21
72.LA DIRECTION DE FÉNELON PAR MADAME GUYON [lettres reprises] 31
102.Guyon-Fénelon 14x21.6 8février15.doc [et] .pdf 31
Une relation mystique. (Murielle Tronc.) 31
73.FRANÇOIS LA COMBE (1640-1715) VIE, ŒUVRES, ÉPREUVES du Père Confesseur de Madame GUYON [2016] 43
103. François Lacombe 3e édition.docx [et] .pdf 43
François Lacombe mystique et martyr 43
I. Un savoyard actif (1640 - 1687) 44
Un religieux plein d’avenir 1640-1681 44
1.18 LE P. LA COMBE -- PROMPTITUDES ET CHARITÉ 45
MADAME GUYON TEMOIGNE DE LEUR RENCONTRE ET DE LEUR ACTION COMMUNE (1681-1686) 49
74.MARIE-ANNE DE MORTEMART (1665-1750) [bio & lettres][2016] 55
104. Mortemart 18 oct 16.docx 55
Le successeur dans la filiation ? 57
Opinions de Fénelon et de Chevreuse 58
Traits relevés par Saint-Simon 58
Tome 4 ch.12 1703 pp. 213-214 La duchesse de Mortemart quitte la cour et marie un fils difficile… 58
Lettres des deux directeurs 60
Annexe. Liste chronologique de membres ou de sympathisants de la Voie : une équipe ? 61
75.SAINT-SIMON [concernant Fénelon, Madame Guyon et leurs proches] 67
105. Saint-Simon-révisé formaté antidoté.docx 67
76.ÉCOLES DU CŒUR AU SIÈCLE DES LUMIÈRES Disciples de madame Guyon & Influences [2016] 69
106. Ecoles.Lumières-avril2016.docx [et] .pdf 69
Les filiations de la quiétude 71
77.D. HENDERSON, MYSTICS OF THE NORTH-EAST [Henderson 1934 réédité] 75
107. Henderson Mystics Introduction & Lettres 14x21.6.docx [et] .pdf 75
108.Hadewijch Lilian & Lettres 12fév19.docx 81
78. --I Un florilège mystique relevé par Lilian Silburn -- II Hadewijch LETTRES SPIRITUELLES Béatrice de Nazareth SEPT DEGRÉS D’AMOUR – III Une brève présentation de béguines 83
109.Hadewijch choix Lilian reformaté A4 bis.docx 83
79.RUUSBROEC NOCES SPIRITUELLES [Bizet 1947 réédité] 85
110.Ruusbroec Noces spirituelles (Bizet).doc 85
80.NUAGE D’INCONNAISSANCE [Le Nuage / The Cloud / Epitre de la Direction divine, réédités] 89
111.Nuage & Epitre 14 x 21,6 au 9 fév17.docx [et] .pdf 89
112.Paul Agaesse intégral.doc 93
213. DADU (1544-1603) et les mystiques Bauls du Bengale. 95
113.+Dadu and Bauls (K.Sen).odt 95
LA GRANDE DAME DU PUR AMOUR SAINTE CATHERINE DE GÊNES 1447-1510 [réédition] 97
114.Cath_genes_choix global.doc 97
115.Cath_genes_impression.doc [et] .odt 97
226.HENRI HARPHIUS Théologie mystique – L’Eden 101
116.Harphius L’Eden ...docx 101
JUAN DE LA CRUZ / llama de amor viva / vive flamme / Edition bilingue 103
117.Juan de la Cruz VF interlinéaire 2017 repris 2018. 103
LLAMA DE AMOR VIVA - VIVE FLAMME D’AMOUR 104
118.Quiroga_Historia & notices_révisé_accentué_antidoté éd.2.docx [et] .pdf 119
119.Quiroga_Oraison & Apologie 4mars17.docx 127
120.Quiroga_SubidaI&II-Don-Repuestas-Apologia.docx 129
84.JEAN DE SAINT-SAMSON LE VRAI ESPRIT DU CARMEL [2012] 135
Jean de Saint-Samson (1571-1636) 136
Le sentier de l’amour divin 139
85.JEAN DE SAINT-SAMSON L’œuvre à lire [choix dans le Cabinet mystique, la direction de Dominique de St Albert, les Justifications de Mme Guyon] 149
122.Saint-Samson CABINET D & ms_28déc17 14x21.6.docx 149
122.Saint-Samson Florilège.odt 149
Lire Jean de Saint-Samson, un mode d’emploi. 150
Liste de 1658 & catalogue des ms. de Rennes 153
86.JEAN DE SAINT-SAMSON Florilège [choix réduit, réforme du carmel] 159
98. DOMINIQUE de St-Albert 161
123.Dominique de Saint-Albert Oeuvres […] 21juin2015.docx 161
Présentation par les Éditeurs 161
49.MAUR DE L’ENFANT-JESUS ECRITS DE LA MATURITE 1664-1689 167
Maur de l’Enfant-Jésus, grand carme. 168
Jean de Saint-Samson maître des novices. 168
50.Maur de l’Enfant-Jésus ENTREE A LA DIVINE SAGESSE 181
206. JEANNE DE CAMBRY 1581-1639 [2019] 191
124. Cambry et Vie et Boissieu 18fév20.odt [et[ .pdf 191
87.JEANNE DE CHANTAL RECUEIL DES BONNES CHOSES & EXTRAITS DE LETTRES [2015] 195
125.JdeCh Recueil etc-14x21.6 éd2e 21janvier15.doc (et) .pdf 195
88.JEANNE DE CHANTAL, ÉCRITS RELEVÉS DANS L’ÉDITION DE 1875 205
126.JdeCh1875 [...]au 6fév15.pdf (et) .doc 205
89.JEAN-JOSEPH SURIN LETTRES 211
127.Surin Florilège correspondance 14 x 21.6 et +.docx (et) .pdf 211
Table des lettres par principaux destinataires : 212
90.« AIME-MOI » FAITS ET DITS DE LA BONNE ARMELLE 215
128.LA_BONNE_ARMELLE_Arfuyen_20oct.doc 215
129.Armelle Nicolas Triomphe de l'Amour divin. D & M Tronc (coll.SM c. JnX 2012) .doc 217
La bonne Armelle, servante bretonne (1606-1671) 217
Un pays prospère et chrétien 218
Une biographie et son influence 224
92.MARIA PETYT (1623-1677) Mystique flamande Notices & Études par Albert Deblaere 229
130.Petyt-11mars17-I-Deblaere.docx (et) .pdf 229
131.Petyt-11mars17-II-Trad.Bosssche&Contexte.docx (et) .pdf 235
95.DOM GEORGES LEFEBVRE, PRIÈRE PURE ET PURETÉ DU CŒUR 241
132.dom Lefebvre prière pure et pureté du coeur.docx (et) .pdf 241
96.Lilian SILBURN, LE VIDE, LES VOIES, LE MAITRE 243
133.Lilian Silburn Le Vide, les Voies, le Maître 21juin16.docx (et) .pdf 243
TROIS CONTRIBUTIONS À RETROUVER DANS ETUDES I ORIGINES D’UNE FILIATION : 248
54.QUIETUDE ET VIE MYSTIQUE : MADAME GUYON ET LES CHARTREUX [« Transversalités » 2004] 250
134.Guyon LeMasson avril (pour rev.Transversalités 2004).doc 250
Bref résumé de « Quiétude… » : 250
III. Une filiation au sein d’un réseau spirituel. 259
Première « voie active de la méditation ». 262
Deuxième « voie passive de lumière ». (Les rivières) 263
Troisième « voie passive en foi ». (Les torrents) 263
Premier degré : amour et intériorité. 263
Deuxième et troisième degrés : course de l’âme à sa perte, dépouillement, mort. 264
« Vie nouvelle et divine ».(Quatrième degré et seconde partie des Torrents). 265
51.JEANNE-MARIE BOUVIER DE LA MOTHE [MADAME GUYON] (1648-1717), DICTIONNAIRE DE LA SIEFAR 268
68.L’EXPERIENCE « QUIETISTE » DE MADAME GUYON [« Mélanges carmélitains » 2004] 272
136.L'expérience quiétiste de Madame G (Mélanges carmélitains 2004)-modifié.doc 272
Les contraintes de l’époque, causes de ces épreuves. 274
Le « Quiétisme » historique. 275
Le « Quiétisme » mystique. 275
Une excellente préservation d’écrits méconnus. 277
Trois volets : expérience, enseignement, tradition. 277
Un enseignement qui couvre trois longues périodes de la vie mystique. 278
Tableau des influences exercées sur Madame Guyon. 287
102.CONTEMPLATION ET VIE ORDINAIRE CHEZ M. BERTOT ET Mme GUYON [CRESC 2019] 288
137. D et M tronc contemplation et vie ordinaire au 15juin2019.odt 288
101. A MYSTICAL TRANSMISSION SCHOOL [choix traduits par S.Lewis] 294
138.A MYSTICAL TRANSMISSION 9 août18.docx (et) .pdf 294
55.ANALYSE [« Dix-septième siècle » Fr. Trémolières] 296
138b. !F Trémolières XVIIe siècle sur Guyon DSS_103_0547[1].pdf 296
138b.F Trémolières Mme GUYON revue Hist. Litt….doc 296
139b.(1)Méthode_claire_et_facile…...pdf 300
139c.!Mectilde Itinéraire & Entretiens & Recueils.docx 300
139e.OCR CF I à IX format.docx 301
139e.OCR CF X à XVIII formaté.docx 301
139f.Sentences persanes Poiret Guyon.odt 301
LILIAN SILBURN [projet pour réédition future] 302
***************************** 302
LILIAN SILBURN I VIE ET PREMIERS TRAVAUX 304
151.Lilian Silburn Tome I Vie & premiers travaux.odt 304
LILIAN SILBURN II INSTANT ET CAUSE 310
152.Lilian Silburn Tome II Instant et Cause.odt 310
LILIAN SILBURN ET SES AMIS III « HERMÈS » 314
153. Lilian Silburn Tome III Hermès REVU.odt (et) .pdf 314
LILIAN SILBURN IV AUX SOURCES DU BOUDDHISME 324
LILIAN SILBURN V SIVAISME 1957-1964 330
155.Lilian Silburn tome V Sivaïsme 1-2-3-4.odt 330
LILIAN SILBURN VI SIVAISME 2 334
La MAHARTAMANJARI DE MAHESVARANANDA AVEC DES EXTRAITS DU PARIMALA 334
HYMNES AU KÂLI LA ROUE DES ÉNERGIES DIVINES 334
156.Lilian Silburn Tome VI Sivaïsme 5-6-7.odt 334
LILIAN SILBURN VII SIVAISME 3 338
SlVASÛTRA et VIMARSINI DE KSEMARÂJA 338
LA KUNDALINÏ ou L’ÉNERGIE DES PROFONDEURS 338
157.Lilian Silburn Tome VII Sivaïsme 8-9.odt 338
LILIAN SILBURN VIII SIVAISME 346
SPANDAKÀRIKÀ STANCES SUR LA VIBRATION DEVASUGUPTA & GLOSES 346
ABHINAVAGUPTA CHAPITRES 1 À 5 DUTANTRÂLOKA 346
158.Lilian Silburn Tome VIII Sivaïsme 10-11.odt 346
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161.!Auteurs et textes mystiques allégé.docx 354
CHRONOLOGIE MYSTIQUE (AC~1350 À 2000+) 354
Chronologie mystique au XVIIe siècle 362
Classement chronologique de Figures mystiques ayant connues le XVIIe siècle (noms, dates, durées de vie, appartenances) 363
Relevé bibliographique par auteur 366
Bonne Armelle > Armelle Nicolas 367
Caussade > Jean-Pierre de – 367
Chantal > Jeanne de Chantal 367
Chrysostome > Jean-Chrysostome 368
Dominique & Murielle Tronc 368
Fénelon > François de Fénelon 370
Jean-Chrysostome de Saint-Lô 372
Lacombe > François Lacombe 375
François de Fénelon, La Tradition secrète des mystiques ou Le Gnostique de Clément d’Alexandrie, présentation par Dominique et Murielle Tronc, « Les carnets spirituels », Paris, Arfuyen, 2006, 216 p. [Le Gnostique, précédemment publié par Dudon, revu et corrigé sur le ms. des Archives de Saint-Sulpice.]
Eté 1694 : Fénelon a quarante-trois ans, il est précepteur du Dauphin et protégé de Bossuet. Mais depuis six ans, il a fait la connaissance de madame Guyon, qui a bouleversé sa vie en l’introduisant dans la vie mystique. Le groupe dont elle assume la direction spirituelle, comprend des Grands de la Cour et des filles de Saint-Cyr1.
On les qualifie de « quiétistes » , comme le mystique Molinos, en prison à Rome. Leur influence sur le précepteur et leur indépendance intérieure inquiètent les pouvoirs royal et ecclésiastique. Madame de Maintenon et Bossuet vont remettre de l’ordre : madame Guyon est soumise à un contrôle concernant ses opinions et ses mœurs. Les examinateurs, dont Bossuet, se réunissent à Issy dès le mois de juillet.
Fénelon, fidèle à son expérience intérieure et au lien mystique qui l’unit à madame Guyon, refuse de la condamner. Ils passent l’été à chercher dans les écrits reconnus par l’Eglise la confirmation de leur expérience personnelle, dans l’espoir de « faire taire tous ceux qui osent parler sans expérience d’un don de Dieu2 ». Tout le mois d’août, ils collationnent des milliers de pages de textes, qui conduiront aux Justifications signées par madame Guyon et à deux mémoires de Fénelon, le premier sur Cassien, le second, rédigé en septembre, sur Clément d’Alexandrie.
Fénelon veut démontrer que les « nouveaux mystiques » s’inscrivent dans la tradition chrétienne, en remontant le plus loin possible dans le temps et retrouvant une tradition apostolique reliée par filiation à Jésus-Christ. En septembre, il lit le texte grec des Stromates de saint Clément d’Alexandrie et s’enthousiasme immédiatement. Il lui semble retrouver chez cet ancien Père l’expérience vécue par les « nouveaux mystiques ». Il reconnaît dans sa « gnose », aboutissement mystique suprême chez Clément, un état identique à l’état passif que décrit madame Guyon dans son Moyen Court.
Clément d’Alexandrie, né vers 150, disparu avant 215, est une figure vénérable et le premier Père dont nous puissions lire des ouvrages entiers. Grec converti, il est le maître d’Origène. Son œuvre se fait l’écho des voix chrétiennes et païennes. Le vieux maître, dans ses Stromates, transmet à son tour à ses disciples « la vraie tradition de la bienheureuse doctrine, qu’ils avaient reçue immédiatement des saints apôtres, de Pierre, de Jacques, de Jean, et de Paul, chacun comme un fils de son père3. » Il présente et défend aussi le « travail préparatoire » de la philosophie grecque, dans une vision trop rare de l’universalité du salut4. Il possède la fraîcheur et l’enthousiasme qui animaient les enfants de la première Eglise.
Ecrit dans la fièvre, le commentaire de Fénelon sur Clément dit tout son bonheur d’avoir trouvé un frère en expérience dans un passé si proche du Christ. Son exaltation est telle qu’il va livrer ingénuement toutes ses pensées pour convaincre Bossuet que l’expérience mystique est bonne, qu’elle existe identique à toute époque, et que les affirmations de madame Guyon sont vraies, puisqu’on les retrouve chez Clément. Il martelle ses convictions, multiplie les citations, s’indigne : « Selon saint Clément, ce qu’on écrit sur la gnose est, pour un grand nombre d’hommes, ce que le son de la lyre serait pour des ânes5 » ! Pour Fénelon, il ne s’agit pas de défendre des théories, mais de justifier un vécu personnel.
Nous possédons le texte tel que l’a lu Bossuet en 1694, émouvant par sa véracité, sa spontanéité, sa passion chez un prélat pourtant réputé pour sa froideur. Dans ce manifeste de la pensée guyonnienne, Fénelon retrouve sous la plume de Clément tous les thèmes chers à madame Guyon6. Le pivot en est le pur amour où l’âme se tient sans cesse sans désir autre, même de son propre salut : « Si quelqu’un, par supposition, demandait au gnostique ce qu’il choisirait, ou de la gnose de Dieu, ou du salut éternel, et que ces deux choses, qui sont la même, fussent séparées, il choisirait sans hésiter la gnose de Dieu7 », proclamait Clément bien avant le Grand Siècle. Cet amour anéantit l’âme et la met dans l’état passif, qui donne « une entière souplesse à toutes les volontés que Dieu imprime8 ».
Là, on est « consommé dans l’union inamissible et inaltérable, ayant passé au-delà des œuvres aussi bien que de toute purification. » Cette « habitude de contemplation et de charité perpétuelle » est l’état ultime du chrétien que Clément appelle « gnose ». Celle-ci implique un abandon total à Dieu : « Sa contemplation est infuse et passive, car elle attire le gnostique comme l’aimant attire le fer, ou l’ancre le vaisseau : elle le contraint, elle le violente pour de bon ; il ne l’est plus par choix mais par nécessité. » Le gnostique n’est mû que par l’Esprit Saint, sa liberté absolue est proclamée face aux « théologiens rigides » et à tous ceux qui n’ont aucune expérience mystique : « .c’est l’onction qui lui enseigne tout ; et loin de pouvoir être enseigné, il ne peut être entendu ni compris. » 9.
Bien que les mystiques partagent la vie commune des chrétiens, ils se transmettent une « tradition secrète » qui s’enseigne aux âmes choisies : « Le Seigneur a donné à ses apôtres la tradition non écrite d’une chose écrite, c’est-à-dire une explication secrète et de vive voix du sens le plus profond des Ecritures, où le mystère de la gnose se trouve renfermé10». Seul un mystique peut saisir le sens intime de l’Ecriture et transmettre ce sens à quelqu’un qu’il a choisi : la gnose « ne doit pas être ouverte ni populaire, puisqu’il ne s’agit pas d’une voie commune qu’il faille prêcher sur les toits ; il s’agit de la sagesse la plus profonde puisqu’elle n’est annoncée qu’entre les parfaits11».
En fait, Fénelon décrit là le rôle que joue madame Guyon pour lui. La passiveté entraîne un état apostolique qui permet au mystique de répandre la grâce autour de lui : « Il est dans l’état apostolique, et suppléant à l’absence des apôtres, non seulement il enseigne à ses disciples les profondeurs des Ecritures, mais encore il transporte les montagnes et aplanit les vallées du prochain ; il souffre intérieurement des tentations pour purifier ses frères12».
Toutes ces affirmations, d’expérience pour Fénelon et ses amis, étaient scandaleuses pour leurs juges. Il en avait bien conscience : « Ce Père les surpasse tous dans ce qui scandalise le plus les docteurs13». Il comptait beaucoup sur la bienveillance et l’humilité du lecteur : « Que le lecteur qui lit ces choses n’entreprenne pas de les comprendre s’il n’en a aucune expérience ; et qu’il croie humblement cette sainte tradition, dont saint Clément est un témoin si vénérable14. »
Malheureusement, Bossuet n’était pas ce lecteur de rêve : il pensait que l’expérience mystique conduisait souvent à des chimères ; il était très attaché à un christianisme traditionnel pour tous, à la prière discursive, à la recherche du salut par le mérite ; toutes ces déclarations lui paraissaient manquer de foi, d’humilité et de simple prudence. Cette liberté de ton, ces certitudes le scandalisaient. Il était atterré de voir son jeune protégé subjugué par une femme qu’il jugeait exaltée.
Les juges essayèrent de ramener Fénelon à leur point de vue et de le tirer hors de l’influence de madame Guyon. Fénelon prendra conscience des excès de son texte, notamment sur la perfection impassible du gnostique, la volonté de secret et l’orgueil de se croire au-dessus du simple chrétien, qui font redouter le sectarisme, etc. Il écrira plus tard : « Je ne prétends pas que toutes les expressions puissent être également précautionnées, dans cette multitude d’écrits si longs que j’ai faits avec tant de hâte … Mais enfin la suite de mes écrits fait voir clairement ce que j’ai toujours pensé 15». Des discussions de plusieurs années vont user Fénelon. Mais il continuera à soutenir madame Guyon avec une fidélité absolue, tandis que les membres de leur groupe resteront indéfectiblement liés.
Le Gnostique fut un premier essai d’expression par Fénelon de la mystique guyonnienne. Cet affrontement témoigne de la difficulté pour les mystiques d’exister à l’intérieur de leur Eglise : face à des juges qui n’ont pas une expérience comparable, ils peinent à trouver un langage qui rende compte de leur vécu, surtout si celui-ci doit coïncider avec une théologie. Bossuet rendra son manuscrit à Fénelon, qui ne parlera plus jamais du thème du secret. Mais il approfondira inlassablement les points qu’il jugeait essentiels : pur amour et passivité. Il tentera, de façon mesurée et réfléchie, de prouver que le vocabulaire et l’expérience des mystiques « modernes » se justifient par les écrits des autorités reconnues de l’Eglise et que l’état passif est l’essence même du christianisme. Mais sans succès.
Si orgueil il y eut, il fut laminé par l’épreuve : n’étant qu’une simple femme et laïque, madame Guyon subira des interrogatoires éprouvants, puis des années de prison, avant d’être libérée, quittant la Bastille en 1703 sur un brancard, tant elle était affaiblie. Fénelon sera préservé, nommé archevêque de Cambrai, mais ainsi éloigné de la Cour. Il se distinguera par l’exercice de la charité lors des guerres de la fin du règne de Louis XIV. Parallèlement à madame Guyon, qui voyait en lui son successeur, il assumera la direction mystique de nombreuses personnes qui les considéraient comme leur « père et mère » spirituels. Mais tout ceci s’accomplira à la fin de leur vie dans le silence et la discrétion.
§§
Il nous a semblé que le titre de Gnostique…, qui ne suggère pas le contenu de l’œuvre, risque également d’induire en erreur le lecteur d’aujourd’hui sur l’intention de son auteur, car « gnostique » a pris de nos jours un sens technique étroit, en désignant surtout des sectaires qui vivaient aux premiers siècles.
Nous fondant sur le titre du chapitre 16, « La gnose est fondée sur une tradition secrète », et en écho au titre de l’ouvrage de Bossuet qui veut apporter une réfutation doctrinale intitulée La Tradition des nouveaux mystiques16, nous avons donné un sous-titre au présent texte : La Tradition secrète des mystiques. Il attire l’attention sur deux thèmes chers à notre auteur.
Le « christianisme intérieur » n’est secret que par suite d’un voile d’aveuglement et non par suite de la volonté des mystiques : « … ceux qui ne sont pas gnostiques, voient et ne croient pas, entendent et ne comprennent pas, et lisent les mystères de la gnose avec un voile sur le cœur17 ». Mais il est offert à tous et ne dépend que de la grâce divine.
Il s’inscrit dans une tradition chrétienne sous la forme d’un courant mystique qui traverse tous les siècles. Ainsi, le carme historien Honoré de Sainte-Marie (1651-1729), un contemporain de Fénelon, mit en valeur ce courant en décrivant siècle après siècle ses principales figures : pour lui, « Jésus apparaît comme le premier des mystiques, ayant connu toutes les manières de contempler18 ».
Fénelon mystique, un florilège, par D. Tronc, lulu.com, hors-commerce pour raison de droits, 457 p. [« Une rencontre mystique », bref extraits des « Œuvres et opuscules, » large choix de « Lettres de direction » par destinataires].
FENELON MYSTIQUE, UN FLORILEGE
Fénelon a fait l’objet d’un très grand nombre d’approches. Mais dès que l’on veut connaître le vécu spirituel de l’homme, études et choix de textes deviennent rares. Le titre « Fénelon mystique, un florilège » veut faire connaître l’essentiel de ses directions qui reflètent sa nature profonde. Le Florilège que je propose est chronologique. Le récit de la rencontre mystique avec madame Guyon précède des extraits d’écrits titrés dont se détache le saint Clément. Puis d’abondants témoignages privilégient la période de maturité où, délivré de toute illusion, Fénelon touche à l’achèvement mystique.
Je tire parti de l’édition critique récemment achevée de sa Correspondance. Elle permet de mieux cerner des personnalités diverses qui, aspirant à la vie intérieure, découvrirent le meilleur directeur spirituel de leur époque.
Je m’efface derrière des séries d’extraits regroupés autour de ces destinataires. Les besoins varient suivant leurs tempéraments. Le connaisseur des âmes se révèle être un ami patient dans (presque) tous les cas. Par sa profondeur et dans son exigence, il demeure pour nous un compagnon présent.
François de Fénelon a fait l’objet d’un très grand nombre d’études, dont un bon millier pour le seul dernier demi-siècle19. Mais dès que l’on veut approcher son vécu au plan spirituel en négligeant les controverses, choix de textes et études sont plus rares20 et notre titre « Fénelon mystique » demeure original.
On l’a dépouillé de ce qui était essentiel à ses yeux pour le réduire parfois à un « homme de lettres ». Il y a de bonnes raisons à cela. Les autorités religieuses catholiques ou protestantes se méfient de la quiétude mystique. Souvent des critiques préfèrent Bossuet, prélat à la pensée simple et facilement partagée qui occupa une large place dans le canon littéraire français au XIXe siècle. Il succéda à Fénelon dont le rayonnement européen n’est grand qu’au Siècle des Lumières précédent. Les défenseurs de l’archevêque ont caché ses relations avec madame Guyon parce qu’elles étonnent en l’absence d’une sensibilité mystique21. Enfin certains des textes essentiels n’ont été rendus disponibles que fort récemment. Il s’agit de la correspondance complète avec madame Guyon22 et de la mise en valeur des fragments de lettres assemblés par les membres du cercle mystique animé par Fénelon. Ces derniers lui ont joué un mauvais tour. Ils ont supprimés des noms et des dates pour protéger les membres des deux cercles quiétistes de Cambrai et de Blois. Cette suppression est préjudiciable à toute édition critique 23.
Le choix de « bonnes pages » par des proches24 avait en effet sauvé l’essentiel mystique, mais ‘trop tôt’ en omettant les dates et les noms des correspondants. Ceci a conduit à minorer leur importance au bénéfice de textes complets signés mais souvent d’intérêt mineur.
Car les aspects visibles et multiformes ont été mis en valeur très tôt - ils intéressaient l’histoire du temps -, mais ils ont perdu depuis leur actualité : il s’agit de multiples opuscules rédigés en défense du quiétisme, de ceux rédigés en réaction à la seconde période janséniste, de textes éducatifs et de conseils politiques qui demeurèrent inutiles à la suite du décès du duc de Bourgogne, un temps dauphin.
L’image un peu molle de l’auteur du Télémaque destiné à un prince adolescent, ou bien celle de l’archevêque ferraillant contre le jansénisme, a caché la grandeur et la fermeté chirurgicale nécessaire du grand directeur spirituel ; il nous apparaît aujourd’hui comme le plus profond des moralistes25.
La trajectoire ascendante qui transforme la vie du jeune abbé, poulain de Bossuet promis à un brillant avenir de par ses capacités intellectuelles, conduira à la grandeur de l’archevêque combattant misères personnelles et collectives sans en tirer aucun profit personnel ou familial. Cette évolution n’a pas été suffisamment soulignée car la statue figée, érigée au siècle de sa mort, ne rend pas compte de l’homme cheminant vers son accomplissement intérieur 26.
Nous privilégions donc ici les écrits mystiques datant surtout de la fin d’une vie qui se déroule dans l’ombre portée par des politiques religieuses et royales contraires. L’image d’un auteur littéraire laisse place à celle du mystique sobre et sans illusion dont l’esprit subtil n’hésite pas lorsque l’essentiel à ses yeux est mis en cause.
Le desengaño27 parfois évoqué pour rendre compte d’un « tempérament sec » délivré de toute illusion se rattache souvent aux stades mystiques avancés. Il s’agit d’une vision des phénomènes vécus par qui a dépassé le senti et des interprétations tributaires d’époques et de croyances.
Notre florilège sera chronologique pour souligner la dynamique d’une vie consacrée puis donnée à Dieu. Tout commence par une rencontre improbable où l’attirance naturelle n’a guère de part, entre une ‘Dame directrice’ 28 et le jeune abbé. Rencontre sans sublime ni amalgame, contrairement à l’expression malicieuse de Saint-Simon. Puis vient la découverte rendue avec élan et fraîcheur par une identification avec les premiers chrétiens d’Alexandrie conduits par saint Clément.
Ensuite, le pasteur compose des essais titrés et ferraille avec finesse, mais sans fautes dans les combats de la ‘querelle quiétiste’. Enfin - condamnation acceptée et silence induit obligent -, le prélat se tait. Mais il s’opposera aux désunions des chrétiens en défendant l’autorité religieuse du pape tandis que sa charge d’âmes lui a fait produire des mandements qu’il jugeait nécessaires à leur conduite.
Plus discrètement il continua à diriger de Cambrai des âmes intérieures - membres du cercle constitué autour de « notre père » - outre la carmélite Charlotte de Saint-Cyprien dont nous reproduisons en premier l’ensemble des rares lettres qui nous sont parvenues – au moment même où madame Guyon, « notre mère », retirée sur les bords de la Loire près de Blois, agissait de même auprès de ses visiteurs. Les deux amis communiquaient par l’intermédiaire de ces derniers, en particulier par le neveu de l’archevêque.
On retiendra de ces aventures d’un passé évanoui la grandeur du moraliste qui traverse les couches superficielles des égoïsmes. Il sait révéler, au sein de ces couches intermédiaires nous séparant du cœur de nous-mêmes, reconnues aujourd’hui de psychologues et de psychanalystes, tous les fils échappatoires. Il les coupe avec une lame dont la précision est illustrée par le récit de Tchoang-tseu29. Son seul but est de mener droitement à Dieu. En même temps son devoir de pasteur archevêque lui fait guerroyer en théologie et philosopher assez intelligemment sur l’existence de Dieu30. L’abondance de ces derniers textes publics a voilé l’essentiel.
Notre florilège mystique est constitué de parties qui se succèdent chronologiquement : la rencontre mystique avec madame Guyon précède des extraits d’écrits titrés dont se détache le saint Clément. Puis une abondante correspondance de direction privilégie la période de maturité où Fénelon atteint le plein achèvement mystique.
Le florilège spirituel revivifie l’image de Fénelon, mais surtout veut être utile aujourd’hui. Aussi notre contribution dans le plein texte est-elle réduite,31 car, plutôt que de paraphraser des sources il faut laisser toute la place aux témoignages personnels : seul l’individu reflète une vie mystique.
Pour la chronologie des événements, on se reportera à celles établies par J. Orcibal dans la Correspondance de Fénelon32. Ainsi qu’à un « recueil de textes d’époque, rangés dans un ordre aussi rigoureusement chronologique que possible, reliés par une brève narration » pour approcher madame Guyon33.
Le dossier à incidences mystiques que nous proposons demande une certaine patience envers des textes qui ne recherchaient aucune diffusion, mais s’adressaient à tel(le) correspondant(e) ciblé(e). Elle est encouragée par le don d’écrire du directeur.
Son lecteur va commencer l’exploration par un témoignage « brut de décoffrage » provenant de sa « dame directrice », texte de sa Vie par elle-même qui n’était destiné qu’à un confesseur, le P. Lacombe34.
Notre but n’est ni historique ni théorique. Nous nous adressons aux chercheurs spirituels.
Toutefois nous mêlons - localement et en corps de caractères réduit - des aspects historiques au florilège proposé, afin de souligner un comportement exemplaire rare chez les prélats du temps, mais constant chez le pasteur et directeur spirituel François de Fénelon, digne successeur de François de Sales.
Prouver le rôle de la « dame directrice » qui l’initia à la vie mystique corrige « l’oubli » de siècles où l’on a dû protéger la figure illustre de l’Archevêque en l’occultant. Après le témoignage intime forcément subjectif de 1688 porté par Mme Guyon - Fénelon n’a jamais eu à exposer par écrit à la requête d’un confesseur la manière dont il a vécu une rencontre décisive - nous proposons quelques échanges entre directrice et dirigé, produisons les questions-réponses de l’échange de mai 1710, seul survivant des relations par questions-réponses rétablies après les prisons. Ensuite des extraits de correspondance témoignent d’une parfaite fidélité fénelonienne.
Les interactions entre Fénelon et ses dirigé(e)s furent éclairées magistralement par J. Orcibal : nous reprenons ses notes en les allégeant seulement de renvois, puisque le présent ouvrage ne prétend pas à érudition. Et de même pour celles par I. Noye dont son [CF 18] a été le moteur de notre travail. Ces reprises seront utiles aux chercheurs car nous ne disposons à ce jour d’aucun outil permettant de les retrouver facilement au sein des volumes impairs des études et notes de la [CF]35 ! Il en est de même d’une utilité offerte par les Relevés de correspondances figurant en fin des sections par destinataire et concernant les volumes pairs de lettres.
Notre disposition reste chronologique, par et dans les sections propres à chaque dirigé(e). Ceci permet de suivre « à la trace » chaque évolution, souvent de longue durée, pas toujours mystique. C’est le seul moyen de s’approcher d’un vécu intérieur. Nous privilégions l’expérience vécue, donc pas de théologie ! La distribution par destinataires permet d’apprécier la finesse du commun directeur envers des « commençants » ou des « pèlerins », tous considérés comme des « amis ». Fénelon aurait succédé à Mme Guyon s’il eût vécu.
Ce florilège est issu de lectures successives sur une dizaine d’années effectuées à travers mais sans couvrir l’immensité des écrits féneloniens. Il doit tout aux travaux de Gosselin [OC], d’Orcibal et de Noye [CF], de Le Brun [OP]. Table des sigles des sources, infra.
Nous pensons que ce travail met en valeur, outre la profondeur d’une Charlotte de Saint-Cyprien, la ‘Petite Duchesse’ de Mortemart : cette cadette du ‘clan Colbert’ sut s’imposer auprès de son frère et des membres du ‘petit troupeau’ mystique. Elle en prit la direction avec Fénelon au moment des épreuves de la ‘Dame Directrice’. Adoucie par l’expérience, après la disparition de Fénelon en janvier 1715 puis de Mme Guyon en juin 1717, elle continua leur apostolat en couvrant la première moitié du XVIIIe siècle, certes aidée par d’autres membres des deux cercles de spirituels, les un « cis » français, les autres « trans » européens. Nous avons approfondi son portrait placé en tête de la section qui lui est consacrée.
Table
FÉNELON MYSTIQUE 3
UN FLORILEGE 3
Choix établi & présenté par Dominique Tronc 3
Présentation 5
Avertissement 11
Table des sources 13
Œuvres de Fénelon 13
Œuvres de Mme Guyon 13
Etudes 13
UNE RENCONTRE MYSTIQUE 17
Le témoignage de madame Guyon 17
Chronologie couvrant les deux années qui suivent la rencontre 23
Histoire et état documentaire des sources 25
Des premiers échanges 26
Fénelon défend madame Guyon 33
352. À Mme DE MAINTENON. 7 mars 1696. 35
362. AU DUC DE CHEVREUSE. À Versailles, 24 juillet 1696. 39
364. À Mme DE MAINTENON. [Septembre 1696]. 40
403. À L. A. DE NOAILLES. 8 juin 1697. 41
454. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À Cambray, 25 septembre [1697]. 44
471. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À Cambrai 8 décembre [1697] 44
523. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 23 mai [1698]. 45
524. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 30 mai [1698]. 46
542. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 6 septembre [1698]. 47
551. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 27 septembre [1698]. 47
553. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 10 octobre [1698]. 48
568. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 14 décembre [1698]. 48
569. À PIERRE CLÉMENT [Vers le 14 décembre 1698]. 48
570. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À Cambray, 19 décembre [1698]. 49
571. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 26 décembre [1698]. 49
578. À L’ABBÉ DE CHANTÉRAC. À C[ambrai], 16 janvier [1699]. 50
1121. À LA DUCHESSE DE MORTEMART. À Cambray, 9 janvier 1707. 50
Fénelon maintient secrètement le contact 53
De FÉNELON avec les réponses de Madame GUYON. 4 (?) Mai 1710. 53
De FÉNELON. fin mai 1710 ? 61
ŒUVRES & OPUSCULES SPIRITUELS 63
Réfutation du Père Malebranche 65
Mémoire sur L’État Passif 67
Le Gnostique de saint Clément 77
CHAPITRE III De la vraie Gnose. 77
CHAPITRE XI : Le gnostique est déifié. [217] 80
L’Union chez Cassien 85
Explication des Maximes (29 janvier 1697) 87
Instruction pastorale sur l’Explication des maximes (15sept1697) 93
Propositions des Maximes justifiées par de saints auteurs (15 décembre 1698) 97
Œuvres spirituelles 103
I. Lettres et opuscules spirituels 103
II. Fragments spirituels 118
LETTRES DE DIRECTION 119
« Envoi » 121
Madame de Maintenon (1635-1719) 123
174. À MADAME DE MAINTENON. [17 juin 1691] 123
259. À MADAME DE MAINTENON mai 1694 124
Relevé de Correspondance 125
Marquis de Blainville (1663-1704) 127
LSP 32.*A UN CONVERTI (O) 128
LSP 31*A UN CONVERTI (O) 131
LSP 33*A UN CONVERTI (O) 134
LSP 34.*A UN CONVERTI (O) 137
LSP 36.*A UN CONVERTI (O) 142
LSP 38.*POUR UN CONVERTI (O?) 145
43. LSP 66. Au MARQUIS DE BLAINVILLE. [Fin de 1688] 147
LSP 132.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 148
LSP 133.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 148
LSP 134.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 149
LSP 169.*AU MARQUIS DE BLAINVILLE 151
LSP 170.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 151
LSP 171.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 152
LSP 172.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 153
LSP 173.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 153
LSP 175.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE (?) [1694 ?] 153
LSP 180.*Au MARQUIS DE BLAINVILLE 154
664. Au MARQUIS DE BLAINVILLE. À Cambray [15 juin 1700] 156
LSP 84. Au MARQUIS DE BLAINVILLE [1701-1704] 156
LSP 85. Au MARQUIS DE BLAINVILLE [1701-1704] 157
Relevé de correspondance 158
Comtesse de Gramont (1640 ?-1708) 159
175. À LA COMTESSE DE GRAMONT. Samedi, 2 juin [1691]. 160
322. À LA COMTESSE DE GRAMONT. À Issy, 25 mai [1689]. 161
Relevé partiel corrigé de correspondance 163
Dom François Lamy (1636-1711) 165
696. À DOM FRANÇOIS LAMY. À C[ambrai] 13 déc[embre] 1700. 165
766. LSP 6. À DOM FRANÇOIS LAMY . À Tournay 26 octobre 1701. 166
1034. À DOM FR. LAMY. À C[ambrai] 11 février 1705. 167
1132. LSP 7. À DOM FR. LAMY. À C[ambrai] 25 mars 1707. 168
1219. À DOM FRANÇOIS LAMY. [juillet 1708]. 169
766. À DOM FRANÇOIS LAMY. À Tournay 26 octobre 1701. 171
1132. À DOM FR. LAMY. [À Cambrai] 25 mars 1707. 173
1189. À DOM FRANÇOIS LAMY. À Cambray, 4 janvier 1708. 174
1217. À DOM FRANÇOIS LAMY. À C[ambrai] 22 juin 1708. 174
1297. À DOM FRANÇOIS LAMY. [À Cambrai] 21 avril 1709. 175
Lettre au P. Lami sur la grâce et la prédestination 176
Relevé de correspondance 177
Duc (1656-1712) puis duchesse (-1752) de Chevreuse 179
433. À UN AMI [CHEVREUSE OU BEAUVILLIER]. 3 Août 1697. 180
626. AU DUC DE CHEVREUSE. 31 août 1699. 180
627. AU DUC DE CHEVREUSE [Après le 14 septembre 1699] . 181
633. AU DUC DE CHEVREUSE [vers le 4 novembre 1699]. 182
639. Au DUC DE CHEVREUSE. 30 décembre 1699. 183
642. Au DUC DE CHEVREUSE. 27 janvier 1700 185
856. AU DUC DE CHEVREUSE. À C[ambrai] 7 septembre 1702. 187
912A. LE DUC DE CHEVREUSE A FÉNELON. À Dampierre, ce 16e mai 1703. 188
1128. Au DUC DE CHEVREUSE. À C[ambrai], 24 février 1707. 188
1144 Au DUC DE CHEVREUSE. À C[ambrai] 17 mai 1707. 189
1266. Au DUC DE CHEVREUSE. À C[ambrai] 3 décembre 1708 190
LSP 148. *Au DUC DE CHEVREUSE (?) 190
1647. À LA DUCHESSE DE CHEVREUSE. À C[ambray], 20 février 1713. 193
1675. À LA DUCHESSE DE CHEVREUSE. À C[ambrai], 3 [mai] 1713. 194
Relevé de correspondance 194
Comtesse de Montberon (~1646-1720) 197
648. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Lundi 22 février [1700] 197
660. À LA COMTESSE DE MONTBERON. À Mons 30 avril 198
665. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Jeudi 17 juin. 198
673. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Au Cateau, 26 juillet. 199
677. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Jeudi 5 août. 200
679. À LA COMTESSE DE MONTBERON. À C[ambrai], 2 septembre. 200
688. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Dimanche au soir 7 novembre. 201
699. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Dimanche 26 déc[embre]. 203
701. À LA COMTESSE DE MONTBERON. À Cambray 5 janvier 1701. 203
724. À LA COMTESSE DE MONTBERON A C[ambrai] 10 juin. 205
743. À LA COMTESSE DE MONTBERON A C[ambrai] 21 août. 206
771. À LA COMTESSE DE MONTBERON (?). [Vers le 6 novembre]. 208
817. À LA COMTESSE DE MONTBERON. À C[ambrai] 17 avril 1702. 208
867. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Mardi, 10 octobre 1702. 210
926. À LA COMTESSE DE MONTBERON. À Cambrai, lundi 30 juillet 1703. 216
933. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Jeudi 23 août 1703. 217
946. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Lundi soir, 3 novembre 1703. 217
1033. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Lundi 26 janvier 1705. 218
1076. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Mardi, [.] février 1706. 219
1138. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Jeudi au soir 21 avril 1707. 220
1159. À LA COMTESSE DE MONTBERON. Mercredi 10 août 1707. 221
1183. À LA COMTESSE DE MONTBERON. [À Cambrai] 9 décembre 1707. 223
1220. À LA COMTESSE DE MONTBERON. [Juillet 1708]. 224
1308. À LA COMTESSE DE MONTBERON. À C[ambrai] 7 juin 1709. 224
Relevé de correspondance 225
Duc (1648-1714) et duchesse (-1733)de Beauvillier 227
857. Au DUC DE BEAUVILLIER. À C[ambrai], 7 septembre 1702. 228
865. Au DUC DE BEAUVILLIER. Au Casteau-Cambresis, ce 5 octobre [1702 ou 1703?]. 229
1950. À LA DUCHESSE DE BEAUVILLIER. À Cambray, 28 décembre 1714. 230
Relevé de correspondance 231
À Marie-Christine de Salm (1655- ?) 233
1062. À MARIE-CHRISTINE DE SALM. À Cambray, 31 octobre 1705. 235
1133. À MARIE-CHRISTINE DE SALM. A Cambray, ler avril 1707. 236
1218. À MARIE-CHRISTINE DE SALM. À Cambray, 28 juin 1708. 237
1247. À MARIE-CHRISTINE DE SALM. À Cambrai] 30 septembre 1708. 238
A la Marquise de Risbourg ( ~~1670-1720) 239
LSP 139.* A LA MARQUISE DE RISBOURG (?) 240
LSP 140.* A LA MARQUISE DE RISBOURG (?) 240
LSP 141.* A LA MARQUISE DE RISBOURG (?) 241
LSP 142.* A LA MARQUISE DE RISBOURG (?) 242
LSP 143.* A LA MARQUISE DE RISBOURG (?) 244
LSP 144.* A LA MARQUISE DE RISBOURG (?) 244
LSP 501. À LA MARQUISE DE RISBOURG 245
LSP 502. À LA MARQUISE DE RISBOURG 245
Madame de la Maisonfort (1663-après 1717) 249
314. À Mme DE LA MAISONFORT. [Mars 1695]. 249
LSP 145* A MADAME DE LA MAISONFORT 253
LSP 206.*A MADAME DE LA MAISONFORT 254
LSP 207.* A MADAME DE LA MAISONFORT 255
LSP 208* A MADAME DE LA MAISONFORT 256
LSP 209.*A MADAME DE LA MAISONFORT [Avant mai 1697]
Vidame d’Amiens 1676-1744 259
LSP 174.*Au VIDAME D’AMIENS (?) [1706-1707] 259
1148. Au VIDAME D’AMIENS. 31 mai 1707. 260
LSP 183*. AU VIDAME D’AMIENS. [1710 ou 1711 ?] 263
Marquis de Fénelon (1688-1746) 265
1662. Au MARQUIS GABRIEL-JACQUES DE FÉNELON. Samedi 1er avril 1713. 266
1690. Au MARQUIS DE FÉNELON. Dimanche 28 mai 1713. 266
Charlotte de Saint-Cyprien (~1670-1747) 269
Choix de citations extrait de la série complète des lettres 270
Reprise de la série complète des lettres : 273
LSP 26. À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN (?) [début janvier 1689] 273
LSP 17. L.37 & L.329S . À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. À Cambray, 21 août [1695 ou 1696]. 274
LSP 14. L.339. À SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. 30 novembre. 276
LSP 15. L.342. À SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. À Versailles, 10 décembre [1695]. 277
LSP 19. L.344S. À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. À Cambray, 25 décembre [1695 ou 1696 ?] 278
LSP 16. L.363S. À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. Mardi au soir, 7 août [1696 ?]. 289
376S. à la sœur CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. Samedi 15 décembre [1696]. 290
LSP 18. 380S. À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. [août 1695 - janvier 1697]. 291
LSP 20. L.1437. À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. À Cambray 17 janvier 1711. 292
LSP 22. L.1514. À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. 25 décembre 1711. 293
LSP 21. L.1776. À LA SŒUR CHARLOTTE DE SAINT-CYPRIEN. À Cambray, ce 10 mars 1714. 295
Duchesse de Mortemart (1665-1750) 297
Une esquisse biographique 297
L’opinion de Fénelon et d’un proche 301
Choix de citations extrait de la série complète des lettres 302
La série complète des lettres 309
LSP 126.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART juin 1693 ? 309
LSP 135.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 312
LSP 130.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART [1693?] 314
LSP 131*A LA DUCHESSE DE MORTEMART [1693 ?] 316
LSP 129.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART [?] [1695 ?] 317
LSP 137.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 318
LSP 150.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 318
LSP 164.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 319
LSP 165* A LA DUCHESSE DE MORTEMART 320
LSP 166.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART. Après juin 1708. 320
LSP 167.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 322
LSP 189.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 323
LSP 190.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 323
LSP 191.* A LA DUCHESSE DE MORTEMART ( ?) 325
LSP 192.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 325
LSP 193.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 327
LSP 198.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 329
LSP 203.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART. [1711 ?] 330
LSP 205 Au DUC DE MORTEMART (?) 332
LSP 218.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 332
LSP 219.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 334
LSP 490.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 335
1121. À LA DUCHESSE DE MORTEMART A Cambray, 9 janvier 1707. 336
1408. À LA DUCHESSE DE MORTEMART 342
1442. À LA DUCHESSE DE MORTEMART. À C[ambrai] 1 février 1711. 347
1479. À LA DUCHESSE DE MORTEMART. À Cambray, 27 juillet 1711. 348
Analyse de la correspondance. 350
Le successeur dans la filiation ? 351
À une Dame (Y) 353
LSP 89.*A UNE DAME (Y) 353
LSP 90.*A LA MÊME (Y) 353
LSP 91.*A LA MÊME (Y) 354
LSP 92.*A LA MÊME (Y) 354
LSP 93*A LA MÊME (Y) 354
LSP 94.*A LA MÊME (Y) 356
LSP 95.*A LA MÊME (Y) 357
LSP 96.*A LA MÊME (Y) 357
LSP 97.*A LA MÊME (Y) 358
LSP 98.*A LA MÊME (Y) 359
À une demoiselle (Z) 361
LSP 99.*A UNE DEMOISELLE (Z) 361
LSP 101.*A LA MÊME (Z) 362
LSP 102*.À LA MÊME (Z) 363
LSP 103*A LA MÊME (Z) 364
LSP 104.*A LA MÊME (Z) 365
LSP 105.*A LA MÊME (Z) 366
LSP 106.*A LA MÊME (Z) 367
LSP 107.*A LA MÊME (Z) 367
LSP 108.*A LA MÊME (Z) 368
LSP 109.*A LA MÊME (Z) 369
LSP 110* 369
LSP 111.*A LA MÊME (Z) 370
LSP 112.*A LA MÊME (Z) 372
LSP 113* A LA MÊME (Z) 372
LSP 114.*A LA MÊME (Z) 373
LSP 115.*A LA MÊME (Z) 374
LSP 116.*A LA MÊME (Z) 374
LSP 117.*A LA MÊME (Z) 375
LSP 118.*A LA MÊME (Z) 377
LSP 119.* A LA MÊME (Z) 377
LSP 120.*A LA MÊME (Z) 378
LSP 121.*A LA MÊME (Z) 379
LSP 122.*A LA MÊME (Z) [fin de 1713 ou de 1714 ?]. 380
LSP 123.*A LA MÊME (Z) 381
LSP 124.*A LA MÊME (Z) 382
LSP 125.*A LA MÊME (Z) 383
Au duc de Bourgogne 385
1239. AU DUC DE BOURGOGNE A Cambray le 16 septembre [1708]. 385
1972. Au DUC DE BOURGOGNE [vers 1702] 386
À des correspondants connus 389
153. À LA DUCHESSE DE NOAILLES. [Vers 1690]. 390
667. À L’ABBÉ DE LANGERON 392
668 A. De SŒUR A.-M. DES FONTAINES A FÉNELON [20 juillet 1700]. 393
761. Au MARQUIS DE LOUVILLE. À Cambray, 10 octobre 1701. 393
1027. LSP 1. À JOSEPH-CLÉMENT DE BAVIÈRE, ÉLECTEUR DE COLOGNE. À Cambray, 30 décembre 1704. 395
1261. À MICHEL CHAMILLART [20 novembre 1708]. 396
1124. À G. DE SÈVE DE ROCHECHOUART [Février 1707?]. 400
1954. Au P. LE TELLIER [6 janvier 1715]. 401
À des religieuses 403
355. LSP 23. À UNE RELIGIEUSE. [À Versailles, avant le 13 mars 1696 ?]. 403
1953. À UNE RELIGIEUSE. À Cambray, 30 décembre 1714. 404
LSP 27.*A UNE RELIGIEUSE 407
LSP 28.*A UNE RELIGIEUSE 409
1567. LSP 24. À LA MÈRE MARIE DE L’ASCENSION [M.-M. DE CHANTÉRAC]. 19 juillet 1712. 409
À des dames 413
LSP 128.*A UNE DAME 413
LSP 199.*A UNE DAME 415
LSP 160.*A UNE DAME 416
LSP 161.*A UNE DAME 417
LSP 162.*A UNE DAME 420
1975. LSP 127. À UNE DAME. 1714. 421
À des Inconnus 423
Il s’agit essentiellement de « morceaux choisis » par les disciples pour l’édition de 1718. 423
LSP 163*. À UN JEUNE HOMME 423
LSP 176.*A UNE MALADE 424
LSP 4*À UN SUPÉRIEUR DE COMMUNAUTÉ 425
LSP 37.*A UNE CONVERTIE 427
LSP 86. [Réponses] À UN SEIGNEUR DE LA COUR 429
LSP 88*. À UN MILITAIRE. 434
LSP 202.*A UN MILITAIRE 436
LSP 152*. À UNE FEMME (U) 439
LSP 177.*A UNE FEMME (U) 439
LSP 153.*A UN HOMME 439
LSP 212.*A UN DÉBUTANT 440
LSP 154.*A UN COMMENÇANT 441
LSP 158.*A UNE MÈRE DE FAMILLE 442
LSP 194.*A UN DISCIPLE 443
LSP 214.*A UN DISCIPLE 444
LSP 184.* A UN DISCIPLE 444
LSP 138*. À M. X* 445
LSP 491.*« SOYEZ SIMPLE[.] » 446
LSP 146.* « VOUS ME FAITES UN VRAI PLAISIR…» 448
LSP 147.* « J’AI VU N. » 449
LSP 149*. POUR LA PERSONNE… 450
LSP 204.*« JE PRENDS TOUJOURS GRANDE PART[.] » 451
LSP 155*. « VOUS NE SAURIEZ ME DIRE… » 452
LSP 156.*« JE NE SUIS POINT ÉTONNÉ[.] » 453
LSP 157.*« JE CROIS QUE VOUS DEVEZ ÊTRE[.] » 454
LSP 159.*« VOUS NE DEVEZ POINT[.] » 455
LSP 178.*« JE SUIS DANS UNE HONTEUSE LASSITUDE[.] » 456
LSP 181*. « C’EST À N. À SE LAISSER… » 457
LSP 182.*« N. VOUS DIRA COMBIEN [.] » 457
LSP 185.*« JE NE DOUTE POINT[.] » 458
LSP 186*« SUIVEZ LA VOIE… » 458
LSP 188.*« JE VOUS SOUHAITE[.] » 459
LSP 220.*CONSOLATION 1 459
LSP 221.*CONSOLATION 2 460
LSP 223.*CONSOLATION 4 461
1889. LSP 216. A***. 18 août 1714. 462
1903. LSP 217. A***. 16 octobre 1714. 463
« Conclusion » 465
Documents 467
Liste de proches de madame Guyon 467
Liste de proches de François de Fénelon 467
Les enfants Colbert 467
Les enfants Fouquet 468
Introduction aux lettres spirituelles (I. Noye) 469
!Dominique Tronc La Direction de Fénelon par Madame Guyon.doc
La direction de Fénelon par Madame Guyon, présentée et éditée par Murielle et Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », Série « Madame Guyon ».
La correspondance entre Madame Guyon et Fénelon est d’un exceptionnel intérêt : elle constitue à notre connaissance le seul texte relatant au jour le jour la « mise au monde » d’un mystique par une autre mystique servant de canal à la grâce. Le lecteur contemporain imprégné de psychanalyse frémira parfois devant les dérapages sentimentaux de Madame Guyon. Mais interpréter cette relation comme traduisant un érotisme frustré réduit à un connu élémentaire ce qui le dépasse visiblement, si l’on se penche sur ces textes avec respect et honnêteté : ils témoignent de la découverte expérimentale d’un au-delà du monde corporel et psychologique, qu’ils ont appelé Dieu. Il faut donc accepter d’entrer avec eux dans le territoire inconnu dont ils portent témoignage et que Madame Guyon a exploré seule sans personne pour la guider.
Elle a rencontré Fénelon peu avant le 3 octobre 1688, après qu’il lui eut été désigné par un rêve :
Après vous avoir vu en songe, je vous cherchais dans toutes les personnes que je voyais, je ne vous trouvais point : vous ayant trouvé, j’ai été remplie de joie, parce que je vois que les yeux et le cœur de Dieu sont tout appliqués sur vous. (Lettre 154 36).
Il fut le disciple préféré, avec qui elle se sentait en union mystique complète ; il se révèla le seul dont les potentialités fussent égales aux siennes, ce qui explique son immense joie, le soin extrême qu’elle prit à le suivre pas à pas et les analyses remarquables qu’elle lui adressa durant de nombreuses années (dont ne demeurent que le début de leur relation et quelques vestiges) :
Dieu ne veut faire qu’un seul et unique tout de vous et de Lui : aussi n’ai-je jamais trouvé avec personne une si entière correspondance, et je suis certaine que la conduite intérieure de Dieu sur vous sera la même qu’Il a tenue sur moi, quoique l’extérieur soit infiniment différent. (Lettre 132).
Le fondement de la relation de Madame Guyon avec ses enfants spirituels était la communication de la grâce dans le silence d’un cœur à cœur qui se poursuivait même à distance. Elle eut donc à apprendre à Fénelon à aller au-delà du langage, à préférer une conversation silencieuse :
Lorsque l’on a une fois appris ce langage [.], on apprend à être uni en tout lieu sans espèces et sans impureté, non seulement avec Dieu dans le profond et toujours éloquent silence du Verbe dans l’âme, mais même avec ceux qui sont consommés en Lui : c’est la communication des saints véritable et réelle. (L. 157).
Tout au long de ces lettres, elle tente par images d’exprimer le flux de grâce qui passe à travers elle :
Mon âme fait à présent à votre égard comme la mer qui entre dans le fleuve pour l’entraîner et comme l’inviter à se perdre en elle » (L. 276). Ou encore : « Dieu me tient incessamment devant Lui pour vous, comme une lampe qui se consume sans relâche […] Il me paraissait tantôt que je n’étais qu’un canal de communication, sans rien prendre. (L. 114).
Sa mission est souvent lourde à supporter :
Dieu m’a associée à votre égard à Sa paternité divine […] Il veut que je vous aide à y marcher [vers la destruction], que je vous porte même sur mes bras et dans mon cœur, que je me charge de vos langueurs et que j’en porte la plus forte charge. (L. 154).
Elle sait combien cela paraît extraordinaire et elle insiste souvent :
Ceci n’est point imaginaire mais très réel : il se passe dans le plus intime de mon âme, dans cette noble portion où Dieu habite seul et où rien n’est reçu que ce qu’Il porte en Lui. (L. 146).
Avec l’autorité que donne l’expérience, elle fonde ontologiquement la paternité spirituelle dans l’importante lettre 276 :
Le père en Christ ne se sert pas seulement de la force de la parole, mais de la substance de son âme, qui n’est autre que la communication centrale du Verbe.
Cette circulation de la grâce se fonde sur le « flux et reflux » qui a lieu dans la Trinité même. Elle affirme avec force : « Tout ce qui n’est point cela n’est point sainteté. »
La tâche est immense et ne souffre aucune relâche :
Je me trouve disposée à vous poursuivre partout dans tous les lieux où vous pourriez trouver refuge et, quoi qu’il m’en puisse arriver, je ne vous laisserai point que je ne vous aie conduit où je suis. (L. 220).
Elle va lui faire quitter peu à peu tous ses appuis, à commencer par le domaine de l’intellect auquel s’accroche cet homme si raisonnable et scrupuleux :
Vous raisonnez assurément trop sur les choses [.] Je vous plains, par ce que je conçois de la conduite de Dieu sur vous. Mais vous êtes à Lui, il ne faut pas reculer. (L. 128).
Il rend les armes et ironise sur lui-même :
Je ménage ma tête, j’amuse mes sens, mon oraison va fort irrégulièrement ; et quand j’y suis, je ne fais presque que rêver [.] Enfin je deviens un pauvre homme et je le veux bien. (L. 149).
Elle lui fait abandonner toute ses habitudes d’ecclésiastique, son bréviaire (L. 231 sq.) et même la confession :
Il faut que (Dieu) soit votre seul appui et votre seule purification. Dans l’état où vous êtes, toute autre purification vous salirait. Ceci est fort. (L. 267).
Elle lui fait dépasser toute référence morale humaine :
Je vous prie donc que, sans vous arrêter à nulles lois, vous suiviez la loi du cœur et que vous fassiez bonnement là-dessus ce que le Seigneur vous inspirera. Ce n’est plus la vertu que nous devons envisager en quoi que ce soit, - cela n’est plus pour nous -, mais la volonté de Dieu, qui est au-dessus de toutes vertus. (L. 219).
Le but est d’atteindre l’état d’enfance où Dieu seul est le maître et où nul attachement humain n’a plus cours :
C’est cet état d’enfance qui doit être votre propre caractère : c’est lui qui vous donnera toutes grâces. Vous ne sauriez être trop petit, ni trop enfant : c’est pourquoi Dieu vous a choisi une enfant pour vous tenir compagnie et vous apprendre la route des enfants. (L. 154).
Elle le ramène sans cesse à l’essentiel :
Il faut que nous cessions d’être et d’agir afin que Dieu seul soit. (L. 263).
On mesure facilement les difficultés de Fénelon : dans cette société profondément patriarcale, ce prince de l’Eglise à qui toute femme devait obéissance a dû s’incliner devant l’envoyée choisie par la grâce. Elle ne s’y trompe pas et lui dit carrément :
Il me paraît que c’est une conduite de Dieu rapetissante et humiliante pour vous qu’Il veuille me donner ce qui vous est propre. Cependant cela est et cela sera, parce qu’Il l’a ainsi voulu. (L. 124).
Plus tard, elle lui écrit avec humour et tendresse :
Recevez donc cet esprit qui est en moi pour vous, qui n’est autre que l’esprit de mon Maître qui S’est caché pour vous non sous la forme d’une colombe [.], mais sous celle d’une petite femmelette. (L. 292).
Leurs deux tempéraments étaient opposés : il était un intellectuel sec et raisonnable, un esprit analytique très fin, un ecclésiastique rempli de scrupules ; elle était passionnée, parfois un peu trop exaltée, et surtout elle ne pouvait rien contre les « mouvements » de la grâce, si prompts qu’elle agissait et écrivait sans y pouvoir rien (L. 253). Elle s’excuse souvent de ce qu’elle est :
Dieu m’a choisie telle que je suis pour vous, afin de détruire par ma folie votre sagesse, non en me faisant rien, mais en me supportant telle que je suis. (L. 171).
Mais avec tendresse et rigueur, elle le bouscule pour lui faire lâcher ses attachements personnels et le ramener à tout prix vers l’essentiel. On le voit peu à peu abandonner ses préjugés et ses peurs, il la rassure :
Rien ne me scandalise en vous et je ne suis jamais importuné de vos expressions. Je suis convaincu que Dieu vous les donne selon mes besoins.
Et il termine en souriant sur lui-même :
Rien n’égale mon attachement froid et sec pour vous. » (L. 172).
Surtout il accède à l’essence même de la relation spirituelle :
Je ne saurais penser à vous que cette pensée ne m’enfonce davantage dans cet inconnu de Dieu, où je veux me perdre à jamais. (L. 195).
Il règne entre eux deux un rapport complexe d’autorité réciproque : bien qu’elle lui laisse son entière liberté, il sait bien que sa parole est vérité et avertissement divin (L. 220). Quand elle manque de mourir, il lui écrit, éperdu :
Si vous veniez à manquer, de qui prendrais-je avis ? Ou bien serais-je à l’avenir sans guide ? Vous savez ce que je ne sais point et les états où je puis passer. (L. 249).
Inversement, elle le considère comme signe de Dieu pour elle et lui affirme toujours sa soumission en tout :
Il n’y a rien au monde que je ne condamnasse au feu de ce qui m’appartient, sitôt que vous me le diriez [.] Comptez, monsieur, que je vous obéirai toujours en enfant. (L. 169).
Avec une totale confiance et une grande estime, elle se confie à lui car elle est dans un état d’enfance, d’abandon trop profond à la volonté divine pour vouloir encore réfléchir ou décider par elle-même :
Notre Seigneur m’a fait entendre que vous êtes mon père et mon fils, et qu’en ces qualités vous me devez conduire et me faire faire ce que vous jugerez à propos, à cause de mon enfance qui ne me laisse du tout rien voir, ni bien ni mal, que ce qu’on me montre dans le moment actuel. (L. 280).
Il lui répondra toujours avec une déférence et une délicatesse extrêmes : sans oser lui donner d’ordres, il lui suggère des solutions dans des problèmes délicats ou familiaux.
Si Madame Guyon a été source de souffrances purificatrices pour Fénelon, il a été pour elle le support de projections psychologiques intenses, qui elles aussi ont été détruites par la Providence. Fénelon fut précepteur du duc de Bourgogne de 1689 à 1697 et aurait pu devenir son premier ministre après la mort de Louis XIV : Madame Guyon et son entourage ont rêvé d’une France enfin gouvernée par un prince bien entouré et imprégné de spiritualité, au point que Madame Guyon s’est laissée aller à des prédictions à propos de ce prince :
Il redressera ce qui est presque détruit [.] par le vrai esprit de la foi. » (L. 184).
On sait que le Dauphin mourut en 1712. De même, Madame Guyon vit en Fénelon son successeur après sa mort. En avril 1690, croyant mourir, elle lui confia sa charge spirituelle :
Je vous laisse l’Esprit directeur que Dieu m’a donné [.] Je vous fais l’héritier universel de ce que Dieu m’a confié. » (L. 248).
Malheureusement Fénelon est mort avant elle en janvier 1715. Si Fénelon n’a pas pu continuer après elle, il a été d’une grande aide puisqu’il a pris en charge ceux qui se trouvaient autour de lui. Petit à petit, on voit Madame Guyon lui donner des conseils pour diriger certains amis, et il expérimente à son tour la communication de la grâce cœur à cœur avec ses propres disciples :
Je me sens un très grand goût à me taire et à causer avec Ma. Il me semble que son âme entre dans la mienne et que nous ne sommes tous deux qu’un avec vous en Dieu. Nous sommes assez souvent le soir comme des petits enfants ensemble, et vous y êtes aussi quoique vous soyez loin de nous. (L. 266).
Ceci ne peut exister que dans son union avec elle, lui explique Madame Guyon :
Vous ne ferez rien sans celle qui est comme votre racine, vous enté [enraciné] en elle comme elle l’est en Jésus-Christ [.] Elle est comme la sève qui vous donne la vie. (L. 289).
Comme on le voit très clairement dans les lettres aux autres disciples, il s’est formé autour de Fénelon un cercle spirituel équivalent à celui de Madame Guyon à Blois, au point que tous les appelaient « père » et « mère ».
Tout au long de ces années, Madame Guyon s’émerveilla de leur union si totale en Dieu :
Vous ne pourriez en sortir [de Dieu] sans être désuni d’avec moi, ni être désuni d’avec moi sans sortir de Dieu. » (L. 271).
Elle célèbre la liberté absolue de cette union au-delà de l’humain « au-dessus de ce que le monde renferme de cérémonies et de lois » :
Les enfants de l’éternité […] se sentent dégagés de tous liens bons et mauvais, leur pays est celui du parfait repos et de l’entière liberté. » (L. 271).
Même la mort ne pouvait les désunir :
Le jour qu’il tomba malade, je me sentis pénétrée, quoique assez éloignée de lui, d’une douleur profonde mais suave. Toute douleur cessa à sa mort et nous sommes tous, sans exception, trouvés plus unis à lui que pendant sa vie. (L. 385 à Poiret).
Quelques précisions peuvent être utiles au lecteur soucieux de mieux connaître les conditions dans lesquelles se déroulèrent les relations entre madame Guyon et Fénelon 37 :
L’ensemble du volume présent couvre environ le sixième de la correspondance de madame Guyon : c’est la plus importante série de lettres de directions qui nous soit parvenue ; encore avons-nous perdu la moitié des lettres échangées entre madame Guyon et Fénelon qui aurait constitué la suite de ce que l’on va lire.
On sait que le premier de quatre recueils manuscrits fut utilisé par Dutoit en 1767-1768 mais il ne nous est pas parvenu. Les lettres éditées par Dutoit furent reconnues comme authentiques et publiées en majeure partie tardivement par Masson 38. Il ouvre cette correspondance. Le second recueil, un anonyme découvert par I. Noye à la B.N.F., est édité dans notre complément de l’année 1690. L’existence de deux derniers recueils perdus a été établie 39.
Nous éditons ici cette correspondance en quatre sections :
I. La « Correspondance secrète » de l’année 1689, premier volume publié au XVIIIe siècle, reconnue authentique et publié en majeure partie par Masson en 1907, couvre les quatorze premiers mois de la rencontre (octobre 1688 à décembre 1689).
II. Le complément de l’année 1690 couvre presque la même durée (fin décembre 1689 à la fin de l’année 1690). Cet apport du recueil découvert par I. Noye a été édité pour la première fois en 2003 en ce qui concerne les lettres écrites par Madame Guyon 40.
III. Lettres écrites après 1690 reprend les rares témoignages qui nous sont parvenus de la correspondance ultérieure. Une pièce importante et révélatrice est daté de mai 1710 et a fait le voyage de Cambrai à Blois et inversement, probablement portée par le marquis de Fénelon ou par le « chevalier » Ramsay. Écrite sur deux colonnes comportant d’un côté des questions posées par l’archevêque et de l’autre les réponses de Madame Guyon, procédé assez souvent rencontré ailleurs, elle est édité de façon compréhensible en faisant suivre les réponses aux questions 41. Ce précieux témoin éclaire sur le type de relations qui perdura après 1703 jusqu’à la mort de Fénelon en janvier 1715 grâce à des lettres portées par des amis sûrs entre Blois et Cambrai (il en fut de même vers l’étranger, en particulier vers l’Écosse et la Hollande).
IV. Lettres non datées ou d’attributions incertaines.
Des lettres de datation inconnue ou d’attribution douteuse ont été en outre proposées dans le présent volume : il s’agit de notre collecte basée sur des indices ténus. Elle est faite sur l’ensemble nettoyé de toutes précisions de noms ou de dates par les disciples. Il s’agit des cinq volumes publiés au XVIIIe siècle et regroupés dans notre dernier tome de correspondance 42.
[V.] Il faudrait tenir compte de lettres qui, par l’intermédiaire du duc de Chevreuse ou de la petite duchesse de Mortemart, furent connues de Fénelon. À l’époque ce dernier ne pouvait apparaître comme destinataire : l’abbé promu bientôt archevêque devait être protégé d’attaques menées contre le cercle quiétiste animé par sa « Dame directrice ». On passe d’une conduite à fin mystique à celle de l’histoire d’un combat inégal 43. Cette cinquième partie s’écarte d’une direction mystique de Fénelon : on peut donc l’omettre entièrement.
On omet aussi un échange de poésies spirituelles d’origine douteuse 44 qui n’apporte guère de compléments utiles aux relations épistolaires en prose. On consultera deux éditions critiques pour les sources publiées ou manuscrites, les événements et les personnages, etc. 45.
Outre quelques ajouts et corrections, l’ordre des lettres a parfois été déplacé depuis notre précédente édition 46. Il demeure toujours incertain.
§
L’essentiel de ce qui nous a été conservé couvre six trimestres (janvier 1689 – Juin 1690) et présente une répartition uniforme dans sa partie centrale. La moyenne relative à la correspondance totale, pour cette année et demie, atteint trente lettres par mois, soit une lettre par jour - la correspondance passive issue de Fénelon y contribuant en moyenne pour neuf lettres par mois, soit une lettre tous les trois jours.
On pense que des lettres de Madame Guyon furent adressées à Fénelon longtemps auparavant 47. On sait que la correspondance continua après 1690, indirectement relayée par le duc de Chevreuse ; elle fut interrompue par l’emprisonnement à la Bastille de Madame Guyon, pour reprendre ensuite : les courriers entre Cambrai et Blois étant assurés par le marquis neveu de Fénelon et le « chevalier » Ramsay comme déjà indiqué, mais aussi par d’autres (Écossais, Dupuy ?, …) les deux « cahiers de lettres » de ce qui suit le corpus des années 1689-1690 resterait à découvrir ?
Il est enfin éclairant de noter la distribution des lettres écrites par Fénelon à divers correspondants pendant ses deux années de premières relations avec madame Guyon :
Pour l’année 1689, les 49 lettres de Fénelon, éditées par Orcibal, sont adressées à : Madame Guyon (36), Chevalier Colbert (5), Mme de Maintenon (3), autres (4).
Pour l’année 1690, les 54 lettres de Fénelon, éditées par Orcibal, sont adressées à : Madame Guyon (19), Mme de Maintenon (7), la comtesse de Gramont (9), Seignelay (6), d’autres (13).
Plus de la moitié du total des lettres sont ainsi adressées à Madame Guyon. Madame de Maintenon vient en seconde place. Elle est suivie de près par les autres dirigé(e)s de l’abbé.
Il est éclairant d’évoquer les événements couvrant vingt-huit mois de correspondance intense : chronologie courte car nous avons peu de renseignements précis sur une période assez heureuse 48 :
13 septembre 1688 : Madame Guyon sort de la prison de la Visitation du Faubourg Saint-Antoine, suite aux interventions de Mme de Miramion et d’une abbesse parente de Mme de Maintenon.
« Un peu avant le 3 octobre 1688 » a lieu la rencontre décisive avec l’abbé de Fénelon au château de Beynes 49. Mme Guyon est malade durant trois mois avec un abcès à l’œil. Elle réside chez les Miramionnes. Mme de Miramion découvre les calomnies du P. la Mothe 50.
2 décembre 1688 : Fénelon écrit à Mme Guyon. Fénelon prêche successivement à des religieuses (28 novembre, 1er dimanche de l’Avent), aux Nouvelles Catholiques (12 décembre, 3e dimanche de l’Avent), à la maison professe des jésuites (1er jour de l’an 1689.)
Entre le 10 et le 14 avril 1689 a lieu une entrevue entre Fénelon et Mme Guyon, puis à partir du 22 au 30 avril 1689 Mme Guyon séjourne à la campagne 51.
20 juin 1689 : rencontre à Saint-Jacques de la Boucherie 52.
17 juillet 1689 : Fénelon écrit : « Je reviens de la campagne [Germigny ?] où j’ai demeuré cinq jours 53 ».
24 et sans doute 28 août 1689 : Rencontres.
25 août 1689 : Armand-Jacques, le fils aîné de Madame Guyon, est blessé à l’engagement de Valcourt. Il restera estropié 54.
26 août 1689 : sa fille Jeanne-Marie épouse Louis-Nicolas Fouquet, comte de Vaux.
29 août 1689 : Fénelon, prête serment devant le roi comme précepteur du duc de Bourgogne. Il commence son enseignement le 3 septembre et réside désormais à Versailles.
Début octobre 1689 : Fénelon « n’a pas assez de foi ». Crise de novembre 55.
Janvier 1690 ? : Lettre de Fénelon à Mme de Maintenon 56 « sur ses défauts. »
Février 1690 : « Pour ma santé, elle est bien détruite…57 »
L’année 1690 est très mal documentée en ce qui concerne Madame Guyon : « Ayant quitté ma fille, je pris une petite maison éloignée du monde…58 » Longue période sans événements datés de Mme Guyon.
Jean-Baptiste Colbert, marquis de Seignelay, fils aîné du ministre, est assisté par Fénelon et meurt le 3 novembre 1690. (Les filles Colbert ont épousé les ducs de Beauvillier et de Chevreuse, disciples de Madame Guyon).
8 novembre 1690 : Fénelon va à Issy remettre une lettre à M. Tronson, son ancien confesseur, à la demande de Mme de Maintenon.
29 novembre 1690 : mise à l’index du Moyen court.
11 décembre 1690 : Fénelon participe à un conseil des directeurs de Saint-Cyr qui décide de la vocation de Mme de la Maisonfort.
Nous allégeons l’apparat critique. On le trouvera complet dans nos éditions critiques de Madame Guyon, Correspondance…, Tomes I à III, op.cit. Les numéros de ces pièces suivaient une reprise propre à chaque tome : ils sont placés ici entre crochets après la numérotation continue adoptée dans le présent ensemble.
Les lettres écrites par Fénelon bénéficient d’une mise en relief par l’usage d’italiques. On se reportera à la Correspondance de Fénelon, I à IV, Klinksieck, 1972 à 1976, pour bénéficier de précieuses notes établies par Jean Orcibal, comme souligné précédemment. Les corrections reportées en errata dans Madame Guyon, Correspondance III, 923 sq., ont été intégrées ; de nouvelles ont été introduites.
PRÉSENTATION 7
Une relation mystique. 7
(Murielle Tronc.) 7
Etat documentaire 14
Chronologie 19
Avertissement 21
CORRESPONDANCE 23
Automne 1689 25
1. [1.84.] À Fénelon. Octobre 1688. 25
2. [1.85.] À Fénelon. Octobre - novembre 1688. 26
3. [1.86.] À Fénelon. Octobre-novembre 1688. 29
4. [1.87.] À Fénelon. Novembre 1688. 35
4A. [1.88.] De Fénelon. 2 décembre1688. 36
5. [1.89.] À Fénelon. Décembre 1688. 38
6. [1.90.] À Fénelon. Décembre 1688. 39
7. [1.91.] À Fénelon. Décembre 1688. 40
8. [1.92.] À Fénelon. 25 Décembre 1688. 44
9. [3.23.] À Fénelon. Fin 1688 ou début 1689. 48
Année 1689 51
10. [3.24] À Fénelon. Fécondité et communication spirituelle. 51
11. [1.93] À Fénelon. Janvier 1689 ? 54
12. [1.94.] À Fénelon. Janvier 1689. 56
13. [1.95.] À Fénelon. Janvier 1689 ? 58
13A. [1.96] De Fénelon. Janvier-Février 1689. 60
14. [1.97] À Fénelon. Février 1689. 61
15. [1.98.] À Fénelon. 21 février 1689. 63
16. [1.99.] À Fénelon. Février 1689. 66
17. [1.100] À Fénelon. Février-Mars 1689. 69
18. [1.101] À Fénelon. Février-Mars 1689. 71
19. [1.102] À Fénelon. Mars 1689. 74
20. [1.103] À Fénelon. Mars 1689. 76
21. [1.104] À Fénelon. Mars 1689. 80
22. [1.105] À Fénelon. Mars 1689. 83
23. [1.106] À Fénelon. Mars 1689. 83
24. [1.107] À Fénelon. Mars 1689. 84
25. [1.108] À Fénelon. Mars 1689. 86
26. [1.109] À Fénelon. Mars 1689. 86
27. [1.110] À Fénelon. Mars 1689. 87
28. [1.111] À Fénelon. Mars 1689. 89
29. [1.112] À Fénelon. Mars 1689. 90
29A. [1.113] De Fénelon. 12 Mars 1689. 91
30. [1.114] À Fénelon. Mars 1689. 91
31. [1.115] À Fénelon. Mars 1689. 92
32. [1.116] À Fénelon. Mars 1689. 93
32A [1.117] De Fénelon. Mars? 1689. 94
33. [1.118] À Fénelon. Mars 1689. 96
33A. [1.119] De Fénelon. 28 mars 1689. 99
34. [1.120] À Fénelon. Mars 1689. 101
35. [1.121] À Fénelon. 5 ou 6 avril 1689. 103
36. [1.122] À Fénelon. 8 ou 9 avril 1689. 104
37. [1.123] À Fénelon. 9 avril 1689. 107
38. [1.124] À Fénelon. Avril 1689. 107
38A. [1.125] De Fénelon. 16 avril 1689. 115
39. [1.126] À Fénelon. 19( ?) Avril 1689. 117
39A. [1.127] De Fénelon. 22 Avril 1689. 123
40. [1.128] À Fénelon. Entre le 25 et le 30 Avril 1689. 123
40A. [1.129] De Fénelon. 30 Avril 1689. 125
41. [1.130] À Fénelon. 1er Mai 1689. 127
42. [1.131] À Fénelon. Début mai 1689. 127
43. [1.132] À Fénelon. Début mai 1689. 129
43A. [1.133] De Fénelon. 6 mai 1689. 131
44. [1.134] À Fénelon. 7 mai 1689. 132
45. [1.135] À Fénelon. 8 mai 1689. 133
45A. [1.136] De Fénelon. 11 mai 1689. 135
46. [1.137] À Fénelon. Mai 1689. 138
46A. [1.138] De Fénelon. Vers le 15 mai 1689. 140
47. [1.139] À Fénelon. Milieu mai 1689. 142
48. [1.140] À Fénelon. 18 mai 1689. 143
48A. [1.141] De Fénelon. 25 mai 1689. 144
49. [3.22] À Fénelon. 26 mai 1689. 145
50. [1.143] À Fénelon. 28 mai 1689. 149
50A. [1.144] De Fénelon. 3 juin 1689. 151
51. [1.145] À Fénelon. 5 juin 1689. 153
52. [1.146] À Fénelon. 7 juin 1689. 155
52A. [1.147] De Fénelon. 9 juin 1689. 157
53. [1.148] À Fénelon. 10 ou 11 juin 1689. 159
53A. [1.149] De Fénelon.12 juin 1689. 162
53B. [1.150] De Fénelon. 163
54. [1.151] À Fénelon. 13 ou 14 juin 1689. 164
54A. [1.152] De Fénelon. 14 juin 1689. 165
55. [1.153] À Fénelon. 15 juin 1689. 166
56. [1.154] À Fénelon. 15 juin 1689. 167
56A. [1.155] De Fénelon. 16 juin 1689. 182
57. [1.156] À Fénelon. 16 juin 1689. 184
58. [1.157] À Fénelon. 21 juin ? 1689. 184
59. [1.158] À Fénelon. 25 juin 1689. 186
59A. [1.159] De Fénelon. 26 juin 1689. 187
60. [1.160] À Fénelon. 27 juin 1689. 188
60A. [1.161] De Fénelon. 4 juillet 1689. 190
61. [1.162] À Fénelon. 5 juillet 1689. 191
61A. [1.163] De Fénelon. 5 juillet 1689. 193
62. [1.164] À Fénelon. 7 ou 8 juillet 1689. 194
63. [1.165] À Fénelon. 8 ou 9 juillet 1689. 197
63A. [1.166] De Fénelon. 9 ou 10 juillet 1689. 198
64. [1.167] À Fénelon. 10 ou 11 juillet 1689. 200
64A [1.168] De Fénelon. 11 juillet 1689. 203
65. [1.169] À Fénelon. 12 juillet 1689. 206
65A. [1.170] De Fénelon. 17 juillet 1689. 209
66. [1.171] À Fénelon. 18 juillet 1689. 210
66A. [1.172] De Fénelon. 18 juillet 1689. 212
67. [1.173] À Fénelon. 19 juillet 1689. 213
67A. [1.174] De Fénelon. 22 juillet 1689. 215
68. [1.175] À Fénelon. 23 juillet 1689. 216
68A. [1.176] De Fénelon. 26 juillet 1689. 217
69. [1.177] À Fénelon. 27 juillet 1689. 220
70. [1.178] À Fénelon. Fin juillet ou début août 1689. 227
71. [1.179] À Fénelon. Début août 1689. 228
71A. [1.180] De Fénelon. 11 août 1689. 229
72. [1.181] À Fénelon. 12 août 1689. 239
72A. [1.182] De Fénelon. 12 août 1689. 245
73. [1.183] À Fénelon. 13 août 1689. 246
74. [1.184] À Fénelon. 18 août 1689. 248
75. [1.185] À Fénelon. 21 août 1689. 251
75A. [1.186] De Fénelon. 21 août 1689. 252
76. [1.187] À Fénelon. Fin août 1689. 253
76A. [1.188] De Fénelon. 31 août 1689. 257
76B. [1.189] De Fénelon. 12 septembre 1689. 259
77. [1.190] À Fénelon. 20 septembre 1689. 261
78. [1.191] À Fénelon. 23 septembre 1689. 262
79. [1.192] À Fénelon. 25 septembre 1689. 267
80. [1.193] De Fénelon. 1er octobre 1689. 269
81. [1.194] À Fénelon. Début octobre 1689. 271
81A. [1.195] De Fénelon. 10 octobre 1689. 275
82. [1.196] À Fénelon. Milieu d’octobre 1689. 276
82A. [1.197] De Fénelon. 16 octobre 1689. 277
83. [1.198] À Fénelon. Seconde quinzaine d’octobre 1689. 279
84. [1.199] À Fénelon. 25 octobre 1689. 282
85. [1.200] À Fénelon. Fin octobre 1689. 283
86. [1.201] À Fénelon. Novembre 1689. 284
87. [1.202] À Fénelon. Novembre 1689. 286
87A. [1.203] De Fénelon. Automne 1689. 289
88. [1.204] À Fénelon. Automne 1689. 290
89. [1.205] À Fénelon. Automne 1689. 291
90. [1.206] À Fénelon. Automne 1689. 295
91. [1.207] À Fénelon. Automne 1689. 296
92. [1.208] À Fénelon. Automne 1689. 300
93. [1.209] À Fénelon. Automne 1689. 302
94. [1.210] À Fénelon. Automne 1689. 304
95. [1.211] À Fénelon. Automne 1689. 307
96. [1.212] À Fénelon. Automne 1689. 311
97. [1.213] À Fénelon. Automne 1689. 313
98. [1.214] À Fénelon. Automne 1689. 319
99. [1.215] À Fénelon. 26 novembre 1689. 320
100. [1.216] À Fénelon. 27 novembre 1689. 321
101. [1.217] À Fénelon. 1er décembre1689. 322
101A. [1.218] De Fénelon. Vers Noël 1689. 328
102. [1.219] À Fénelon. Fin décembre 1689. 329
103. [1.220] À Fénelon. Janvier 1690. 332
104. [1.221] À Fénelon. Janvier 1690. 337
105. [1.222] À Fénelon. Janvier 1690 ? 338
106. [1.223] À Fénelon. Décembre 1689. 340
107. [1.224] À Fénelon. 26 décembre 1689. 341
108. [1.225] À Fénelon. Fin décembre 1689. 342
109. [1.226] De Fénelon. 28 décembre 1689. 343
110. [1.227] À Fénelon. Fin décembre 1689. 344
Année 1690 347
111. [1.229] À Fénelon. Entre le 12 et le 28 janvier 1690. 347
111A. [1.230 De Fénelon. 28 janvier 1690. 349
112. [1.231] À Fénelon. Début février 1690. 350
112A. [1.232] De Fénelon. Début février 1690 ? 351
113. [1.233] À Fénelon. Avant le 14 février 1690. 353
113A. [1.234] De Fénelon. 14 février 1690. 354
114. [1.235] À Fénelon entre le 14 et le 17 février 1690. 355
114A. [1.236] De Fénelon. 17 février 1690. 358
115 [1.237] À Fénelon. Fin février 1690? 358
115A. [1.238] De Fénelon. Mars 1690. 359
116. [1.239] À Fénelon. Mars 1690. 360
116A. [1.240] De Fénelon. 14 mars 1690. 362
117. [1.241] À Fénelon. 15 mars 1690. 364
117A. [1.242] De Fénelon. 16 mars 1690. 368
118. [1.243] À Fénelon. Entre les 16 et 21 mars 1690. 368
118A. [1.244] De Fénelon. 21 mars 1690. 370
119. [1.245] À Fénelon. 22 ou 24 mars1690. 370
119A. [1.246] De Fénelon. 1er avril 1690. 372
120. [1.247] À Fénelon. Entre le 1er et le 11 avril 1690. 373
121. [1.248] À Fénelon. Entre le 1er et le 11 avril 1690. 373
121A. [1.249] De Fénelon. 11 avril 1690. 375
122. [1.250] À Fénelon. Entre le 11 et le 17 avril 1690. 376
123. [1.251] À Fénelon. Entre le 11 et le 17 avril 1690. 377
123A. [1.252 De Fénelon. 17 avril 1690. 378
124. [1.253] À Fénelon. Entre le 17 et le 25 avril 1690 ? 379
125. [1.254] À Fénelon. Avril 1690. 380
126. [1.255] À Fénelon. Avril 1690. 381
127. [1.256] À Fénelon. Avril 1690. 384
128. [1.257] À Fénelon. Avril 1690. 384
129. [1.258] À Fénelon. Entre le 17 et le 25 avril 1690 ? 386
130. [1.259] À Fénelon. Entre le 17 et le 25 avril 1690 ? 387
130A. [1.260] De Fénelon. 25 avril 1690. 387
131. [1.261] À Fénelon. Vers le 26 avril 1690 ? 388
131A. [1.262] De Fénelon. Entre le 25 avril et le 15 mai 1690. 390
132. [1.263] À Fénelon. Entre le 25 avril et le 15 mai 1690. 392
132A. [1.264 De Fénelon. 15 mai 1690. 398
133. [1.265] À Fénelon. Autour du 20 mai 1690. 400
133A. [1.266] De Fénelon. 25 mai 1690. 403
134. [1.267] À Fénelon. Entre le 25 mai et le 11 juin 1690. 404
134A. [1.268) De Fénelon. 31 mai 1690. 405
135. [1.269] À Fénelon. Début juin 1690. 406
136. [1.270] À Fénelon. Début juin 1690. 407
137. [1.271] À Fénelon. 11 juin 1690. 408
138. [1.272] À Fénelon. Juin 1690. 410
139. [1.273] À Fénelon. Juin ou juillet 1690. 410
140. [1.274] À Fénelon. Juin ou juillet 1690. 411
141. [1.275] À Fénelon. Juin ou juillet 1690. 412
142. [1.276] À Fénelon. Eté 1690. 414
143. [1.277] À Fénelon. Juin ou juillet 1690. 417
143A. [1.278] De Fénelon. Septembre ? 1690. 419
144. [1.279] À Fénelon. Eté ou automne 1690. 419
145. [1.280] À Fénelon. Fin septembre ou début octobre 1690. 420
146. [1.281] À Fénelon. Début octobre 1690. 424
147. [1.282] À Fénelon. Automne 1690. 428
148. [1.283] À Fénelon. Automne 1690. 430
148A. [1.284] De Fénelon. Automne 1690. 432
149. [1.285] À Fénelon. Automne 1690. 433
150. [1.286] À Fénelon. Automne 1690. 434
151. [1.287] À Fénelon. Novembre 1690. 434
152. [1.288] À Fénelon. Fin 1690. 435
153. [1.289] À Fénelon. Fin 1690. 436
154. [1.290] À Fénelon. Fin décembre 1690 ? 437
155. [1.291] À Fénelon. 1690. 437
156. [1.292] À Fénelon. 1690. 440
Lettres écrites après 1690. 445
157. [1.293] À Fénelon ? 445
158. [1.294] À Fénelon. 448
159. [1.295] De Fénelon avec les réponses de Madame Guyon. 4 ? Mai 1710. 450
159A. [1.296] De Fénelon. fin mai 1710 ? 460
Lettres non datées ou d’attributions incertaines 461
160. [3.25-D.1.236]. À Fénelon ? Etat d’une âme à qui Dieu est tout. 461
161. [3.26 - D.2.112]. À Fénelon (?) Union de cœurs. Conduite, etc. 465
162. [3.27 - D.2.169]. À Fénelon et à … Touchant divers états. 466
163. [3.28-D.2.170]. À Fénelon ? Désappropriation. 472
164. [3.146 - D.2.27]. Je vous ai demandé à Dieu… 473
165. [3. 204 - D.3.42]. Sur le devoir de conduire et de corriger. 475
166. [3.262 - D.1.112]. Laisser faire la destruction du propre. 480
167. [3.296 - D.1.147]. Etre petit. 481
168. [3.305 - D.1.157]. Rien de soi, S’abandonner. 482
169. [3.387 - D.3.72]. Se laisser traiter et détruire à Dieu. 483
170. [3.438 - D.1.174]. Abandon dans les revers, etc. 486
171. [3.467 - D.1.207]. Obéissance et abandon enfantin. 488
172. [3.473 - D.1.216]. Union en charité, etc. 488
173. [3.475 - D.1.218]. Unions spirituelles. 490
174. [3.476 - D.1.219]. Union des âmes en Dieu. 491
175. [3.477 - D.1.220]. Unions spirituelles, etc. 493
176. [3.478 - D.1.222]. Ravissement et union en Dieu. 495
177. [3.489 - D.1.239]. Attendre les promesses en patience. 496
178. [3.538 - D.2.171]. Etat d’anéantissement. 498
179. [3.551 - D.2.185]. Dégagement de l’âme, combien sûr. 499
180. [3.552 - D.2.186]. Réunion. Souffrances. Abandon. 501
181. [3.578 -D.3.125]. Union des âmes ici et hors de cette vie. 502
182. [3.591 - D.3.141]. Ne regarder qu’à Dieu. 503
183. [3.593 -D.3.147]. Voie d’opprobre d’une âme de choix. 504
Table des matières 507
Madame Guyon, bibliographie (2000 - ) : 513
François Lacombe (1640-1715), Vie, Œuvres, Epreuves du Père Confesseur de Madame Guyon, Sources assemblées par D.Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 648 p.
Quatrième de Couverture
FRANÇOIS LA COMBE (1640-1715)
Vie, Œuvres, Epreuves du Père Confesseur de Madame Guyon
Sources présentées par Dominique Tronc
François La Combe ou Lacombe (1640-1715) fut le compagnon aîné confesseur de madame Guyon. Il est resté dans l’ombre lorsqu’il ne fut pas simplement et sommairement mis en cause.
Nous l’approchons sérieusement ici pour la première fois en rassemblant l’essentiel de ce qui le fait mieux connaître et apprécier. Nous disposons de nombreux documents : une Vie décrite d’après des témoignages provenant principalement de Madame Guyon, des Œuvres qui ne sont pas médiocres, des Epreuves dont témoignent d’amples lettres qu’il put faire parvenir de la prison de Lourdes.
Ce dossier est établi par recours à nos éditions des œuvres de madame Guyon (Vie, Correspondance, Années d’épreuves). Ses écrits rédigés ou traduits en Français sont réédités ici pour la première fois depuis le XVIIIe siècle.
Le confesseur dans tous les sens du terme, incluant de lourdes épreuves qui demeurent cachées et vécues sans répit jusqu’à la mort, est profondément mystique. Il est digne de l’attachement d’une dirigée devenue rapidement son inspiratrice.
Le barnabite François Lacombe ou La Combe (1640-1715) devint le compagnon aîné confesseur de madame Guyon (1647-1717).
Il est resté dans l’ombre lorsqu’il ne fut pas simplement, sommairement et fort bassement mis en cause. Nous voulions donc mieux le connaître. Nous disposons pour cela de nombreux documents :
Des témoignages livrés par Madame Guyon dans sa Vie par elle-même.
Près de cinquante lettres figurent dans nos éditions des écrits de madame Guyon (Vie par elle-même, Correspondance I & II, Années d’épreuves).
S’y ajoutent des écrits traduisant son expérience. Ils ne sont pas médiocres. Ils furent publiées indépendamment à trois dates : une œuvre en deux parties fut incluse dans les Opuscules spirituels, tome II édité par Pierre Poiret en 1720 pour mettre à disposition les écrits de madame Guyon qu’il jugeait essentiels ; une œuvre traduite du latin fut publiée en 1795 par le groupe des fidèles suisses ; une défense demeura manuscrite jusqu’à sa publication en 1910.
Les pièces du dossier ainsi constitué sont données intégralement. Nous les distribuons en suivant l’ordre chronologique :
1. La vie du confesseur en liberté dont témoigne surtout madame Guyon.
2. Des écrits du mystique directeur rédigés peu avant son enfermement.
3. Le témoignage des prisons porté par ses lettres.
L’ensemble textuel que nous venons d’établir pour la première fois autour du Confesseur le révèle comme bon directeur mystique. Une fragilité humaine est associée à la profondeur mystique. La tâche au départ entreprise pour mieux connaître le compagnon de Madame Guyon s’est révélée fructueuse et utile pour nous-même. Aussi est-ce à juste titre qu’il fut révéré dans les cercles quiétistes européens du XVIIIe siècle comme martyr témoignant de la vie mystique en foi.
À quarant-six années d’apostolat succédèrent vingt-sept années d’enfermements, terrible sort. Contrairement à madame Guyon, qui après huit années d’emprisonnements devint de nouveau une active directrice mystique, le simple confesseur abandonné par son Ordre ne fut jamais libéré.
VG, CG, EG :
Madame Guyon, La vie par elle-même […], Honoré Champion (2001) [VG]
Madame Guyon, Correspondance I Directions spirituelles (2003), II Années de combats (2004), III Chemins mystiques (2005) Honoré Champion [CG 1 à 3].
Les années d’épreuves de Madame Guyon, Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi Très Chrétien, Honoré Champion, 2009 [EG].
[O.] :
« LA COMBE (François), barnabite, 1640-1715. 1. Vie. — 2. Œuvres. — 3. Spiritualité. » Contribution de Jean Orcibal au Dictionnaire de Spiritualité Ascétique et Mystique, fascicules LIX-LX, col. 35, Beauchesne, Paris, 1975.
L. Cognet, Crépuscule des mystiques, Bossuet Fénelon, Desclée, 1958.
Nous n’avons pas fait de recherche personnelle portant sur la biographie du Père La Combe avant sa première rencontre avec la jeune Madame Guyon. Mais Jean Orcibal expose les heureux débuts du religieux exemplaire et prometteur dans sa contribution au Dictionnaire de Spiritualité 59puis résume en fin de sa contribution les sources qui lui étaient disponibles 60. Voici ses utiles « données de base » :
Né à Thonon (Savoie) en 1640, François La Combe reçut l’habit des barnabites au collège de cette ville qui était tenu par ces religieux (1655) ; il fut sans doute profès le 9 juillet 1656. Sous-diacre le 17 décembre 1661, il est ordonné prêtre le 19 mai 1663 par Jean d’Arenthon d’Alex, évêque de Genève.
Au collège d’Annecy, il enseigna avec grand succès la grammaire, la rhétorique, la philosophie et la théologie (ses Disputationes sabbatinae furent particulièrement remarquées) ; il prêcha et collabora aux missions du Chablais.
À la fin de 1667, il fut appelé au collège Saint-Éloi de Paris avec le titre de consulteur du provincial. En 1669 et 1670, il prit une part notable aux missions du diocèse d’Autun61.
En mai-juin 1671 a lieu une première chaleureusee mais brève rencontre entre La Combe et la jeune Madame Guyon. Mais la « grande rencontre » mystique débutant leur collaboration ne se produira que dix ans plus tard, suivant de peu la mort du directeur Bertot en 1681 (Madame Guyon ne perd pas de temps lorsqu’une recherche de direction mystique s’impose).
Ce premier « croisement » se produit parce que le frère consanguin de Madame Guyon, Dominique de La Mothe était du même ordre barnabite que La Combe. Il précède de peu la rencontre mystique décisive de Madame Guyon et de Monsieur Bertot qui va la diriger jusqu’à sa mort. Cettte rencontre décisive est décrite au chapitre suivant 1.19 de la Vie par elle-même. Elle est datée du 21 septembre de la même année 1671 (ici déjà, aucune « perte de temps »).
Voici le début du chapitre relatant le « croisement » entre les futurs « associés ». On note l’effet que provoque la jeune madame Guyon dont un visage lumineux rend probablement compte de sa découverte de la vie mystique très bien décrite au § 2 que nous livrons en partie pour cette raison ; nous nous écarterons parfois de ce qui intéresse directement les rapports avec La Combe si le texte peut les éclairer. Ce dernier est très sensible à une « voie des lumières » qu’il lui faudra par la suite quitter.
Nous faisons précéder tout début du texte principal d’un chapitre de la Vie par son résumé livré en petit corps62.
1. Rencontre du P. La Combe après ‘huit ou neuf mois que j'avais eu la petite vérole’. ‘Dieu lui fit tant de grâces par ce misérable canal qu'il m'a avoué depuis qu'il s'en alla changé en un autre homme.’ 2. Oraison continuelle, alternances du goût de la présence et de la peine de l’absence. 3-5. Croix désirées mais sensibles ! 6. Promptitudes. 7. Grandes charités / pour les pauvres et malades. / 8. La vertu lui devient pesante / ‘dès la seconde année de mon mariage, Dieu éloigna … mon cœur de tous les plaisirs sensuels.’
[1.] 64 Il y avait huit ou neuf mois que j’avais eu la petite vérole 65 lorsque le père La Combe passa par le lieu de ma demeure. Il vint au logis pour m’apporter une lettre du père de la Mothe, qui me priait de le voir, et qu’il était fort de ses amis. J’hésitai beaucoup si je le verrais, parce que je craignais fort les nouvelles connaissances, cependant la crainte de fâcher le père de La Mothe me porta à le faire.
Cette conversation, qui fut courte, lui fit désirer de me voir encore une fois. Je sentis la même envie de mon côté ; car je croyais ou qu’il aimait Dieu ou qu’il était tout propre à l’aimer ; et je voulais que tout le monde l’aimât. Il y avait là trois religieux. Dieu s’était servi de moi pour les gagner à lui. L’empressement que le Père La Combe eut de me revoir le porta à venir à notre maison de campagne qui n’était qu’à une demi-lieue de la ville. La providence se servit d’un petit accident qui lui arriva pour me donner le moyen de lui parler : car comme mon mari, qui goûta fort son esprit, lui parlait, il se trouva mal étant allé dans le jardin. Mon mari me dit de l’aller trouver de peur qu’il ne lui fût arrivé quelque chose. J’y allai. Ce père dit qu’il avait remarqué un recueillement et une présence de Dieu sur mon visage si extraordinaire, qu’il se disait à lui-même : « Je n’ai jamais vu de femme comme celle-là », et c’est ce qui lui fit naître l’envie de me revoir. Nous nous entretînmes un peu, et vous permîtes, ô mon Dieu, que je lui disse des choses qui lui ouvrirent la voie de l’intérieur. Dieu lui fit tant de grâces par ce misérable canal, qu’il m’a avoué depuis qu’il s’en alla changé en un autre homme. Je conservai un fonds d’estime pour lui, car il me [74]66 parut qu’il serait à Dieu67, mais j’étais bien éloignée de prévoir que je dusse jamais aller à un lieu où il serait.
[2.] Mes dispositions dans ce temps étaient une oraison continuelle, comme je l’ai dit, sans la connaître. Tout ce qu’il y avait, c’est que je sentais un grand repos et grand goût de la présence de Dieu, qui me paraissait si intime qu’il était plus en moi que moi-même. Les sentiments en étaient quelquefois plus forts, et si pénétrants que je ne pouvais y résister, et l’amour m’ôtait toute liberté. D’autres fois il était si sec, que je ne ressentais que la peine de l’absence, qui m’était d’autant plus rude que la présence m’avait été plus sensible. Je croyais avoir perdu l’amour, car dans des alternatives, lorsque l’amour était présent, j’oubliais tellement mes douleurs, qu’elles ne me paraissaient que comme un songe ; et dans les absences de l’amour, il me semblait qu’il ne devait jamais revenir, car il me paraissait toujours que c’était par ma faute qu’il s’était retiré de moi, et c’est ce qui me rendait inconsolable. Si j’avais pu me persuader que c’eut été un état par où il fallait passer, je n’en aurais eu aucune peine, car l’amour de la volonté de Dieu m’aurait rendu toutes choses faciles, le propre de cette oraison étant de donner un grand amour de l’ordre de Dieu, une foi sublime et une confiance si parfaite que l’on ne saurait plus rien craindre, ni périls, ni dangers, ni mort, ni vie, ni esprit, ni tonnerre ; au contraire, il réjouit, il donne encore un grand délaissement de soi, de ses intérêts, de sa réputation, un oubli de toutes choses. […] 68.
Pendant dix ans la direction mystique est assurée par Monsieur Bertot69. À sa mort, sa dirigée cherche une aide spirituelle : elle entre en communication épistolaire avec le Grand Carme Maur de l’Enfant-Jésus (mais il vit éloigné à Bordeaux)70 puis de nouveau elle se rapproche du P. La Combe. Avant de le retrouver poursuivons la biographie résumée par Orcibal :
[La Combe] fut ensuite envoyé enseigner la théologie à Bologne (7 septembre 1671), où on le chargea aussi des exercices spirituels. De Bologne, La Combe passa à Rome, également en qualité de lecteur (12 septembre 1672-6 mars 1674).
Le 18 avril 1674, il fut, avec le titre de vice-provincial, chargé de la visite des collèges de Savoie, mais la maladie le contraignit à se retirer à Thonon le 27 mars 1675. Nommé supérieur de la maison d’études et du noviciat de Thonon (1677-1683), La Combe s’en absenta souvent pour prêcher, diriger des religieuses, etc. Il jouissait alors d’une excellente réputation.
Il ne semble pas [DS col.36] avoir à ce moment-là subi l’influence de Madame Guyon, dont il n’aurait reçu que deux lettres avant 1680, ou de Molinos qu’il ne rencontra jamais71. À Rome, c’était au contraire le jésuite Honoré Fabri qui le regardait comme son disciple.
Nous rattachons ici, malgré sa date postérieure à la période couverte dans le chapitre de la Vie par elle-même que nous venons de citer 72, la lettre adressée par La Combe à son vieux « maître » Fabri jésuite qui fut probablement son confesseur : c’est le seul témoignage dont nous disposons en l’absence d’une recherche de sources italienne qui reste à faire.
Elle traduit en termes heurtés l’ombre et la lumière vécues tour à tour par le sensible Lacombe. Il est animé d’un lyrisme italien d’outre-monts73.
L'année de cette lettre au père Fabry, Madame Guyon est à Thonon où elle fait retraite avec La Combe et écrit les Torrents, Vie 2.11.1-5. En juillet la sœur de Madame Guyon arrive de Sens, Vie 2.9.1-9. A l'automne commencera « la grande maladie », une crise religieuse suivi d'un état d'enfance et de la découverte du « pouvoir sur les âmes », Vie 2.12.6-7.
C'est donc une période « d'apprentissage sur le tas » et de crise spirituelle partagée par les deux mystiques que reflète la lettre suivante qui est la plus ancienne de notre dossier La Combe. Elle illustre un climat intérieur agité qui précède de peu le rétablissement de Madame Guyon comme rédactrice des Torrens.
Puis Madame Guyon exercera une influence bénéfique sur son confesseur. Elle sera interrrompue cinq années plus tard par leurs deux emprisonnements de 1687. Pour La Combe les prisons furent certainement durement éprouvées et sans autre fin qu’une mort mentale et physique attestée par le responsable gardien en 1715 :
0. Du P. LACOMBE AU P. FABRY. 12 juillet 1682.
À Rome, ce 12 juillet 1682.
Mon révérend et très cher père,
Je suis toujours le même, c’est-à-dire le plus pauvre et le plus riche du monde, le plus persécuté bien qu’invisiblement, mais le plus protégé, le plus accablé de troubles et d’angoisses, mais le plus tranquille, et le plus consolé qui soit au reste des hommes, en un mot je me vois autant que jamais le sujet du plus grand et mystérieux assemblage des deux souverains [f°1v°] contraires, le paradis et l’enfer, le tout et le néant, en telle sorte que je puis assurer que l’expérience dans laquelle je me trouve me fait toucher au [du] bout du doigt que l’âme de l’homme est un être correspondant en puissance à l’acte immense de l’amour éternel, et que, si Dieu, pendant une éternité, la voulait faire croître en amour, pendant une éternité elle croîtrait, et n’arriverait jamais à un tel point d’amour qu’elle ne restât toujours capable d’un amour infiniment [f°2] plus grand que celui dont elle se trouverait enflammée. Et c’est là justement la raison pour laquelle je ne vois point de fin aux cuisantes douleurs que me fait souffrir le combat inconcevable des deux contraires qui résident en moi, parce que l’amour qui s’augmente sans cesse dans mon cœur, ne peut recevoir d’accroissement qu’au milieu de la division que causent la grâce et le péché.
J’aurais bien des choses à vous dire sur ce sujet, mais elles conviennent plutôt à un [f°2v°] livre qu’à une lettre. Je vous dirais seulement que les progrès que je fais sont si cachés aux yeux de la raison que je ne vois pour l’ordinaire que des apparences de triomphe pour le péché, et une défaite si universelle du parti de la grâce qu’il ne reste plus en moi, je ne dirais pas, une étincelle de vigueur pour entreprendre la moindre chose contre les ennemis de mon salut, mais pas même le moindre désir de leur faire la guerre. Mais, ô Dieu, que ces [f°3] apparences sont fausses, que la réalité qu’elles couvrent est différente de l’éclat trompeur par lequel l’enfer s’efforce de me séduire, et qu’enfin il est doux de se croire perdu pour jamais et sans ressources, tandis qu’on jouit effectivement de la plus haute liberté des enfants de Dieu ! Ô mon père, qu’il est doux d’aimer Dieu sans en jouir, qu’il est glorieux de préférer aux splendeurs de la gloire même, l’obscurité de la foi ! Restez, restez dans les délices [f°3v°] et tabernacles sacrés, habitants fortunés de l’empyrée, soyez paisibles possesseurs des plaisirs immenses que nous cause l’extase perpétuelle de la lumière de la gloire, et que rien n’interrompe dans toute l’éternité le désir amoureux que nous fait souffrir l’ardeur inconcevable de l’amour éternel ! Mais ne pensez pas, ô membre glorieux du corps mystique de mon adorable Maître, que je vous puisse céder l’avantage d’être plus heureux que moi : Non, non, [f°4] je ne vous saurais céder, et je veux me flatter, dans les privations que je souffre, d’être aussi heureux que vous. Je veux même croire que si, dans l’état où vous êtes, il vous était possible de former des désirs, vous n’en pourriez avoir d’autre que celui de vous substituer en ma place pour pouvoir au moins aimer plus que vous ne faites. Brûlons, mon cœur, brûlons, abandonnons-nous entièrement à la plus haute ambition dont tu es capable, et n’en ayons pas moins que Lucifer [f°4v°] même, conscendam et similis ero altissimo74 : je monterai et serai semblable au Très Haut.
Oui mon Dieu, puisque je ne puis Vous aimer autant que Vous m’aimez, je veux au moins en avoir le désir et souhaiter que tout ce qu’il y a de pures créatures sur la terre et dans le ciel cèdent au désir que j’ai de Vous aimer moi seul, plus qu’elles ne vous aiment toutes ensemble. Pardonnez-moi, mon père, je ne sais ce que je dis, car je parle d’aimer [f°5] Dieu sans mesure dans un temps que je ne sens pas même le moindre désir de L’aimer. Ô Majesté incompréhensible, Vous m’environnez de toutes parts, et une seule goutte de pluie dans le vaste océan y devient bien moins l’eau de la mer même que ma pauvre âme abîmée dans votre sacré sein y est changée en Vous-même, et cependant je ne Vous vois ni ne Vous sens, ne Vous connais ni ne Vous aime. Que ferai-je ? Que dirai-je ? Je meurs parce que je n’expire pas, et je peux dire que je ne vis plus que [f°5v°] parce que je suis plein de vie.
Il y a ici des personnes de toutes les conditions et de tout sexe, qui me donnent de l’admiration, et je ne saurais les voir sans me souvenir de ces paroles du Sauveur : novissimi erunt primi in regno Dei, et les derniers seront les premiers dans le royaume de Dieu75. En effet, il semble que dans ce siècle, et surtout dans le temps où nous vivons, l’éternelle Sagesse travaille plus que jamais à remplir les sièges des Séraphins, des Trônes, et il n’est pas [f ° 6] plus possible d’admirer la sainteté des plus grands saints des siècles passés lorsque je suis avec ces sortes de gens, qu’il est en soi difficile de voir les étoiles en plein midi.
Je ne sais comme cela se fait, car je ne vois dans ces sortes de gens ni actions héroïques, ni prodiges, ni rien de tout ce qui fait paraître les hommes saints. Ce sont des âmes qui marchent par les voies scabreuses de la vie intérieure, et sur lesquelles Dieu permet [f°6v°] à l’enfer d’exercer ces [ses] abominations, mais l’on peut dire d’elles qu’elles sont les enfants les plus délicats de la Sagesse éternelle, qui en rend ce témoignage elle-même dans le prophète Baruc, chap. 4 : Delicati mei ambulaverunt vias asperas ; ducti sunt enim ut grex direptus ab inimicis76. Ce sont des âmes qui ne vont plus chercher dans les préceptes de la loi étroite les règles de leur conduite, car elles sont si intimement unies à l’éternelle Vérité, qui est la souveraine loi, qui leur prescrit [f°7] intérieurement, et d’un ton de voix efficace, tout ce qu’il [faut] qu’elles fassent pour demeurer en Dieu, qu’elles ne sont plus en état de mettre en peine d’autre chose que de Lui obéir en tout et partout. Aussi est-ce pour cela qu’elles ne se mettent nullement en peine des violences secrètes que le démon fait à leurs puissances extérieures, animales ou sensitives, qui sont tout un, encore que le diable les manie avec tant de délicatesse, qu’elles aient sujet de croire qu’elles se portent d’elles-mêmes aux [f°7v°] transgressions et abominations qu’il leur fait commettre, et qu’elles vont contre la lumière de la raison qui est le fondement de toute la loi. Cette même lumière les rend certaines de leur innocence et du peu de part qu’elles ont dans toutes ses misères, qu’elles n’y font pas même de réflexion77.
Au contraire, il semble que parfois elles ne veuillent pas même se flatter de l’intime connaissance qu’elles ont de leur pureté, et que, pour demeurer plus perdues en Dieu, [f°8] elles se font un plaisir de sembler à elles-mêmes criminelles. Ô qu’heureux sont ceux qui marchent par ces voies, et qu’il y a de sûreté à aller contre la raison pour mieux obéir à la raison ! Hic liber mandatorum Dei, et lex quæ est in aeternum. Convertere Jacob, et apprehende eam, ambula in [per] viam et [ad] splendorem eius contra lumen eius.78
§
Reprenons le fil conducteur proposé par Orcibal faisant intervenir une autre figure féminine mystique :
Il est en revanche certain que La Combe doit beaucoup à Marie de l’Incarnation Bon, supérieure des ursulines de Saint-Marcellin en Dauphiné (1636-1680 ; DS, t. 1, col. 1762). Bien que La Combe dise ne l’avoir vue qu’une fois, il était déjà assez attaché aux idées mystiques d’abandon et de total délaissement à Dieu pour s’être laissé entraîner par trois religieuses à ce qu’il appellera « un coup de fanatisme » (16 juin 1680) : il assura à Arenthon d’Alex qu’il était envoyé par Dieu pour le guérir de sa « propre suffisance »79.
La Combe y perdit l’estime qu’on avait pour lui en Savoie et un religieux assura même à l’évêque que « dans six mois il serait fou ». C’est cependant à La Combe qu’Arenthon d’Alex confie Mme Guyon l’année suivante lorsqu’elle vient à Gex avec le projet de fonder une maison de Nouvelles Catholiques. »
Nous étudions indépendemment la remarquable figure de la Mère Bon (1636-1680), contemplative ursuline qui témoigne de son expérience mystique80. Elle pourrait avoir été aussi influente que celle de l’évêque Ripa connu (ou probablement retrouvé par le Père La Combe) lors du séjour italien à venir du Père et de madame Guyon. Nous renvoyons en fin de volume, section « Sources associées », aux notices qui leur sont consacrées.
Abordons maintenant la « rencontre mystique » qui ouvre une collaboration de cinq années avant une séparation définitive qui voit Fénelon prendre relai :
Dix ans passent depuis leur premier « croisement » raconté précédemment par madame Guyon. Ils sont remplis par la direction de monsieur Bertot. Mais il meurt en 1681 tandis que Maur de l’Enfant-Jésus vit en ermite éloigné à Bordeaux.
La Combe est devenu le supérieur de la maison d’études et du noviciat en Savoie à Thonon depuis 1677 (il le sera jusqu’en 1683).
Madame Guyon sort d’une nuit mystique et cherche un nouveau confesseur. Dans le récit de sa Vie elle évoque cette épreuve puis saisit l’occasion qui s’offre de se « recommander à ses prières. » Ce qui réussit : « il me répondit d’une manière comme s’il eût connu par une lumière surnaturelle, malgré l’effroyable portrait que je lui faisais de moi-même, que mon état était de grâce » au [§6] :
Table
FRANÇOIS LACOMBE MYSTIQUE ET MARTYR 5
Table des sources 7
I. UN SAVOYARD ACTIF (1640 - 1687) 9
UN RELIGIEUX PLEIN D’AVENIR 1640-1681 11
1.18 LE P. LA COMBE -- PROMPTITUDES ET CHARITÉ 13
MADAME GUYON TEMOIGNE DE LEUR RENCONTRE ET DE LEUR ACTION COMMUNE (1681-1686) 23
1.27 LA FIN DE LA NUIT — LE PÈRE LA COMBE 23
2.2 COMMUNICATION ET PRÉSAGES 28
2.3 ÉTAT APOSTOLIQUE —À THONON 35
2.5 COMBATS 39
2.6 REFUS DU SUPERIORAT, DÉPART DU P. LA COMBE 42
2.7 PERSÉCUTIONS. LES DEUX GOUTTES D’EAU 48
2.9 L’ÉTAT FIXE N’EXCLUT PAS DES SOUCIS 57
2.11 LES TORRENTS. UNION AU P. LA COMBE. 60
2.12 POUVOIR SUR LES ÂMES 64
2.13 LA COMMUNICATION INTÉRIEURE 67
2.14 AUX PORTES DE LA MORT 74
2.15 EN PIÉMONT 79
2.17 COMMUNICATION CONSCIENTE 86
2.22 COMMUNICATIONS ET SOUFFRANCE POUR LE P. LA COMBE 91
2.24 SÉJOUR A VERCEIL 94
2.25 TURIN, GRENOBLE 101
Ici commence la troisième partie de la Vie par elle-même : “ 3. Depuis son retour en France, jusqu’à peu d’années avant sa mort.” 105
3.1 INTRIGUES A PARIS 105
3.2 INTRIGUES, SUITE 116
PREMIERS ÉCHANGES ÉPISTOLAIRES (1683, 1685) 123
Echanges avec Madame Guyon 123
2. [DE MADAME GUYON] AU PERE LACOMBE 1683. 123
3. [DE MADAME GUYON] AU PERE LACOMBE. 28 février (?) 1683. 125
4. DU PERE LACOMBE À MADAME GUYON. 1683. 131
Echanges avec Mgr d’Aranthon d’Alex 133
36. DU P. LACOMBE À MGR D’ARANTHON D’ALEX. 3 juin 1685. 133
5. DU P. LACOMBE A MGR D’ARENTHON d’ALEX. 12 juin 1685. 134
6. DU PERE LACOMBE A D’ARENTHON d’ALEX. Juin 1685. 136
35 . DE JEAN D’ARENTHON D’ALEX A N. 29 Juin 1683. 138
II. ECRITS D’UN DIRECTEUR SPIRITUEL 141
UNE BREVE INSTRUCTION (1682 – 1687) 143
L’histoire du texte est résumée par Orcibal : 143
Nous reprenons le texte édité dans J.M.Guyon, Les Opuscules spirituels, Olms, 1978, pages 443 à 534 qui sont la reproduction anastatique de l’édition de 1720, suivant de peu le décès de madame Guyon (1647-1717). -- Autres sources: Lettre d’un serviteur de Dieu publiée séparément en 1754. Avis salutaires d’un serviteur de Dieu, etc. Pour les Maximes on peut tenir compte du ms de Lausanne TB 1136. Notre base informatisée est à la disposition des chercheurs. 143
Page de titre : 145
« Lettre d’un Serviteur de Dieu, contenant une brève instruction pour tendre sûrement à la Perfection chrétienne » 145
§ I. De la Conversion parfaite. 145
§ II. De la Donation du cœur à Dieu. 147
§ III. Excellence de cette donation. 150
§ IV. Deux règles principales de la vie spirituelle. I. Se soumettre à la volonté de Dieu. II. Faire oraison. 152
§V. Du sujet de l’oraison. 154
§ VI. Comment se doit faire l’oraison. 156
§ VII. Défauts à éviter dans l’oraison. 161
§ VIII. Aides à l’oraison. 163
§ IX. 1. Du recueillement. 163
§X. 2. De la présence de Dieu. 164
§XI. 3. De l’intention. 165
§ XII. 4. De l’attention. 167
§ XIII. 5. Des aspirations. 168
§ XIV. 6. De la fidélité. 169
§ XV. De la prière vocale. 171
§ XVI. De la prière du corps. 173
§ XVII. De l’amour de la volonté de Dieu. 175
§ XVIII. De la mortification. 178
§ XIX. De la lecture spirituelle. 182
§ XX. De l’usage du sacrement. 183
§ XXI. De la visite Jésus-Christ dans son sacrement. 184
§ XXII. De l’usage du crucifix. 185
§ XXIII. Maximes importantes, pour acquérir la perfection. 188
§ XXIV. Maximes particulières, envers Dieu. 189
§ XXV. Maximes particulières, envers le prochain. 191
§XXVI. Maximes particulières pour vous-mêmes. 192
Table des sections (omise). 196
MAXIMES SPIRITUELLES (– 1720) 197
[Maximes 1 à 20] 197
[Maximes 41 à 60] 203
PRÉFACE AU CANTIQUE DE MADAME GUYON (1683 – 1684) 207
ORATIONIS MENTALIS (1685) : DE L’ORAISON MENTALE traduit sous le titre VOIES DE LA VÉRITÉ (1795) 217
Voies de la Vérité à la Vie 219
Avis de l’éditeur au lecteur. 219
Invocation à Jésus enfant. 219
De l’oraison mentale. 221
I. Ce que c’est que l’oraison et ses trois espèces. 221
II. Cette division est légitime et fondée. 221
III. De la méditation. Qu’elle est bonne surtout pour les commençants. 222
IV. L’aspiration est préférable, surtout pour ceux qui ont fait des progrès. 222
V. La contemplation est la plus parfaite oraison. 224
VI. Toutes les autres choses doivent lui céder, comme les moyens à la fin. 225
VII. Aucune de ces espèces d’oraisons n’est à rejeter. 226
VIII. Il ne faut pas les employer indistinctement ni se tenir strictement à une espèce. 227
Neuf. Quelques conditions requises de la part de Dieu, et de la part de l’homme. 228
X. Qu’il faut suivre l’attrait de Dieu. 230
XI. Les signes de l’attrait pour la contemplation et ceux qu’il faut suivre. 231
XII. Il faut enfin écouter Dieu en silence. 233
XIII. Explication des divers noms qu’on donne à la contemplation. 234
XIV. Pourquoi on l’appelle Mystique, ou ténébreuse ou inconnue. 237
XV. De la contemplation active ou acquise, passive ou infuse ; l’une et l’autre sensible ou insensible, réfléchie ou directe, aperçue ou inconnue ; comment on les distingue. 240
XVI. Il y a une contemplation infuse et passive, et comment l’esprit peut y être disposé. 243
XVII. Combien Dieu est disposé à accorder cette contemplation, lorsqu’il trouve des cœurs purs, doux, simples et humbles. 245
XVIII. On prouve, par des autorités et des raisons, qu’il y a une contemplation acquise et active. 246
XIX. Continuation de la même matière. 249
XX. Il est plus facile de contempler que de méditer. 251
XXI. Cette espèce d’oraison est la meilleure pour tous, la mieux accommodée à la volonté divine et à l’état d’un chacun. 252
XXII. Précaution contre les censures injustes. 253
XXIII. Ce que l’on a dit jusqu’ici de l’oraison mentale, n’est ni une fiction, ni une nouveauté, mais la véritable et ancienne doctrine. 254
XXIV. Quelques traits remarquables sur l’une et l’autre contemplation, leurs caractères, leurs avantages. Que toutes ces choses sont fondées sur le renoncement à soi-même, sur la croix et sur l’amour. 255
III. VINGT-HUIT ANNÉES DE PRISON (1687 - 1715) 261
MADAME GUYON TÉMOIGNE DANS SA VIE PAR ELLE-MEME 263
3.3 ARRESTATION DU PÈRE LA COMBE 263
3.4 INFAMIE DU P. LA MOTHE 271
3.5 PREMIÈRE RÉCLUSION 275
3.7 LETTRES CONTREFAITES 277
3.8 COMMUNICATIONS ET MARTYRE 279
Témoignages provenant de la section « 4. Les prisons, récit autobiographique » dans notre édition de la Vie par elle-même. 283
4.3 LES PREUVES ABSENTES 283
4.5 LA FAUSSE LETTRE 287
Les interrogatoires continuent et nous livrons en entier les deux chapitre traduisant le « nadir » des épreuves -- toujours pour compenser le manque d’informations convernant directement Lacombe. 300
4.6 LA BASTILLE 300
4.7 L’ABIME 313
« Les années d’épreuves sous le Roi Très Chrétien » 329
La Combe et le procès des mœurs 329
1687 : Condamnation de Molinos et arrestation du P. La Combe 330
La séquence des pièces 332
Des lettres compromettantes 336
Première lettre du P. La Combe et du Sieur de Lasherous, 10 octobre 337
Deuxième lettre du P. La Combe et du Sieur de Lasherous, 11 novembre 338
Lettre du P. La Combe du 7 décembre, saisie tardivement 340
Lettre de Jeannette du 7 décembre (?) 342
Une enquête bien organisée 343
1er interrogatoire, fin 345
Second interrogatoire de Mme Guyon, le 19 janvier 1696 346
Résumé, suggestions et notes de La Reynie 355
Troisième interrogatoire de Mme Guyon, le 23 janvier 1696 359
Quatrième interrogatoire de Mme Guyon, le 26 janvier 1696 367
Lettre d’envoi 376
Cinquième interrogatoire de Mme Guyon, le 28 janvier 1696 379
Sixième interrogatoire de Mme Guyon, le 1er février 1696 388
Septième interrogatoire de Mme Guyon, le 1er avril 1696 396
Huitième interrogatoire de Mme Guyon, le 2 avril 1696 407
Vie, 4,5 : La fausse lettre de La Combe 414
Le procès des mœurs (revue de détail) 425
Lettre du cardinal Le Camus à l’évêque de Chartres 439
LETTRES DE PRISONS (1690 - 1695) 441
7. DU PÈRE LACOMBE AU GÉNÉRAL DES BARNABITES 1er février 1689. 442
8. DU PERE LACOMBE. 1690 (?) 447
9. DU PERE LACOMBE. 8 novembre 1690. 448
10. DU PERE LACOMBE. 28 janvier 1693. 449
11. AU PERE LACOMBE. 1693 (?) 454
12. DU PERE LACOMBE. 16 novembre 1693. 455
13. DU PERE LACOMBE Fin 1693. 458
14. DU PERE LACOMBE. 10 novembre 1694. 460
15. DU PERE LACOMBE A ? Février 1695. 464
16. DU PERE LACOMBE 4 mars 1695. 465
17. DU PERE LACOMBE. Mai 1695. 466
18. DU PERE LACOMBE. 12 mai 1695. 469
19. DU PERE LACOMBE 25 mai 1695. 472
20. DU PERE LACOMBE. 3 juillet 1695. 475
21. DU PERE LACOMBE. 15 juillet 1695. 477
22. DU PERE LACOMBE 29 juillet 1695. 479
23. DU PERE LACOMBE 20 août 1695. 485
24. DU PERE LACOMBE Août ? 1695. 489
25. DU PERE LACOMBE 5 septembre 1695. 491
26. DU PERE LACOMBE ET DU Sr DE LASHEROUS 496
27. DU PERE LACOMBE 20 octobre 1695. 499
28. DU PERE LACOMBE ET DU Sr DE LASHEROUS 11 novembre 1695. 502
[Lettre jointe de Lasherous :] 504
29. DU PÈRE LACOMBE ET DE JEANNETTE. 7 décembre 1695. 505
[De Jeannette :] 508
31. DU P. LA COMBE A L’ÉVÊQUE DE TARBES. 9 janvier 1698. 511
APOLOGIE du P. La Combe par lui-même 519
[Présentation par Charles Urbain] 519
Réponse à ce qui est dit du Père La Combe et d’une Dame dans la Vie de Mre Jean d’Aranton, évêque de Genève
Ire FAUSSETÉ 524
IIe FAUSSETÉ. 528
IIIe FAUSSETÉ. 529
Ve FAUSSETÉ 531
VIe FAUSSETÉ. 532
VIIe FAUSSETÉ. 532
VIIIe FAUSSETÉ. 533
IXe FAUSSETÉ. 534
Xe FAUSSETÉ. 534
XIIe FAUSSETÉ. 535
XIIIe FAUSSETÉ 535
XIVe FAUSSETÉ 537
XVe FAUSSETÉ 540
XVIe FAUSSETÉ. 541
XVIIe FAUSSETÉ. 541
XVIIIe FAUSSETÉ. -- 541
XIXe FAUSSETÉ. -- 542
XXe FAUSSETÉ. 542
XXIe FAUSSETÉ. 544
XXIIe FAUSSETÉ. 544
XXIIIe FAUSSETÉ. 545
XXIVe FAUSSETÉ. 545
XXVe FAUSSETÉ. 546
XXVIe FAUSSETÉ. 548
XXVIIe FAUSSETÉ. 549
XXVIIIe FAUSSETÉ. 551
XXIXe FAUSSETÉ. 553
XXXe FAUSSETÉ. 553
XXXIe FAUSSETÉ. 554
XXXIIe FAUSSETÉ. 555
XXXIIIe FAUSSETÉ. 556
XXXIVe FAUSSETÉ. 557
XXXVe FAUSSETÉ. 557
XXXVIe FAUSSETÉ. 558
Dernière trace 563
RAPPORT DE M. D’ARGENSON SUR LE PERE LACOMBE. 1715 ? 563
Madame Guyon se souvient 565
Lettre 406 . Au baron de Metternich. 565
Témoignages de Dupuy 567
32. De Dupuy au marquis de Fénelon. 8 février 1733. 567
33. De Dupuy au marquis de Fénelon. 4 mars 1733. 568
ETUDE [en cours] : 571
Choix orienté vers une lecture « spirituelle » 571
SOURCES ASSOCIEES 621
« La Combe » étudié par Jean Orcibal 623
1. Vie 623
1.1 Avant le procès. 623
1.2. Procès et prisons. 625
2. Œuvres. 627
3. Spiritualité. 629
Sources manuscrites. 632
Études. 633
Le P. Lacombe cité dans le « Supplément à la Vie de madame Guyon » 635
Un renseignement sur le sort du confesseur. 639
Un résumé (tendancieux) de la doctrine du P. Lacombe 641
Mère Bon (1636-1680) contemplative ursuline influente sur le P. Lacombe. 645
Vittorio Augustin Ripa (-1691) évêque ‘quiétiste’ 653
La « petite duchesse » en relation avec Madame Guyon, Fénelon et son neveu
Marie-Anne de Mortemart 1665-1750, La « Petite Duchesse » en relation avec Madame Guyon, Fénelon et son neveu, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 270 p. [Esquisse biographique, Lettres des deux directeurs : madame Guyon et Fénelon ; Lettres au marquis de Fénelon]
La « petite duchesse » Marie-anne de Mortemart (1665-1750), aide dévouée auprès de Madame Guyon 81 puis « secrétaire » et confidente appréciée 82, prit sa relève au sein du cercle des disciples lorsque cette dernière fut emprisonnée puis assignée à résidence à Blois. La cadette du « clan Colbert » avait un fort tempérament 83, ce qui semble avoir été prévisible et fut utile pour prendre sa juste place dans la grande famille Colbert 84. Ce tempérament lui fut par ailleurs reproché.
Après 1717, date du décès de la ‘Dame directrice’, la duchesse corrigée de défauts de (relative) jeunesse atteindra quatre-vingt-cinq ans et l’année centrale du demi-siècle des Lumières.
Elle aura ainsi peut-être 85 succédé à Madame Guyon et du moins partagé la direction des disciples lorsque « notre mère » disparut peu après la disparition prématurée de « notre père » Fénelon.
Nous explorons sa biographie dans ses grandes lignes dans ce premier texte courant en l’accompagnant d’amples notes. Celles très précieuses de l’éditeur I. Noye accompagnent et authentifie ce qui s’avère constituer la plus longue série de lettres rapportée en [CF 18] pour une même correspondante. De nature plus éditoriale que biographique elles ne sont pas toutes reprises dans le premier choix que l’on va lire, mais leurs attributions et leurs datations assurent la séquence du regroupement.
Pour notre chance ! Car l’attribution à la duchesse de Mortemart de lettres nettoyées des renseignements sur leur provenance de membres du cercle « quiétiste » afin de permettre l’édition sans risques de 1718 n’a été établie qu’assez tardivement 86 tandis que l’édition critique de la série de lettres spiritueles « LSP * » est récente 87 : la filiation mystique fut ainsi très -- trop, peut-être volontairement -- préservée.
Nous donnerons, après cette esquisse biographique et le premier choix annoncé, la série reconstituée complète des lettres dont seuls quelques passages seront omis au fil du texte principal.
Mais qui était cette « petite duchesse » ? Nous alternons ici Orcibal avec le duc de Saint-Simon, sans oublier en notes Boislisle, regroupant ainsi l’admirable écrivain observateur avec les deux plus grands érudits qui précédèrent le plus récent éditeur de lettres Irénée Noye :
« La ‘Petite Duchesse’ de Mortemart, fille du ministre Colbert et sœur cadette des dames de Chevreuse et de Beauvillier, épousa en 1679 Louis de Rochechouart88.
« Ce dernier, né en 1663, « donnait les plus grandes espérances (en 1686 il avait forcé les pirates de Tripoli à se soumettre), mais sa santé, minée par la phtisie, provoquait dès l'été 1687 de vives inquiétudes. » Il mourut jeune en 1688. En 1689 et en 1690, on voit souvent le nom de sa veuve dans les listes des invitées du Roi et du Dauphin 89. »
Cela peut avoir été facilité et facile pour une jeune veuve de vingt-trois ans dont Saint-Simon décrit un charme qu’il considère digne de « l’esprit Mortemart » 90. Le duc de Saint-Simon use ensuite de son piquant propre en rapportant une dévotion peu jusfifiée à ses yeux :
« La duchesse de Mortemart, fort jeune, assez piquante, fort au gré du monde, et qui l'aimait fort aussi, et de tout à la Cour, la quitta subitement de dépit des romancines91 de ses soeurs, et se jeta à Paris dans une solitude et dans une dévotion plus forte qu'elle, mais où pourtant elle persévéra. Le genre de dévotion de Mme Guyon l'éblouit, M. de Cambrai la charma. Elle trouva dans l'exemple de ses deux sages beaux-frères [les ducs] à se confirmer dans son goût, et dans sa liaison avec tout ce petit troupeau séparé, de saints amusements pour s'occuper…92.
Nous relevons du même duc de Saint-Simon une note complémentaire du fil principal de ses Mémoires. Elle est bien informée sur l’origine et sur la permanence du « petit troupeau » après la mort de Louis XIV. Elle pose ensuite la duchesse comme « pilier femelle 93 » lorsque Mme Guyon, sortie de la Bastille, est en résidence surveillée à Blois. Nous indiquons les dates des figures car plusieurs établissent le réseau du « petit troupeau » mystique :
« Mme Guyon a trop fait de bruit, et par elle, et par ses trop illustres amis, et par le petit troupeau qu'elle s'est formé à part, qui dure encore, et qui, depuis la mort du Roi [en 1715], a repris vigueur, pour qu’il soit nécessaire de s’y étendre. Il suffira d'en dire un mot d’éclaircissement, qui ne se trouve ni dans sa vie ni dans celle de ses amis et ennemis, ni dans les ouvrages écrits pour et contre elle, où tout le reste se rencontre amplement.
« Elle ne fit que suivre les errements d'un prêtre nommé Bertaut [Jacques Bertot, 1620-1681], qui, bien des années avant elle [Jeanne Guyon, 1648-1717], faisoit des discours à l'abbaye de Montmartre, où se rassemblaient des disciples […] M. de Beauvillier [1648_1714] fut averti plus d'une fois que ces conventicules obscurs, qui se tenaient pour la plupart chez lui, étoient sus et déplaisaient ; mais sa droiture, qui ne cherchait que le bien pour le bien, et qui croyait le trouver là, ne s'en mit pas en peine. La duchesse de Béthune [1641 ?-1716], celle-là même qui allait à Montmartre avec M. de Noailles, y tenait la seconde place. Pour ce maréchal, il sentait trop d'où venait [415] le vent, et d'ailleurs il avait pris d'autres routes qui l'avaient affranchi de ce qui ne lui était pas utile. La duchesse de Mortemart [‘petite duchesse’], belle-soeur des deux ducs, qui, d'une vie très-répandue à la cour, s'était tout à coup jetée, à Paris, dans la dévotion la plus solitaire, devançait ses soeurs et ses beaux-frères de bien loin dans celle-ci, et y était, pour le moins, suivie de la jeune comtesse de Guiche, depuis maréchale de Gramont [‘la Colombe’, 1672-1748], fille de Noailles. Tels étaient les piliers mâles et femelles de cette école, quand la maîtresse [Guyon] fut éloignée d'eux et de Paris, avec une douleur, de leur part, qui ne fit que redoubler leur fascination pour elle…94. »
Par la suite,
« La duchesse vécut ensuite en liaison étroite avec ses beaux-frères, les ducs de Beauvillier et de Chevreuse. « Plusieurs lettres du P. Lami, bénédictin, nous apprennent que la duchesse faisait de fréquentes retraites au couvent de la Visitation de Saint-Denis, où l’une de ses filles avait fait profession95, et qu’elle y occupa même assez longtemps une cellule […] Elle y mourut le 13 février 1750 96».
« La duchesse de Mortemart étoit, après la duchesse de Béthune, la grande Ame du petit troupeau, et avec qui, uniquement pour cela, on avait forcé la duchesse [la comtesse] de Guiche, sa meilleure et plus ancienne amie, de rompre entièrement et tout d'un coup. La duchesse de Mortemart, franche, droite, retirée, ne gardait aucun ménagement sur son attachement pour M. de Cambrai. Elle allait à Cambrai, et y avait passé souvent plusieurs mois de suite. C'était donc une femme que Mme de Maintenon ne haïssoit guère moins que l'archevêque; ou ne le pouvait même ignorer97. »
Doit-on la considérer comme assurant suite dans la lignée mystique ?
Déjà dans une lettre de septembre 1697, Madame Guyon lui écrivait:
« …Cependant, lorsqu'elle veut être en silence avec vous, faites-le par petitesse et ne vous prévenez pas contre. Dieu pourrait accorder à votre petitesse ce qu'Il ne donnerait pas pour la personne. Lorsque Dieu s'est servi autrefois de moi pour ces sortes de choses, j'ai toujours cru qu'Il l'accordait à l'humilité et à la petitesse des autres plutôt qu’à moi… »
La petite duchesse pouvait donc transmettre la grâce dans un cœur à cœur silencieux.
Nous pensons que la « suppléante de Mme Guyon » lui a très probablement succédé : Fénelon meurt trop tôt. Elle intègre la « lignée » qui passe de sources franciscaines au sieur de la Forest ( ?) et au Père Chrysostome de Saint-Lô, à Jean de Bernières, à Jacques Bertot, à Jeanne Guyon.
Cette solide duchesse de Mortemart qui vécut longtemps (†1750) fut probablement secondée par les deux duchesses de Chevreuse (†1732) et de Beauvillier (†1733), par Du Puy († après 1737), par le marquis de Fénelon (†1745), par ‘la colombe’ qui désigne la duchesse de Gramont (†1748). Ensuite nous relevons des figures mystiques en Écosse dont 16th Forbes (†1761) & Deskford (†1764) ; ainsi qu’en Suisse, qu’en Hollande et dans l’Empire98.
Nous avons quelques lettres à des tiers où Fénelon exprime son appréciation de la Petite Duchesse :
Au moment où le duc de Montfort leur fils des Chevreuse est grièvement blessé, Dieu « vous met sur la croix avec son Fils; je vous avoue que, malgré toute la tristesse que vous m'avez causée, j'ai senti une espèce de joie lorsque j'ai vu Mme la duchesse de Mortemart partir avec tant d'empressement et de bon naturel pour aller partager avec vous vos peines. » (L.168 à la duchesse du 7 avril 1691).
A la comtesse de Gramont : « Je suis ravi de ce que vous êtes touchée du progrès de Mad. de Mortemart (1); elle est véritablement bonne, et désire l'être de plus en plus. La vertu lui coûte autant qu'à un autre, et en cela elle est très propre à vous encourager. » (L.300 du 22 juin 1695)
A la comtesse de Montberon : « A mon retour, j'espère que nous aurons ici Mad. la d[uchesse] de Mortemart, qui viendra aux eaux. Je serai ravi que vous puissiez faire connaissance. Vous en serez bien contente, et bien édifiée. » (L. entre le 2 et le 6 juillet 1702)
Le duc de Chevreuse écrit à Fénelon :
« Je suis plus content que jamais de la B.P.D. [de Mortemart]. J'y trouve le même esprit de conduite qu'elle a reçu de vous, avec une simplicité et une lumière merveilleuse. Rien de ce qui devrait la toucher ou peiner ne semble aller à son fond. » (L.913A du 16 mai 1703).
Nous trouvons dans les Mémoires de Saint-Simon deux passages qui éclairent la duchesse cadette à l’occasion de deux décisions importantes dont la première discutée. Elle les prit non sans relief et vigueur dont témoigne ces deux extraits que l’on va retrouver bintôt insérés dans leur contexte :
« La duchesse de Mortemart, fort jeune, assez piquante, fort au gré du monde, et qui l'aimait fort aussi, et de tout à la cour, la quitta subitement de dépit des romancines de ses soeurs, et se jeta à Paris dans une solitude et dans une dévotion plus forte qu'elle, mais où pourtant elle persévéra. »
« La duchesse de Mortemart, franche, droite, retirée, ne gardoit aucun ménagement sur son attachement pour M. de Cambrai. Elle alloit à Cambrai, et y avoit passé souvent plusieurs mois de suite. C'étoit donc une femme que Mme de Maintenon ne haïssoit guère moins que l'archevêque… »
Tome 4 ch.12 1703 pp. 213-214 La duchesse de Mortemart quitte la cour et marie un fils difficile…
M. de Beauvilliers qui avoit deux fils fort jeunes, et dont toutes les filles s'étaient faites religieuses à Montargis, excepté une seule, la maria tout à la fin de cette année au duc de Mortemart qui n'avoit ni les moeurs ni la conduite d'un homme à devenir son gendre. Il étoit fils de la soeur cadette des duchesses de Chevreuse et de Beauvilliers [notre « petite duchesse »]. Le désir d'éviter de mettre un étranger dans son intrinsèque entra pour beaucoup dans ce choix; mais une raison plus forte le détermina. La duchesse de Mortemart, fort jeune, assez piquante, fort au gré du monde, et qui l'aimait fort aussi, et de tout à la cour, la quitta subitement de dépit des romancines de ses soeurs, et se jeta à Paris dans une solitude et dans une dévotion plus forte qu'elle, mais où pourtant elle persévéra. Le genre de dévotion de Mme Guyon l'éblouit, M. de Cambrai la charma. Elle trouva dans l'exemple de ses deux sages beaux-frères à se confirmer dans son goût, et dans sa liaison avec tout ce petit troupeau séparé, de saints amusements pour s'occuper. Mais ce qu'elle y rencontra de plus solide fut le mariage de son fils. [oh, féroce Duc!] L'unisson des sentiments dans cet élixir à part d'une dévotion persécutée où elle figuroit sur le pied d'une grande âme, de ces âmes d'élite et de choix, imposa à l'archevêque de Cambrai, dont les conseils déterminèrent contre ce que toute la France voyoit, qui demeura surprise d'un choix si bizarre, et qui ne répondit que trop à ce que le public en prévit. Ce fut sous de tels auspices que des personnes qui ne perdoient jamais la présence de Dieu au milieu de la cour et des affaires, et qui par leurs biens et leur situation brillante avoient à choisir sur toute la France, prirent un gendre qui n'y croyoit point et qui se piqua toujours de le montrer, qui ne se contraignit, ni devant ni après, d'aucun de ses caprices ni de son obscurité, qui joua et but plus qu'il n'avoit et qu'il ne pouvoit , et qui s'étant avisé sur le tard d'un héroïsme de probité et de vertu , n'en prit que le fanatisme sans en avoir jamais eu la moindre veine en réalité. Ce fléau de sa famille et de soi-même se retrouvera ailleurs. […]
Tome 6 ch.8 1708 pp. 154, 162-166 Mariage de la fille Mortemart & aperçus sur sa mère et des membres du cercle guyonnien.
[…] Enfin les liens secrets qui attachoient ensemble Mme la duchesse de Bourgogne et les jeunes Noailles, ses dames du palais, répondoient de cette princesse pour le présent et pour le futur ; et par eux-mêmes auprès de Mgr le duc de Bourgogne ils étoient sûrs des ducs de Chevreuse et de Beauvilliers. Ils y gagnoient encore la duchesse de Guiche, dont l'esprit, le manège et la conduite avoit tant de poids dans sa famille, chez Mme de Maintenon, et auprès du roi même, et qui imposoit tant à la cour et au monde. Je n'avois avec aucun des Noailles nulle sorte de liaison, sinon assez superficiellement avec la maréchale, qui ne m'en avoit jamais parlé. Mais je croyois voir tout là pour les Chamillart, et c'étoit ce qui m'engageoit y exhorter les filles, et ceux de leur plus intime famille qui pouvoient être consultés.
Le duc de Beauvilliers étoit ami intime de Chamillart. Il pouvoit beaucoup sur lui, mais non assez pour le ramener sur des choses qu'il estimoit capitales au bien de l'État. Il espéra vaincre cette opiniâtreté en se l'attachant de plus en plus par les liens d'une proche alliance. Je n'entreprendrai pas de justifier la justesse de la pensée, mais la pureté de l'intention, parce qu'elle m'a été parfaitement connue. Lui et la duchesse, sa femme, qui ne pensèrent jamais différemment l'un de l'autre, prirent donc le dessein de faire le mariage de la fille de la duchesse de Mortemart, qui n'avoit aucun bien, qui étoit auprès de sa mère et ne vouloit point être religieuse. Au premier mot qu'ils en touchèrent à la duchesse de Mortemart, elle bondit de colère, et sa fille y sentit tant d'aversion, que plus d'une année avant qu'il se fit, la marquise de Charost, fort initiée avec eux, lui ayant demandé sa protection en riant lorsqu'elle seroit dans la faveur, pour la sonder là-dessus: « Et moi la vôtre, lui répondit-elle, lorsque par quelque revers je serai redevenue bourgeoise de Paris. » M. et Mme de Chevreuse, quoique si intimement uns avec M. et Mme de Beauvilliers, car unis est trop peu dire, rejetèrent tellement cette idée qu'ils ne furent plus consultés. J'ai su d'eux-mêmes et de la duchesse de Mortemart, que, si sa fille l'eût voulu croire, jamais ce mariage ne se seroit fait.
De tout cela je compris que M. et Mme de Beauvilliers, résolus d'en venir à bout, gagnèrent enfin leur nièce, et que, sûrs de leur autorité sur Mme de Mortemart et sur le duc et la duchesse de Chevreuse, ils poussèrent leur pointe vers les Chamillart, qui, peu enclins aux Noailles, ne trouvant point ailleurs de quoi se satisfaire, saisirent avidement les suggestions qui leur furent faites. Une haute naissance avec des alliances si proches de gens si grandement établis flatta leur vanité. Un goût naturel d'union qu'ils voyoient si grande dans toute cette parenté les toucha fort aussi. Une raison secrète fut peut-être la plus puissante à déterminer Chamillart; en effet, elle étoit très-spécieuse à qui n'envisageoit point les contredits. Personne ne sentoit mieux que lui-même l'essentielle incompatibilité de ses deux charges et l'impossibilité de les conserver toutes deux. Il périssoit sous le faix, et avec lui toutes les affaires. Il ne vouloit ni ne pouvoit quitter celle de la guerre; mais, étant redevable du sommet de son élévation aux finances, il comprenoit mieux que personne qu'elles emporteroient avec elles toute la faveur et la confiance, et combien il lui importoit en les quittant de se faire [de son successeur] une 164 créature reconnoissante qui l'aidât, non un ennemi qui cherchât à le perdre, et qui en auroit bientôt tout le crédit. Le comble de la politique lui parut donc consister dans la justesse de ce choix, et il crut faire un chef-d'oeuvre en faisant tomber les finances sur un sujet de soi-même peu agréable au roi, et par là peu à portée de lui nuire de longtemps ; il se le lia encore par des chaînes si fortes, qu'il lui en ôta le vouloir et le pouvoir.
La personne de Desmarets lui parut faite exprès pour remplir toutes ces vues. Proscrit avec ignominie à la mort de Colbert son oncle, revenu à Paris à grande peine après vingt ans d'exil, suspect jusque par sa capacité et ses lumières, silence imposé sur lui à Pontchartrain, contrôleur général, qui n'obtint qu'à peine de s'en servir tacitement dans l'obscurité et comme sans aveu ni permission; la bouche fermée sur lui à tous ses parents en place qui l'aimoient ; poulié à force de bras et de besoins par Chamillart, mais par degrés, jusqu'à celui de directeur des finances , mal reçu même alors du roi, qui ne put s'accoutumer à lui tant qu'il fut dans cette place, redevable de tout à Chamillart, c'étoit bien l'homme tout tel que Chamillart pouvoit désirer. Restoit de l'enchaîner à lui par d'autres liens encore que ceux de la reconnoissance, si souvent trop foibles pour les hommes ; et c'est ce qu'opéroit le mariage de Mlle de Mortemart, qui rendroit encore les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers témoins et modérateurs de la conduite de Desmarets si proche de tous les trois , et si étroitement uni et attaché aux deux ducs. Tant de vues si sages et si difficiles à concilier, remplies avec tant de justesse, parurent à Chamillart un coup de maître ; mais il en falloit peser les contredits et comparer le tout ensemble.
Il ne tint pas à moi de les faire tous sentir, et je prévis aisément, par la connoissance de la cour et des personnages, le mécompte du duc de Beauvilliers et de Chamillart. Celui-ci étoit trop prévenu de soi, trop plein de ses lumières, trop attaché à son sens, trop confiant pour être capable de prendre en rien les impressions d'autrui. Je ne crus donc pas un moment que l'alliance acquit sur lui au duc de Beauvilliers le plus petit grain de déférence ni d'autorité nouvelle; je ne crus pas un instant que Mme de Maintenon, indépendamment même de son désir pour les Noailles, pût jamais s'accommoder de ce mariage. Sa haine pour M. de Cambrai étoit aussi vive que dans le fort de son affaire. Son esprit et ses appuis le faisoient tellement redouter à ceux qui l'avoient renversé, et qui possédoient Mme de Maintenon tout entière, que, dans la frayeur d'un retour, ils tenoient sans cesse sa haine en haleine. Maulevrier, aumônier du roi, perdu pour son commerce avec lui, avoit eu besoin des longs efforts du P. de La Chaise, son ami intime, pour obtenir une audience du roi, afin de s'en justifier, il n'y avoit que peu de jours. La duchesse de Mortemart étoit, après la duchesse de Béthune, la grande Ûme du petit troupeau, et avec qui, uniquement pour cela, on avoit forcé la duchesse de Guiche, sa meilleure et plus ancienne amie, de rompre entièrement et tout d'un coup. La duchesse de Mortemart, franche, droite, retirée, ne gardoit aucun ménagement sur son attachement pour M. de Cambrai. Elle alloit à Cambrai, et y avoit passé souvent plusieurs mois de suite. C'étoit donc une femme que Mme de Maintenon ne haïssoit guère moins que l'archevêque; ou ne le pouvoit même ignorer.
J'étois de plus effrayé du dépit certain qu'elle concevroit de voir Chamillart, sa créature et son favori , lui déserter pour ainsi dire, et passer du côté de ses ennemis, comme il lui échappoit quelquefois de les appeler, je veux dire, dans la famille des ducs de Chevreuse et de Beauvilliers, qu'elle 166 rugissait encore en secret de n'avoir pu réussir à perdre. Je n'étois pas moins alarmé sur son intérêt que sur son goût. Elle en avoit un puissant d'avoir un des ministres au moins dans son entière dépendance, et sur le dévouement sans réserve duquel elle pût s'assurer. On voit comme elle étoit avec les ducs de Chevreuse et de Beauvilliers. Elle n'aimoit guère mieux Torcy, et par lui-même et comme leur cousin germain, qui s'étoit toujours dextrement soustrait à sa dépendance, et ne s'en maintenoit pas moins bien avec le roi. Elle étoit tellement mal avec le chancelier dès le temps qu'il avoit les finances, qu'elle contribua, pour s'en défaire dans cette place, à lui faire donner les sceaux; et depuis qu'il les eut, ses démêlés avec M. de Chartres, et par lui avec les évêques pour leurs impressions et leurs prétentions à cet égard, avoient de plus en plus aigri Mme de Maintenon contre lui. […]
Ce qui nous permet de mieux connaître la « petite duchesse » chère à madame Guyon se réduit presque aux nombreuses lettres que « n m » et « n p » lui adressèrent. Car elle eut la chance d’être « formée mystiquement » conjointement par madame Guyon et par Fénelon.
Madame Guyon lui écrivit de juin 1695 à mai 1698 : lorsqu’il faut protéger le duc de Chevreuse, tout passe par la « petite duchesse » qui devint la « secrétaire » bientôt chère confidente. Ce qui nous surprend le plus c’est que le flux de lettres ne fut pas interrompu par l’arrestation de Mme Guyon à la fin décembre 1695. Cette abondante correspondance couvre la plus grande partie du présent dossier. Il ne concerne qu’incidemment ce qui est personnel à la petite duchesse99.
Fénelon lui écrivit avant et après cette période critique, et même très tardivement. Ne nous sont parvenues de lui que 28 lettres mais elles portent sur la longue durée : les premières seraient de 1693, la dernière est datée de la fin juillet 1711 (totuefois la majorité de cette correspondance est non datée tandis que le nom de la destinataire fut longtemps inconnu).
Enfin dans la correspondance de madame Guyon dont les pièces autographes ou copies furent assemblées et reliées en volumes par I. Noye, le grand connaisseur et ami des membres de cercles quiétistes auquel nous devons d’avoir souvent levé l’identité de la destinataire de Fénelon, figurent d’assez nombreuses lettres échangée entre les Amis membres des cercles de Blois et de Cambrai, dont une série de 16 lettres de la large écriture très particulière à la « petite duchesse ». Elle écrit au marquis de Fénelon depuis sa blessure de 1711 mais avant la mort de Fénelon qui survint en janvier 1715.
Les lettres adressées à la petite duchesse de Mortemart furent jusqu’aujourd’hui négligées : il fallait attendre que I. Noye en rétablisse le plus grand nombre dans le volume [CF 18] et la révèle comme destinataire par de solides présomptions. Ce dernier volume de la Correspondance de Fénelon n’a été publié en 2007. Malgré un titre bien peu porteur 100, il permet enfin de révéler Fénelon comme essentiellement mystique et conforte l’attribution d’un rôle directeur à la « petite duchesse ».
Les figures très importantes sont en gras et importantes figurent en italiques.
1712 Charles-Honoré de Chevreuse 1656-1712
1714 Paul de Beauvillier 1648-1714
1715 François Lacombe 1640-1715
1715 François de Fénelon 1652-1715
1716 Duch.de Béthune-Charost [née Marie Fouquet] 1641?-1716
1717 Madame Guyon (1648-1717)
1719 Pierre Poiret (1646-1719)
1726 Le Dr. James Keith (-1726)
1726 James Garden (1645-1726)
1731 Wolf von Metternich (-1731).
1732 Duch.de Chevreuse, -1732 [née Colbert]
1733 Georges Garden (1649-1733).
1733 Duch.de Beauvillier 1655-1733 [née Colbert]
1737+Isaac Dupuy >1737
1740 Pétronille d’Echweiler (1682-1740)
1743 Le « chevalier » Ramsay (1686-1743)
1746 Marquis de Fénelon 1688-1746
1748 Marie-Christine de Noailles, duch.de Gramont ‘la colombe’ 1672-1748
1750 Marie-Anne de Mortemart -1750 [née Colbert]
1752 Jean-François Monod (1674-1752)
1761 James 16th Lord Forbes 1689-1761
1764 Lord Deskford 1690-1764
1764 James Ogilvie, Lord Deskford (1690-1764).
1769 Gerhard Tersteegen (1697-1769)
1774 Frédéric de Fleischbein (1700-1774)
1774 Klinckowström (apr.1700?-1774), gentilhomme danois.
1793 Jean-Philippe Dutoit-Membrini (1721-1793)
1710+ 7
1720+ 2
1730+ 5
1740+ 4
1750+ 2
1760+ 4
1770+ 2
1780+
1790+ 1
1800+
27 figures au total dont nous considérons 26 de 1710 à 1780 soit une densité 3.7 proche de 4 figure / décennie
Selon Saint-Simon, « la duchesse de Mortemart [‘la petite duchesse’], belle-soeur des deux ducs, qui, d'une vie très-répandue à la cour, s'était tout à coup jetée, à Paris, dans la dévotion la plus solitaire, devançait ses soeurs et ses beaux-frères de bien loin dans celle-ci, et y était, pour le moins, suivie de la jeune comtesse de Guiche, depuis maréchale de Gramont [‘la Colombe’, 1672-1748], fille de Noailles. »
D’où une hésitation entre Mortemart et « la Colombe » car le nom de la seconde figure circule aussi auprès de disciples écossais : nous relevons in Henderson, Mystics of the Nort-East, lettre XLVIII from Dr. James Keith to lord Deskford, London, nov?. 15th, 1758, la note 11 de son éditeur : « Cf. Cherel, Fénelon au XVIIIe siècle en France, p. 163, quoting a letter which says " priez pour moi, et obtenez les prières des personnes les plus intérieures de votre connaissance, surtout celles de Madame de Guiche." It is pointed out that the Maréchale de Grammont " avait succedé à Mme Guion dans l'état apostolique," her letters to pious correspondents are mentioned, and a letter from her is transcribed. This is the same person : le duc de Guiche took the title duc de Gramont in 1720 on the death of his father. He was maréchal de France. V. Biographie universelle, xxi, pp. 626 f. » (fin de la note d’Henderson).
Il faut aussi tenir compte d’apports « parallèles » des deux duchesses veuves de Chevreuse et de Beauvillier, sans oublier le fidèle Dupuy ni le marquis de Fénelon
On a affaire à une « équipe » : Mortemart, « la Colombe », les deux veuves des Ducs, Dupuy et le marquis de Fénelon… Sans qu’une de ces cinq figures ne s’impose exclusivement.
UNE ESQUISSE BIOGRAPHIQUE 5
Esquisse 5
Le successeur dans la filiation ? 9
Opinions de Fénelon et de Chevreuse 10
Traits relevés par Saint-Simon 11
Tome 4 ch.12 1703 pp. 213-214 La duchesse de Mortemart quitte la cour et marie un fils difficile… 11
Tome 6 ch.8 1708 pp. 154, 162-166 Mariage de la fille Mortemart & aperçus sur sa mère et des membres du cercle guyonnien. 12
LETTRES DES DEUX DIRECTEURS 17
DE MADAME GUYON 19
A LA « PETITE DUCHESSE » [DE MORTEMART]. Juin 1695. 21
290. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1695. 22
291. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1695. 23
292. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1695. 24
298. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1695. 24
316. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 25
320. A LA PETITE DUCHESSE. Peu après le 6 août 1695. 26
321. A LA PETITE DUCHESSE. Avant le 15 Août 1695. 26
322. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 27
323. A LA PETITE DUCHESSE. Avant le 20 Août 1695. 29
324. A LA PETITE DUCHESSE. Avant le 20 Août 1695. 30
325. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 31
326. A LA PETITE DUCHESSE. Peu après le 16 Août 1695. 32
327. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1695. 32
338. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 33
340. A LA PETITE DUCHESSE. Début septembre 1695. 34
341. A LA PETITE DUCHESSE. Début septembre 1695. 35
342. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 35
343. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 36
344. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1695. 37
345. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1695. 38
353. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1695. 38
354. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1695. 39
355. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1695. 40
359. A LA PETITE DUCHESSE. 27 novembre 1695. 40
362. A LA PETITE DUCHESSE (?) Décembre 1695. 45
377. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1696. 45
378. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1696. 47
381. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1696. 48
384. A LA PETITE DUCHESSE. Janvier 1697. 49
385. A LA PETITE DUCHESSE. Février 1697. 51
386. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 53
387. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 55
388. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 57
389. A LA DUCHESSE DE BEAUVILLIER. Mars 1697. 61
390. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1697. 64
391. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 66
392. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 68
393. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 70
394. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1697. 72
395. A LA PETITE DUCHESSE. 18 avril 1697. 73
397. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 76
398. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 79
399. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 80
400. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 82
401. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 84
402. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 86
403. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1697. 89
404. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 90
405. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 95
406. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 97
407. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 98
408. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 99
409. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 101
410. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 103
411. A LA PETITE DUCHESSE. Juin 1697. 105
412. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 107
413. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 110
414. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 113
415. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 116
416. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 118
417. A LA PETITE DUCHESSE. Juillet 1697. 121
419. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 123
420. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 124
422. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 126
423. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 127
424. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 128
425. A LA PETITE DUCHESSE. Peu après le 15 Août 1697. 129
426. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 130
427. A LA PETITE DUCHESSE. Août 1697. 132
428. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697 134
429. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 136
430. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 137
431. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 138
432. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 140
433. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 141
434. A LA PETITE DUCHESSE. Septembre 1697. 142
435. A LA PETITE DUCHESSE. 28 Septembre 1697. 143
436. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1697. 144
437. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1697. 145
438. A LA PETITE DUCHESSE. Octobre 1697. 146
439. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1697. 148
440. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1697. 151
441. A LA PETITE DUCHESSE. Novembre 1697. 154
442. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 156
443. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 157
444. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 159
445. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 159
446. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 160
447. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 162
448. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 163
449. A LA PETITE DUCHESSE. Décembre 1697. 164
452. A LA PETITE DUCHESSE. Janvier 1698. 165
453. A LA PETITE DUCHESSE. Janvier 1698. 166
454. A LA PETITE DUCHESSE. Janvier 1698. 167
455. A LA PETITE DUCHESSE. 168
456. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1698. 168
457. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1698. 171
458. A LA PETITE DUCHESSE. Mars 1698. 171
459. A M. TRONSON. Mars 1698. 172
460. A LA PETITE DUCHESSE (?) Avril 1698. 173
461. A LA PETITE DUCHESSE. Avril 1698. 174
462. A LA PETITE DUCHESSE. 3 mai 1698. 177
463. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1698. 179
464. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1698. 180
465. A LA PETITE DUCHESSE. Mai 1698. 181
352. [DE Mme Guyon] Au marquis de Fénelon. Septembre 1716 ? 183
DE FENELON 187
Choix de citations extrait de la série complète des lettres 187
Série complète des lettres 195
LSP 126.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART juin 1693 ? 195
LSP 135.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 198
LSP 136*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 199
LSP 130.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART [1693?] 200
LSP 131*A LA DUCHESSE DE MORTEMART [1693 ?] 202
LSP 129.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART [?] [1695 ?] 203
LSP 137.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 204
LSP 150.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 204
LSP 164.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 205
LSP 165* A LA DUCHESSE DE MORTEMART 206
LSP 166.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART. Après juin 1708. 206
LSP 167.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 208
LSP 189.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 209
LSP 190.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 209
LSP 191.* A LA DUCHESSE DE MORTEMART ( ?) 211
LSP 192.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 211
LSP 193.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART 213
LSP 198.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 215
LSP 203.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART. [1711 ?] 216
LSP 205 Au DUC DE MORTEMART (?) 218
LSP 218.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 218
LSP 219.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 220
LSP 490.*A LA DUCHESSE DE MORTEMART (?) 221
1121. À LA DUCHESSE DE MORTEMART A Cambray, 9 janvier 1707. 223
1231. À LA DUCHESSE DE MORTEMART A C[ambrai] 22 août 1708. 225
1408. À LA DUCHESSE DE MORTEMART 228
1442. À LA DUCHESSE DE MORTEMART. À C[ambrai] 1 février 1711. 234
1479. À LA DUCHESSE DE MORTEMART. À Cambray, 27 juillet 1711. 235
LETTRES DE MORTEMART AU MARQUIS DE FENELON 239
Lettre 1, pièce 7472. Comme j'étais encore à Saint-Denis quand le carrosse de notre archevêque est reparti … 241
L. 2, p. 7473 de Paris ce 13e janvier. Je suis en pleine de vous n'ayant point reçu de vos nouvelles… 242
L. 3 p. 7474 de Paris ce 31e janvier. J'entrerais de tout cœur dans vos raisons mon cher m pour rester auprès de Panta sans la nécessité que nous voyons ici… 243
L.4 p. 7475 de Paris ce 28e janvier, N'ayez donc plus d'inquiétude ni de peine mon cher marquis de l'effet que m'a fait votre première lettre… 244
L.5 p.7476 le 8 juillet. J'ai reçu votre lettre m c f du bas des montagnes… 245
L.6 p.7477. Comment vous trouvez-vous de vos bains mon cher marquis 246
L.7 p.7478 de Paris ce 22e février. Si les occasions ne m'avaient pas manqué mon cher marquis… 247
L.8 p.7479 de Vaucresson ce 22e avril. Je vous assure mon cher marquis que je ressens fort et avec peine la circonstance où je me trouve d'être éloigné de Paris pendant le petit séjour que vous y faites… 248
L.9 p.7480 de Saint-Denis ce 16e avril. Continuez mon cher marquis à me donner de vos nouvelles… 249
L.10 p.7481 De Saint-Denis ce 29e avril, Je suis inquiète mon cher marquis des suites de la brûlure… 249
L.11 p.7482 De Paris ce 26e janvier, En quel état sont les affaires de notre cher Panta… 250
L.12 p.7483 De Paris ce 24e janvier, Je suis bien peinée mon cher m d'avoir si mal entendue votre première lettre… 251
L.13 p.7484 De Saint-Denis ce 27e avril, Ce n'est point pour vous faire des reproches mon cher marquis, mais je vous dirai qu'il y a longtemps que je n'ai su quelques détails de votre plaie… 252
L.14 p.7485 De Paris ce 21e janvier, Je suis bien fâché mon cher m de vous avoir privé pendant quelques jours de la consolation de la lettre de n m 253
L.15 p.7486 De Paris ce 18e janvier, J'oubliais de mettre dans ma dernière lettre celle que je devais vous envoyer de n m 254
L.16 p.7487 De Paris ce septième janvier, Continuez à m'entretenir en droiture… 255
L.17 p.7488 Le cinq de mai, Je ne saurais laisser partir le chevalier m d f sans vous faire souvenir de moi… 255
Lettre p.7489 (autre rédactrice) Si la part que j'ai prise Monsieur à ce que vous avez souffert avait pu adoucir vos peines… 256
Annexes 259
Annexe. Liste chronologique de membres ou de sympathisants de la Voie : une équipe ? 259
Discussion 260
Annexe. Les enfants Colbert 261
Annexe. Les enfants Mortemart 263
Mémoires de Saint-Simon concernant Fénelon, Madame Guyon et leurs proches, dossier assemblé par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 363 p. [Extraits des tome 1 à 13 des Mémoires concernant Mme Guyon, Fénelon, Chevreuse & Beauvilliers, le Dauphin & la Dauphine, Mme de Maintenon.]
Ce dossier contient les principaux extraits des Mémoires du duc de Saint-Simon relatifs aux membres des cercles animés par Madame Guyon et par Fénelon. Il donne des précisions biographiques et historiques portant sur les membres des cercles de la quiétude. Tel savoureux paragraphe sorti de la plume du duc de Saint-Simon réveillera l’attrait du lecteur sur une figure mineure.
Les Mémoires sont un admirable témoignage de la vie de Cour de la dernière décennie du Grand siècle aux trois premières du siècle des Lumières. En outre, malgré la relative jeunesse de leur auteur à l’époque de la « querelle », ils nous apparaissent bien informés et à nos yeux équilibrés : Saint-Simon était l’ami des ducs. Probablement l’intelligence la mieux située pour évoquer les longs parcours des ami(e)s de la quiétude.
Notre relevé fut établi sur l’édition Chéruel dont nous reprenons les chapitres et leurs paginations dans sa réédition récente. S’y ajoutent quelques « Additions au Journal de Dangeau » reprises de l’édition Boislisle 101 et certaines de ses notes choisies dans cette édition « définitive ». On les retrouvera facilement sur un fichier *.docx, comme attachées aux premières occurrences de noms propres (Guyon, Fénelon, Dupuy,…) ou de thèmes (quiétiste,…). Il n’a heureusement pas été nécessaire de recourir à l’édition « définitive » en 42 volumes pour accéder au plein texte de Saint-Simon, car l’édition dirigée par Chéruel 102 s’avère exacte (mais les notes ainsi que les additions propres à Boislisle restent incontournables).
Table
Ce dossier… 5
Tome 1 11
ch. 8 1694 117-127 mariage de Saint-Simon ? Avec une Beauvillier 11
ch.17 1695 283-295 Mme Guyon – Fénelon 24
ch.18 1696 299, 308-312 Mme Guyon arrêtée 40
ch.19 1696 312, 320-321 Mme de Miramion 44
ch.25 1696 392, 406 « tour unique » Mortemart 45
ch.26 1697 408-411 La Reynie 46
ch.27 1697 422-439 Lacombe Chevreuse Beauvilliers Fénelon… 47
Tome 2. 68
ch.8 1698 120-134 Fénelon Maintenon disgrâces Guyon La Reynie Béthune 68
ch.11 1698 167, 176 Seurre Fénelon Bossuet 83
ch.17 1699 263-269, 284 maximes Beauvilliers Fénelon, Grammont 83
ch.18 1699 285-286, 300 Fénelon, La Reynie 89
Tome 3. 91
ch.3 1700 33-37, 43 Beauvillier en Espagne, id. 91
ch.17 1701 328, 339 Maintenon hait Chevreuse & Mme de Beauvilliers 95
tome 4 95
ch.5 1703 102, 110 l'illustre béate sort de la Bastille 95
ch.12 1703 213-214 duchesse de Mortemart quitte la cour 96
ch.17 1704 324-327 Montfort tué 97
ch.18 1704 345, 368 duchesse de Guiche 99
tome 5 100
tome 6 100
ch.8 1708 154, 162-166 mariage fille Mortemart ? 100
ch.9 1708 183-187 Chevreuse ministre d’État 104
ch.11 1708 220-232 avec Beauvilliers sur le duc de Bourgogne 108
ch.12 1708 241, 256 comtesse de Grammont 120
ch.14 1708 277, 285-286 entrevue duc de Bourgogne à Cambrai 121
ch.19 1708 369, 375-394 campagne du duc de Bourgogne 122
ch.20 1708 394, 402-406 ibid. 141
ch.21 1708 415, 425 Mme de Noailles 146
Tome 7. 148
ch.1 1708 1, 5-6 faute de campagne du duc de Bourgogne 148
ch.7 1709 98-108 projet politique Chevreuse Beauvilliers 150
ch.8 1709 121-123 hiver terrible 161
ch.12 1709 196, 200-203, 209 intime à Dampierre, La Reynie 163
ch.13 1709 212, 222, 227 Grammont vilaine, Loire déborde 166
ch.15 1709 245-247 Beauvilliers en mission délicate disgrâce Chamillart 168
ch.17 1709 279-299 Saint-Simon Beauvilliers Chevreuse Marly 170
ch.23 1709 396, 401-402 Godet bon 188
Tome 8. 191
Tome 9. 191
ch.12 1711 268, 287-307 Fénelon coquet, après la mort de Monseigneur, retenue 191
ch.14 1711 331-359 brillante situation Beauvilliers, Saint-Simon sur Port-Royal 213
ch.15 1711 359, 366, 378 le Dauphin juste, éclairé…, Beauvilliers avec lui 239
Tome 10. 243
ch.4 1712 78-81, 93-115 la Dauphine meurt, le Dauphin meurt, son éloge 243
ch.5 1712 116 271
ch.6 1712 134, 139-140 la Dauphine empoisonnée, le Dauphin de même 272
ch.10 1712 225, 237-242 Beauvilliers tance Chevreuse qui raisonne de travers 276
Tome 11. 282
ch.11 1714 173, 185-213 tombeau Beauvilliers 282
ch.12 1714 194-213 ibid 292
ch.22 1715 434-447 tombeau Fénelon 311
tome 12 321
tome 13 321
ch.2 1715 17-22, 30 Maintenon 321
ch.3 1715 32-42 Maintenon 329
Extraits de la Table analytique du tome 20 et dernier des Mémoires 340
fin 363
Mme Guyon I
D. Tronc, Ecoles du Cœur au siècle des Lumières, Disciples de madame Guyon & Influences, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 260 p. [Présentation, Filiations de la quiétude : Française, Ecossaise, Hollandaise, Suisse et germanique, & Influences en terres catholiques, en terres protestantes, Echos au XIXe siècle, Reconnaissance au XXe siècle, Synthèse.]
PRÉSENTATION
FILIATIONS DE LA QUIÉTUDE
FILIATION FRANÇAISE
FILIATION ÉCOSSAISE
FILIATION HOLLANDAISE
LES FILIATIONS SUISSE ET GERMANIQUE
INFLUENCES
INFLUENCES EN TERRES CATHOLIQUES
INFLUENCES EN TERRES PROTESTANTES
ÉCHOS AU XIXe SIÈCLE
RECONNAISSANCE AU XXe SIÈCLE
SYNTHÈSE
Table
ÉCOLES DU CŒUR AU SIÈCLE DES LUMIÈRES 3
Disciples de madame Guyon & Influences 3
TABLE 7
LES ORIGINES 11
LES FILIATIONS DE LA QUIÉTUDE 15
Des Filiations européennes 17
LA FILIATION EN FRANCE 21
Familles des ducs de Chevreuse et de Beauvilliers 21
Isaac Dupuy 27
Homme de confiance 28
Deux précieux manuscrits 31
Relation du différent entre Bossuet et Fénelon 32
Le marquis de Fénelon (1688-1745). 43
Lettres de direction à un jeune mousquetaire (extraits) 46
La « petite duchesse » de Mortemart (1665-1740) 59
Une esquisse biographique 59
L’opinion de Fénelon et d’un proche 64
Choix de citations extrait des lettres écrites par Fénelon 65
Trois filiations de « trans » en terres protestantes 75
La circulation des pèlerins 75
LA FILIATION ÉCOSSAISE 77
Une tradition mystique, une histoire mouvementée. 77
Henry Scougal (1650-1678) 81
Le groupe guyonien 85
Le Dr. James Keith (-1726) 87
Le Dr. Georges Cheynes. 91
James Garden (1645-1726) et son frère Georges (1649-1733). 93
Le « chevalier » Ramsay (1686-1743) 97
La grande famille des Lords Forbes. 101
James Ogilvie, Lord Deskford (1690-1764). 103
LA FILIATION HOLLANDAISE 105
Pierre Poiret (1646-1719) 107
Wolf von Metternich (-1731). 113
Gerhard Tersteegen (1697-1769) 117
LES FILIATIONS SUISSE ET GERMANIQUE 119
Une brève visite de madame Guyon à Lausanne. 121
Pétronille d’Echweiler (1682-1740) 123
Jean-François Monod (1674-1752) 125
Frédéric de Fleischbein (1700-1774) 127
[Ajout Chavannes à revoir] 127
Klinckowström (apr.1700?-1774), gentilhomme danois. 165
Jean-Philippe Dutoit-Membrini (1721-1793) 169
Lettres spirituelles 176
De l’origine, des usages, des abus, des quantités et des mélanges de la raison et de la foi. (Extraits). 178
Inventaire et verbal de la saisie des livres et écrits de monsieur Dutoit. 179
Daniel Pétillet (1758-1841). 183
Charles de Langalerie (1751-1835) et la fin d’une lignée. 185
Le témoignage de Benjamin Constant (1767-1830). 187
LES INFLUENCES 193
INFLUENCES EN TERRES CATHOLIQUES 195
François-Claude Milley (1668-1720), messager de la voie d’abandon. 197
Jean-Pierre de Caussade (1675-1751), et son très guyonien Abandon à la providence divine. 201
Manière courte et facile pour faire oraison en foi 205
INFLUENCES EN TERRES PROTESTANTES 215
Piétistes 217
Quakers. Robert Barclay1648-1690). 219
William Law (1686-1761). 225
John Wesley (1703-1792). 227
Karl Philipp Moritz (1756-1793). 233
ÉCHOS AU XIXe SIÈCLE 235
Pierre de Clorivière (1735-1820). 237
Maine de Biran (1766-1824). 239
Kierkegaard (1813-1855). 241
Arthur Schopenhauer (-1860). 241
Dora Greenwell (1821-1882). 241
RECONNAISSANCE AU XXe SIÈCLE 243
Vital Lehodey (1857-1948). 243
Henri Bremond (1865-1933). 243
Henri Bergson (1895-1941). 244
Jean Baruzi. 245
Louis Cognet 251
Madame Gondal 251
En conclusion de l’école du cœur. 253
Index 256
Contrairement à l’appellation d’inventeurs malicieux de la fin du XVIIe siècle qui traitaient de ‘nouveaux mystiques’ les membres quiétistes de l’École du Cœur, leur filiation prend racine au sein d’une tradition franciscaine vénérable 103.
Le P. Jean-Chrysostome de Saint-Lô de son Tiers Ordre Régulier anime un courant mystique qui prend place au sein de l’Ermitage fondé par son dirigé monsieur de Bernières au début du siècle en Normandie à Caen104. Il s’étendra en Nouvelle-France à Québec105. Une autre dirigée d’origine lorraine, Mectilde-Catherine de Bar fonde et anime les bénédictines du Saint-Sacrement qui s’étendront jusqu’en Pologne. Un troisième courant prend place au cœur du Royaume dans puis autour du couvent de Montmartre pour s’élargir en cercles mystiques animés par madame Guyon et Fénelon.
Il s’agit d’un courant intérieur fort et abondant qui donne naissance à un “delta mystique”. Nous le représentons page suivante par un schéma de Réseaux des Amis des Ermitages et filiation spirituelles. Il conduit à un Cercle de la Quiétude animé par Madame Guyon à Blois sur lequel nous avons des informations écrites et par Fénelon devenu archevêque de Cambrai resté très discret.
Ces Réseaux précèdent les Filiations européennes dont nous allons tenter de restituer la vie intérieure en les regroupant pour la première fois, à partir d’études publiées mettant en valeur certaines figures spirituelles (figures écossaises, Poiret, Dutoit…) et de manuscrits (lettres de Fleischbein à Klinkowström…).
La page de droite résume pour le Grand Siècle une histoire de liberté qui relie religieux et laïcs dans une tradition commune et propre aux Tiers ordres franciscains. Elle se prolongera en terres catholiques et protestantes au siècle des Lumières.
Le schéma récapitule ce qui précéda le « Cercle de la Quiétude » animé par Madame Guyon et Fénelon. Il est le pendant de filiations européennes (tableau de la figure suivante). Les réseaux des Amis de deux Ermitages - l’un situé à Caen, l’autre à Québec – ainsi que d’un Cercle de la Quiétude et de bénédictines, présentent des figures fondatrices autour desquelles s’assemblèrent de nombreux spirituels en « Écoles du Cœur ».
Trois branches d’un « delta spirituel » se formèrent à partir de l’Ermitage animé par Jean de Bernières sous la direction de « notre bon père Chrysostome ». En Nouvelle France, animée par Mgr de Laval ; dans le Cercle de la Quiétude créé par Monsieur Bertot pour être repris par Madame Guyon et par Fénelon ; chez les Bénédictines du Saint-Sacrement, ordre contemplatif fondé par Mère Mectilde toujours vivant de nos jours.
Elles couvriront plusieurs pays d’Europe à partir du cercle créé à Paris par monsieur Bertot puis animé par madame Guyon. La “Dame Directrice” reprend l’esprit et des membres du cercle spirituel constitué autour du monastère des bénédictines de Montmartre par leur confesseur et poursuit sa tâche: elle s’inscrit au milieu d’une filiation qui s’étend sur au moins deux siècles.
À la fin du Grand siècle, on connaît bien les événements publics de la ‘querelle’ 106 et l’on possède des témoignages d’épreuves surmontées par l’animatrice du cercle quiétiste 107.
Au Siècle des Lumières, son rayonnement se poursuit à Blois auprès de disciples ‘cis’ - français - et ‘trans’ - étrangers 108. Car après sa libération en 1703, et pendant quatorze années qui lui restent à vivre, madame Guyon prépare une renaissance spirituelle.
Ses disciples peupleront l’Europe du XVIIIe siècle après la disparition de Fénelon en 1715 et la sienne en 1717. Le courant mystique semble se tarir dans la première moitié du XIXe siècle, mais son influence demeure dans des milieux culturels variés.
La diversité des filiations de la Quiétude s’explique par le contexte culturel qui voit un affaiblissement des dépendances religieuses. Lorsque la culture religieuse cède place à la culture laïque, se produit un éclatement ou étoilement des expressions de l’expérience mystique. Le vécu mystique, dispersé dans ses expressions, sera alors facilement circonscrit à l’humain, réduction facilitée par l’approfondissement de nos approches psychologiques.
Mais l’essentiel repose sur des mystiques qui assurent de génération en génération le renouveau d’un même élan intérieur.
La page de droite résume pour le Siècle des Lumières l’extension de multiples cercles qui prennent la suite de ceux de madame Guyon à Blois et de Fénelon à Cambrai.
Madame Guyon & Fénelon
1647-1717 1651-1715
| | | |
« Cis » « Trans » « Trans » « Trans »
France Écosse Hollande Suisse Allemagne
| | | |
Chevreuse/s J & G Garden Poiret Pé.d’Echweiler
-1712 & -1732 -1699 & -1733 1646-1719 1682-1740
Beauvillier/s Ramsay Metternich Fleischbein
-1714 & -1733 1686-1743 -1731 1700-1774
Dupuy Forbes 16th Tersteegen Klinckow.
>1737 1689-1761 1697-1769 -1774
Marquis de F. Deskford Dutoit
1688-1746 1690-1764 1721-1793
Mortemart Fabr. de Zelle
1665-1750 -1793
Pétillet
Langalerie
Constant -1837
Les disciples « cis » et « trans » sont distribués verticalement suivant leur chronologie, horizontalement selon quatre zones. Les relations croisées sont omises. Pour des couples ou des frères, les dates de décès sont séparées par ‘&’.
Le tableau précédent Des Filiations européennes résume un pan rare de l’histoire des spirituels et mystiques en Occident. Leur influence croît avec la distance géographique qui les sépare de leur source historique, le centre du royaume de France.
Elle est en effet réprimée politiquement et religieusement en France et donc n’exerce qu’une influence cachée sur Milley ou sur Caussade ou sur Grou, trois mystiques proches par leur Abandon à la Providence divine.
Mais les disciples catholiques « cis » se mêlèrent aux visiteurs protestants étrangers, ou influencèrent ceux qui ne pouvaient prendre le risque de venir en France, tel le pasteur Poiret, ainsi que plus tard des rénovateurs religieux anglais, tel Wesley.
Nous commençons par les « cis » qui furent des proches de madame Guyon et de Fénelon en appartenant au cercle quiétiste parisien. Les familles des deux ducs sont présentes au premier tiers du siècle des Lumières par leurs femmes. La « petite duchesse » de Mortemart, confidente aimée de madame Guyon, lui succéda très probablement spirituellement. Dupuy est l’homme de confiance qui instruira le marquis de Fénelon sur l’histoire de la ‘querelle’. Ce dernier, jeune neveu de l’archevêque blessé à la guerre en 1711, fut le « cher boiteux » aimé de madame Guyon.
Ensuite nous aborderons l’Écosse par les frères Garden, héritiers de la mystique épiscopalienne devenus disciples puis par le Chevalier Ramsay qui servit un temps de secrétaire à la « dame directrice ». Plusieurs membres de grandes familles écossaises et disciples étaient présents en juin 1717 à son agonie. Ils poursuivirent une vie intérieure profonde tout en assumant pleinement fonctions et responsabilités.
L’éditeur de l’œuvre guyonienne Pierre Poiret et son groupe exercèrent une influence déterminante sur Metternich et sur le futur théologien Tersteegen. Enfin une cohorte que nous n’avons pas pu ni voulu dissocier, l’une vaudoise de langue française, l’autre germanique, mais pratiquant l’une et l’autre langue, nous acheminera jusqu’au premier tiers du XIXe siècle.
Nous privilégions le florilège mystique à l’aide d’extraits choisis. Ils seront parfois longs : une lettre entière pourra ainsi témoigner de la forme comme du fond d’une correspondance peut-être encore manuscrite. Nous renvoyons précisément à des études par figure, afin de ne pas alourdir le flux de lecture par une multiplicité d’événements divers appartenant à l’histoire du passé.
48 [2016] D. Henderson, Mystics of the North-east, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 390 p. [réédition de l’ouvrage « introuvable » publié en 1934 à Aberdeen. Outre le grand intérêt offert par l’Introduction et par l’exceptionnelle qualité de ce travail érudit, l’ouvrage comporte des lettres de disciples adressés à Mme Guyon et échangés entre eux]
MYSTICS OF THE NORTH-EAST Cette belle étude irremplaçable est difficile d’accès : il nous a fallu la retrouver à l'Université d'Aberdeen. Elle approche avec grande autorité et bienveillance les disciples écossais de madame Guyon dont certains l’entouraient à Blois et assistèrent à sa mort.
preface 7 contents 10 introduction. 13 i. forerunners. 13 ii. madame guyon, pierre poiret, etc. 18 iii. religious conditions in the north-east after the revolution. 26 iv. jacobite sympathies. 35 v. dr. george garden. 41 vi. lord deskford. 50 vii. alexander, 4th lord forbes of pitsligo. 57 viii. william, 14th lord forbes, and james, 16th lord forbes. 61 ix. chevalier ramsay. 68 x. james keith, m.d. 74 xi. the garden case. 81 xii. some minor characters. 86 xiii. the letters. 93 letters of james keith, m.d., and others, to lord deskford. 99 [.] correspondence between james cunningham of barns and dr. george garden. [.] index 379
INCLUDING
I. LETTERS OF JAMES KEITH, M.D., AND OTHERS TO LORD DESKFORD
II. CORRESPONDENCE BETWEEN DR. GEORGE GARDEN AND JAMES CUNNINGHAM
EDITED, WITH INTRODUCTION AND NOTES, BY G. D. HENDERSON, B.D., D.LITT.
REGIUS PROFESSOR OF CHURCH HISTORY IN THE UNIVERSITY OF ABERDEEN
ABERDEEN PRINTED FOR THE THIRD SPALDING CLUB MCMXXXIV
Table
MYSTICS OF THE NORTH-EAST 3
PREFACE 7
CONTENTS 10
INTRODUCTION. 13
I. FORERUNNERS. 13
II. MADAME GUYON, PIERRE POIRET, ETC. 18
III. RELIGIOUS CONDITIONS IN THE NORTH-EAST AFTER THE REVOLUTION. 26
IV. JACOBITE SYMPATHIES. 35
V. DR. GEORGE GARDEN. 41
VI. LORD DESKFORD. 50
VII. ALEXANDER, 4TH LORD FORBES OF PITSLIGO. 57
VIII. WILLIAM, 14TH LORD FORBES, AND JAMES, 16TH LORD FORBES. 61
IX. CHEVALIER RAMSAY. 68
X. JAMES KEITH, M.D. 74
XI. THE GARDEN CASE. 81
XII. SOME MINOR CHARACTERS. 86
XIII. THE LETTERS. 93
LETTERS OF JAMES KEITH, M.D., AND OTHERS, TO LORD DESKFORD. 99
I. FROM DR. JAMES KEITH To LORD DESKFORD. 100
II. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 103
III. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 105
IV. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 108
V. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 111
VI. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 114
VII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 116
VIII. [Ma chere et respectable M[ère] je vous rends graces cordiale… ] 118
IX. [Voila, mon cher Milor, ce que NM m'a dicté pour vous. Votre droiture, candeur, et simplicité luy font grand plaisir…] 122
X. [Tres venerable et bien aimée mere. Je sens un penchant de vous appeller ainsi…] 123
XI. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 128
XII. [the first few lines being from Madame Guyon and referring to the death of Fénelon, while the rest is a private note from A. M. Ramsay to Lord Deskford] 131
XIII. The first part of this letter is from A. M. Ramsay to Lord Deskford, and the second is a short note dictated by Madame Guyon. 134
XIV. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD 137
XV. Ce que j'ay prétendu, Mr. a été de vous inspirer une Oraison Libres… 141
XVI. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 143
XVII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 148
XVIII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 151
XIX. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 154
XX. COPY OF LETTER FROM MADAME GUYON TO DR. JAMES KEITH 157
XXI. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 160
XXII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. Includes an extract from a letter of Pierre Poiret.] 163
XXIII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 168
XXIV. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 170
XXV [Mon Cher Enfant ie ne scay si m f s qui va en vos cartiers aura la ioye de vous voir…] 172
XXVI. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 174
XXVII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 177
XXVIII. short letter from the Marquis de Fénelon to Lord Deskford. 179
XXIX. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD, with a postscript by Patrick Campbell of Monzie.] 181
XXX. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 184
XXXI. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 191
XXXII. [FROM A. M. RAMSAY TO LORD DESKFORD.] 196
XXXIII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 198
XXXIV. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 201
XXXV. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD, with copy of letter from Madame Guyon to Dr. James Keith.] 204
XXXVI. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 208
XXXVII. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD, including extract from letter of A. NI. Ramsay describing the death of Madame Guyon. 211
XXXVIII. [FROM MARQUIS DE FÉNELON TO LORD DESKFORD, with postscript by A. M. Ramsay 214
XXXIX. LETTER FROM A. M. RAMSAY TO LORD DESKFORD. 216
XL. [A very formal business letter from Dr. James Keith to Lord Deskford.] 217
XLI. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 219
XLII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 222
XLIII. [to Lord Deskford, the first part from A. M. Ramsay, the second from the Marquis de Fénelon] 224
XLIV. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. Includes an extract from a letter from Otto Homfeld./1 226
XLV. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 230
XLVI. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 233
XLVII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 236
XLVIII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 237
XLIX. [The first part of this letter to Lord Deskford is from A. M. Ramsay, and the second from the Marquis de Fénelon.] 241
L. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 243
LI. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 246
LII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 250
LIII. [LETTER FROM DR. GEORGE GARDEN TO LORD DESKFORD. 253
LIV. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 254
LV. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 257
LVI. FROM PATRICK CAMPBELL /7 OF MONZIE TO LORD DESKFORD. 259
LVII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 260
LVIII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 264
LIX. FROM A. M. RAMSAY TO LORD DESKFORD. 268
LX. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 270
LXI. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 272
LXII. [FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD.] 275
LXIII. FROM DR. JAMES KEITH TO LORD DESKFORD. 276
CORRESPONDENCE BETWEEN JAMES CUNNINGHAM OF BARNS AND DR. GEORGE GARDEN. 279
INTRODUCTION : THE FRENCH PROPHETS IN SCOTLAND. 279
I. FROM JAMES CUNNINGHAM OF BASINS TO DR. GEORGE GARDEN. 291
II. FROM DR. GEORGE GARDEN TO JAMES CUNNINGHAM OF BARNS. 304
III. FROM JAMES CUNNINGHAM OF BARNS TO DR. GEORGE GARDEN. 322
IV.FROM JAMES CUNNINGHAM OF BARNES TO DR. GEORGE GARDEN. 341
V. FROM DR. GEORGE GARDEN TO JAMES CUNNINGHAM OF BARNS. 344
INDEX 379
LIST OF MEMBERS LIBRARIES 387
!Hadewijch Lettres etc antidoté.docx
Réédition hors commerce, 2017. S’adresser au webmaster de www.cheminsmystiques.com
Traduction du moyen-néerlandais par Fr. J.-B. M. P., Claude Martingay, Genève, 1972
Voici l’ouvrage épuisé des Lettres d’HADEWIJCH, accompagné d’un court traité par une autre béguine et de comparaisons avec d’autres spirituels. Il s’agit d’admirables traductions et de présentations érudites par Fr. dom Porion.
L’ouvrage livre le cœur de cette mystique qui vivait au treizième siècle et fut très influente sur Ruusbroec et bien d’autres mystiques. Je ne l’ai pas retrouvé disponible sur le Net, ce qui me conduit à l’éditer en ligne hors commerce pour des amis.
La belle traduction réalisée antérieurement de Poèmes d’Hadewich par le même Fr. dom Porion s’impose aussi. Elle est très accessible à faible coût dans la collection de poche « Sagesses », mais se prête moins aisément à l’usage spirituel.
On trouvera sur le net de nombreux ouvrages relatifs à Hadewijch, moindres à mes yeux. En anglais on aura recours à Hadewijch, The complete works, “The Classics of Western spirituality”, Mother Columba Hart, préface by Paul Mommaers, Paulist press, 1980.
J’adjoins en fin d’ouvrage un relevé de lecture par Lilian Silburn et mon bref florilège extrait d’une « Chronologie mystique » en préparation.
§
Pour abréger le travail opéré sur la reconnaissance de caractères de mes photos de l’ouvrage original devenu rare, je limite sa mise en forme.
En gardant -- parfois ! et pour toute la préface du traducteur dom Porion à fin de rendre possible une référence érudite -- l’en-tête et le pied de page (le titre de section et la pagination). Ensuite, pour les lettres, j’améliore la mise en forme puisqu’une lecture directe d’Hadewich est très recommandée.
En gardant -- toujours ! -- les notes au fil du texte principal afin de ne pas avoir à les reporter sous Word. Elles sont formatées en petit corps ce qui permet au lecteur de les « sauter » facilement.
Il en est de même pour les études de dom Porion, remarquables d’un point de vue érudit, mais décevant spirituellement car tel n’était pas leur objet. Parfois j’ajoute entre crochets au fil du texte des Lettres, un « résumé de note » lorsqu’il permet de mieux apprécier le texte (c’est le cas de quelques « mots à mots » donnés par le traducteur).
La mise en forme des Études de dom Porion et de ses notes est moins affinée -- mises en italiques incomplètes, etc. -- puisque le but de cette réédition hors commerce est de faire lire… Hadewijch.
Table
Avertissement 5
Introduction 7
LETTRES SPIRITUELLES 51
Lettre I Vivre dans la clarté de Dieu 51
Lettre II S’en remettre de toute chose à l’amour 54
Lettre III L’amour du prochain atteint le Cœur de Dieu 60
Lettre IV Les égarements de la raison 62
Lettre V Consolation 66
Lettre VI L’amour vrai est sans souci de retour. Imitation du Christ 68
Lettre VII L’amour ne se se rend qu’à l’amour 79
Lettre VIII La double crainte 79
Lettre IX L’union parfaite 83
Lettre X Valeur des Vertus 84
Lettre XI Qui aime Dieu comme je l’aime ? 88
Lettre XII Le précepte suprême 90
Lettre XIII L’amour est inapaisable 98
Lettre XIV Comme on sert sagement l’Amour 101
Lettre XV Les règles du pèlerinage 103
Lettre XVI Aimer Dieu de son propre amour 107
Lettre XVII Agir avec les Personnes et reposer dans l’Unité 110
Lettre XVIII La nature de l’âme et son repos divin 115
Lettre XIX La guérison de l’homme 122
Lettre XX Les douze heures mystérieuses 126
Lettre XXI Comment l’Amour se gagne et se possède 132
Lettre XXII Les paradoxes de la nature divine 134
Lettre XXIII C’est en étant vrai qu’on imite Dieu 148
Lettre XXIV Dieu seul suffit 149
Lettre XXV L’Amour est tout 153
Lettre XXVI La plus belle œuvre 155
Lettre XXVII Raisons d’être humble 157
Lettre XXVIII Fruition de la Trinité dans l’Unité 159
Lettre XXX L’appel réciproque de l’Amour 170
Lettre XXXI Toute-puissance de l’abandon 177
BÉATRICE DE NAZARETH SEPT DEGRÉS D’AMOUR 179
ANNEXES 193
ANNEXE A LIEUX DE COMPARAISON CHEZ RUUSBROEC ET CHEZ MAÎTRE ECKHART 193
1. VIE DANS LE CHRIST ET SOMMATION DE L’ESPRIT-SAINT 193
2. L’AMOUR EN LUI-MÊME 194
3. REDEVENIR CE QUE NOUS SOMMES EN DIEU 194
4. LE JEU DE L’AMOUR 195
5. C’EST DANS LE REPOS QUE L’ÂME EST ENGENDRÉE ÉTERNELLEMENT 196
6. CORRESPONDANCE ENTRE LA VIE DE L’ÂME ET CELLE DE DIEU : TRINITÉ ET UNITÉ 196
7. LE LOISIR DIVIN. 197
8. CE QUE DIEU EST POUR L’ŒIL SIMPLE 198
9. SANS AMOUR 200
10. LA VIE COMMUNE 200
12. Hoc est praeceptum meum (Jean, 15,12). AMOUR 203
DE L’AMOUR. 203
13. Adolescens, tibi dico surge (Luc 7,11) DES PERSONNES A L’ESSENCE 204
14. Intravit Jesus in quoddam castellum (Luc 10,38). AU-DELA DES FACULTÉS. 204
15. Dum medium silentium tenerent omnia. (Sap. 18, 14). 206
16. (Fragment édité par Jostes, cité dans D W. I, 123-124). 206
17. Videns Jesus turbas ascendit in monteur. (Mat. 5, 1). LES CRÉATURES EN DIEU ET DANS L’ESPRIT SIMPLE. 207
18. VON ABEGESCHEIDENHEIT (Du détachement), 209
ANNEXES
ANNEXE B RÉFÉRENCES A LA LITTÉRATURE THÉOLOGIQUE DE LANGUE LATINE 213
ANNEXE C LE MOUVEMENT EXTATIQUE CHEZ LES JUIFS CONTEMPORAINS 216
Liste des principaux ouvrages et publications 224
UN RELEVE MYSTIQUE 225
UN FLORILÈGE 227
~1250 & ~1280 Hadewijch I & II 227
TABLE 238
Avertissement 5
I 7
UN FLORILEGE MYSTIQUE RELEVE PAR LILIAN SILBURN 8
Six passages relevés 9
1. « Quiétude, oisiveté point d’opération Eckhart » 9
2. « Le loisir divin Ruysbroeck » 9
3. « Etat de repos » 10
4. « Le fond de Dieu Hadewijch » 10
5. « Les 12 heures de l’Amour – Ses degrés / Très bon » 11
Lettre XX Les douze heures mystérieuses 11
6. « Nature de l’âme et son repos divin » 15
Lettre XVIII La nature de l’âme et son repos divin 15
II 21
Hadewijch 21
LETTRES SPIRITUELLES 21
Béatrice de Nazareth 21
SEPT DEGRÉS D’AMOUR 21
Introduction [de dom Porion] 23
LETTRES SPIRITUELLES 67
Lettre I Vivre dans la clarté de Dieu 67
Lettre II S’en remettre de toute chose à l’amour 69
Lettre III L’amour du prochain atteint le Cœur de Dieu 75
Lettre IV Les égarements de la raison 77
Lettre V Consolation 81
Lettre VI L’amour vrai est sans souci de retour. Imitation du Christ 83
Lettre VII L’amour ne se se rend qu’à l’amour 94
Lettre VIII La double crainte 94
Lettre IX L’union parfaite 98
Lettre X Valeur des Vertus 99
Lettre XI Qui aime Dieu comme je l’aime ? 103
Lettre XII Le précepte suprême 105
Lettre XIII L’amour est inapaisable 113
Lettre XIV Comme on sert sagement l’Amour 116
Lettre XV Les règles du pèlerinage 118
Lettre XVI Aimer Dieu de son propre amour 122
Lettre XVII Agir avec les Personnes et reposer dans l’Unité 125
Lettre XVIII La nature de l’âme et son repos divin 130
Lettre XIX La guérison de l’homme 137
Lettre XX Les douze heures mystérieuses 141
Lettre XXI Comment l’Amour se gagne et se possède 147
Lettre XXII Les paradoxes de la nature divine 149
Lettre XXIII C’est en étant vrai qu’on imite Dieu 163
Lettre XXIV Dieu seul suffit 164
Lettre XXV L’Amour est tout 168
Lettre XXVI La plus belle œuvre 170
Lettre XXVII Raisons d’être humble 172
Lettre XXVIII Fruition de la Trinité dans l’Unité 174
Lettre XXX L’appel réciproque de l’Amour 185
Lettre XXXI Toute-puissance de l’abandon 192
BÉATRICE DE NAZARETH SEPT DEGRÉS D’AMOUR 195
ANNEXES 209
ANNEXE A LIEUX DE COMPARAISON CHEZ RUUSBROEC ET CHEZ MAÎTRE ECKHART 209
1. VIE DANS LE CHRIST ET SOMMATION DE L’ESPRIT-SAINT 209
2. L’AMOUR EN LUI-MÊME 210
3. REDEVENIR CE QUE NOUS SOMMES EN DIEU 210
4. LE JEU DE L’AMOUR 211
5. C’EST DANS LE REPOS QUE L’ÂME EST ENGENDRÉE ÉTERNELLEMENT 212
6. CORRESPONDANCE ENTRE LA VIE DE L’ÂME ET CELLE DE DIEU : TRINITÉ ET UNITÉ 212
7. LE LOISIR DIVIN. 213
8. CE QUE DIEU EST POUR L’ŒIL SIMPLE 214
9. SANS AMOUR 215
10. LA VIE COMMUNE 216
12. Hoc est praeceptum meum (Jean, 15,12). AMOUR 219
DE L’AMOUR. 219
13. Adolescens, tibi dico surge (Luc 7,11) DES PERSONNES A L’ESSENCE 220
14. Intravit Jesus in quoddam castellum (Luc 10,38). AU-DELA DES FACULTÉS. 220
15. Dum medium silentium tenerent omnia. (Sap. 18, 14). 222
16. (Fragment édité par Jostes, cité dans D W. I, 123-124). 222
17. Videns Jesus turbas ascendit in monteur. (Mat. 5, 1). LES CRÉATURES EN DIEU ET DANS L’ESPRIT SIMPLE. 223
18. VON ABEGESCHEIDENHEIT (Du détachement), 225
ANNEXE B RÉFÉRENCES A LA LITTÉRATURE THÉOLOGIQUE DE LANGUE LATINE 229
ANNEXE C LE MOUVEMENT EXTATIQUE CHEZ LES JUIFS CONTEMPORAINS 232
Liste des principaux ouvrages et publications 240
III 241
Béguines et Moniales 241
(Dominique Tronc) 241
Un nouveau mode de vie 241
BEGUINES HADEWIJCH I & II 245
Marguerite Porete 254
(repris mais partiellement dans Mystiques du monde)
[les titres sont du traducteur Bizet]
LES NOCES SPIRITUELLES 1
* 1
PRÉFACE : DES NOCES SPIRITUELLES ENTRE DIEU ET NOTRE NATURE 1
* 2
LIVRE PREMIER : LA VIE ACTIVE 2
PREMIÈRE PARTIE : “VOYEZ.” DES TROIS CONDITIONS REQUISES POUR VOIR 2
A. DE LA VUE PAR LES YEUX DU CORPS 2
B. COMMENCEMENT DE LA VIE ACTIVE MOYENNANT UNE VISION SURNATURELLE 2
a. COMMENT LA GRACE DE DIEU EST OFFERTE A TOUS LES HOMMES EN COMMUN 2
b. COMMENT DIEU AGIT EN TOUS LES HOMMES MOYENNANT LA GRACE PRÉVENANTE 3
c. DE LA GRACE QUI NOUS REND AGRÉABLE A DIEU ET NOUS UNIT A LUI 4
* 4
DEUXIÈME PARTIE : “L'ÉPOUX VIENT”. LES TROIS MANIÈRES SELON LESQUELLES NOUS DEVONS CONSIDÉRER L'AVÈNEMENT DU CHRIST 4
A. LE PREMIER AVÈNEMENT DANS L'INCARNATION 5
a. POURQUOI DIEU A FAIT TOUTES SES OEUVRES 5
b. COMMENT NOUS DEVONS CONSIDÉRER DANS LE CHRIST TROIS SORTES DE VERTUS 5
1. LE PREMIER MODE C'EST L'HUMILITÉ SELON LA DIVINITÉ ET SELON L'HUMANITÉ 6
2. LE SECOND MODE EST LA CHARITÉ ORNÉE DE TOUTES LES VERTUS 6
3. LE TROISIÈME MODE CONCERNE LA PATIENCE DANS LES SOUFFRANCES ENDURÉES JUSQU'A LA MORT 7
B. LE SECOND AVÈNEMENT PAR LEQUEL DIEU VIENT EN NOUS CHAQUE JOUR AVEC DE NOUVELLES GRACES 8
a. LES RAISONS, LA MANIÈRE ET LES EFFETS DE CET AVÈNEMENT, ILLUSTRÉS PAR L’IMAGE DU SOLEIL DANS LA VALLÉE 8
b. CONFIRMATION ET STABILISATION DES MÊMES EFFETS PAR L'AVÈNEMENT DANS LES SACREMENTS 8
C. DU TROISIÈME AVÈNEMENT DE NOTRE SEIGNEUR DANS LE JUGEMENT 9
a. LES RAISONS DE CET AVÈNEMENT 9
b. COMMENT LE CHRIST PROCÉDERA AU JUGEMENT 9
c. DES CINQ CATÉGORIES D'HOMMES QUI DOIVENT COMPARAÎTRE AU JUGEMENT 9
* 10
TROISIÉME PARTIE : “SORTEZ” D'UNE SORTIE SPIRITUELLE EN TOUTES LES VERTUS 10
A. L'HUMILITE BASE ET MÈRE DE TOUTES LES VERTUS 11
a. L'HUMILITÉ ENGENDRE L'OBÉISSANCE 11
b. L'OBÉISSANCE ENGENDRE L'ABANDON 12
c. L'ABANDON ENGENDRE LA PATIENCE 12
d. LA PATIENCE ENGENDRE LA DOUCEUR 12
e. LA DOUCEUR ENGENDRE LA BONTÉ 13
f. LA BONTÉ ENGENDRE LA COMPASSION 13
g. LA COMPASSION ENGENDRE LA LIBÉRALITÉ 14
h. LA LIBÉRALITÉ ENGENDRE LE ZÈLE POUR LA VERTU 14
i. LE ZÈLE POUR LA VERTU ENGENDRE LA MODÉRATION ET LA SOBRIÉTÉ 15
j. LA SOBRIÉTÉ ENGENDRE LA PURETÉ 16
B. LA JUSTICE, UNE ARME DANS LA PRATIQUE DE LA VERTU 16
C. COMMENT GOUVERNER LE ROYAUME DE L'AME 17
* 18
QUATRIÈME PARTIE : “A SA RENCONTRE”. D'UNE RENCONTRE SPIRITUELLE ENTRE DIEU ET NOUS 18
A. PREMIÈRE VOIE : LA PURETÉ D'INTENTION EN TOUT CE QUI CONCERNE LA BEATITUDE 18
B. SECONDE VOIE : DE L'EXCLUSION DE TOUTE INTENTION OU AFFECTION RELATIVE A LA CRÉATURE A COTÉ DE DIEU OU AU-DESSUS DE LUI 19
C. TROISIÈME VOIE : DU REPOS EN DIEU AU-DESSUS DE TOUTES LES CRÉATURES, DE TOUTES LES VERTUS, DES CONSOLATIONS SENSIBLES OU SPIRITUELLES 19
D. DU DÉSIR DE CONNAITRE L'ÉPOUX DANS SA NATURE 20
* 21
DEUXIÈME LIVRE : LA VIE DANS LE DÉSIR DE DIEU 21
PREMIÈRE PARTIE : “VOYEZ”. LES FONDEMENTS DE LA VIE DANS LE DÉSIR DE DIEU 21
A. DE TROIS CONDITIONS REQUISES POUR VOIR 21
B. D'UNE TRIPLE UNITÉ QUI EST EN NOUS PAR NATURE 22
a. LES TROIS UNITÉS, COMMENT ON LES POSSÈDE SELON LA NATURE 22
b. DES TROIS UNITÉS ET DE LEUR POSSESSION SURNATURELLE DANS LA VIE ACTIVE 22
c. LA PRÉPARATION A LA POSSESSION SURNATURELLE DANS LA VIE QU'ANIME LE DÉSIR DE DIEU . 23
C. L'ILLUMINATION DANS L'UNITÉ SUPÉRIEURE 23
D. LES CONDITIONS REQUISES POUR OBTENIR L'ILLUMINATION 24
* 24
DEUXIÈME ET TROISIÈME PARTIE : “L'ÉPOUX VIENT, SORTEZ”. DU TRIPLE AVÈNEMENT DU CHRIST ET DE LA MANIÈRE D'Y RÉPONDRE 24
A. LE PREMIER AVÈNEMENT LEQUEL SE FAIT DANS LE COEUR 25
a. L’IMAGE DU SOLEIL SUR LES HAUTES TERRES. 25
b. DEUXIÈME MODE. SURABONDANCE DES CONSOLATIONS 28
c. TROISIÈME MODE. PUISSANT ATTRAIT VERS DIEU 29
d. QUATRIEME MODE. DE LA DÉRÉLICTION 33
B. LE SECOND AVENEMENT DANS LES PUISSANCES SUPÉRIEURES L'IMAGE DE LA SOURCE ET DES TROIS RUISSEAUX 38
PREMIER RUISSEAU : COMMENT IL FAIT L'ORNEMENT DE LA MÉMOIRE 39
DEUXIÈME RUISSEAU : COMMENT IL ÉCLAIRE L'ENTENDEMENT 39
TROISIÈME RUISSEAU : COMMENT IL CONFIRME LA VOLONTÉ EN TOUTE PERFECTION 41
C. TROISIÈME AVÈNEMENT LA TOUCHE RESSENTIE DANS L'UNITÉ DE L'ESPRIT. COMMENT DIEU DE PAR SON UNITÉ AMÈNE L'AME A L'UNITÉ. DE L'UNITÉ DE LA NATURE DIVINE DANS LA TRINITÉ DES PERSONNES 46
COMMENT L’HOMME DOIT ÊTRE ORNÉ POUR ACCÉDER AUX EXERCICES LES PLUS INTIMES 47
DU TROISIÈME AVÈNEMENT DU CHRIST QUI NOUS CONDUIT A LA PERFECTION DANS LES EXERCICES INTIMES 47
D'UNE SORTIE DE L'ESPRIT EN SON FOND INTIME SOUS L'ACTION DE LA DIVINE TOUCHE 48
QUATRIÈME PARTIE : « A SA RENCONTRE » COMMENT NOUS DEVONS RENCONTRER DIEU EN ESPRIT, AVEC INTERMÉDIAIRE ET SANS INTERMÉDIAIRE 50
A. LA BASE DE TOUTE UNION AVEC DIEU 50
a. D'UNE RENCONTRE ESSENTiELLE DE Dieu SELON LA SEULE NATURE ET SANS INTERMÉDIAIRE 50
b. DE LA RESSEMBLANCE QU'ON POSSÈDE AVEC DIEU PAR LA GRÂCE ET QU’ON PERD PAR LE PÉCHÉ MORTEL 51
c. COMMENT ON POSSÈDE DIEU PAR LE REPOS DANS L'UNITÉ, AU-DESSUS DE TOUTE RESSEMBLANCE DE GRACE 52
d. COMMENT NOUS AVONS BESOIN DE LA GRACE DE DIEU QUI NOUS CONFÈRE LA RESSEMBLANCE ET SANS INTERMÉDIAIRE NOUS CONDUIT A DIEU 52
DE LA VISITATION DE DIEU ET DE NOTRE ESPRIT , DANS L'UNITÉ ET LA RESSEMBLANCE 53
B. L'UNION AVEC INTERMÉDIAIRE 53
a. COMMENT NOUS DEVONS RENCONTRER Dieu DANS TOUTES NOS OEUVRES 53
b. COMMENT s'ORDONNENT TOUTES LES VERTUS AUX SEPT DONS DU SAINT-ESPRIT . 54
______manquent pp 316-317_________ 55
C. L'UNION « SANS INTERMÉDIAIRE » ET SES TROIS MODES 59
a. LE PREMIER DES TROIS MODES 60
b. LE SECOND MODE, D'UN DEGRÉ PLUS ÉLEVÉ 60
c. LE TROISIÈME MODE, QUI CONDUIT L'HOMME A LA PERFECTION DE LA JUSTICE 61
d. COMMENT D'AUCUNS MÈNENT UNE VIE CONTRAIRE A CES TROIS MODES 62
D'AUTRES HOMMES QUI CONDUISENT LEUR ACTIVITÉ EN OPPOSITION AVEC LE DEUXIÈME MODE . 63
D'AUTRES ENCORE QUI MENENT UNE VIE CONTRAIRE AUX TROIS MODES ET A TOUTE VERTU 64
D'UNE DERNIÈRE SORTE D'HOMMES PERVERS 65
* 67
TROISIÈME LIVRE : LA VIE DANS LA CONTEMPLATION DE DIEU 67
________manque fin p350 et p.351_______________ 68
PREMIERE PARTIE : “VOYEZ” . LES CONDITIONS REQUISES POUR VOIR 68
COMMENT ON PARVIENT A VIVRE DANS LA CONTEMPLATION DIVINE MOYENNANT TROIS CONDITIONS 68
DEUXIÈME PARTIE : “L'EPOUX VIENT” . COMMENT LA GÉNÉRATION DIVINE SE RENOUVELLE SANS CESSE EN LA PARTIE NOBLE DE L'ESPRIT 69
TROISIEME PARTIE : “SORTEZ”. COMMENT NOTRE ESPRIT EST SOLLICITÉ DE SORTIR DANS LA CONTEMPLATION ET LA JOUISSANCE 69
COMMENT IL NOUS EST DONNÉ DE SORTIR ÉTERNELLEMENT DANS LA GÉNÉRATION DU FILS 70
QUATRIEME PARTIE : « A SA RENCONTRE » D'UNE RENCONTRE DIVINE QUI SE PRÉSENTE DANS LE SECRET DE NOTRE ESPRIT 71
Dossier assemblé par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques » [« Florilège de poche » : reprise du Nuage en traduction par A. Guerne et en éd. anglais modernisée par E.Undrehill, ainsi que de l’Epitre de la direction intime par D.M. Noetinger]
Le Nuage d’Inconnaissance / The Cloud of Unknowing & Epitre de la Direction divine, dossier
Je propose, à l’usage d’amis en édition Hors Commerce, ces écrits du quatorzième siècle.
Quelques pages par Lilian Silburn109 ouvrent à la lecture de « l'un des plus profonds [textes] de la mystique chrétienne ».
Suit la belle version de ce Nuage d’Inconnaissance par Armel Guerne110.
Elle est complétée par le Cloud of Unknowing dans l’anglais moderne proposé par Evelyn Underhill111.
L’ensemble s’achève sur la « mise en pratique » offerte dans l’Epître de la direction intime. Cette dernière fut traduite par dom Noetinger112.
L’auteur de ces textes serait peut-être Adam Horsley de la chartreuse de Beauvale dans le South Nottinghamshire. On ne sait rien de plus113. Son œuvre comporte cinq titres : The Cloud of Unknowing, le plus célèbre et le plus long ; The Epistle of prayer, admirable Épître de la direction intime ; Dionysius mystical Teaching; Benjamen, une traduction libre de Richard de Saint Victor ; The Epistle of Discretion in the Stirrings of the Soul ; The Treatise of the discerning of Spirits114.
Le titre du Nuage d’Inconnaissance est tiré du début du texte : « Here bygynnith a book of contemplacyon, the whiche is clepyd the clowde of unknowyng, in the whiche a soule is onyd with god ». Rien n’est à faire, sinon par élan ! On ne saurait surestimer l’importance de ce texte qui forme, avec les Noces de Ruusbroec et les chefs-d’œuvre de Jean de la Croix (Cantique A, Vive flamme…), une trilogie à laquelle se réfèrent les mystiques d’Occident.
Table
Présentation 5
« Sur le Nuage d'Inconnaissance » par Lilian Silburn 7
« Le Nuage d’Inconnaissance » traduit par Armel Guerne 13
Commence ici un livre de Contemplation nommé LE NUAGE D'INCONNAISSANCE en lequel l'Ame est unie à Dieu 14
COMMENCE ICI LA PRIÈRE DU PROLOGUE 14
COMMENCE ICI LE PROLOGUE 14
CHAPITRE PREMIER 17
COMMENCE ICI LE CHAPITRE DEUXIÈME 18
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TROISIÈME 19
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUATRIÈME 20
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUIÈME 27
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SIXIÈME 28
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SEPTIÈME 29
COMMENCE ICI LE CHAPITRE HUITIÈME 31
COMMENCE ICI LE CHAPITRE NEUVIÈME 35
COMMENCE ICI LE CHAPITRE DIXIÈME 37
COMMENCE ICI LE CHAPITRE ONZIÈME 40
COMMENCE ICI LE CHAPITRE DOUZIEME 40
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TREIZIÈME 42
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUATORZIÈME 43
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUINZIÈME 45
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SEIZIÈME 46
COMMENCE ICI LE CHAPITRE DIX-SEPTIÈME 49
COMMENCE ICI LE CHAPITRE DIX-HUITIÈME 50
COMMENCE ICI LE CHAPITRE DIX-NEUVIÈME 51
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGTIÈME 53
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET UNIÈME 54
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET DEUXIÈME 57
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET TROISIÈME 58
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET QUATRIÈME 59
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET CINQUIÈME 61
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET SIXIÈME 63
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET HUITIÈME 65
COMMENCE ICI LE CHAPITRE VINGT ET NEUVIÈME 66
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTIÈME 67
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET UNIÈME 67
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET DEUXIÈME 68
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET TROISIÈME 69
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET QUATRIÈME 70
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET CINQUIÈME 73
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET SIXIÈME 75
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET SEPTIÈME 76
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET HUITIÈME 77
COMMENCE ICI LE CHAPITRE TRENTE ET NEUVIÈME 78
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTIÈME 80
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET UNIÈME 82
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET DEUXIÈME 83
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET TROISIÈME 84
COMMENCE ICI LE CHAPITREQUARANTE ET QUATRIÈME 85
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET CINQUIÈME 87
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET SIXIÈME 89
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET SEPTIÈME 90
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET HUITIÈME 93
COMMENCE ICI LE CHAPITRE QUARANTE ET NEUVIÈME 95
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTIÈME 96
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET UNIÈME 97
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET DEUXIÈME 99
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET TROISIÈME 100
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET QUATRIÈME 103
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET SIXIÈME 107
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET SEPTIÈME 108
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET HUITIÈME 110
COMMENCE ICI LE CHAPITRE CINQUANTE ET NEUVIÈME 112
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTIÈME 114
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET UNIÈME 115
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET DEUXIÈME 117
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET TROISIÈME 119
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET QUATRIÈME 120
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET CINQUIÈME 121
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET SIXIÈME 122
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET SEPTIÈME 123
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET HUITIÈME 125
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET NEUVIÈME 126
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET DIXIÈME 127
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET ONZIÈME 129
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET DOUZIÈME 131
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET TREIZIÈME 132
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET QUATORZIÈME 133
COMMENCE ICI LE CHAPITRE SOIXANTE ET QUINZIÈME 135
A book of Contemplation the which is called the Cloud of unknowing, in the which a soul is oned with God 139
HERE BEGINNETH THE FIRST CHAPTER 139
HERE BEGINNETH THE SECOND CHAPTER 141
HERE BEGINNETH THE THIRD CHAPTER 142
HERE BEGINNETH THE FOURTH CHAPTER 143
HERE BEGINNETH THE FIFTH CHAPTER 148
HERE BEGINNETH THE SIXTH CHAPTER 149
HERE BEGINNETH THE SEVENTH CHAPTER 150
HERE BEGINNETH THE EIGHTH CHAPTER 152
HERE BEGINNETH THE NINTH CHAPTER 156
HERE BEGINNETH THE TENTH CHAPTER 157
HERE BEGINNETH THE ELEVENTH CHAPTER 159
HERE BEGINNETH THE TWELFTH CHAPTER 160
HERE BEGINNETH THE THIRTEENTH CHAPTER 161
HERE BEGINNETH THE FOURTEENTH CHAPTER 162
HERE BEGINNETH THE FIFTEENTH CHAPTER 164
HERE BEGINNETH THE SIXTEENTH CHAPTER 165
HERE BEGINNETH THE SEVENTEENTH CHAPTER 167
HERE BEGINNETH THE EIGHTEENTH CHAPTER 168
HERE BEGINNETH THE NINETEENTH CHAPTER 169
HERE BEGINNETH THE TWENTIETH CHAPTER 171
HERE BEGINNETH THE ONE AND TWENTIETH CHAPTER 172
HERE BEGINNETH THE TWO AND TWENTIETH CHAPTER 174
HERE BEGINNETH THE THREE AND TWENTIETH CHAPTER 175
HERE BEGINNETH THE FOUR AND TWENTIETH CHAPTER 177
HERE BEGINNETH THE FIVE AND TWENTIETH CHAPTER 178
HERE BEGINNETH THE SIX AND TWENTIETH CHAPTER 179
HERE BEGINNETH THE SEVEN AND TWENTIETH CHAPTER 181
HERE BEGINNETH THE EIGHT AND TWENTIETH CHAPTER 181
HERE BEGINNETH THE NINE AND TWENTIETH CHAPTER 182
HERE BEGINNETH THE THIRTIETH CHAPTER 183
HERE BEGINNETH THE ONE AND THIRTIETH CHAPTER 184
HERE BEGINNETH THE TWO AND THIRTIETH CHAPTER 184
HERE BEGINNETH THE THREE AND THIRTIETH CHAPTER 185
HERE BEGINNETH THE FOUR AND THIRTIETH CHAPTER 186
HERE BEGINNETH THE FIVE AND THIRTIETH CHAPTER 188
HERE BEGINNETH THE SIX AND THIRTIETH CHAPTER 190
HERE BEGINNETH THE SEVEN AND THIRTIETH CHAPTER 191
HERE BEGINNETH THE EIGHT AND THIRTIETH CHAPTER 192
HERE BEGINNETH THE NINE AND THIRTIETH CHAPTER 193
HERE BEGINNETH THE FORTIETH CHAPTER 195
HERE BEGINNETH THE ONE AND FORTIETH CHAPTER 196
HERE BEGINNETH THE TWO AND FORTIETH CHAPTER 197
HERE BEGINNETH THE THREE AND FORTIETH CHAPTER 198
HERE BEGINNETH THE FOUR AND FORTIETH CHAPTER 199
HERE BEGINNETH THE FIVE AND FORTIETH CHAPTER 201
HERE BEGINNETH THE SIX AND FORTIETH CHAPTER 202
HERE BEGINNETH THE SEVEN AND FORTIETH CHAPTER 203
HERE BEGINNETH THE EIGHT AND FORTIETH CHAPTER 205
HERE BEGINNETH THE NINE AND FORTIETH CHAPTER 207
HERE BEGINNETH THE FIFTIETH CHAPTER 208
HERE BEGINNETH THE ONE AND FIFTIETH CHAPTER 209
HERE BEGINNETH THE TWO AND FIFTIETH CHAPTER 211
HERE BEGINNETH THE THREE AND FIFTIETH CHAPTER 212
HERE BEGINNETH THE FOUR AND FIFTIETH CHAPTER 214
HERE BEGINNETH THE FIVE AND FIFTIETH CHAPTER 215
HERE BEGINNETH THE SIX AND FIFTIETH CHAPTER 217
HERE BEGINNETH THE SEVEN AND FIFTIETH CHAPTER 218
HERE BEGINNETH THE EIGHT AND FIFTIETH CHAPTER 219
HERE BEGINNETH THE NINE AND FIFTIETH CHAPTER 222
HERE BEGINNETH THE SIXTIETH CHAPTER 224
HERE BEGINNETH THE ONE AND SIXTIETH CHAPTER 225
HERE BEGINNETH THE TWO AND SIXTIETH CHAPTER 226
HERE BEGINNETH THE THREE AND SIXTIETH CHAPTER 227
HERE BEGINNETH THE FOUR AND SIXTIETH CHAPTER 228
HERE BEGINNETH THE FIVE AND SIXTIETH CHAPTER 229
HERE BEGINNETH THE SIX AND SIXTIETH CHAPTER 230
HERE BEGINNETH THE SEVEN AND SIXTIETH CHAPTER 231
HERE BEGINNETH THE EIGHT AND SIXTIETH CHAPTER 232
HERE BEGINNETH THE NINE AND SIXTIETH CHAPTER 233
HERE BEGINNETH THE SEVENTIETH CHAPTER 235
HERE BEGINNETH THE ONE AND SEVENTIETH CHAPTER 236
HERE BEGINNETH THE TWO AND SEVENTIETH CHAPTER 238
HERE BEGINNETH THE THREE AND SEVENTIETH CHAPTER 238
HERE BEGINNETH THE FOUR AND SEVENTIETH CHAPTER 240
HERE BEGINNETH THE FIVE AND SEVENTIETH CHAPTER 241
« Epître de la direction intime » traduite par D.M. Noetinger 245
PROLOGUE 246
CHAPITRE I 247
CHAPITRE II 252
CHAPITRE III 254
CHAPITRE IV 258
CHAPITRE V 260
CHAPITRE VI 266
CHAPITRE VII 270
CHAPITRE VIII 275
CHAPITRE IX 278
CHAPITRE X 281
CHAPITRE XI 286
CHAPITRE XII 289
CHAPITRE XIII 293
Table 296
Introduction au Commentaire de la Première épitre de Jean par Augustin. 4
L’anthropologie chrétienne selon saint Augustin. 26
Introduction et notes à la Trinité d’Augustin. 136
La « fruitio » Augustinienne. 193
Liberté, libération, expérience des mystiques. 209
La vie mystique chrétienne. 222
La grâce du moment présent. 261
Extraits de :
Kshitimohan Sen, Medieval Mysticism of India, Munshiram Manoharlal, New-Delhi, 1974. Authorized Translation From the Bengali by Manomohan Ghosh.
Nous donnons les sections traitant de Dadu (1544-1603) et de son école, soit un extrait biographique du texte principal, suivi des quatre annexes situées en fin de volume. Paradoxalement elles présentent un intérêt supérieur au texte principal, car elles traduisent l’attachement intime de K. Sen pour les mystiques Bauls.
VIE ET DOCTRINE ET TRAITÉ DU PURGATOIRE
Introduction, traduction et notes de PIERRE DEBONGNIE, C. SS. R.
LES ÉTUDES CARMÉLITAINES CHEZ DESCLÉE DE BROUWERLA GRANDE DAME DU PUR AMOUR 1
LIVRE DE LA VIE ADMIRABLE ET DOCTRINE SAINTE 17
DE LA BIENHEUREUSE CATHERINE DE GÊNES 17
CHAPITRE V DE SES GRANDES PÉNITENCES ET MORTIFICATIONS 26
CHAPITRE VI COMMENT ELLE ÉTAIT RAVIE HORS DE SES SENS EN DIEU, ET DE TROIS RÈGLES QUE LE SEIGNEUR LUI DONNA, ET DES PAROLES À CHOISIR DANS LE PATER, DANS L’AVE MARIA ET DANS TOUTE L'ÉCRITURE. 27
CHAPITRE IX COMMENT ELLE AVAIT UNE MERVEILLEUSE CONNAISSANCE DE DIEU ET D'ELLE-MÊME. 33
CHAPITRE XXI DU NET ET PUR AMOUR QUI SE RÉPAND DANS L'ÊTRE. 59
CHAPITRE XXV DE L'AMOUR-PROPRE ET DE L'AMOUR DIVIN ET DE LEUR NATURE. 64
CHAPITRE XXVI DE TROIS VOIES QUE DIEU EMPLOIE POUR PURGER LA CRÉATURE. 66
CHAPITRE XXXIV DE LA VUE QU'ELLE AVAIT DU LIBRE ARBITRE. 82
CHAPITRE XXXIX QUELLE EST LA GRAVITÉ DU PÉCHÉ : SI DIEU POUVAIT SOUFFRIR, IL SOUFFRIRAIT PLUS QUE L'ÂME DE LA SÉPARATION DU PÉCHÉ ; L'AME, QUAND ELLE EST ÉCLAIRÉE, DÉSESPÈRE PRESQUE DE POUVOIR RÉPARER, FÛT-CE AVEC UN OCÉAN DE LARMES DE SANG. ET DE TROIS DEGRÉS QUI SONT DANS LA DROITE VOIE DE L'AMOUR. 88
CHAPITRE XLVI COMMENT GRÂCE À SA PRIÈRE FUT CONVERTI UN MALADE PRESQUE AU DÉSESPOIR 1. 106
COMMENT, PAR COMPARAISON AVEC LE FEU DIVIN QU'ELLE RESSENTAIT AU-DEDANS D'ELLE-MÊME, ELLE COMPRENAIT CE QU'ÉTAIT LE PURGATOIRE, ET COMMENT LES ÂMES S'Y TROUVENT CONTENTES ET SOUFFRANTES
Introduction
Henri van Herp (Harphius)(1400-1477), « héraut de Ruusbroec » réside chez les frères de la Vie commune à Delft en 1445. On lui offre une maison à Gouda dont il devient le premier recteur, organisant avec succès des conférences spirituelles et faisant bâtir quelques cellules pour les frères et les hôtes. En 1450, frappé par le renouveau franciscain lors d’un voyage à Rome, il se fait frère mineur et sera actif à Malines, près de Bruxelles, et à Anvers : la province s’accroît de plusieurs nouveaux couvents. Il meurt gardien du couvent de Malines.
Le Miroir [Spieghel] de la Perfection, fut traduite du moyen néerlandais en latin par un chartreux de Cologne en 1536 et récemment en italien 1. La Theologia mystica est un recueil d’œuvres rassemblées par ses disciples.
Sa troisième partie, Eden ou « Jardin des contemplatifs », traite magnifiquement de l’amour de conformation :
[656] La flamme de la charité ne veut laisser aucun entre-deux entre soi et l’aimé. [683] Le conformé donc imitant jalousement son conformant, s’approfondit en Dieu par chacun moment, et étant fait un avec Dieu, habite toujours en unité. ...
Il semble néanmoins à quelques-uns ... qu’ils n’aiment point Dieu, et ne se reposent en Lui : mais l’amour est cause de cette apparence ; car quand ils désirent aimer plus intensivement, qu’il ne leur est permis par leurs propres forces, et qu’ils viennent à défaillir à leur amour, ils se plaignent de ne point aimer. Secondement [ensuite] par l’envoi des rayons de ce don [d’amour], notre esprit est illuminé intellectuellement et nous enseigne à considérer notre noblesse ...
[685] Dieu opère en nous premièrement devant tous autres dons, et toutefois, est le dernier de tous, connu et senti de nous en sa propre nature. Car après être devenus simples d’esprit, chômant d’action, dénués de toutes images, immobiles, libres, morts à nous-mêmes, vivants à Dieu, nous avons ainsi cherché Dieu ... nous sentons la descente des grâces ... en ce renouvellement d’attouchement, l’esprit humain tombe en famine…
L’affection amoureuse est plus importante que l’entendement. L’accès à la vie mystique est préparé par l’oraison aspirative, prière courte et intense, selon quatre pas : s’offrir à Dieu totalement, requérir la volonté divine de se manifester afin que l’âme se connaisse, se conformer lorsque le feu de l’amour s’allume dans le cœur et consume les défectuosités, s’unir à la volonté divine en y déversant la sienne2.
Harphius évoque avec lyrisme l’union mystique, traite De la très heureuse déification de l’âme amoureuse et parcours huit échelons de l’échelle d’amour :
[715] l’esprit et l’âme ne sont qu’une même substance ... l’esprit humain est quelquefois tant soustrait du corps, et de l’âme […] qu’il oublie tout ce qui est extérieur et pareillement ignore ce qui se fait ... par mémoire ou entendement…
[720] Amy, montez plus haut. Le monter est le progrès en l’amour divin, qui est un abîme sans borne…
L’influence du « Héraut de Ruusbroec » fut très large. Elle s’exerce par l’intermédiaire de La Perle évangélique (~1520). En Espagne il influence Osuña, franciscain comme lui, lu par Thérèse d’Avila. Au XVIIe siècle, il est apprécié par Constantin de Barbanson et par Benoît de Canfield, par des chartreux et des capucins, par le Grand carme Jean de Saint-Samson ; plus tard le pasteur Poiret fait connaître Herp par sa Bibliotheca mysticorum (1708) qui eut une grande influence sur des Écossais et des piétistes allemands, et déclare : « Personne n’a pénétré comme lui dans la profondeur des états intérieurs d’une âme abandonnée à Dieu. » 3.
Nous reproduisons de façon lisible l’Eden ou « Jardin des contemplatifs » dans la belle traduction française du début du XVIIe siècle4.
Préface de Dom Henri Harphius 9
Théologie mystique de Dom Henry Harphius de l'ordre des mineurs. Livre troisième, intitulée Eden c'est-à-dire Paradis des Contemplatifs. 17
Chapitre 1. Comment diverses personnes sont appelées de Dieu par diverses façons et moyens, et en quelque sorte aucuns résistent à la vocation divine. 17
Chapitre II. Comme divers combats et difficultés se présentent à ceux qui commencent à servir Dieu, et par quel moyen je sais chacun serviteur de Dieu doit persévérer fidèle à nous Dieu son Seigneur. 27
Chapitre III. Quelles choses empêchent chacun qu'il n'atteigne au degré de perfection. 37
Chapitre IV. De la préparation de la vie active, et morale. 47
Chapitre V. De l'ornement de la vie active par les vertus morales. 57
Chapitre VI. De l'élévation à Dieu entre la vie active et morale ; et des trois sortes d'intentions. 67
Chapitre VII. Comment chacun doit profiter en la vie active, par l'amour de Dieu, et de diverses sortes d'amour. 77
Chapitre VIII. Des deux moyens de parvenir à la vie spéculative, et spirituelle ; et de deux sortes de contemplations. 87
Deuxième partie du troisième livre de la Théologie mystique de dom Henri Harphius. 97
Chapitre IX. De la préparation à la vie spéculative et spirituelle ; et de cinq sortes d'affections. 97
Chapitre 10. De l'ornement de la vie spéculative et spirituelle, par les dons du Saint Esprit, principalement de la crainte, de la piété, de la science, et de la force. 107
Chapitre 11. De l'ornement de la vie spirituelle, et spéculative par les dons du Saint Esprit, savoir du conseil, d'intellect, et de sapience. 115
Chapitre 12. De l'élévation de la vie spéculative et spirituelle, selon la partie inférieure de l'homme. 125
[… les deux premiers livres sont ici omis.
Au 6 janvier 15: pages 616-620, 622-687…sur 848] soit 70 sur 232 ou 30% Il reste du travail !
Une prise en main rapide de l’espagnol de Jean de la Croix est possible en s’aidant d’une édition bilingue de sa Vive flamme d’amour. Le début proposé est interlinéaire puis alternent ensuite blocs de textes et traductions.
L’espagnol 115 reprend la version « B » de Llama de amor viva.
Le mot à mot est basé sur les « premiers sens » fournis en entrée du dictionnaire moderne le plus courant 116. L’abord pas à pas direct de l’espagnol de Jean de la Croix s’avère aisé car son beau classicisme s’appuie sur un vocabulaire assez limité en vue d’être accessible par ses dirigé(e)s 117.
Sous la transcription interlinéaire, puis par la suite en notes attachées aux blocs de texte, figurent les entrées des mots dont l’accès ou le sens ne sont pas évidents. Une attention particulière porte sur les variations propres aux formes verbales qui interdisent la remontée facile du texte vers une entrée.
La mise en forme reprend la traduction du P. Max de Longchamp118 pour le premier chant, puis (à faire) l’adaptation de la carmélite Marie du Saint-Sacrement119 pour les suivants.
CANCIONES QUE HACE EL ALMA EN LA ULTIMA
CHANSON QUE FAIT L’AME EN L’ULTIME
UNIÔN CON DIOS
UNION AVEC DIEU.
O ! llama de amor viva, / que tiernamente hieres /de mi alma
O flamme d’amour vive, / qui tendrement blesse /- mon âme
hieres >herir = blesser (en musique : jouer, pincer) [modèle 27 sentir]
de = de , à , - (préposition obligatoire après certains verbes)
en el mas profundo centro ! / Pues ya no eres esquiva, /
en le plus profond centre ! / Puisque déjà tu n’est pas revêche, /
en = préposition aux traductions diverses : en, dans, de, dès que…
pues =conjonction : puisque, parce que, donc, eh bien…
eres > ser = être, notion d’existence X estar : être, n. d’état, de situation
esquivo = revêche
O vivante flamme d’amour, / qui blesse tendrement / le centre le plus profond de mon âme, / puisque tu n’es plus cruelle,
acaba ya si quieres ; / ! rompe la tela de este dulce encuentro !
achève déjà si tu veux ; ! romps la toile de cette douce rencontre-choc !
quieres > querer = vouloir, aimer [67]
/ achève maintenant, si tu le veux ; / déchire la toile de cette douce rencontre.
DECLARACIÔN - DECLARATION
Sintiéndose ya el alma toda inflamada en la divina uniôn, ya su
Se sentant déjà l’ âme toute enflammée dans la divine union, déjà son
sintiendose > sentir [27]
paladar todo bañado en gloria y amor, y que hasta lo intimo
de palais tout baigné en gloire et amour, et que jusqu’à l’intime de
paladar = palais, goût , saveur
L’âme se sentant toute embrasée en l’union divine, et sentant son palais tout baigné en gloire et amour, sentant que jusqu’à l’intime de
su sustancia est revertiendo no menos que rîos de gloria,
sa substance est retournant non moins que rivières de gloire,
revertiendo > revertir = retourner, revenir
abundando en deleites,
abondantes en délices,
sa substance, elle reverse pas moins que des fleuves de gloire et abonde en délices,
sintiendo correr de su vientre los rîos de agua viva que dijo el
sentant courir de son ventre les rivières d’eau vive que dis le
dijo > decir [57]
Hijo de Dios (Jn.7, 38) que saldrîan en semejantes almas,
Fils de Dieu ( Jn.7, 38) qui sortent en semblables âmes,
saldrîan > salir [71] = sortir
semejantes = semblable, pareil, ce cette
sentant se répandre de ses entrailles les fleuves d’eau vive dont le Fils de Dieu (Jn 7, 38) dit qu’ils jailliraient de ces âmes,
parécele que, pues con tanta fuerza es transformada en Dios
y paraît à lui que puisque avec tant de force est transformée en Dieu et
parécele > parecer [30]= paraître sembler
il lui semble que, puisqu’elle est transformée en Dieu avec tant de force,
tan altamente de él poseîda, y con tan ricas riquezas de dones
si hautement de lui possédée, et avec tant riches richesses de dons
poseîda > poseer [50] = posséder
y virtudes arreada, que est à tan cerca de la bienaventuranza,
et vertus ornée, qui est si proche de la béatitude,
arreada > arrear = exciter harnacher, parer orner, - aller, marcher vite.
et si profondément possédée par lui, et dotée de telles richesses et de tels dons qu’elle est si proche de la béatitude,
que no la divide sino en una leve tela.
que ne la divise sinon en une légère toile.
Dividir = diviser, partager
que rien ne l’en sépare, sinon une toile légère.
Y como ve que aquella llama delicada de amor que en ella
Et comme voit que cette flamme délicate d’amour qui en elle
ve > ver [76] = voir
arde, cada vez que la est embistiendo, la est como glorificando
brûle, chaque fois qu’elle est assaillie, là est comme
arde > arder = brûler - fig être dévoré
vez = fois
embistiendo > embestir = assaillir, attaquer [26]
glorificando > glorificar = glorifier [10]
Et comme elle voit que cette flamme délicate d’amour qui brûle en elle, chaque fois qu’elle l’investit, se met comme à la glorifier
con suave y fuerte gloria, tanto que, cada vez que la absorbe
avec suave et forte gloire, tant que, chaque fois qu’elle l’absorbe
d’une gloire suave et forte, au point qu’à chaque fois qu’elle l’absorbe
y embiste, le parece que le va a dar la vida eterna, y que va
et l’attaque, lui paraît que lui va à donner la vie éternelle, et que va
embiste > i.p. embestir [26] = assaillir, attaquer
parece > parecer [30] = paraître, sembler
a romper la tela de la vida mortal, y que falta muy poco,
rompre la toile de la vie mortelle, et qu’il manque très peu,
faltar = manquer (cf. falta = faute)
et l’investit, il lui semble qu’elle va lui donner la vie éternelle et déchirer la toile de la vie mortelle, et qu’il s’en faut de fort peu,
y que por eso poco no acaba de ser glorificada esencialmente,
et que pour cela peu n’achève d’être glorifié essentiellement,
acabar = finir, achever, consommer
et que pour ce peu elle n’achève pas d’être glorifiée essentiellement,
dice con gran deseo a la llama, que es el Espîritu Santo, que
dit avec grand désir à la flamme, qui est le Saint Esprit, que
dice > i.p. decir [57]
elle déclare avec un grand désir à la flamme, qui est l’Esprit-Saint,
rompa ya la vida mortal por aquel dulce encuentro, en que
rompre la toile de la vie mortelle, et qu’il manque très peu, et que
romper = casser, briser, - rompre - déchirer …
de rompre maintenant la vie mortelle par cette douce rencontre,
de veras la acabe de comunicar lo que cada vez parece
de vrai la finisse de lui communiquer ce que chaque fois il semble
acabar = finir, achever, terminer parecer [30] =paraître, sembler
ce en quoi véritablement elle achèvera de lui communiquer ce qu’à chaque fois il semble
que la va a dar y cuando la encuentra, que es glorificarla
qu’elle va donner et quand [elle] la rencontre, qui est la glorifier
entera y perfectamente. Y asî, dice: Oh llama de amor viva!
entière et parfaitement. Et ainsi, dit : O flamme d’amour vive!
entero, ra = entier – fig. robuste, vigoureux – fort dice > i.p. decir [57]
qu’elle va lui donner lorsqu’elle la rencontre, ce qui est de la glorifier complètement et parfaitement. Et ainsi dit-elle : Ô vivante flamme d’amour !
§ 2.
Para encarecer el alma el sentimiento y aprecio con que habla
Pour louer l’âme le sentiment et l’appréciation avec qui elle parle
encarecer [30] = élever le prix de – fig. louer, faire valoir hablar = parler
en estas cuatro canciones, pone en todas ellas estos términos:
en ces quatre chants, met en toutes elles ces conclusions :
PONER : mettre [65] TERMINO : terme, fin – terme (parole) – but
"Oh!" y "cuan" que significan encarecimiento afectuoso ;
« Oh! » et « combien » qui signifient recommandation affectueuse ;
ENCARECIMIENTO : enrichissement – recommandation
Pour faire valoir le sentiment et l’estime avec lesquels elle parle en ces quatre strophes, l’âme use de ces termes en chacune d’elles : « ô ! » et « comme ! », qui signifient une affectueuse insistance.
los cuales, cada vez que se dicen, dan a entender del interior
lesquelles, chaque fois que se disent, donnent à entendre de l’intérieur
DECIR : dire [57] DAR : donner
mâs de lo que se dice por la lengua.
plus de ce que se dit par la langue.
Ces mots, toutes les fois qu’on les dit, donnent à entendre à propos de l’intérieur, plus que ce qui se dit par la langue.
Y sirve el "Oh!" para mucho desear y para mucho rogar
Et sert le “Oh” pour beaucoup désirer et pour beaucoup prier
SERVIR : servir [26] ROGAR : prier
persuadiendo, y para entrambos efectos usa el alma de él
persuadant, et pour les deux effets utilise l’âme de lui
ENTRAMBOS, BAS : les deux USAR : utiliser, employer
en esta canciôn, porque en ella encarece e intima el gran deseo,
en ce chant, parce qu’en elle fait valoir et intime le grand désir,
INTIMAR : intimer, sommer – nouer une amitié
persuadiendo al amor que la desate.
persuadant à l’amour qu’il la détache.
DESATAR : détacher, défaire
Le « ô » sert à dire que l’on désire beaucoup, et que l’on prie beaucoup et en voulant persuader ; et l’âme l’utilise pour ces deux effets en cette strophe, car elle fait valoir en elle et vante [?] un grand désir, persuadant à l’amour qu’il la détache.
§ 3.
Esta llama de amor es el espîritu de su Esposo,
que es el Espîritu Santo, el cual siente ya el alma en sî, no sôlo,
CUAL : précédé d’un article lequel, laquelle…sans art comme, tel que…
SENTIR : sentir [27] >siente : sent
SÎ : pron pers lui, elle – soi… conjonction si… adv oui
como fuego que la tiene consumida y transformada en suave amor,
TENER : avoir [72] > la tiene : la possède
Cette flamme d’amour est l’esprit de son Époux, qui est l’Esprit Saint, lequel/laquelle sent déjà l’âme en lui/elle, non seulement, comme feu qui la tient consûmée et transformée en suave amour,
sino como fuego que, demás de eso, arde en ella y echa llama,
DEMÂS : adv du reste, au reste, d’ailleurs adj & pron indef autre
ARDER : brûler ECHAR : multiples sens jeter, expulser, pousser…+
mais comme feu qui, au reste de cela, brûle en elle et fait flamme,
como dije; y aquella llama baña al alma en gloria
{DECIR : dire [57]+ >dije : je dis
y la refresca en temple de vida divina.
TEMPLE : fx ami ! multiples sens trempe, ordre du Temple, humeur…
comme je dis ; et cette flamme baigne l’âme en gloire et la rafraîchit en temple/humeur de vie divine.
Y ésta es la operaciôn del Espîritu Santo en el alma transformada en amor, que los actos que hace interiores es llamear, que son inflamaciones de amor,
Et cela est l’opération du Saint Esprit en l’âme transformée en amour, que les actes qu’elle fait intérieurs est flamber, qui sont des inflammations d’amour,
en que unida la voluntad del alma, ama subidîsimamente,
UNIR : unir, réunir, relier SUBIDA : montée, ascension - adj fig vif, vive
hecha120 un amor con aquella llama.
HECHO, CHA : p p de Hacer fait
en qui unie la volonté de l’âme, aime ascension très élevée, faite un amour avec cette flamme.
Y asî, estos actos de amor del alma son preciosîsimos,
y merece mâs en uno y vale mâs que cuanto haber hecho
CUANTO, TA : combien
toda su vida sin esta transformaciôn, por mâs que ello fuese, etc.
ELLO : cela
Et ainsi, ces actes d’amour de l’âme sont très précieux, et méritent plus en un et vaut plus que quand avoir fait toute sa vie sans cette transformation, pour plus que cela soit, etc.
Y la diferencia que hay entre el habito y el acto,
hay entre la transformaciôn en amor y la llama de amor,
Et la différence qu’il y a entre l’habitude et l’acte, il y a entre la transformation en amour et la flamme de amour,
que es la que hay entre el madero inflamado y la llama de él : que la llama es efecto del fuego que allî est.
qui est celle qu’il y a entre le bois enflammé et la flamme de lui : que la flamme est effet du feu qui là est.121
§ 4.
4. De donde, el alma que est en estado de transformaciôn de amor, podemos decir que su ordinario habito es como el madero que siempre est embestido en fuego ;
EMBESTIR [26] : assaillir, attaquer
D’où, l’âme qui est en état de transformation d’amour, nous pouvons dire que son ordinaire habit est comme le bois qui toujours est assailli en feu ;
y los actos de esta alma son la llama que nace del fuego de amor, que tan vehemente sale cuanto es mâs intenso el fuego de la unión :
et les actes de cette âme sont la flamme qui naît du feu d’amour, qui si véhément sort quand est plus intense le feu de l’union :
en la cual llama se unen y suben los actos de la voluntad arrebatada y absorta en la llama del Espîritu Santo, que es como el angel que subiô a Dios en la llama del sacrificio de Manué (Jc. 13, 20).
ARREBATADO, DA : emporté, impérieux, violent
et les actes de cette âme sont la flamme qui naît du feu d’amour, qui si véhément sort quand est plus intense le feu de l’union : en laquelle la flamme s’unit et montent les actes de la volonté impérieuse et s’absorbe en la flamme de l’Esprit Saint, qui est comme l’ange qui montait vers Dieu dans la flamme du sacrifice de Manué (Jc. 13, 20).
Y asî, en este estado no puede el alma hacer actos, que el Espîritu Santo la mueve a ellos;
Et ainsi, en cet état ne peut l’âme faire actes, sinon que le Saint Esprit la meut à eux ;
y por eso, todos los actos de ella son divinos, pues es hecha y movida por Dios.
et pour cela, tous les actes d’elle sont divins, car est faite et mûe par Dieu.
De donde al alma le parece que cada vez que llamea esta llama, haciéndola amar con sabor y temple divino, la est dando vida eterna, pues la levanta a operaciôn de Dios en Dios.
D’où à l’âme lui paraît que chaque fois que enflamme cette flamme, la faisant aimer avec saveur et trempe/humeur divine, lui est donnée vie éternelle, qui la lève à opération de Dieu en Dieu.
§ 5.
5. Y éste es el lenguaje y palabras que trata Dios en las almas purgadas y limpias, todas encendidas como dijo David (Sal. 118, 140): Tu palabra es encendida vehementemente; y el profeta (Jr. 23, 29): Por ventura mis palabras no son como fuego?
Et ce sont là le langage et les paroles dont Dieu ]…[ traite dans les âmes purgées et nettes, paroles tout enflammées, comme disait David (Ps 118, 140) : « Ta parole est violemment enflammée » ; et le prophète : « Mes paroles ne sont-elles pas comme un feu ? »
Las cuales palabras, como él mismo dice por san Juan (6, 64) son espîritu y vida; la cual sienten las almas que tienen oîdos para oîrla,
Ces paroles, comme lui-même le dit par saint Jean (Jn 6, 64), sont esprit et vie. Cette parole est entendue par les âmes qui ont des oreilles pour l’entendre, à savoir,
que, como digo, son las almas limpias y enamoradas; que los que no tienen el paladar sano, sino que gustan otras cosas, no pueden gustar el espîritu y vida de ellas, antes les hacen sinsabor.
comme je dis, les âmes nettes et amoureuses, et celles dont le palais n’est pas sain, mais qui goûtent d’autres choses, ne peuvent en goûter l’esprit et la vie. Au contraire, elles leur semblent inisipides.
Y por eso, cuanto mâs altas palabras decîa el Hijo de Dios, tanto mâs algunos se desabrîan por su impureza, como fue cuando predicô aquella sabrosa y amorosa doctrina de la Sagrada Eucaristîa, que muchos de ellos volvieron atras (Jn. 6, 60-61, 67).
C’est pourquoi, plus les paroles dites par le Fils de Dieu étaient hautes, plus elles semblaient désagréables à certains du fait de leur impureté, par exemple lorsqu’il prêchait cette doctrine savoureuse et pleine d’amour de la Sainte Eucharistie, et que beaucoup d’entre eux se retirèrent. (Jn 6, 60-61 ; 67)
§ 6.
Y no porque los tales no gusten este lenguaje de Dios, que habla de dentro, han de pensar que no le gustan otros, como aquî se dice,
Et ce n’est pas parce qu’ils ne goûtent pas ce langage de Dieu qui parle de l’intérieur, que ceux-là doivent penser que d’autres ne le goûtent pas, comme l’on dit ici,
como las gustô san Pedro (Jn. 6, 69) en el alma cuando dijo a Cristo: Dônde iremos, Señor, que tienes palabras de vida eterna? Y la Samaritana olvidô el agua y el cntaro por la dulzura de las palabras de Dios (Jn. 4, 28).
comme saint Pierre l’a goûté (Jn 6, 69) en son âme lorsqu’il a déclaré au Christ : « Où irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! » Et la Samaritaine oublia l’eau et la cruche à cause de la douceur des paroles de Dieu. (Jn 4, 28)
Y asî, estando esta alma tan cerca de Dios, que est transformada en llama de amor, en que se le comunica el Padre, Hijo y Espîritu Santo,
Ainsi, cette âme étant si proche de Dieu qu’elle se trouve transformée en flamme d’amour, ce en quoi lui est communiqué le Père, le Fils et l’Esprit-Saint,
qué increible cosa se dice que guste un rastro de vida eterna, aunque no perfectamente, porque no lo lleva la condiciôn de esta vida?
serait-il incroyable de dire qu’elle goûte une esquisse de vie éternelle, quoique non parfaitement, parce que la condition de cette vie ne le supporte pas ?
Mas es tan subido el deleite que aquel llamear del Espîritu Santo hace en ella, que la hace saber a qué sabe la vida eterna.
Mais les délices que produit en elle ce flamboiement de l’Esprit-Saint sont si relevés, qu’ils lui font savourer la saveur de la vie éternelle.
Que por eso llama a la llama "viva"; no porque no sea siempre viva, sino porque le hace tal efecto, que la hace vivir en Dios espiritualmente y sentir vida de Dios, al modo que dice David (Sal. 83, 3): Mi corazôn y mi carne se gozaron en Dios vivo.
C’est pourquoi elle appelle la flamme « vivante », non qu’elle soit toujours vivante, mais parce qu’elle produit un tel effet qu’elle la fait vivre en Dieu spirituellement, et sentir la vie de Dieu de la façon dont parle David (Ps 83, 3) : « Mon coeur et ma chair se réjouissent dans le Dieu vivant. »
No porque sea menester decir que sea vivo, pues siempre lo est, sino para dar a entender que el espîritu y sentido vivamente gustaban a Dios, hechos en Dios, lo cual es gustar a Dios vivo, esto es, vida de Dios y vida eterna.
Ce n’est pas qu’il soit nécessaire de dire qu’il est vivant, car il l’est toujours, mais c’est pour donner à comprendre que l’esprit et le sens goûtaient Dieu de façon vivante, rendus en Dieu, ce qui est goûter le Dieu vivant, c’est-à-dire la vie de Dieu et la vie éternelle.
Ni dijera David allî: "Dios vivo", sino porque vivamente le gustaba, aunque no perfectamente, sino como un viso de vida eterna.
Dans ce passage, David n’aurait pas dit « Dieu vivant », s’il ne le goûtait pas de façon vivante, quoique non parfaitement, mais comme une vue de vie éternelle.
Y asî, en esta llama siente el alma tan vivamente a Dios, que le gusta con tanto sabor y suavidad, que dice: Oh llama de amor viva! que tiernamente hieres.
Et ainsi, en cette flamme l’âme sent Dieu de façon si vivante, qu’elle le goûte si savoureusement et si suavement, qu’elle dit : « Ô vivante flamme d’amour ! » Qui blesses tendrement.
§ 7.
Esto es: que con tu ardor tiernamente me tocas. Que, por cuanto esta llama es llama de vida divina, hiere al alma con ternura de vida de Dios;
C’est-à-dire : qui me touches si tendrement par ton amour. En effet, pour autant que cette flamme est flamme de vie divine, elle blesse l’âme avec la tendresse de la vie de Dieu ;
y tanto y tan entrañablemente la hiere y enternece, que la derrite en amor, porque se cumpla en ella lo que en la Esposa en los Cantares (5, 6), que se enterneciô tanto, que se derritiô,
et elle la blesse et l’attendrit tellement et si profondément, qu’elle la consume en amour, pour que s’accomplisse en elle la même chose qu’en l’Épouse des Cantiques (Cant 5, 6), laquelle s’est attendrie au point de se consumer,
y asî dice ella allî: Luego que el Esposo hablô, se derritiô mi alma; porque el habla de Dios es el efecto que hace en el alma.
et elle le dit ainsi dans ce passage : « Lorsque l’Époux a parlé, mon âme s’est consumée » ; parce que la parole de Dieu est l’effet qu’il produit en l’âme.
§ 8.
Mas cômo se puede decir que la hiere, pues en el alma no hay ya cosa por herir, estando ya el alma toda cauterizada con el fuego de amor?
Mais comment peut-on dire qu’elle la blesse, vu qu’il n’y a plus rien à blesser en l’âme, puisqu’elle est maintenant tout entière cautérisée par le feu d’amour ?
Es cosa maravillosa que, como el amor nunca est ocioso, sino en continuo movimiento, como la llama, est echando siempre llamaradas ac y all;
Chose merveilleuse que l’amour flamboie toujours de ci de là, ne restant jamais en repos, mais en mouvement continuel, comme la flamme ;
y el amor, cuyo oficio es herir para enamorar y deleitar, como en la tal alma est en viva llama, estle arrojando sus heridas como llamaradas ternîsimas de delicado amor, ejercitando jocunda y festivalmente las artes y juegos del amor, como en el palacio de sus bodas,
[…………….]
et l’amour, dont l’office est de blesser pour produire amour et délices, étant flamme vivante en cette âme, lui décoche ses traits comme des flamboiements très tendres d’amour délicat, exerçant gaiement les arts et les jeux de l’amour en fête, comme dans le palais de ses noces,
como Asuero con la esposa Ester (Est. 2, 17 ss.), mostrando allî sus gracias, descubriéndola sus riquezas y la gloria de su grandeza,
tel Assuérus avec son épouse Esther (Est 2, 17 ss), montrant là ses grâces, lui découvrant ses richesses et la gloire de sa majesté,
porque se cumpla en esta alma lo que él dijo en los Proverbios (8, 30-31), diciendo: Deleitbame yo por todos los dîas, jugando delante de él todo el tiempo, jugando en la redondez de las tierras, y mis deleites estar con los hijos de los hombres, es a saber, dândoselos a ellos.
pour que s’accomplisse en cette âme ce qu’il dit dans les Proverbes (8, 30-31) par ces mots : « Mes délices tous les jours étaient de jouer tout le temps devant lui, de jouer à la surface du globe, et mes délices étaient d’être avec les enfants des hommes », à savoir, en se donnant à eux.
Por lo cual estas heridas, que son sus juegos, son llamaradas de tiernos toques que al alma tocan por momentos de parte del fuego de amor, que no est ocioso. Los cuales, dice, acaecen y hieren, de mi alma en el mâs profundo centro.
C’est pourquoi ces traits, qui sont ses jeux, sont des flamboiements de tendres attouchements qui touchent par moment l’âme et qui viennent du feu d’amour qui ne reste pas au repos. L’âme dit que ces attouchements se produisent et qu’ils blessent le centre le plus profond de mon âme.
§ 9
Porque en la sustancia del alma, donde ni el centro del sentido ni el demonio puede llegar, pasa esta fiesta del Espîritu Santo;
En effet, c’est en la substance de l’âme que se passe cette fête de l’Esprit-Saint, où ni le centre du sens, ni le démon ne peuvent arriver ;
y, por tanto, tanto mâs segura, sustancial y deleitable, cuanto mâs interior ella es; porque cuanto mâs interior es, es mâs pura; y cuanto hay mâs de pureza, tanto mâs abundante y frecuente y generalmente se comunica Dios.
et pour autant, elle est d’autant plus sûre, subtantielle et pleine de délices qu’elle est plus intérieure, car plus elle est intérieure, plus elle est pure, et plus il y a de pureté, plus Dieu se communique abondamment, fréquemment et généralement.
Y asî, es tanto mâs el deleite y el gozar del alma y del espîritu porque es Dios el obrero de todo, sin que el alma haga de suyo nada.
Et ainsi, les délices et la jouissance de l’âme et de l’esprit sont d’autant plus grands que Dieu est celui qui opère tout, sans que l’âme fasse rien d’elle-même.
Que, por cuanto el alma no puede obrar de suyo nada si no es por el sentido corporal, ayudada de él, del cual en este caso est ella muy libre y muy lejos, su negocio es ya sôlo recibir de Dios, el cual solo puede en el fondo del alma, sin ayuda de los sentidos, hacer obra y mover al alma en ella.
En effet, pour autant que l’âme ne peut rien opérer d’elle-même si ce n’est par le sens corporel et aidée par lui, ce dont ici elle se trouve très libre et très éloignée, son affaire est alors seulement de recevoir de Dieu, lequel seul peut agir dans le fond de l’âme sans l’aide des sens, et y mouvoir l’âme.
Y asî, todos los movimientos de la tal alma son divinos; y aunque son suyos, de ella lo son, porque los hace Dios en ella con ella, que da su voluntad y consentimiento. Y, porque decir hiere en el mâs profundo centro de su alma da a entender que tiene el alma otros centros no tan profundos, conviene advertir cômo sea esto.
Et ainsi, tous les mouvements de cette âme sont divins ; et quoiqu’ils soient de Dieu, ils sont d’elle aussi, parce qu’Il les produit en elle avec elle, qui donne sa volonté et son consentement. Et parce que dire qu’Il blesse le centre le plus profond de son âme donne à entendre qu’elle a d’autres centres moins profonds, il nous faut faire attention à la façon dont cela est.
§ 10.
Y, cuanto a lo primero, es de saber que el alma, en cuanto espîritu, no tiene alto ni bajo, ni mâs profundo, ni menos profundo en su ser, como tienen los cuerpos cuantitativos;
Quant au premier, il faut savoir que l’âme, en tant qu’esprit, n’a ni haut, ni bas ]…[ plus profond ni moins profond en son être, comme en ont les corps quantifiables ;
que, pues en ella no hay partes, no tiene mâs diferencia dentro que fuera, que toda ella es de una manera y no tiene centro de hondo y menos hondo cuantitativo;
et puisqu’en elle il n’y a pas de parties, elle n’a pas non plus de différence entre l’intérieur et l’extérieur, elle n’a pas de centre plus ou moins profond quantitativement.
porque no puede estar en una parte mâs ilustrada que en otra, como los cuerpos fîsicos, sino toda en una manera, en mâs o en menos, como el aire que todo est de una manera ilustrado y no ilustrado en mâs o en menos.
En effet, elle ne peut être plus illuminée en une partie qu’en une autre, comme le sont les corps physiques, mais elle l’est tout d’une même manière, sans plus ni moins, comme l’air est tout entier illuminé ou non illuminé d’une même manière, sans plus ni moins.
§ 11.
En las cosas, aquello llamamos centro mâs profundo que es a lo que mâs puede llegar su ser y virtud y la fuerza de su operaciôn y movimiento, y no puede pasar de allî;
Dans les choses, nous appelons centre le plus profond le point auquel peut arriver leur être et leur énergie, et la force de leur opération et de leur mouvement, sans pouvoir passer au-delà.
asî como el fuego o la piedra que tiene virtud y movimiento natural y fuerza para llegar al centro de su esfera, y no pueden pasar de allî ni dejar de llegar ni estar allî, si no es por algùn impedimento contrario y violento.
Par exemple, le feu ou la pierre ont énergie et mouvement naturels ]…[ pour arriver au centre de leur sphère, et ils ne peuvent passer au-delà, ni laisser d’y arriver et de s’y tenir, sinon par quelque empêchement contraire et violent.
Segùn esto, diremos que la piedra, cuando en alguna manera est dentro de la tierra, aunque no sea en lo mâs profundo de ella, est en su centro en alguna manera, porque est dentro de la esfera de su centro y actividad y movimiento;
À partir de cela, nous dirons que la pierre, lorsqu’elle se trouve en quelque manière dans la terre, quoiqu’elle ne soit pas en son plus profond, se trouve en quelque manière en son centre, puisqu’elle se trouve à l’intérieur de la sphère de son centre, de son activité et de son mouvement
pero no diremos que est en el mâs profundo de ella, que es el medio de la tierra; y asî siempre le queda virtud y fuerza e inclinaciôn para bajar y llegar hasta este mâs ùltimo y profundo centro, si se le quita el impedimento de delante;
cependant, nous ne dirons pas qu’elle se trouve pas en son plus profond, qui est le centre de la terre, et ainsi toujours il lui reste de l’énergie, de la force et de l’inclination pour descendre et arriver jusqu’à ce centre ultime et le plus profond, si on lui ôte l’empêchement qui la retient
y, cuando llegare y no tuviere de suyo mâs virtud e inclinaciôn para mâs movimiento, diremos que est en el mâs profundo centro suyo.
et quand elle y sera arrivée et ne trouvera plus d’énergie et d’inclination en elle-même pour davantage de mouvement, nous dirons qu’elle se trouve en son centre le plus profond.
[………….]
José de Jésus Maria Quiroga 1562-1628, Historia de la Vida y Virtudes del Venerable P. F. Juan de la Cruz & Etudes, dossier assemblé par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 338 p. [Sections françaises sur les épreuves à Tolède et en fin de vie avec leurs originaux espagnols augmentés d’un choix de chapitres, notices et études sur Quiroga.]
José de Jésus Maria Quiroga (1562-1628), carme, est un des disciples de la première génération qui succède à celle de Jean de la Croix (1542-1591). Il fut nommé dès 1597 premier archiviste “historiador” de l’Ordre naissant des Déchaussés. Chargé d’écrire une relation de la vie de leur fondateur, il débute rapidement son enquête.
Lorsqu’il publie sans autorisation en 1628 son grand travail, une Vida y virtudes del Venerable P.F. Juan de la Cruz achevée depuis quelques années, mais qui met en cause le renom de l’Ordre, Quiroga est destitué. “Exilé” à Cuenca122, il meurt la même année. Des confrères carmes seront chargés à leur tour de rendre compte à nouveau de la vie de San Juan de la Cruz.
Quiroga quant à lui se veut véridique, visite les lieux d’épreuves, enquête, n’omet aucun des faits vécus par son héros. Formé lui-même par des novices eux-même formés par Jean de la Croix, il eut accès à tous ces témoins et à toutes les carmélites, au-delà de leurs dépositions signées. Il les utilise généralement deux par deux pour confirmer leur force.
Enfin l’historien passionné illustre et défend l’approche mystique de son Maître. Mais elle ne pouvait être partagée par la majorité des membres de communautés carmes élargies et diverses123.
Au mieux, des dirigeants carmes s’abstenaient à juste raison d’imposer les conditions permettant d’épanouir une vocation mystique. Au pire ils s’y opposaient. Lorsque le Père Jean de la Croix entra en résistance, ils diligentèrent une enquête sur lui. Il reçut en même temps l’ordre, établi par décision collective, de quitter l’Espagne pour le Mexique. Mais il entreprit un voyage rendant son éloignement plus certain.
Quiroga se gardera de condamner ceux-là mêmes qui l’auront fait tant fait souffrir. En milieu de vie, il s’agissait des étrangers à la Réforme des Déchaussés, les carmes de l’Observance ancienne qui s'emparèrent de lui et l’enfermèrent dans la prison conventuelle de leur couvent à Tolède en Castille124. Ensuite il s’agit de plus proches et précisément de deux carmes de la Réforme des Déchaussés : un jeune enquêteur furent diligenté en Andalousie et devint la terreur des carmélites tandis que le prieur d’Úbeda fut de son côté un homme sans pitié assurant une vengeance personnelle. Mais ces deux méchants ne pouvaient agir sans l’aval des autorités125.
Toute cette histoire confirme le bien-fondé du silence comme la condition indispensable à “l’exercice” de l’homme intérieur car aucune protection des incompréhensions et jalousies des hommes “extérieurs” n’est acquise au sein d’institutions larges régies par les seules Règles. Le jeune Jean de Yepes songeait bien à se faire ermite chez les chartreux, mais il fut convaincu par Teresa (1515-1582) d’étendre la réforme des femmes aux hommes.
Il s’y consacra sans répit et lui succédera auprès de ses filles récalcitrantes au contrôle de l’Ordre des Déchaussés assuré par le biais de confesseurs imposés. C’est la source de ses épreuves les plus lourdes.
Quiroga en rend compte avec précision et “là où ça fait mal”, respectant la pleine vérité. Sa Vida y virtudes tranche sur celles qui suivront par le soin méticuleux avec lequel il rend compte d’épreuves très concrètes vécues héroïquement. Mais toute vérité n’est pas bonne à dire lorsqu’elle rend évidente une faiblesse collective, même si l’historien évite la mise en cause du plus haut gardien de son Ordre.
Et il publie sa rédaction sans l’autorisation requise par ses supérieurs, en 1628 en Flandre espagnole à Bruxelles. On avance qu’elle était achevée depuis plusieurs années. Des exemplaires envoyés en Espagne par une carmélite, peut-être responsable et certainement très satisfaite de ce travail, mettent le doigt sur une plaie ouverte (entre Quiroga et une autorisationglnon obtenue, entre ces carmélites de Bruxelles et les carmes d’Espagne qui voulaient sûrement en assurer la direction126) S’ensuit le feu aux poudres, la colère en Espagne et une brutale disgrâce : Quiroga meurt “exilé” à Cuenca à la fin de sa même année.
On trouvera de rares études le concernant en dernière partie du présent volume127. Car une omerta semble avoir été pratiquée jusqu’à l’intervention au siècle dernier de dom Chevallier128 suivi d’autres ni n’étaient ni carmes ni Espagnols129.
Certains étrangers oeuvraient déjà au XVIIe siècle en contradiction avec les supérieurs espagnols qui avaient ordonné la rédaction de deux autres Vidas. Ces dernières demeurèrent espagnoles mais les traducteurs français et italiens choisirent à juste titre la source primitive par Quiroga.
La “Vida y virtudes” ainsi lue au XVIIe siècle en français fait apparaître tout le vécu des épreuves. Cette traduction française mériterait une pleine réédition qui n’eut jamais lieu.
Je me limite ici à deux “zooms” centrés sur Tolède (1578) puis sur Úbeda (1591), deux sections comportant chacune une dizaine de chapitres respectant et leur succession et leur intégralité. On y trouvera des enquêtes menées avec le plus grands soin et clarté, citant des témoins, incluant tous détails utiles. Ils sont indispensables pour expliquer sans les excuser comment prirent place deux grandes “méchancetés” qui semblent à première vue incompréhensibles.
Quiroga nous expose clairement et froidement deux enchaînements catastrophiques. En homme contemporain de tueries religieuses européennes ou esclavagistes hispano-américaines, il accepte sans difficulté l’ordre établi de prisons religieuses (épisode de 1578). Ensuite il expose dans les détails les plus corporels les effets et le règne d’une souffrance incontournable à l’époque où un érysipèle d’origine bactérienne conduit souvent à la mort par gangrène lorsqu’il n’est pas traité par un antibiotique (automne 1591).
Au-delà de précisions qui nous font partager les angoisses portées par un prisonnier silencieux dans le noir ; puis dix ans plus tard en une terrible fin de vie, nous comprenons non seulement le comment, mais surtout le pourquoi d’oppositions. Peut-être Jean de la Croix dans son élan et sa jeunesse n’était-il guère sensible aux effets d’une règle du jeu propre à l’exercice mystique appliquée à tous, donc souvent insupportable à ceux qui n’y sont pas appelés sinon par touches espacées.
Cette histoire menée passionnément, mais sans haine explique celle de non-mystiques (à la vie irréprochable) qui se retrouvent enfermés derrière les murailles de couvents lorsque leur nature se retrouve brimée par des Règles. Il n’en est heureusement pas plus de même : l’on admet aujourd’hui que l’on puisse vivre comme laïcs une profonde vie mystique en échappant à de telles contraintes.
Trois parties à mon dossier :
Sections françaises consacrées aux épreuves, rééditées pour la première fois,
Leurs originaux espagnols augmentés d’un choix de chapitres issus de l’imprimé (ici imprimé en petit corps),
enfin les notices et des études sur l’historien Quiroga. Son oeuvre écrite est importante et méconnue, car l’orientation prise par les carmes espagnols sous l’influence de Thomas de Jésus s’écarteront, dans une voie de méditation matinée d’ascèse, de la voie contemplative que Jean de la Croix enseignait pour conduire à une vie mystique 130. Au sein de larges structures l’élan des fondateurs est converti en règle.
À défaut d’avoir pour le moment recours à des manuscrits qui demeurent toujours inexploités131, j’assemble des sources accessibles, dont celles qui ont été imprimées au XVIIe siècle.
Quelques informations situant la première des nombreuses “Vies” de Jean de la Croix composée par l’historien de l’Ordre naissant:
Elle fut éditée (sauvée?) en 1628 en Flandre espagnole? Peut-être grâce à une intervention de la carmélite qui succéda à Anne de Jésus (1545-1621), mystique dédicataire du Cantico qui connaissait bien la Cour de Bruxelles (alors capitale de la Flandre espagnole). Peut-être par suite d’un auteur qui ne veut pas laisser perdre la défense de son saint maître et prend tous les risques en se croyant protégé par cette Cour.
La Vida y virtudes […] con declaracion de los grados de la vida contemplativa por don de N.S. le levanto a una rara perfecion en estado de destierro. Y del singular don que tuvo para enseñar la sabiduria divina que transforma las almas en Dios, présente le grand intérêt de mêler les faits biographiques à l’évolution intérieure mystique. Ce ne sera plus le cas des très nombreuses biographies qui séparent cette première présentation de 1628 de l’excellente biographie offerte par Crisogono vers ~1938, rééditée en 1974, traduite en français en 1998.
De taille très importante, la Vida y Virtudes ne peut être entièrement reprise ici. J’ai choisi de reproduire les ensembles très précis décrivant deux grandes épreuves vécues par Jean de la Croix. Deux blocs de textes livrent les informations les plus précises sur la prison puis la mort de Jean de la Croix : Libro segundo, capitulos 1 - 10 sur l’emprisonnement à Tolède (suivi du cap. 14) ; Libro tercero, cap. 15 – 23 sur la mort, (précédé du cap. 3 expliquant pourquoi un si mauvais traitement fut réservé au saint). Soit : 21 chapitres sur 131 de l’ouvrage complet (auquel on ajoutera 14 chapitres dans la section espagnole).
Pour souligner combien il faudrait recourir aux manuscrits, je livre les fragments publiés anciennement en bilingue dans la revue Études carmélitaines par Ph. Chevallier, moine de Solesmes, section réservée à des « Textes anciens ».
Ce premier dossier laisse de côté, réservé à deux autres dossiers toujours assemblés à partir des imprimés, en espérant un gros travail sur les manuscrits :
La “Subida del alma a Dios que aspira a la divina Union…” qui couvre deux tomes. Cette oeuvre centrale du point de vue mystique est reprise ici. Dans sa seconde partie qui traite de l’Union, De la entrada del alma al Parayso Espiritual, Quiroga complémente ce qui nous est parvenu de Jean de la Croix (on sait que de nombreux écrits de son Maître ont disparu : son oeuvre nous est livrée tronquée et sa correspondance fut détruite).Un Don que tuvo san Juan de la Cruz para guiar las almas a Dios fut publié en complément à l’une des éditions intégrales de l’oeuvre de Juan de la Cruz en 1914 132. Elle fut adaptée par la traductrice carmélite Marie du Saint-Sacrement 133.
L’Apologia mística en defensa de la Contemplación divina constitue une vigoureuse défense de la vie intérieure. Aussi elle a été traduite deux fois. L’apport du plus fidèle des disciples de Jean de la Croix sur le plan du vécu mystique s’impose à tous.
§
On devine l’intention globale de Quiroga : donner aux novices des réponses aux difficultés rencontrées. Il constate que ses confrères s’écartent de la vie mystique en mettant en avant la méditation, ce qui deviendra le vécu de la majorité des carmes par la suite 134.
Aussi n’a t-il pas hésité à donner à sa Subida del alma un titre rappelant la Subida del monte de son Maître. C’est un exposé organisé de la vie mystique « vue de l’intérieur » : il faut aider les jeunes carmes à passer rapidement de la méditation (un à trois mois suffiraient) à la contemplation. Il faut sauter le pas!
§
Avant de fermer le dossier au risque d’oublier les implications de son contenu, voici une appréciation personnelle rédigée sans précaution. Elle est née du travail de lecture lente, à fin de reconnaissance vocale, des deux traductions de « crises vécues ». Deux épreuves subies par Jean de la Croix, mystique chrétien universellement reconnu, car s’appuyant sur un Rien commun à tous, tiennent en moins de cent pages.
Le lecteur sera récompensé à tous niveaux :
Il s’agit d’un concentré excellemment rédigé par l’enquêteur-historien chargé du travail et qui s’est rendu sur place pour mesurer dimensions et fenêtre ; attentif et précis à situer un modèle utilisable par tous, de l’isolement à la fin de vie.
Il s’agit d’un exposé mystique « par l’exemple » et non par les mots : sans échafaudage ni appui connexe joint à la Grâce. Un seul exemple parallèle est offert : la vie et l’épreuve du Seigneur.
Il s’agit d’établir sur la foi nue une vie mystique véritable extrêmement sobre. Elle s’oppose à des détracteurs de bonne foi, mais attachés aux croyances.
Quiroga ne nous livre pas seulement le comment par son exposé des faits bruts, mais aussi le pourquoi.
Sans y mêler de condamnation, sinon celle d’une perversité propre aux deux bourreaux qu’il suppose -- ou veut nous faire supposer – des isolés. L’historien de l’Ordre -- il l‘est encore au moment de sa rédaction – accepte des conditions admises à l’époque, tel l’enfermement des récalcitrants en prisons privées au sein de tous Ordres religieux135.
Clairement, le Père fondateur Jean de la Croix est devenu inacceptable dans son Ordre maintenant normalisé, peuplé par de « braves types » non mystiques, même si certains d’entre eux ont connu (certains connaissent toujours aujourd’hui) l’« instant » qui les a fait choisir une voie abrupte. Mais on ne doit ni ne peut raisonnablement maintenir derrière des murs de jeunes hommes actifs qui pensent, avec pleine raison aux yeux du monde, avoir mieux à faire que de s’isoler « égoïstement », par exemple en convertissant par la parole de sermons et retraites et en assurant le rôle de confesseur, tous moyens humains développés dans une culture religieuse.
Or, contrainte inacceptable aux yeux de Définiteurs qui se réunissent en tant que responsables élus pour prendre des décisions relatives aux orientations de l’Ordre nouveau (à défendre contre l’Ordre ancien non réformé et en compétition avec bien d’autres associations religieuses), Jean de la Croix leur retire un monde féminin nombreux et soumis. Teresa voulait laisser le libre choix du confesseur aux carmélites ? Elles choisissent « notre vénérable Père » Jean de la Croix au moment même où l’on veut se débarrasser d’une influence devenue hors saison !
Les Carmes Déchaussés n’ont plus aucune fonction reconnue si on leur retire celle d’être les confesseurs de leurs sœurs. C’est la clé, là se situe le noeud de l’affrontement136, le choix des Religieuses de prendre Jean de la Croix comme leur directeur général sans en référer aux responsables carmes Déchaussés. Elles sont intéressées par la vie mystique, « planche de salut » des femmes à toutes époques, depuis l’époque des béguines au XIIIe siècle, alors que les hommes ont plein d’occupations possibles : prêcher, convertir ,étudier…
Aussi il est compréhensible que l’on envoie Jean le fondateur fonder au Mexique. Cela ne va peut-être pas suffire s’il guérit de son érysipèle137. D’où l’enquête menée pendant sa maladie. Le décès prévisible compte tenu d’une triste santé règle au mieux la situation. Quiroga essaie bien de préserver à nos yeux le grand responsable de l’Ordre (le fameux Doria), mais sa défense en mettant tout sur le dos d’un jeune enquêteur (certes ignoble) ne paraît pas concluante. Surtout son exposé met à nu une médiocrité humaine allant jusqu’à la perversité que l’on ne peut mettre sur le compte du Diable.
Sa rédaction qu’on lui avait confiée est terminée depuis probablement 1626, mais ne doit pas être éditée et exposer à tous des turpitudes. Quiroga vieillissant franchit enfin le Rubicon : en 1628 il se croit peut-être à l’abri comme un protégé par la cour de Bruxelles animée par la sœur du puissant Charles-Quint. Les carmélites -- nos sœurs, toujours elles -- envoient quelques exemplaires en Espagne. Chiffons rouges ! L’auteur qui n’a respecté la Règle est aussitôt cassé et expédié au fin fond de la province : à Cuenca qui est une belle cité perchée à mille mètres et bien loin de Madrid (deux cents kilomètres d’aujourd’hui), à mi-route de Valence, accessible par de fort mauvais chemins venteux. Il y neige en ce moment même de ma très libre rédaction de novembre 2016). Le vieil historien prend peut-être froid et y meurt (décembre 1628).
La « folie » de son héros, qui l’aveugle si l’on se place du point de vue des défenseurs de la Réforma, est d’avoir voulu construire un Ordre des mystiques. On n’a pas le droit d’imposer à la majorité un comportement adapté à quelques-uns. Tout au plus peut-on fédérer de modestes groupes ne comportant chacun guère plus de douze personnes.
Historia de la Vida y Virtudes del Venerable P. F. Juan de la Cruz 3
& Études 3
Dossier assemblé par Dominique Tronc 3
Introduction 5
Première partie : La Vie du Bienheureux Père Iean de la Croix 15
La Vie du Bienheureux Père Iean de la Croix, premier religieux Déchaussé de la Réforme de Nostre Dame du Mont-Carmel, & coadjuteur de Ste Therese 16
Avec une déclaration des degrez de la vie contemplative, par lesquels N. Seigneur l’éleva à une rare perfection ; et du singulier don qu’il eût pour enseigner la divine Sagesse qui transforme les âmes en Dieu. 16
Livre second, chapitres 1-10 sur l’emprisonnement à Tolède 17
Chapitre premier de quelque succès advenu en ce temps entre les deux congrégations de l’ordre de Notre-Dame du mont Carmel, lesquels menaçaient notre bon Père. 17
Chapitre II. D’une assemblée que firent les Pères Carmes Déchaussez en ce temps, pour obvier au dommage qui les menaçait ; et y traitèrent encore d’autres choses qui concernaient le bien de l’Ordre. 20
Chapitre III. Comme les Pères de l’Observance emprisonnèrent notre bon Père à Avila, pour l’amener à Tolède. 24
Chapitre IV. Les diligences que l’on fit à Tolède vers notre bienheureux Père Jean de la Croix afin qu’il prît l’habit des mitigés, et comme ils l’emprisonnèrent et le tourmentèrent pour n’avoir voulu acquiescer à leur volonté. 27
Chapitre V. De quelques travaux qu’il souffrit en la prison, et avec quelle patience il les supportait. 30
Chapitre VI. Comme notre Seigneur fortifia sa patience ès travaux de la prison par quelques consolations spirituelles des plus extraordinaires. 35
Chapitre VII. De quelques visites très favorables et autres grâces singulières que notre Seigneur et la Sainte Vierge lui firent en la prison. 39
Chapitre VIII. Comme il commença ses livres mystiques en la prison, suivant la connaissance expérimentale qu’il tirait des effets que Dieu opérait en son âme. 43
Chapitre IX. Comme la très Sainte Vierge commanda au bienheureux Père Jean de la Croix de sortir de la prison, et lui en enseigna le moyen. 46
Chapitre X. De la sortie de prison de notre bienheureux Père Jean de la Croix, et combien elle fut miraculeuse. 49
Chapitre XI. Des choses les plus remarquables qui lui advinrent à Tolède, depuis sa sortie, jusqu’à son arrivée au couvent d’Almodovar.
53
Livre troisième, chapitres 15 à 23 sur la maladie et l’agonie 57
Chapitre XV. D’une persécution domestique qui s’éleva contre notre bienheureux Père, comme il tomba malade dans ce désert, et fut menée à Ubede pour y être pansé. 57
Chapitre XVI. Comme son mal s’accrut à Ubede, et la grande joie, et patience héroïque dont il le supportait. 61
Chapitre XVII. Auquel sont déduits d’autres grands travaux que notre bienheureux Père souffrit de la part de celui qui gouvernait le couvent. 64
Chapitre XVIII. De l’aimable providence dont notre Seigneur secourut notre bienheureux Père en sa maladie, et en ses travaux. 68
Chapitre XIX. Comme le diable enflamma de nouveau la persécution domestique entre notre bienheureux Père, procurant d’obscurcir l’éclat de ses vertus. 72
Chapitre XX. En qu’elle affliction et détresse cette persécution réduisit ceux qui était affectionné à notre bienheureux Père, et la joyeuse patience dont il la supportait. 77
Chapitre XXI. Comme cette persécution contre notre bienheureux Père prit fin, et comme l’auteur d’icelle fut puni. 80
Chapitre XXII. Comme il eut révélation du jour et de l’heure de sa mort, et comme notre Seigneur lui fit part du calice de sa passion, pour comble des grâces qui lui avaient faites. 83
Chapitre XXIII. De la précieuse mort de notre bienheureux Père Jean de la Croix, et comme il s’y disposa heureusement. 85
Deuxième partie : Historia de la Vida y Virtudes del Venerable P. F. Juan de la Cruz 91
Fortunado Antolin présente la Vida y Virtudes 93
II. LA VIDA DE SAN JUAN DE LA CRUZ 93
La obra 93
Un choix de chapitres du Libro primero 103
Cap. 4. Como fue a estudiar al colegio de su Orden de Salamanca, cuán ejemplar fue allí su vida y cuán frecuente su oración. 103
[…] 105
Cap. 9. De la fundación del Monasterio de Duruelo, principio de los Descalzos de Nuestra Señora del Carmen, cuyo primer habitador fue el padre Fray juan de la Cruz. 105
Cap. 10. Donde se describe el edificio y adorno del monasterio de Duruelo, planta fundamental del Carmelo renovado. 108
[…] 111
Cap. 12. Cómo iba Nuestro Señor perfeccionando el espiritu de nuestro Venerahle Padre, y despojándole de las ropas del hombre viejo para vestirle de sus resplandores. 111
[…] 113
Cap. 15. Como le comunicó el Espiritu Santo el don de maestro de la sabidurfa del cielo y con qué aprovechamiento la ensefiaba a sus discípulos. 113
[…] 117
Cap. 17. De la fundación de religiosos de Pastrana, y traslación de la de Duruelo a Mancera, y jornada del Padre Fray Juan de la Cruz a Pastrana a dar forma primitiva a aquel noviciado. 117
[…] 119
Cap. 25. De las heroicas virtudes del padre Fray juan de la Cruz y cuán ilustrada tuvo la fe. 119
[…] 122
Cap. 30. Que la caridad luminosa de nuestro Venerable Padre era tan intensa en el espíritu que comunicaba algunas veces su resplandor al cuerpo. 122
Cap. 31. De su caridad iluminativa con que a modo de serafin iluminaba y encendia a otros en el fuego en que él ardía 125
[…] 128
Cap. 33. Cuán gran maestro fue de la vida espiritual y cuán acertado conocimiento tuvo de los caminos de ella, para guiar las almas a su perfección. 128
Cap. 34. Del don particular que tuvo de Dios para despenar almas muy trabajadas con dificultades de espíritu o de conciencia. 130
[…] 133
Cap. 36. Que en el gobierno de las almas contemplativas huía de dos extremos con que algunos maestros espirituales abren la puerta a engaños del demonio. 133
[…] 137
Cap. 46. Del gran amor que tuvo a la virtud de la humildad y cómo la ejercitaba en los afectos más dificultosos y contrarios a ella. 137
[…] 139
Cap. 48. de la ilustrada prudencia de nuestro Venerable Padre y cuán provechosamente la exercitaba. 139
Libro segundo, capitulos 1 - 10 sur l’emprisonnement à Tolède (suivi du cap. 14) 143
LIBRO SEGUNDO DE LA HISTORIA DEL VENERABLE PADRE FR. JUAN DE LA CRUZ 143
Cap. 1. De algunos sucesos que hubo en este tiempo entre las dos Congregaciones de Calzados y Descalzos de nuestra Orden que amenazaban a nuestro V. Padre. 143
Cap. 2. De una junta que se hizo de Descalzos en este tiempo para remedio de los daños que los amenazaban, y tratar de otras cosas convenientes a su congregación 146
Cap.3 De la prisión de nuestro venerable Padre Fray Juan de la Cruz por los Padres Calzados en Avila para llevarle a Toledo. 150
Cap. 4. De las diligencias que se hicieron en Toledo con el Padre Fray Juan de la Cruz, para que volviese a calzarse, y por resistirlo le encárcelaron y afligieron. 152
Cap. 5. De algunos de los trabajos que el Venerable Padre padeció en la cárcel, y de la paciencia con que los llevaba. 155
Cap. 6. Cómo esforzó nuestro Señor su tolerancia en los trabajos de la cárcel con algunos consuelos espirituales de los muy extraordinarios. 159
Cap. 7. De algunas visitas muy favorables y otras qrandes mercedes que Cristo nuestro y la Vigen su Madre le hicieron en la cárcel. 163
Cap. 8. Que en la cárcel dio principio a sus tratados místicos según el conocimiento experimental, que sacaba de los efectos que obraba Dios en su alma. 167
Cap. 9. Cómo la Virgen nuestra Señora mandó al Padre Fray Juan de la Cruz. que se saliese de la cárcel, y le dio traza para la salida. 170
Cap. 10. De la salida de la cárcel del Venerable Padre Fray Juan de la Cruz, y cuán milagrosa fue. 172
[…] 176
Cap. 14 Que en este tiempo trabajó algunos de los tratados misticos que dejó escritos, y renovó el ejercicio de la contemplación divina, entonces tan poco usada. 176
Libro tercero, cap. 15 – 23 sur la mort, (précédé du cap. 3) 183
Cap. 3. Cómo le hicieron Vicario Provincial de la Andalucia, las cosas de reformación que introdujo en ella, y los peligros de que le libró la Virgen contra el demonio. 183
[…] 187
Cap. 15. De una persecución doméstica que se levantó al Venerable Padre, la enfermedad que le dio en la Peñuela, y como le llevaron a curar a Ubeda. 187
Cap. 15. De una persecución doméstica que se levantó al Venerable Padre, la enfermedad que le dio en la Peñuela, y como le llevaron a curar a Ubeda. 188
Cap. 16. Como se le agravó mucho en Ubeda la enfermedad, y la gran paciencia y alegría con que la llevaba. 191
Cap. 17. De otros grandes trabajos que en esta enfermedad padeció de parte del Prelado que gobernaba el Convento. 194
Cap. 18. De la amable providencia con que soccorió nuestro Señor en su enfermedad y trabajo al venerable Padre. 198
Cap. 19. Como encendió más el demonio la persecución doméstica contra el Venerable procurando oscurecer el resplandor de sus virtudes. 201
Cap. 20. En cuánta aflicción y angustia paso esta persecución a los aficionados del Venerable Padre, y la alegre tolerancia con que él la llevaba. 206
Cap. 21. Del fin que tuvo esta persecución contra nuestro Venerable Padre, y como fue castigado quien la había movido. 209
Cap. 22. Como tuvo revelación del dia y hora de su muerte, y le comunicó nuestro Señor el cáliz de su pasión para colmo de las mercedes que le había hecho. 211
Cap. 23. De la dichosa muerte de nuestro Venerable Padre Fray Juan de la Cruz, y cuán felizmente se dispuso para ella. 214
Edition partielle bilingue de deux chapitres manuscrits (dom Chevallier) 219
« LA PAUVRETÉ DE L’AME QUI CHANTE LE CANTIQUE SPIRITUEL » 219
[Présentation par dom Chevallier] 219
228 220
Capit 18. Como yva nro Senor perfiçionando el espiritu de nro venerable Padre con un fuerte despojo de las ropas del hombre viejo para vestirle de sus divinos resplandores. 220
Capit. 19. Que con este despojo de la ropa imperfecta le yvan vistiendo a la perfecto y el caminando de la vida natural a la sobrenatural. 229
Capit. 20. De las heridas de amor con que nro Seinor, le llago en este tiempo y renovo su espiritu a lo divino para unirle consigo. 236
Troisième partie : Notices et Études 241
FORTUNATO DE JESUS SACRAMENTADO OCD 243
Notice del diccionario Juan de la Cruz 243
José de Jesùs Maria, Quiroga, OCD (1562-1628) 243
Début de l’introduction à l’édition de “Vida y virtudes…” . 247
I. EL P. JOSÉ DE JESÚS MARIA. DATOS BIOGRÁFICOS 247
Superior 250
Procurador en el proceso teresiano 250
El Escritor 251
Obras impresas 252
Obras inéditas 254
Notice du Dictionnaire de spiritualité 257
11. JOSEPH DE JÉSUS-MARIE (QUIROGA), carme Déchaux, vers 1562-1628. 257
1. Vie. 257
2. Œuvres. 257
3. Doctrine. 260
JEAN KRYNEN 265
La mystique baroque dans le Carmel de la Réforme 265
CHAPITRE III La mystique baroque dans le Carmel de la Réforme 265
APPENDICE III La postérité de la doctrine de Quiroga en Espagne 311
Max HUOT DE LONGCHAMP 313
Introduction à l’Apologie mystique 313
I - José de Jesùs Maria (1562-1628)/1 313
Il — L’Apologie mystique 316
Circonstances, destinataires, rédaction 316
Quiroga, directeur spirituel 318
III - Notre édition 323
Annexe : choix d’éditions de Quiroga disponibles aujourd’hui sur le net & en impression papier 327
Fin d’ouvrage 334
Données de mise en forme 334
José de Jésus Maria [Quiroga] 1562-1628, L’Oraison (adaptation par la Mère Marie du Saint-Sacrement) & Réponse à un doute, Apologie mystique en défense de la Contemplation divine (traductions par le Père Max de Longchamp), coll. « Chemins mystiques », 440 p.
L’ORAISON 5
PRÉFACE par la Mère Marie du Saint-Sacrement. 7
DONNEES BIOGRAPHIQUES SUR LE P. DE QUIROGA 19
L’ ORAISON SELON SAINT JEAN DE LA CROIX, SAINT THOMAS D’AQUIN ET SAINT DENIS. 21
CHAPITRE I. Saint Jean de la Croix maître dans la science mystique. 21
CHAPITRE II. Trois dispositions nécessaires pour arriver à la contemplation. 23
CHAPITRE III. Les trois parties de l’oraison. 27
CHAPITRE IV. Nécessité des Vertus pour parvenir à la contemplation. 32
CHAPITRE V. La Contemplation de Dieu par une notion de foi simple et amoureuse, but de la méditation. 36
CHAPITRE VI. Des Maîtres Spirituels qui entravent la marche des âmes contemplatives. 39
CHAPITRE VII. Du moment où les âmes doivent laisser de côté les actes discursifs des commençants. 43
CHAPITRE VIII. De la nécessité pour les contemplatifs de purifier leur entendement des images sensibles. 51
CHAPITRE IX. Comment les âmes arrivées à la contemplation doivent éviter les actes particuliers. 54
CHAPITRE X. Des actes produits sous la motion divine, qui accompagnent l’attention générale et simple. 60
CHAPITRE XI. Purité et Simplicité oú l’ âme doit se trouver pour recevoir la lumière divine. 62
Chapitre XII. Comment Dieu communique à l’âme la divine lumière. 66
CHAPITRE XIII. De certains contemplatifs qui ne savent pas se dégager entièrement de la raison. 73
CHAPITRE XIV. Des Affections simples et enflammés. 78
CHAPITRE XV. Difficultés qu’éprouvent les nouveaux contemplatifs à persévérer dans l’acte pur de la contemplation. 81
CHAPITRE XVI. Comment, pour être mûe hautement et divinement, l’âme doit réduire au repos ses opérations naturelles. 86
CHAPITRE XVII. Où l’on insiste sur la paix et la sérénité indispensables à la réception des influences divines. 89
CHAPITRE XVIII. De trois connaissances de Dieu. 91
CHAPITRE XIX. Comment dans la contemplation l’âme n’est point oisive. 97
CHAPITRE XX. Comment l’âme dans la contenplation exerce une opération plus parfaite. 101
Chapitre XXI. De la meilleure disposition pour goûter Dieu dans la contemplation. 103
Chapitre XXII. 107
Chapitre XXIII. Erreur des nouveaux contemplatifs qui se figurent rester oisifs. 110
Chapitre XXIV. Eloges donnés par les Saints à la contemplation simple. Conseils aux nouveaux contemplatifs. 113
Chapitre XXV. Réponse à ceux qui se plaignent que notre bienheureux Père semble condamner la méditation discursive. 118
Chapitre XXVI. Réponse à ceux qui avancent que la contemplation simple est contraire à la saine philosophie. 120
Chapitre XXVII. Réponse à deux autres objections contre la contemplation exerçée en négation des formes sensibles et intellectuelles. 124
Table des matières 131
Réponse à un doute 135
(Max de Longchamp) 135
Introduction 137
(Max Huot de Longchamp) 137
Réponse à un doute concernant la doctrine de notre saint Père Frère Jean de la Croix en matière d'oraison 141
Apologie mystique en défense de la Contemplation divine 147
(Max de Longchamp) 147
Prologue au lecteur 149
ICI COMMENCE L'APOLOGIE MYSTIQUE EN DéFENSE DE LA CONTEMPLATION 156
Chapitre 1 Que les auteurs modernes, auxquels s'opposent certains scolastiques, n'ont pas enseigné une doctrine nouvelle sur la contemplation divine, mais à bien exercer celle que Dieu a enseignée à ses véritables amis 156
Chapitre 2 Comme il y a deux manières de contemplation divine, l'une plus élevée que l'autre ; laquelle des deux nous recommandent les saints 167
Chapitre 3 Sur la fausse contemplation des Alumbrados, et sur les grands égarements et erreurs dont le démon les a convaincus par elle 177
Chapitre 4 Où l'on expose l'acte propre de la véritable contemplation, et quelques unes des perfections par lesquelles les saints ont fait son éloge 187
Chapitre 5 Que cet acte de contemplation s'accompagne inséparablement de la quiétude simple et vigilante en laquelle Dieu se communique aux véritables contemplatifs 203
Chapitre 6 Où l'on expose plus à fond cette quiétude de la contemplation, et combien rares sont ceux qui la conservent comme les saints le recommandent 217
Chapitre 7 Que l'effort de la volonté en quiétude de l'entendement aide aux effets de la contemplation, et comment il faut s'y employer en elle 228
Chapitre 8 A quel moment et en quelles circonstances il faut aider l'effort de la volonté dans l'oraison pour qu'il soit profitable 242
Chapitre 9 Que dans l'acte universel et simple de la contemplation, l'âme est tout entière employée en Dieu et en exercice de toutes les vertus 254
Chapitre 10 Où l'on répond à quelques objections opposées à cette contemplation, les réfutant par la doctrine de saint Denys provenant des Apôtres, et où l'on traite des visions sensibles 264
Chapitre 11 De la sécurité et de l'excellence des visions intellectuelles qui élèvent l'homme à la véritable connaissance de Dieu et à la véritable participation à sa sainteté 274
Chapitre 12 Du concept super-substantiel par lequel l'entendement doit avancer vers Dieu dans la contemplation pour que l'âme participe à ses perfections divines 289
Chapitre 13 Qu'en la contemplation quiète que les mystiques appellent "passive", l'âme a une opération propre, en l'entendement comme en la volonté 298
Chapitre 14 Combien les saints ont conseillé la continuité ininterrompue de l'acte simple de la contemplation pour en recevoir les effets 307
Chapitre 15 Comme il convient de varier l'oraison avec profit, et sans empêcher les principaux effets de l'illumination divine 314
Chapitre 16 Comment il convient de mettre en oeuvre les notices de l'humanité du Christ, Notre-Seigneur, dans la contemplation, sans en troubler les principaux effets 328
Chapitre 17 Qu'en créant l'homme, Dieu lui a communiqué la contemplation intellectuelle simple pour qu'il le contemple et le vénère à la manière d'un ange viateur 341
Chapitre 18 Que Dieu a concédé la même contemplation à d'autres saints patriarches dans la Loi de Nature, avec des faveurs particulières 353
Chapitre 19 Que le Seigneur a aussi concédé cette contemplation divine à Moïse quand il lui a donné la Loi Ecrite, et à Elie quand il lui a donné la forme de la vie parfaite 359
Chapitre 20 Comment, en d'autres temps de la Loi Ecrite, le Seigneur nous a donné des connaissances accréditées par ses prophètes au sujet de cette contemplation où il se communique à nous 372
Chapitre 21 Que le temps de la Loi de la Grâce étant arrivé, Dieu a enseigné par sa bouche cette contemplation qu'il avait enseignée auparavant par la bouche de ses prophètes 378
Chapitre 22 Comment les Apôtres ont enseigné à leurs disciples la contemplation qu'ils avaient reçue du Christ Notre-Seigneur pour qu'ils la communiquent à toute l'Eglise 385
Chapitre 23 Des effets de la contemplation divine, et comment se reçoit en elle l'opération de Dieu en vue des biens surnaturels qui rendent l'homme semblable à lui 397
Chapitre 24Des deux manières dont Dieu meut l'âme dans l'oraison, l'une commune et l'autre extraordinaire, et comment il faut se comporter en la commune pour ne pas y mettre obstacle 405
Chapitre 25 Des motions de secours particuliers que Dieu opère en l'âme contemplative, parfois de façon suave, parfois de façon pénible pour la purifier 416
Chapitre 26 Que dans la fournaise de la tribulation, Dieu dépouille l'âme de ses imperfections, et d'abord des habitus vicieux acquis dans la partie spirituelle 427
Chapitre 27 Comment, dans cette fournaise purgative, Dieu dépouille l'âme des imperfections naturelles du vieil homme pour la revêtir de ses splendeurs 440
Chapitre 28 Qu'après avoir été purifiée des imperfections acquises et naturelles, l'âme est revêtue sur un mode divin pour être unie à Dieu 451
Chapitre 29 De l'union transformée en Dieu, où l'âme est rendue au paradis intérieur d'où Adam fut chassé par le péché 459
José de Jésus Maria [Quiroga] 1562-1628, Subida del alma a Dios que aspira a la divina Union (1656) Segunda parte: De la entrada del alma al Parayso Espiritual (1659), Don que tuvo sans Juan de la Cruz, Repuestas, Apología mística en defensa de la Contemplación divina, 2016, transcriptions des éditions primitives par D.Tronc, coll. « Chemins mystiques », 604 p.
Subida del alma a Dios que aspira a la divina Union (1656)
Segunda parte: De la entrada del alma al Parayso Espiritual (1659)
Don que tuvo sans Juan de la Cruz
Repuestas
Apología mística en defensa de la Contemplación divina
Table détaillée
Subida del alma a Dios que aspira a la divina Union (1656) 3
[titre] 4
[début d’ouvrage] 4
PROLOGO. 4
Libro primero 6
Capitulo Prinero. De tres movimientos con que camina el alma en la oracion al conocimiento y amor de Dios. 6
CAPITULO II. Del primer movimiento del alma en la oracion, y como es propio de los principiantes. 7
CAPITULO III. Como en este primer movimiento del alma se exercita la meditacion imaginaria. 8
CAPITULO IV. Que para sacar provecho de la meditacion, se ha de quietar el alma en la ponderacion de lo meditado. 9
CAPITULO V Como despues que el alma ha hecho ponderacion de los misterios meditados, se ha de disponer para que la luz divina imprima ma en ella otra mayor ponderecion dellos. 11
CAPITULO VI. Que los misterios de la vida y Passion de Christo nuestro Señor han de ser los medios mas ordinarios de nuestra meditacion. 13
CAPITULO VII. Quanto tiempo han de estar en estado de meditacion, y como conoceran que pueden passar a contemplacion. 15
CAPITULO VIII. De la especulacion afirmativa de Dios, que es propria deste primer movimiento del alma. 18
CAPITULO IX. Como se ha de aver el contemplativo en la especulacion afirmativa, para sacar provecho della. 22
CAPITULO X. Como se ha de encaminar la especulacion de Dios, para ser ilustrada el alma con sus dones. 25
CAPITULO XI. Como se ha de usar de la leccion devota, para ayudar a la oracion, y no estorbarla. 29
CAPITULO XII. Del exercicio de la mortification, para moderar las passiones con las virtudes morales. 30
CAPITULO XIII. Del segundo movimiento del alma, y a que personas mas principalmente toca. 32
CAPITULO XIV. De tres caminos per donde el alma puede subir al conocimiento de Dios en la oracion, y mejorarse en ella. 34
CAPITULO XV. Con que circunstancias ha de exercitar el alma los actos particulares en este segundo movimiento. 37
CAPITULO XVI. Que se ha de desembaraçar presto el alma de las noticias particulares, aunque sean sobrenaturalmente comunicadas, para bolverse al acto de noticia universal. 40
CAPITULO XVII.Como se han de exercitar en la oracion los actos particulares a modo intelectual, para que sean mas provechosos. 42
CAPITULO XVIII. Del movimiento del alma tercero, en que se exercita la contemplacion perfecta. 44
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[…] 46
[Libro secundo] 46
[…] 46
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Libro tercero de la subida del alma a Dios 46
CAPITULO PRIMERO Como purifica Dios a las almas contemplativas, unas vezes a lo suave, y otras a lo penoso, y quan util es la purgacion penosa. 46
CAPITULO II. De la sustancia desta purgacion, quanto a la Parte sensible del alma. 49
CAPITULO III. Desta misma purgacion, quanto a la parte intelectual, y de diversas aflicciones que causa en el alla, con que la van purificando. 51
CAPITULO IV. De alguna señales desta purgacion, y como no es de una manera en todos los que son purgados. 53
CAPITULO V. Como se ha de aver el contemplativo en esta purgacion, para sacar provecho de ella, sin fatiga del alma. 54
CAPITULO VI. Como ha de resistir el alma en este tiempo a las baterias del demonio, sin daño de la salud. 56
CAPITULO VII. Que para ser perfecta la vida contemplativa, se ha do mezclar con la activa, que toca a nuestra propria reformacion. 58
CAPITULO VIII. De dos medios desta reformación propria: uno de las virtudes morales, y otro de las infusas; y como disieren entre si. 59
CAPITULO IX. Que para alcançar estas virtudes en la oracion, se han de azer diferentemente los que comiençan, y los que ya van aprovechando. 60
CAPITULO X. Que con la contemplacion quieta y abstraida se perficiona mas el alma en la mortificacion y reformacion propria, que con ningunotro exercicio. 63
CAPITULO XI. A quanto mas alta reformación es levantada el alma por el aumento de las virtudes infusas que recibe en la contemplación, que por el exercicio de las virtudes morales en la vida activa. 67
CAPITULO XII. Quanto mas prompta esta el alma para bien obrar con la virtud infusa que alcança en la contemplacion, que con la adquirida por su exercicio. 69
CAPITULO XIII. Como dentro del acto de contemplación se puede mezclar el exercicio particular de virtudes, sin impedir los efectos infusos de la misma contemplacion. 70
CAPITULO XIV. De la presencia de Dios fuera de la oracion, con que se mezcla la vida activa, que toca a la utilidad de otros, con la contemplativa. 74
CAPITULO XV. Que esta presoncia de Dios no ha de ser una misma en los principiantes, y en los aprovachados. 76
CAPITULO XVI. Con que moderacion se ha de user de la presencia de Dios imaginaria, para evitar los daños de cuerpo y espiritu que puede causar. 76
CAPITULO XVII. Quan imperfecta es la presencia de Dios imaginaria, hasta que llega a ser intelectual. 78
CAPITULO XVIII. Que este exercicio de la presencia de Dios, aunque es dificultuoso a los imperfectos, se va falicitando con la mejoria del alma en la propia reformacion. 80
CAPITULO XIX. Que por humilidad se sube a la contemplacion, y que no ay otro camino para llegar a ella. 81
CAPITULO XX. Como han de caminar a alcançar esta humildad, assi los principiantes, como los aprovechados. 82
CAPITULO XXI. De algunos efectos de humildad que tocan a los contemplativos. 85
CAPITULO XXII. En que se cifra toda la perfeccion de un verdadero contemplativo. 87
Segunda parte de la Subida del alma a Dios : De la entrada del alma al Parayso Espiritual (1659) 94
[Brève présentation] 94
Libro primero, de la entrada del Alma al Parayso Espiritual 96
CAPITULO I. De las comunicaciones sobrenaturales a que suelen serlebantados algunas almas en la contemplacion Divina muy ilustrada. 96
CAPITULO II. De la primera elevación de la parte sensible, que es recogimiento infuso. 98
CAPITULO III. Que los recogimientos infusos de la parte sensible, son llamamientos de Dios a la contemplación intelectual. 101
CAPITULO IV. Como se ha de obedecer a los llamamiento a de Dios en estos recogimientos, y acomodarlos a nuestra seguridad. 103
CAPITULO V. De otra comunicación infusa, mas copiosa en el apetito sensitivo, que llaman oración de quietud. 107
CAPITULO VI. De muchas maneras de quietud, que puede aver en la oración, y como disiere la verdadera de la falsa. 110
CAPITULO VII. De las circumstancias, que ha de tener la quietud en la Oración mental, para la contemplación y comunicación de Dios. 116
CAPITULO VIII. De los efectos desta oración de quietud infusa, con que se comiença a perficionar el alma en la vida espiritual. 119
CAPITULO IX. De otro recogimiento muy durable del apetito sensible entre los exereicios de la vida activa, y como se ha de ordenar para que sea mérito io. 123
CAPITULO X. De otra elevación mayor de la parte sensible, que llaman embriaguez espiritual. 127
CAPITULO XI. Como se han de moderar los exercicios en estas comunicaciones suaves de la parte sensible, para no dañar a la salud. 130
CAPITULO XII. De la gula espiritual de los que en la oración van à gustos sensibles, y no a desnudez de espíritu. 133
CAPITULO XIII. De algunas sequedades de los contemplativos, que proceden de no conocer el movimiento de las potencias, y lo que Dios obra en ellas. 136
CAPITULO XIV. De dos maneras de devoción, y que la principal se exercita aun entre las sequedades. 141
CAPITULO XV. De algunos favores que en el estado imperfecto haze nuestro Señor a algunos contemplativos, para acercarlos mas a si, y esforçarlos mucho. 145
CAPITULO XVI Del peligro que tienen almas imperfectas, favorecidas en la oración, y como se han de vaer para caminar seguras. 150
CAPITULO XVII De dos estreñios, entrambos peligrosos, que se hallan en algunos Maestros, que goviernan almas de oración, y del medio mas seguro entre estos dos peligros. 154
CAPITULO XVIII. De las primeras ansias de Amor de Dios de las almas contemplativas en estado aun no perfecto. 158
CAPITULO XIX. De otras ansias de amor do Dios mas espirituales en los contemplativos, que van aprovechando. 161
CAPITULO XX. De la contemplación ya mas ilustrada de las almas que han passado por la primera purgación del espíritu. 164
CAPITULO XXI. De la contemplación de mystica Teología, ilustrada a lo sobrenatural. 168
CAPITULO XXII. De otra contemplación deste mismo genero, muy sutil, y poco percebida : y como se ha de aver el alma en ella para lograr sus efectos. 173
CAPITULO XXIII. De otro grado de contemplación de mystica Teología, mas copiosamente ilustrado. 178
CAPITULO XXIV. De otra comunicación muy copiosa de Sabiduría mystica, que llaman embriaguez espiritual los Mysticos. 182
CAPITULO XXV. Que para las comunicaciones Divinas sobrenaturales, se ha de disponer el contemplativo con humildad y pureza de Alma. 186
CAPITULO XXVI. De los aprietos y tribulationes que padece el alma en el crisol espiritual, donde la purifican para la union Divina. 192
CAPITULO XXVII. De otros trabajos y aflicciones que en esta purificación padece el alma, assi de parte del Demonio, como de la influencia Divina. 197
CAPITULO XXVIII. De las ansias de amor inflamado, en que se purifica el alma para la union Divina, y comiença a participar della. 201
CAPITULO XXIX. De los toques Divinos de conocimiento y amor de Dios en el alma contemplativa, como disposiciones ultimas para la Divina union. 206
CAPITULO XXX. Como entendieron los Santos este modo de tocar Dios a las almas puras para despertarlas a su conocimiento y amor, unirlas consigo. 211
Libro secundo de la entrada del Alma al Parayso Espiritual 216
CAPITULO I. De los primeros actos de union Divina, que son como prendas del Desposorio Espiritual del Alma con Dios. 216
CAPITULO II. De algunas calidades desta union Divina, y quan rara es la verdadera disposición para ella. 219
CAPITULO III. De quan mejorada queda el alma con esta Divina union, y de algunos de sus efectos. 222
CAPITULO IV. De una union de nuestra voluntad con la de Dios, a que pueden llegar activos y contemplativos. 226
CAPITULO V. De las joyas Divinas con que en el estado de union hermosea Dios al alma para los desposorios espirituales. 229
CAPITULO VI. De la fragua intensa de los Serafines, donde acendran mas el amor del alma contemplativa para los Divinos desposorios. 233
CAPITULO VII. De la nobleza deste fuego, en que cauterizan al alma los Serafines, y quan inclinada la dexan a Dios en el olvido de si mesma. 237
CAPITULO VIII. De la union que causa rapto, donde lebantan al alma al sublime estado de Esposa del Verbo Divino. 239
CAPITULO IX. Donde se declaran algunas dificultades destos raptos, y dos maneras de comunicaciones que ay en ellas. 244
CAPITULO X. De otro rapto mas elevado, y nuevas joyas, que en él conceden al alma contemplativa. 248
CAPITULO XI. Como en estos raptos tan elevados llega el alma contemplativa en el destierro a participar la vida de la Patria. 251
CAPITULO XII. De otro rapto al cielo Empíreo, en participacion de música Celestial. 255
CAPITULO XIII. Como en el estado de union ordena la voluntad con el amor de Dios todas las operaciones del alma. 259
CAPITULO XIV. De las visiones intelectuales indistintas, en el estado de union suele hazer Dios al alma. 264
CAPITULO XV De otra vision intelectual distinta de Christo nuestro Señor, y de su gran excelencia, que toca a este lugar. 267
CAPITULO XVI. De una participación de Bienaventurança en perfección de virtudes, de que goza el alma en estado de union. 271
CAPITULO XVII. De unas ansias de amor muy espirituales, è intensas, que disponen al alma para la union habitual. 274
CAPITULO XVIII. Que algunas almas contemplativas llegan a ser felizmente informadas a semejanza de la Suprema Ierarquia del Cielo. 279
Libro tercero de la entrada en el Parayao Espiritual : donde se trata de la union habitual, y Espiritual matrimonio. 284
CAPITULO I. Del estado de union habitual, donde el alma es admitida al Parayso interior, que està dentro della. 284
CAPITULO II. Como entendieron los Santos y Maestros sabios esta union habitual del alma con Dios. 287
CAPITULO III. Como en este estado de union habitual es introducida el alma en el parayso espiritual, donde Dios reside en ella. 292
CAPITULO IV. Quando concurren juntas la union actual, y la habitual, y la diferencia que ay entre assistir a Dios las potencias, o estar unidas con èl. 297
CAPITULO V. De la celebración misteriosa del matrimonio espiritual, con personal asistencía del Esposo Divino. 299
CAPITULO VI Quan lebantada, è intima comunicación da Divinas influencias recibe al alma da Dios en el estado de union habitual. 303
CAPITULO VII. Como on este estado es el alma movida de Dios, especialmente en todas sus operaciones. 306
CAPITULO VIII. Como las almas transformadas en Dios pueden exercitar en un mismo tiempo las dos vias activas y contemplativas, sin que la una impida a la otra. 310
CAPITULO IX. Como en este estado de union habitual cessan los arrobamientos y éxtasis, que enagenan. 313
CAPITULO X. Que en este estado dá Dios al alma transformada altissimas noticias de los misterios de su Encarnación, con dulces sentimientos dallos. 318
CAPITULO XI. Que en el estado de transformación de amor Divino goza el alma desde el destierro una feliz participación de la vida de la Patria. 321
CAPITULO XII. Del Reyno de Dios, que el alma transformado en èl goza dentro de si misma con gozo y paz de Bienaventurança començada. 324
CAPITULO XIII. De una eminentissima contemplación, que los transformados en Dios exercitan en participación de vida celestial. 328
Don que tuvo san Juan de la Cruz para guiar las almas a Dios 332
Source 332
Apendice III, Don que tuvo San Juan de la Cruz para guiar las almas a Dios, Por el Padre Fray José de Jesús María (Quiroga), Carmelita Descalzo, Primer Historiador General de la Reforma. 333
A guisa de Prologo [Présentation de l’éditeur] 333
DON QUE TUVO SAN JUAN DE LA CRUZ PARA GUIAR LAS ALMAS A DiOS 338
Capítulo primero. Dios ilustró a San Juan de la Cruz con sabiduría celestial para que fuese guía de las almas. Propósito del autor en esta obra. 338
Capitulo II Respóndese por qué no trató el Santo en sus Libros de la meditación ordinaria, y se dice cómo señala tres cualidades que ha de tener el alma para poder llegar a la contemplación. 341
Capítulo III. Enseñaba el Santo prácticamente a sus discípulos las tres partes da la oración, a saber: la representación de los misterios, la ponderación y la aleación amorosa a Dios, Inculcándoles se detuviesen más en esta última. 344
Capítulo IV. Enseñaba a sus discípulos que para llegar a la contemplación era necesario adquirir las virtudes y desarraigar los afectos desordenados. 348
Capítulo V. Decláranse dos cosas que el Místico Doctor proponía para subir a la contemplación, a saber: recoger todas las fuarzas del alma para ser ilustradas de Dios, y no hacer pie en revelaciones. 351
Capítulo VI. Sentía mucho el Santo que algunos maestros espirituales, por no entender !as vías del espíritu, atasen las almas contemplativas a lo sensible, impidiendo con esto la obra del Espíritu Santo en ellas. 354
Capítulo VII. Explica el autor con doctrina del Santo cómo se adquiere el hábito de la meditación y dice que las almas que han llegado a contemplación no deben ejercitarse en actos discursivos como los principiantes. 357
Capítulo VIII. Pruébase que la Orden Carmelitana siempre ha tenido por fin principal la contemplación, y que a éste encaminaba San Juan de la Cruz a sus discípulos. 363
Capítulo IX. Demuestra el autor que los medios porque el Santo conducía a sus dirigidos a la contemplación los sacaba de los fundamentos de la Orden Carmelitana. 366
Capítulo X. Que para la contemplación es necesario purificar el entendimiento de las imágenes y semejanzas de las cosas corpóreas. Dice también el autor que hay dos especies de contemplación. 370
Capítulo XI. Defiéndese con autoridad de gravísimos autores lo que enseña el Santo, de que las almas entradas ya en la contemplación deben cesar en actos particulares y quedarse en una advertencia general amorosa y sencilla. 372
Capítulo XII. Defiende otro pasaje del Místico Doctor, y prueba con su doctrina que para la contemplación debe el alma estar en gran puraza y sencillez, y vestida de la luz de la fe. 378
Capítulo XIII. Pruébase cómo al punto que el alma está dispuesta, sin hacer nada de suyo Dios la comunica la luz divina de la contemplación. 382
Capítulo XIV. Explicase en qué consiste la ADVERTENCIA AMOROSA que enseña San Juan de la Cruz, y se deshacen varios engaños de los que no han comprendido esta doctrina. 386
Capítulo XV. En la contemplación se debe ocupar el alma en sencillos y encendidos afectos. 390
Capítulo XVI. Se explica y defiende lo que dice el Santo que para ser movida el alma alta y divinamente han de quedar antes adormidos sus movimientos naturales. 396
Capítulo XVII. Pruébase que la paz y serenidad con que el contemplativo ha de recibir las influencias divinas es perturbada por la representación de las imágenes del discurso y por el movimiento activo y solícito del alma. 398
Capítulo XVIII. Explícase cómo en la contemplación no está ociosa el alma y cómo en ella se imprimen las virtudes. 404
Capítulo XIX. Pruébase que los términos ACTIVO y PASIVO que usa el Santo Padre son admitidos, no sólo en la Teología Mística, sino también en la Escolástica. 407
Capítulo XX. La mejor disposición para conseguir la devoción y gustar la dulzura y suavidad que Dios comunica en la contemplación es la sencillez y paz del alma. 409
Capítulo XXI. Declárase más la doctrina del capítulo anterior. 412
Capítulo XXII. Se refiere cómo San Juan de la Cruz hizo gran fruto en la Descalzez con su doctrina sobre la contemplación. Tráense a este propósito dos pasajes de Nuestra Madre Santa Teresa. 420
TITRES DE CHAPITRES ADAPTES PAR MERE MARIE DU SAINT SACREMENT: 426
Repuesta a algunas razones contrarias a la contemplacion afectiva y oscura 429
Respuesta a una duda de la doctrina 438
Respuesta a una duda de la doctrina de N'ro. Santo P.e fr. Juan de la Cruz en materia de Oracion. 438
Apología mística en defensa de la Contemplación divina 447
Prólogo al lector 447
(f° VII) TABLA DE LOS CAPíTULOS DE LA APOLOGíA MíSTICA 448
(f° 1) COMIENZA LA APOLOGíA MíSTICA EN DEFENSA DE LA CONTEMPLACIóN 451
Capítulo 1 Que los autores modernos a quien algunos escolásticos se oponen, no enseñaron doctrina nueva de contemplación divina, sino a ejercitar bien la que Dios había enseñado a sus verdaderos amadores 451
Capítulo 2 Cómo hay dos maneras de contemplación divina, una más elevada que otra, y cual de ellas nos persuadieron los santos 456
Capítulo 3 De la falsa contemplación de los Alumbrados y de los grandes desatinos y errores que el demonio les persuadía en ella 460
Capítulo 4 Donde se declara el acto propio de la verdadera contemplación y algunas de las excelencias con que los santos lo engrandecen 465
Capítulo 5 Que a este acto de contemplación hace inseparable compañía la quietud sencilla y veladora donde Dios se comunica a los verdaderos contemplativos 472
Capítulo 6 Donde se declara más esta quietud de la contemplación, y cuan pocos son los contemplativos que la guardan como los santos la aconsejan 479
Capítulo 7 Que el esfuerzo de la voluntad en quietud del entendimiento ayuda a los efectos de la contemplación, y cómo se ha de procurar en ella 484
Capítulo 8 En qué tiempo y con qué circunstancias se ha de ayudar al esfuerzo de la voluntad en la oración para que sea provechoso 491
Capítulo 9 Que en el acto universal y sencillo de la contemplación está el alma toda empleada en Dios y en ejercicio de todas las virtudes 497
Capítulo 10 Donde se responde a algunas objeciones opuestas a esta contemplación deshaciéndolas con la doctrina de San Dionisio emanada de los Apóstoles, y se trata de las visiones sensibles 501
Capítulo 11 De la seguridad y excelencia de las visiones intelectuales que levantan al alma a verdadero conocimiento de Dios y participación de su santidad 506
Capítulo 12 Del concepto supersustancial con que ha de caminar el entendimiento a Dios en la contemplación para participar el alma de sus divinas perfecciones 513
Capítulo 13 Que en la contemplación quieta que llaman los místicos "pasiva", tiene el alma propia operación así en el entendimiento como en la voluntad 517
Capítulo 14 Cuan aconsejada fue de los santos la continuación no interrumpida del acto sencillo de la contemplación para recibir los efectos de ella 521
Capítulo 16 Cómo se han de ejercitar las memorias de la humanidad de Cristo Nuestro Señor dentro de la contemplación sin estorbar los principales efectos de ella 531
Capítulo 17 Que en criando Dios al hombre le comunicó la contemplación intelectual sencilla para que a modo de ángel viador le contemplase y venerase 538
Capítulo18 Que la misma contemplación concedió el Señor en la Ley de Naturaleza a otros santos Padres con particulares favores 543
Capítulo 19 Que cuando dio el Señor a Moisés la Ley Escrita y a Elías la forma de vida perfecta, les comunicó también esta contemplación divina 546
Cómo en otros tiempos de la Ley Escrita nos dio el Señor noticia acreditada por sus profetas de esta contemplación donde él se nos comunica 552
Capítulo 21 Que llegado el tiempo de la Ley de Gracia, enseñó Dios por su boca esta contemplación que antes había enseñado por boca de sus profetas 555
Capítulo 22 Cómo enseñaban los Apóstoles a sus discípulos la contemplación que habían recibido de Cristo Nuestro Señor para que la comunicasen a toda la Iglesia 559
Capítulo 23 De los efectos de la contemplación divina y cómo en ella se recibe la operación de Dios para los bienes sobrenaturales que hacen semejante a él al hombre 565
Capítulo 24 De dos maneras de mover Dios al alma en la oración, una común y otra extraordinaria, y cómo se han de haber en la común para no estorbarla 569
Capítulo 25 De las mociones de auxilios particulares que hace Dios al alma contemplativa, unas veces a lo suave y otras a lo penoso para purificarla 575
Capítulo 26 Que en la fragua de la tribulación va Dios despojando al alma de sus imperfecciones, y primero de los hábitos viciosos adquiridos en la parte espiritual 580
Capítulo 27 Cómo en esta fragua purgativa despoja Dios al alma de las imperfecciones naturales del hombre viejo para vestirla de sus resplandores 586
Capítulo 28 Que después de purificada el alma de las imperfecciones adquiridas y naturales, la visten a lo divino para unirla con Dios 591
Capítulo 29 De la unión transformada en Dios, donde restituyen al alma en el paraíso interior de que fue desterrado Adán por el pecado 595
Fin d’ouvrage 610
Données de mise en forme 610
Observation 610
Œuvre spirituelle et mystique assemblée par le Père Donatien de
Saint-Nicolas.
Sources manuscrites. Édition critique présentée
par Dominique Tronc. Avec une étude par le Père Max Huot de
Longchamp.
D. Tronc, « Un mystique réformateur des carmes, Jean de SaintSamson (1571-1636) », Carmel, n°112, juin 2004, 71-83. [Florilège]. [repris dans « le Vrai esprit du Carmel :]
Jean de Saint-Samson, Le vrai esprit du Carmel, Œuvre assemblée par le P. Donatien de S. Nicolas. Sources manuscrites, Edition critique présentée par D. Tronc avec une étude par Max Huot de Longchamp, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2012, 607 p.
Jean de Saint-Samson (1571-1636) anima la réforme des Grands Carmes en France. Il eut de nombreux dirigés, dont Maur de l’Enfant-Jésus, déjà édité dans la présente collection Sources Mystiques. Très grand spirituel, Jean a fait l’objet de belles études et quelques ouvrages issus de ses dictées — il devint aveugle dès la prime enfance — ont été édités. Cependant il demeure révéré plutôt que lu, par suite de la difficulté de lecture des sources brutes, inégales copies de saisies d’élans inspirés du maître des novices.
Nous présentons en première partie un texte sobre mais dont le titre ambitieux recouvre l’orientation toute mystique chère à Jean de Saint-Samson, qui la défendra vaillamment : Le Vrai Esprit du Carmel. C’est le portique d’entrée composé par le P. Donatien de Saint-Nicolas et placé en tête de ses deux in-folio reprenant les œuvres de Jean, édités à Rennes138. Donatien conclut ainsi près d’une décennie de son travail d’édition des œuvres de son maître139. Ce Vrai Esprit résume l’essentiel du corpus qui est présenté ensuite, en évoluant du général (livre I du Vrai Esprit et livre II du Cabinet mystique) au particulier, abordant alors des sujets dont la majorité sont imposés par la vie conventuelle de l’époque (livres III à XVI, suivi de quelques poèmes qui concluent le second in-folio).
En seconde partie du volume, nous présentons des transcriptions de dictées manuscrites qui servirent de sources à Donatien. Ce sont des « pièces colorées » à l’origine du tableau que ce dernier construisit en demi-teintes. Un peu plus de vingt pièces du puzzle, retrouvées dans huit manuscrits du vaste fonds manuscrit d’archives préservé à Rennes, sont ainsi proposées pour apprécier l’inspiration directe du mystique aveugle. L’un des manuscrits est très largement utilisé, ce qui incite à le lire de façon continue, rétablissant ainsi le fil du discours ; les autres ne sont repris que ponctuellement.
Il est aisé d’aller et de revenir du Vrai Esprit (première partie) à ses sources manuscrites (seconde partie), grâce aux indications des folios de ces manuscrits. Nous les avons reportées entre crochets au fil des textes dans les deux parties. Ce procédé tient lieu d’une commune pagination et permet une lecture alternée. Une table des correspondances (édition vers manuscrits et inversement) décrit l’état du puzzle.
Donatien de Saint-Nicolas était imprégné de l’esprit de Jean de Saint-Samson grâce à sa fréquentation de membres du cercle qui entourèrent ce dernier. Il respecte selon nous le sens profond mystique sans trop le gauchir par prudence ou par incompréhension, affaiblissant toutefois l’élan lié à l’oralité de dictées.
Donatien pouvait se permettre de regrouper et d’adapter largement ses sources selon un usage très couramment pratiqué en son siècle. Si l’usage n’avait souvent pas de réelle justification chez d’autres auteurs, il n’était ici pas possible pour ce disciple de reproduire telles quelles des dictées très incertaines140. Donatien a donc usé de cette liberté permise à l’époque — et nous lui en savons gré !
Si la claire construction de Donatien rend ainsi Jean lisible, c’est cependant au prix d’une grande souplesse prise vis-à-vis des sources : il en modifie allègrement l’ordre et il les résume souvent au sécateur ; il retouche le style au risque de perdre l’expression directe et variée du vécu mystique. Se reporter aux dictées nous transforme en auditeurs de cet aveugle qui parle vrai et prend fréquemment des risques lorsqu’il est saisi par l’inspiration mystique. Le couplage est une solution qui assure au mieux un accès à l’œuvre de Jean de Saint-Samson ainsi « étalonnée » par recours aux manuscrits.
L’ensemble livre une perspective ascendante propre au chemin de foi nue. Notre contribution présente Jean, décrit les sources et suggère quelques thèmes à l’aide d’un court florilège. Elle est suivie d’une présentation approfondie de l’enseignement propre au Vrai Esprit, par le Père Max Huot de Longchamp. Ce dernier a précédemment œuvré à nous faire connaître Jean de Saint-Samson141 ; il souligne ici la continuité que Jean maintient avec la tradition spirituelle remontant jusques au grand Ruusbroec (vers 1293-1381). Nous remercions le Père Bruno, o.s.b., qui a participé à la saisie du texte. Le travail d’édition a été mené en collaboration étroite avec notre épouse Murielle.
Un volume à venir sera consacré au Cabinet mystique, dont la première partie constitue l’achèvement du Vrai Esprit, ainsi qu’à un choix privilégiant une remarquable correspondance de direction.
En France, à la sortie des guerres de religion, la plupart des couvents ont une fois de plus besoin d'être réformés. En ce qui concerne les carmels, deux réformes font suite aux nombreuses rénovations qui ponctuent leur histoire142. Elles sont simultanées, l’une se détache de l’ancien ordre du Carmel ce qui facilitera son essor, l’autre demeure en son sein ce qui limitera ultérieurement son influence.
La première réforme est féminine. Elle est mise en place sous l’impulsion de Madame Acarie (Marie de l’Incarnation, 1566-1618). Par l’intermédiaire d’Anne de Saint-Barthélémy (1549-1626), la sœur converse qui accompagnait Teresa dans ses voyages, par celui d’Anne de Jésus (1545-1621), la dédicataire du Cantique spirituel de Jean de la Croix, qui veille au respect de la règle élaborée par Teresa, par celui de quatre compagnes espagnoles, cette réforme prend son essor dans le royaume de France alors ennemi. Le séjour des étrangères sera bref, sauf dans le cas d’Isabelle des Anges, mais étonnamment fructueux. Car la vie intérieure ne dépend guère de la langue parlée et ne connaît pas de frontière. Le relais est assuré par l’élan de la première génération française, à laquelle appartiennent Madeleine de Saint-Joseph (1578-1637) — maîtresse profondément intérieure de novices qui assurèrent de nombreuses fondations —, Marie de Bréauté son amie, etc.
La seconde réforme est masculine. Elle naît en Bretagne, où Philippe Thibault réforme dans un esprit ascétique le couvent de Rennes, rattaché à la province qui lui donne son nom : « réforme de Touraine ». Le renouveau s’étendra mais ne se séparera pas de l’ancien ordre malgré des tensions que l’on relève à Angers, à Ploërmel, etc. Cette réforme des « grands carmes » est indépendante de celle des carmes « déchaussés », même si une influence de ces derniers est prouvée en ce qui concerne des pratiques143.
L’actif Philippe Thibault fait venir en Bretagne la future « âme de la réforme de Touraine », le contemplatif Jean de Saint-Samson (1571-1636). Ce dernier associe une intense vie mystique à l’ascèse régnante (qui restera apparente dans son œuvre : peut-être est-elle imposée par les conditions locales de grande pauvreté). Il forme les novices (et scribes auxquels nous devons l’œuvre du maître aveugle). Ces derniers continueront son œuvre toute intérieure, dans certains couvents carmes ou en ermitage dans le cas de Maur de l’Enfant-Jésus. Jean de Saint-Samson apparaît comme le symétrique masculin presque exactement contemporain de Madeleine de Saint-Joseph.
Puis on oublie ce maître spirituel, pour plusieurs raisons : dès les années 1640 naît une méfiance qui provoquera le « crépuscule des mystiques144 » à la fin du XVIIe siècle, l’in-action mystique perdant son sens originel et les mystiques étant très souvent soupçonnés de quiétisme. Un affadissement de l’élan intérieur accompagne alors la fusion de la réforme dans le corps des « grands carmes », qui disparaît de France à la fin du dix-huitième siècle.
Par chance, de très nombreux manuscrits, copies des dictées de l’aveugle à ses novices, ont survécu. La renaissance de l’intérêt pour la mystique d’expression française depuis Bremond145 s’est accompagnée plus récemment de la redécouverte, puis d’un début de l’édition de l’important corpus de « dictées » de Jean à ses disciples.
Ce que Jean a dicté n’est pas d’une lecture très facile mais « le plus profond des mystiques français146 » mérite l’effort requis. Sa découverte est possible aujourd’hui parce que notre pratique des formes modernes d’écriture, s’écartant de la belle langue telle qu’elle fut pratiquée sinon imposée depuis la seconde moitié du XVIIe siècle, facilite l’abord direct des textes.
Nous n’avons pas besoin de reprendre ce qui a été fort bien exposé dans le travail fondateur de S. Bouchereaux147, conforté par celui de H. Blommestijn148. Leur source principale est d’ailleurs un travail de notre P. Donatien149 qui exploite un ensemble de documents d’une manière comparable à celle qui aboutira au Vrai Esprit. Une brève évocation suffira ici :
Jean du Moulin, fils d’un contrôleur des tailles, fut baptisé le 30 décembre 1571. Une intervention malheureuse causa sa cécité, suite à la maladie de la variole contractée à l’âge de trois ans. Aussi :
on lui fit apprendre la musique et le jeu des instruments en perfection, spécialement celui de l'orgue, qu'il touchait fort adroitement dès l'âge de douze ans. Il fit quelques années cet office en l'église de saint-Dominique de Sens et était toujours appelé aux concerts de musique qui se faisaient aux solennités extraordinaires.150
Quittant Sens pour Paris, en 1593 ou 1594, il alla demeurer chez son frère marié Jean-Baptiste pendant quatre ou cinq ans, près de Saint-Eustache. Mais après la mort de ses proches vint la misère :
Le serviteur de Dieu demeurait cependant dans une église toujours à genoux, et en oraison devant le très Saint Sacrement de l'autel, et souffrait beaucoup de faim, de soif et autres incommodités.151
On dispose d’une abondance de faits très vivants illustrant la dureté de la vie de l’infirme, que nous ne pouvons rapporter ici152.
L’église de Saint-Eustache était attachée au grand couvent des carmes de la place Maubert : un certain jour, en la fête de sainte Agnès de l’année 1604, Jean demanda la permission au jeune frère Mathieu Pinault « de toucher l’orgue » à la grand-messe. Cette rencontre fut le début d’une amitié profonde et durable.
Depuis je le conviais de venir à l’orgue avec moi toutes les fois que je jouais de l’orgue. En devisant avec moi il me demandait si j’avais des livres spirituels, et lui ayant dit qu’entre autres j’avais les œuvres de Nervèze, il me persuada de les quitter et m’en rendit d’autres comme Arias, Grenade153, et me pria de lui donner quelque temps pour lui lire des livres qu’il m’apportait, comme les divines institutions de Tauler, la Théologie mystique de Harphius, Ruusbroec, La Perle évangélique, le Jardin spirituel des contemplatifs de Mr. Deschamps.154
La lecture journalière était devenue très vite une rencontre de prière et de méditation et un cercle spirituel se constitua au couvent de la place Maubert. Jean
exhorta lors pareillement le Père Philippe Thibault, religieux de la même province à se mettre de la partie [en vue d’établir la réforme] ; l'assurant qu'il y pouvait beaucoup. […] Il lui dit ces paroles avec tant d'énergie et d'efficace, qu'elles frappèrent au cœur du Père Thibault comme un coup de foudre, et y demeurèrent désormais très profondément gravées, comme il a depuis souvent avisé au Père Mathieu [Pinault]155.
Finalement, en 1606, alors que Jean parlait avec Mathieu Pinault des desseins de celui‑ci, il lui dit au dépourvu : « Dieu m’appelle efficacement pour être religieux en votre convent de Dol 156. » Le jeune frère Mathieu n’y voyait que toutes sortes de difficultés, mais ce couvent l’accepta quoique âgé de trente-cinq ans et malgré sa cécité, mais dans la situation la plus humble de frère lai.
Les épreuves furent abondantes dans la vie du nouveau carme. Jean était souvent malade. Le bâtiment était fort misérable et délabré, il n’y avait pas d’infirmerie, les cloisons des cellules du dortoir n’étaient faites que « d’ais fort mal assemblez, où les vents entraient de toutes parts. » Jean préférait la solitude et le recueillement de la prière : « Dans l’hiver on l’a vu souvent à l’abri de quelque muraille, et aux rayons du soleil, trembler sa fièvre assis sur un buis du jardin157. » Jean de Saint-Samson avait appris une prière pour guérir les fiévreux. Cette pratique le mit en relation avec l’évêque de Dol qui, après une enquête, fut acquis à la cause du frère et le fréquenta régulièrement jusques à la fin de sa vie. Un événement nous révèle la pleine grandeur du frère :
La ville de Dol et le couvent des carmes furent atteints de la peste. Un carme mourut en peu de jours et un novice fut atteint par la contagion. Pris de panique, la communauté entière et le prieur s’enfuirent hors du couvent. Le soin du malade fut confié au jeune frère Olivier et à un séculier. Jean de Saint-Samson s’était déterminé à tenir ferme et à s’engager, pour si peu que cela lui serait possible. Malgré son infirmité et son peu d’expérience, il se mit à leur service pour soigner le malade. Un jour, celui‑ci fut atteint d’un accès de folie furieuse et voulut se précipiter par la fenêtre du dortoir. Alerté par un pressentiment, ou par une lumière divine selon l’interprétation du Père Donatien, Jean « sort à même temps de sa chambre, va directement vers ce frénétique au lieu du précipice, le saisit et l’empêche de se jeter. Le tenant, il appelle les deux autres, qui pour la crainte du mal s’écartaient au bas du jardin, fit remettre ce pauvre malade en son lit, et demeura toujours auprès de lui, sans aucune appréhension de la maladie, priant Dieu qu’il lui rendît son bon sens, afin de pouvoir mourir dans les dispositions de sa grâce. Notre-Seigneur octroya 1’un et l’autre à ses prières. Car au même instant l’usage de la raison lui revint… » Jean de Saint-Samson finit par contracter lui-même la maladie à laquelle il s’était exposé volontairement pour l’amour de ses frères malades et agonisants. Les conséquences en demeurèrent limitées, quoiqu’il ait été transféré pendant quelque temps « au champ Saint-Jammes, lieu destiné pour la retraite et pour le défairement des pestiférés. » Jean y continuait sans relâche ses œuvres charitables. Ces expériences pénibles face à un mal impitoyable, à la défaillance totale de la médecine et à la peur obsédante de la contagion, l’amenèrent à un dépouillement entier de son intérêt propre et à une disponibilité sans réserve158.
Jean de Saint-Samson fit profession, âgé de plus de trente-cinq ans, le 26 juin 1607. Philippe Thibault et Mathieu Pinault, les deux réformateurs, dès leur arrivée définitive à Rennes en novembre 1608, essayèrent d’obtenir du Père provincial le transfert du frère Jean à leur couvent, mais il leur fallut attendre quatre années, la communauté de Dol s’y opposant. Puis :
les supérieurs de Rennes159 s’efforcèrent d’inventer de rudes épreuves pour mesurer la trempe de son âme et découvrir le fond de son cœur. […] Jean ne pouvait littéralement plus suivre les prescriptions de la méditation méthodique. […] Philippe l’invita à exposer par écrit son exercice d’entière élévation d’esprit. […] Etant donné que le contenu de ces quelques pages, de l’avis de tous, était bon et admirable, les chefs de file de la réforme n’hésitèrent plus à destiner le simple frère au rôle important de maître spirituel de plusieurs générations de jeunes carmes.
[…] Mathieu Pinault, le maître des novices, qui devait, après tout, sa formation spirituelle aux entretiens quotidiens avec Jean, prit l’initiative quelque peu curieuse d’envoyer chez lui les jeunes gens les plus doués pour une courte visite.160
Jean donnait probablement un « enseignement » par la prière (comme il en avait été de même par exemple pour les proches d’un Philippe de Néri). De la sorte, Jean devenait le maître spirituel de la réforme …sans méditation méthodique. Jean demeura alors à Rennes (à l’exception d’une année passée à Dol) jusques à sa mort, qui arriva alors qu’il avait atteint un âge assez avancé, près de soixante-cinq ans :
Pendant ces longues années, il n’aimait guère franchir le seuil du couvent, à moins que ce ne fût pour rendre visite à une personne malade ou agonisante… A la fin de sa vie, il demanda même son transfert […] pour y être en solitude totale. Il tenait pourtant sa fenêtre grande ouverte pour les oiseaux qui passaient la nuit dans sa chambre.
Il mourut le dimanche 14 septembre 1636
en la fête de l’Exaltation de la Croix, jour anniversaire de la mort de Catherine de Gênes, la mystique italienne fort estimée de Jean de Saint-Samson à cause de la ressemblance de leur expérience mystique161.
Il faut en premier lieu aller à la recherche du trésor mystique. Le titre d’une œuvre connue de Jean de Saint-Samson162 souligne le caractère imprévisible et contraignant du chemin mystique, dont le parcours dure de nombreuses années, la vie étant donnée pour cela. Trouver l’entrée du sentier, puis le suivre, suppose en premier lieu de perdre ses certitudes pour se laisser conduire. Mais l’homme
ne se sert de sa raison que pour les choses sensibles. […] S’il monte plus haut que les sens, il ne veut concevoir les choses divines que par voie d’entendement, et croit que toute sa sainteté doit consister en la forte élévation et dans le lustre de son entendement illuminé de Dieu pour le connaître et le goûter. […] Il ne veut point aller là où il ne sait pas, ni s’exposer à se perdre et s’abandonner à la conduite de Dieu163.
Jean appelle donc à une vie surnaturelle, seule capable de franchir le pas :
Voyez donc derechef, mon frère, si vous voulez être profane ou divin, puisque cela est en votre libre pouvoir et vouloir. Ce n'est pas assez que d'avoir quelque lumière et connaissance naturelle de Dieu et des choses qui lui appartiennent, mais il faut être soi-même surnaturel, en ses habitudes, en sa vie, en ses connaissances, en ses continuelles actions, en ses paroles, et cela tant dehors que dedans. Et ce qui en trompe plusieurs, c'est qu'ils se contentent des connaissances et des touches divines acquises par spéculation ou autrement et en nature […].
Elle suppose une adhésion ou conformité dont
le chemin le plus court pour vous est le dedans de l'esprit, […] activité amoureuse par laquelle, comme le poisson se plonge et replonge en l’eau coulante, son propre élément, centre et repos, vous vous plairez uniquement de fluer et d’adhérer continuellement à Dieu […]164.
Mais quand à vous, il faut que vous vous résolviez de devenir éternel, tant en vérité pratique qu'en vue et science expérimentale de l'éternité en la même éternité. Or, pour parvenir là, il faut fluer activement sans cesse de toute l'action de vos puissances, par lesquelles vous soyez tiré et ravi totalement après elle en cette étendue éternelle en laquelle vous soyez rendu simple et immobile sans réflexion ni division quelconque […]165.
Cette conformité suppose un amour pur de toute contamination :
Il faut, et il veut, que nous soyons perdus, et totalement transfus en toute son étendue éternelle pour demeurer morts ainsi à nous-mêmes, […] vous excitant […] à un tout raisonnable amour, qui doit être raisonnablement exercé de vous par-dessus toute raison, appréhension et discrétion[…]166.
Je dis que où il y a de la raison en amour pour aimer, l'amour n'est point ; d'autant qu'amour est suffisant de soi et par soi-même de tirer et de ravir tout le sujet qu'il anime et qui l’agite, de le tirer totalement en unité d'esprit sans le concours et l'aide de raison réflexe […]167.
Le chemin est pénible parce que la nature cherche toujours un objet :
Si on lui ôte un objet sensible, elle [la nature] a recours à un objet de l’esprit. Si on lui ôte ceux de l’esprit, elle cherchera sa propre satisfaction en Dieu même […]168.
Tour à tour sont éprouvés amour divin :
Combien de fois, ô mon amour, ai-je eu sujet dans l'abondance de vos communications divines, de vous prier de vous enfuir hâtivement de moi si vous ne vouliez me voir mourir de joie et d'amour, présentement à vos yeux ?169
…ou cheminement obscur :
« Notre-Seigneur lui voulant faire goûter l'amertume de sa croix, le priva de toutes ces grâces sensibles. Et afin d'éprouver, épurer et affermir sa vertu et sa fidélité, le mit en un état très nu, très délaissé, très obscur et très misérable selon le sens, qui lui dura même plusieurs années sans autre consolation. De sorte qu'il lui semblait pendant tout ce temps-là être abandonné et réprouvé de Dieu170. »
Ces états sont éprouvés tour à tour et cassent le rigide amour-propre. Enfin « nos voies doivent être si perdues que personne n’en voient ni trace ni sentier171 ».
Seul est nécessaire l’élan de tout l’être pour atteindre un état d’union simple. L’appétit, le désir, l’élan, exprimés par « Tout ou rien ! », par un souhait, « Que tout le vieil homme meure en nous », sont essentiels dans la voie mystique. C’est le grand message de Jean, ce qui le rend spécifique parmi ses pairs à la lecture. Aussi n’avait-il souvent rien autre chose à dire en confession, sinon « qu’il n’avait pas tendu à Dieu à l’infini et de toutes ses forces en son attention », donnant pour précision :
L’infini […] c’est l’arrêt et fermeté de toutes les puissances recueillies, fondues, réduites et entièrement perdues en l’unité divine, par dessus tout esprit et fond172.
La « religion » prend alors le nouveau sens dynamique d’une « totale perte de soi-même et des choses créées, par une entière transfusion et résolution de tout soi en Dieu173. »
L’action divine à travers l’homme peut alors prendre place : « Aimer sans amour, aimer au-dessus de l’amour [sensible]174 ! » Avant d’y atteindre, par une continuelle et attentive mort de lui-même, le mystique aspirant plonge de plus en plus en son fond, « sans grand effort du sens », seulement du plus profond du cœur et du plus intime de l’esprit175. Qu’il ne se satisfasse point d’un désir de posséder Dieu ! En fait, plus le sujet « s’abîme et se perd au total de son infinie vastité176, tant moins il s’aperçoit de cette opération simple et cachée177. » Il ne lui reste qu’à
s’armer de force de patience et de constance pour ne varier jamais ni à droite ni à gauche […], se sentir toute vide et destituée de lui [l’Époux] et totalement insipide en ses sentiments. C’est en ceci que consiste la fidélité […] et non dans les grandes connaissances, réplétions, goûts, dilatations, simplifications, révélations, visions et ravissements de l’entendement humain. […] Cela [se sentir vide] n’arrive qu’afin que les âmes ne se satisfassent point elles-mêmes d’un désir glouton et affamé de posséder Dieu plus pour elles que pour Lui-même178.
Voilà comment on monte l’escalier d’amour divin, car « celui qui a tout reçu doit toujours tout, à chaque moment179. » Ses voies sont la solitude, la totale impuissance, mais aussi satisfaire pleinement à Dieu avec joie, en abhorrant la tristesse.
Tout cela est aisé à dire, malaisé à faire, difficile à endurer, très difficile à surmonter. Car il faut demeurer stable, ferme et immobile au dedans de l’esprit, en simple repos, par dessus l’action et l’intention. Par dessus le flux sensible présent et essentiel de l’Époux ; et cela éternellement, parce que l’on croit ne devoir jamais vivre autrement et que cet aimable Époux ne doit jamais retourner… C’est ici que l’industrie humaine est épuisée180.
Pour un abandon véritable, nous devons être « totalement reçus et fondus181 » :
Être enseveli comme mort, c’est encore un tout autre état, et puis être pourri et corrompu, et de la pourriture être rédigé182 en cendre, ce sont encore d’autres états plus proches du rien. Mais le même rien n’est rien. Il faut que le mystique avise soigneusement lequel de tous ces états lui convient, afin que sans s’arrêter, il tende toujours à plus, non selon la pure spéculation, ce qui serait tôt fait, mais en véritable pratique dans les occasions, qui ne lui manqueront jamais, et avec ordre et discrétion. C’est un183 œuvre d’un siècle, à dire la vérité184.
Soyons « circonspects à ne se point chercher finement, en faisant sa proie de la mort du sens. [L’âme] doit vivre là toute perdue à elle-même, sans science ni vue de ce que nous sommes185. »
Or les excellents mystiques nous disent ce qui est vrai, à savoir que trois choses conviennent à l'homme mort : on l'ensevelit, on l'inhume, et puis on marche dessus jusques au jour du jugement. On [ne] saurait mieux exprimer l'insensibilité des morts que par semblable chose. Si bien que on verra si nous sommes morts entièrement en la nature, si toutes ces choses se trouvent pleinement et de tout point véritables186.
Aussi pour le mystique,
son plaisir en son infini amour, est que Dieu soit ce qu'il est, qu'il ait ce qu'il a, et qu'il se bienheure [qu’il soit bienheureux] présentement soi-même en sa présente éternité, qui n'est autre que lui-même ; c'est cela qui réjouit les anges en la gloire, et les hommes en la voie, en quelque condition prospère ou adverse qui se puisse rencontrer. C'est ainsi que le bonheur de Dieu et la félicité de Dieu dans les hommes en leur félicité en la terre, et que le paradis de Dieu, est dans ces hommes-là. Toutefois, comme l'homme est composé de plusieurs parties en soi-même, il se peut faire qu'il puisse pleurer en demeurant joyeux au dedans187.
Toutefois la « subtile et perdue théorie et pratique des mystiques est inconnue à tout autre qu’à eux-mêmes et cependant ils voient tout, du fond de leur abîme188 » :
Pour arriver heureusement à cette transfusion en Dieu, il faut que toute la créature soit perdue à son vivre, à son sentir, à son savoir, à son pouvoir et à son mourir. […] Il n'y a plus en cet état d'acte de réflexion, et […] l'âme est hors de puissance de le faire. Toutefois le franc-arbitre demeure en sa pleine et entière vigueur. En ceci il y a infiniment de quoi s'émerveiller et admirer la force de l'amoureuse activité de Dieu à fondre et convertir totalement en soi ceux qui lui ont voulu sans réserve répondre de tout soi, tant en la vie qu'en la mort189.
Au reste dans cet abîme on ne voit ni fond ni déité : tout y est englouti sans ressource et il ravit incessamment tout l’homme sans distinction ni différence. C’est ici qu’il n’y a ni amour, ni vertu, ni charité. Et toutefois c’est d’ici que la charité, l’amour et les vertus sortent à leurs effets quand et autant qu’il le faut, sans perception ni distinction. Ce qui n’est point ne peut avoir de nom ; non par privation d’être, mais parce qu’on est englouti dans l’unique et suréminent être qui va remplissant tout être du sien190.
Les vertus ne doivent jamais être distinguées ni séparées de l’amour, sinon dans leur action qui sort et paraît aux hommes. Il s’agit de parvenir au feu de l’amour divin, lequel les dévorera et les engloutira, pour les transformer en soi :
L’amour et l’humilité leur ôtent [aux mystiques] toute réflexion, les occupant et les perdant toujours de plus en plus en Dieu, où ils sont et vivent sans distinction ni discernement de ce qu’ils font ou ne font pas. Ainsi ils vaquent incessamment au devoir de l’amour réciproque, sans croire ni penser qu’ils y satisfassent, sinon de fort loin et chétivement191.
Le divin Soleil de justice ne manque point de produire les effets de son amour dans les hommes, aux uns plus tard et aux autres plus tôt et en un différent degré, selon qu’il trouve la terre de leur cœur diversement disposé à cela par la grâce ; la saveur et l’expérience que nous avons de cette vérité nous est très délicieuse ; en cette manière nous pénétrons tous les effets de cet amour produit dans les hommes, leur découvrant sa beauté et ses vives splendeurs afin de les rendre parfaitement amoureux de lui-même192.
[…] Élevé de la terre et de vous par-dessus vous, entièrement perdu par plongement vigoureux et amoureux en l'immense mer et son infinie divinité, où tous les esprits créés, se surpassant soi-même, se sont perdus, et où ils se sont consommés en amour comme dedans un très vif brasier qui les rend jouissant de l'infini amour, et des infinis délices de Dieu même, le voyant être ce qu'il est digne de son seul amour, pour être pleinement bienheuré, et bienheureux par soi-même193.
Ainsi le seul amour demeurera maître de la place194 :
Cet état consiste en une élévation d’esprit par-dessus tout objet sensible et créé, par laquelle on est fixement arrêté au dedans de soi, regardant stablement Dieu, qui tire l’âme en simple unité et nudité d’esprit […] La constitution de celui qui est en cet état, est simple, nue, obscure et sans science de Dieu même […] Car là, tout ce qui est sensible, spécifique, et créé est fondu en unité d’esprit, ou plutôt en simplicité […] Alors les puissances sont fixement arrêtées au-dedans, toutes attentives à fixement regarder Dieu […] Et plus cela est ignoré du patient, tant mieux pour la profondeur et l’excellence de cet état. […] ni créé ni créature, ni science ni ignorance, ni tout ni rien, ni terme ni nom […] ni différence de temps […] tout cela est perdu et fondu en cet obscur brouillard, lequel Dieu fait lui-même, se complaisant ainsi dans les âmes […] Là elle doit continuellement être attentive à ne se point laisser occuper des objets naturels et spirituels, qui sourdent presque continuellement, quoique très simplement, de la puissance raisonnable, et à n’écouter point la nature, qui la sollicite continuellement à connaître et à sentir son état et à réfléchir sur ce qu’elle voit et ce qu’elle est. Car la nature veut toujours secrètement avoir quelque objet à quoi elle s’attache […] qu’elle réponde uniquement et toujours […] par la simple et totale attention, en l’essence abyssale de Dieu195. »
Mais on ne voit ni terme ni nom pour répondre à ce dont on se sent et on se voit tout embrasé, aussi on se réduit et on s’exprime comme on peut196 ! Celui qui à force de mourir et fluer continuellement en Dieu est devenu simple, demeure comme impuissant à réfléchir. Il demeure stable et arrêté en son repos, ne désirant sortir de là sinon lorsque Dieu l’en tire. Et lors il sort sans sortir, pratiquant ce qu’il doit faire, libre et sans empêchement, afin de rentrer selon son total au plus profond de son désert solitaire.
Ces personnes sont vues comme fleuve regorgeant d’amour, de lumière, de saveur et de délices ineffables197. Mais les formes et le vocable même d’amour s’anéantissent. Car alors le sujet se trouve heureusement transformé au feu de Dieu198. Rien de ceci ne rejaillit plus dans les sens ; et il est de nécessité que l’âme soit établie et confirmée en une très grande et très simple force d’esprit, qui l’arrête et constitue fermement et « immobilement » en son objet ; afin que Dieu vive en elle comme sans elle199.
Alors l’amour n’a plus d’être, de vie, ni d’opération comme pour elle, mais désormais son infini objet qui est Dieu, vit, agit, et pâtit en elle en tout sens et manière, et en tous événements. L’âme dis-je, en cet état ne vit que de la vie, et en la propre vie de Dieu. Elle a atteint sa similitude avec Dieu par-dessus la même similitude ; elle a atteint son image et son exemplaire en son propre fond originaire, et elle est entièrement transfuse en son immense amplitude, par dessus toute démonstration possible. […] Pour donc faire vivre Dieu en nous, il faut que nous mourions totalement ; et comme cela ne doit et ne peut être naturellement devant le temps de notre dissolution, il faut que nous mourions en la foi et la créance du rien de toutes choses, et de nous-mêmes au respect de Dieu200. […] Celui donc qui affecte seulement les formes et intelligences du haut et du profond, si mystique qu’il puisse être, n’est pas capable de notre présent flux et écoulement et ne sait ce que nous disons201.
« Ni haut ni profond » : aucune progression linéaire dont on puisse saisir des étapes. Jean pratique un mouvement circulaire, déterminé et finalement aspiré par le puissant Attracteur divin :
Si bien qu'à mesure qu'on reçoit les splendeurs divines en ses divins et profonds attouchements, qui font et contiennent diverses manifestations de plusieurs et divines notions, tant en la grandeur et la beauté de Dieu, en sa largeur et profondeur, qu’en la connaissance en science expérimentale de son rien, l'âme se trouve plus désireuse, plus enflammée, plus active sans labeur, et plus intérieure que jamais, se sentant et voyant perdue, fondue et réduite dedans l'immensité de ce divin feu tout dévorant, savoir le créé, pour, là-dedans surpassée et perdue d'elle-même en son éminente élévation et constitution, ne vivre plus d'autre vie que de la vie de Dieu, qui l'anime et l'agite de son enflammé esprit202.
L'homme qui voit et goûte Dieu par son flux lumineux, voit aussi, par même moyen et sens, quant et quant la vérité de son rien. Si qu’il ne peut assez s'étonner de voir un amour si excessif et démesuré de la majesté de Dieu en son endroit. En la vue et sentiment de quoi, il s'étonne infiniment de se voir si abondamment et si libéralement prévenu de l'amour merveilleux de sa Majesté, lui qui voyant en cette immense lumière la laideur du péché. […] Et de vrai, si sa Majesté ne le préservait de mourir en cette vue, il mourrait à l’instant203.
Or c’est par l’amour en soi-même, que l’âme touchée vivement d’amour, désire se conjoindre étroitement à l’amour même incréé, qui est Dieu, et c'est ce que nous entendons par la concision et réduction de l'aspiration enflammée sous peu de paroles et de forme, qui n'est quasi que le vocal d'amour. […] C'est là que l'âme jouit des ineffables embrassements à pur et à plein, de la grandeur, de la beauté et des secrets ineffables du même Dieu d'amour, qui l'entraîne en son abîme par cette fidèle activité de la créature à lui répondre selon son total. 204.
…Ils portent partout leur solitude d'esprit, comme ayant atteint par la pureté de cœur le doux et secret silence en le repos intérieur de l'esprit, diligemment attentifs et actifs qu'ils sont au continuel culte de leur fond, qu'ils ne laissent dépeindre d’aucune espèce, image ou figure. Ceux-ci ne pensent ni à sainteté ni à pureté, de quoi néanmoins faisant continuellement de mieux en mieux les exercices, d’une continuelle et entière tendue de tout eux-mêmes en Dieu, ils acquièrent très excellemment par cela même, la pureté et la sainteté dont ils sont revêtus comme d'un très précieux ornement au plaisir et à la gloire de Dieu, […] ils ne savent réfléchir ni sur les autres ni sur leurs œuvres.205.
Mais qu'il avise bien de ne se faire ni rendre propriétaire d'aucun exercice d'esprit quand Dieu le tirera ailleurs et autrement. Et encore qu'il doive grandement chérir la solitude, si se doit-il bien garder de s'en rendre propriétaire, pour ce que nous devons suivre Dieu, non pas nous-mêmes. C'est pourquoi il faut laisser Dieu pour Dieu, spécialement quand on voit fort expressément ce que Dieu veut de nous206.
Et vivant à Dieu et en Dieu de toutes tes forces et de tout ton appétit, tu es bienheureux en ta misère. Car observant continuellement toi-même en sa présence, nature n'a ni effet ni pouvoir dessus toi, encore même que tu ressentes ses importunités, d'autant que lui faisant bonne et due guerre à la faveur de Dieu et de sa gloire en toi, si tu es faible et infirme en toi-même, tu es d'autant plus fort en Dieu, en qui ta fidèle renonciation d'esprit et de sens te fait mourir et te perd irrécupérablement. Vois donc que ta pauvreté est pour ta richesse, et pour tout dire, que ta misère universelle est pour ta pleine félicité, non en toi pour cette heure, mais en Dieu infini, en l'immensité duquel tu te perds de plus en plus nûment. En l'abîme duquel tu es jouissant de lui en sa continuelle vue et contemplation. Et tant moins tu as de science et sentiment de cela, tant plus et tant mieux. Tu es cette mer même où ta jouissance et contemplation est ineffable au plus profond de la solitude de ton désert207.
Nous achevons ce collier de beaux extraits par celui d’un manuscrit qui ne fait pas double emploi avec les textes du Vrai Esprit :
Le flux de la créature en Dieu procède de son industrie pure plus ou moins vivement touchée de Dieu, pour pouvoir appréhender Dieu petit à petit et le connaître en ses effets, tant en la créature que dehors d’elle aux autres. […] La créature se sent outrée et ponctuée des vifs attraits de Dieu, à la suite desquels elle sort par divers degrés et par diverse succession d’ordre et de temps d’elle-même et des choses créées et entre par amour et dépouillement de soi plus ou moins avant en Dieu. […] Mais il est tout au contraire de ceux qui tirent Dieu à eux à la manière des écoliers, lesquels par efforts de spéculation naturelle l’accommodent à leurs sens et leurs goûts, duquel se sentant sensiblement et naturellement délectés, il leur semble par cela s’approcher grandement de Lui, et avoir sous grande connaissance et grand goût de lui, ce qui n’est qu’affection et sentiment purement naturel. Lesquels se trouvant doctes par la science acquise, ils étendent le discours et leurs voies en cela le plus largement et le plus loin qu’ils peuvent, de sorte que leur ponctuation n’est que pure théologie d’école, étudiée, plus ou moins facilement digérée par spéculation, purement humaine. Et comme ils ont lu quelques mystiques, ils en mêlent quelquefois des mots en leur digestion ; si qu’à cette occasion on peut dire que leurs discours en délivre plus ou moins appuyée, mélangée et ornée de quelques petits filets d’or, ou si on veut, frotté d’un peu de miel. […]
[Au contraire] la sapience est infuse de Dieu dans les cœurs simples qui s’occupent simplement en des sujets affectueux, laquelle les unit et les recueille en vérité par-dessus toutes multiplicités de recherches d’école, les pénétrant d’une saveur divine qui ne convient qu’à Dieu, qui la verse expressément pour rendre semblables [les] âmes amoureuses de lui par l’infusion de ses lumières et de ses goûts. À quoi l’âme étant fidèle, elle continue de poursuivre Dieu par son attrayant rayon délicieux par-dessus tout ce qui se peut penser, quoique cela se fasse par diversités de voies, en toutes lesquelles Dieu tient nécessairement cet ordre. Ce que se continuant ainsi, les âmes font progrès en la connaissance de Dieu, d’elles-mêmes, […] elles en deviennent doctes en l’art de la science d’aimer Dieu, auquel le très saint Esprit les instruit d’une ineffable manière pour étendre, pour pénétrer et pour surpasser toutes choses créées en elles-mêmes. Tels sont les vrais et solides effets de la divine sapience abondamment infuse aux âmes assez saintes. C’est pourquoi toutes leurs études et leurs soins n’est que de se rendre de plus en plus simples et uniques en leur occupation continuelle autour de Dieu208.
Là le vide est tout plein209.
Sources manuscrites
Archives d’Ille-et-Vilaine à Rennes, description en fin du présent volume, annexe, section « Les manuscrits de Rennes ». Les boites 9H6 à 9H47 contiennent d'une part des traités, hymnes et poésies du mystique aveugle (9H39 à 9H44, près de quatre mille pages) ainsi que des lettres et sa biographie, et d'autre part des textes relatifs aux disciples ainsi qu’une correspondance nourrie avec les maisons de la province de Touraine au moment de la réforme (les autres boites). Il existe d’autres archives d’importance secondaire210.
[1651] La Vie, les Maximes et partie des œuvres du très excellent contemplatif, le vénérable Fr. Ian de S. Samson, aveugle dès le berceau, et religieux laïc de l’Ordre des Carmes réformés, par le R.P. Donatien de S. Nicolas, Religieux du même ordre, Paris, Denys Thierry, 1651, Ière Partie, 1-198, suivie de IIe Partie, « Règles et Maximes spirituelles […] », 201-357, suivie de IIIe Partie, « Contenant trois traités » (Le Miroir et les Flammes de l’Amour divin…, De l’amour aspiratif…, De la souveraine consommation d’amour), 363-532.
[1654] Les Contemplations et les divins soliloques du vénérable F. Iean de S. Samson religieux laïc de l’Ordre des Carmes réformés, livre très propre et très utile pour les âmes plus touchées de Dieu, qui veulent faire des retraites spirituelles ou exercices des dix jours, (pas de référence à Saint-Samson), Paris, Denys Thierry, 1654, Au lecteur, Préface, permissions et approbations, Table, (38 Contemplations), 1-453, « Soliloques » 454-569, « L’Épithalame… », 570-600.
[1655] Le Cabinet mystique, contenant les règles de la conduite des âmes religieuses, divisé en deux parties… par le vénérable Fr. Ian de S. Samson…, Rennes, veuve Yvon, 1655, Avis… Table, « Première partie contenant la conduite des Novices », 1-384, « Seconde partie adressée aux directeurs plus illuminés… », Rennes, veuve Yvon, 1655, 1-274.
[1655] Méditations pour les retraites ou exercices de dix jours par le V.F. Ian de S. Samson…, Rennes, veuve Yvon, 1655, Avis etc., suivi de Les Pieux Sentimens et sentences spirituelles… 1-229.
[1655] Le Vray Esprit du Carmel, réduit en forme d’exercice pour les âmes qui tendent à la perfection chrétienne et religieuse, Par le Ven. F. Jean… Avec un recueil de ses lettres spirituelles, Rennes, Jean Durand, 1655, Frontispice (l’œil droit spirituel ouvert, l’œil gauche terrestre de l’aveugle fermé !), Aux vrais chrétiens…, Aux âmes religieuses, Table, Le Vray esprit, 1-360, Recueil de plusieurs lettres…, 1-180.
[1656] La Vie … du même ordre (reprise exacte du titre de 1651), Paris, Denis Thierry, 1656, Épitre à Monseigneur Messire Henry de Bourg-Neuf…, Préface, Table, (même contenu et pagination qu’en 1651).
[1657] La Mort des saincts précieuse devant Dieu ou l’art de pâtir et mourir… par le V. Frère Jean de S. Samson, Paris, Anthoine Pas-de-Loup, 1657, en deux parties, 1-188, 1-284.
[1658-1659] Les Œuvres spirituelles et mystiques du divin contemplatif F. Jean de S. Samson, religieux carme de la réforme et observance de Rennes, en la province de Touraine. Divisées en deux tomes. Avec un abrégé de sa vie. Recueilly et composé par le P. Donatien de S. Nicolas, religieux de la même province. A Rennes, Par Pierre Coupard, 1658 t. I et 1659 t. II. Tome I comprend : Titre, « À Jésus-Christ crucifié", 2 p., Abrégé de la vie… par Donatien, p. 1-60, Eloges et approbations, p. 61-66, Table des titres tome I, p. 67-70, Avis au lecteur, p. 71-72, Les Œuvres du Vénérable F. Jean de S. Samson, livre I, Le vrai esprit du Carmel…, p. 1-133, Livre II, Le Cabinet mystique adressé aux âmes plus illuminées, p. 134-224, Livre III Contenant les règles de conscience et de conversation extérieure, p. 224-301, Livre IV, Le Miroir et les flammes de l’amour divin…, p. 302-336, Livre V, Soliloques…, p. 337-384, Livre VI, Les Contemplations sur les mystérieux effets de l’Amour divin, p. 385-528, Livre VII, Méditations pour les retraites…, p. 529-586, Livre VIII, Lumières et règles de discrétion pour les supérieurs, p. 587-616. Tome II comprend : Titre identique au tome I, Table des titres du tome II, 2 p., Livre IX, Recueil de plusieurs lettres spirituelles [80 lettres], p. 617-680, Livre X, De la simplicité divine, p. 681-744, Livre XI De l’effusion de l’homme hors de Dieu et de sa refusion en Dieu…, p. 745-781, Livre XII, La mort des SS…, p. 782-846, Livre XIV [manque un livre XIII !], Observations sur la Règle…, p. 847-891, Livre XV, La conduite des novices, p. 892-968, Livre XVI, Divers traités, p. 969-1044, Poésies mystiques, p. 1-16.
Nous nous appuyons sur cette édition « définitive ». Elle diffère quelque peu des précédentes. On observe que le Vrai Esprit repris dans le présent volume couvre 133 pages sur un total de 1060 pages, soit le huitième du corpus. Et les autres textes bénéficiant de rééditions modernes suivantes sont encore plus réduits comparés au corpus.
Rééditions modernes :
Jérôme de la Mère de Dieu, La Doctrine du Vénérable Frère Jean de Saint-Samson, Éd. de la Vie spirituelle, Saint-Maximin, 1925211.
Directions pour la vie intérieure, par Jean de Saint-Samson, choix établi et présenté par S. M. Bouchereaux, La Vigne du Carmel, Seuil, 1947212.
Jean de Saint-Samson, Œuvres mystiques, texte établi et présenté par H. Blommestijn et M. Huot de Longchamp, Paris, Ô.E.I.L., 1984213.
H. Blommestijn, Jean de Saint-Samson. L’éguillon, les flammes, les flèches et le miroir de l’amour de Dieu, propres pour enamourer l’âme de Dieu en Dieu même, édition du manuscrit de Rennes, Introduction et commentaire, Doctorat, Pontificiae Universitatis Gregorianae, Rome, 1987214.
Jean de Saint-Samson, La Pratique essentielle de l’amour, Coll. « Sagesses chrétiennes », Cerf, 1989 (texte établi et présenté par H. Blommestijn et M. Huot de Longchamp)215.
Jean de Saint-Samson, Œuvres complètes 1, L’Aiguillon, FAC, 1992, Œuvres complètes 2, Méditations et Soliloques 1, FAC, 1993, Œuvres complètes 3, Méditations et Soliloques 2, FAC, 2000216.
[1950] S.-M. Bouchereaux, La Réforme des carmes en France et Jean de Saint-Samson, Vrin, 1950.
[1963] C. Janssen, Les Origines de la réforme des carmes en France au XVIIe siècle, Martinus Nijhoff, s’Gravenhage, 1963.
[1987] H. Blommestijn, Jean de Saint-Samson, L’éguillon, les flammes, les flèches et le miroir de l’amour de Dieu…, Pontificiae Universitatis Gregorianae, Rome, 1987.
Le Vrai Esprit du Carmel est le portique d’entrée composé par le P. Donatien de Saint-Nicolas et placé en tête des deux in-folios reprenant les œuvres du maître, « édition définitive » de 1658-1659217.
Nous livrons cet état final du travail de Donatien suivi de la transcription de manuscrits qui, découpés et distribués, servirent à composer l’ouvrage.
Il est aisé d’aller et de revenir du Vrai Esprit à ses Sources manuscrites regroupées dans la seconde partie du volume, grâce aux indications de leurs folios, reportées identiquement de part et d’autre entre crochets au fil des deux textes. Cela tient lieu d’une commune pagination.
La table des correspondances (édition vers manuscrits et inversement) qui suit immédiatement décrit l’état actuel d’un puzzle partiellement reconstitué. Des explications techniques complémentaires figurent dans l’Avertissement qui suit l’étude du P. de Longchamp et qui précède notre édition du Vrai Esprit. Rappelons enfin que le fonds manuscrit de Rennes est décrit en annexe en fin de volume.
Le Vrai Esprit du Carmel 1
Œuvre spirituelle et mystique assemblée par le Père Donatien de Saint-Nicolas. Sources manuscrites. 1
Édition critique présentée par Dominique Tronc 1
Avec une étude par le Père Max Huot de Longchamp 1
Avant-propos 3
Jean de Saint-Samson (1571-1636) 5
Au sein des réformes 5
La vie d’un frère convers 6
Le sentier de l’amour divin 10
Les Sources 17
La présente édition 19
. 21
Correspondance entre le manuscrit de Rennes et le Vrai Esprit de Donatien 21
L’enseignement du Vrai Esprit du Carmel 22
1. Un manuel de vie religieuse 24
2. Le cadre d’une vie spirituelle 27
3. Le pédagogue de la vie spirituelle 33
4. Lire Jean de Saint-Samson 39
. 41
[Première page de l’édition de 1658 du Vrai Esprit du Carmel] 41
Avertissement 42
Le Vrai Esprit du Carmel 44
[Textes mystiques du Fr. Jean de Saint-Samson assemblés par le P. Donatien de S. Nicolas] 44
Chapitre premier. Où par manière de préface est montrée l’importance et la nécessité que tout religieux a d’être spirituel 45
Chapitre 2. Ce que c’est que religion, et être religieux 49
Chapitre 3. Ce que c’est que d’être vrai et parfait religieux 55
Chapitre 4. De la mortification 64
Chapitre 5. La nécessité des vertus ; et comme elles sont le moyen et la preuve de l’Amour divin 67
Chapitre 6. Du principal moyen d’acquérir les vertus 71
Chapitre 7. De la connaissance de soi-même, et de l’humilité, premier fondement de la vie spirituelle 76
Chapitre 8. Du même sujet de la vertu d'humilité 84
Chapitre 9. Traité plus ample de l'humilité 91
Chapitre 10. Des vertus d'obéissance, patience, bénignité, abstinence et sobriété ; et de la solitude tant de corps que d'esprit 123
Chapitre 11. De l'abnégation ou renonciation 136
Chapitre 12. Ce que c'est que mourir à soi ; et des diverses morts, tant du sens que de l'esprit 144
Chapitre 13. Des morts plus subtiles et plus spirituelles que l'âme doit souffrir constamment en ces voies mystiques 151
Chapitre 14. Du fond de l'âme et de l'excellent état de ceux qui sont parvenus 155
Chapitre 15. De l'amour de Dieu et de ses divers effets et degrés 159
Chapitre 16. De l'Amour pur, et de son excellence au plus haut point de son état actif 163
Chapitre 17. Les industries de l'âme, et la conduite que Dieu tient sur elle pour l'élever à l'état d'amour pur 167
Chapitre 18. Divers avis et renseignements pour s'avancer et se conserver dans le vrai amour de Dieu 183
Chapitre 19. Quelques autres lumières sur les divers mouvements de la nature et de la grâce 196
Chapitre 20. Des œuvres extérieures 203
Chapitre 21. Conduite des actions de la journée, et des quelques autres occupations importantes de la vie religieuse, comme d'étudier, mendier, prêcher, confesser, etc. 206
Comment les religieux doivent exercer dans l'Esprit de Dieu la pauvreté ou mendicité, lorsque pour ce sujet ils sont envoyés à la campagne 212
Avis pour la direction d'un bon confesseur 221
Chapitre 22. De l'amour unitif et de l’oraison par voie mystique. Et comme cette voie est opposée à la scolastique 229
Chapitre 23. De l'amour divin, son commencement et son progrès, par ordre et par degrés 238
. 247
[Première page du ms. 43n2 source de la p. 1 du Vrai Esprit du Carmel] 247
[placer ici “ms.début Vrai esprit.jpg”] 247
Sources manuscrites 248
Avis pour la direction d'un bon confesseur [chap. 21] 249
(ms. 40n4 = Vrai Esprit, chap. 21, add. « Avis… ») 249
Traité de l'état de l'amour pur [chap. 16] 253
[ms. 40n11-1 = Vrai Esprit, chap.16] 253
Comme on connaît les diverses amours, le vrai et divin, et le naturel [chap.18] 258
(ms. 40n11-1 = Vrai Esprit, chap.18) 258
Premier avis 258
Second avis 259
Troisième avis 260
Quatrième avis 261
Cinquième avis 261
Sixième avis 262
Septième avis 263
Huitième avis 264
Neuvième avis 265
Dixième avis 266
Onzième avis 267
Douzième avis 267
Treizième avis 268
Quatorzième avis 268
Quinzième avis 269
Seizième avis 270
Dix-septième avis 271
Dix-huitième avis 272
Dix-neuvième avis 273
Vingtième avis 273
Que c’est que religion et religieux [chap. 3] 275
(Ms. 40n11-2 = Vrai Esprit, chap. 3) 275
Que c’est que religion, et que d'être religieux [chap. 2] 284
(Ms. 41n1 = Vrai Esprit, chap.2) 284
Autre traité de la différence des deux voies, mystique et commune [chap. 22] 291
(ms. 42n5 = Vrai Esprit, chap. 22) 291
Exercice monstrant le port de nostre Religion [chap. 1, 4-8, 10, 12-15, 19, 20] 295
(ms. 43n2 = Vrai Esprit, chap. 1, 4-8, 10, 12-15, 19, 20) 295
Exercice monstrant le port de nostre Religion, en faveur de ses plus saints Enfans. 295
La nécessité que le Carme a d'être spirituel Contenant neuf chapitres Chapitre premier [chap. 1] 296
Chapitre 2. De la mortification [chap. 4] 299
Chapitre 3. De la connaissance de soi-même [chap. 7] 303
Chapitre 4. Des divers degrés de méditation [chap. 7] 307
Chapitre 5. Des œuvres extérieures [chap. 20] 310
Chapitre 6. De la nécessité des vertus au spirituel [chap. 6] 315
Chapitre 7. De la nécessité des vertus au spirituel. De l'humilité [chap. 8] 320
Chapitre 8. Des vertus filles d'humilité [chap. 10, 19] 334
Abrégé et réduction de tout cet exercice [chap. 5, 15, 12 à 14] 353
Pratique essentielle de l’amour de divine théorie en lui-même [chap. 23]. 372
(ms. 43n5 = Vrai Esprit, chap. 23) 372
Annexe : les manuscrits de Rennes 382
Lire Jean de Saint-Samson, un mode d’emploi
Le Cabinet mystique & extrait de l’Œuvre assemblée par le Père Donatien de Saint Nicolas. Sources manuscrites.
Textes choisis.
La direction de Dominique de Saint-Albert
Une autorité pour Madame Guyon
!Saint-Samson Dossier antidoté
Cet ouvrage prend la suite du Vrai Esprit du Carmel réduit en forme d’exercice pour les âmes qui tendent à la Perfection. édité en 2012 dans la collection « Sources mystiques » du Centre Saint-Jean-de-la-Croix.
Il poursuit ma restitution de l’assemblage établi par le Père Donatien de Saint-Nicolas et paru en 1658. Le Vrai Esprit couvrait de la première page des œuvres 218 à la page 133, suivi d’un Cabinet mystique adressé aux âmes plus illuminées qui couvrait les pages suivantes jusqu’à 224. Donatien poursuit ensuite un assemblage qui couvrira plus d’un millier de grandes pages 219.
Je prolonge une restitution très partielle en me limitant à la première partie du Cabinet mystique, des pages 134 à 192, décrivant un « plateau mystique » atteint après une rude montée.
Comme pour le Vrai Esprit j’ai retrouvé en partie les sources manuscrites qui sont présentées et corrélées à la suite du texte de Donatien. Il revoit et simplifie au détriment d’un souffle qui traverse les dictées du grand carme aveugle. À la décharge de Donatien, il s’agissait de faire apprécier un maquis de dictées plus ou moins fidèles à l’exposé oral.
J’ai complété largement ce bref texte par un florilège privilégiant des lettres adressées surtout au disciple bien-aimé et autre mystique accompli, Dominique de Saint-Albert, disposant cette fois d’une édition établie par S. Bouchereau et parue dans une revue difficilement accessible.
Puis au-delà du présent travail, que faire ? Depuis 1950, l’année de parution du travail majeur de S. Bouchereaux, peu d’entre nous ont pris le relais. À ma connaissance trois ont commis des études fournies220 : mon ami Max de Longchamp, le grand carme Hein Blommestijn et moi-même. Une édition intégrale des meilleurs manuscrits, ceux du fond de Rennes, nous livre trois volumes totalisant déjà presque 800 pages (mais seulement un petit quart des 4000 pages manuscrites), mais n’a pu être poursuivie. Le fallait-il ? Qui entreprendrait la lecture d’un tel corpus inégal ?
Max de Longchamp propose une approche introduisant un choix de cinq traités abordant les « questions essentielles auxquelles se confrontent les âmes d’oraison ». Je reconnais son souci pastoral. Il présente lumineusement ces pages. Pour aller plus loin, on lira les études érudites de Bouchereaux suivi par Blommestijn.
J’ai photographié les manuscrits de Rennes en distribuant les milliers de photographies établies sur banc par doubles pages en suivant l’inventaire établi par les archives d’Ille-et-Vilaine avec contribution de S. Bouchereau qui recommande d’éviter tout mélange ! Ainsi de génération en génération un souci de préserver et de transmettre se transmet.
Je recommande donc d’oublier l’idée d’une reconstitution hasardeuse et déformante d’une œuvre qui ne fut que dictée à l’aventure d’un transcripteur souvent novice puis futur spirituel disciple de Jean. On a aujourd’hui tout ce qu’il faut pour ouvrir le dossier Saint-Samson. Dans ce but je propose un fil conducteur et je suggère une approche progressive.
Il s’agit certes d’un gros dossier requérant effort, mais il s’agit surtout de retrouver le plus grand des mystiques français. Je l’égale à l’autre Jean (de la Croix) dont l’œuvre fut mutilée. Notre second Jean n’a pu être reconnu comme nous venons d’en exposer les raisons concrètes : dictées au sort aventureux, imprimés infidèles.
Voici donc en ouverture à ce travail poursuivi de restitution partielle d’un couronnement au Vrai Esprit par la première partie du Cabinet mystique un mode d’emploi (ouvrant sur quelque rappel de que nous venons de souligner).
Il est bâti sur un état des lieux aujourd’hui devenu favorable : plusieurs ouvrages publiés depuis la grande thèse publiée chez Vrin en 1950 et leur mise à disposition en photos doubles pages sur notre base « JEAN DE SAINT-SAMSON » ; de même pour le principal fond manuscrit, œuvre d’un bon copiste qui ne requiert guère qu’une heure pour se familiariser avec ses rares abréviations.
Jean de Saint-Samson est l’auteur mystique français le plus important du dix-septième siècle, mais méconnu, car le plus problématique vu de ses sources textuelles.
L’aveugle a dicté aux novices qu’il a ainsi formé. On possède des sources manuscrites fiables à Rennes et des imprimés d’époque. La dernière édition par Donatien en deux volumes in-folio publiés à Rennes en 1658 s’est imposée.
II est préférable de recourir aux sources manuscrites, car Donatien a fortement adapté et protégé son maître. Cependant les quatre mille pages qui nous sont parvenues sont issues de nombreuses dictées de qualité variables, le sens mystique profond dépendant de la compréhension de tel auditeur-transcripteur. L’oralité du maître entraîne fréquentes répétitions et absence d’une organisation suivie dans l’exposé.
L’« Œuvre » de l’aveugle ne peut être reconstituée (et ne serait guère complète : certains manuscrits attestés ont disparu) tandis que la compilation de ce qui reste — les quatre mille pages pour Rennes seul -- serait indigeste. Ceci justifie partiellement le travail à la serpe commis par Donatien en conformité avec l’esprit du temps.
On dispose aujourd’hui de quoi ? Trois premiers tomes d’un projet d’édition intégrale en dix tomes des seuls manuscrits de Rennes. S’y ajoutent des textes bien choisis par Max de Longchamp. Puis notre édition du Vrai Esprit du Carmel associe l’ouverture construite par Donatien pour son grand œuvre publié en 1658 à une partie retrouvée de sources manuscrites. On y vérifie la liberté, l’adoucissement et certaines précautions prises par le disciple-éditeur221.
Je propose de préférence à toute entreprise éditoriale majeure le recours à un vaste dossier associant l’in-folio de 1658 aux archives de Rennes et aux éditions modernes, soit l’essentiel ici assemblé et harmonisé. Son fil conducteur est fourni par la table de 1658 associée au descriptif détaillé des archives de Rennes avec renvois aux éditions modernes. L’ensemble informatique est autonome. C’est probablement une direction inhabituelle, mais elle prépare le bon accord avec une évolution technique en cours où la linéarité du récit classique ou « livre » est sacrifiée par la facilité d’établir des liens entre sources images et textes voire sur un même écran.
L’ensemble informatique que je présente est autonome. C’est probablement la direction adaptée à une évolution qui menace à terme le support linéaire du livre tel qu’il s’est établi depuis cinq siècles.
Le fil conducteur reprend successivement les éditions modernes disponibles, la table de Donatien de 1658, le relevé des archives départementales d’Ille-et-Vilaine, lettre H boîtes 39 à 43, dossiers d’origine par boîte.
Éditions, table et relevé sont associés par soulignement des dossiers lorsqu’ils peuvent être remplacés au moins partiellement par une édition moderne.
La bibliographie récente comporte les principaux ouvrages qui suivent :
La Réforme des Carmes en France et Jean de Saint-Samson par Suzanne-Marie Bouchereaux, Paris, Vrin, 1950. (490 pages)
O.E.I.L. :
Jean de Saint-Samson, Œuvres mystiques, Texte établi et présenté par Hein Blommestijn, O. Carm et Max Huot de Longchamp, « Sagesse chrétienne », O.E.I.L., Paris, 1984. (157 pages) [L’Aiguillon, les flammes. & L’Epithalame]
Jean de Saint-Samson (1571-1636) L’Eguillon, les flammes, les flèches et le miroir de l’Amour de Dieu, propres pour enamourer l’âme de Dieu et dieu mesme, Edition du manuscrit de Rennes, Introduction et commentaire, Auctore Hein Blommestijn, Pontificiae Universitatis Gregorianae, Romae, 1987. (397 pages)
F.A.C. (3 vol.) :
Jean de Saint-Samson, Œuvres complètes 1 L’aiguillon, L’éguillon, les flammes, les flèches, e tle miroir de l’amour de Dieu, propres pour enamourer l’âme de Dieu en Dieu mesme, Edition critique par Hein Blommestijn, O. Carm., Institutum Carmelitanum — Rome & FAC-éditions – Paris, 1992. (136 pages).
Jean de Saint-Samson, Œuvres complètes 2 Méditations et Soliloques 1, Edition critique par Hein Blommestijn, O. Carm., Institutum Carmelitanum — Rome & FAC-éditions – Paris, 1993. (371 pages)
Jean de Saint-Samson, Œuvres complètes 3 Méditations et Soliloques 2, Edition critique publiée par Hanneke Hooft, Edizioni Carmelitane — Rome & FAC-éditions — Paris, 1999. (289 pages).
S.C. :
Jean de Saint-Samson, La pratique essentielle de l’Amour, Textes établis et présentés par Max Huot de Longchamp et Hein Blommestijn, « Sagesses chrétiennes », Ed. du Cerf, 1989. (206 pages. Disponible) [cinq textes présentés individuellement : La pratique essentielle de l’amour, Exercices de l’Amour suprême, Le retour de l’épouse à son Epoux, Exercice de l’amour simple, Résumé de la vraie liberté]
VE :
Jean de Saint-Samson, Le Vrai Esprit du Carmel, Œuvre assemblée par le Père Donatien de Saint-Nicolas – Sources manuscrites, édition critique présentée par Dominique Tronc avec une étude par le Père Max Huot de Longchamp, « Sources mystiques », Centre Saint-Jean-de-la-Croix, 2012. (607 pages. Disponible).
CM:
Cabinet mystique associé à un florilège dont des lettres & Lire Jean de Saint-Samson, mode d’emploi, le présent volume, 2018.
On est reporté à certaines de ces éditions par soulignements dans la liste des Œuvres spirituelles et mystiques de 1658 ou dans le catalogue des manuscrits de Rennes (selon que l’édition privilégie la source imprimée de Donatien ou qu’elle est une transcription de manuscrits).
Je suggère l’approche du grand mystique suivant la progression suivante :
(1) S.C. pour ses lumineuses présentations et les textes adaptés à la lecture moderne,
(2) VE précédé d’une présentation de Jean de St-Samson ; permet de comparer pas à pas Donatien à quelques-unes de ses sources,
(3) CM élargi par l’adjonction d’un florilège et proposant une approche sur dossier qui met en relation les publications et les manuscrits sources,
(4) O.E.I.L. pour L’éguillon et l’épithalame,
(5) F.A.C. respectant rigoureusement les ms de Rennes,
[6) [ou mieux en (1) !] recours à ma base « JEAN DE SAINT-SAMSON » permettant le recours direct aux manuscrits de Rennes ainsi qu’aux études dont et depuis Bouchereaux. Ses photographies en haute résolution222 sont distribuées sous des répertoires respectant le catalogue détaillé infra. L’arborescence de ~160 dossiers soit ~7000 fichiers couvre ~6 Go.
On aura ainsi l’accès facilité au moins matériellement à Jean de Saint-Samson, le mystique cité le plus abondamment (en compagnie de l’autre Jean et de Catherine de Gênes) par madame Guyon, dernière très grande figure mystique du même siècle.
Jean de Saint-Samson a été occulté pour des raisons très matérielles, mais les saisies multiformes (parfois informes) de ses dictées n’ont pas été largement détruites comme ce fut malheureusement le cas d’écrits de Jean de la Croix223.
Il s’agit des manuscrits de Rennes et des éditions recueillies chez les grands carmes près de Borddeaux > base photos
Voici en corps réduit la liste de l’édition 1658 suivie du catalogue des manuscrits de Rennes224. Elle n’est à ce jour que très partiellement soulignée.
Reprise de l’Introduction établie par Blommestijn, page 90 et suivantes :
. Je donne seulement cet advis aux mistiques consommez, affin que s’ils les desirent voir en leur pureté et vérité, ils aient recours aux originaux, lesquels ils trouveront bien plus amples en beaucoup d’endroits. Ledit père en aiant beaucoup retranché, et en plusieurs endroits des livres qu’il a faict imprimer, lesquels i'ay veüe et confrontez. C’est pourquoy les souverainement mystiques seront bien plus satisfaicts des originaux ou des coppies faictes sur iceux, pourveu qu’elles soient si bien corrigées qu’elles soient du tout semblables aux originaux. Le R.P. Boniface confenne bien mon sentiment sur cela dans la relation qu’il a faict.8
Malgré le désir du P. Joseph d’une édition plus adaptée au caractère propre de la mystique de Jean de Saint-Samson et aux mistiques consommez, rien n’en a été fait depuis lors. Jusqu’à nos jours, les impressions de 1651-1659 restent en fait l’unique voie d’accès praticable aux écrits de Jean de Saint-Samson.
C’est donc pour nous un devoir de donner un aperçu du contenu des Œuvres spirituelles et mystiques de 1658-1659, dont les titres sont généralement cités :
Liste de 1658.
L. 1 : Le Vray Esprit du Carmel, 23 chapitres, 1-133 = VE
L. 2 : Le Cabinet Mystique adressé aux âmes plus illuminées, 17 chapitres en deux parties, 134-224 = CM (première partie)
L.3 : Règles de Conscience et de Conversation extérieure.
Traité 1 : Miroir de Conscience pour les personnes spirituelles, 224-242.
Traité 2 : Un autre Miroir des Consciences, 242-280.
Traité 3 : Règles de Conversation pour les personnes spirituelles, 280-301.
L. 4 : Le Miroir et les Flammes de l’amour divine, disposant l’âme à aymer Dieu en luy-mesme, 8 chapitres, 302-336.
L. 5 : Soliloques ou Entretiens intérieurs, affectifs et familiers, de l’Ame avec Dieu, 9 soliloques, 337-384.
L. 6 : Les Contemplations sur les mystérieux effets de l’amour divin, 38 contemplations, 385-528.
L. 7 : Méditations pour les Retraites ou Exercices de dix iours, Première Partie. Des méditations appartenant à la Vie purgative, 30 méditations, 529-586.
L. 8 : Lumières et Règles de discrétion pour les supérieurs, 587-616.
L. 9 : Recueil de plusieurs lettres spirituelles, 80 lettres, 617-680 = CM partie lettres dont reprise Bouchereau pour Dominique de Saint-Albert
L. 10 : De la Simplicité divine, 5 traités, 681-744.
L. 11 : De l’Effusion de l’homme hors de Dieu, et de sa Refusion en Dieu par voye mystique, 3 traités, 745-781.
L. 12 : La Mort des saincts précieuse devant Dieu, ou les moyens de pâtir et mourir saintement, et dans l’esprit de Dieu, 9 chapitres, 782-846.
L. 13 : Observations sur la Règle des Carmes, 14 chapitres, 847-892.
L. 14 : La Conduite des Novices, 19 chapitres, 892-968.
L. 15 : Divers Traitez.
Traité 1 : De la perfection et décadence de la Vie Religieuse, 969-979.
Traité 2 : En quels cas on peut refuser, ou quitter la charge de Supérieur, 980-988.
Traité 3 : Lumières pour l’establissement et maintien des Réformes, 988-998.
Traité 4 : De la Sainte Communion, 998-1002.
Traité 5 : Des Possessions diaboliques, adressé à un Exorciste, 1002-1010.
Traité 6 : De l’Excellence et très-haute Dignité du Sacerdoce, 8 chapitres, 1010-1032.
Traité 7 : De la Force Chrestienne, 1032-1044.
Poésies Mystiques, 9 cantiques spirituels, annexe 1-16.
Les manuscrits originaux dont Joseph de Jésus parlait, 9 ne sont plus conservés, sauf un petit nombre de lettres. Les copies faites sur ces originaux sont conservées à Rennes, aux Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine : les liasses 39 à 44 du fonds Grands Carmes de Rennes.
Catalogue des ms.
Le catalogue de ces manuscrits nous donne un aperçu plus précis des écrits spirituels et mystiques de Jean de Saint-Samson. Il est donc utile de le reproduire ici, à côté de la table des matières des Œuvres imprimées :
Liasse 9 h 39 :
n. 1 : Exercice d’elevation d’esprit à Dieu, ff. lr-3r = présent vol., Cabinet mystique, source manuscrite225.
n. 2 : Stances et Sonnets et autres Cantiques tres mistiques, sur divers suiets en forme de vifs aiguillons de l’amour de Dieu, du mes-pris de soy mesure, et autres suiets, 127 cantiques spirituels, ff. 5r-147r.
n. 3 : Lettres de f. Jean de S. Samson, 39 pièces de papier.
n. 4 : Vie de f. Jean de S. Samson, collection établie par le P. Joseph de Jésus, ff. lr-195r.
Liasse 9 h 40 :
n. 1 : De la douloureuse agonie de nostre Seigneur au jardin. Exercice 6mc, ff. I r-7v.
n. 2 : La vie de nostre Seigneur en general, ff. 9r-21r.
Comme nostre Seigneur lava les pieds de ses Apostres, ff. 21r-25v. L’Exercice 5me de l’institution du tres saint Sacrement, ff. 25v-28v.
n. 3 : Traité de la fréquente Communion, fi. 29r-37v.
n. 4 : Advis pour la direction d’un bon confesseur, If. 39r-48r.
n. 5 : Lumieres et verités mistiques dans le flux et l’ordre de la divine Sapience, plusieurs desquelles monstrent evidemment la plus perdüe misticité du total de son simple obiect. Ce flux est large, simple, haut, secret et perdu, sans art, passant d’une verite à l’autre en sa naifve simplicité. Le tout tiré et deduit en deux volumes pour supreme plaisir du perdu mistiques, ff. 49r-139v.
n. 6 : Sommaire de la vraie liberté des plus perduz en l’Esprit, ff. 141r-148r. = S.C.
n. 7 : Regle de discretion pour discerner les bons et mauvais esprits, ff. 149r-152r.
Des mouvements des Diables et des bons Espritz, ff. 152v-154r. Collections de l’autheur, quelqu’uns desquelles il a simplifiées : Lumieres et verités touchant la discretion des Espritz. Le plus haut Estat de Sapience. Poursuitte du titre premiere. Autres Regles touchant la discretion des Esprits. Annotation 9e sur la conferance septiesme. Il y a d’autres Regles que l’on appelle de discretion des Espris, comme de S. Ignace et du Pere Jan de Jesus-Maria. Règles pour discerner les Esprits du B.H.P. Ignace de Loyola de la Compagnie de Jesus, ff. 154r-164v.
n.8 : Difference de la vraie simplicité de la seule nature, ff. 164r-176v.
n.9 : Le Retour et arrestée fruition de l’Epousc en son Époux en la vie vitalle de la mesme Épouse en jcelui, ff. 177r-198v. = S.C.
n.10 : Exercice de l’amour simple, profond et unique, digere pour les vrais amoureux de Dieu en soi meme, tant pour y entrer, le commencer de l’acquerir, que pour le poursuivre et le finir heureusement à sa tres grande gloire, ff. 199r-228v. = S.C.
n. 11 : Des exercices de l’amour unique, de l’Espouse à son Espoux. = S.C.
Conversation familiere de lame amoureuse avec Dieu. Que c’est qu’aspiration et ses effets. Traité de l’estat de l’amour pur. De lame blessée, outrée, et languissante d’amour, If. 229r-252v. Comme on cognoist les divers amours, le vray et divin, et le naturel, 6 advis, ff. 253r-270v.
L’Epithalame de l’Époux divin et incarné et de l’Épouse divine, en l’union conjugalle de son Époux, ff. 271r-290r. = F.A.C. 2 (335-360fin) & O.E.I.L. (127-155)
Que c’est que Religion et religieux (cf. 9 h 41, n. 1), ff. 291r-298v.
n. 12 : L’Eguillon et le miroir des vrais Carmes de notre observance, vrais Enfans de S. Elie, contenant et montrant le vray Esprit de notre Regle et sa vive Pratique, Premiere Partie, 14 chapitres ; 2e Partie : Des œuvres de surerogation qui nous sont libres par notre Regle, Chap. quinziesme ; Supplement de cet œuvre conte. nant diverses verités touchant les matieres de l’ordre dicclui appartenant aux superieurs, chap. 16e ; Continuation de ce discours ; Autre discours deduit en faveur des superieurs, ff. 299r-457r.
Traité de la correction deduit dans les concepts des Su peres. En conséquence de mon traité sur la Reigle, ff. 457r-477v.
Autre genre de desordre appartenant aux superieurs majeurs, If. 478r-480v.
Autres verités et lumieres, ff. 481r-482r.
Autres verités concernantes les superieurs, ff. 482r-513r.
Autres verités, ff. 513r-518v.
Liasse 9 h 41 :
n.1 : Le cabinet mystique des directeurs plus illuminés, 58 reigles, ff. lr-65r.
Que c’est que Religion et que d’estre religieux (cf. 9 h 40, n. 11), ff. 65r-69v.
n.2 : Plusieurs belles sentences des Peres que de Seneque, dont il a parafrazé les unes, meslé de son esprit en d’autres, et tourné en trançois les autres, ff. 71r-158r.
Beau discours de la vraie solitude, ff. 158r-160r.
n. 3 : Du bien jnfinj de la tribulation dedans les hommes en la merveilleuse gloire de Dieu, et en l’extreme bien d’eux mesmes et specialement en ce quj doit estre sainct, ff. 161r-176v.
n. 4 : De l’jnfinie Excellence de Dieu, et de l’jnfinie estime que les hommes en doivent avoir, ff. 177r-185v.
n. 5 : Exercices ordonnés pour la Recolection des dix jours, 30 méditations, ff. 187r-282v. = F.A.C. 2 (15-186)
Liasse 9 h 42 :
n. 1 : La chaine de toutes verités simplement fluées et reflués de la divine sapience : L’extreme difference des esprits, tant selon science que selon simple, profonde et perdiie sapience, et mesme dans les commencens à servir Dieu ; Partie seconde : D’innombrables verités de sapience toutes enchaisnées les unes aux autres ; Autres diverses verités mistiques propres aux directeurs ; Autres verités mistiques tant pour les parfaits que pour ceux qui s’advancent ; Des faux oysifs et de l’eminent repos dedans le mesme suplement de cest exercice ; 3e Partie : De l’effusion des hommes hors de Dieu et la reffusion de certains d’eux en Dieu selon leur total ; Compendieuse conduitte propre pour adresser une âme judicieuse ; Que c’est que la discretion et de ces effets ; Les causes de la ruine des hommes et comme on peut connoitre le commancement de sa réformation, ff. lr-148r.
n. 2 : Exercice journalier pour un seculier commençant. « tout ou rien, Tout ou rien, tout ou rien. Deus meus et omnia, tout ou rien » ; Poursuitte de cet exercice ; Advis touchant cet exercice, ff. 149r-170v.
Que c’est que abstinence, fi. 171r-178r.
n. 3 : Traitté pour les Superieurs de la discretion des esprits, 179r-268v.
n. 4 : La difference des premiers Religieux d’avec ceux de ce temps, ff. 269r-283v.
n. 5 : Autre traité de la differance des deux voies, mistique et commune, ff. 285r-316r.
De l’excellence de la pauvreté religieuse et la maniere de l’exercer deument en bien questant et de son contraire en ceux qui l’exercent mal, tant en mal questant que par tout ailleurs, ff. 317r-332r.
Discours de la vieillesse, ses divers effets dedans les hommes et combien ils la doivent craindre, ff. 333r-338v.
n. 6 : L’eguillon, les flammes, les fleches, et le miroir de l’amour de Dieu, propres pour enamourer l’âme de Dieu en Dieu mesme, ff. 339r-405v. F. A.C. 1 complet & O.E.I.L. (31-125) & Thèse Blommestijn
n. 7 : Bref et compendieux Confessionnaire, montrant à ceux qui tendent vivement à la perfection les fautes et pechés dont ils se doivent accuser, au moins tous les huict jours une fois, ff. 407r-462r.
Liasse 9 h 43 :
n. 1 : L’exercice des esprits amoureux, solitaires en leurs solitudes, digeré en forme de soliloque, tant pour les plus parfaits, que pour les moins parfaits, montrant l’excellence de l’amour Essentiel aux Hommes amoureux, et l’excellence de l’amour aux Hommes moins parfaits et de moindre vol, tres utile tant aux uns qu’aux autres, 30 contemplations, fi. lr-192r. = F.A.C. 3 complet
n. 2 : Exercice monstrant le port de nostre Religion, en faveur de ses plus saints Enfans, 8 chapitres, ff. 193r-248v.
n. 3 : Exercice actuel pour darder aux mourans les dards plus propres et plus convenables, qui soit possible de rencontrer et digerer en ce temps ; Preparation actuelle a la mort accommodee au commun des hommes, ff. 249r-256v.
n. 4 : Pratique amoureuse deduite dans les plus profonds excèz de l’amour en l’obiect universel du mesme amour, dedans les profonds abysmes de sa passion, qui montre les Effets du mesme amour extatique, tant dehors que dedans, ft. 257r-289v. = F.A.C. 2 (263-384)
n. 5 : Pratique Essentielle de l’amour en soi mesme, dont la theorie est divine ; Récapitulation de tout ce fond, ff. 289v-300v. = S.C.
n. 6 : Contemplation des merveilles du tres sainct Sacrement, tant en soy qu’en ses Effets, ff. 301r-310r. = F.A.C. 2 (214-251)
n. 7 : Exercice merveilleux sur la passion du fils de Dieu en la crea-turc et de la creature en luj, ff. 311r-318r. = F.A.C. 2 (214-251)
n. 8 : Exercice pour entrer en la vie sureminente pour la commencer, pour s’y advancer et pour l’aschever, 10 chapitres, ff. 319r-326v.
n. 9 : Occupations tres mistiques et tres simples de l’âme avec Dieu tres propres pour la rendre souverainement amoureuse de luy, ff. 327r-330v.
n. 10 : Exercice servant d’adresse pour les âmes, qui commencent à passer de la vie active a la contemplative, ff. 331r-334v.
n. 11 : Directoire pour assister les malades et les consoler a la mort, 12 discours ; Sommaire et Suplément de ce petit traite de la tribulation, fl. 335r-432v.
n. 12 : L’Exercice des amoureux de Dieu, ordonné pour une personne sacrifiee a Dieu volontairement en la calamite publique, ff. 432v-438v.
n. 13 : Exposition sur le chap. 12 de l’Ecclesiaste. De panser a Dieu des la jeunesse et n’attandre le temps de l’affliction, ff. 438v-452v.
n. 14 : Exercice d’aspirations amoureuses, simple et unique en l’amour même, contenant les flammes amoureuses de l’amour en soi même, propre a estre tous fours fidellement pratiqué de rame veritablement devenüe amour à force d’aymer, et plus specia-lement dessus la Croix, tant en la vie qu’en la mort, ff. 453r-461r.
n. 15 : Advis d’importance aux Directeurs, ff. 461r-462v.
Liasse 9 h 44 :
n. 1 : Documents : 25 pièces, 1 registre (129 f).
n. 2 : Lettres originales (1624-1636), 10 pièces, adressées à : Valentin de Saint-Armel (6), M. Douet (3), et Donatien de Saint-Nicolas (1).
n. 3 : Diverses lettres qu’il a escrites a differentes personnes, tant religieux, religieuses, que seculiers et d’eminente condition, 93 lettres, ff. 1r-129r.
Livre second. Le cabinet mystique adressé aux âmes plus illuminées. 25
Première partie contenant divers traités ou exercices, proportionnés aux différents états de la vie contemplative. 25
Chapitre Premier. Des attraits qui disposent plus prochement l'âme à la vie contemplative. Et de l'amour nu et essentiel. 26
Chapitre 2. Des rigueurs de l'amour, de la caliginosité divine ; et de la suressence des mystiques. 35
Chapitre 3. De l'amour brûlant et consommant. 39
Chapitre 4. De la hauteur, longueur, largeur, et profondeur des mystiques ; et quelques enseignements pour leur conduite. 50
Chapitre 5. De la transfusion de l'âme en l'unité suréminente de Dieu. 67
Chapitre 6. Es mort pénible de l'amour consommant, du gibet pénible d'amour, et du regard divin. 76
Chapitre 7. De la vraie liberté des esprits plus perdus en Dieu. 84
Chapitre 8. De la vraie vie en unité sans différence. 95
Chapitre 9. La consommation du sujet en son divin objet, ou la souveraine consommation de l'âme en Dieu par amour. 101
Chapitre 10. Suite du précédent sujet, en forme de supplément ou d'appendice 123
Correspondances mss. de Rennes au Cabinet mystique de Donatien 153
Sources manuscrites 157
43n10 Exercice servant d’adresse f°331-334 (Cabinet ch. 1) 159
40n9 Le retour… chap. 3 & 4 (Cabinet…chap. 3 & 4 – La pratique essentielle de l’Amour, 89 sv.) 171
43n8 Exercice . vie suréminente f°319-326 (Cabinet chap. 6) 175
40n6 Sommaire . vraie liberté f° 141r-148r (Cabinet chap. 7 – Pratique essentielle de l’amour, 188-201) 185
43n8 De l’essence . en union sans différence f°319-326 (Cabinet chap. 8) 187
39n1 Exercice d’élévation. 1r°-3v° (Cabinet chap. 10 §1-2) 189
Textes choisis dans l’oeuvre 193
Deuxième partie du Cabinet mystique 193
Chapitre 6. De la fin et des moyens de la sainteté et ce que c'est que suprême et suressentielle discrétion. 193
Traité Miroir de conscience 224 [.] 197
Le miroir et les flammes de l’amour divin, disposant l’âme à aimer Dieu en lui-même. 302. 199
Chapitre II : de la présence de Dieu. 200
Chapitre 5. De la vie mystique. 201
Chapitres 8. Exercice spirituel adressé à un vénérable recteur en l'évêché de Dol. 204
Livre Sixième. Les Contemplations sur les mystérieux effets de l’Amour divin. 385. 207
Relevé au Tome II 209
La sapience des simples comparés à la science des doctes. Traité IV. De la souveraine liberté des âmes simples et perdues en Dieu. 209
De l'effusion de l'homme hors de Dieu et de sa refusion en Dieu. Traité II. 210
Livre Onzième. De l’effusion de l’homme hors de Dieu et de sa refusion en Dieu. Traité 3. Diverses lumières appartenantes à la vie contemplative. 212
Quelques lettres 213
Lettre 6. 213
Lettre 8. 213
Lettre 12. 214
Lettre 16. 214
Lettre 18. 215
Lettre 25. 216
La direction de Dominique de Saint-Albert 217
Présentation de la Correspondance (S. Bouchereaux) 217
I Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 219
II Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 221
III Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 222
IV Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson. 223
V Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson. 224
VI JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 225
VII Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson. 226
VIII JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT, 228
IX Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson ». 229
X Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson. 230
XI JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 231
XII JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 233
XIII Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 235
XIV Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 236
XV Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 237
XVI Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 238
XVII Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 239
XVIII Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson 240
XIX Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson. 241
XX JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 243
XXI Dominique de Saint-Albert à Jean de Saint-Samson. 246
Une « Autorité » pour Madame Guyon 249
Présentation des « Justifications », Florilège mystique assemblé par madame Guyon et Fénelon 249
Jean de Saint-Sasmon comme « Autorité » en clé I et suivantes 251
Autorité en clés XIII et suivantes 266
Autorité en clés XXVI et suivantes 282
Autorité en clés L et suivantes 306
fin 354
Le cabinet mystique adressé aux âmes plus illuminées. (Première partie contenant Divers traités ou exercices proportionnés aux différents états de la vie contemplative.) suivi d’ Extraits du Vrai Esprit du Carmel incluant Une présentation de Jean de Saint-Samson (1571-1636), Florilège assemblé par Dominique Tronc, HC, 158 p.
« Le cabinet mystique adressé aux âmes plus illuminées. » 5
Pages choisies dans sa « Première partie contenant divers traités ou exercices, proportionnés aux différents états de la vie contemplative. » 5
Chapitre Premier. Des attraits qui disposent plus prochement l’âme à la vie contemplative. Et de l’amour nu et essentiel. 7
Chapitre 2. Des rigueurs de l’amour, de la caliginosité divine ; et de la suressence des mystiques. 13
Chapitre 3. De l’amour brûlant et consommant. 17
Chapitre 4. De la hauteur, longueur, largeur, et profondeur des mystiques ; et quelques enseignements pour leur conduite. 25
Chapitre 6. Et mort pénible de l’amour consommant, du gibet pénible d’amour, et du regard divin. 37
Chapitre 7. De la vraie liberté des esprits plus perdus en Dieu. 41
Chapitre 8. De la vraie vie en unité sans différence. 43
Chapitre 9. La consommation du sujet en son divin objet, ou la souveraine consommation de l’âme en Dieu par amour. 49
Chapitre 10. Suite du précédent sujet, en forme de supplément ou d’appendice 61
Extraits du Vrai Esprit du Carmel 81
Chapitre 3. De la connaissance de soi-même [chap. 7] 83
Chapitre 17. Les industries de l’âme, et la conduite que Dieu tient sur elle pour l’élever à l’état d’amour pur 89
Chapitre 22. De l’amour unitif et de l’oraison par voie mystique. Et comme cette voie est opposée à la scolastique. 105
Chapitre 23. De l’amour divin, son commencement et son progrès, par ordre et par degrés 121
Pratique essentielle de l’amour de divine théorie en lui-même [chap. 23]. (ms. n5 = Vrai Esprit, chap. 23) 135
La Réforme du carmel français par Jean de Saint-Samson (1571-1636) et ses disciples 151
Multiples réformes. 151
La vie d’un frère convers aveugle. 153
Les « dits » de l’amour divin. 159
Disciples et Directoire spirituel. 167
Dominique de Saint-Albert (1596-1634) 171
Maur de l’Enfant-Jésus (1617/8 -1690) 179
Michel de Saint-Augustin (1621-1684) 187
Maria Petyt (1623-1677) 189
Pour aller plus loin ! 191
fin 195
voici des éléments qui restent à compléter par fr. Klaus et par D.Tronc :
Le carme le plus proche de l’esprit qui animait Jean de Saint-Samson (1571-1636) fut son disciple bien-aimé Dominique de Saint-Albert (1596-1634), malheureusement disparu précocement à l’âge de trente-sept ans. Brûlant d’amour, il définissait les mystiques comme ceux « qui sentent en eux un incendie d’amour éternel qui ne s’éteint ni jour ni nuit ».
Dominique a été maître des novices à Angers, lecteur en théologie, régent d’études, vicaire provincial et prieur à Nantes.
§
En ouverture à ce volume assez dense, nous incitons le lecteur à pénétrer plus avant en lui proposant un choix de beaux « dits » mystiques extraits des écrits de Dominique rassemblés ici sous le titre d’Œuvres mystiques.
La correspondance entre Dominique et son maître souligne l’intensité qui animait le jeune carme. Il semble avoir eu au début quelques difficultés liées à un intellect très actif, puis la grâce le combla au point qu’il se plaignait de sa force :
Lettre 1. Il me semble que je suis un homme double, tout à la spéculation et tout hors d’icelle, tout hors quant à l’affection, et tout dedans quant à l’obédience qui m’y applique. Je ne sais quelquefois si jamais j’ai fait oraison, d’autant que je me trouve tout absorbé en questions et spéculations ; mais là-dessous je demeure stable et tranquille, faisant qu’au fond tout cela ne m’est rien. Je ne puis quasi retourner à moi-même, car je suis tellement hors de moi que je ne sais, quant au sens, s’il y a un Dieu […] Pour moi, je pense être lors que je ne suis plus ; même souvent, quand je me retrouve encore avoir de l’existence, je me sens crier à notre Seigneur : « Hé quoi, mon Dieu, suis-je encore ? » Je reconnais que nous ne jouissons pas encore à pleine voile de cette divine face, en ce que nous ne pouvons nous manifester les uns aux autres tels que nous sommes. Je désirerais me manifester à vous [Jean de Saint-Samson] tout tel que je suis. Vous savez que jamais je ne vous ai rien celé de ce qui se passait en moi ; je crois que notre Seigneur, si c’est pour mon bien, vous fera plus clairement connaître ce qui est de l’état de mon intérieur et de ma pauvre misère. Mon frère, je suis délaissé pour maintenant, quoi que quelquefois notre Seigneur me donne des assurances de ma stabilité en Lui, par-dessus toutes mes spéculations et occupations. […]
Lettre 4. […] De vous dire les grâces que notre Seigneur me fait et la façon dont Il me traite, les paroles n’en peuvent rien exprimer ; une chose me fait trembler, c’est le peu de fidélité que je porte à y correspondre ; car notre Seigneur vient à moi, ce me semble, avec toute sa divinité. […] Mon âme ne désire être sinon un miroir transparent par lequel le soleil éternel passe de part en part, se retrouvant toujours dedans Soi-même. Je ne veux que rien de Lui demeure en moi, et qu’Il ait son perpétuel flux et reflux sans me rien laisser. Mon frère, vous goûtez ce que c’est. Infidèle que je suis, si notre Seigneur n’a pitié de moi ! Je vous prie de prier sa divine Majesté ou de ne plus venir si fort, ou qu’il me donne la grâce de le suivre, ou pour le moins de me laisser traverser de part en part à Lui. Hélas ! En cette divine lumière, je vois dans moi tant d’ordures ! […] Pour vous, vous allez rapidement comme un gros fleuve vous rendre dans cet abîme d’amour ; mais moi je vais tardivement et petitement ; encore faut-il pourtant amare amorem aeternaliter nos amantem [aimer l’amour qui nous aime éternellement]. Dieu nous en fasse la grâce. C’est ce que je désire. Votre pauvre frère Dominique. Ce 31 décembre 1625. D’Angers.
Lettre 5. […] Nous nous connaissons mieux l’un l’autre en l’unité d’esprit en laquelle nous nous rencontrons à l’embouchure de cet océan infini d’amour que non pas quand nous sommes séparés de la source d’où nous fluons et où nous refluons. […] Je vous écris d’autant plus librement que le Père prieur est capable de nos sentiments. […] Ce 24 juin 1626. De Ploërmel.
Lettre 8. [De Jean de Saint Samson :] J’ai grande pitié de vous, votre science vous coûte cher ; mais Dieu en qui vous mourez d’une mort si vive et si mortelle l’a prévue sans vous, et l’ordonne et le fait en lui et en vous, comme sans vous. […] Mais si nous croyons que Dieu fait cela, comme il le faut croire, il le faut soutenir avec allégresse et patience, autant que faire se pourra, en attendant que sa Majesté en dispose autrement par quelque autre événement. […] De Rennes, 20 novembre 1629.
Lettre 9. […] Je ne désire pas connaître et savoir, mais aimer à l’infini. […] Ce 6 février 1630.
Lettre 11. [De Jean de Saint Samson :] […] C’est cela qui vous approfondit tant mieux et tant plus en son infinie suressentielle vastité, sans que vous en ayez la perception autrement que par la très simple et très nue foi qui, vous étant une très simple lumière, vous montre et vous dit par elle-même que cela est ainsi. […] Rennes, ce 26 mars 1630.
Lettre 12. [De Jean de Saint Samson :] Je me réjouis grandement en notre Seigneur de ce que vous ne théologisiez plus spéculativement ni scolastiquement, mais mystiquement, simplement et largement, conformément à la simplicité et à la suréminence de votre simple fond. […] Faites donc votre mieux en tous sens et manière, pour vous conserver en pleine santé, afin que vous soyez l’instrument vif de Dieu, pour éternellement faire de vous et en vous à son bon plaisir, tant en vous que dans les créatures. […] Rennes, ce 14 mai 1630.
Lettre 13. […] Mon frère, que c’est d’aimer, je ne sais que c’est et ne désire autre chose. Nous nous voyons en notre centre, où nous nous reposons et agissons en des manières que nous ne pouvons expliquer par paroles. […] Mon frère, si j’avais quelque désir en ce monde, ce serait de la solitude, mais je trouve aussi bien la mort en l’occupation que dans le silence. Nous sommes à Dieu qui est en nous et nous en Lui, par-dessus les vicissitudes. […] Ce 26 mars 1631.
Lettre 14. […] Mon cher frère, nous nous entrevoyons tous les jours en notre Seigneur. Vous m’avez encore mieux connu, comme je crois, à cette dernière vue l’un de l’autre à Rennes. […] C’est pitié de tendre à l’infini et ne pouvoir comprendre [citation latine], autant insatiable à désirer que Dieu est infini à se communiquer. Mon frère je me recommande à vos prières, vous savez quomodo unum sumus [comment nous sommes un] : cette unité peut être goûtée, mais non pas expliquée. C’est à l’embouchure de l’océan où nous nous rencontrons tous les jours et nous perdons, et notre bien gît à être englouti de cet amour abyssal qui perpétuellement nous dévore sans nous consommer, car vous savez comment nous sommes ceux desquels il est dit : mors depascet eos [Ps. 48,14 : la mort les dévorera] , enfin amare amorem nos aeternaliter amantem. C’est tout le désir de/votre pauvre frère Dominique. Ce 26 avril 1631.
Lettre 18. […] Je ne saurais dire combien la charge où je suis m’est dure, après avoir goûté quelques jours les douceurs de la solitude en laquelle, quoiqu’il y ait des croix, elles sont comme prévenues, et on les attend comme de pied coi [calme, tranquille] ; mais en charge on est en continuelle tempête et bourrasque […] Ce 6 avril 1633.
Lettre 19. […] J’aimerais mieux, s’il était en mon option, épouser une prison perpétuelle que d’être supérieur. Si nous n’avons point de charité, ne ressentirons pas les fautes contre Dieu comme nous faisons ; mais aimant Dieu, tout ce qui le touche nous touche […] Sous tout cela, je demeure comme l’enclume sous le marteau, non sans grande angoisse. Mon frère, qui a quelque degré d’amour meurt misérablement dans une charge. […] Ce 5 août 1633.
Lettre 21. […] La mort corporelle n’est rien, mais la continuation des poignantes douleurs226 demande une étendue d’esprit indéficiente pour demeurer en une égalité avec sérénité de visage. C’est être supérieur aux douleurs que de les souffrir avec joie, et sentant un enfer au-dedans, vivre au-dehors plein d’allégresse […] Je ne crois pas que la volonté de souffrir puisse égaler la souffrance réelle ; un acte d’amour ne contient pas la perfection de ceux qu’on fait toute la vie, ni la volonté de souffrir les souffrances qui demandent le redoublement d’autant d’actes qu’il y a de moments en la durée des grandes douleurs. Je vous laisse à penser ce que c’est de souffrir nu comme sans réfléchir sur chose aucune ; de sorte que si l’amour prévaut en nous, pour nous faire soutenir patiemment, voir joyeusement, cela ne diminue point la douleur. […] Ce 9 novembre 1633.
Dominique meurt le 24 janvier 1634.
Citons son chef d’œuvre, le Traicté tres exquis et mistique. Nous le livrerons sous les deux formes qui nous sont parvenues, auxquelles s’ajoutent une composition comportant de très beux parallèles en notes, constituée par le fr. Johannes Brenninger, o.c. :
Dès qu’on commence à faire oraison, il est très important de voir clairement l’objectif d’un exercice aussi saint. Il ne faut pas le pratiquer simplement comme les autres exercices qui visent la mort à soi-même et l’acquisition des vertus, ni comme un moyen d’être agréable à Dieu. Mais il faut l’entreprendre comme le tout de notre vie […] l’exercice de sa présence en nous. […] En effet, celui qui ne désire pas faire de l’oraison le tout de sa vie, mais seulement l’utiliser comme un simple moyen pour mieux servir Dieu et agir plus parfaitement, ne parviendra jamais au but de l’oraison véritable. Ce but est l’union intime et continuelle avec l’esprit incréé, car nous n’existons, ne subsistons, ne vivons que pour acquérir cette union par les actes intérieurs de connaissance et d’amour. Cette action intérieure doit être notre activité principale, et tout ce que nous faisons d’autre doit s’y référer227.
[…] vous devez commencer à courir après Dieu. […]Vous percevrez uniquement par la foi qu’il réside en tout et qu’il est plus intime à vous-même que vous-même. Ainsi, vous ne penserez pas que vous êtes dans le ciel plutôt que sur la terre, mais que vous êtes en vous plus proche [de lui] que vous ne l’êtes de vous-même. […]
Dieu nous regarde avec attention comme si nous étions la seule personne au monde à devoir être écoutée et entourée, et ce même Dieu désire passionnément demeurer toujours avec nous, nous aimer et nous appeler. Son bonheur est de se communiquer à nous, de faire sentir intérieurement à une personne qui le recherche sa douceur et sa suavité. Quand vous aurez profondément imprimé cette vérité dans votre cœur, l’oraison consistera à vous animer d’un amour réciproque […]
L’âme] doit peu à peu s’abandonner à Dieu et supprimer même les paroles essentielles qu’elle s’efforçait de proférer, et rester dans la nudité du désir de Dieu.
L’amour et le désir de Dieu sont si directs qu’il ne s’agit pas de la vision de Dieu, mais de Dieu en lui-même et pour lui-même […] ayant investi notre désir, c’est lui qui le meut, l’étend, le dilate, l’enfonce en lui-même, et à mesure qu’il le comble, le rend plus capable et ainsi, le rend plus pauvre. Dans cette situation, l’intelligence n’agit que par la foi nue. Celle-ci a montré à la volonté que Dieu est incompréhensible, qu’il dépasse tout sentiment et toute intelligence. […] comme c’est un esprit pur, qu’on ne voit pas et qu’on ne sent pas, mais en qui l’on croit seulement, il faut, pour être vraiment uni à lui, emprunter un moyen inconnu et ineffable et que nous le connaissions non par des moyens discursifs, mais seulement de manière directe228.
Il faut bien comprendre que Dieu s’unit à quelqu’un beaucoup mieux et plus intimement quand l’âme est passive sous son action et ne fait rien229.
Nous devons surtout rechercher la science des saints qui produit l’amour en nos cœurs, et nous ne devons désirer prêcher, étudier, etc., que pour nous unir davantage à Dieu par amour. […] Continuons à penser que nous devons faire des études pour aimer Dieu davantage et non pour acquérir plus de connaissances sur lui […] En étant ainsi contraint de meubler son intelligence par de multiples images créées, c’est bien l’enfer le plus dur que peut souffrir un cœur amoureux qui cherche le visage de Dieu dans la nudité et la simplicité […]230
Cassien rapporte une sentence d’Antoine231 : si quelqu’un, après l’oraison, se souvient de ce qu’il a prié, son oraison n’est pas parfaite. Celui qui est en train de méditer sait ce qu’il a fait, de même celui qui pratique les colloques, les paroles familières et les conversations amoureuses, peut savoir ce qu’il a dit à Dieu, de même celui qui aspire à lui par des conversations essentielles. On peut donc penser que saint Antoine trouvait que, pour faire une oraison parfaite, il fallait être uni à Dieu et adhérer à lui d’une manière inconnue, par-delà des paroles bien composées et construites et tout autre moyen créé par l’action de Dieu. C’est lui qui nous inspire et continue à agir en nous, et nous collaborons avec lui non seulement vitalement, mais librement et d’une façon digne d’éloges. […]
Est-ce que ce n’est pas une extase continuelle de ne pas agir selon notre nature, mais d’être revêtu d’une action toute divine et surnaturelle qui n’est autre qu’une participation de l’amour incréé dont Dieu s’aime lui-même, grâce à laquelle nous vivons de la vie même de Dieu ? 232
fr. Klaus & D.Tronc
Présentation par les Éditeurs 5
Présentation par Kilian John Healy, o. c. 13
Présentation par S.-M. Bouchereaux 14
La Vie par le P. Nicolas de Saint Donatien 27
Présentation de la source (S. Bouchereaux) 27
CHAPITRE I. L’ESTAT DE L’OBSERVANCE DES CARMES DE RENNES LORSQUE LE PERE DOMINIQUE Y FUT RECEU NOVICE. 29
CHAPITRE II. FRERE JAN DE SAINT SAMSON EST APPELLE AU CONVENT DE RENNES ; ET PEU APRES LE PERE DOMINIQUE Y EST RECEU NOVICE. LA NAISSANCE, L’EDUCATION, ET LES PREMIERES DISPOSITIONS A L’ESTAT RELIGIEUX DU PERE DOMINIQUE DE SAINT ALBERT. 56
CHAPITRE III. LA VOCATION DU PERE DOMINIQUE DE SAINT ALBERT A L’ORDRE ET A L’OBSERVANCE DES CARMES DE LA PROVINCE DE TOURAINE. 65
CHAPITRE IV. SA RECEPTION AU NOVICIAT, LE PERILO QU’IL ENCOURUT D’Y PERDRE SA VOCATION, ET LA GRACE EXTRAORDINAIRE QU’IL RECEUT SUR CE SUJET 72
CHAPITRE V. IL EST ADMIS A LA PROFESSION ET S’AVANCE EXTRAORDINAIREMENT DANS LES PRATTIQUES DE LA PENITENCE ET DE LA MORTIFICATION 80
CHAPITRE VI. DE LA SOUMISSION QU’IL EUT A RECEVOIR DES INSTRUCTIONS D’UN BON FRERE LAY, [NOMME FRERE MACE], ET L’AVANTAGE QU’IL TIRA DE LA CONVERSATION QU’IL EUT PUIS APRES AVEC LE VENERABLE FR. JAN DE SAINT SAMSON. 87
CHAPITRE VII. SA CONVERSATION INTÉRIEURE AVEC NOSTRE SEIGNEUR SUR LES SUJETS DE SA PASSION. 95
I.EXPOSITION DE SA DOCTRINE 119
II. PRÉPARATION À LA VIE MYSTIQUE 129
III LA VIE MYSTIQUE ELLE-MEME 139
IV. L’INEFFABLE DE L’UNION MYSTIQUE 147
V.L’ACTIVITE INTERIEURE LORS DE L’UNION MYSTIQUE 149
VI. L’ACTIVITÉ EXTÉRIEURE DANS L’UNION MYSTIQUE 152
VII. LA SOUFFRANCE DANS LA VIE MYSTIQUE 154
VIII LES DEGRÉS DE L’UNION 161
Traité trÈs exquis et mistique (ms. d’Avignon) 165
Présentation du traité (Eugène Tonna) 165
]Chapitre I LA PLUS IMPORTANTE DES ACTIVITÉS DU CHRÉTIEN EST L’ORAISON 167
Chapitre I LA PLUS IMPORTANTE DES ACTIVITÉS DU CHRÉTIEN EST L’ORAISON 168
CHAPITRE II DES MOYENS À UTILISER POUR PROGRESSER DANS L’ORAISON D’UNION 171
CHAPITRE III LUMIÈRES ET TÉNÈBRES 178
CHAPITRE IV DE L’EXCELLENCE DE LA VIE INTÉRIEURE 180
CHAPITRE V LA VIE SPIRITUELLE ET CONTEMPLATIVE 182
CHAPITRE VII DES TENTATIONS QUI SURVIENNENT DANS CETTE SITUATION 190
CHAPITRE VIII L’ÉTAT DE SÉCHERESSE ET DE PRIVATION REND LES PERSONNES TRÈS CONFORMES A JÉSUS CRUCIFIE 194
CHAPITRE IX L’ÉCRITURE SAINTE ET LA CONTEMPLATION PASSIVE 198
Traité trÈs exquis et mistique (ms. de Tours) 205
Traité sur la ThÉologie mystique (composition J. Brenninger) 241
Excellent Traité de l’oraison infuse et des dispositions nÉcessaires de l’Âme 263
Chapitre 1 L’occupation la plus importante pour un chrétien, c’est de faire oraison 263
Chapitre 2. Des moyens à utiliser pour progresser dans l’oraison d’union. 269
Chapitre 3 De deux dispositions différentes où se trouve la personne qui est dans cette situation faite de lumière et de ténèbres, et la manière dont elle doit se comporter. 281
Chapitre 4 De l’excellence de la vie intérieure. 285
Chapitre 5. En quoi consiste la vraie contemplation dans cette vie ? 287
Chapitre 6 De la pratique des vertus dans cet état d’union. 297
Chapitre 7 Des tentations qui arrivent dans cet état. 302
Chapitre 8 L’état de sécheresse et de privation nous rend très semblables à Jésus crucifié. 307
Chapitre 9 Comment l’âme peut excellemment utiliser, dans toutes ces voies mystiques et dans tous ces états perdus, plusieurs passages de l’Écriture Sainte. Conclusion sur la vérité et la solidité de l’état de contemplation passive. 314
EXERCICE SPIRITUEL DES FRÈRES TANT NOVICES QUE PROFÈS VIVANT DANS LE NOVICIAT DE NOTRE CARMEL DE REDON 325
Chapitre I. Du fondement de leur vocation 325
CHAPITRE 2. Moyens pour se tenir sans cesse en présence de Dieu 327
CHAPITRE 3. Comment initier les novices à la méditation et à l’oraison 331
CHAPITRE 4. Différentes formes les plus accessibles de l’oraison d’union 336
CHAPITRE 5. Entretien intérieur sur la Passion du Seigneur 341
Chapitre 6. Autre conversation intime 350
Chapitre 7. La conversation simple et unique 363
RÈGLES EXTÉRIEURES OU MISE EN ŒUVRE DES PRINCIPALES VERTUS 369
Chapitre 8. De la pauvreté 370
Chapitre 9. De l’obéissance 371
Chapitre 10. De la chasteté 374
Chapitre 11. De l’humilité 376
Chapitre 12. Comment prier au chœur 381
Chapitre 13. Les frères dans leur cellule 382
Chapitre 14. Des propos qu’ils tiennent dans la vie ordinaire du monastère 384
Chapitre 15. Des propos qu’ils tiennent avec les gens de l’extérieur 389
Chapitre 16. De la conduite à adopter à l’infirmerie, aux récréations et partout où l’on doit tenir compte de la nature 391
RÈGLES GÉNÉRALES DU MAÎTRE DES NOVICES 397
IV. DIRECTION SPIRITUELLE DES ÉTUDIANTS 405
Correspondance de Dominique de Saint-Albert avec Jean de Saint-Samson 413
Présentation de la Correspondance (S. Bouchereaux) 413
I DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 415
II DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 417
III DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 418
IV DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON. 419
V DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON. 421
VI JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 422
VII DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON. 423
VIII JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT, 424
IX DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON ». 426
X DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON. 427
XI JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 428
XII JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 430
XIII DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 432
XIV DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 433
XV DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 434
XVI DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 435
XVII DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 436
XVIII DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON 438
XIX DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON. 439
XX JEAN DE SAINT-SAMSON A DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT 441
XXI DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A JEAN DE SAINT-SAMSON. 444
Témoignages sur Dominique de Saint-Albert. 447
I JEAN DE SAINT-SAMSON A BENOIT DE SAINTE-MARGUERITE. 447
II BENOIT DE SAINTE-MARGUERITE A JEAN DE SAINT-SAMSON. 450
III BENOIT DE SAINTE MARGUERITE A VALENTIN DE SAINT ARMEL 457
IV ISAAC De SAINTE THERESE A PHILIPPE THIBAULT 458
V ELOGE DE DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT PAR JEAN DE SAINT-SAMSON 477
VI JEAN DE SAINT-SAMSON A VALENTIN DE SAINT-ARMEL 477
VII JEAN DE SAINT-SAMSON A VALENTIN DE SAINT-ARMEL 479
VIII JEAN DE SAINT-SAMSON A HENRI DE SAINT-JOSEPH (EXTRAIT) 482
IX LETTRE DE JEAN DE SAINT-SAMSON 483
X LETTRE DE JEAN DE SAINT-SAMSON 487
APPENDICE I DOMINIQUE DE SAINT-ALBERT A BERNARD DE LA MADELEINE 489
APPENDICE II SAINT-SAMSON A MONSIEUR DOUET 490
Supplément de correspondance 493
I ad P. Bernardum a S. Magdalena 493
[manque pages 308-309 à photographier !] 494
IV Au Père Prieur des Carmes du Guildo 495
V Au pere Bernard, prieur des Carmes du Guildo estant de present 496
VI Au pere prieur des Carmes de Rennes 497
VII Au pere prieur des Carmes de Rennes 498
VIII Au P. Marc de St. Mathurin 499
IX Aux ffr. du Seminaire de Nantes 500
X Aux Peres et freres du couvent de Quintin et autres communautés 502
XI Au P. Marc de St. Mathurin 504
XII Au mesme P Marc. de St. Mathurin 505
XIII Ad P. Valentinum de S. Arm. 506
XVIII Pere Dominique au P.... Son Superieur. 516
Déjà donné dans la Filiation, repris ici :
!Maur I Oe de maturité juin 2006.doc
Maur de l’Enfant-Jésus, Ecrits de la maturité 1664-1689, coll. « Sources mystiques », Toulouse, Editions du Carmel, 2007, 344 p.
Lettres de direction
Le Royaume intérieur de Jésus-Christ dans les âmes
Deux Traités de la vie intérieure et mystique
Maur de l’Enfant-Jésus (1617-1690) fut le disciple le plus attachant du grand mystique aveugle Jean de Saint-Samson (1571-1636), inspirateur chez les Grands Carmes de la réforme dite de Touraine qui fut menée parallèlement à celle venant d’Espagne. Maur poursuivit discrètement l’œuvre tout intérieure de son père spirituel. Son influence s’étendit au-delà du cercle de ses frères en religion vers des confidents, dont Jean-Joseph Surin, et vers des dirigées religieuses ou laïques, dont Jeanne-Marie Guyon.
Mais son excentrement par rapport à la capitale du Royaume et une vie passée en grande partie dans un ermitage l’ont fait ignorer par les historiens religieux, à l’exception de Michel de Certeau, le biographe de son ami Surin. Cet oubli ne pouvait que se trouver renforcé lorsque les Grands Carmes disparurent de France à la fin du dix-huitième siècle.
Son œuvre est substantielle tout en demeurant de dimension raisonnable. Il vécut assez pour parcourir un long chemin mystique, dont témoignent des textes bien structurés, souvent inspirés, qui font écho à la profondeur des dictées de Jean de Saint-Samson.
Dans la collection « Sources mystiques » consacrée à l’héritage spirituel français, nous pensons pouvoir éditer ses œuvres complètes : le volume présent regroupe les Œuvres de la maturité, remarquables du point de vue de l’accomplissement mystique ; par la suite, des Écrits de jeunesse éclaireront la formation des disciples de Jean et l’élan intérieur qui les animait, grâce à des extraits de leur Directoire auquel le jeune Maur collabora et à de nombreux traités de ce dernier.
Nous faisons précéder les Écrits de la maturité d’une étude intitulée « Maur de l’Enfant-Jésus, Grand Carme » : elle évoque le large cadre de la réforme française entreprise à l’intérieur du vénérable ordre des Carmes ; quelques fragments des dictées de Jean de Saint-Samson qui animèrent intérieurement cette réforme, témoignent de son orientation associant amour et rigueur ; nous donnons ensuite les éléments connus de la vie de Maur : formation en Bretagne, activité apostolique à Bordeaux, rencontre avec Surin et premiers assauts anti-mystiques du milieu du siècle, fin de vie dans la simplicité de l’ermitage voisin de Lormont ; enfin une bibliographie chronologique de l’œuvre et le rappel des règles suivies dans notre édition achèvent cette présentation.
Les mystiques écrivent souvent pour répondre à un besoin particulier : c’est le cas des deux Correspondances qui nous sont parvenues, et des deux Traités de la vie intérieure et mystique adressés très probablement à un disciple, l’abbé de Brion. Le conséquent Royaume intérieur de Jésus-Christ correspond par contre aux besoins d’une communauté incluant des novices, ce qui explique l’insistance ascétique de ses premières parties.
Les deux Correspondances furent éditées à l’époque moderne en tant que lettres à une religieuse en addition à une étude érudite, puis en tant que correspondance passive reçue par Jeanne-Marie Guyon, ce qui rend leur accès peu évident ; les deux Traités restèrent oubliés sous forme manuscrite, tandis que le Royaume intérieur ne fut jamais réédité depuis 1664. Un tel oubli de l’œuvre de Maur s’explique non seulement par le mode de vie érémitique et par l’excentrement de l’ermitage bordelais, handicaps déjà évoqués, mais aussi par des suspicions qui naquirent lorsque l’in-action mystique fut perçue à la fin du dix-septième siècle comme une oisiveté condamnable. Nous n’aborderons pas ici le vaste sujet de la controverse entre mystiques (Maur et Surin) et anti-mystiques (Chéron), car elle ne favorise guère la lectio divina.
Une notable partie des textes sont tributaires de l’esprit du temps, marqué par l’ascèse et le dolorisme. Maur de l’Enfant-Jésus a sûrement connu des troubles et des difficultés qui nous le rendent proche et paradoxalement attachant lorsqu’il les évoque de manière passionnée. Le lecteur saura dégager les diamants de cette gangue en favorisant les deux séries de Lettres de directions, la troisième partie du Royaume intérieur de Jésus-Christ, le deuxième Traité de la vie intérieure et mystique, belle conclusion à ce volume. Fondé sur un vécu mystique rapporté avec précision et profondeur, le trésor caché du champ dont parle l’Évangile se découvre alors sous la forme d’un guide qui s’adresse au « chrétien intérieur ».
Je suis très redevable au travail de Michel de Certeau appuyé sur celui de F. Lemoing et à la thèse de D. Di Domizio, ainsi qu’aux aides précieuses apportées par frère Romero de la communauté des Grands Carmes de Nantes, par sœur Madeleine de la communauté carmélite de Clamart, enfin par madame Évelyne Rebuffat. Ce travail a été profondément amélioré par la collaboration de mon épouse Murielle, tout particulièrement pour introduire aux Traités.
L’ordre du Carmel a connu de nombreuses réformes tout au long de son histoire233. En France, à la sortie des guerres de religion, deux réformes prennent place simultanément, l’une détachée de l’ancien courant carme, tandis que l’autre tente de prendre place en son sein.
La première, celle que nous connaissons le mieux, est féminine. Elle est issue de la réforme espagnole par l’intermédiaire d’Anne de Saint-Barthélémy, la sœur converse qui accompagnait Thérèse dans ses voyages, et par l’intermédiaire d’Anne de Jésus, la dédicataire du Cantique spirituel de Jean de la Croix. Elle est mise en place en France sous l’impulsion de madame Acarie (1566-1618) et d’autres spirituels. Le bref séjour des mères espagnoles sera fructueux à la génération suivante, en particulier grâce à Madeleine de Saint-Joseph (1578-1637), maîtresse des novices profondément intérieure. Ces novices de la « troisième génération » assurèrent par la suite de nombreuses fondations.
La seconde réforme, masculine, est simultanée. Elle naît en Bretagne, où Philippe Thibault (1572-1638) réforme le couvent de Rennes, rattaché à la province de Touraine. Le renouveau s’étend, mais ne se séparera pas de l’ancien carmel, malgré des tensions à Angers, Ploermel… Cette réforme s’exerce indépendamment, même si une influence des Déchaux est prouvée en ce qui concerne les pratiques234. Puis Philippe Thibault fait venir la future « âme de la réforme de Touraine », Jean de Saint-Samson (1571-1636), qui formera des novices qui continueront son œuvre tout intérieure dans certains couvents. Il est contemporain de Madeleine de Saint-Joseph et son rôle caché est comparable.
Puis on l’oublie : dès les années 1640, naît en effet au sein des pouvoirs politique et religieux une méfiance envers les mystiques, qui provoquera un apparent « crépuscule » à la fin du dix-septième siècle ; son disciple Maur de l’Enfant-Jésus fut aussi l’objet de la suspicion générale de la seconde moitié du siècle. Un affadissement de l’élan intérieur accompagne la fusion de la réforme dans le corps des Grands Carmes. Enfin ce dernier disparaît de France à la fin du dix-huitième siècle.
La renaissance de l’intérêt pour la mystique d’expression française depuis Bremond s’est accompagnée de la redécouverte de Jean de Saint-Samson235, puis d’un début de l’édition de l’important corpus des « dictées » du convers aveugle à ses frères236. Il est nécessaire d’évoquer Jean puisque c’est lui qui, à la fin de sa vie, éveilla Maur à la vie intérieure et que ce dernier reprend sa mystique237.
Bien que simple convers à cause de sa cécité, il exerça en effet à partir de 1612 une profonde influence au sein du couvent de Rennes. Dirigeait-il les novices sans en avoir le titre officiel ? Mais à cause de ses états mystiques « Jean ne pouvait littéralement plus suivre les prescriptions de la méditation méthodique ». Cependant,
Philippe [Thibault] l’invita à exposer par écrit son exercice d’entière élévation d’esprit. […]Étant donné que le contenu de ces quelques pages, de l’avis de tous, était bon et admirable, les chefs de file de la réforme n’hésitèrent plus à destiner le simple frère au rôle important de maître spirituel de plusieurs générations de jeunes carmes […] Mathieu Pinault, le maître des novices […] prit l’initiative quelque peu curieuse d’envoyer chez lui les jeunes gens les plus doués pour une courte visite238.
Les témoignages de l’époque nous évoquent ainsi un « enseignement » de la prière comme il en avait été pour les proches d’un Philippe Néri (1515-1595), le fondateur de l’Oratoire romain. Par le charisme de sa présence et par ses explications orales sur l’oraison, le convers aveugle fut dès lors le maître spirituel caché de la réforme des Grands Carmes. On exposait déjà auparavant l’oraison aspirative, inspirée d’Harphius239, selon :
…quatre manières d’exercices, qui sont comme quatre marteaux, avec lesquels on heurte fortement à la porte de Dieu, afin de pouvoir entrer en Lui selon son total… La première [manière] est d’offrir à Dieu soi-même et tout le créé… La seconde de demander ses dons en Lui et pour Lui-même. La troisième est de se conformer à Lui par une pleine et entière conformité de tout soi, très haute, très parfaite et très amoureuse… La quatrième est s’unir…
Donatien, un disciple, nous rapporte des dits « complémentaires » de Jean de Saint-Samson : au-delà de toute méthode, il suffit d’« aimer sans amour, aimer au-dessus de l’amour240 ». Le mystique plonge de plus en plus en son fond, « sans grand effort du sens », seulement du plus profond du cœur et du plus intime de l’esprit241. Plus le sujet « s’abîme et se perd au total de son infinie vastité, tant moins il s’aperçoit de cette opération simple et cachée242. » L’âme doit :
…s’armer de force de patience et de constance pour ne varier jamais ni à droite ni à gauche, se sentir toute vide et destituée de Lui et totalement insipide en ses sentiments. C’est en ceci que consiste la fidélité [...] et non dans les grandes connaissances [...] visions et ravissements de l’entendement humain. [...] Cela n’arrive qu’afin que les âmes ne se satisfassent point elles-mêmes d’un désir glouton et affamé de posséder Dieu plus pour elles que pour Lui-même243.
Voilà comment on monte l’escalier d’amour divin, car « celui qui a tout reçu doit toujours tout, à chaque moment244. » On vit cela dans la solitude, totalement impuissant à son salut, mais en prenant soin de satisfaire pleinement à Dieu avec joie, et en abhorrant la tristesse.
Tout cela est aisé à dire, malaisé à faire, difficile à endurer, très difficile à surmonter. Car il faut demeurer stable, ferme et immobile au-dedans de l’esprit, en simple repos, par-dessus l’action et l’intention [...] C’est ici que l’industrie humaine est épuisée245.
Au reste, dans cet abîme on ne voit ni fond ni déité : tout y est englouti sans ressource et il ravit incessamment tout l’homme sans distinction ni différence. C’est ici qu’il n’y a ni amour, ni vertu, ni charité. Et toutefois c’est d’ici que la charité, l’amour et les vertus sortent à leurs effets quand et autant qu’il le faut, sans perception ni distinction. Ce qui n’est point ne peut avoir de nom, non par privation d’être, mais parce qu’on est englouti dans l’unique et suréminent être qui va remplissant tout être du sien246.
Le feu de l’amour divin dévore l’être et l’engloutit pour le transformer en soi :
Là où il y a de la raison pour aimer, l’amour n’est point : d’autant que l’amour est suffisant de soi-même pour tirer et ravir en unité d’esprit tout le sujet qu’il anime 247.
Il faut tenir le cœur ardemment et continuellement brûlant au feu du même amour, afin que tous les manquements et défauts, qui sont de pure infirmité, soient en un moment consommés et réduits à rien. Ainsi le seul amour demeurera maître de la place248.
Cet état consiste en une élévation d’esprit par-dessus tout objet sensible et créé, par laquelle on est fixement arrêté au-dedans de soi, regardant stablement Dieu, qui tire l’âme en simple unité et nudité d’esprit [...] La constitution de celui qui est en cet état, est simple, nue, obscure et sans science de Dieu même [...] Car là, tout ce qui est sensible, spécifique et créé est fondu en unité d’esprit, ou plutôt en simplicité [...] Et plus cela est ignoré du patient, tant mieux pour la profondeur et l’excellence de cet état [...] Car la nature veut toujours secrètement avoir quelque objet à quoi elle s’attache […] qu’elle réponde uniquement et toujours […] par la simple et totale attention, en l’essence abyssale de Dieu249.
Ces personnes sont comme des fleuves regorgeant d’amour, de lumière, de saveur et de délices ineffables250. Les formes et le vocable même d’amour s’anéantissent, l’âme se trouve heureusement transformée au feu de Dieu251 :
Alors l’amour n’a plus d’être, de vie, ni d’opération comme pour elle, mais désormais son infini objet qui est Dieu, vit, agit et pâtit en elle en tout sens et manière, et en tous événements. L’âme […] a atteint son image et son exemplaire en son propre fond originaire […] Pour donc faire vivre Dieu en nous, il faut que nous mourions totalement ; et comme cela ne doit et ne peut être naturellement devant le temps de notre dissolution, il faut que nous mourions en la foi et la créance du rien de toutes choses et de nous-mêmes au respect de Dieu252.
Voici enfin un extrait assez ample qui suggère l’atmosphère où baigna brièvement le jeune Maur et ses compagnons de la « seconde génération » des Grands Carmes. Il reflète le flux habituel des paroles de Jean recueillies par ce cercle de jeunes mystiques ardents, auquel se joignit Maur pendant les trois dernières années :
… la créature se sent outrée et ponctuée des vifs attraits de Dieu, à la suite desquels elle sort, par divers degrés et par diverse succession d’ordre et de temps, d’elle-même et des choses créées, et entre par amour et dépouillement de soi plus ou moins avant en Dieu. […] Il est tout au contraire de ceux qui tirent Dieu à eux à la manière des écoliers, lesquels par efforts de spéculation naturelle L’accommodent à leurs sens et leurs goûts, duquel se sentant sensiblement et naturellement délectés, il leur semble par cela s’approcher grandement de Lui, et avoir sous grande connaissance et grand goût de Lui, ce qui n’est qu’affection et sentiment purement naturels. Lesquels se trouvant doctes par la science acquise, ils étendent le discours et leurs voies en cela le plus largement et le plus loin qu’ils peuvent, de sorte que leur ponctuation n’est que pure théologie d’école, étudiée, [f°2v°] plus ou moins facilement digérée par spéculation purement humaine. Et comme ils ont lu quelques mystiques, ils en mêlent quelquefois des mots en leur digestion, si [bien] qu’à cette occasion on peut dire que leur discours en délivre plus ou moins appuyé, mélangé et orné de quelques petits filets d’or, ou si on veut, frotté d’un peu de miel.
[...] Au contraire, la sapience est infuse de Dieu dans les cœurs simples qui s’occupent simplement en des sujets affectueux, laquelle les unit et les recueille en vérité par-dessus toutes multiplicités de recherches d’école, les pénétrant d’une saveur divine qui ne convient qu’à Dieu, qui la verse expressément pour rendre semblables [les] âmes amoureuses de Lui par l’infusion de ses lumières et de ses goûts. A quoi l’âme étant fidèle, elle continue de poursuivre Dieu par son attrayant rayon délicieux par-dessus tout ce qui se peut penser, quoique cela se fasse par diversités de voies en toutes lesquelles Dieu tient nécessairement cet ordre. [f. 3] Ce que se continuant ainsi, les âmes font progrès en la connaissance de Dieu : d’elles-mêmes, […] elles en deviennent doctes en l’art de la science d’aimer Dieu, auquel le très Saint Esprit les instruit d’une ineffable manière pour étendre, pour pénétrer et pour surpasser toutes choses créées en elles-mêmes. Tels sont les vrais et solides effets de la divine sapience abondamment infuse aux âmes assez saintes. C’est pourquoi toutes leurs études et leurs soins n’est que de se rendre de plus en plus simples et uniques en leur occupation continuelle autour de Dieu253.
Là le vide est tout plein254.
La mort de Jean arriva à un âge assez avancé, à près de soixante-cinq ans. L’atmosphère paisible de ces toutes dernières années nous est ainsi restituée :
Pendant ces longues années, il n’aimait guère franchir le seuil du couvent, à moins que ce ne fût pour rendre visite à une personne malade ou agonisante. […] A la fin de sa vie, il demanda même son transfert […] pour y être en solitude totale. Il tenait pourtant sa fenêtre grande ouverte pour les oiseaux qui passaient la nuit dans sa chambre. [...] Il ne voulut jamais admettre que sa paillasse soit remplacée par un matelas […] Il mourut le dimanche 14 septembre [1636], en la fête de l’Exaltation de la Croix. Ce jour était l’anniversaire de la mort de Catherine de Gênes, la mystique italienne fort estimée de Jean de Saint‑Samson à cause de la ressemblance de leur expérience mystique255.
Jean laissa donc après lui une génération de disciples ardents : Bernard de Sainte-Magdeleine (1589 - 1669), Dominique de Saint-Albert (1596 - 1634), Marc de la Nativité (1617 - 1696), Maur de l’Enfant-Jésus (1617 ou 1618 - 1690). En dehors de Maur, le carme le plus proche de Jean était Dominique : ce dernier définissait les mystiques comme ceux « qui sentent en eux un incendie d’amour éternel qui ne s’éteint ni jour ni nuit », et fut chargé, dès l’âge de vingt-et-un ans, de rédiger un ouvrage pour la formation des jeunes carmes256. Malheureusement il disparut précocement à l’âge de trente-sept ans.
Le Directoire de l’Ordre sera constitué par les cinq volumes de la Conduite spirituelle des novices, parus en 1650-1651. Il combine les apports successifs de plusieurs frères : Dominique, puis Bernard, qui notait ses enseignements aux novices dans l’intention, non réalisée, de les publier ; Marc, maître des novices renommé pour les thèses de théologie mystique qu’il venait de soutenir au chapitre de Poitiers, fut chargé de leur rédaction par le chapitre de 1647 : il y consacra deux ans dans la solitude du couvent d’Aulnay ; enfin, Maur, qui sortit de l’obscurité à cette occasion, puisque le chapitre l’adjoignit à Marc pour mettre au point les règles que le père Bernard préparait depuis treize ans257.
On est dans une époque de consolidation : le mystique Jean n’est plus là et les novices sont nombreux. La méditation méthodique refait son apparition, mais le Directoire reste encore tout imprégné de l’esprit mystique de Jean. En particulier dans le quatrième volume, intitulé « Méthode claire et facile pour bien faire oraison mentale… », les derniers chapitres de la première partie vibrent de son esprit fervent : ils décrivent et donnent des moyens pour pratiquer, dans la liberté, l’oraison aspirative258, « élévation de l’esprit en Dieu […] comme une étincelle qui sort du brasier ardent de l’amour de Dieu », où « le but de ces aspirations est d’avancer, et non seulement de nous maintenir dans le chemin de la perfection. » Cette œuvre majeure, qui jaillit de la vie mystique de ses rédacteurs, anime et oriente un texte par ailleurs solidement charpenté259. Un traité très structuré est consacré en fin d’ouvrage à la prière aspirative vers laquelle convergent les autres formes ; il met l’accent sur la présence divine :
La présence de Dieu est imaginaire [représentée sous forme d’image]… lorsque nous Le concevons comme environnant, pénétrant et inondant tout l’univers, ainsi qu’une vaste mer dans laquelle nous sommes, nous vivons et nous nous mouvons, comme les poissons dans la mer matérielle … [Elle est] intellectuelle …[par une] vive foi … rien ne lui arrive [au dirigé] en son particulier sans que Sa divine Providence ne le lui envoie … [Elle est] affective …lorsque l’âme demeure dans une certaine inclination actuelle vers Dieu, qu’on peut appeler état d’adhésion … lorsque l’amour de Dieu est si ardent en notre âme que, comme d’un brasier vivement allumé, il en sort continuellement des étincelles, c’est-à-dire des aspirations embrasées. Si bien que nous savons très parfaitement combien Dieu est aimable, non pour l’avoir lu ou entendu, mais pour l’avoir expérimenté260.
Les années de formation de Maur de l’Enfant-Jésus (1617-1647).
C’est donc à ce cercle mystique brûlant de ferveur que se joignit Maur dès son jeune âge.
Maur Le Man naquit probablement au Mans261 en 1617 ou en 1618. On conjecture qu’il fréquenta le collège jésuite de la Flèche, comme ce fut le cas pour d’autres carmes de Touraine, tel Dominique de Saint-Albert (1595-1634)262. Il entra chez les carmes de l’Observance à Rennes le 21 février 1633, où il eut probablement pour maître des novices Bernard de Sainte Magdeleine (1589-1669), tout en bénéficiant de la présence de Jean de Saint-Samson, âgé et déjà délivré d’une telle charge (mais on suppose qu’il laissait sa porte ouverte aux novices tout comme sa « fenêtre grande ouverte pour les oiseaux »).
Il fit profession le 22 février 1634, prenant le nom de Maur de l’Enfant-Jésus. Le choix de ce nom pourrait traduire l’influence de Bernard de Sainte Magdeleine : lorsque celui-ci était sous-prieur en 1615 à Angers, on rapporte que le définiteur, opposé à la réforme alors naissante, voulait imposer un prieur de son choix ; la communauté mit une statue de l’Enfant-Jésus à la place que celui-ci devait occuper au chœur, avec l’inscription : Prior noster263. On retrouve dans cette anecdote l’influence du réformateur des grands carmes, Philippe Thibault (1572-1638), qui insistait sur la pauvreté de Jésus et désirait voir réaliser chaque année une crèche de Noël par ses carmes ; le premier ouvrage de Maur de l’Enfant-Jésus aura d’ailleurs pour titre : La crèche de l’Enfant-Jésus. Maur retiendra de toute cette dévotion le thème, si important, de la pauvreté spirituelle, qui sera repris par la suite chez ses dirigé[e]s, telle la jeune madame Guyon (1648-1717)264.
Selon Marc de la Nativité (1617-1696)265, Maur, imprégné par la prière mystique de Jean de Saint-Samson, fut aimé de ce dernier pour sa « piété singulière »266. Tandis que Donatien de Saint Nicolas, novice en même temps que Maur, sera le futur biographe et éditeur de Jean.
Le jeune homme dut parallèlement poursuivre un cursus de formation propre aux Grands Carmes, qui consistait en deux années de séminaire suivies de quatre années de théologie. Peut-être accompagna-t-il Marc de la Nativité267, présent en 1636 au studium generale de la place Maubert à Paris, puis de passage à Angers. Ce dernier retournera en 1638 à Rennes pour les années de théologie.
En 1647, la figure de Maur sort de l’obscurité : âgé au plus de trente ans, il est adjoint à Marc de la Nativité, maître des novices, pour mettre au point les règles déjà préparées par le père Bernard de Sainte Magdeleine, comme nous l’avons indiqué plus haut en évoquant la génération des disciples ardents de Jean.
Les difficultés d’une réforme en Gascogne (1648-1670).
Mais avant même l’achèvement de ce travail « théorique », approuvé puis publié en 1650-1651, Maur est envoyé en 1648 dans la province de Gascogne pour y introduire la réforme268. Il est socius du commissaire général Avertain de Saint-Jean, au chapitre de la province de Gascogne, à Castillon (8 mai 1650). Nommé maître des novices au couvent de Bordeaux en 1650, élu prieur en 1651, il sera réélu plusieurs fois et demeurera désormais dans cette province jusqu’à sa mort, à l’exception de brefs déplacements vers le nord, à Rennes, où se situe le centre du rayonnement réformateur, et plus rarement à Paris.
Exception faite de la réforme espagnole des Déchaussés pour laquelle les circonstances imposèrent une séparation, toute réforme qui tente de se faire au sein d’un ordre ancien rencontre des difficultés : c’est le cas de cette réforme française dite de Touraine. Du temps du fondateur Thibault, la réforme d’Angers et de Dol avait déjà été difficile et des tensions étaient apparues avec les non-réformés de Ploermel269.
Ici la forte personnalité du père Jean Chéron (1596-1673) va donner bien du souci aux réformateurs, à Maur comme à son ami, le jésuite Jean-Joseph Surin, alors malade à la suite de ses épreuves de Loudun. Michel de Certeau donne un résumé clair et savoureux de l’affaire, et qu’il serait mal venu de paraphraser270 :
Le chapitre provincial de 1650 avait eu pour premier objectif l’élection d’un provincial à la place du Père Jean Chéron, tombé entre les mains des Turcs lors de son retour de Rome, dans l’automne 1648, et provisoirement remplacé par le Père Jossé. Ce dernier fut nommé provincial. Mais, racheté grâce à l’argent récolté par son Ordre et revenu à Rome, le Père Chéron ne l’entendit pas de cette oreille. Il remua ciel et terre pour récupérer sa charge, pourtant normalement échue à un autre. Soutenu par l’archevêque de Bordeaux dont il avait défendu le prédécesseur dans sa querelle avec le duc d’Epernon, il s’adressa tour à tour au Général, à la Congrégation des évêques et des réguliers, au Roi et au Parlement de Bordeaux. Après trois ans de procédures menées par ce canoniste distingué, ferrailleur redoutable, on réunit un nouveau chapitre provincial que le Père Maur, par lettres patentes du Général, fut chargé de présider [29 juin 1653] : on espérait sans doute que le Manceau apaiserait ces Bordelais échauffés par la bataille. Le Père Joseph de l’Ascension fut élu provincial ; le Père Chéron, nommé prieur de Lectoure, c’est-à-dire loin de Bordeaux ; et le Père Maur, prieur du couvent de Bordeaux. Rien n’y fit. L’année suivante [1654], poursuivant le combat et soutenu par une partie de ses confrères, Chéron était à Rome comme vicaire provincial au chapitre général, et devait y répondre à l’accusation de vie « irrégulière » que portaient contre lui les Pères Jossé et Maur de l’Enfant-Jésus. Les griefs parurent insuffisants ; les appuis de Chéron étaient puissants. Aussi, entre le Père André de Saint-Pierre, provincial, et l’accusé qui se disait lésé, la petite guerre continua : procès, appels au Parlement de Bordeaux par le premier et au Conseil privé du Roi par le second, factums anonymes divulgués par les parties adverses. Finalement, le Père Matthias de Saint-Jean, délégué par le Général des Carmes Marius Venturini, obtint que les deux opposants se désistent de leurs prétentions et nomma comme provincial le Père Maur de l’Enfant-Jésus [20 août 1655]. L’affaire avait duré cinq ans [18] et ne facilitait pas la tâche du nouveau venu. Il rétablit pourtant le calme et l’unité dans sa province. Cet homme paisible et tout habité de Dieu s’imposait à tous.
La décade de 1655 à 1665 fut en effet assez calme, même si Chéron continuait la polémique, cette fois en se plaçant sur le terrain théologique : il publie en 1657 son Examen de la Théologie mystique, qui fait voir la différence des lumières divines de celles qui ne le sont pas, et du vrai, assuré et catholique chemin de la perfection de celui qui est parsemé de dangers et infecté d’illusions ; et qui montre qu’il n’est pas convenable de donner aux affections, passions, délectations et goûts spirituels la conduite de l’âme, l’ôtant à la raison et à la doctrine : tout son programme est ainsi esquissé ! Surin (1600-1665) contribuera à la cause défendue par Maur et par les spirituels carmes, dans sa Guide spirituelle271 : ils sont en effet devenus amis. L’analyse du débat qui met en cause Maur - non nommé, pas plus que son maître Jean de Saint-Samson, - ainsi que le carme Nicolas de Jésus-Marie, - ce dernier directement nommé272 - ne présente guère d’intérêt, compte tenu du caractère excessif de l’attaque des mystiques par Chéron. Michel de Certeau poursuit :
Maur eut la sagesse de ne pas répondre. Il ne se préoccupait que d’instruire ceux et celles qui, en nombre croissant, sollicitaient sa direction spirituelle. Il continuait d’écrire, mais pour eux, pour répondre à leurs besoins, pour apaiser leurs craintes et leur ouvrir la voie de la pauvreté spirituelle et de l’union à Dieu. […] Cette période est aussi marquée par ses relations avec le Père Surin qui, rentré à Bordeaux en 1632, retrouvait lentement, autour des années 1656-1658, la santé qu’il avait perdue pendant les exorcismes de Loudun. Le jésuite se remettait à circuler dans la ville et à prêcher dans les couvents, tout particulièrement dans celui des Carmélites de la rue Permentade où étaient entrées sa sœur et sa mère, et où le Père Maur se rendait lui-même fréquemment. Il se lia d’amitié avec le Carme […] ses voyages [vers la Bretagne, centre de la réforme], attestés par la correspondance de Surin, permettaient à celui-ci de communiquer plus facilement avec ses filles spirituelles et de les confier à un ami sûr273.
L’ermite de Lormont (1671-1690).
A l’occasion de la restauration commencée en 1671 de l’ermitage de Lormont, près de Bordeaux, Maur, qui recherchait la paix, demanda à vivre « au désert » : on sait le rôle important de ces lieux de retraite dans la vie carmélitaine. Le père André de Saint-Pierre, bénéficiaire de la donation qui permettait les travaux fut nommé supérieur. On lui adjoignit le père Maur de l’Enfant-Jésus et le frère Roch de l’Assomption, « pour y demeurer fixes et vivre solitaires le reste de leurs jours ».
Un dessin de Hermann Van der Hem daté de 1646 situe exactement l’ermitage de Sainte-Catherine de Lormont sur la falaise rocheuse qui surplombe la rive droite de la Garonne. Son apparence champêtre a totalement disparu puisque le quartier de Lormont est aujourd’hui situé à l’intérieur de la voie rapide circulaire qui fait le tour de l’agglomération bordelaise.
La maison des ermites était jointe à la chapelle et ne faisait avec elle qu’un seul bâtiment … Elle se composait de cinq pièces : deux chambres pour les hôtes, trois cellules pour les ermites. L’ameublement en était simple mais suffisant. Tables et lits en bois de noyer, coffres en vieux chêne … Près de la chapelle, une sacristie largement pourvue en ornements et linges d’autel. Complétant le tout, un réfectoire et une cuisine aux innombrables ustensiles en cuivre rouge.
La bibliothèque se trouve dans la chambre du P. André de Saint-Pierre, supérieur de l’ermitage; elle se compose d’une cinquantaine de livres de Spiritualité, reliés presque tous en veau marbré ou en parchemin ; par ailleurs. le P. Maur de l’Enfant-Jésus a sa bibliothèque particulière … Il ne faut pas oublier de signaler « la petite cellule bastie sur le haut du rocher » qui fut peut-être l’ermitage primitif.
Enfin, aux environs immédiats du grand bâtiment, une source sortait du rocher. Elle coule maintenant encore et a conservé le nom de Source de l’Ermitage274.
Mais on ne trouve jamais une pleine tranquillité sur cette terre, et une nouvelle affaire compliqua leur installation275. Finalement la paix revint. Durant vingt ans, tout en voyageant beaucoup en Gascogne, le père Maur put donc séjourner souvent à Lormont.
L’inventaire nous donne l’idée de sa cellule : « Une petite couchette à tresteaux, deux chaises à bras, une méchante table de sapin couverte d’un treillis bled. »
S’y ajoute une liste des huit livres de sa « bibliothèque » privée, ouvrages chers à son cœur : s’en détachent les œuvres de son maître Jean de Saint- Samson (dans la grande édition in-folio de Rennes, de 1658-1659), des œuvres de pères latins (Léon le Grand, etc.), de Jean de la Croix, de Ruusbroec, les Institutions de Tauler et la Summa de Thomas d’Aquin276.
Maur de l’Enfant-Jésus anima un réseau spirituel, qui s’étendait jusqu’à Rennes, Loudun et Paris. Attiré par sa renommée, Messire Charles de Brion ( ? -1728) se joignit aux deux ermites en 1679 ou en 1680, après avoir vécu à la Cour de Louis XIV. Maur fit construire pour lui une petite annexe un peu plus haut que son ermitage et l’instruisit. Michel de Certeau nous raconte la fin de la vie du grand carme devenu partiellement ermite :
Il continuait à rendre visite aux couvents de Bordeaux, aux Visitandines, aux Feuillants, aux Carmélites. Il écrivait à ses dirigées. […] Surtout, il priait. Et c’est là, dans le « saint désert » bien conforme à l’ancienne tradition carmélitaine, qu’il mourut, en 1690277.
Charles de Brion devint abbé à la prière de l’archevêque et prit la direction des Carmélites278. Malheureusement, il ne semble pas avoir su poursuivre l’apostolat spirituel de Maur dans sa profondeur, même si ses écrits sont abondants279 : ils montrent en particulier une bonne connaissance des écrits de madame Guyon, qu’il critique, peut-être pour se couvrir280. Nous n’avons pas retrouvé le souffle intérieur qui se dégage des œuvres de Maur.
Elle s’échelonne dans le temps sur toute la durée de la vie de Maur, depuis 1650, date de publication du Directoire ou Traité de la conduite spirituelle des novices…, rapidement suivie par la compilation de 1652 de L’Entrée à la divine sagesse…, jusqu’aux dernières lettres à une religieuse de 1689. Sur une telle durée couvrant quatre décades, la structure s’affermit et la doctrine s’approfondit.
On retiendra trois dates :
- En 1652, des opuscules sont rassemblés sous le titre de L’entrée à la divine sagesse… Cet ensemble a bénéficié de plusieurs éditions, dont certaines comportent quelques modifications et ajouts. Il est assez bien connu compte tenu du nombre d’éditions anciennes (1652, 1655, 1669, 1678, 1692) et d’une réédition moderne (1921-1933).
- En 1664, apparaît l’ouvrage de la maturité, le Royaume intérieur de Jésus-Christ dans les âmes…, dont le titre prend la suite naturelle du titre précédent. A notre connaissance, cet ouvrage bien construit ne bénéficia pas de réédition, suite à la date tardive de son apparition, déjà peu favorable aux publications d’ouvrages mystiques. Il apparaît d’importance capitale à nos yeux comme à ceux de Blommestijn.
- En 1673, est achevé le plus important de deux brefs Traités de la vie intérieure. Ils sont resté sous forme manuscrite jusqu’à maintenant. D’une égale paix et simplicité témoignent les Lettres de direction adressées à madame Guyon entre 1670 et 1675 environ, que nous avons récemment publiées en ouverture à la Correspondance de celle-ci. Enfin, au terme d’une longue vie, les Lettres adressées à une religieuse, entre 1680 et 1689 environ, furent publiées par M. de Certeau à la suite de l’étude de leur auteur.
Le détail des éditions et de leurs contenus est repris dans la liste suivante :
[1] [Contribution au] Traité de la Conduite spirituelle des novices, pour les Couvens Réformés de l’Ordre de Nostre Dame du Mont-Carmel, Cottereau, Paris, 1650-1651. Cette contribution est souvent jugée comme secondaire, compte tenu du départ en Gascogne dès 1648. Toutefois la genèse du texte a été largement antérieure à 1647, date du chapitre désignant Maur comme assistant de Marc. Le quatrième et dernier volume de ce Directoire des novices a été réédité281.
[2] Théologie chrestienne et mystique, ou conduite spirituelle pour arriver bientost au souverain degré de la perfection, Bordeaux, 1651. Texte repris en [3] Entrée à la divine Sagesse […]
[3] Entrée à la divine SAGESSE, comprise en plusieurs Traittez Spirituels, qui contiennent les secrets de la Théologie Mystique, 1652, 1655, 1669, 1678, 1692 ; traduction néerlandaise, Gand, 1679, 1698, et Anvers, 1706 ; cet ouvrage a été réédité par le carmel de Soignies, 1921-1933282.
Les textes des deux premières éditions diffèrent légèrement, la troisième ne diffère pas de la précédente ; toutes comprennent : « Les trois portes du Palais de la divine Sapience » [p. 1- 93], « Montée spirituelle, comportant huit degrés qui conduisent jusques au Trône de la Divine Sapience » [p. 94-144], « Exposition des communications Divines, dans tous les États et Degrés de la vie Mistique et Spirituelle » [p. 145-204], « Sanctuaire de la divine sapience » [p. 205-271], « Théologie chrestienne et mistique, ou conduite spirituelle… » [4 folios, pagination reprise 1-131, table couvrant 2 folios, dans l’éd. de 1652 ; pagination continue, 205 sq. dans l’éd. de 1655] ; l’éd. de 1655 diffère légèrement pour le texte de celle de 1652 et ajoute les « Réflexions sur la vie de Notre Seigneur » [p. 413-478, table couvrant 2 folios] ; l’éd. de 1669 ajoute un très court « Traité de la fidélité de l’âme à son Dieu » [pagination reprise, 1-11].
[4] Le Royaume intérieur de Jésus-Christ dans les âmes. Divisé en trois parties, composé par le R. P. Maur de l’Enfant-Jésus, religieux Carme réformé, Ex-provincial de la Province de Gascogne, ‘Vobis datum est nosse Mysterium Regni Dei.’ Luc 8. Seconde édition, chez la veuve Denys Thierry, Paris, 1664.
[5] Le Sacré Berceau de l’Enfant Jésus, ou les entretiens spirituels sur tous les mystères de l’Enfance de N. Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1682 ; permissions en 1663-1664.
[6] Vingt-et-une lettres adressées à Mme Guyon, éditées dans Le directeur MISTIQUE [sic], ou les œuvres spirituelles de monsr. Bertot, ami intime de feu Mr de Bernières & directeur de Made. Guion, avec un recueil de Lettres Spirituelles tant de plusieurs Auteurs anonimes, que du R.P. Maur de l’Enfant Jésus, Religieux Carme, & de Madame Guion, qui n’avaient point encore vu le jour. Divisé en quatre volumes, à Cologne, chez Jean de la Pierre, 1726. Annonce dans la « Préface » du vol. I : « …le Quatrième [volume], un Recueil de lettres Spirituelles tant de plusieurs auteurs anonymes, que du R. P. Maur de l’Enfant-Jesus, Religieux carme, assez connu par son excellent traité, L’entrée à la divine Sagesse [a], et de Madame Guion » [note [a] : « On en a une édition nouvelle L’entrée à la Divine Sagesse Paris, 1692 »]. Ces lettres ont été rééditées en correspondance passive adressée à madame Guyon283.
[7] Deux traités manuscrits datés du 5 mai 1673, apparaissant sous deux titres identiques : « Traité de la vie intérieure et mystique », B.N.F., ms. fonds français 19 345. Première édition dans le présent volume.
[8] Vingt-deux lettres adressées à une religieuse de la Visitation, ms. 332, Bibliothèque de Bordeaux, Service des fonds patrimoniaux, recueil relié de 90 pages (qui comprend aussi six lettres qui ne sont pas de Maur, mais sont adressées à la même religieuse). Première édition par M. de Certeau284.
Avant-propos2
MAUR DE L’ENFANT-JÉSUS, GRAND CARME.4
Les réformes carmélitaines.4
Jean de Saint-Samson maître des novices.4
Les disciples de Jean.7
Les années de formation de Maur de l’Enfant-Jésus (1617-1647).8
Les difficultés d’une réforme en Gascogne (1648-1670).9
L’ermite de Lormont (1671-1690).11
L’œuvre.13
LETTRES DE DIRECTION16
Présentation17
Lettres à Jeanne-Marie Guyon, jeune femme mariée.21
1. La conduite que vous mandez… (fin 1670 ?).21
2. Je vous aiderai de bon cœur… (1673 ?).22
3. Vous dites que vous êtes toujours dans le néant… (1673 ?).23
4. Vous dites que Dieu ne vous laisse point sans croix (1674 ?).25
5. Vous n’avez qu’à travailler à détruire… (1674 ?).26
6. Travaillez pendant que vous avez le temps de le faire. (1674 ?).27
7. Il ne faut faire autre chose durant la maladie… (1674 ?).27
8. Je suis bien aise, ma très chère fille… (1674 ?).27
9. Quand voulez-vous travailler à vous mettre dans la disposition que Dieu veut ..? (1674 ?).27
10. …Je vous demandais des nouvelles de toute la famille. (1674 ?).28
11. Je voudrais bien, chère fille, vous apprendre… (1674 ?).28
12. Vous voulez, chère fille, que je vous donne une règle générale… (1674 ?).29
13. …un grand nombre de personnes qui travaillent à la vie spirituelle… (1674 ?).30
14. Vous … appuyer plutôt sur la fidélité de Jésus-Christ… (1674 ?).32
15. Si Notre Seigneur ne vous tenait sur la croix… (1674 ?).33
16. Je vois que la croix vous pèse beaucoup… (1674 ?).34
17. Notre Seigneur S’est donc servi de ces sottises du monde… (1675 ?).34
18. Mais vous, que devenez-vous ? (1675 ?).35
19. Ne vous étonnez pas lorsque vous sentirez des tempêtes… (1675 ?).35
20. Il est vrai que la créature raisonnable ne saurait rentrer parfaitement en Dieu… (1675 ?).36
21. Vous êtes un peu plus à votre aise (1675 ?).37
Lettres à une religieuse de la Visitation.38
1. Pour la retraite (9 août 1680).38
11. Sur quelque peine intérieure (1681-1682 ?).39
8. Sur la mort et l’abandon à Dieu (26 novembre 1682).40
9. S’unir à Dieu par la mort de soi-même (10 décembre 1682).40
10. Sur la confession (2 février 1683).41
12. Sur le sujet de la confession (24 décembre 1683 ?).41
2. Sur divers sujets (6 mai 1684).41
17. Sur la confession (1684 ?).42
18. Sur le même sujet (1684 ou 1685 ?).43
3. Sur la mort de madame sa sœur (14 mai 1685).43
4. Sur la retraite (17 août 1685).44
13. Sur les dispositions de la solitude (1685 ?).44
14. Sur une disposition souffrante (1685-1686 ?).44
15. Sur l’abandon (1685-1686 ?).44
16. Sur l’abandon (1686 ?).45
5. Sur une disposition d’anéantissement (6 décembre 1686).45
19. Sur la résignation (1687 ?).46
20. Sur le même sujet (1687-1688 ?).46
6. Sur la perfection religieuse et ses obligations (21 octobre 1688).47
21. Sur l’oraison (fin 1688 ou début 1689 ?).48
7. Sur la paix de l’âme (21 juin 1689).49
22. (fin 1689 ?).49
TRAITÉS50
Présentation.51
Le Royaume intérieur de Jésus-Christ dans les âmes.57
Première partie.57
1. L’ignorance que les âmes ont de Dieu et de Jésus-Christ est cause de tout leur malheur.57
2. Dieu Se fait connaître aux hommes par la foi qu’Il leur donne.58
3. Il est meilleur pour plusieurs d’être conduits à Dieu par la voie de la foi.58
4. Jésus-Christ commence à régner par la foi dans nos âmes.59
5. Le droit qu’a Jésus-Christ de régner dans nos âmes.60
6. Jésus-Christ prend possession du droit qu’Il a sur nous par la foi.61
7. Jésus-Christ, ayant pris possession d’une âme par la foi, veut en être tout seul le maître.62
8. Jésus-Christ et le monde ne peuvent demeurer ensemble dans une âme.62
9. C’est notre bonheur que Jésus règne tout seul en nos âmes.63
10. Les causes qui empêchent plusieurs de laisser régner Jésus-Christ dans leurs âmes.64
11. Que ces empêchements, quoique difficiles, peuvent être ôtés.65
12. La foi et la bonne volonté ayant ôté les plus grands obstacles, on doit travailler à établir le Royaume de Jésus-Christ.66
13. Quelle disposition est nécessaire pour établir en nous le Royaume de Jésus-Christ.66
14. Comment Jésus étend en nous Son Royaume par la foi.67
15. Il S’établit en l’âme comme Maître souverain.68
16. L’âme voit et goûte la bonté de Dieu par la foi tout autrement que par le discours.69
17. Dieu lui montre Sa grandeur.69
18. Il lui fait voir Son infinie durée.70
19. Dieu fait voir à l’âme Sa Sagesse.71
20. De la Vertu et Toute-puissance de Dieu.71
21. De l’immensité de Dieu.72
22. De l’immutabilité de Dieu.73
23. De l’unité et simplicité de Dieu.74
24. De la gloire de Dieu et de Son ineffable félicité.74
25. De Jésus-Christ, abrégé des merveilles de Dieu et auteur de notre salut.75
26. Jésus est venu au monde pour être le chef des prédestinés.76
27. Il semble que Jésus, pour se faire chef des hommes, a anéanti Son être et toutes Ses divines perfections.77
28. La bonté souveraine paraît anéantie en Jésus.77
29. La grandeur s’est anéantie en Jésus.78
30. La Sagesse et la Vertu divine paraissent anéanties en Jésus.79
31. L’anéantissement de l’immutabilité de Dieu en Jésus.80
32. La simplicité de Dieu anéantie en Jésus.81
33. La gloire ou la félicité divine anéantie en Jésus.81
34. Jésus ressuscitant reprend toutes Ses qualités anéanties pour la satisfaction des péchés du monde.83
Dieu habite dans l’homme par la foi et par la grâce comme son sanctificateur.83
Seconde partie.85
1. Jésus, par Sa mort, nous a faits participants de Son être et de Sa vie divine.85
2. Les enfants de Jésus-Christ doivent mener une vie conforme à l’être qu’Il leur a donné.85
3. Les voies qu’on doit tenir en cette vie surnaturelle.86
4. Il faut anéantir l’être de la nature corrompue par le péché.88
5. L’âme doit anéantir de soi et par soi toute la bonté qu’elle a trouvée dans les créatures.89
6. La grandeur des créatures n’est rien.90
7. La durée des créatures est comme rien.91
8. La sagesse du monde doit être tenue pour folie et un néant par l’homme chrétien.91
9. Il faut anéantir la puissance du péché.92
10. De la vertu et force du péché qu’il faut détruire et anéantir.93
11. De l’unité que l’état de péché s’est faite en l’homme, laquelle il faut détruire.94
12. Qu’il faut anéantir toute la gloire du péché.94
13. La foi rappelle l’homme au-dedans de soi pour en chasser les restes du péché.95
14. Comment l’homme doit rentrer en soi pour bien remédier à ses misères.96
15. L’homme en cet état a grand besoin de l’usage des sacrements.97
16. Après les sacrements, la Vie et les Mystères de Jésus-Christ doivent lui servir d’entretien.98
18. La mortification est nécessaire au chrétien pour chasser les restes du péché et pour suivre Jésus-Christ.99
19. La foi et la grâce font monter plus haut notre homme chrétien.100
20. La foi et la grâce donnent vie et force pour détruire le désordre des passions.101
21. L’homme doit se rendre maître de l’imagination et de tout l’appétit sensitif.102
22. Il ne peut le faire que par la foi, par la grâce de Jésus-Christ.103
23. Comment l’homme animé de l’Esprit de Jésus-Christ doit renoncer à tout le sensible.103
24. L’homme chrétien ayant renoncé à tout le sensible ne doit plus y retourner que par la conduite de l’Esprit de Jésus-Christ.105
25. L’homme ayant établi la vie chrétienne dans la partie animale doit monter à la spirituelle.105
26. Quel ordre l’homme doit établir en cette partie supérieure.106
27. Du désordre de la mémoire et de son rétablissement.108
28. Du bon ordre que l’homme chrétien doit établir en sa volonté.108
Troisième partie110
1. Le royaume intérieur de Jésus-Christ dans les âmes.110
2. L’homme reçoit par Jésus-Christ sa subsistance en Dieu.111
3. Comment on doit se comporter en ce commencement de vie surnaturelle.112
4. Des fautes que l’on commet ordinairement en cette entrée de vie surnaturelle.114
5. Ce que doit faire l’homme chrétien en cet état de combats et même de chute.115
6. Ce qui arrive et ce qu’il faut faire après tous ces combats.117
7. L’homme chrétien possède en cette vie surnaturelle une certaine plénitude de bonté.118
8. Dieu revêtit aussi l’homme chrétien de Sa grandeur.119
9. De l’immutabilité de cette vie.120
10. L’homme chrétien devient participant de la puissance de Jésus-Christ.122
11. L’homme chrétien a aussi une participation de la vertu divine.122
12. L’âme doit avoir l’action conforme à l’excellence de son être.123
13. De la sagesse que l’Esprit de Jésus-Christ communique.124
14. De l’établissement de l’homme chrétien dans la vérité.126
15. De l’unité que Dieu produit en l’âme.127
16. Comment l’âme doit se comporter dans cet état d’union.129
17. De la vie et des opérations de l’âme dans l’état d’union.130
18. Du Royaume de Jésus-Christ dans l’âme.132
19. Jésus-Christ comme Roi de l’âme est aussi le Principe de ses opérations.133
20. Jésus-Christ n’ôte pas à l’âme ses propres opérations encore qu’Il agisse en elle comme premier Principe.134
21. L’âme ne doit plus opérer que comme un même principe avec Jésus-Christ.135
22. De cette union de Jésus avec l’âme doivent sortir une vie et des opérations surnaturelles dans toute l’humanité.136
23. L’entendement, la volonté et la mémoire, doivent premièrement recevoir cette vie surnaturelle.138
24. Que cette vie surnaturelle doit aussi passer dans l’imagination et aux passions.140
25. Cette vie surnaturelle doit aussi s’étendre sur les sens et sur le corps.141
[Premier] traité de la vie intérieure et mistique 143
1. Ce que la foi fait en nous dans les commencements.143
2. Comment la foi commence à croître dans les cœurs.144
3. Jésus-Christ se forme en nos âmes à mesure que la foi croît.145
4. Comment Jésus-Christ se forme en nous par la foi.146
5. Jésus-Christ étant ainsi formé en l’homme et l’homme réformé en Jésus-Christ, Il y produit des opérations propres à cet être nouveau.147
6. Les tentations qui surviennent aux hommes de cet état.148
7. Pourquoi il est nécessaire que l’homme qui travaille à sa perfection soit tenté.150
8. Ce que Jésus-Christ fait dans les âmes après les avoir réduites comme jusqu’au néant par la tentation.151
9. Ce que fait Jésus-Christ dans les divers étages de l’homme.152
10. Ce que Jésus-Christ opère dans la partie raisonnable de l’homme.152
11. Ce que Jésus-Christ opère dans l’esprit de l’homme.153
12. L’homme, quoique élevé dans de si hauts états, ressent toutefois les misères humaines.155
[Deuxième] traité de la vie intérieure et mystique 157
1. En quoi consiste la perfection du chrétien en cette vie.158
2. Il faut être parfait pour jouir de Dieu et pour expérimenter réellement Sa présence en cette vie.160
3. Qu’il est dangereux de s’introduire de soi-même dans cette simple manière d’agir.165
4. Cette façon de vivre et d’agir simplement avec Dieu dispose les âmes à une vie plus parfaite.166
5. Ce qui arrive d’ordinaire avant que l’on entre dans la plus parfaite et plus intime union avec Dieu167
6. De quelle manière l’on se doit comporter en cette occasion.168
7. Ce que c’est que mourir à soi-même.169
8. Ce que devient une âme morte et perdue à elle-même.171
9. Comment Dieu donne une nouvelle vie à l’homme qui est mort et perdu en Lui.172
10. Comment l’on doit se comporter dans le commencement de cette vie nouvelle.173
11. L’âme doit tirer ici sa vie du dedans et ne prendre rien du dehors.175
12. L’âme de l’homme n’étant pas encore pénétrée de Dieu dans toutes ses dimensions, sa vie et ses actions ne sont pas dans l’entière plénitude de consommation qu’elle doit avoir.175
13. Comment l’on doit entendre la véritable manière du silence et de l’inaction mystique.177
14. L’homme, ayant reçu Dieu dans le fond de son âme, doit monter vers Lui comme vers sa dernière fin.179
15. De l’état de jouissance et d’union intime avec Dieu.180
16. L’homme qui est arrivé à l’état de jouissance, n’y doit pas toujours demeurer et pourquoi.182
17. De la manière que l’on doit se comporter en cette descente.183
18. Ce qu’il faut faire tant qu’on est descendu et réduit dans ces dernières bassesses de l’âme.184
19. Comment l’homme trouve Dieu dans cet anéantissement.185
20. L’âme reçoit ici un être nouveau afin d’opérer plus noblement.185
21. Pourquoi il est nécessaire que l’opération divine produise en l’homme tous ces divers mouvements de descente et de montée.186
22. Comment l’homme qui n’a plus rien à soi ni à toutes choses, devient tout à Dieu et Dieu tout à lui.187
23. La grâce doit étendre ses effets sur toute la partie inférieure et animale et comment cela se fait.188
24. Après que la grâce a prévalu sur toute la nature, l’homme ne vit plus à soi, mais à Dieu, par la grâce seulement.189
25. Il n’y a aucun degré de perfection auquel on puisse atteindre en cette vie qu’il ne soit tel qu’on ne puisse encore passer plus avant.190
26. Comment l’on doit se comporter lorsque Dieu met dans les ténèbres ou lorsqu’Il remplit de Sa lumière.191
Mise à disposition du corpus de l'œuvre.194
Déjà donné dans la Filiation, repris ici :
!Maur de l'EJ Entrée à la Divine Sagesse D & M Tronc (coll.SM Ed.du.Carmel 2008).doc
Dans un précédent ouvrage, nous avons donné285 les œuvres de « maturité » de Maur de l’Enfant-Jésus (1617 ou 1618 -1690). Nous publions aujourd’hui ses écrits dits « de jeunesse » bien que l’auteur ait déjà trente-trois ans à l’époque des premières éditions reprises ici. En réalité, ils ne le cèdent en rien aux écrits postérieurs : ils exposent peut-être même plus précisément le chemin vers la Source de grâce commune à tous les mystiques accomplis.
Maur prend par là le relais du Traité de la Conduite spirituelle des novices auquel il avait participé en fin de rédaction286 au couvent de Rennes. D’autre part, il était le seul à pouvoir assurer la succession de son père spirituel Jean de Saint-Samson (1571-1636), qui avait été à la source d’un grand renouveau mystique chez les Grands Carmes : l’autre grand disciple de Jean, Dominique de Saint-Albert (1596-1634), était mort prématurément. Envoyé en Gascogne en 1648 pour répandre le renouveau spirituel de la réforme de Touraine, Maur était maître des novices à Bordeaux en 1650, puis élu prieur en 1651 quand il publia l’Entrée. Il jugea sans doute urgent de compléter sans tarder le Traité de la Conduite, qui n’était qu’un « manuel de base » destiné aux novices. C’est ce que suggère la date de publication de son Entrée à la divine Sagesse, qui succède de très près à celle du manuel : la première édition de l’Entrée est de 1652 immédiatement après les quatre volumes du Traité parus en 1650 et 1651.
On trouvera ainsi des textes essentiels sur la voie spirituelle proposés aux Grands Carmes au moment du bel essor de la réforme : plein d’élan et porté par l’influence du milieu mystique de Rennes où avait vécu Jean de Saint-Samson, Maur expose une voie complète dont le terme est la déification chère à Jean et à tous ses disciples. Il s’exprime sans précautions particulières, alors que celles-ci deviendront de plus en plus nécessaires après la première et célèbre cabale « anti-mystique » du siècle menée par Chéron contre lui et contre son ami Surin.
Des pages admirables parsèment ces traités qui témoignent d’une très profonde expérience personnelle. Elles n’ont rien à envier aux œuvres plus tardives où l’on sent l’orage de censure qui approche et qui tombera bientôt sur les mystiques, ce qui imposait des précautions. De plus, une solitude prématurée, de grandes responsabilités et la fréquentation de novices peu mystiques expliqueraient la tension et le pessimisme sur l’homme des œuvres ultérieures (« Maur de l’Enfant-Jésus a sûrement connu des difficultés qui nous le rendent proche », disions-nous dans notre précédent volume).
L’Entrée à la divine Sagesse comporte cinq traités courts à vocations variées. Ce regroupement ne constitue pas un ensemble construit comme le Royaume intérieur, composé longtemps après et dont l’architecture puissante est plus impressionnante. Mais on y lira de nombreuses pages plus profondes, plus détaillées et plus subtiles que dans le Royaume ; l’ascétisme et les combats intérieurs sont moins présents, bien que l’exigence soit aussi forte. Maur se fait pressant pour nous entraîner vers l’aventure intérieure qui le comble : l’élan mystique est plus confiant, parfois même presque joyeux.
Les huit anciennes éditions parues en un demi-siècle, dont cinq en français et trois en flamand, démontrent que le besoin ressenti à l’époque par de nombreux spirituels sensibles à l’esprit carmélitain fut ainsi satisfait. Mais par la suite, l’absence de toute réédition accompagna l’affadissement de la réforme chez les Grands Carmes, et celui, plus général, d’un crépuscule de la mystique287. En effet l’esprit de la fin du siècle de Louis XIV devint fort contraire à la vie intérieure et se traduisit par des emprisonnements pour certains, tels ceux subis par madame Guyon, tandis que les précautions prises par tous asséchèrent l’édition de textes. Une réédition moderne eut enfin lieu au début du siècle dernier, ce qui correspondait à une renaissance spirituelle chez des Carmes déchaux, mais ces quatre petits volumes sont devenus rares288.
Les traités de la Montée spirituelle et de la Théologie chrétienne et mystique sont particulièrement complets sur le plan mystique. On notera l’ordre inverse adopté dans l’exposé du Sanctuaire de la divine Sapience : dans ce dernier cas, l’achèvement de la voie mystique est présenté en premier lieu. On souhaiterait qu’une telle inversion soit moins exceptionnelle car combien de richesses dans d’admirables traités sont demeurées cachées par l’abondance de premières parties ascétiques censées préparer à la vie libre mystique !
Comme un or découvert au fond d’une rivière, voici quelques grains purs289 ordonnés de manière à suggérer un chemin mystique.
Tout commence par un don de la grâce divine :
« Quand Dieu par sa miséricorde s'est résolu d'attirer quelque âme à une perfection plus que commune, il lui touche le cœur par un trait singulier de son amour. » (SS, Etat d’activité amoureuse).
En réponse à un tel don,
“nous aimons Dieu à cause qu'il nous aime, et nous tâchons de nous rendre conformes à lui selon notre petite capacité.” (Ibid.)
Le chemin commence, c’est celui du progrès dans l’amour pur, heureusement prévenu par la grâce divine :
“L'esprit commence à s'élever au-dessus des vues de ses intérêts, et regarde Dieu comme infiniment aimable en soi, et à cause de soi purement et sans mélange d’aucune autre considération. [ L’âme] ne peut et ne doit faire autre chose que de se laisser ravir [...] afin que son Dieu fasse d'elle et en elle tout ce qu'il lui plaira ; elle doit se contenter de cette simple vue, ou simple souvenir, croyant que cela surpasse tous les efforts sensibles et formés qu'elle pourrait produire.” (MS, Quatrième degré).
L’heureuse initiative divine a ainsi mis en route le pèlerin dans son chemin mystique. Il importe maintenant de constater le terrible état de l’être humain en s’aidant de la raison, et de le combattre par une volonté “généreuse” : chez Maur, à une époque où l’on ignore totalement l’inconscient et ses lois, le chemin commence obligatoirement par une ascèse absolue où l’on réprime sévèrement les sens et les pensées, ce qui enclenche les luttes féroces avec le “diable” qui parsèment toute l’oeuvre. Maur appelle à imiter le “capitaine” Jésus-Christ : Jésus n’est d’ailleurs pas seulement une modèle de vie ; si on l’appelle, il “opère sans cesse dans nos âmes” par sa divine “vertu” (au sens étymologique, encore en usage au XVIIe siècle, de force agissante).
La première étape est donc faite d’ascèse, d’imitation de Jésus et d’aspirations
“toutes d’amour lancées vers le Ciel aussi souvent que votre désir sera grand de voir naître en votre coeur
la Sagesse éternelle” (Les trois Portes, Dial. 2nd).
Mais arrive la fin du premier degré où règnent les ravissements, les lumières et les opérations sensibles :
“Comme Dieu ne juge pas à propos de les tenir toujours dans l'abondance de ses délices [...] ce qui ne laisse pas d'étonner et d'affliger ces chères Amantes, qui, ne sachant pas si cela leur est arrivé par quelque infidélité de leur part, se mettent en des peines non pareilles pour retrouver ce bien dont l'absence leur est insupportable” (SS, Etat d’activité amoureuse).
Une telle amante
“vient enfin en un état, que non seulement les actes formés lui sont insipides, eux qui étaient sa vie et sa pratique. […] Les ravissements et lumières qui ont duré si longtemps […] ne la touchent presque plus…
C’est le début de l’état de foi : Maur consacre à cette transition capitale une grande partie de son admirable Sanctuaire de la divine Sapience, pour apprendre aux directeurs de conscience à la discerner et ne pas en détourner les âmes par leur ignorance. Il arrive un moment où
on ne désire pas agir et on ne désire plus faire comme auparavant : au contraire on y sent du dégoût si on s'efforce, et ce qu'on fait est tout à fait insipide et inutile, parce que les puissances ayant épuisé leurs forces actives dans la jouissance de leur objet et dans la consommation des moyens qu'elles tenaient pour tendre vers lui, leur action est désormais moindre que ce qu'elles expérimentent. (SS, Etat d’anéantissement).
L’âme opère un retournement total puisqu’elle doit passer de la recherche active de Dieu à un abandon absolu à l’action divine. « Sans mouvement perceptible », c’est l’état de passiveté290 :
…l'âme qui expérimente ces choses, se doit soigneusement prendre garde de brouiller l'action de la vertu divine par le mélange de ses propres efforts naturels [...] voulant en quelque façon correspondre de sa part et témoigner qu'elle voudrait bien pouvoir s'en ressentir. Non, dis-je, elle ne doit point faire tout cela, non pas même le moindre soupir à ce dessein, s'il lui est possible. (SS, Etat d’anéantissement).
parce qu'on ne sait point comment il faut se comporter ici, d'autant que tous les efforts qu'on tâche de faire, sont moins que ce qu'on goûte, c'est manque de savoir que cet état se doit consommer par la vigueur de l'action divine, qui doit faire reboucher l'activité de la créature, engloutir et absorber toute son action et sa vie, jusques au fond et dans la racine, afin qu'elle ne vive plus elle-même, mais que Dieu vive en elle. (Ibid.)
Mais il subsiste
.une certaine restriction qui vient de la nature, qui empêche l'esprit de s'étendre à l'égal de la lumière qu'il reçoit.
Maur en rend compte en se servant de l’analogie de la lumière particulière qui permet de viser des étoiles, opposée à la lumière générale diffusée par l’astre du jour qui est senti plutôt que directement regardé :
Le soleil […] fait qu’on ne voit plus d'étoiles, mais seulement un soleil et une lumière universelle qui s'étend partout. Il se fait de même en l'état de l'âme […] elle connaît que c'est son bonheur d’être pénétrée de Dieu, et de n'avoir plus de connaissance que par lui et en lui ; néanmoins elle ne peut cesser de le contempler comme une chose distincte de soi. Ainsi elle retient toujours et sa propre lumière et sa propre action. […] Elle voit pourtant bien qu'il y a un grand entre-deux ; elle voit bien qu'elle résiste, […] que son union est empêchée par elle-même, et que ses propres efforts ne font que l'éloigner. Toute sa peine est à se résoudre à ne plus aimer, à ne plus connaître, à ne plus mourir, à ne plus être. (MS, cinquième degré).
C’est accepter l’état de foi obscure :
Mais il faut ici se perdre d'une toute autre manière, et quitter toutes ses vues, ses façons d'agir, la connaissance de ses voies et de son objet et se jeter sans savoir ce qu'elle doit devenir dans l'abîme et l'obscurité de la foi, dans laquelle la nature ne recoive aucun appui, et ne sache si elle connaît, ni si elle aime, si elle a jamais rien connu, ni aimé véritablement, ni de quelle façon il faut connaître ou aimer. (MS, Sixième degré).
Et pourtant :
Nous aurions une parfaite liberté en toutes nos oeuvres, si nous ne les regardions plus comme nôtres. (TM, Chap. XV).
Pour exprimer cette absence de distance entre l’âme et Dieu, Maur reprend l’image classique de la goutte d’eau dans la mer :
L'on ne doit faire aucune difficulté de renoncer à tout le reste pour vivre uniquement de cet amour […] par le seul regard de ce que Dieu est en soi-même infiniment aimable, […] unique et très simple motif qui donne le mouvement à tous les coeurs, et qui les attire à soi pour les engloutir dans son immensité, où ils sont enfin consommés et perdus à eux-mêmes, ainsi qu'une goutte d'eau jetée dedans la mer, laquelle y perd tout ce qui la distinguait d'avec elle. (TM, chap. XVII).
Pour en arriver là, l’âme doit traverser plusieurs anéantissements de plus en plus profonds et douloureux, que l’on verra décrits avec beaucoup de subtilité dans le Sanctuaire de la Divine Sapience :
… cet état se doit consommer par la vigueur de l'action divine, qui doit faire reboucher l'activité de la créature, engloutir et absorber toute son action et sa vie, jusques au fond et dans la racine, afin qu'elle ne vive plus elle-même, mais que Dieu vive en elle. (SS, Etat d’anéantissement).
Si elle se vit comme dans un désert ou suspendue par un fil, en fait elle vit le vrai amour, un don total à Dieu, à l’image de l’eau « arrêtée » qui devient miroir du soleil :
L'âme ne voit plus rien d'elle-même, elle ne voit rien de Dieu, elle ne peut plus agir, plus s'abandonner, plus vivre ni plus mourir ; elle ne conçoit ni ténèbres ni lumière, elle ne voit ni sortie ni entrée, elle ne peut ni désirer ni fuir, elle ne peut se plaire dans sa perte ni s'en attrister. Tout ce qu'on en peut dire, c'est qu'elle est dans un désert infini, suspendue comme entre le ciel et la terre, sans avoir un seul cheveu sur quoi s'appuyer. Elle est sans foi, sans espérance, et sans amour, ce lui semble, d'autant qu'elle ne peut réfléchir là-dessus, mais pourtant jamais elle n'aima si fortement ni si parfaitement. […] Si elle doit faire quelque chose, c'est se rendre attentive sans aucun sien effort et ne mettre aucun empêchement à ce que Dieu fait en elle, ni par de subtiles réflexions, ni par soupirs, ni par admirations, mais comme une eau très belle et claire qui est arrêtée, reçoit sans émotion ce que Dieu fait en elle. (EC, Etat de vie consommée)
Tout ce qu'il y a à prendre garde ici c'est de mettre quelque milieu entre Dieu et l'âme, tant subtil et simple puisse-t-il être [...] Qu'elle demeure comme un miroir fixement opposé aux rayons du soleil, sans faire autre chose que recevoir sa lumière, et concevoir sa chaleur, qui l'ayant pénétrée jusque dans son fonds, sans qu'il reste plus rien qui ne soit pleinement rempli ! (MS, Septième degré)
C’est la condition absolument nécessaire pour être mis dans l’unité :
Tandis qu'il reste à l'âme un seul respir de sa propre vie [...] il est impossible qu'elle soit totalement réduite et abîmée dans l'unité [...] tous les moyens actifs les plus simples dont on se servait, ont fini leur cours ; de même que les fleuves cessent de se mouvoir depuis qu'ils sont entrés dans la mer (TM, Chap. XXI).
Il ne faut pas seulement être en feu mais couler comme du métal fondu :
il faut absolument qu'elle succombe n'ayant plus rien de propre qui la soutienne, de même qu'un métal qui est dans le creuset est contraint de céder à la force du feu ; sur quoi il est à remarquer que n'est pas assez qu'il soit échauffé par la chaleur, jusque-là même qu'il paraisse n'être que feu, car s'il n'est fondu l’on ne saurait qu'en faire. (TM, Chap. XXII).
L’union est sans entre-deux, sans moyen et sans connaissance (voir suppose une distance entre l’oeil et ce qui est vu) :
Ici l'âme qui était attirée et Dieu qui l'attirait, sont joints dans une si grande unité qu'il n'y a aucun entre-deux, ni aucun moyen de la part de la créature, pour passer plus avant [...] elle ne connaît plus rien hors de soi, ou plutôt hors de Dieu, vers quoi elle doive tendre et aspirer [...] elle a épuisé toutes les lumières, tous les motifs, tous les moyens et toutes les vues d'union et de transformation en Dieu ; en sorte qu'il ne reste plus rien à l'opération humaine. (TM, Chap. XXIII).
Alors son sommeil peut être suivi d’un réveil, comme celui de Lazare :
L'âme donc gisant dans son tombeau comme les morts éternels, desquels personne ne se souvient plus, est surprise sans y penser par une vertu secrète et toute divine, et commence au travers de ces obscurités à apercevoir et ressentir un rayon de la lumière divine, qui vient comme, pour la réveiller, et lui faire encore voir le jour, auquel elle ne pensait plus291. (Ibid.).
Pour décrire l’action divine en l’âme totalement unie à Dieu, Maur se sert de la comparaison de la main guidée dans son tracé ou de celle d’une eau claire qui reflète le soleil :
On peut dire que véritablement c'est Dieu qui fait tout là dedans, et que la créature est comme la main d'un enfant qui apprend à écrire, et qui n'a presqu'aucun mouvement que celui qu'elle reçoit de la main du maître. Ou bien elle est comme une eau fort belle et fort claire, sur laquelle le soleil darde très vivement ses rayons, et imprime si parfaitement en elle son image, qu'on dirait que le soleil est véritablernent en elle. (MS, Huitième degré).
Dans l’état consommé, l’âme est passée au-delà des moyens, elle s’est “jetée à perte ou à gain” c’est-à-dire sans réfléchir au risque :
Car tout le créé, [...] tant qu'il peut agir, entendre, aimer, vivre ou mourir, est toujours dans les moyens, et ne vit que des espérances de la fin [...] aussi ceux qui ne vivent que dans les moyens sont bien différents de ceux qui, ayant quitté toute différence et distinction concevable, se sont jetés à perte ou à gain, ou plutôt sans réfléchir sur quoi que ce soit dans cet abîme original, d'où toutes choses sont sorties pour y recouler par le flux continuel d'un pur amour292, qui [...] la fait enfin se perdre elle-même dans sa fin et son objet bienheureux, pour n'être plus qu'en lui, par lui et pour lui, au-dessus de toutes sortes de motifs, d'intentions, d'attentions, et enfin de tous les moyens les plus élevés dont on puisse se servir pour y parvenir. (EC, Etat de vie consommée).
Alors Dieu peut se donner :
Dieu qui prend toutes ses délices à se communiquer à ses créatures, ne trouvant plus ici aucune répugnance ni contrariété, se donne pleinement, vit et agit en celles-ci comme en lui-même [...] Et on peut comparer ces âmes à la glace d'un miroir, qui étant exposée aux rayons du soleil, en conçoit une si parfaite image293. (EC, Etat de vie consommée).
Et mon sentiment est que si les âmes se perdaient en Dieu jusqu'au point que je viens de décrire, il prendrait réellement et véritablement le soin de tout ce qui les regarde pour l'extérieur et l'intérieur [...]
C’est le dernier état, celui de la “vie divine” :
Enfin après que l'âme est descendue jusqu'au dernier degré (ce semble) de pauvreté, et qu'elle s'est vue dénuée de tous les dons [...], Dieu la remplit d'ordinaire peu à peu de ses premières lumières [...] il ne faut pas qu'elle fasse rien pour avancer ou pour retarder, car ce n'est point là son affaire, c'est celle de Dieu ; tout ce qu'elle doit faire, c'est seulement de consentir à se laisser mouvoir à l'Esprit divin : qu'il l’abaisse ou qu'il l’élève : n'importe…294. (TM, Chap. XXIV).
Les extases et les ravissements ont cessé ici [...] Tout est en parfaite paix et repos ; c'est pourquoi il ne paraît rien d'extraordinaire au-dehors en ces personnes si admirables, on les voit toutes bénignes, patientes, pleines de compassion et de charité, saintement libres et joyeuses. Tout ce que peuvent dire d'elles ceux qui n'en jugent que selon l'écorce, c'est qu'on ne voit rien de mal en elles ou qu'elles ne font ni grand bien ni grand mal. (EC, Etat de vie ressuscitée).
Les sources sont les suivantes295 :
Théologie chrestienne et mystique, ou conduite spirituelle pour arriver bientost au souverain degré de la perfection, A Bordeaux, Chez I. Mongiron Millanges, 1651 ; ce texte sera repris dans l’Entrée à la divine Sagesse.
Entrée à la Divine Sagesse, comprise en plusieurs Traittez Spirituels, qui contiennent les secrets de la Théologie Mystique, 1652 ; Paris, chez Antoine Padelou : 1655, 1669, 1678, 1692 ; traduction néerlandaise, Gand, 1679, 1698, et Anvers, 1706 ; les textes des deux premières éditions diffèrent légèrement, les suivantes sont très proches de la seconde.
La première édition de 1652 commence par une « Espitre dédicatoire à la Sagesse éternelle » suivie d’un « Avant-propos » (assez court), puis immédiatement des « Trois portes… »296.
Celle de 1655 (« A Paris, chez Antoine Padelou, rue sainct Iacques, à l’enseigne du S. Scapulaire ») est quasi-définitive : l’ « Espitre… » est suivie d’un « Avant-propos » (augmenté de deux paragraphes), du Privilège du roi, de trois Approbations (Fr. Jean Baptiste Gonet de l’ordre des FF. prêcheurs, Bordeaux, 20 juillet 1651 ; Fr. Arnal religieux Augustin, Bordeaux 31 juillet 1651 ; Fr. Joseph de l’Ascension religieux carme, Bordeaux, 24 juin 1651, très chaleureuse : nous la reproduisons), des « Trois portes… », etc.
Dans l’édition de 1678, Paris, veuve A. Padelou, l’ « Avant-propos » est suivi d’un « Extrait du Privilège du Roy » daté du 25 novembre 1668, des approbations du fr. Gonet et du fr. Arnal (celle du fr. Joseph est absente), des « Trois portes… », etc., tandis qu’en fin de volume figure, séparée des deux premières, une approbation chaleureuse (Fr. Eustache de l’Incarnation religieux carme et professeur en théologie, 7 septembre 1651 : nous la reproduisons).
Les éditions de 1652, 1655, 1669 comprennent : (1) « Les trois portes du Palais de la divine Sapience » [p. 1-93, 1678 : 1-95], (2) « Montée spirituelle, comportant huit degrés qui conduisent jusques au Trône de la Divine Sapience » [p. 94-144, 1678 : 96-146], (3) « Exposition des communications Divines, dans tous les États et Degrés de la vie Mistique et Spirituelle » [p. 145-204, 1678 : 147-210], (4) « Sanctuaire de la divine sapience » [p. 205-266, 1678 : 210-275]. Jusqu’ici les paginations sont identiques dans les éditions de 1652 et de 1655. Ensuite viennent :
(5) « Théologie chrestienne et mistique, ou conduite spirituelle… » [4 folios, pagination reprise 1-131, table couvrant 2 folios, dans l’éd. de 1652 ; pagination continue, 267-412, dans l’éd. de 1655 qui diffère légèrement pour le texte de celle de 1652 et ajoute les :] (6) « Réflexions sur la vie de Notre Seigneur » [p. 413-478, suivi d’une table couvrant 2 folios concernant « Théologie… » et les « Réflexions… »] ; l’édition de 1669 ajoute (7) un court « Traité de la fidélité de l’âme à son Dieu » [pagination reprise : 1-11] ; l’édition de 1678 est paginée de façon continue : « Théologie… », 276-416, « Réflexions… », 417-484.
Cet ouvrage a été reproduit par les éditions des « Chroniques du Carmel » de Soignies (Belgique), 1921-1933, en quatre petits volumes devenus fort rares ; les textes sont assez fidèles à l’édition de 1655, mais le style est souvent corrigé pour en rendre la lecture plus facile ou pour tenter d’éclaircir l’auteur, touchant alors à des points mystiques d’une façon souvent discutable ; leur ordre devient : (1, vol. I), (2 puis 7, vol. II), (5, vol. III), (4 puis 3) ; (6) est omis.
Le Sacré Berceau de l’Enfant Jésus, ou les entretiens spirituels sur tous les mystères de l’Enfance de N. Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1682 ; permissions en 1663-1664.
L’ Espitre dédicatoire à la Sagesse éternelle, Les trois portes du Palais de la divine Sapience et la Montée spirituelle…, sont repris de la première édition de 1652, dont le style parfois naïf et moins policé convient bien à l’envoi du début, au dialogue des portes du palais et à l’élan intérieur requis chez le mystique novice entreprenant la montée mystique.
L’ Exposition des communications Divines…, Le sanctuaire… , la Théologie chrétienne et mystique… , sont repris de l’édition de 1678 car c’est la dernière édition du vivant de l’auteur (qui s’avère identique à celle de 1655, reprise donc avec grand soin). Le court Traité de la fidélité provient de l’édition de 1669 (il est coupé dans l’exemplaire de l’édition de 1678 à notre disposition, tout en ne figurant pas encore dans celle de 1655). Enfin, tout comme les éditrices du carmel de Soignies, nous omettons les Réflexions sur la Vie de Notre Seigneur, gloses portant sur des événements d’enfance (il précédait le court Traité).
Nous avons modifié l’ordre des traités par rapport à celui des anciennes éditions (il vient d’être rappelé), en présentant en premier lieu le plus complet d’entre eux, la Théologie chrétienne et mystique…, immédiatement suivi de l’admirable Sanctuaire de la divine Sapience qui apparaît comme un achèvement. La Montée spirituelle… et l’Exposition des communications Divines… viennent ensuite. Enfin deux textes moins importants, celui du court Traité de la fidélité et le dialogue intitulé Les trois portes du Palais de la divine Sapience achèvent le volume. L’accès à ce qui est le plus substantiel dans l’œuvre est ainsi facilité sans que le lecteur ait à s’écarter d’une lecture suivie.
Respectant fidèlement le texte de Maur de l’Enfant-Jésus et indiquant des variantes, nous reprenons seulement l’orthographe, la ponctuation, parfois le découpage en paragraphes.
ENTREE A LA DIVINE SAGESSE1
PRESENTATION2
Le chemin.3
Sources.7
ENTREE A LA DIVINE SAGESSE 10
EPITRE DEDICATOIRE A LA SAGESSE ETERNELLE11
A TRES VERTUEUSE ET ILLUSTRE DAME MADAME MAGDELAINE MOLE, ABBESSE DE SAINT ANTOINE DES CHAMPS, A PARIS.11
AVANT-PROPOS12
THEOLOGIE CHRETIENNE ET MYSTIQUE 16
CHAPITRE I16
CHAPITRE IV. Quelle est la fin de la théologie mystique.20
CHAPITRE V. Dieu est le principe de la Théologie Mystique.21
CHAPITRE VI. Notre Seigneur Jésus-Christ est l'unique et véritable Maître de cette divine Théologie.22
CHAPITRE VII. Sur quels principes Jésus-Christ a établi sa doctrine mystique.22
CHAPITRE HUIT. Du premier principe de la vie mystique et chrétienne, savoir : renoncez à vous-même.24
CHAPITRE NEUF. …qu'il est nécessaire de renoncer à soi-même pour être sauvé.25
CHAPITRE 10. La renonciation est le commencement et la fin des efforts par lesquels l'âme contribue à sa propre perfection.26
CHAPITRE XI. En quoi il faut se renoncer pour être disciple de Jésus-Christ.28
CHAPITRE XII. Comment il faut renoncer dans les choses précédentes.29
CHAPITRE XIII. Il faut renoncer à soi-même, après avoir renoncé aux choses extérieures.32
CHAPITRE XIV. En quoi il faut se renoncer, après avoir renoncé aux autres choses.33
CHAPITRE XV. Comment il se faut renoncer en ses propres opérations.35
CHAPITRE XVI. D'une manière de se renoncer dans les opérations de l'âme plus parfaite et plus simple.36
CHAPITRE XVII. Comment on ne doit avoir ici que Dieu simplement pour objet, pour motif et pour exercice.38
CHAPITRE XVIII. Que la vie intérieure de l'âme doit être une et simple.40
CHAPITRE XIX. De quelques doutes qui surviennent dans cette simple voie.42
CHAPITRE XX. Des ténèbres et de l'obscurité par où il faut passer.43
CHAPITRE XXI. L'entrée à la renonciation consommée et parfaite, qui est pareillement la porte du sanctuaire de la théologie mystique.45
CHAPITRE XXII. Comment l'âme demeure en Dieu pleinement morte, renoncée et perdue à soi-même.47
CHAPITRE XXIII. L'état dernier de la vie mystique, dans lequel la vie et la propre vigueur de l'âme est toute consommée en Dieu.49
CHAPITRE XXIV. D'un autre degré de consommation de l'âme en Dieu.52
SANCTUAIRE DE LA DIVINE SAPIENCE 57
Etat d’activité amoureuse.57
Etat d’anéantissement.62
Etat de vie ressuscitée en Jésus-Christ.70
MONTEE SPIRITUELLE,76
PREMIER DEGRÉ76
SECOND DEGRÉ78
TROISIEME DEGRÉ81
QUATRIEME DEGRÉ83
CINQUIÈME DEGRÉ.85
SIXIEME DEGRE88
SEPTIEME DEGRE90
HUITIÈME DEGRÉ92
EXPOSITION DES COMMUNICATIONS DIVINES DANS TOUS LES ÉTATS ET DEGRÉS DE LA VIE MYSTIQUE ET SPIRITUELLE .94
Le plus éminent degré de la vie mystique qui est l'état de vie consommée dans la dernière fin.94
Du plus proche état de la vie consommée qui est un état de mort et d'anéantissement passif.98
Le suivant état qui est le troisième, est un état de vie mourante.99
Quatrième état, qui est de vie languissante dans l'Amour divin.102
Cinquième état, qui est de combats et de souffrances.105
Sixième état, qui est la première entrée dans la vie intérieure.108
Septième état, dans lequel l'âme est toute occupée à mortifier ses passions et ses sens intérieurs.109
Huitième état, dans lequel l'âme s'occupe à mortifier ses sens extérieurs.111
Dernier état, qui est la sortie du péché et l'entrée dans la grâce.111
TRAITÉ DE LA FIDÉLITÉ DE L'AME A SON DIEU 113
LES TROIS PORTES DU PALAIS DE LA DIVINE SAPIENCE OUVERTES EN TROIS DIALOGUES D'UN SOLITAIRE AVEC UNE PERSONNE FORT DÉSIREUSE D'Y ENTRER .117
DIALOGUE PREMIER dans lequel on fait voir la nécessité qu'il y a de mourir aux objets sensibles, pour arriver au cabinet de cette divine Sagesse.117
DIALOGUE SECOND.126
Dans lequel on enseigne comment il faut effacer de son coeur et de sa mémoire les espèces des choses extérieures, et comment il faut faire mourir les passions.126
DIALOGUE TROISIEME.134
Dans lequel on apprend à détruire les plus secrètes recherches de la nature et à se laisser introduire dans le repos divin par l'opération de Dieu même.134
CORRIGENDA148
TABLE DES MATIERES150
Introduction
Comtesse Henri de Boissieu
Une Recluse au dix-septième siècle
(J. Duculot à Gembloux 1934)
Choix d’écrits mystiques de Jeanne de Cambry
L’Exercice de l’amour, La Ruine de l’amour propre I à IV, Le Flambeau mystique
(édition in-folio de 1665)
Pierre de Cambry
Abréggé de la vie de Dame Ienne de Cambry
Découvrons une inconnue aux éditions rares297.
Mon but est spirituel et de lui laisser être la première à exposer des incompréhensions-oppositions rencontrées par toutes les mystiquesfemmes du temps (depuis Marie des Vallées jusqu’à Madame Guyon en passant par Maria Petyt). Elles sont ici exposées vues de l’intérieur et pour la première fois à ma connaissance.
Dame de Cambry est intellectuellement outillée pour la tâche, tout en révélant un caractère « introverti » probablement difficile, des croyances en visions, en diableries, etc.
Mais elle est aussi proche et toute moderne par une indépendance d’esprit comme de nature qui lui permirent d’affronter un confesseur médiocre puis de trouver la (seule?) solution-liberté d’être recluse, devenant une ermite par ailleurs fort visitée.
Deux volets dans notre ouvrage. Ils couvrent des espaces comparables :
(1) une vue interne par mon choix de textes mystiques. Il correspond au quart de l’oeuvre imprimée.
(2) une vue externe grâce à deux sources – apparemment les seules mais de grande qualité : Une Recluse au dix-septième siècle, beau travail de la Comtesse Henri de Boissieu, l’Abreggé de la Vie rédigé par son frère Pierre qui complète mon choix de textes de Jeanne. Son regard offre une vue intérieure par de nombreuses lettres adressées au confesseur, aux autorités, à tel confident, à lui-même.
§
Je commence par présenter en première section « Une recluse au dix-septième siècle ». L’ époque est ancienne et de plus le vécu se situe en province. Cela nous rapproche par certains traits d’un moyen âge encore vivant ; il favorise des représentations qui étaient déjà jugées caduques sous des cieux plus éclairés. Le vécu est mystiquement valide mais Ienne de Cambry l’objective : elle le projette en présentant anges et diables comme des entités extérieures. Elle n’est pas la seule ! Par ignorance des modèles d’antan nous sommes tentés de rejeter le fond sans décoder ces modes expressifs. L’auteure de Boissieu nous introduit avec intelligence et finesse à notre héroïne. Elle réfère à de solides auteurs tel Ruusbroec.
Je peux alors proposer la partie de son œuvre qui nous intéresse mystiquement :
Après le bref Exercice de l’amour je privilégie la Ruine de l’Amour propre livrée ici pour plus de la moitié de son étendue298. Puis je poursuis par de brefs extraits d’une œuvre qui fut appréciée peut-être plus pour son titre que pour son contenu, la Flamme… résumant la Ruine… Prenant peut-être des précautions, les autres ouvrages sont d’usage généraliste. Ils sont rédigés dans un esprit de service à rendre à tous, les visiteurs étant devenus nombreux. Ils sont ici oubliés.
Si l’Abreggé de la Vie rédigé par le frère Pierre ne présente pas une belle figure mystique accomplie, mais une pèlerine en marche 299, sans guide mystique autre qu’indirectes (influences écrites) ou verticales (« Dieu seul »), partageant les défauts du temps,
Si l’exposé est coloré comme celui d’un témoin extérieur même s’il est de même sang, nous disposons d’un récit vivant du drame 300. Il éclaire les nombreuses lettres de la mystique livrées soigneusement dissociées du ciment qui les relient.
Malheureusement manquent des témoignages 301 qui nous éclaireraient sur les quinze dernières années vécues par la recluse mystique : ont-ils été détournés puis détruits ou simplement omis par prudence ?
Une silhouette de la Dame de Cambry mystique ouvre les Annexes techniques.
§
Dame Jeanne [« Ienne »] de Cambry (1581-1639) vécut à la charnière liant deux siècles. L’esprit des béguines du moyen âge était encore vivant en Flandre espagnole mais devait bientôt laisser place à un nouvel esprit, celui de l’âge classique qui verra en France une « invasion mystique ».
Je n’entreprend pas ici une nouvelle étude sur sa vie : elle serait qu’une glose hâtivement conduite. L’ouvrage sorti sous la plume de la Comtesse de Boissieu est probablement aujourd’hui oublié comme ce fur le cas de son héroïne pendant trois siècles : il mérite d’être exhumé 302 !
Boissieu ressucita, avec bienveillance et intelligence éclairée certainement par expérience, une nature indépendante partagée entre des modèles contradictoires au sein du monde catholique.
j’en résume quelques traits en y associant l’éditrice canadienne303 de sa Correspondance par quelques citations le plus souvent mises en notes. La « tresse » – un bref aperçu de l’histoire de Tournai sur les quinze années qui précèdent la naissance de Dame Ienne de Cambry & [Boissieu] & [Smeaton] est ouverture incitant à lire l’excellente redécouverte par une âme sœur qui ouvre le dossier.
[…………..]
Jeanne de Chantal, Recueil des bonnes choses & Extraits de Lettres, D. Tronc et Béatrice Bernard, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », Série « Madame de Chantal ». 2015, 256 p. [« Les Entretiens du manuscrit de Turin-Verceil » transcrit par Béatrice Bernard ; Introduction et extraits de la Correspondance par D. Tronc.]
Quatrième de couverture :
JEANNE DE CHANTAL, RECUEIL DES BONNES CHOSES & EXTRAITS DE LETTRES
Introduction et extraits de la Correspondance par Dominique Tronc
Les Entretiens du manuscrit de Turin-Verceil transcrit par Béatrice Bernard
Le lecteur trouvera ici un condensé en deux parties qui met en valeur l’esprit mystique de la fondatrice des Visitations Jeanne de Chantal (1572-1641).
La Mère de Chantal livre sa direction mystique autant qu’ascétique dans près de cinquante Entretiens. Ils proviennent du manuscrit de Turin-Verceil conservé à Annecy. Il a été reconnu par la première éditrice comme la plus excellente des sources dont elles disposaient. Nous l’éditons ici sous sa forme primitive.
On peut tirer le meilleur parti des milliers de pages de « lettres d’affaires » qui répondaient aux multiples besoins des couvents de visitandines. Quatre-vingts extraits sélectionnés dans la Correspondance mettent en valeur l’orientation mystique de leur fondatrice. Tel paragraphe inséré dans une lettre adressée à une nouvelle fondation s’adresse particulièrement à une sœur éloignée où la Mère tient son rôle de conseillère et de directrice. Parfois Jeanne se livre à une confidente proche ce qui nous ouvre son vécu mystique.
Jeanne de Chantal (1572-1641) remplissait au jour le jour la tâche harassante de fonder des Visitations. Elle n’a laissé aucun écrit structuré pouvant justifier un intérêt littéraire.
Ses écrits recèlent pourtant des passages qui témoignent d’un accomplissement mené à terme par la mystique fondatrice. Il suffit d’extraire ces diamants de leur gangue.
Nous disposons d’une récente édition critique de sa correspondance, mais ce n’est pas le cas pour les autres écrits 304. Un vaste fonds manuscrit reste disponible.
Le manuscrit de Turin-Verceil signalé par l’éditeur de 1875 comme la plus excellente des sources des Entretiens a été transcrit sur l’original par Béatrice Bernard au Centre Jean-de-la-Croix.
À cet ensemble de conversations où la Mère de Chantal livre une direction mystique autant qu’ascétique, nous adjoignons des extraits choisis dans la Correspondance. Il s’agit d’attirer le lecteur confronté aux milliers de pages de « lettres d’affaires » qui répondaient aux besoins de multiples fondations.
On regrette souvent la disparition voulue par la fondatrice de ses lettres à François de Sales sans pour autant lire la masse de celles qui suivirent la disparition de cet ami.
Nous perdons alors les diamants enchâssés dans les réponses à des problèmes journaliers. Il s’agit de tel paragraphe destiné à une sœur éloignée pour une nouvelle fondation où en trois mots la Mère de Chantal tient son rôle de conseillère et de directrice mystique. Il s’agit aussi parfois d’un aperçu intime livré à une confidente aimée.
Le lecteur trouvera donc un condensé en deux parties qui souligne l’esprit mystique de la fondatrice des Visitations : près de cinquante Entretiens et pièces diverses qui leur sont associés dans une source excellente, suivis de quatre-vingts extraits sélectionnés en florilège de la Correspondance.
Le fonds préservé à Annecy fait l’objet d’un bref aperçu 305. Citons enfin la mise à disposition en un volume de la correspondance qui lia Jeanne et François 306.
Présentons maintenant madame de Chantal qui va devenir la Mère veillant sur l’esprit nouveau des Visitations :
Jeanne Frémyot, née à Dijon en 1572 dans une famille de noblesse de robe, reçut une excellente éducation 307. Elle fut mariée en 1592 à Christophe de Rabutin, baron de Chantal. La jeune femme fut heureuse en mariage et eut six enfants (mais deux mort-nés). En 1601, son mari, blessé au cours d’une partie de chasse, mourut neuf jours après en lui demandant de pardonner à son meurtrier involontaire. Un chagrin immense la submerge, elle songe au suicide, puis se sentant attirée vers l’intériorité, elle fait vœu de ne pas se remarier et de se consacrer à la charité.
Cherchant désespérément un bon guide, elle rencontre François de Sales à Dijon, le 5 mars 1604. Dans le récit qu’elle en fait, on notera la résistance de François qui attend un signe divin pour prendre la décision de la diriger, puis sa perplexité :
Dans mes perplexités et tourments, j'étais sans secours ni assistance spirituelle […] je suppliai son infinie Bonté avec abondance de larmes qu'il lui plaise me donner un homme qui fut vraiment saint et vraiment son serviteur, qu'il m'enseignasse tout ce qu'il désirait de moi et je lui promettais en sa Face que je ferais tout ce qu'il me dirait de sa part […J
[Elle le rencontre :] Je le priais deux ou trois jours avant son départ de Dijon de m'ouïr en confession, ce qu'il me refusa d'abord croyant que ce fut par curiosité, et me l'accorda après. Or en cette petite confession, Dieu me logea dans son cœur d'une manière extraordinaire, ainsi qu'il me dit après, et de même, je me sentis portée à ses avis incroyablement, mais il me dit que je demeurasse sous la conduite de mon premier directeur et qu'il ne lairrait [continuerait] de m'assister. Je demeurais fort contente de cela.
Le jour qu'il partit, un peu auparavant, il me dit que, me parlant du mouvement intérieur qu'il ressentait pour mon bien, que dès lors qu'il avait le visage tourné du côté de l'autel qu'il n'avait plus de distractions, mais que, dès quelques jours, je lui revenais continuellement autour de l'imagination, non pas, dit-il, pour me distraire, car je n'en reçois point de divertissement […] et par d'autres paroles qu'il ajouta lui donnait à entendre qu'il regardait cela comme chose extraordinaire, par laquelle Dieu le mouvait et incitait à son bien, pour en prendre un soin spécial. Et lui dit pour conclusion, "Je ne sais ce que Dieu veut par là". Ensuite de cela au partir de Dijon il lui écrivit un billet où il n'y avait rien plus que ces paroles: « Dieu ce me semble m'a donné à vous, je m'en assure toutes les heures plus fort, c'est tout ce que je vous puis dire maintenant » 308.
Il devint donc son directeur. Dans leur correspondance des années 1608-1610, on les voit concevoir le projet d’un nouvel ordre religieux, mais il lui demanda de remplir d’abord ses obligations familiales. Après avoir établi ses enfants, elle le rejoignit pour créer le 6 juin 1610, à Annecy, une nouvelle forme de vie religieuse sans vœux solennels ni clôture : les filles de la Visitation, dont le modèle était Marie qui, visitant Élisabeth, lui apporta la joie qui était en elle par son Fils.
Le développement des fondations obligea la Mère de Chantal à une activité permanente : l’extension des Visitations fut très rapide dans toute la France. Elle déploya une énergie comparable à celle de Thérèse d’Avila. On suivra les péripéties de cette vie épuisante dans la chronologie commentée par l’éditrice de sa Correspondance en fin de chacun de ses six volumes 309.
Des merveilles se découvrent au milieu de multiples affaires courantes que la fondatrice doit régler : on faisait appel à elle sur le comportement à avoir en temps de peste comme sur des points de direction spirituelle. On relève aussi, dans divers écrits non épistolaires, rassemblés dans ses Œuvres, des « dits » admirables dans leur concision et des aperçus profonds sur une vie mystique vécue dans la sobriété, au cœur même d’une intense activité.
Son influence fut très grande : certainement d’abord sur François de Sales, bien qu’il soit difficile de dire qui influença l’autre310. Elle marqua tout le siècle, en particulier grâce au récit de sa vie rédigé par la mère de Chaugy311. La très jeune Jeanne-Marie Guyon témoignera ainsi du mimétisme exagéré qu’elle inspira chez ses lectrices :
Tout ce que je voyais écrit dans la vie de Madame de Chantal me charmait, et j’étais si enfant que je croyais devoir faire tout ce que j’y voyais. Tous les vœux qu’elle avait faits 312 je les faisais aussi, comme celui de tendre toujours au plus parfait et de faire la volonté de Dieu en toutes choses. Je n’avais pas encore douze ans, je prenais néanmoins la discipline selon ma force. Un jour que je lus qu’elle avait mis le nom de Jésus sur son cœur pour suivre le conseil de l’Époux : “Mets-moi comme un cachet sur ton cœur” 313, et qu’elle avait pris un fer rouge où était gravé ce saint Nom, je restai fort affligée de ne pouvoir faire de même. Je m’avisai d’écrire ce nom sacré et adorable en gros caractères sur un morceau de papier et avec des rubans et une grosse aiguille je l’attachai à ma peau en quatre endroits, il resta longtemps attaché en cette manière 314.
Par rapport au style prolixe et volontiers poétique de François de Sales, le dépouillement et la sobriété sont les caractéristiques de la Mère de Chantal. Elle a dépassé les expériences extraordinaires du début de la vie mystique et veut attirer ses correspondantes vers la nudité de l’union avec Dieu.
C’est l’aspect circonstanciel de ses écrits qui a empêché sa reconnaissance comme une des immenses figures intérieures du siècle. Il est aussi regrettable qu’elle ait détruit la plupart de ses lettres adressées à François de Sales. Nous ne pouvons donner que quelques extraits de son abondante correspondance par ailleurs et de ses opuscules.
Les papiers précieux retrouvés après sa mort livrent la transcription de paroles que François de Sales lui avait adressées après une retraite :
Notre Seigneur vous aime, ma chère Mère, il vous veut toute sienne […] Tenez votre volonté si simplement unie à la sienne en tout ce qui lui plaira faire, de vous, en vous, par vous, et pour vous, et en toutes choses qui seront hors de vous, que rien ne soit entre-deux. Ne pensez plus à chose quelconque de tout ce qui vous regarde, tant pour la vie que pour la mort, car vous vous êtes toute abandonnée et remise aux soins de l'amour éternel que la divine Providence a pour vous; demeurez là en repos, en esprit de très simple et amoureuse confiance, et ceci se doit pratiquer non seulement à l'oraison, où il faut aller avec une grande douceur d'esprit, sans dessein d'y faire chose quelconque, ains [mais] seulement pour être à la vue de Dieu, dans cette simples remise et repos en lui, et comme il lui plaira, se contenter d'être à sa présence, encore que vous ne le voyiez, ni sentiez, ni sauriez représenter, et ne vous enquérez de lui, de chose quelconque, sinon à mesure qu'il vous excitera. Ne retournez nullement sur vous-même, ains soyez là près de lui; non seulement, dis-je, il faut pratiquer cette simplicité et abandonnement en l'oraison, mais en la conduite de toute la vie, rejetant et délaissant toute votre âme, vos actions, vos succès, vos affaires au bon plaisir de Dieu et à la merci de son soin : il faut tenir l'âme ferme dans ce train. (II, p. 62-63) 315.
Elle suivra ces instructions à la lettre, parfois avec difficulté comme elle l’écrit en 1637 à la mère Angélique Arnauld, se tourmentant de n’avoir pas accès à un état stable :
[…] nonobstant ce peu de calme, la croix est toujours là, si je la voulais regarder elle ne me donnerait guère de trêve. Depuis ma dernière lettre, j'en ai eu de rudes atteintes et des pensées qui sont autant de dards qui me transpercent le coeur, et suis si fort liée quelquefois que je regarde cela, que je ne puis aller ni avant ni arrière.
Cependant j’ai grande expérience et souvent une claire lumière que Dieu ne veut de moi que ce seul unique et très simple regard en Lui, mais sans aucun mélange d’aucun acte ni discours quelconques, sinon qu’Il m’y excite […] [Et pourtant] je ne vois ni ne peux rien voir ni regarder des choses de Dieu ni en avoir goût, sinon quelquefois en certaines lectures.
Dans la même lettre, elle dit son admiration envers la sœur Anne-Marie Rosset et son regret d’être engloutie par les occupations :
Nous avons une sœur céans qu’il y a bien vingt-quatre ans qu’elle chemine dans une voie de si grand dénuement que jamais elle n’a ni lumières ni pensées sur aucun mystère ni sur choses quelconques, et, s’il lui en venait, elle dit qu’elle pense qu’elle s’en détournerait pour tenir, comme elle fait, son esprit très simplement arrêté en Dieu. Et est si fidèle en cet exercice qu'elle est toujours là, ou du moins, rarement et courtement est-elle distraite, que sitôt qu'elle s'en aperçoit elle se remet là. Jamais non plus, elle n'est portée à rien demander à Notre Seigneur, ni rien désirer ni s'unir ni faire aucun acte de quoi que ce soit, ni ne pense à en faire ni si elle en doit faire, seulement, elle se prosterne le matin comme pour faire un acte d'adoration que notre Bienheureux Père lui a dit de faire, avec quelque oraison jaculatoire, pendant les octaves des grands mystères. Elle le fait sans goût ni se divertir de sa simple attention et, de même, entend les sermons et ses lectures sans autre attention que de retenir quelque chose pour l'entretien d'après vêpres. Au bout, c'est une âme totalement fidèle à la suite du bien et exacte à la moindre plus petite observance.
Feu notre bonne Mère supérieure [Péronne-Marie de Châtel] me disait que Notre Seigneur faisait cheminer cette fille devant moi pour me donner lumière à ce qu'il m'attirait et voulait de moi. Certes, il m'a toujours été impossible d'avoir cette continuelle attention parmi les occupations, j'en ai de tant de sortes et si continuelles, que je ne puis m'empêcher d'y mettre mon attention ; Notre Seigneur me laissant tout l'esprit fort libre pour m'y appliquer nonobstant toutes mes peines intérieures. Et vais toujours mon train pour l'extérieur, sans voir comment, pour ce qui est de mes exercices spirituels… (L. 2040)
Elle avoue pourtant être dans l’oraison passive depuis fort longtemps :
Vous m'avez donné un bon sujet de confusion de m'avoir demandé mon oraison. Hélas ! ma fille, ce n'est que distraction et un peu de souffrance pour l'ordinaire; car que peut faire un pauvre chétif esprit rempli de mille sortes d'affaires, que cela ? Et je vous dis confidemment et simplement que, il y a environ vingt ans, Dieu m'ôta tout pouvoir de rien faire à l'oraison avec l'entendement et la considération ou méditation, et que tout mon faire est de souffrir et d'arrêter très simplement mon esprit en Dieu, adhérant à son opération par une entière remise, sans en faire les actes, sinon que j'y sois excitée par son mouvement, attendant là ce qu'il plaît à sa Bonté de me donner. Voilà comme je satisfais à votre désir, mais à vous seule ces trois dernières lignes; quand nous nous verrons, nous dirons le reste, si Dieu le veut. (L. 2602)
J’ai eu cette vue que Dieu veut que j’aille à Lui de toutes choses, très simplement et droitement sans entremise de chose quelconque, et que je me contente de ce très simple regard en Lui, sans aucun acte, mais par un absolu et entier abandonnement de tout ce que je suis et de toutes choses à sa sainte volonté, demeurant dans un repos d’amoureuse confiance en son soin paternel pour tout ce qui me concerne, sans réserve, lui laissant vouloir pour moi, et faire tout ce qu'il lui plaira et de toutes choses, sans que jamais je me veuille arrêter volontairement à regarder ce qui se passe en moi, ni à chose quelconque. Mais je me tiendrai en lui, le regardant et le laissant faire, acquiesçant simplement à tout ce qu’il lui plaira, avec l’aide de sa grâce… (II, p. 24).
Elle ne se lassera pas d’appeler ses filles au dépouillement total, à la simplicité du regard en Dieu et à la passivité absolue devant l’action de la grâce :
Ma très chère fille, ne vous détournez jamais de cette très solide et très utile voie de la sainte simplicité en laquelle Dieu vous a mise. Et je remercie sa Bonté d’avoir voulu, avec sa divine lumière, confirmer ce que je vous en avais écrit. Demeurez donc invariable en cette résolution, quoique vous entendiez dire des merveilles des autres voies. Laissez-les suivre à qui Dieu les donne, et suivez toujours la vôtre. Car cette unique simplicité et très simple unité de présence et abandonnement en Dieu les comprend toutes et d’une manière très excellente […]
Dieu vous a soustrait les vues et sentiments de ses richesses pour un temps, à ce que je vois. J’en suis consolée, car c’est chose très utile et même nécessaire, de passer par cette étamine316. Vous en avez expérimenté les fruits qui sont la connaissance de votre impuissance et misère, une plus grande pureté et nudité d’esprit. Dieu, par un amour très grand, vous dépouillant des affections et sentiments plus désirables et spirituels, afin que Ses dons n’occupent pas nos cœurs, mais lui seul et son bon plaisir. […] Je crois donc que l’âme qui est réduite dans cette extrême impuissance, ténèbres et insensibilité, se doit contenter de se laisser très simplement à la merci de la miséricorde de Dieu par un très simple acquiescement à tout ce qu’il lui plaira faire d’elle, sans le vouloir même sentir, ni en faire l’acte ; mais par un simple regard en Dieu, de la suprême pointe de l’esprit, qui ne veut résister en rien à Dieu, mais consent à tout ce qu’il lui plaît. Et faut se contenter du même simple regard à la rencontre du mal, ne lui résistant qu’en lui déniant le consentement de l’acte. Or sus, ma très chère fille, il faut absolument retrancher toutes sortes de réflexions sur ce qui se passe en vous… (L. 1599)
Il ne s’agit pas d’ascétisme : ce serait tourner en soi-même. On ne livre pas bataille, ce serait rester dans l’horizontalité du moi. La solution est toujours d’appeler la grâce en préférant l’amour à tout :
Le remède que je vous donne pour toutes sortes de tentations, peines, afflictions, sécheresses et contradictions, c’est les actes d’amour, retournant promptement et simplement votre cœur à Dieu […] Ne vous efforcez point de vaincre les tentations, car cet effort les fortifierait … (L. 1421)
Loin d’une voie héroïque, c’est une voie de douceur, réaliste et modérée. Jeanne se sert d’une comparaison avec une tempête sur le lac d’Annecy pour expliquer comment on traverse les difficultés intérieures :
[…] il nous faut faire comme nos grangers ont fait aujourd'hui sur leur bateau qui conduisait notre blé sur le lac. Ils se sont trouvés subitement en un très grand péril ; dans un instant ils ont vu s'élever une violente tempête qui allait sans doute les submerger avec le bateau et tout ce qui était dessus. Hélas ! qu'ont-ils fait ? Ils ne se sont pas opiniâtrés de vouloir prendre le droit fil de l'eau en traversant ces grosses ondes ; non, ils se seraient perdus faisant de la sorte ; mais ils ont très sagement conduit leur barque, tout doucement, au rivage, et ont suivi les petites ondes ; par ce moyen ils sont arrivés, en évitant l'orage et non en le combattant. (II, p. 237, Entretien VI)
Demeurez en une très simple unité et unique simplicité de la présence de Dieu, par un entier abandonnement de vous-même en sa très sainte volonté ; et toutes les fois que vous trouverez votre esprit hors de là, ramenez-l’y doucement, sans faire pour cela des actes sensibles de l’entendement ni de la volonté. (I, p. 63)
Nue et sans vertu je suis venue au monde, et sans vertu quelconque je me remets, mon Dieu, entre vos mains. Dites cela, ma fille, et quand vous verrez que votre esprit se voudra revêtir de ce qu’il s’est dépouillé, ne faites autre chose que de le retourner simplement à son Dieu, ne voulant que lui seul … (L. 2615)
Il faut passer au-delà de tous les états et de la multiplicité des expériences, dans la simplicité sans « goût », s’oublier soi-même dans un abandon total à la « divine bonté » :
… il ne faut faire aucune réflexion sur ce qui se passe en vous, pour voir ou connaître ce que c’est. Soyez, mon cher enfant, comme un vaisseau vide devant Sa divine bonté, pour recevoir ce qu’il Lui plaira de vous donner, et ne permettez jamais à votre esprit aucun retour ni réflexion sur vous-même ni sur ce qui se passe en vous.
… cette véritable humilité […] ne veut aucune excellence que d’être sans excellence, que celle […] de dépendre totalement du bon plaisir de son Dieu, ne recherchant en toutes choses que sa seule gloire ; car c’est le caractère des filles de la Visitation. (L. 903)
Oh ! Que nous serons heureuses, ma vraie fille, quand nous nous serons entièrement oubliées. (L. 1255)
Jetez-vous et toutes vos misères et vos intérêts et affections, dans le sein de la bonté de Dieu, vous laissant gouverner à sa Providence et à l’obéissance, et cela à yeux clos, sans permettre à votre esprit de regarder où il va ; mais allez toujours, ne regardant que Dieu et la besogne qu’Il vous présente dans chaque occasion et moment, pour la faire fidèlement avec la pointe de l’esprit sans vous amuser à vos sentiments ou dissentiments et répugnances … (L.1271)
Ma très chère fille, vivez au-dessus de vous-même et toute en Dieu. (L. 2454)
En cela, elle suit le conseil donné par François de Sales :
Nous ne devons jamais vouloir autre chose, sinon ce qui nous advient de moment en moment, recevant tout de la pure ordonnance et disposition divine. (II, p. 47, Questions)
Tout converge sur l’amour, à bien distinguer d’un sentiment ou d’un « goût » humain :
Toujours en cette nudité et simplicité ; il n’y a rien au-delà. « Aime et fais tout ce que tu voudras », dit Saint Augustin. Aimons donc. toute la perfection est là. (L. 2565)
S’il était en mon pouvoir d’avoir des sentiments, je sais bien que je brûlerais toute de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain ; or Notre Seigneur ne les a pas mis en notre pouvoir. Les sentiments ne sont pas nécessaires à la perfection et à notre salut ; sa divine Majesté les donne à qui il lui plaît. C'est le Maître qui fait ce qu'il veut. (II, p. 233, Entretien V).
Jamais nous ne savourerons les douceurs de la familiarité de l'âme avec son Dieu, que lorsque nous serons déterminées à suivre et que nous suivrons au péril de toutes nos inclinations, affections, habitudes et propensions, tout ce qui nous est marqué, qui n'est autre que l'amortissement de la nature, le mépris du monde et la vraie fidélité à Dieu. Ce ne sera pas sans peine, mais là où il y a de l'amour, il n'y a point de travail ; et d'ailleurs un moment de la jouissance intérieure de Dieu vaut plus que tous les plaisirs que la propre volonté nous ferait jamais goûter ensuite de nos inclinations. (II, p. 197-8, Exhortation XIV).
Le renoncement est total entre les mains de Dieu et elle est très radicale quand elle affirme ce chemin court et direct :
[…] ma très chère fille, il faut passer à la totale résignation et remise de nous-mêmes entre les mains de notre bon Dieu, rendant votre chère âme et celles que vous conduisez, en tant qu'il vous sera possible, indépendantes de tout ce qui n'est point Dieu, afin que les esprits aient une prétention si pure et si droite qu'ils ne s'amusent point à tracasser autour des créatures, de leurs amitiés, de leurs contenances, de leurs paroles, mais sans s'arrêter à rien de tout cela ni à chose quelconque que l'on puisse rencontrer en chemin, l'on passe outre en la voie de cette perfection dans l'exacte observance de l'Institut, ne regardant en toutes choses que le sacré visage de Dieu, c'est-à-dire son divin bon plaisir. Ce chemin est fort droit, ma très chère fille, mais il est solide, court, simple et assuré, et fait bientôt arriver l'âme à sa fin qui est l'union très unique avec son Dieu. Suivons cette voie fidèlement […] (L. 966)
Ayant tout laissé derrière elle, elle ne désirait plus depuis longtemps que s’abandonner à la Présence silencieuse. Voici un extrait des papiers intimes que l’on a retrouvés sur elle à sa mort et qu’elle ordonna de mettre dans son cercueil :
Dieu m’a fait voir, ce matin, en l’oraison, que je ne me dois plus du tout voir ni regarder, mais lui seul, cheminant à yeux clos, appuyée sur mon Bien-Aimé Jésus, sans vouloir voir ni savoir le chemin par où il me conduira, ni non plus avoir aucun soin de chose quelconque, non pas même de lui rien demander, mais demeurer simplement toute perdue et reposée en lui, en ce très pur regard, sans mélange d’autre chose. (II, p. 65, 6e papier).
Dans une enveloppe se trouvaient deux papiers, l’un écrit par François de Sales, l’autre par elle-même et dont nous tirons ce court passage :
N'exceptant ni réservant aucune chose, rien, rien, rien du tout, ains de toutes mes forces, de toutes mes affections, de toute mon âme et de tout mon cœur, je m'abandonne, je me consacre et sacrifie, absolument, entièrement, et irrévocablement à votre très sainte, très-adorable et très-aimable volonté, afin que tout ainsi qu'il lui plaira elle fasse de moi, pour moi, et en moi, son bon plaisir… (II, p. 51, Papiers intimes, 1er Papier de notre bienheureuse Mère).
La mère Françoise-Madeleine de Chaugy317 fut l’historienne de l’Ordre naissant et nous est fort précieuse pour décrire l’esprit qui animait Jeanne de Chantal et François de Sales dans la fondation de la Visitation. Elle raconte combien la nouvelle forme de vie instituée le 6 juin 1610 « est marquée par la simplicité. La clôture est modérée. Les sœurs peuvent sortir pour visiter des malades… les femmes peuvent entrer en clôture pour faire quelques jours de retraite… » Malheureusement, contre l’esprit des fondateurs, à partir de 1618, l’ordre devint cloîtré par ordre du Pape. Jeanne se battit lors de la transformation de ce premier projet, car « il fâchait à notre Bienheureux Père [François] de changer la simplicité de sa petite congrégation ». Elle veilla donc à consolider l’œuvre par des Constitutions et un Coutumier. Le problème était important, car à sa mort en 1641, 87 monastères avaient été fondés.
Y régnait, avant toute influence du dernier jansénisme, une vie mystique où « l’amour est le commencement, le moyen et la fin de la vie spirituelle », où « les vertus ne sont que des modalités de l’Amour »318, où les décisions ne sont prises qu’en écoutant les mouvements de la grâce :
L’esprit de sagesse et de prudence humaine doit être tout à fait banni de la Congrégation de la Visitation, car il la détruirait, et particulièrement en ce qui est de l’élection des Supérieures, et des Sœurs aux principales charges du Monastère319.
L’abbé Boudon (1624-1702), lui-même mystique, résume bien la voie simple et directe, sans ascèse corporelle, recommandée par la Mère de Chantal :
L’attrait quasi universel des filles de la Visitation est d’une très simple présence de Dieu, avec un don et transport en lui de tout ce qu’elles sont, sans aucune exception, et un entier abandonnement d’elles-mêmes à sa sainte providence, et je pourrais bien dire sans quasi, car vraiment j’ai reconnu que toutes celles qui dès le commencement s’appliquent à l’oraison comme il faut sont attirées d’abord. Enfin je tiens que cette manière d’oraison est essentielle à notre petite congrégation, ce qui est un très grand don de Dieu, et qui requiert de nous comme une reconnaissance infinie. ». […] [elle] estimait que la contemplation […] était une chose fort ordinaire […] qu’on la devait conseiller presque généralement […] que l’attrait que Dieu en donne y est quasi universel 320.
La direction de Jeanne, à la fois ferme et encourageante, s’appuyait sur l’amour :
Dieu vous a logée dans mon cœur, ma fille : rien ne vous en saurait déplacer. (L. 931)
Mon cœur est invariable en l’amour qu’il a pour le vôtre, duquel je connais très distinctement la voie où Dieu l’a mis depuis le commencement. Elle est si solide, et tellement de Dieu, que jamais il ne faut recevoir aucun avis contraire ; et vous faites bien de n’en guère parler. (L.2715)
Ses filles devenues mères supérieures des nouvelles fondations devaient agir dans ce même esprit :
Ayez un soin tout maternel de vos filles. En toutes leurs nécessités, penchez du côté de la douceur et du support ; tenez leurs esprits joyeux, et, pour cela, conservez-leur une sainte liberté aux récréations, ne les y reprenant ni leur disant rien qui les mortifie, sinon qu'il fût bien nécessaire. (L. 2518)
Les supérieures doivent veiller à ce que l’amour de charité lie les soeurs entre elles dans la communauté, et non une amitié d’origine humaine :
Vous devez par tous les moyens que vous pourrez tenir vos filles fort unies à vous, mais d’une union qui soit de pure charité […] Tenez-les fort unies par ensemble et avec estime l’une de l’autre, ce que vous ferez efficacement par l’amour et l’estime que vous témoignerez d’en avoir vous-même par vos paroles et actions ; mais amour général envers toutes, les aimant également, sans qu’il paraisse aucune particularité. (L.1247)
Dans ses Réponses321 à ses dirigées, le ton est fort pratique. Il s’agit
de remettre fréquemment notre esprit en Dieu ; et quand nous y manquerons, il s’en faut humilier, et de l’humilité aller à Dieu, et de Dieu à l’humilité ; et surtout nous devons toujours aller à Dieu et nous confier en lui, comme un enfant fait à sa mère. [37]
Il y en a qui ne peuvent souffrir qu’on dise que les tentations viennent d’elles-mêmes, et de leur amour-propre ; ains [mais] voudraient que l’on jetât la faute sur le diable, lequel bien souvent n’y pense pas. [128]
Oui, c’est contre cet article, de s’empresser à ce que l’on fait. Cela suffoque l’esprit d’oraison, empêche de retourner fréquemment son esprit à Dieu, et de nous tenir en sa présence… [177]
Non, je vous assure, ma très chère Fille, qu’il ne se faut point porter de soi-même à ces oraisons d’admiration, de complaisance et de bienveillance. Il faut attendre que Dieu nous excite à cela, et alors suivre son attrait avec humilité et fidélité. Nous pouvons bien faire fort simplement et doucement des actes de confiance, d’admiration, et d’union de notre âme avec Dieu ; mais d’en avoir l’oraison, c’est à Dieu seul de nous la donner. [480]
… plus je vais en avant, et plus clairement je reconnais que Notre Seigneur conduit quasi toutes les Filles de la Visitation à l’oraison d’une très simple unité, et unique simplicité de présence de Dieu, par un entier abandonnement d’elles-mêmes à sa sainte volonté, et au soin de sa divine providence. [517]
Marchez donc dorénavant, mes très chères sœurs, avec une très humble assurance, dans cette voie divine ; et n’y apportez aucune façon ni industrie, que de suivre très simplement et fidèlement l’attrait de Dieu […] retranchant toute réflexion sur le passé, sur le présent, et sur l’avenir […] unissant leur esprit à sa bonté, en tout ce qui arrive de moment en moment, et cela fort simplement. Il faut que je dise encore ceci.
C’est qu’il arrive souvent que les âmes qui sont en cette voie, sont travaillées [521] de beaucoup de distractions, et qu’elles demeurent sans appui sensible […] de sorte qu’elles demeurent dans une totale impuissance et insensibilité, bien que quelquefois moins. Cela étonne un peu les âmes qui ne sont pas encore bien expérimentées : mais elles doivent demeurer fermes et se reposer en Dieu par dessus toute vue et sentiment […] sans voir ni vouloir voir ce qu’elles font ni doivent faire : mais par-dessus toute leur voie et propre connaissance, elles doivent avec la pointe suprême de leur esprit se joindre à Dieu, et se perdre toutes en lui, trouvant par ce moyen la paix au milieu de la guerre, et le repos dans le travail. Bref, il se faut tenir en l’état où Dieu nous met.
Dans une lettre, elle résume l’esprit de la Visitation :
L'esprit de sa322 petite Congrégation est un esprit de douceur, de petitesse, de simplicité et pauvreté, et ne s’en faut point départir, ains [mais] y assujettir tellement nos inclinations qu'elles nous portent même au mépris du monde et de nos propres intérêts, et que la douceur et l'humilité surnagent toujours en nos paroles et actions. (L.740 A une supérieure, Chambéry, 8 décembre 1624)
RECUEIL DES BONNES CHOSES 5
& EXTRAITS DE LETTRES 5
Introduction et extraits de la Correspondance par Dominique Tronc 5
Les Entretiens du manuscrit de Turin-Verceil transcrit par Béatrice Bernard 5
INTRODUCTION 13
Contenu de l’ouvrage 13
Madame de Chantal 15
La Mère de Chantal 16
L’esprit de la Visitation 25
RECUEIL DES BONNES CHOSES 29
AVERTISSEMENT 32
Entretien 1 (noté 1) 35
Entretien 2 (noté 3) : Du zèle que nous devons avoir de nous perfectionner selon l'esprit de notre sainte vocation. 42
Entretien 3 (noté 25) : De la tranquillité intérieure. 49
Entretien 4 (noté 44) : Sur l'esprit de nos saintes règles, fait aux Novices et aux Professes. 55
Entretien 5 (noté 32) : De l'oraison. 59
Entretien 6 (noté 45) : Sur la perfection. Du dernier document de notre saint Père, de ne rien demander ni rien refuser. 61
Entretien 7 (noté 23) : De notre digne Mère de Chantal. 67
Entretien 8 (noté 39) : Sur la solide fidélité que nous devons avoir à la suite de la grâce, et à l'acquérir par la pratique de la vraie vertu. 74
Entretien 9 (Noté 17) : De notre digne Mère de Chantal, sur l'humilité du grand Saint Augustin, fait le jour de sa fête (1630). 79
Entretien 10 (noté 37) : Ce que notre digne Mère dit, répondant à une Sœur qui lui demandait ce qu'était de se perdre en Dieu. 86
Entretien 11 (noté 31) : Pour le jour du grand saint André, sur le recueillement. 89
Entretien 12 (noté 58) : Comme il faut donner ses suffrages ou voix aux filles, ou comme il faut les leur refuser. 94
Entretien (noté 6) : Autre entretien dans une récréation. 99
Entretien (noté 19) : Autre petit entretien fait à la récréation, sur la vertu de l'humilité. 102
Entretien (noté 29) : Petit entretien sur la vraie simplicité, fait à la récréation. 104
Entretien (noté 22) : Entretien fait à la récréation, sur la complaisance, et sur le bonheur d'être employée aux offices bas. 106
Suite entretien (noté 22) : Demandes s'il se trouve des offices bas en Religion, excellentes consolations pour les Sœurs domestiques. 107
Entretien (noté 41) : Entretien de notre digne Mère, fait à la récréation, sur la Providence Divine. 109
Entretien (noté 11) : fait à la récréation. 112
Entretien (noté 15) : Entretien où elle raconte un acte d'obéissance qui l’a consolée. 115
Entretien (noté 14) : Entretien fait à la récréation. 118
Entretien (noté 35) : Petits avis sur l'oraison, donnés à la récréation. 122
Entretien : Défi général que notre unique Mère de Chantal donna aux chères Sœurs d'Annecy, l'Avent de l'année 1626. 124
Entretien : Pratiques de la présence de Dieu donné par notre Bienheureuse Mère pour défi. 124
Entretien : Diverses réponses que notre Bienheureuse Mère a fait sur des petits points d'observance. 126
Entretien (noté 55) : Avis pour le jeûne. 129
Entretien : Avis aux Supérieures. 132
Entretien : Avis à une Sœur particulière, touchant les prédications, donnés par cette digne Mère. 135
Entretien : Quelques petites particularités qui regardent cette vénérable Mère de Chantal, et qu'elle a raconté elle-même. 137
Entretien : Comme l'on doit procéder pour la confession des Prétendantes, et plusieurs avis touchant la Directrice et les Novices. 140
Entretien : Ce qu'elle dit une fois à une Directrice. 147
Entretien : Fidèle recueil de plusieurs choses que notre Bienheureuse Mère disait à une novice l'année 1630. Cette novice était notre Mère de Chaugy, et la maîtresse, notre Mère de Lussinge. 149
Une autre fois. 150
Une autre fois, cette Bienheureuse me dit : 150
Une autre fois elle me dit : 151
Une autre fois. 151
Une autre fois. 152
Le matin qu'on tira les voix, elle me dit : 153
Lorsque j'étais en solitude pour la profession, je la priais de ma parler sur les vœux. Elle me répondit ce qui suit. 155
Devant que je fis les vœux, elle me dit : 156
Après la profession, dans ma première rendition de compte : 157
Une autre fois. 157
Pour la première solitude. 157
La dernière fois que je lui parlais avant son départ. 158
Ce que notre unique Mère dit au Noviciat. 158
Entretien (noté 61) : Quelque avis touchant l'observance, donné par notre Bienheureuse à nos Sœurs de la deuxième maison d'Annecy, dans leur commencement. 159
EXTRAITS DE LETTRES 167
Lettres de Jeanne à François 169
Lettre 6 à François (1611) 169
Lettre 19 à François (1611-1614) 169
Lettre 75 à François (1616) 171
Lettre 75bis de François de Sales 172
Lettre 196 à François (1610-1618) 174
Lettre 394 à François, à Annecy (1621) 176
Lettre 417 à François à Annecy 178
Extraits de Lettres à d’autres correspondants 181
Lettre 29 à sœur Anne-Marie Rosset, à Annecy 181
Lettre 46 à Mère Marie-Jacqueline Favre, à Lyon 181
Lettre 50 aux s. de Châtel et de Blonay 181
Lettre 64 à Soeur Péronne-Marie de Châtel, à Lyon 182
Lettre 71 aux sœurs de Châtel et de Blonay à Lyon 183
Lettre 151 à Mère Marie-Jacqueline Favre à Lyon 185
Lettre 169 à Mère Péronne-Marie de Châtel à Grenoble 186
Lettre 229 à M. Anne-Marie Rosset à Bourges 186
Lettre 344 à s. Marie-Aimée de Blonay à Lyon 187
Lettre 345 à Mère Péronne-Marie de Châtel à Grenoble 187
Lettre 400 à sœur Marie-Aimée de Blonay à Lyon 188
Lettres postérieures à la mort de François 189
Lettre 630 à dom Jean de Saint-François 189
Mémoire que la Mère de Chantal adressa à dom Jean de Saint-François concernant sa vocation. 195
Lettre 740 à une supérieure 197
Lettre 903 aux soeurs de la Visitation 198
Lettre 911 à Soeur Péronne-Marie de Châtel, à Annecy 200
Lettre 931 à Soeur Françoise-Jacqueline de Musy, à Nevers 203
Lettre 966 à Soeur Anne-Catherine de Sautereau, à Grenoble 203
Lettre 1011 à Mère Françoise-Marguerite Favrot, à Marseille 204
Lettre 1243 à Soeur Marie-Aimée de Blonay, à Lyon 206
Lettre 1247 à une supérieure 206
Lettre 1248 à M. de la Curne, à Autun 213
Lettre 1251 à Mère Anne-Thérèse de Rajat , à Arles 214
Lettre 1253 aux supérieures de la Visitation 214
Lettre 1255 à Soeur Marie-Aimée de Blonay, à Lyon 218
Lettre 1256 aux supérieures de la Visitation 218
Lettre 1271 à Soeur Anne-Catherine de Sautereau, à Grenoble 220
Lettre 1307 à Mère Anne-Thérèse de Préchonnet, à Montferrand 220
Lettre 1324 à Mère Jeanne-Charlotte de Bréchard, à Riom 221
Lettre 1357 à Mère Claude- Agnès Joly de la Roche, à Rennes 222
Lettre 1421 à la princesse de Carignan 222
Lettre 1599 à Marie-Thérèse de Labeau ( ?) 223
Lettre 1728 au commandeur de Sillery 224
Lettre 1757 au commandeur de Sillery, à Paris 225
Lettre 1759 à Mère Marie-Jacqueline Favre, à Paris 225
Lettre 1760 à Soeur Hélène-Angélique Lhuillier, à Paris 227
Lettre 1824 à Mère Madeleine-Elisabeth de Lucinge, à Annecy II 228
Lettre 1832 à une visitandine 228
Lettre 1833 à Mère Madeleine-Elisabeth de Lucinge, à Annecy II 229
Lettre 1854 à Mère Marie-Henriette de Prunelay, à Renne 229
Lettre 1858 à la même 230
Lettre 1898 à Mère Marie-Marguerite Michel, à Fribourg 231
Lettre 1923 à Monsieur Guy Lasnier, abbé de Vaux, à Angers 231
Lettre 1957 à Mère Anne-Louise Marin de Saint-Michel, à Forcalquier 232
Lettre 1993 à Mère Angélique Arnauld 233
Lettre 2028 à Mère Angélique Arnauld 235
Lettre 2040 à Mère Angélique Arnauld 237
Lettre 2166 à Mère Angélique Arnauld 240
Lettre 2334 au commandeur de Sillery 242
Lettre 2366 à Mère Marie-Aimée de Rabutin 242
Lettre 2376 à Mère Marie-Aimée de Rabutin, à Thonon 244
Lettre 2391 à Mère Marie-Aimée de Rabutin, à Thonon 245
Lettre 2437 à Mère Françoise-Angélique Garin, à Arles 245
Lettre 2454 à Mère Anne-Marguerite Guérin, à Paris II 245
Lettre 2518 à Soeur Françoise-Madeleine de Chaugy, à Annecy 245
Lettre 2545 à Mère Marie-Hélène de Chastellux 246
Lettre 2560 (destinataire inconnu) 246
Lettre 2565 à la Mère de Blonay ( ?) 247
Lettre 2601 247
Lettre 2602 248
Lettre 2615 248
Lettre 2654 248
Lettre 2661 248
Lettre 2692 249
Lettre 2695 249
Lettre 2705 251
Lettre 2715 252
Lettre 2733 252
Lettre 2774 253
Quelques archives et imprimés préservés à la Visitation d’Annecy 255
!Jeanne de Chantal Oeuvres mystiques choisies dans l'édition de 1875.doc
Jeanne de Chantal, Écrits mystiques relevés dans l’édition de 1875 par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », Série « Madame de Chantal », 664 p. [environ la moitié des tomes II & III de l’édition de 1875].
Quatrième de couverture :
JEANNE DE CHANTAL, ÉCRITS RELEVÉS DANS L’ÉDITION DE 1875 Par Dominique Tronc
Des « Œuvres diverses » couvrent les tomes II et III de l’ « Édition en huit tomes publiée par les soins des religieuses du premier monastère de la Visitation Sainte-Marie d'Annecy ». Ces ‘joyaux de famille’ sont précédés d’une bonne biographie d’époque, puis associés à des textes tributaires de normes religieuses, enfin suivis par une très abondante ‘correspondance d’affaires’ - celles liées aux multiples fondations de couvents. Tout ceci explique que les huit volumes composites d’un vaste ensemble composite aient été rarement explorés à cœur et que les Œuvres diverses n’aient pas été rééditées depuis 1875.
Elles recèlent des diamants qui témoignent de l’accomplissement mystique mené à terme par la Mère de Chantal (1572-1641). Leurs éclats brillent dans telle conversation orale avec ses sœurs souvent d’origine simple ou au sein d’un fragment qui nous livre la vie intime de Jeanne. Tout lecteur sensible en recherche spirituelle appréciera ce que ces témoins sortis de leur gangue reflètent de l’Essentiel.
Il n’est pas inutile de ‘préparer le terrain’ en omettant les écrits marqués par leur époque. En un volume qui reste maniable le lecteur trouvera ici un peu plus de la moitié du contenu des deux tomes cités. Leur étude nous a incité à consulter les sources manuscrites préservées au couvent d’Annecy, ce qui nous a été généreusement accordé. Le présent choix opéré sur une édition non critique mais fidèle ouvre la série « Jeanne de Chantal ».
JEANNE DE CHANTAL 5
ÉCRITS RELEVÉS DANS 5
L’ÉDITION DE 1875 5
Par Dominique Tronc 5
PRÉSENTATION 7
[Reproduction du titre de l’édition de 1875] 17
PRÉFACE des Éditeurs 19
PETIT LIVRET 25
RECUEIL FAIT PAR ELLE DES PRINCIPAUX AVIS DE DIRECTION QU’ELLE AVAIT REÇUS DE NOTRE BIENHEUREUX PÈRE SAINT FRANÇOIS DE SALES 25
DERNIERS AVIS DU BIENHEUREUX. 38
EXERCICES FAITS EN RETRAITE. 40
SENTIMENTS ET RÉSOLUTIONS 44
QUESTIONS 47
A NOTRE BIENHEUREUX PÈRE SAINT FRANÇOIS DE SALES ET RÉPONSES FAITES PAR LUI 47
PAPIERS INTIMES 55
QU’ELLE ORDONNA ÊTRE MIS SUR ELLE DANS LE CERCUEIL 55
PAPIERS TROUVÉS DANS LE LIVRE DES CONSTITUTIONS DE NOTRE BIENHEUREUSE MÈRE ÉCRITS DE SA MAIN. 66
EXHORTATIONS 75
EXHORTATIONS (FAITES EN CHAPITRE) SUR PLUSIEURS POINTS DE LA RÈGLE DE SAINT AUGUSTIN 75
EXHORTATION I SUR LE SECOND CHAPITRE DE LA RÈGLE. (Faite vers 1630.) 75
EXHORTATION IV SUR LE DIXIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE. 76
EXHORTATION VII SUR LE SEIZIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE. (Faite le 19 janvier 1630) 78
EXHORTATION IX SUR LE SEIZIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE (SUITE). 80
EXHORTATION X SUR LE DIX-SEPTIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE. (Faite le mars 1630) 81
EXHORTATION XIII SUR LE VINGTIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE. (Faite le 23 mars 1630) 85
EXHORTATION XVI SUR LE VINGT-QUATRIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE. (Faite en 1630) 87
EXHORTATION XVIII SUR LE VINGT-SIXIÈME CHAPITRE DE LA RÈGLE. 89
EXHORTATIONS (FAITES EN CHAPITRE) SUR PLUSIEURS POINTS DES CONSTITUTIONS DE LA VISITATION. 92
EXHORTATION I SUR LA PRÉFACE DE NOS CONSTITUTIONS. (Faite en juillet 1630) 92
EXHORTATION SUR LA PRÉFACE DE NOS CONSTITUTIONS (SUITE). (Faite en août 1630) 94
EXHORTATION VI SUR LA CINQUIÈME CONSTITUTION. DE LA PAUVRETÉ. (Faite en 1630) 97
EXHORTATIONS(FAITES EN CHAPITRE )SUR DIVERS SUJETS 100
EXHORTATION I SUR LA CONSTANCE QU’IL FAUT AVOIR AU SERVICE DE DIEUAU MILIEU DES VICISSITUDES DE LA VIE. 100
EXHORTATION III SUR LES MAUX QUE CAUSENT À L’ÂME LES FINESSES DE L’AMOUR-PROPRE ET DE LA PRUDENCE HUMAINE 101
EXHORTATION V SUR L’EXCELLENCE ET LA BEAUTÉ DE LA VIE RELIGIEUSE. 103
EXHORTATION VII SUR LA MANIÈRE DE SUIVRE LE SAUVEUR. (Faite eu juillet 1631) 104
EXHORTATION IX SUR LE CHANGEMENT DES OFFICIÈRES. DERNIERS ADIEUX DE LA SAINTE A UNE COMMUNAUTÉ. 106
EXHORTATIONS (FAITES EN CHAPITRE) POUR QUELQUES FÊTES ET PRINCIPAUX TEMPS DE L’ANNÉE 109
EXHORTATION II POUR LE DEUXIÈME SAMEDI DE L’AVENT SUR LA PURETÉ DU CŒUR ET LA FÊTE DE L’IMMACULÉE CONCEPTION. 109
EXHORTATION III POUR LE TROISIÈME SAMEDI DE L’AVENT SUR LES ANÉANTISSEMENTS DU VERBE ÉTERNEL EN SA VENUE ICI-BAS. 112
EXHORTATION IV POUR LE TROISIÈME SAMEDI DE L’AVENT SUR L’HUMILITÉ DE SAINT JEAN-BAPTISTE. (Faite en 1631) 114
EXHORTATION VI POUR LE DERNIER SAMEDI DE 1629 SUR LA BRIÈVETÉ DE LA VIE. 117
EXHORTATION VIII SUR LE BON USAGE DU TEMPS. (Faite en janvier 1633) 119
EXHORTATION X POUR LE DEUXIÈME SAMEDI DE CARÊME SUR L’EXCELLENCE DE LA PERFECTION DE L’INSTITUT, QUI EST DES PLUS PURES QUE L’ON PUISSE TROUVER EN L’ÉGLISE DE DIEU. 120
EXHORTATIONS POUR QUELQUES FÊTES. EXHORTATION XII POUR LA FÊTE DE LA PENTECÔTE SUR LES DISPOSITIONS QU’IL FAUT AVOIR POUR ATTIRER EN SOI L’ESPRIT-SAINT. 122
EXHORTATION XIII. GRAND DÉSIR DE LA SAINTE DE RECEVOIR L’ESPRIT-SAINT, SA RÉSOLUTION À CONDUIRE LES ÂMES SANS ÉCOUTER LES PLAINTES DE LA NATURE. (Faite en 1632, après sa réélection) 124
EXHORTATION XV POUR LA FÊTE DE SAINT JEAN-BAPTISTE. SUR LES VERTUS QU’IL PRATIQUA AU DÉSERT. 127
EXHORTATION XVIII POUR LE TEMPS DES RETRAITES. SUR LE BÉNÉFICE DE LA VOCATION. 129
EXHORTATION XIX POUR LE TEMPS DES RETRAITES. SUR LES QUALITÉS QUE DOIT AVOIR NOTRE DILECTION POUR ÊTRE SELON DIEU. 131
ENTRETIENS 135
ENTRETIENS FAITS A LA RÉCRÉATION ET AUX ASSEMBLÉES DE LA COMMUNAUTÉ. 135
ENTRETIEN I SUR LA RÉFORME DE L’ÂME. 135
ENTRETIEN II SUR LES CAUSES QUI METTENT OBSTACLE A LA PERFECTION 140
ENTRETIEN III (Fait le 14 septembre 1624) SUR LES QUALITÉS QUE DOIT AVOIR LE VRAI ZÈLE, ET SUR LES FONDEMENTS DE LA SOLIDE VERTU. 143
ENTRETIEN IV SUR LA DÉFIANCE DE SOI-MÊME ET LA CONFIANCE EN DIEU. 149
ENTRETIEN V SUR LA NÉCESSITÉ DE SE FAIRE VIOLENCE ET DE VIVRE CONFORMÉMENT AUX LUMIÈRES DE LA FOI 151
ENTRETIEN VI SUR LES PASSIONS, ET LA FAÇON DE LES COMBATTRE. 152
ENTRETIEN VII SUR LA MORTIFICATION DES INCLINATIONS NATURELLES. 155
ENTRETIEN VIII SUR L’AMOUR-PROPRE ET LES DOMMAGES QU’IL FAIT EN L’ÂME. 158
ENTRETIEN IX SUR LA GÉNÉROSITÉ A SE RELEVER DE SES FAUTES. 161
ENTRETIEN X SUR LA VRAIE VIE SURNATURELLE ET LE DOUX SUPPORT DU PROCHAIN. 163
ENTRETIEN XI SUR LA CHARITÉ ET LA PURETÉ D’INTENTION. 167
ENTRETIEN XII SUR LA MÉDISANCE, LES JUGEMENTS TÉMÉRAIRES ET LA CONFIANCE EN DIEU. 170
ENTRETIEN XIII SUR LE DANGER DE LA FLATTERIE ET LES AVANTAGES DE LA SINCÉRITÉ. 174
ENTRETIEN XIV SUR L’OBÉISSANCE AVEUGLE. 178
ENTRETIEN XV (Fait en 1630) SUR L’OBÉISSANCE PROMPTE. 182
ENTRETIEN XVI SUR L’HUMILITÉ ET LA GÉNÉROSITÉ. 184
ENTRETIEN XVII (Fait le 28 août 1630) SUR L’HUMILITÉ ET LA SOLIDE VERITE. 187
ENTRETIEN XVIII SUR LA SOUMISSION A LA VOLONTÉ DE DIEU ET LE RESPECT MUTUEL. 192
ENTRETIEN XIX SUR L’AMOUR DE L’ABJECTION. 194
ENTRETIEN XX SUR LA PRÉSENCE DE DIEU ET LA PENSÉE DES VÉRITÉS ÉTERNELLES. 196
ENTRETIEN XXI SUR LA VAILLANCE SPIRITUELLE, LES EFFETS DU PUR AMOUR DANS L’ÂME RELIGIEUSE, ET LE DANGER DE RECEVOIR DES SUJETS A CARACTÈRE LICHE ET NÉGLIGENT. 198
ENTRETIEN XXII SUR LES AVANTAGES ET LES DANGERS D’UN NATUREL COMPLAISANT, ET SUR LE BONHEUR D’ÊTRE EMPLOYÉ AUX OFFICES BAS. 200
ENTRETIEN XXIII SUR LA MANIÈRE DE S’ABAISSER PAR HUMILITÉ ET DE S’ÉLEVER PAR AMOUR ET DE LA PURETÉ D’INTENTION. 203
ENTRETIEN XXIV SUR LA MORT A SOI-MÊME ET L’HUMBLE GLOIRE DES FILLES DE LA VISITATION. 209
ENTRETIEN XXV (Fait en 1621) SUR LA TRANQUILLITÉ INTÉRIEURE ET LA MORTIFICATION. 212
ENTRETIEN XXVI SUR LA DÉTERMINATION QUE DOIT AVOIR L’ANIE DÉSIREUSE DE PROGRESSE EN LA VIE SPIRITUELLE. 218
ENTRETIEN XXVII SUR LA SIMPLICITÉ ET L’OBÉISSANCE. 221
ENTRETIEN XXVIII SUR LA SIMPLICITÉ, LA PAUVRETÉ D’ESPRIT, LA DOUCEUR DE CŒUR, ET SUR L’ACQUISITION D’UNE VERTU SOLIDE. 222
ENTRETIEN XXIX SUR LA PARFAITE SIMPLICITÉ. 226
ENTRETIEN XXX SUR L’EXCELLENCE DE LA PRIÈRE. 228
ENTRETIEN XXXI SUR LE RECUEILLEMENT ET LE PARFAIT ABANDONNEMENT DE SOI-MÊME A DIEU. 232
ENTRETIEN XXXII SUR TROIS MANIÈRES DE FAIRE L’ORAISON ET SUR LA SIMPLICITÉ. 235
ENTRETIEN XXXIII SUR L’ORAISON ET LA MORTIFICATION. 238
ENTRETIEN XXXIV SUR LA PASSION DE NOTRE-SEIGNEUR ET L’ORAISON. 242
ENTRETIEN XXXV SUR LA PATIENCE A SUPPORTER LES DÉLAISSEMENTS A L’ORAISON. 249
ENTRETIEN XXXVI SUR LA FIDÉLITÉ A SUIVRE L’ATTRAIT DE LA GRÂCE PENDANT L’ORAISON. 251
ENTRETIEN XXXVII SUR LA PERTE DE SOI-MÊME EN DIEU. 256
ENTRETIEN XXXVIII (Fait en 1631) SUR LA GLOIRE ET LE BONHEUR DE L’ÂME RELIGIEUSE. 258
ENTRETIEN XXXIX (Fait le 21 novembre 1629) SUR LA PERFECTION, DE NOTRE INSTITUT ET SUR LA FIDÉLITÉ À LA GRÂCE. 260
ENTRETIEN XL SUR L’ESPRIT D’HUMILITÉ CARACTÈRE DISTINCTIF DE NOTRE INSTITUT. 264
ENTRETIEN XLI SUR L’ABANDON A LA PROVIDENCE AUTRE CARACTÈRE DISTINCTIF DE L’ESPRIT DE NOTRE INSTITUT. 266
ENTRETIEN XLII SUR TROIS MOYENS PROPRES A MAINTENIR L’ESPRIT DE NOTRE INSTITUT : L’UNION AVEC DIEU, LE SUPPORT, ET LA CORRECTION FRATERNELLE. 269
ENTRETIEN XLIII SUR LE DÉTACHEMENT DES CRÉATURES, ET SUR LE ZÈLE POUR LA PERFECTION DE NOTRE INSTITUT. 271
ENTRETIEN XLIV SUR L’ESPRIT DE NOS RÈGLES, SUR TROIS POINTS QUI DOIVENT SERVIR DE FONDEMENTS A LA VERTU DES NOVICES, ET SUR LE PROFIT A TIRER DE SES MANQUEMENTS. 274
ENTRETIEN XLV (Fait le 428 décembre 1625) SUR LE DOCUMENT DE NOTRE BIENHEUREUX PÈRE : NE DEMANDEZ RIEN, NE REFUSEZ RIEN, ET SUR LA REDDITION DE COMPTE. 277
ENTRETIEN XLVI (Fait en 1638) SUR LA REDDITION DE COMPTE ET LES AVERTISSEMENTS. 282
ENTRETIEN XLVII SUR LA REDDITION DE COMPTE, ET SUR L’OBLIGATION DES SUPÉRIEURES DE GARDER LE SECRET. 285
ENTRETIEN XLVIII (Fait le 25 avril 1633) SUR LA CONFIANCE ENVERS LA SUPÉRIEURE ET LA NÉCESSITÉ DE FAIRE LES AVERTISSEMENTS. 288
ENTRETIEN XLIX SUR LA CONFESSION ET SUR LES AVERTISSEMENTS. 291
ENTRETIEN L SUR LES DISPOSITIONS À LA RETRAITE, LA MORTIFICATION DES PASSIONS ET LA CONFIANCE EN DIEU. 294
ENTRETIEN LI SUR LA RETRAITE ET LA CONFESSION ANNUELLE. 297
ENTRETIEN LII (Fait en 1634) SUR LA FIDÉLITÉ À ACCOMPLIR LES RÉSOLUTIONS DE RETRAITE, ET SURTOUT À ÉVITER LES PLUS PETITES FAUTES VOLONTAIRES. 299
ENTRETIEN LIII SUR LE PRINCIPAL FRUIT QUE DOIT PRODUIRE LA RETRAITE : FAIRE SES EXERCICES SPIRITUELS AVEC UNE PLUS GRANDE ATTENTION A DIEU. 302
ENTRETIEN LIV SUR LA FAÇON D’ENTRETENIR SON AIDE. 304
ENTRETIEN LV SUR LES MOTIFS QUI PEUVENT DISPENSER DU JEUNE. 305
ENTRETIEN LVI SUR LA FIDÉLITÉ A SUIVRE LE DIRECTOIRE DE L’OFFICE. 306
ENTRETIEN LVII SUR LES ÉLECTIONS DES SUPÉRIEURES. 307
ENTRETIEN LVIII (Fait en novembre 1626) SUR LA RÉCEPTION DES SUJETS. 311
ENTRETIEN LIX (Fait en 1633) LUMIÈRE DE LA SAINTE SUR CES PAROLES : LA CONGRÉGATION EST PRINCIPALEMENT POUR LES INFIRMES. 317
ENTRETIEN LX (Fait en 165) SUR L’INDIFFÉRENCE QU’IL FAUT AVOIR POUR ÊTRE ENVOYÉE EN FONDATION. 319
ENTRETIEN LXI (Fait pendant une maladie de la Sainte) POUR DÉFENDRE AUX SŒURS DE PARLER EN PARTICULIER ET HORS DE LA CHAMBRE DE RÉCRÉATION. 322
ENTRETIEN LXII (Fait à nos Sœurs de N.) SUR L’ORAISON, LA TRANQUILLITÉ DE L’ÂME, ET LA SOUMISSION A LA VOLONTÉ DE DIEU. 324
ENTRETIEN LXIII ( Fait à nos Sœurs de N.) SUR LA NÉCESSITÉ ET LES AVANTAGES DU DÉPOUILLEMENT EXTÉRIEUR ET INTÉRIEUR. 327
ENTRETIEN LXIV (Fait à nos Sœurs (le N.) SUR LA PURETÉ D’INTENTION, LA SIMPLICITÉ, LE CHANGEMENT DES CHARGES, ETC. 330
ENTRETIEN LXV (Fait à nos Sœurs de N.) SUR L’UNION ENTRE LES MONASTÈRES, L’ESTIME DU PROCHAIN, LA SIMPLICITÉ A SUIVRE LA DIRECTION DE LA SUPÉRIEURE, ETC. 333
ENTRETIEN LXVI (Fait à nos Sœurs de Lyon) SUR LA REDDITION DE COMPTE; EXPLICATION DE CES PAROLES : VIVRE DANS UNE PURETÉ IMMACULÉE ET ANGÉLIQUE, ET SUR L’AMOUR DE DIEU ET DU PROCHAIN, ETC. 340
ENTRETIEN LXVII (Fait à nos Sœurs du deuxième monastère d’Annecy) SUR L’EXACTITUDE À ASSISTER EN CHŒUR, À DEMANDER LES PERMISSIONS AUX OBÉISSANCES, ETC. 344
ENTRETIEN LXVIII (fait à nos Sœurs de Moulins et de Nevers) SUR LA LECTURE DES RÈGLES, LE PROFIT À RETIRER DE LA MALADIE, LA LIBERTÉ QU’A LA SUPÉRIEURE DE LIMITER LE NOMBRE DES JOURS DE RETRAITE, ET SUR PLUSIEURS POINTS D’OBSERVANCE. 347
ENTRETIEN LXIX (Fait à nos Sœurs de Dijon) SUR L’ABANDON A LA PROVIDENCE, LA MORTIFICATION, LA GÉNÉROSITÉ ET L’AMOUR DE L’ABJECTION. 351
ENTRETIEN LXX (Fait à nos Sœurs d’Autun, en 1626) SUR LE PUR AMOUR ET LES FRUITS QU’IL FAUT RETIRER DE LA SAINTE COMMUNION, ETC. 356
ENTRETIEN LXXI (Fait à nos Sœurs de N., le 16 juillet 1635 ) SUR LA PRUDENCE DANS LES COMMUNICATIONS DE CONSCIENCE, L’ASSIDUITÉ AUX EXERCICES DE LA COMMUNAUTÉ, ET PLUSIEURS POINTS D’OBSERVANCE. 358
ENTRETIENS LXXII (Faits à nos Sœurs du premier monastère de Paris) 360
[EN UNE AUTRE VISITE, CETTE SAINTE MÈRE DIT LES PAROLES SUIVANTES :] 361
EN UN AUTRE ENTRETIEN, LA SAINTE A DIT : 362
[UNE AUTRE FOIS, la Sainte recommanda surtout l’union des cœurs et la conformité de vie, dans une parfaite observance.] 362
[LE 11 NOVEMBRE 1641, avant de quitter le monastère pour la dernière fois, la Sainte, après avoir fait lire dans le Livre des Vœux ce qu’elle-même y avait écrit en 1622, ajouta :] 363
ENTRETIEN LXXIII (Fait à nos Sœurs de Nevers, en novembre 1641) SUR TROIS VERTUS FONDAMENTALES : L’OBÉISSANCE, L’HUMILITÉ, ET LA DÉPENDANCE DE DIEU. 366
ENTRETIEN LXXIV SUR LA DÉVOTION A NOTRE BIENHEUREUX PÈRE. 373
FRAGMENTS D’ENTRETIENS FAITS AU PREMIER MONASTÈRE D’ANNECY (Recueillis par les contemporaines de la Sainte et reproduits textuellement). 376
INSTRUCTIONS 391
INSTRUCTIONS FAITES AU NOVICIAT 391
INSTRUCTION I SUR LA NÉCESSITE DE PROFITER DU NOVICIAT POUR ÉTABLIR DANS L’ÂME LES FONDEMENTS D’UNE VERTU SOLIDE. 391
INSTRUCTION II SUR LA FIN QU’IL FAUT AVOIR EN ENTRANT EN RELIGION, QUI EST DE SE DÉSUNIR DE SOI-MÊME POUR S’UNIR PLUS PARFAITEMENT A DIEU. 391
INSTRUCTION VI SUR LA CONFIANCE QUE NOUS DEVONS AVOIR EN L’INFINIE SAGESSE, BONTÉ ET TOUTE-PUISSANCE DE DIEU. 396
INSTRUCTION VII SUR LA MÉFIANCE DE SOI-MÊME, LA CONFIANCE EN DIEU, LA MORTIFICATION ET LA FIDÉLITÉ A L’ORAISON. 400
INSTRUCTION X SUR L’AMOUR DE DIEU ET DU PROCHAIN, ET L’ATTENTION A ÉVITER TOUTE CURIOSITÉ SUR LA CONDUITE D’AUTRUI. 401
INSTRUCTION XVIII SUR CES PAROLES DE NOTRE-SEIGNEUR : « LE ROYAUME DES CIEUX SOUFFRE VIOLENCE ETC. » 403
INSTRUCTION XIX (Faite en 1631) SUR LE MAL QU’APPORTE A L’AME UNE CRAINTE SERVILE, ET LE BIEN QU’ON TROUVE A SERVIR DIEU AVEC UN CŒUR PUR, SIMPLE, LARGE ET CONFIANT. 405
INSTRUCTION XX SUR L’INDIFFÉRENCE A RECEVOIR DES CONSOLATIONS OU DES SÉCHERESSES EN L’ORAISON. 410
INSTRUCTION XXII (Faite en 1633) SUR CES PAROLES : RIEN NE PEUT PROFITER A L’ÂME SANS L’AMOUR ET SANS L’OBÉISSANCE. 411
PRATIQUES DE LA PRÉSENCE DE DIEU, DONNÉES PAR NOTRE BIENHEUREUSE MÈRE POUR DÉFI, EN 1623. 415
TOME TROISIÈME 417
Préface 417
MÉDITATIONS POUR LES SOLITUDES [RETRAITES] ANNUELLES 423
MÉDITATIONS TIRÉES DES ÉCRITS DE NOTRE BIENHEUREUX PÈRE PROPRES POUR LES SOLITUDES 425
PREMIÈRE MÉDITATION DE LA CREATION. 425
DOUZIÈME MÉDITATION POUR NOUS AIDER A CONNAIITRE NOTRE MISÈRE ET FAIBLESSE. 425
LETTRE DE NOTRE TRES-DIGNE MÈRE JEANNE-FRANÇOISE FRÉMYOT DE CHANTAL 427
DÉPOSITION POUR LA CANONISATION DE S. FRANÇOIS 431
INTERROGATS 431
ARTICLES 432
ARTICLE PREMIER / DÉTAILS SUR LES PÈRE ET MÈRE DU SERVITEUR DE DIEU. 432
ARTICLE TROISIÈME / LA CHARITE QU’IL TÉMOIGNAIT DÈS SON ENFANCE POUR LES PAUVRES. 432
ARTICLE QUATRIÈME / SA CONDUITE PENDANT SES ÉTUDES A ANNECY ET A PARIS. 433
ARTICLE SIXIÈME / SA CONDUITE PENDANT SES ÉTUDES A PADOUE, ET SON VOYAGE A ROME ET A LORETTE. 433
ARTICLE NEUVIÈME / SA CONDUITE DANS LE DIACONAT. 434
ARTICLE ONZIÈME / MISSION DE CHABLAIS. 435
ARTICLE DOUZIÈME / PROCESSION DE THONON A ANNEMASSE. 436
ARTICLE QUATORZIÈME / SUITE DE LA MISSION DE CHABLAIS. 437
ARTICLE QUINZIÈME / SA MANIÈRE DE PORTER LE SAINT-SACREMENT AUX MALADES. 438
ARTICLE VINGT-TROISIÈME / SON SACRE, ET LA PRéPARATION QU’IL Y APPORTA. 438
ARTICLE VINGT-QUATRIÈME / SA FOI. 439
ARTICLE VINGT-SEPTIÈME / SON AMOUR POUR LE PROCHAIN. 440
ARTICLE TRENTIEME / SON HUMILITÉ. 449
ARTICLE TRENTE-TROISIÈME / SA DÉVOTION, SON ORAISON, ET SON ATTENTION A LA PRÉSENCE DE DIEU. 458
ARTICLE TRENTE-QUATRIÈME. / SON AMOUR DES ENNEMIS. 462
ARTICLE TRENTE-SEPTIÈME / SA PAIX DE LAME, ET SON SOIN D’ACCOMMODER LES PROCES ET DE FAIRE REGNER LA PAIX. 465
ARTICLE TRENTE-NEUVIÈME. / SON ACQUIESCEMENT A LA VOLONTE DE DIEU. 466
ARTICLE QUARANTIÈME. / SON DISCERNEMENT DES ESPRITS ET SON DON DE PROPHÉTIE. 470
ARTICLE QUARANTE-SIXIÈME. / SA MANIÈRE DE TRAITER AVEC LE PROCHAIN. 478
ARTICLE CINQUANTE ET UNIÈME. / SA RÉPUTATION DE SAINTETÉ. 480
ARTICLE CINQUANTE-DEUXIÈME. / SA DERNIÈRE MALADIE ET SA MORT. 482
LETTRE DE SAINTE JEANNE-FRANÇOISE FRÉMYOT DE CHANTAL AU RÉVÈREND PÈRE DOM JEAN DE SAINT FRANÇOIS 487
OPUSCULES 497
PETIT TRAITE SUR L’ORAISON 497
QUESTIONS / ADRESSÉES PAR ÉCRIT A LA SAINTE ET SES RÉPONSES TOUCHANT L’ORAISON DE QUIÉTUDE 505
RÈGLES DONNÉES PAR LA SAINTE POUR DISCERNER SI C’EST L’ESPRIT DE DIEU QUI OPÈRE EN L’ÂME LORSQU’ELLE NE PEUT AGIR EN L’ORAISON. 512
PAROLES DE LA SAINTE A UNE ÂME CONDUITE PAR LA VOIE DE SIMPLICITÉ ET DE COMPLET DÉNUMENT 518
À UNE AUTRE SUR LE MÊME SUJET. 522
PAROLES DE LA SAINTE A LA MÈRE MARIE-AIMÉE DE BLONAY, APRÈS UNE RETRAITE ANNUELLE. 525
CONSEILS DE LA SAINTE À UNE ÂME QUE LA GRÂCE SOLLICITAIT D’ENTRER DANS UNE VOIE DE SIMPLICITÉ ET D’ABANDON. 527
CONSEILS DE DIRECTION DE LA SAINTE A UNE RELIGIEUSE 530
CONSEILS DE LA SAINTE À LA MÈRE FRANÇOISE-MADELEINE DE CHAUGY PENDANT SON NOVICIAT DE 1629 A 1632. 532
CONSEILS DE LA SAINTE À LA MÈRE MARIE-AIMÉE DE RABUTIN 541
CONSEILS DE LA SAINTE A LA MÈRE LOUISE-DOROTHÉE DE MARIGNY. 543
CONSEILS DE LA SAINTE À LA MÈRE CLAUDE-AGNÈS JOLY DE LA ROCHE. 545
AUTRES CONSEILS DE LA SAINTE A LA MÈRE CLAUDE-AGNÈS 551
CONSEILS DE LA SAINTE À UNE SUPÉRIEURE. 552
CONSEILS AUX SUPÉRIEURES EN GÉNÉRAL 572
FRAGMENTS DE CONSEILS A UNE SUPÉRIEURE NOUVELLEMENT ÉLUE. 573
À UNE AUTRE 574
À UNE AUTRE 575
PAROLES CONSOLANTES 579
AMOUR DE DIEU. AMOUR DU PROCHAIN. 579
PRÉSENCE DE DIEU. PRIÈRE VOCALE. 585
PAUVRETÉ ET DÉLAISSEMENT 592
AVANTAGES DES CROIX ET DES AFFLICTIONS 598
RÉSIGNATION, FORCE, PATIENCE 606
MORTIFICATION, ABNÉGATION DE SOI-MÊME 613
OBÉISSANCE 620
HUMILITÉ 626
ORAISON MENTALE 632
AMOUR DE LA VOLONTÉ DE DIEU / ABANDON A SA PROVIDENCE 639
SIMPLICITÉ. PUR AMOUR 646
ESPRIT DE L’INSTITUT 652
Jean-Joseph SURIN Lettres, Un choix dans l’édition par Michel de Certeau de la Correspondance, Suivi d’une brève présentation de leur auteur, Par Dominique Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 212 p.
Un choix dans l’édition par Michel de Certeau
de la Correspondance
Suivi d’une brève présentation de leur auteur
Par Dominique Tronc pour ses Amis
L’édition de la Correspondance de Jean-Joseph Surin (1600-1665) 323 livre le cœur qui l’anima. Il suffit de relever un « essentiel mystique » dans le texte admirablement établi, présenté et annoté par Michel de Certeau.
Je propose un florilège. Il représente un quatorzième de l’imprimé devenu d’accès limité car paru il y a plus de cinquante ans. Il veut aider à entreprendre un effort de lecture requis pour extraire la moëlle spirituelle d’une terrible mécanique, celle de « l’aventure » ou drame de Loudun 324.
J’y adjoins en fin de ce court volume une présentation de Surin suivie de quelques extraits hors correspondance325.
Sur le drame lui-même, rien à ajouter aux fascinants compte-rendus tels qu’ils sont relayés par Michel de Certeau. C’est le volet événementiel que je regroupe ici très partiellement sous les titres « Loudun ! », « délaissement », « Ma chute de Saint-Macaire », etc. En ce début du dix-septième siècle, on est en plein Vaudou ! Mais cet « amusement » n’est pas notre objet 326.
Grand serait l’intérêt d’un travail élargi à l’ensemble de l’œuvre de Surin du point de vue d’une vie mystique portée à son accomplissement malgré la folie momentanée. J’en donne aperçu par la « notice » qui lui est consacré en fin de volume. La folie momentanée (? dix ans !) demeure pour tous très encourageante.
Mais une tel travail élargi semble hors de portée. Car l’édition critique des traces écrites manque. Un tel projet semble sans achèvement possible suite de la perte des sources et du désordre de multiples éditions posthumes anciennes 327. On dispose de bornes milliaires dont encore une fois l’apport de Certeau 328.
Pour le moment voici un collier. De même que toute récolte minérale se concentre en quelques lieux géographiques, cette récolte spirituelle dépend de rares destinataires.
Se détachent Anne Buignon et Madame du Houx. Jeanne de Anges demeure une figure ambigüe peut-être simulatrice mais capable du fort attachement mystique qu’elle imprégna en Surin. Il sut magnifiquement s’en servir pour exprimer son propre essentiel 329.
Anne d’Arrérac 31 & Loudun
Anne Buignon 122 125 130 141 184 244 248 284 295 306 363
445 557 (13)
Angélique de St François 140 142
Certeau [explications de-] 18 45 52 56 332 400 …
Madame du Houx 179 278 318 406 572 (5)
Jeanne des Anges 214 215 243 248 318 356 387
404 446 481 510 535 551 559 580 (15)
Madame de Pontac 432 448 575
Table
Présentation 5
Extraits de lettres et d’explications contextuelles 11
31 « La première [chose], de fermer la tête ; la seconde d’ouvrir le cœur. » 12
Loudun ! 16
81 « il n’est pas besoin de se rien représenter » 30
85 Son ouvrage est de détruire … et puis de refaire, de rétablir, de ressusciter. 34
96 Elargissez votre cœur par la confiance 36
113 l’amour infini qui nous a prévenu 38
122 Logez-vous en lui 39
125 Vous doutez et appréhendez encore l’oisiveté 41
130 Offrez-vous à la pauvreté et à la soustraction de l’aide sensible 42
Je fis brûler tout cela -- Latitude de cœur 44
140 Vivez sans souci, sans attache et sans crainte. 45
141 La foi seule 47
142 pour être conduits au pays du pur amour 48
Délaissement 50
Ma chute de Saint-Macaire 58
Le regard d’un confrère 60
146 Dieu comme une immensité d’être 62
Damné ? 64
Le fort de l’abandon 67
148 …vous trouverez dès cette vie votre félicité. 68
179 Vous jeter à corps perdu en lui 71
184 …Il l’attire toujours dans le bien surnaturel. 74
214 Trouver notre plaisir dans le bon plaisir de Dieu 80
215 L’amour qui vient de la grâce 83
241 …comme l’éponge se remplit d’eau 86
243 Ce qu’ils avaient reçu était l’amour 88
244 La charité 93
248 le marché bien haut 97
278 livrée à la divine justice en faveur de certaine âme 103
284 106
289 Le vrai désert à l’embouchure de certains ports 110
295 cent charretées de cailloux 113
306 une grosse pierre au milieu de son cerveau 115
318 Mme du Houx et la mère des Anges 116
332 vengeance ? 117
356 l’état dont je jouissais dans mon enfance 119
363 agréer d’être traité comme lui 124
386 Cela est être abandonnée à Dieu 128
387 Que pouvons-nous faire ? 131
400 Le Père Oliva de Rome 136
404 aux grandes marées l’océan vient visiter et inonder la terre 138
406 Mme du Houx « Je vois clair qu'il faut être absolument dépouillée » 139
426 réduire tout à l'unité 140
428 je suis comme un enfant 141
432 Bernières … tellement à mon gré que je ne juge plus que le « Catéchisme spirituel » … soit maintenant nécessaire. 142
445 ce royaume intérieur de Dieu 143
446 essais de mener à lui les personnes – « comme une tourterelle » 146
447 le vrai bien à donner 150
448 pour allumer en nous le feu 154
455 l’oraison aisée 157
481 sur l’état de foi et sa liberté 165
510 L'âme est riche souvent dans le fond … dans les puissances, elle est pauvre. 168
535 notion universelle de Dieu connu en silence et en paix 172
551 Paix de Dieu 173
557 ce ne sont pas les visions, les révélations et hautes contemplations, mais c'est son pur amour 175
559 offrande universelle de nous-mêmes -- le lingot d'or 177
572 s’unir à Dieu en oisiveté 180
575 les trois couleurs de l'arc-en-ciel 182
580 entier abandon 184
Jean-Joseph Surin (1600-1665) 189
Présentation biographique 189
Un Florilège 197
Dits mis en forme par Gérard Pfister suivis de deux chapitres du Triomphe du divin Amour
Impression suspendue
Armelle Nicolas Témoin du Pur Amour, Le Triomphe de l’Amour divin dans la vie d’une grande servante de Dieu, Texte présenté par Dominique et Murielle Tronc, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2011, 519 p.
Quatrième de couverture :
Armelle Nicolas (1606-1671), servante rustique et illettrée, expérimenta l'envahissement de l'Amour divin, auquel elle répondit par le don absolu d'elle-même. Au coeur d'une Bretagne où oeuvraient les missionnaires jésuites, Armelle bénéficia notamment de l'aide spirituelle des Pères Jean Rigoleuc et Vincent Huby.
Son amie ursuline Jeanne de la Nativité nota soigneusement les actions et les dits de celle qui appelait Dieu « son divin Amour », et avait fait de la fidélité à cet amour l'axe de sa vie rude et simple de domestique. Le lecteur est frappé d'emblée par l'ampleur de vue et l'optimisme d'Armelle, basés sur une confiance inconditionnelle en la grâce, par une persévérance opiniâtre qui dépasse tous les obstacles, courant à l'union avec Dieu avec intensité et ardeur.
Le Triomphe nous donne avec une exactitude remarquable le récit d'une vie mystique achevée : on suit Armelle dans cet itinéraire surprenant depuis la passion de ses débuts, jusqu'à l'insondable paix de l'unité divine de son achèvement, au fil d'un abandon de plus en plus profond.
L'influence de l'ouvrage fut très grande au-delà des frontières françaises, jusqu'en Hollande, en Allemagne, en Angleterre et en Écosse. Une mystique à redécouvrir.
La vie et la très profonde expérience mystique d’Armelle Nicolas nous ont été transmises par son amie religieuse, l’ursuline Jeanne de la Nativité, rédactrice du texte édité sous le titre : Le Triomphe de l'Amour divin dans la vie d'une grande servante de Dieu nommée Armelle Nicolas. par une religieuse du monastère de Sainte-Ursule de Vennes…330.
Comme autant de diamants enchâssés dans le récit, les « dits » sont rapportés très probablement avec exactitude, puisqu’ils sont soigneusement mis entre guillemets dans l’édition. Alors qu’on a l’habitude de parler de la « bonne Armelle », on s’aperçoit rapidement que ces dits traduisent une liberté de ton et une fermeté souveraine qui ne s’accordent guère avec l’image d’une « pauvre servante » bretonne, naïve et illettrée, dont l’histoire est là pour nous enchanter. Ils sont remarquables par leur ampleur et leur optimisme, basé sur une confiance envers la grâce divine qui rejoint celui d’un Ruusbroec, dont elle n’a certainement jamais entendu parler. Mais c’est surtout à Catherine de Gênes qu’on peut la comparer : elles sont sœurs dans leur intensité, l’ardeur de leur amour pour Dieu, leur don absolu d’elles-mêmes. Armelle le reconnut d’ailleurs lors d’une lecture de la vie de Catherine : « Il me souvient qu'elle me raconta qu'un jour une personne de ses familiers lui lut dans la vie de sainte Catherine de Gênes331, les chapitres qui traitent de son grand amour ; et qu'entendant cette lecture, il lui semblait que ce même amour avait parfaitement accompli en elle ce qu'autrefois il avait exercé dans le cœur de cette grande sainte ; d'où elle entra dans un si grand sentiment de reconnaissance et d'amour qu’elle fut contrainte de prier de cesser cette lecture… »332.
Trop intense, Armelle « manque de charme » pour l’abbé Bremond333, qui la compare « à une pierre de lave » : Armelle le dérange par « la crise obscure et laborieuse de sa vocation », la purification « d’une servante longtemps bornée ». Mais justement, l’intérêt du Triomphe ne réside pas dans la description d’une âme parfaite dès le début, mais, et c’est tant mieux, dans sa dynamique opiniâtre qui dépasse tous les obstacles pour courir à l’union avec l’Amour-Dieu.
La relation que l’on va lire transcende aussi de nombreux témoignages parallèles contemporains, parce qu’elle reflète la rencontre exceptionnelle entre quatre mystiques : Armelle, son amie rédactrice et ses deux principaux confesseurs. Par ailleurs, leur cadre de vie, certes rude, s’avéra plutôt favorable.
La Bretagne connut en effet une période prospère avant que la politique d’une France tournée vers les aventures continentales et sa défense contre les puissances maritimes ne l’appauvrisse. En témoignent de nos jours les très nombreuses églises et calvaires construits avant le milieu du XVIIe siècle avec l’argent d’une bourgeoisie enrichie du commerce des draps et de la broderie.
Les missionnaires, qui arrivèrent du Royaume de France après l’Union entre la Bretagne et la France, - non sans quelque retard lié aux luttes civiles entre catholiques et protestants, - n’eurent donc pas à apporter la civilisation dans un pays qui n’était pas plus arriéré que l’ensemble des autres provinces françaises – il avait d’ailleurs été épargné des feux les plus violents provoqués par ces luttes.
On voit d’ailleurs que, bien avant de rencontrer des jésuites, Armelle vit dès son enfance un christianisme ardent comme tout son entourage. Dans son village, elle assiste aux messes, aux processions, aux sacrements. Chez les maîtres de la ville voisine où elle est bonne, elle bénéficie de lectures pieuses faites en commun334. Elle rentre en contact avec les ursulines de Ploërmel, la petite cité voisine du « pays » où s’est déroulée son enfance.
Les missionnaires étaient censés en premier lieu seconder les pouvoirs civils d’un Royaume centralisé, en unifiant et en confortant des pratiques religieuses déjà largement présentes. Mais particulièrement dans le pays vannetais où la ferveur était grande, certains d’entre eux furent des directeurs spirituels accomplis, qui comprirent, encouragèrent et dirigèrent les nombreux témoins d’une vie mystique née « aux champs ».335 La chance d’Armelle fut d’être reconnue par un père carme, un parent dominicain et l’amie ursuline qui deviendra l’intelligente rédactrice du Triomphe de l’Amour divin : elle fut donc en contact quasi permanent avec de remarquables spirituels qui la comprenaient même s’ils n’avaient pas la profondeur de son expérience. Ils ont respecté et accompagné la grâce qui agissait librement en elle.
Ses confesseurs furent en effet formés par le mystique Louis Lallemant (1588-1635). Ce jésuite, qui « ne cherchant que Dieu seul… exerçait sur lui-même une continuelle surveillance », fut maître des novices à Rouen puis à Bourges. Heureusement, sa santé ne lui permit pas de partager l’héroïsme de son temps336 : ce n’était pas sa voie. Il appelait l’oraison « sa félicité sur la terre » et « y passait même quelquefois la nuit plusieurs heures qu’il dérobait au sommeil ». Il insistait sur la pureté de cœur plutôt que sur les pratiques ascétiques : « La voie la plus courte et la plus sûre pour arriver à la perfection, c'est de nous étudier à la pureté de cœur, plutôt qu'à l'exercice des vertus, parce que Dieu est prêt à nous faire toutes sortes de grâces, pourvu que nous n'y mettions point d'obstacle. » Tout doit être orienté vers Dieu seul : « Les personnes éclairées des vraies lumières ne portent leur affection qu'à Dieu, ne s'attachant pas même aux choses les plus saintes. » 337.
Du groupe des jésuites basés à Vannes338 se détache Jean Rigoleuc, qui connut Louis Lallemant. Il sera épaulé par Vincent Huby (qui suivit l’enseignement de Jean Rigoleuc). Leurs vies et leurs écrits nous sont parvenus grâce à Pierre Champion339, leur historien à tous. Cette lignée constitue la grande filiation mystique jésuite du XVIIe siècle.
Jean Rigoleuc (1596-1658), breton de naissance, d’éducation et de tempérament, fut formé par Lallemant à Rouen puis à Bourges, où « il fut mis dans cet état que les mystiques appellent passif ». Il passa une grande partie de sa vie à Vannes, d’où il rayonna en collaborant aux missions populaires bretonnes du bienheureux Julien Maunoir (1606-1683). Il intervint dans les couvents d’ursulines (dont celui où résida quelques années Armelle), puis à Quimper, où il forma des prêtres. Pierre Champion nous dit que « Dieu permit qu’il fut moins considéré que les autres »340. Il ne fut jamais supérieur et « peut-être sa rude franchise faisait-elle peur »341.
Vincent Huby (1608-1693) occupe une place privilégiée dans Le Triomphe de l’Amour divin. Il révisa très probablement l’écrit de la sœur Jeanne de la Nativité, auquel il contribue directement par son « Témoignage »342. Il n’est toutefois pas directement nommé par la rédactrice, sinon comme « le Père », probablement par discrétion, puisqu’il était en pleine activité à l’époque. Il eut Vannes pour point d’attache : de 1631 à 1635, de 1639 à 1641 comme professeur, de 1646 à 1649 comme père spirituel et prédicateur, de 1654 à 1693 comme missionnaire. Premier supérieur de la maison de retraite jusqu’à sa mort en 1693 (sauf en 1675-1676), il fut le directeur spirituel de prêtres, de notables … et de simple servantes, dont Armelle343. Il fut le premier à établir une maison de retraite ouverte aux laïcs (ce qui était promis à un grand avenir dans l’histoire de l’apostolat jésuite) ; il composa « des livres, cahiers et feuilles » à l’usage de ses retraitants, donnait des Exercices aux religieuses dans leurs couvents, prenait largement la plume344. « Tout ne respirait en lui que l’amour de Dieu », nous dit Champion345.
Quant à la rédactrice du Triomphe de l’Amour divin, sœur Jeanne [Le Corvaisier Pelaine] de la Nativité, elle fut deux fois supérieure des ursulines de Vannes (1666-1672, 1684-1690), et dirigea les retraites créées au couvent en 1672 par Catherine de Francheville346.
En fait on connaît peu de chose d’Armelle Nicolas (1606-1671), en dehors de ce qui est rapporté dans Le Triomphe de l’Amour divin et qui fournit la matière reprise par ses biographes347. Comme on va lire ce texte dans son intégralité, nous ne donnerons qu’une courte chronologie de sa vie.
Elle naît le 19 septembre 1606 en Bretagne, au village de Quelneuc, près de Campénéac, petit bourg distant de sept kilomètres de Ploërmel. Il est probable que sa vie spirituelle commence très tôt puisque, toute jeune, elle aime prier seule dans la lande où elle garde les troupeaux de son père ; son entourage apprécie sa bonté et sa douceur. Elle refuse qu’on la marie et préfère devenir servante : après quelques essais qui ne lui conviennent pas, elle est placée chez des bienfaiteurs des ursulines, la famille Charpentier du Tertre à Ploërmel. Une quarantaine de kilomètres à vol d’oiseau sépareront Ploërmel de Vannes, où elle vivra par la suite : voilà le petit « pays » où se dérouleront les soixante-cinq années de sa vie.
Armelle mène la dure vie des domestiques de bas rang à l’époque. Toutefois la fille de la maison a de l’amitié pour elle et lui lit l’Imitation : le récit de la Passion la jette dans un amour violent pour le Seigneur. Elle parcourt son chemin intérieur dans une grande solitude348. Comme elle cache ses états mystiques, qui la rendent languissante, sa maîtresse la prend pour une idiote et une paresseuse : elle l’accable de travail (chercher l’eau à la fontaine, ramasser le fumier…) et Armelle tombe malade pendant six mois ; puis Mme du Tertre comprend enfin la nature de sa servante et cesse de la tourmenter.
En 1636, Armelle accompagne la fille de sa maîtresse, qui se marie avec Gabriel du Bois de la Salle, et va habiter à Arradon, à sept kilomètres de Vannes. Elle sera attachée au couple trente-cinq ans, si l’on excepte une courte période de trois années au service des ursulines de Vannes.
Après des purifications très difficiles de deux ans sans personne à qui se confier, elle est délivrée : Amour divin, larmes, feu… Mais sa santé s’altère, car parallèlement à la mystique, elle travaille très dur pour sa patronne : « L’amour la transportait. Sitôt qu’elle avait la moindre santé, elle travaillait infatigablement. [et] retombait malade » ; « Elle passa de la sorte les trois ou quatre premières années après sa délivrance de l’état des tentations dont nous avons parlé, tant devant qu’après cette fièvre de huit mois » 349. Elle fait la connaissance d’un confesseur dont on ignore l’identité, mais qui lui fait connaître le Père Rigoleuc et le Père Huby, jésuites : ces profonds spirituels reconnaissent son état intérieur et la rassurent. Ils l’accompagneront désormais de leur appui.
Après cette période de presque dix années, elle approche maintenant des quarante ans. Son bon confesseur s’inquiète pour sa santé et l’envoie se reposer chez les ursulines (1642-1645), où elle rencontre la sœur Jeanne de la Nativité, qui comprend ses états, la soutient et écrira sa vie. Au poste de tourière, elle se « fortifie » ; puis les sœurs, qui l’aiment beaucoup et veulent la garder, la mettent au service des pensionnaires : elle déploie alors toute sa douceur et sa tendresse pour les petites filles. Après un songe et sous l’influence d’un proche parent dominicain, elle préfère sortir du couvent, où elle trouve sa situation trop confortable pour sa vie intérieure : elle retrouve son ancienne maîtresse, mais garde cependant contact avec la communauté. Ses maîtres lui font entièrement confiance pour tenir leur manoir et élever les enfants, dont elle est très aimée. Cependant la vie n’est pas facile, car ses maîtres se mettent facilement en colère, et les serviteurs méprisent cette bigote : elle supporte tout avec grande patience, prie pour eux et les soigne.
En 1649, Huby et Rigoleuc sont nommés à Quimper : ils la quittent en la confiant à la sœur Jeanne. Dans cette épreuve, il lui est donné d’entrer dans le Cœur du Seigneur. En 1649 aussi, le Seigneur lui dit : « Ma fille, cède-moi la place » (Tr. I. 15). En 1650 est attesté un vœu d’obéissance et chasteté.
Elle devient connue : tous viennent la voir pour lui demander conseils et prières. En janvier 1655, elle fait vœu de pauvreté, ce qui se réalise sous la forme d’un état de profonde pauvreté spirituelle. Après un état de plénitude d’un mois, puis une longue maladie de dix-huit mois, elle soigne attentivement sa maîtresse : celle-ci meurt en octobre 1656.
A soixante et un ans, une de ses jambes est brisée par un cheval, ce qui lui occasionne de grandes douleurs et l’immobilise quinze mois, passés au lit ou sur une chaise ; elle s’aidera dorénavant de béquilles. Elle recouvre miraculeusement la marche deux ans plus tard, pour mourir à la suite d’une fièvre, à l’âge de soixante-cinq ans, le 24 octobre 1671.
La merveille du Triomphe de l’Amour est qu’il nous donne le récit d’une vie mystique achevée : sa progression depuis les débuts passionnés, la traversée des difficultés, l’abandon de plus en plus profond jusqu’à l’unité divine et la paix insondable. Cette biographie mêle intimement vie concrète et accomplissement spirituel, de sorte qu’Armelle devient très vivante et présente à nos yeux.
Ce qui frappe tout de suite chez elle, c’est la force de son appel vers Dieu et du don total d’elle-même qu’elle lui fait jusqu’à la fin de sa vie : elle ne déviera jamais. Tout est orienté vers et par l’Amour. Elle est de ces âmes que Mme Guyon compare aux « torrents qui sortent des hautes montagnes » : « …Elles n’ont pas un instant de repos qu’elles ne soient perdue en Lui. Rien ne les arrête. Aussi ne sont-elles chargées de rien. Elles sont toutes nues et vont avec une rapidité qui fait peur aux plus assurées. »350
Armelle n’est conduite que par la foi : « …Elle fuyait comme la mort toutes expériences et raisonnements humains, même toute vision ou révélation, […] et par la force de son esprit, elle passait par-dessus tout cela, se portant de toutes ses forces à ce qu'elle ne savait ni ne connaissait. ‘ Parce, disait-elle, que tout ce que nous concevons ou expérimentons, pour haut et relevé qu'il puisse être, n'est pas Dieu, et partant nous devons passer outre et ne nous y arrêter, de crainte de nous attacher à autre chose qu'à Dieu » (Tr. II. 1).
Sa confiance en Dieu est absolue ; elle le considère comme un Père qui prend soin d’elle, à qui elle demande avec simplicité tout ce dont elle a besoin. Il est son compagnon intime : « …Je m'entretenais confidemment avec lui, je lui racontais toutes mes peines, tous mes besoins et nécessités, je me consolais avec lui, je me réjouissais de ses divines perfections, je lui demandais ce qui m'était nécessaire et à mon prochain… » (Tr. I 7). Si on lui demandait conseil, le plus souvent elle « ne pouvait dire autre chose que ces mots : « Confiance, confiance infinie en une bonté infinie, qui ne délaisse et n'abandonne jamais ceux qui espèrent en elle » (Tr. II 2).
Lors d’un récit fait devant elle de la Passion du Christ, elle est foudroyée par l’amour dont fait preuve Jésus : elle se jette toute entière vers l’Amour et lui donne sa vie. Les débuts sont chaotiques, car elle traverse seule des alternances bouleversantes entre des états merveilleux où « il lui semblait n’être, tant dedans que dehors, que feu et flamme » (Tr. I 4), et des tentations insupportables où elle se voit comme une criminelle et dont elle est délivrée brusquement. La purification la plus intense dure deux ans, deux ans de désert où elle perd jusqu’au souvenir des grâces qu’elle a eues et où se déploie la « rage du démon d’impureté » : elle tient le coup grâce à sa soumission totale à Dieu ; mais un jour où elle est si désespérée qu’elle demande de mourir plutôt que de rester dans cet état, elle est délivrée dans l’instant : « Les chaînes, qui jusqu’alors m’avaient tenue en si grande captivité, furent entièrement rompues et brisées pour jamais, me trouvant au-dedans de moi-même en une telle liberté que je ne me connaissais plus » (Tr. I 9). Elle était allée au plus profond de « l’amour désordonné de la créature », et la délivrance fut si complète qu’elle ne ressentit plus « jamais la moindre étincelle d’affection pour aucune créature qu’autant que Dieu le lui ordonnait » (Tr. I 9). Après ce tournant capital, « jamais son cœur ne fut assailli de la moindre tentation, difficulté ou répugnance qui l’eût tant soit peu détournée de l’ardeur et de la véhémence avec laquelle elle se portait continuellement vers son unique bien, qui était Dieu » (Tr. I 10). D’où ce beau passage : « …Elle n'eut plus d'yeux que pour contempler son Amour, plus d'oreilles que pour entendre sa voix, plus de langue que pour le bénir et raconter ses louanges, plus de bras que pour travailler pour lui, plus de pieds que pour marcher en la voie de ses divins conseils, plus de corps que pour l'emporter toute à son service, plus de désirs que pour accroître sa gloire, plus de volonté que pour lui obéir, enfin plus de cœur que pour être consumée de ses flammes » (Tr. II 3).
C’est alors qu’elle chercha un confesseur, car elle avait depuis toujours « dans l’esprit que pourvu qu’elle ne fît point sa volonté, il n’y avait rien à craindre pour elle » (Tr. I 10). Toute sa vie, elle refusera d’agir par décision personnelle, s’en remettant à la volonté de Dieu, exprimée intérieurement ou par des personnes extérieures : « Il n’y avait chétive créature au monde à laquelle, en cette considération, je ne me fusse aussi volontiers soumise qu'aux plus grands saints du paradis, car jamais je n'envisageais la personne à qui j'obéissais, mais celui pour l'amour duquel je le faisais » (Tr. II 12).
Elle rencontra le Père Huby : elle le supplia « à chaudes larmes de ne rien épargner de tout ce qu’il verrait être requis afin que Dieu fût absolument le maître de son cœur, et qu’il n’eût égard ni à vie, ni à santé, ni à commodité, ni à son honneur, ni à sa satisfaction, ni à quoi que ce fût au monde, et elle disait ceci avec tant d’ardeur et de véhémence qu’il semblait qu’elle fût hors d’elle-même » (Tr. I 10). Cette rencontre fut capitale : cet homme de grande expérience intérieure lui assura que tout ce qui se passait en elle était de Dieu, lui enlevant tous ses doutes (son confesseur précédent préférait ne rien lui dire). Il la présenta à Rigoleuc, et tous deux aimaient venir l’entendre parler de Dieu : « Nous ne sommes que froideurs et glaces auprès de son ardeur à aimer Dieu », dira Rigoleuc (Tr. II 22).
Huby eut la délicatesse de ne rien superposer d’humain à l’œuvre de Dieu, se contentant d’accompagner l’œuvre de la grâce et de dépouiller Armelle de ses imperfections : son action est le parfait exemple du bien que peut faire un véritable confesseur à un mystique. Compétent par son expérience personnelle et sa connaissance des textes, il sut reconnaître le travail de la grâce et se contenter de le favoriser : « entendre et approuver ce que Dieu opérait au-dedans d’elle-même ». « Il la portait à agir le plus simplement qu’il lui était possible au-dedans d’elle-même, sans réfléchir beaucoup sur ses vues et ses sentiments » et surtout il « la laissait agir selon les mouvements de l’Esprit, se contentant de sa part de la disposer, tout de loin, à ce qu’il prévoyait que Dieu voulait opérer en elle » (Tr. I 15). Il va la guider vers l’abandon total.
Quant à elle, l’obéissance qu’elle lui voue est absolue : « J’avais la croyance si certaine dans mon esprit que mes directeurs me tenaient la place de Dieu en terre, que je n'en pouvais aucunement douter ; et cette pensée me saisit dès le premier moment que Dieu me donna le mouvement de me laisser conduire, et jamais depuis ne m’a quittée ; ce qui faisait qu’en toutes choses je m'adressais à eux comme j'eusse fait à Dieu même, ne faisant aucune distinction entre ce qu'ils me commandaient et ce que Dieu m'eût dit de sa propre bouche » (Tr. II 12).
Huby s’inquiète de la santé d’Armelle, dont le corps est anéanti sous le feu divin. Il a peur qu’elle n’en meure : « La douleur qu’elle ressentait [au cœur] était une douleur vive et ardente, accompagnée d’une force et d’une véhémence si grandes qu’il lui était avis qu’elle avait au-dedans d’elle-même un feu cuisant et dévorant, qui la détruisait et consommait toute, de sorte qu’elle était contrainte par la violence du feu et de la douleur qu’elle ressentait de faire des actions extraordinaires, et comme d’une personne hors du sens. » Terrassée de « fièvre », elle tombe de faiblesse. Huby la fait transporter chez une veuve, mais on ne peut la soigner. Elle lui dit : « Mon Père, je suis dans une fournaise, mais c’est la fournaise de l’Amour » (Tr. I 11).
La modération de ses confesseurs au sujet de l’ascétisme est à souligner, car remarquable : ils lui interdisent la discipline et toute macération, probablement parce qu’ils sentent chez elle une hantise trop forte de vaincre le corps. Ce masochisme est pourtant très courant à l’époque : il suscitait une admiration dont on voit encore des traces dans le Triomphe. Par contre, Armelle gardera un grand amour pour les souffrances involontaires, qu’elle considérait comme « des messagers exprès envoyés de [son] divin Amour » et qu’elle demandait volontiers à Dieu : elles servent à purifier « la rouille des péchés ». Les fuir l’aurait empêchée de ressentir des douleurs comme le Christ : « Fuir la Croix, c’est s’éloigner de la source et du principe de tous biens, puisque Dieu y est attaché et que c’est là où seulement où il se trouve. » Enfin, la souffrance fait partie de la réalité : elle doit donc être intégrée au vécu mystique sans la fuir et sans que le fond ne bouge : « …La vertu qui y est plus expressément requise, c'est la patience, qui fait que l'âme se possède en paix au milieu des peines et travaux qu'il faut endurer pour se rendre semblable à Jésus-Christ » (Tr. II 13). Cette patience concerne également les « grandes caresses » d’amour divin difficiles à supporter : « Il faut avoir patience, et le laisser faire tout ce que bon lui semblera », avait-elle coutume de dire (Tr. II 13). Ce feu qui n’épargnait rien exauçait sa prière « qu’il brulât et consommât tout au feu de son divin Amour, sans rien épargner, jusqu'à la plus petite racine ; et c'est ce que, par sa grande bonté, il a fait en moi, sa chétive créature » (Tr. II 14).
Soucieux de l’épuisement d’Armelle, Huby la fait entrer chez les ursulines pour recouvrer la santé : elle y est très bien et est très aimée. La sœur Jeanne prend soin d’elle et protège ses états mystiques. Sa santé s’améliore, mais Armelle se sent trop à son aise dans cet endroit si amical et paisible. Elle sent « un certain mouvement qui lui faisait connaître que ce n’était pas le lieu où Dieu la voulait » (Tr. I 13). Alors qu’elle aurait pu finir ses jours au couvent, elle va obéir à cette impulsion intérieure et retourner travailler chez Mme de la Salle.
C’est une constante chez elle que de fuir les situations confortables. (Déjà, au moment où Mme du Tertre la traitait mieux, elle avait préféré partir chez sa fille.) Sa voie se situe au milieu de la vie de tous les jours, dans le travail et les difficultés avec l’entourage. Être responsable du ménage, de la cuisine, des approvisionnements pour toute une famille dans un manoir implique beaucoup de travail. Elle est objet de mépris pour les domestiques, parce que les forces lui manquent quand l’Amour l’envahit et parce que sa vie est sans reproche. Ses maîtres la houspillent, mais elle leur obéit comme à Dieu. Elle se réjouit de n’être qu’une simple servante : « …Tout le monde a le pouvoir de la reprendre et mépriser, et trouver à redire sur tout ce qu'elle fait ou dit. Hé ! cela n'est-il pas aimable ? Cela n'apprend-il pas bien à se tenir en humilité, à mettre tout son appui et sa confiance en Dieu, et ne chercher qu'à plaire à lui seul ? » (Tr. II 10.) Elle observe avec humour que le Seigneur la laisse tranquille quand elle a du travail, pour revenir dès qu’elle a achevé sa tâche ; ou bien elle s’acquitte de ses courses sans en avoir conscience, et pourtant tout est fait parfaitement. De toute façon, elle remarquait que « plus elle travaillait et s'employait pour son Amour en tous les embarras de son ménage, et plus il se communiquait à elle ; qu'elle eût cru commettre une grande infidélité de quitter son travail pour chercher le repos… » (Tr. II 10.)
Son cas est particulièrement intéressant pour nous modernes, puisqu’elle vit la vie mystique totalement, tout en accomplissant les charges d’une vie ordinaire de laïque. Selon le conseil de Rigoleuc, elle était dans le monde « ferme et inébranlable, comme un rocher au milieu de la mer qui, pour être battu de divers flots et attaqué des vents, ne remue et ne penche de côté ni d’autre » (Tr. I 13).
C’est pourquoi elle fait de la fidélité l’axe de la vie en Dieu : la seule chose qui importe est de suivre les mouvements de la grâce à chaque instant. C’est une « fidélité qui s’étend sur toutes choses, grandes et petites, sans rien excepter ». Ce n’est pas facile : Je « me suis portée avec une vigilance non pareille à tout ce que j'ai reconnu être de sa sainte volonté, quelque peine ou répugnance que je ressente en moi, je ne le pouvais différer d'un moment à les accomplir, quoique souvent j'eusse bien voulu remettre à un autre temps sous prétexte de maladie ou de travail, ou de mille autres raisons que me produisait l'amour-propre pour s'exempter de ce grand assujettissement à toutes choses, tant grandes que petites » (Tr. II 9).
En 1649, Huby et Rigoleuc sont nommés à Quimper et elle doit les quitter. En réponse à son inquiétude, le Seigneur lui dit qu’il la retire des bras de ses nourrices : « Je veux te loger en ma maison » (Tr. I 15), et il la fait entrer dans son Cœur « d’une si grande étendue que mille mondes entiers n’eussent pas été suffisants pour le remplir » (Tr. I 21). Après ces années de transports et de langueurs dans un amour brûlant, où « jusqu’alors Lui et elle avaient travaillé ensemble » (Tr. II 3), elle passe à une autre étape, où le Seigneur règne seul, dans le repos de tous les sens et des puissances. Elle s’aperçoit à peine du départ des deux jésuites car, bien qu’elle paraisse comme d’habitude, elle est inconsciente, dans un repos « où il n’y a rien de distinct ni de particulier ». Elle en sort dans un état de silence et de cessation complète de toutes les opérations intérieures. Le jour de la Saint Thomas, le Seigneur lui dit : « Ma fille, cède-moi la place. » Tout ce qui a précédé n’avait existé que pour préparer cet état. Elle comprend tout ce qu’Huby lui avait dit sur l’abandon, et que ce sera désormais sa voie. Elle obéira à l’ordre du Seigneur : quand elle lui demandait ce qu’elle pouvait faire, il répond : « Rien, rien du tout, sinon t’abandonner et me laisser faire » (Tr. I 20). De 1650 à sa mort, la sœur Jeanne considère qu’il ne reste plus chez Armelle que l’action divine (Tr. I 17).
A la Toussaint 1650, le Seigneur lui dit : Ma fille, tu es la fille de l’Amour (Tr. I 16).
Elle rêve d’un combat entre le corps et l’esprit où l’esprit l’emporte et les deux se rangent dans un même lieu : alors que, jusqu’à cette époque, elle avait le corps brisé de douleurs par les états d’amour, elle ne ressentira plus de douleurs. Son corps souffrait quand les puissances, seulement calmées, résistaient encore ; mais les vingt dernières années, le corps et tous les sentiments étaient spiritualisés, tant l’abandon était total. Plus tard, elle dira qu’il « lui semblait être devenue comme dans l’état d’innocence, de sorte que, quand bien elle aurait lâché la bride à tous ses appétits naturels, ils n’auraient recherché autre chose que Dieu, vers qui ils se portaient d’eux-mêmes comme ils faisaient naturellement auparavant vers les choses de ce monde » (Tr. I 17). Son corps est très faible : « Entre Dieu et moi, il n'y a plus que la fragilité de ce pauvre corps, qui est devenu si miné à force d'aimer qu'il ne faut plus qu'un petit souffle pour le casser et le rompre tout à fait » (Tr. I 17).
Son état s’approfondit, la grande unité avec le Divin s’accomplit : « Tu n’es plus. Tu es plus perdue dans l’océan de ma Divinité que le poisson ne l’est dans la mer » (Tr. I 20). Elle dit à sœur Jeanne : « Je n’ai plus aucune pensée, ni rien qui m’arrête, ni m’occupe comme de coutume ; il y a un seul objet, qui est l’être et l’immensité de Dieu, qui pénètre et consume mon âme d’une manière inconcevable, et la rend, en la consumant, d’une si grande étendue que je n’en puis plus savoir les bornes. Autrefois je voulais tout faire et tout embrasser, mais maintenant il n’en va pas ainsi, car rien n’approche plus de moi. Je comprends tout et ne suis comprise de rien ; mon âme est seule, simple et pure ; et quand je la vois ainsi, c’est comme une merveille que je ne meure à chaque moment ; et si cela continue encore quelque temps en moi, je crois qu’il en faudra mourir. Je vais et j’agis à mon ordinaire, pour le dehors, sans que je perde cette vue, mais mon Dieu me l’ôte parfois, permettant qu’il passe quelques pensées par mon esprit qui m’en détournent ; autrement je serais déjà morte. L’amour qui me consume ne se peut exprimer ni concevoir, il est comme infini et tous les jours il croît davantage » (Tr. I 20).
La mystique la plus profonde est vécue au milieu de la vie quotidienne la plus ordinaire : elle n’avait pas « besoin de travailler à se recueillir ni rentrer en elle-même, pour rechercher quelque lieu à l'écart pour s'occuper avec son Dieu ; tout cela ne lui était point nécessaire, car au milieu des rues, en plein marché, dans l'embarras d'un grand ménage, elle était aussi attentive à contempler les perfections de son Bien-Aimé que si elle eût été dans un désert ; d'autant que partout où elle allait, elle portait toujours son feu et son amour au-dedans de soi, et ainsi quelque part qu'elle fût, elle en recevait la lumière et la chaleur ». Et pourtant tout son travail était parfait : « …Elle ne manquait à rien, son Amour lui fournissant si à propos le souvenir des choses qu'il fallait, dans le temps qu'il les fallait accomplir, qu'elle ne s'en pouvait aucunement mettre en peine, lui laissant tout ce soin, afin de se pouvoir toute employer à l'aimer » (Tr. II section unique).
Cet amour infini va se répandre autour d’elle puisque, dès l651, elle demande à Dieu « affectueusement de décharger sur elle toutes les peines qu’il lui plairait, afin d’empêcher qu’il ne fût point offensé » (Tr. I 17). Elle est immédiatement accablée de douleurs qui l’obligent à se coucher, mais sœur Jeanne atteste que le Carnaval de cette année-là fut beaucoup plus tranquille, à l’étonnement de tous ! En 1652, le Seigneur lui imprime son Nom au cœur, ce nom qui a le pouvoir de sauver les hommes. Elle prie donc pour tous et connaît leur état à distance. Nombreux seront les témoignages de ceux qu’elle a aidés. Les gens l’abordent pour lui raconter leurs peines ou leurs péchés, et elle souffre beaucoup de leurs douleurs. Cependant le centre reste inaltérable : « Cela n’empêchait aucunement les joies ineffables qu’elle recevait de la douce union de son âme avec son Bien-Aimé, dont elle jouissait à souhait, dans un calme et une tranquillité si admirables qu’on l’eût plutôt prise pour être le crayon d’une âme bienheureuse que d’une âme revêtue de chair mortelle » (Tr. I 22).
Son rôle sur terre est d’empêcher par ses prières que Dieu ne soit offensé : « Il semble […] que mon divin Amour ne me laisse plus en ce monde que pour être la procureuse de son honneur, et que je n’ai autre chose à faire qu’à voir si sa gloire est accrue et augmentée : c’est là tout mon emploi et mon office […] Pour dire le vrai, je ne me regarde point moi-même en cela, mais Dieu seul, dans lequel je suis si perdue et abîmée que, la plupart du temps, je crois n’avoir plus d’âme, de vie, d’esprit, mais qu’ils se sont tout fondus et perdus en lui, qui seul me tient lieu de tout cela. Et ainsi son honneur est mon honneur, sa gloire est ma gloire, ses mépris sont mes mépris, tout ce qui le touche me touche, enfin il est tout mien comme je suis toute sienne » (Tr. I 19). Et en effet, à l’ouverture du jubilé de 1652, « la dévotion et le concours du peuple à s’approcher des saints sacrements et à entendre la parole de Dieu était si grand que les églises avaient peine de les contenir ; et les confesseurs ne pouvaient suffire à entendre ceux qui se présentaient pour recevoir l’absolution de leurs péchés » (Tr. I 19).
En 1657, son état devient si nu, si profond qu’elle ne peut plus en parler : « Ce qu’il opérait au plus intime de son âme était si divin et relevé qu’elle ne le comprenait pas » (Tr. I 26). « Son âme était si perdue et abîmée dans ce divin regard qu’elle ne se comprenait pas elle-même ; et nonobstant cela, elle était aussi libre pour agir au-dehors, comme si rien ne se fût passé au-dedans ; et même elle avait la santé assez bonne pour s’acquitter de tout ce qui était nécessaire dans le ménage » (Tr. I 25). Même après avoir été estropiée par un cheval en 1666, elle continue à se rendre utile dans la cuisine : « Elle demeurait dans un petit coin de la cuisine à donner ordre au ménage, et à faire quelque occupation pour l’utilité de la maison, n’étant jamais oisive. Plusieurs personnes de toutes sortes de conditions l’allaient voir pour se consoler avec elle et jouir de la douceur de son entretien » (Tr. I 27). Un très grand nombre de personnes avouaient qu’ils sortaient d’avec elle « tout changé[s] et renouvelé[s] » (Tr. II 16).
Pendant les trois jours précédant sa mort, la chambre était pleine d’une foule qui la vénérait. On se disputa ses reliques et les bouts de tissu qui l’avaient touchée ; une procession énorme escorta son corps… Tout ceci l’aurait bien étonnée : « Jamais. je n’ai su ce que c’était que vanité. Il me semblait qu’à moins de perdre l’esprit je ne pouvais entrer en aucune estime de moi, car je voyais si clairement que tout ce qui était en moi venait de Dieu » (Tr. II 10).
L’édition du Triomphe de l’Amour divin ne traîna pas, puisqu’il parut dès l’année suivant la mort d’Armelle. Les événements domestiques et intérieurs en forment la trame. Il est divisé en deux parties : Vie puis Vertus, en conformité avec le genre hagiographique obligatoire à l’époque. De mauvais esprits se demanderont donc quelle est la vérité de ce récit : le Père Huby rédigea le Témoignage associé au récit et supervisa certainement l’ensemble. La mission de Vannes est trop heureuse d’avoir un grand exemple à montrer. Les lecteurs bretons demandent des exemples de sainteté et de dévotion ? Leurs attentes sont ici (trop ?) largement satisfaites par le récit d’une héroïcité ascétique en accord avec le canon classique du genre. Les comptes-rendus des conversations sont forcément traduits du breton et sont bien écrits : sont-ils fidèles au style et au vécu d’une simple servante ?
Cependant on sera tenté d’accorder foi à l’honnêteté et à la véracité du récit quand on lit la Préface en forme d’épître rédigée par la sœur Jeanne de la Nativité : ce texte que l’on pourrait être tenté de sauter, mérite en fait une lecture attentive. Pleine de noblesse et de rectitude, Jeanne y rend compte de la genèse du Triomphe et nous fait part de sa volonté d’exactitude avec une humilité qui émeut : « Je me suis rendue la plus exacte qu’il m’a été possible à décrire toutes les opérations du divin Amour […] J’ai cru que plus les termes seraient simples et naïfs, et plus ils auraient de force pour toucher les cœurs. » Elle nous dit qu’elle a fait contrôler ce qu’elle écrivait par Armelle elle-même et a pris soin de mettre ses paroles entre guillemets. Armelle a eu cette chance incomparable de rencontrer une amie attentive et intelligente, des jésuites eux-mêmes mystiques, qui tous ont protégé la liberté de la grâce en elle. La beauté de ce texte résulte de leur rencontre : la qualité de l’entourage d’Armelle permet de penser que ce qu’ils ont écrit sur elle a respecté sa vérité.
A priori très improbable hors de la province bretonne, l’influence du Triomphe fut très grande et se répandit hors des frontières du royaume. A la fin du siècle, l’ouvrage fut redécouvert par Pierre Poiret (1646-1719) : ce pasteur piétiste d’origine française établi en Hollande à Rijnsburg était un grand éditeur de textes mystiques et devint un disciple aimé de madame Guyon351. Qui se ressemble (intérieurement) s’assemble : certes, « la pauvre servante bretonne était aussi différente que possible de Mme Guyon : pourtant leurs expériences, indépendantes l’une de l’autre, ne sont pas sans analogie et ont enchanté les mêmes âmes352 ».
L’influence de la servante bretonne s’exerça alors en Hollande et en Allemagne353. Elle franchit les mers, car les éditions de Poiret et de ses amis étaient distribuées au-delà du Channel dès le début du XVIIIe siècle par l’intermédiaire du docteur James Keyth de Londres354. Le texte se répandit chez des piétistes et des réformateurs protestants, dont certains étaient des intellectuels (proches de Londres) ou des voyageurs (tel Wesley) d’expériences très différentes de celle d’Armelle. La simple fille est en effet admirée en Angleterre et en Ecosse, où on la voit figurer dans les bibliothèques des disciples écossais de madame Guyon, Lords Deskford et Forbes. De même en Amérique, où John Wesley, fondateur du méthodisme, insère en 1778 des extraits de The life of Armelle Nicolas dans sa revue l’Arminian magazine ; pour lui, « her deep, solid, unaffected piety has recommended her to those of all denominations who regarded not mere opinions, but the genuine work of God… » 355. Le récit attirera les spirituels du siècle des Lumières, accompagnant ainsi deux autres textes : ceux de l’ermite Grégoire Lopez356, et ceux du frère carme convers Laurent de la Résurrection (1614-1691), qui lui ressemble par sa concision, sa simplicité et sa netteté.
A nous modernes, il reste à redécouvrir aujourd’hui Le Triomphe de l’Amour divin comme une perle qui a toute sa place dans une bibliothèque des grands témoignages mystiques rédigés en notre langue.
Le texte du Triomphe de l’Amour 357 a été ici reproduit intégralement. Nous avons modernisé l’orthographe et la ponctuation pour en faciliter la lecture.
La pagination de la deuxième édition de 1676 à Vannes dont nous avons disposé, est chiffrée dans le fil du texte (elle est absente de la « Préface en forme d’épître »).
Les notes expliquent certains mots vieillis ou fournissent de brèves précisions contextuelles portant sur les personnes et sur les lieux.
ARMELLE NICOLAS Témoin du Pur Amour 1
Le Triomphe de l’Amour divin dans la vie d’une grande servante de Dieu 1
LA BONNE ARMELLE, SERVANTE BRETONNE (1606-1671) 3
Un pays prospère et chrétien 3
Des directeurs mystiques 4
Une humble servante 5
La fournaise d’amour 7
Une biographie et son influence 11
Notre édition 12
Remerciement 13
LE TRIOMPHE DE L’AMOUR DIVIN DANS LA VIE D’UNE GRANDE SERVANTE DE DIEU NOMMÉE ARMELLE NICOLAS 14
Oraison dédicatoire au Saint-Esprit. 15
Préface en forme d'épître, adressée à la très vertueuse Communauté des religieuses de sainte Ursule de Vannes. 16
Première partie du Triomphe du Divin Amour, dans la conduite de la vie et des mœurs d’une grande servante de Dieu nommée Armelle Nicolas. 21
Chapitre Premier. De sa naissance et de son enfance. 21
Chapitre 2. Comme elle vint à Ploërmel et se mit en service. 23
Chapitre 3. De la manière par laquelle Dieu l’attira à son divin amour. 25
Chapitre 4. Des tentations qu’elle souffrit, et des grandes grâces que Dieu lui fit ensuite. 28
Chapitre 5. Comment Dieu se manifesta à elle, et des contradictions qu’elle endura depuis. 33
Chapitre 6. Des épreuves qu’elle endura de la part de sa maîtresse. 35
Chapitre 7. Des motifs que sa maîtresse eut de reconnaître sa vertu, et comme elle sortit de là pour venir à Vannes. 39
Chapitre 8. De l’étrange état où elle fut réduite un peu après son arrivée à Vannes. 41
Chapitre 9. Comment Dieu la délivra de ses peines, et des grandes faveurs qu’il lui fit. 44
Chapitre 10. Dieu l’adressa à un Père de la Compagnie de Jésus pour sa conduite, et de ce qui lui arriva depuis. 45
Chapitre 11. De la plaie d’amour quelle reçut au cœur, et comme elle fut malade par l’espace de huit mois. 47
Chapitre 12. Comme elle vint demeurer en notre monastère. 50
Chapitre 13. Sa sortie de notre monastère pour retourner en sa première demeure. 53
Chapitre 14. Des différents et divers degrés d’amour par où Dieu la fit passer. 55
Chapitre 15. Comme Dieu lui donna entrée à une vie toute divine et spirituelle, et par quelle voie. 59
Chapitre 16. Comme par le moyen de cette voie Dieu la fit mourir à elle-même et à ses opérations, et du vœu d’obéissance qu’elle fit à tout ce qu’elle connaîtrait être de ses divines volontés. 64
Chapitre 17. Continuation de la même matière. 68
Chapitre 18. Comme, ayant vaincu et surmonté ses ennemis, elle demeura paisible en la jouissance de ses biens. 73
Chapitre 19. Comme Notre Seigneur lui imprima son saint Nom, et de plusieurs autres grâces qu’il lui fit. 78
Chapitre 20. Continuation du même sujet. 82
Chapitre 21. Dans lequel on continue le discours des grâces que Dieu lui fit, depuis le commencement de l’an 1653 jusqu’au dernier jour de la même année. 87
Chapitre 22. Comme Notre Seigneur l’appliqua plus particulièrement à procurer le salut des âmes, et à ressentir leurs péchés. 92
Chapitre 23. Continuation de la même matière. 94
Chapitre 24. Comme elle fit vœu de pauvreté, et ce qui lui arriva depuis. 99
Chapitre 25. Continuation des opérations du divin Amour, arrivées en l’an 1657. 102
Chapitre 26. Suite de sa disposition intérieure. 105
Chapitre 27. Suite de sa disposition intérieure ; et comme elle eut une jambe rompue. 106
Chapitre 28. De sa parfaite conformité à la volonté de Dieu. Et de son heureux trépas. 108
Chapitre 29. Des honneurs qu’elle reçut après sa mort ; et comme elle fut enterrée dans notre Chapelle. 110
Seconde partie, dans laquelle il est traité des vertus héroïques et admirables de cette grande servante de Dieu. 112
Avant-propos. 112
Chapitre premier. De sa foi. 112
Chapitre 2. De sa ferme espérance et confiance en Dieu. 115
Chapitre 3. De son ardent amour et charité envers Dieu. 120
Section unique. 124
Chapitre 4. De son admirable union et transformation en Dieu par le moyen du très saint Sacrement de l'autel, et de sa grande dévotion vers ce divin Mystère. 127
Chapitre 5. Continuation du même sujet. 131
Chapitre 6. De sa continuelle présence de Dieu, et comme elle était instruite et gouvernée de Dieu même. 135
Chapitre 7. Des grandes caresses qu'elle recevait de son divin Epoux ; et comme le Saint- Esprit par trois diverses fois descendit sensiblement en elle. 142
Chapitre 8. De sa grande pureté de cœur. 146
Chapitre 9. De sa fidélité à suivre les mouvements de la grâce. 148
Chapitre 10. De sa profonde humilité. 151
Chapitre 11. De sa parfaite pauvreté. 157
Chapitre 12. De son obéissance. 161
Chapitre 13. Du grand amour qu'elle avait pour les croix et les souffrances, et de sa patience à les souffrir. 166
Chapitre 14. De sa parfaite mortification et mort à toutes choses. 171
Chapitre 15. De son ardente charité envers le prochain. 176
Chapitre 16. Des aides et secours que Dieu a donnés à plusieurs personnes, par son moyen. 180
Chapitre 17. Continuation du même sujet, et de son amour envers ses ennemis. 187
Chapitre 18. En quelle disposition d'esprit elle agissait en toutes ses actions, et de ses pratiques journalières. 191
Chapitre 19. De sa rare modestie et de son silence. 196
Chapitre 20. De sa dévotion envers la très Sainte Vierge. 199
Chapitre 21. De la dévotion qu'elle avait à son bon Ange et autres saints. 203
Chapitre 22. Des témoignages d'estime que plusieurs personnes ont rendus à sa vertu. 207
Chapitre 23. Des assistances que plusieurs personnes ont reçues par son moyen depuis son décès. 211
Approbation. 214
Approbation de Monsieur de KERLIVIO, vicaire général de monseigneur l'Illustrissime Evêque de Vannes. 214
Témoignage de son directeur. 214
MARIA PETYT (1623-1677) Mystique flamande I Notices & Études par Albert Deblaere, Dossier assemblé par Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 406 p.
« Des sources, tant orales qu’écrites, auxquelles j’ai pu avoir accès, un homme de lettres eut aisément tiré la matière homogène d’un récit […] Mais en réalité, cet ouvrage est né du récit, soigneusement retranscrit après enregistrement, que me fit de sa vie un ancien patron de pêche de Groix, Louis-Joseph Gourronc, [… qui] de son œil bleu clair et de sa mémoire infaillible, jugeait, commentait, orientait, biffait avec une patience équanime. Peu à peu, un portrait est apparu, avec ses traits saillants, son caractère difficile, mais jamais indifférent : celui d’une île naguère encore vouée tout entière à la pêche hauturière. Trop d’écrivains ont donné du monde maritime français une image littéraire, romancée, poétisée, et somme toute imaginaire. Avec ma façon de penser d’intellectuel, mon inexpérience fondamentale des métiers de la mer, comment aurai-je osé raconter à ma façon la vie d’hommes appartenant à une autre culture, à un autre âge ? 358 »
Maria Petyt (1623-1677) est une figure flamande qui égale les plus grandes mystiques françaises de son siècle. Elle vécut peu après Marie de l’Incarnation du Canada (1599-1672) et avant Madame Guyon (1648-1717). Maria témoigne comme ces dernières d’une expérience mystique menée à terme, partage leur indépendance et connut parfois la solitude propre aux spirituels. Moins célèbre que ses compagnes à cause du rayonnement moindre de la langue flamande et par une vie cachée au sein d’une des nombreuses petites communautés béguinales qui restaient indépendantes des grands Ordres (même si Maria se rattacha au carmel sous l’influence du confesseur).
En attendant que paraisse un jour une traduction complète de ses témoignages écrits en flamand, j’assemble un dossier de celles qui, rendues disponible en français depuis longtemps, sont pourtant devenues pratiquement inaccessible. Les publications de son premier traducteur furent en effet disséminées dans des revues spécialisées en diverses contributions.
L’intérêt du dossier dépasse celui d’un assemblage de traductions de la mystique Maria grâce à la valeur du pénétrant et profond spirituel Albert Deblaere359. De larges citations bien choisies de Maria parsèment déjà ses études. Elles sont complétées par les traductions antérieures de Louis van den Bossche360. S’en distingue par son caractère suivei une autobiographie de valeur tout à la fois intérieure et littéraire.
Ces textes livrent une expérience mystique menée à terme sur toute la durée d’une vie en suivant un chemin ascendant parfois difficile.Une intériorité vécue ‘jusqu’à la moelle des os’ est associée au rendu très vivant d’une existence concrète qui prit place au sein d’un monde bourgeois flamand déjà moderne.
Les écrits sur et de l’auteure rédigés ou traduits en français - et il n’existe pas d’autres traductions substantielles faites en d’autres langues - sont rassemblés ici pour la première fois. Bien des points concernant la vie mystique profonde s’éclairent par les précieuses études du premier tome associé à Albert Deblaere. Le cadre de vie - guerres à l’extérieur, vie d’une petite communauté béguinale pour l’intérieur - est suggéré à la fin du second tome associé au premier traducteur Louis van den Bossche.
En premier, je restitue une prise de contact par deux notices (relativement) récentes rédigées par A. Derville et par P. Mommaers. J’y adjoins deux florilèges.
Après cet « hors d’œuvre » les études du P. Deblaere couvrent la plus grnade grande partie du présent tome, en commençant par sa dernière, brève et synthétique ; en continuant par sa thèse beaucoup plus ample, mystiquement profonde et libre. Premier écrit dans la vie de son auteur, elle tente d’aborder la richesse mystique en respectant la théologie catholique.
Ici s’achève le tome I consacré à Maria Petyt. Il couvre quatre cent pages.
§
Le tome II d’égale importance en intérêt comme en volume présente le principal des traductions d’écrits de Marie Petyt. Louis Van der Bossche les publia dans les Suppléments à la Vie Spirituelle puis dans la Vie Spirituelle, enfin dans la Revue carmélitaine. Il s’agit de multiples contributions que j’ai rassemblées avec quelque difficulté. Elles se concluent sur ma transcription d’une copie carbone aujourd’hui presque effacée livrant la tradcution du récit continu autobiographique des « débuts » de notre mystique.
Tout cet ensemble demeure irremplaçable mais risquait d’être perdu du moins au lecteur non spécialiste 361 ! Il rétablit la vie intime d’une très grande figure digne héritière des grandes béguines du Nord Hadewijch I et II. Elle nous est plus proche que ces dernières par ce que l’on doit considérer comme un journal intime livré à un autre mystique. Car elle a eu la chance d’avoir pour directeur Michel de Saint-Augustin que l’on appréciera indépendamment ailleurs362.
Les écrits de Marie Petyt ne séparent jamais la vie intérieure de la vie concrète. Elle vivra encore plus de dix années, aussi avons-nous droit de suggérer un inachèvement spirituel à l’époque de sa rédaction d’une autobiographie suggérée par un nouveau directeur.
Il reste à souhaiter que ce « dossier » en deux parties - prises de contact et études puis des écrits (partiels) – suggère à l’un des rares connaisseurs de la langue flamande intéressé par la vie intérieure mystique d’entreprendre un travail neuf. C’est en partie pour cette raison que j’ai reconstitué un tel dossier-florilège. Faut-il encore une autre raison ? Le tome suivant s’achève sur un contrepoint unique à la Vie par elle-même de madame Guyon, autobiographie d’une autre grande « dame directrice363 » presque sa contemporaine. Une étude comparative serait à faire.
1621 Naissance de Michel de Saint-Augustin
1623 Naissance de Maria Petyt
À Gand, Chanoinesse de Saint-Augustin puis béguine.
Peremier médiocre confesseur pendant quatre années.
1647 Rencontre entre Maria et Michel.
Sa direction éclairée prend la relève de la précédente. Elle dure seize mois puis sera poursuivie par correspondance.
1657 Communauté naissante à Malines
Son père naturel meurt en 1663.
1667 Achèvement de sa relation biographique
1677 Décès de Maria Petyt
1684 Décès de Michel de Saint-Augustin
Notices
Deux notices publiées en 1984 du Dictionnaire de Spitualité présentent Maria Petyt. Rédigées par deux des meilleurs connaisseurs récents de la mystique française et flamande, elles sont postérieures aux études et traductions reprises dans ce volume infra.
André Derville assura l’achèvement du Dictionnaire de Spiritualité — c’est l’ami qui m’introduisit à la mystique française du XVIIe siècle, aujourd’hui encore très présent par ses « Tables Générales » (1995). Outre la clarté d’une brève synthèse, sa bibliographie couvre l’essentiel des traductions disponibles en notre langue364 et reprises en anglais. Elle est à compléter par un récent ouvrage collectif publié en 2015 365.
Paul Mommaers assura dans le même DS une grande partie de la vaste entrée « Pays-Bas ». Il l’achève en présentant « les thèmes caractéristiques de la mystique du 17e siècle » incarnés par Michel de Saint-Augustin et surtout par Maria Petyt 366.
J’y joins deux entrées figurant dans Expériences mystiques t. II et t. III 367. Ces florilèges mystiques incitaient à la découverte des deux mystiques : la dirigée est approfondie dans le présent dossier.
Table
Présentation 5
Chronologie 8
Notices 9
André Derville 11
1. Vie. — 11
2. Doctrine. 12
[3. Bibliographie] 13
Paul Mommaers 15
[« Le rayonnement du Carmel réformé, dans la seconde moitié du 17e siècle, est dominé par une mystique originale, Maria Petyt »]. 15
[« Les thèmes caractéristiques de la mystique du 17e siècle (annihilation, rôle du Christ) y sont traités de manière éclairante. »] 15
Dominique Tronc 19
« Michel de Saint-Augustin (1621-1684) » 21
« La béguine Marie Petyt (1623-1677) » 22
Relevé en 2017 sur ce dossier Maria Petyt 35
Études par Albert Deblaere 37
Maria Petyt, écrivain et mystique flamande (1623-1677) 39
L’ouvrage et son éditeur 44
Le récit de sa vie 52
L’enfance 52
La vocation 59
Itinéraire spirituel 85
De la méditation à la contemplation 87
Prière intime à la Divinité sans formes 94
La purification 101
Une mystique flamande : Marie de Sainte-Thérèse (1623-1677) 115
Avertissement (NDE) 115
Avant-propos 116
Chapitre I : Introduction 116
Chapitre II : L’œuvre et l’éditeur 122
Chapitre III : Vie de Maria Petyt 127
Chapitre IV : Vie intérieure 139
Développement de la vie d’oraison 141
Purification 148
Amour unitif 159
Contemplation supérieure 164
Chapitre V : Union transformante 173
Chapitre VI : La voie des visions 195
Chapitre VII : Influences 221
Milieu spirituel et lectures 222
Sainte Thérèse d’Avila 235
Sainte Marie-Madeleine de Pazzi 241
Saint Jean de la Croix 243
Jean de Saint-Samson 248
Chapitre VIII : Mystique de l’anéantissement 250
Chapitre IX : Christocentrisme 266
Chapitre X : Mystique mariale 277
Chapitre XI : Style et valeur littéraire 290
Bibliographie [omise] 322
Traductions des chapitres 60 (LX) à 86 (LXXXVI) du 2e livre. 323
Chapitre LX. Priant afin d’apprendre du Bien-Aimé une manière pour bien s’occuper de Jésus Dieu-Homme, elle le voit préparer en elle un trône dans lequel le Bien-Aimé, tout en se reposant, dirige et possède l’âme entière, comme l’âme de l’âme. 323
Chapitre LXVI. Elle est éclairée sur les mystères de la foi ; Jésus lui sert de compagnon et d’exemple en tout ; elle apprend la manière pour avoir Jésus à l’esprit. 324
Chapitre LXVII. Comment elle se conduit lorsqu’elle est possédée par Jésus, Dieu-Homme. 326
Chapitre LXVIII. Elle est possédée par l’esprit de Jésus, lorsque les états et les vertus sont en elle, comme ils ont été dans le Christ. Elle est également possédée par l’esprit et par l’âme de Jésus. 327
Chapitre LXIX. Elle est possédée par l’esprit et par l’âme de Jésus, qui opère tout en elle ; elle a alors les états, les vertus, etc. tels qu’ils ont été en Jésus. 329
Chapitre LXX. Elle est de nouveau possédée par l’esprit et par l’âme de Jésus ; comment elle se conduit alors ; et comment elle se repose avec Jésus dans le Cœur de Dieu. 330
Chapitre LXXI. Elle est possédée par la Divinité seule ; la différence entre cette possession et la possession par l’esprit et l’âme de Jésus ; elle est transformée en Jésus. 332
Chapitre LXXII. Elle est possédée par l’esprit de Jésus, avec soumission de l’esprit propre à l’esprit de Jésus ; elle est conduite à se conformer en tout à la sainte Humanité du Christ 333
De la dévotion et des lumières qu’elle a eues sur l’Incarnation du Verbe Eternel, sur l’Enfant-Jésus, et sur le Saint Nom de Jésus 334
Chapitre LXXIII. Elle est éclairée sur le mystère de l’Incarnation du Christ, et est visitée par Notre-Dame et l’Enfant-Jésus sur les bras, qui l’adopte comme sa fille. 334
Chapitre LXXIV [sans résumé] 336
Chapitre LXXV. Elle prie ce divin Enfant contre l’invasion des Anglais dans les Flandres, avec l’espoir d’être exaucée, et elle voit à nouveau l’Enfant Jésus présent en elle. 338
Chapitre LXXVI. L’Enfant-Jésus lui apparaît, comme premier-né en elle. Ayant perdu la vision de lui à cause d’une imperfection, elle la retrouve en s’humiliant. 339
Chapitre LXXVII. Elle voit l’Enfant-Jésus avec une petite Croix dans les bras ; en suspectant cette vision, elle la perd et se trouve dans de grands accablements, dans lesquels elle comprend avoir une union Christiforme, à la satisfaction de la Sainte Trinité. 340
Chapitre LXXVIII. Dieu le Père engendre son Verbe d’une façon particulière en elle ; elle en est fécondée, et elle perçoit dans son cœur la conception de l’Enfant-Jésus. Elle l’y voit se reposer et dormir. 341
Chapitre LXXIX. Comment cette conception a eu lieu, non pas corporellement, mais spirituellement, dans le cœur, sans le concours d’aucune imagination ou d’une opération naturelle, mais par une communication particulière de quelque chose de divin. 343
Chapitre LXXX. Réveillée par son Ange gardien, elle offre l’Enfant-Jésus pour un naufrage, avec bon résultat ; elle est rassurée au sujet de ces grâces, et sent un cœur maternel pour l’Enfant Jésus. 345
Chapitre LXXXI. Le Bien-Aimé dit que ses délices sont de se reposer en elle, et elle reçoit à nouveau l’Enfant Jésus, qu’elle semble élever maternellement, et elle reçoit de lui l’esprit afin de prier pour bien des choses. 346
Chapitre LXXXII. La présence de Jésus en elle arrive et s’en va ; Jésus comme un malade lui demande des services maternels, et elle lui parle maternellement ; elle est invitée, même contre son gré, à l’appeler Fils. 347
Chapitre LXXXIII. Ayant reçu intérieurement la confidence, elle traite maternellement avec l’Enfant Jésus, qui se laisse traiter ainsi volontiers ; ensuite, dans la crainte de Villusion, elle est rassurée au sujet de ces grâces. 348
Chapitre LXXXIV. Sa dévotion particulière pour la Fête du Nom de Jésus, laquelle est célébrée par les Anges au Ciel, majeur, en tant que glorieux, en tant qu’Époux, etc., de fournir quelques preuves de sa piété et de sa dévotion particulières pour le doux Nom de Jésus. 350
Chapitre LXXXV. Elle goûte la suavité du Nom de Jésus, à qui elle offre beaucoup de cœurs en aiguillon ; elle perçoit Jésus en elle, qui se réjouit dans la Solennité de sa Fête ; et elle se consume dans l’amour de Jésus. 352
Chapitre LXXXVI. En la Fête du Nom de Jésus, elle lui offre comme une pique son cœur renfermé dans le Cœur de Marie, et comme gâteau, elle demande et obtient la délivrance d’âmes du Purgatoire. 353
Témoignage mystique chrétien 355
Expérience = sentiment et connaissance 355
Les aléas d’une classification 356
Écart infranchissable entre expérience et langage 359
Perspective à explorer après étude plus approfondie des témoignages 360
Expérience directe et passive 364
1. Directe 364
2. Passive 368
La contemplation, toujours infuse, jamais acquise, ne s’enseigne pas 370
Problèmes de lecture 376
1. Foi et vision 377
2. Nuit et gnose 378
3. Mérite et amour 381
L’art, langage du mystère 385
L’origine du langage 387
Conventions et communion 388
Langage et symbole 389
Réalité et fiction 390
Vérité de l’art 391
Conclusion 394
Bibliographies, reprises, classements 397
Maria Petyt et ses traductions sur le web 397
Méthode pour transcrire des pages issues de Gallica 397
Les traductions reprises dans ce volume 397
Reclassement par livres et chapitres suivant l’édition flamande 399
Bibliographie des études et des éditions de Marie Petyt et Michel de Saint-Augustin 399
MARIA PETYT (1623-1677) Mystique flamande II Textes rrduits par Louis van den Bossche & Leurs contextes, Dossier assemblé par Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 380 p.
Présentation 5
Chronologie 7
Traductions de Louis van den Bossche 9
Maria a Santa Teresia (1623–1677) 11
[Présentation par L. van den Bossche :] 11
Vie Mariale (LIVRE I, IIe PARTIE) 13
(Ch.207) 13
(Ch.208) 14
(Ch.209) 15
(Ch.210) 16
(Ch.211) 17
(Ch.212) 18
(Ch.213) 19
(Ch. 214) 20
(Ch.215) 21
(Ch.216) 22
(Ch.217) 22
(Ch.218) 24
(Ch.219) 25
(Ch.220) 25
(Ch.221) 26
(Ch.222) 27
(Ch.223) 28
(Ch.224) 30
(Ch.225) 31
(Ch.226) 32
(Ch. 227) 33
(Ch.228) 33
(Ch.229) 35
(Ch.236) 35
(Ch.237) 36
(Ch.238) 38
(Ch.239) 39
(Ch.240) 40
(Ch.249) 41
L’action intime du Saint-Esprit 43
Ch.18. Elle sent l'action d'une foi vivante concernant l'avènement du Saint-Esprit, avec un grand désir de sa venue. Elle comprend que les âmes qui lui préparent une demeure sont peu nombreuses. Ceci l'incite à prier pour les personnes de toutes sortes d'états et conditions. 43
Ch.19. Le jour de la Pentecôte, elle se trouve plongée dans un sommeil d'amour en Dieu, comme saint Jean pendant la Cène. L'âme s'y trouve disposée à tout ce qui peut plaire au Saint-Esprit. 44
Ch.22. Elle comprend que le Royaume de Dieu est au dedans d'elle-même; que le Bien-Aimé habite en elle; qu'elle doit demeurer uniquement attentive à celte présence, comme si elle était seule au monde. 45
Ch.25 & 26. Elle se prépare à recevoir le Saint-Esprit, selon la promesse faite par le Bien-Aimé. Assurance que ces illuminations et révélations sont véritables. 46
Ch.28. Elle perçoit l'action du Saint-Esprit, dans une surabondance d'amour de Dieu et du prochain. Elle est remplie du Saint-Esprit et se sent poussée à prier pour la sainte Église. Elle reçoit le privilège de transmettre les dons du Saint-Esprit. 47
Marie de Sainte-Thérèse (1623-1677) 49
Livre I, IIe partie, Ch. 1 : MORS ET VlTA Comment elle pratiqua la mortification. Elle est surnaturellement instruite d’une manière plus parfaite de mourir et de vivre en Dieu. 49
Ch.2 : Les fruits de ce détachement. Il trouve aussi son application dans le gouvernement des autres et dans l’exercice des vertus. Il se pratique essentiellement et simplement en Dieu. 51
Ch.3 : Ce qu’est le parfait anéantissement et quel est l’état d’une âme réduite à rien. 53
Foi vive et présence divine 55
Ch.4. Le Bien-aimé lui enseigne à trouver Dieu et à le contempler dans toutes les créatures. Il y est requis une mortification parfaite et un détachement de toute chose. 55
Ch.5. Elle reçoit des lumières au sujet de la présence divine en toutes choses. Elle voit l'Être divin saturant les choses et agissant en elles. 56
« Éblouissante lumière de Foi » 59
Ch.6 & 7 & 8 [sans résumés] 59
L’accord du parfait amour 63
Vol. I [=Livre I], IIe partie, ch. 9. Elle possède une parfaite conformité à la volonté de Dieu en toutes choses. Rien ne peut la troubler. Elle n'a, avec Dieu, qu'une seule volonté. 63
Ch. 10. La conformité parfaite à la volonté divine découle d'un pur amour. Elle produit dans renne une indifférence à l'égard de toute chose et une grande liberté d'esprit. La Vén. Mère ne vit plus que pour Dieu, indifférente à tout et incapable d'être troublée par rien. 64
Ch. 11 Le Bien-Aimé lui enseigne à suivre toujours sa conduite et à se soumettre aux motions divines. Il lui apprend aussi le renoncement ainsi que l'abandon aveugle au bon plaisir de Dieu. 65
Ch. 12 La conformité de sa volonté à la volonté divine la rend indefférente à tous les états intérieurs où Dieu la place, — ce qui la rend comparable aux Bienheureux. 66
L’accord du parfait amour (suite et fin) 69
Ch.13. La parfaite conformité à la volonté divine. 69
Ch.14. La soif spirituelle ne rompt pas la quiétude. Elle diffère ainsi de la soif matérielle. Cela lui permet de coexister avec la conformité à la volonté divine. 70
Ch.15 Malgré l'union à la volonté divine, l'âme doit user de certains moyens afin de progresser encore. 70
Ch.16 Mais si Dieu ne répond pas aux efforts de l'dme, celle-ci doit se plier é la volonté divine et demeurer en paix. 71
Ch.17. La conformité à la volonté divine se parfait en elle, ce qui produit un constant repos en Dieu. Elle n'a plus qu'un seul vouloir avec son Bien-Aimé. 72
Ch.18.En toutes choses elle se conforme à la volonté divine, par pur amour. Elle est prête. si tel était le bon plaisir de Dieu, à se laisser priver de tous mérites, à souffrir toutes les peines, etc. 72
L’intime présence du Seigneur 75
Ch.65 Ayant prié Jésus afin qu'il lui apprenne à rester occupée en le Christ, Dieu-Homme, elle voit qu'on prépare en elle un trône, où son Bien-Aimé est assis, où il règne et prend possession de l'âme, comme s'il était l'âme de cette âme. 75
Ch.66 Elle reçoit des lumières concernant les mystères de la foi. Jésus lui sert de compagnon et de modèle en toutes choses. Elle apprend comment on garde en soi la présence de Jésus. 76
La vie du Christ en nous 79
Ch.47 Son état intérieur lorsqu'elle est possédée par Jésus, Dieu-Homme. 79
Ch.68 L'esprit de Jésus la possède lorsque se trouvent réalisés en elle les états d'âme et les vertus du Christ. 80
« Le grand silence du Carmel »/La vocation de Marie de Sainte-Thérèse 83
[Introduction :] 83
Traduction des chapitres 139 à 158 (1er livre 2e partie) 87
[Ch. 139] : Dans la clarté d’une lumière divine elle voit son Bien - Aimé présent en elle, où il se délasse comme dans un jardin plein d’agréments. Elle traite familièrement avec lui et comprend qu’elle doit être un jardin clos. Elle reçoit confirmation de sa vocation solitaire et le Bien-Aimé promet de la parachever en elle. 87
[Ch. 141.] : Quand elle est détournée de la pureté où elle doit tendre, le Bien-Aimé y voit comme une injure. Cette pureté dépasse toute pureté antérieure. Lorsqu’elle s’en écarte, elle devient impuissante et se trouve abandonnée en sécheresse. 88
[Ch. 143] Le Bien-Aimé l’instruit dans la vie de détachement. Elle est conduite dans une solitude intérieure où le Bien-Aimé dit à son cœur des vérités cachées, la remplissant de sagesse. 90
[Ch. 144] : Il se lève en elle une lumière divine, qui envahit toute l’âme et la transforme. Elle doit la recevoir passivement. Dans la solitude le Bien-Aimé parle à son cœur, lui enseignant les secrets de l’amour. Il la détache des sens et des puissances pour lui apprendre à recevoir la lumière divine dans son esprit rendu passif. Cette lumière rend l’âme divine. 91
[Ch. 147] : Les âmes solitaires passent pour manquer de courtoisie, de sociabilité ou d’amour, parce que leur grâce ne paraît pas à l’extérieur. Elles ont cependant choisi la meilleure part. Notre vénérable Mère reçoit certaines instructions de son Bien-Aimé à ce sujet. 93
[Ch. 149] : Dans le désert de l’esprit elle est entièrement détachée de tout, uniquement occupée de son Bien-Aimé sans images. Son esprit est fixé dans la contemplation du Bien-Aimé. De temps en temps, un simple coup d’œil lui permet de voir ce qu’elle doit faire. 94
[Ch. 151] : Il lui est intérieurement enseigné à vivre comme si son âme n’habitait plus le corps. Les trois puissances de l’âme opèrent en elle d’une manière distincte. Son esprit reçoit la lumière de Dieu comme un miroir. L’esprit seul est uni à Dieu, mais non la partie rationnelle ni la partie sensible. 96
[Ch. 152]. Dans la solitude de l’esprit elle contemple l’Être sans image de Dieu et voit ses secrets divins ». Avec toutes les créatures elle semble anéantie et parfaitement unie en Dieu, en qui toutes choses sont une. Elle pratique les vertus d’une manière essentielle. Elle s’attriste de devoir vivre ici-bas et aspire aux choses du Ciel. 97
[Ch. 154.] Au plus profond du cœur elle jouit d’une contemplation du Bien ineffable. Parfois elle est placée dans la solitude de l’esprit, y expérimentant sa séparation de l’esprit naturel. Dans cette solitude le Bien-Aimé parle au cœur de sa bien-aimée, et souvent, lui donne un baiser de sa bouche. 99
[Ch. 155.] : Le Bien-Aimé la transforme en parfaite ermite. Il lui révèle l’esprit de sainte Marie-Madeleine et promet de le lui donner en partage. C’est pourquoi elle choisit cette sainte comme patronne. Elle goûte une vie angélique et divine, une union à Dieu d’une éminente perfection et d’autres choses merveilleuses et divines, conformément à l’esprit de sainte Madeleine. 101
[Ch. 156] : Dans le désert de l’esprit elle ne trouve rien que son Bien-Aimé. Elle s’y perd par l’union et par le sommeil d’amour en lui. Elle goûte le silence mystique, subissant de merveilleuses activités divines. Elle explique ce qu’est le grand silence du Carmel. Elle voit son âme dans une grande lumière. 102
[Ch. 158] : Conduite dans un profond désert, elle y jouit des étreintes de son Bien-Aimé. Elle est rendue toute divine, dans un dépouillement complet du créé. La solitude devient effective, même en dehors de l’oraison. Elle ne conserve en elle aucune image de choses créées. Dans cette solitude plus profonde, il lui est montré quelques restes d’imperfections. 105
De la vie « Marie-forme » au Mariage mystique 107
[Introduction] 107
DE LA VIE « MARIE-FORME » AU MARIAGE MYSTIQUE, 108
IIe PARTIE. CH. 215. Elle apprend que cette vie mariale en Marie peut être pratiquée à peu près avec autant de simplicité que la vie déiforme en Dieu seul, c’est-à-dire presque sans intervention de l’imagination, par un simple amour envers Dieu et Marie, et d’une manière très spirituelle. 108
IIIe PARTIE. DE SON MARIAGE MYSTIQUE AVEC JÉSUS ET DES FRUITS — MERVEILLEUX DE CETTE UNION. 110
CHAPITRE II A la suite de ce mariage mystique, elle expérimente un merveilleux commerce d’amour avec le Bien-Aimé. Elle reçoit de lui un grand nombre de grâces et devient dispensatrice de ses trésors. Elle est unie à Jésus et comprend à quel moment fut contracté ce mariage, qui fut renouvelé dans la suite en présence de l’aimable Mère. 111
CHAPITRE III. Dans ce renouvellement du mariage spirituel elle est faite toute pour le Bien-Aimé, ne restant plus elle-même. Un nouvel amour la pousse vers l’aimable Mère et vers le Bien-Aimé en retour de ce bienfait. Pour témoigner sa reconnaissance à Dieu, elle lui offre Jésus lui-même et les mérites du Verbe fait homme et ceux de l’aimable Mère. Elle prie pour obtenir la permanence de cet état de mariage spirituel. Elle apprend de quelle manière elle mourra. 114
CHAPITRE IV Le Bien-Aimé lui donne encore confirmation de son mariage et lui offre des joyaux nuptiaux. Elle lui demande une parure d’âmes ; ce que le Bien-Aimé lui accorde. Singulière complaisance du Bien-Aimé et familiarité de son commerce amoureux avec elle. Il semble se plaire uniquement à être aimé en retour. 117
CHAPITRE V. Depuis ce mariage spirituel l’aimable Mère la visite moins souvent. Elle en comprend les raisons. Il faut qu’elle puisse agir d’une manière plus libre avec le Bien-Aimé. Elle reçoit l’assurance de pouvoir aimer Dieu éternellement et en éprouve une grande joie. Elle demande cette même grâce pour une autre âme. 119
CHAPITRE VI. Elle comprend ce qu’est la face de Pâme. Elle la compare à un miroir où Dieu s’imprime avec les vérités de Dieu. Quand l’âme se trouve la face tournée vers la Face de Dieu, elle voit beaucoup de choses et savoure un commerce d’amour tout divin. Cette jouissance est un état intermédiaire entre la foi et la lumière de gloire. 122
CHAPITRE VII. Elle explique la signification spirituelle des prévenances nuptialesy caresses, étreintes, baisers, etc. Tout cela ne s’opère pas d’une manière sensible, sauf parfois lorsque le Bien-Aimé se manifeste dans sa sainte Humanité. Les choses divines ne peuvent être signifiées que par des analogies grossières. Raisons pour lesquelles le commerce d’amour de l’âme avec Dieu porte les noms d’étreintes, baisers, etc. 125
CHAPITRE IX. Reposant dans les bras du Bien-Aimé, elle reçoit ses caresses. Dans un silence mystique elle écoute ce que murmure le Bien-Aimé. Cette attention silencieuse est très douce. Dans le sommeil mystique elle s’appuie sur le Bien-Aimé. Elle voit son âme comme un clair miroir. 127
CHAPITRE X. Un esprit d’amour la pousse vers le Bien-Aimé comme une épouse pleine de zèle pour la gloire de son Époux et pour le salut des âmes. Cet esprit d’amour semble sortir à la recherche d’âmes à conquérir. Elle couve ces âmes et de cette manière se consomme le mariage spirituel, car elle a conçu par l’opération du Bien-Aimé cet esprit de zèle pour le salut des âmes. Elle agit familièrement avec le Bien-Aimé. 128
CHAPITRE XIII. Comme Épouse de Jésusi elle soigne ses intérêts. Elle puise aux trésors divins afin de satisfaire pour les fautes des hommes. Elle tâche d’apaiser le Bien-Aimé et l’invite à prendre son délassement dans son cœur. Elle a sucé l’esprit de pardon et de compassion de la Sainte Vierge. 131
CHAPITRE XV. Elle perçoit en elle le travail d’un esprit d’amour et de prière. Sous cette influence elle se sent portée à soulever une âme dont elle sent le poids. Elle place cette âme dans le côté de Jésus, qui l’y reçoit. Elle agit de même avec l’âme d’un hérétique dans l’espoir d’une conversion. Le Bien-Aimé se complaît en ce zèle du salut des âmes. 133
CHAPITRE XVI. Quelques mystiques condamnent, comme mauvais, cet esprit d’amour agissant de certaines âmes. Ils ne comprennent pas que le zèle des âmes appartient en propre aux vraies épouses du Christ. Celles-ci, étant possédées par le parfait esprit d’amour, ne peuvent demeurer oisives, mais travaillent sans qu’il y ait imperfection. Parfois cependant l’amour agit en elles d’une façon plus intérieure. 135
Traité de la vie « Marie-forme » (M. de Saint-Augustin avec Marie Petyt) 139
[Présentation] 139
CHAPITRE I De même que nous pouvons vivre une vie déiforme et divine, ainsi pouvons-nous vivre une vie « Marie-forme » et mariale, c’est-à — dire une vie menée selon le bon plaisir de Marie et dans son esprit. 141
CHAPITRE II De même que nous pouvons vivre en Dieu, ainsi pouvons-nous vivre en Marie, soit en agissant, soit en souffrant, soit en mourant, ce qui se produit dans l’âme par habitude acquise ou sous l’influence de l’amour de Dieu. 144
CHAPITRE III. Comment l’amour divin dans l’âme comprend la Mère aimable dans son extension et fait vivre l’âme à la fois en Dieu et en Marie. Comment aussi l’âme se comporte à l’égard de la Mère de Dieu en dehors de cette opération directe de l’Esprit-Saint. 146
CHAPITRE IV. De même qu’il faut vivre, agir, souffrir, mourir pour Dieu, ainsi le faut-il faire pour notre aimable Mère. – De quelle manière. 149
CHAPITRE V. La vie et la mort pour Marie doivent être ultérieurement dirigées vers Dieu, pour Dieu, sans recherche personnelle. Il en est de même dans le culte rendu aux autres saints. 151
CHAPITRE VI La vie mariale renferme en soi plus de perfection que l’état de simple union avec Dieu tel qu’il se trouve chez les bienheureux. Cette vie est « mariano-divine » à la fois en Dieu et pour Dieu, en Marie et pour Marie purement et simplement. 153
CHAPITRE VII La vie mariale a pour objet Dieu et Marie considérés comme unis ou un entre eux d’une manière sublime, tout comme l’objet d’un autre mode de vie contemplative peut être ou Dieu seul ou Dieu considéré comme personnellement uni à l’homme et un avec lui. Opérations qui en découlent dans l’âme. 156
CHAPITRE VIII La vie mariale ne constitue pas un obstacle pour la vie contemplative simple. Comment il la faut exercer en dehors de l’attirance actuelle de l’Esprit-Saint, et comment la pratiquaient de fait saint Pierre Thomas et d’autres Saints. 159
CHAPITRE IX La vie mariale tire son excellence de l’union très parfaite de Marie avec Dieu ; s’il en était autrement, ce serait une pratique imparfaite qui mettrait comme un écran entre l’âme et Dieu. Marie en tant que Mère de Dieu est plus une avec Dieu et plus déifiée qu’aucune autre créature. 162
CHAPITRE X Quelques âmes reçoivent un surcroît d’attrait pour la vie mariale grâce à des illuminations intérieures concernant ses excellences grâces, prérogatives, etc., de là se développe un amour admirable envers Marie. 165
CHAPITRE XI Autres actes d’amour envers Marie : la joie causée dans l’âme par les excellences et le très doux nom de Marie, le repos, la respiration et la vie de l’âme en Marie. En quel sens l’âme vit à la fois en Marie et en Dieu et comment elle se liquéfie en Elle et s’unit à Elle. 167
CHAPITRE XII L’âme peut vivre en esprit la vie mariale en Marie pour Marie avec autant de simplicité et de profondeur que la vie divine en Dieu pour Dieu, surtout dans le recueillement profond de l’oraison. Tout se passe comme si Dieu, Marie et l’âme ne faisaient plus qu’un (doctrine mal comprise par certains mystiques) pourvu toutefois que cette vie procède de l’Esprit divin, comme il est arrivé chez de nombreux saints. 169
CHAPITRE XIII Cet amour pour Marie est opéré dans l’âme par ce même Esprit de Jésus qui produit en elle l’amour envers Dieu le Père, comme nous le voyons en Jésus. Cet Esprit de Jésus fait vivre l’âme divinement en Dieu pour Dieu et tout ensemble marialement en Marie pour Marie, sans aucun obstacle pour la parfaite union mystique. 173
CHAPITRE XIV L’Esprit de Marie dirige, possède, agit et vivifie quelques âmes. En quel sens et de quelle manière. Ces âmes vivent alors par l’esprit de Marie, leur vie est Marie, elles sont comme transformées en Marie. 175
Autobiographie de Marie de Sainte-Thérèse 179
L. van der Bossche, Introduction 180
NDE, « Envoi » 183
Marie Petyt, I. Autobiographie 185
I. Enfance et jeunesse 185
1. La famille. 185
2. Grandes qualités de son père et de sa mère. 186
3. Une enfant douée et agréable. 187
4. Culture de la piété et de la discipline. 188
5. La variole. 189
6. Le goût de la pureté virginale. 190
8. En pension à Saint-Omer. 191
9. La piété au pensionnat 192
10. La liberté à Poperinghe. 194
11. Attrait du monde. Grave maladie. 195
12. 196
II. Une vocation qui cherche son vrai cadre. 203
1. Au couvent des chanoinesses régulières de Saint-Augustin. 206
3. Chez une compagne 224
4. Tertiaire du Carmel et direction de Michel de Saint-Augustin. 229
5. Départ du père Michel de Saint-Augustin 238
III. l’Ermitage » à Malines. 249
1. Les débuts 250
2. La solitude 258
3. Suite du récit biographique 261
4. Établissement à l’« Ermitage » et profession 267
IV. Nuit et déréliction 269
V. Fin de la nuit obscure. 308
VI. « Esprit de prière » perpétuel et supplications 321
VII. L’État de simplicité essentielle 331
II. Lettres et billets. 343
Brefs passages 343
Extrait de la relation du père Michel de Saint Augustin. 345
A Carmelite Mystic in Wartime 347
Chapter 2 Maria Petyt against the Background of the Political and Religious Situation in Flanders in the Seventeenth Century 347
Confessionalization and the Political Situation in the Southern Netherlands 348
The Dutch War 351
Chapter 3 Daily Life at the Hermitage in Mechelen at the Time of Maria Petyt (1657–1677) 355
Introduction 355
The Monastery of the Carmelites in Mechelen 356
The Physical Life 361
The Spiritual Life 362
Source & Table 365
Source web 365
Contents 365
Bibliographies, reprises, classements 367
Maria Petyt et ses traductions sur le web 367
Méthode pour transcrire des pages issues de Gallica 367
Les traductions reprises dans ce volume 367
Reclassement par livres et chapitres suivant l’édition flamande 369
Bibliographie des études et des éditions de Marie Petyt et Michel de Saint-Augustin 369
Textes de SAINT GRÉGOIRE LE GRAND & SAINT JEAN DE LA CROIX
groupés et illustrés par DOM GEORGES LEFEBVRE Moine de Ligugé
COPYRIGHT BY DESCLÉE DE BROUWER - PARIS 1953
lulu.com, coll. « Chemins mystiques », HC.
Note de la réédition
Je réédite à l’usage d’amis un texte que nous n’avons pu retrouver en achat même d’occasion sur le Web.
Les notes sont données en petit corps ; de même également en petit corps les références marginales à Saint Grégoire.
Je souligne des passages que Lilian S. a marqué en marge d’un trait de crayon double, en ajoutant parfois entre crochets l’annotation marginale de L.
Dominique Tronc
Table
INTRODUCTION 7
PRIÈRE PURE 15
Saint Grégoire le Grand 17
Saint Jean de la Croix 37
La grâce de la prière : Plénitude et dépouillement 67
PURETÉ DU CŒUR 89
Saint Grégoire le Grand 91
Saint Jean de la Croix 101
Grâce et renoncement 124
ÉPILOGUE 143
Dossier rassemblant des contributions de Lilian Silburn dont celles parues dans la revue Hermès. Etabli sur des publications des Editions de Deux Océans 368.
lulu.com,. HC.
TABLE DES CONTRIBUTIONS
LILIAN SILBURN 3
LE VIDE, LES VOIES, LE MAITRE 3
Dossier rassemblant des contributions de Lilian Silburn dont celles parues dans la revue Hermès 3
LE VIDE 7
Le Vide, le rien, l'abîme. 9
LES MODALITÉS DU VIDE 10
CONCENTRATION MENTALE ET VIDE MYSTIQUE SPONTANÉ 10
ASPECTS PASSIF ET ACTIF DU VIDE MYSTIQUE 14
VIDE INTERSTITIEL 18
VIDE DU DÉNUEMENT 21
VIDE ET DÉTACHEMENT DE LA QUIÉTUDE 21
VIDE ET COAGULATION 27
NUIT DE L'AMÈRE DESTRUCTION 30
VIDES INCONSCIENTS 34
ANÉANTISSEMENT ET RIEN 42
CONSCIENCE REVENUE SE DÉTACHANT SUR UN FOND DE VIDE INCONSCIENT 51
L'ABÎME 61
Les sept vacuités d’après le çivaïsme du Cachemire . 67
KHA, MOYEU, ET VIDE DE L'INTÉRIORITÉ 68
VYOMAN OU IMMENSITÉ DE LA CONSCIENCE 69
INTÉRIORITÉ ET VIDE INTERSTITIEL 69
VIDE INFÉRIEUR 71
VIDE INTERMÉDIAIRE 72
VIDE SUPÉRIEUR 72
VIDE UNIVERSEL DE L'ÉNERGIE OMNIPÉNÉTRANTE 73
VYOMAN OU IMMENSITÉ COSMIQUE 73
VIDE DE L'ÉGALITÉ (SAMANÂ) 74
VIDE SUPRAMENTAL (UNMANÂ) 74
SEPTIÈME VIDE 75
LES VOIES 77
Introduction : « Accès au Sans-accès » . 79
L'ESSENCE 79
L'Essence unique et incomparable 79
L'indicible Essence 82
L'Essence vivante 85
Le Tout 94
LES VOILES 97
Intensité omnipénétrante de la lumière 98
Opacité des voiles ou des attributs divins 100
La taie sur l'oeil ou le voile de la dualité 101
Le théâtre d'ombres 103
LES VOIES 107
La saisie par le coeur 107
La grâce 110
L'eau et la glace 113
Les trois voies 115
Les trois voies et la non-voie dans le Śivaïsme non dualiste du Cachemire . 121
Manifestation et retour à la source : le jeu divin 121
STANCES FINALES DU PREMIER CHAPITRE DU TANTRÂLOKA d'ABHINAVAGUPTA . 125
Les voies libératrices 126
STANCES DU TANTRÂLOKA : LA TRIPLE VOIE 129
La grâce et la triple absorption 130
VOIE DE L'INDIVIDU OU DE L'ACTIVITÉ 139
Opérations purificatrices 140
Les yogānga ou membres du yoga 141
Recueillement ou méditation (buddhidhyāna) 144
Le sacrifice du monde objectif 146
LA VOIE DE L'ÉNERGIE COGNITIVE 148
VOIE DIVINE OU DE LA VOLONTÉ 157
Triple aspect du reflet de l'univers dans la Conscience 161
L'ABSENCE DE TOUTE VOIE (ANUPÂYA) 164
LE TANTRASARA D'ABHINAVAGUPTA . 169
Chapitre I 171
Chapitre II 172
Chapitre III 173
Chapitre IV 177
Chapitre V 182
Le domptage du buffle 189
LES DIX ÉTAPES DANS L'ART DE GARDER LA VACHE par K'UO AN . 189
Avant-propos 189
Les dix étapes 191
Analyse : le domptage du buffle 198
LE MAÎTRE 201
Techniques de la transmission mystique dans le shivaïsme du Cachemire . 203
ROLE DE LA GRÂCE 204
LES MAÎTRES 206
MODALITÉS DE LA TRANSMISSION 210
LES INITIATIONS 216
1. - Initiation du fils spirituel. 216
2. - Onction du guide spirituel (abhisheka). 220
De l'imposture à l'incompétence. Bons et mauvais disciples. 225
Inde 226
Extrême-Orient 229
Christianisme 233
BONS ET MAUVAIS DISCIPLES 239
Autour d'un sadguru de l'Inde contemporaine . 245
TÉMOIGNAGES 247
I 247
II . 249
III . 257
VARIA 267
Un fil d’Ariane . 269
Sur le Nuage d'Inconnaissance . 273
Œuvres et abréviations. 277
TABLE DES CONTRIBUTIONS 281
Les origines. Jean-Chrysostome de Saint-Lô, directeur de Jean de Bernières. 322
Jean de Bernières, directeur de Jacques Bertot. 324
Jacques Bertot, directeur de Jeanne-Marie Guyon. 327
Madame Guyon et ses dirigés. 337
Une école mystique française. 339
32.MADAME GUYON AU CENTRE D’UNE FILIATION MYSTIQUE 341
(41) Mme Guyon au centre……..docx
Liste de proches : réseau normand, puis parisien, enfin européen : 358
32.MADAME GUYON AT THE CENTRE OF A MYSTICAL TRANSMISSION 360
(42)Madame Guyon at the center…..odt
D. Tronc, « Quiétude et vie mystique : Madame Guyon et les Chartreux », Transversalités, Inst. Cath. de Paris, n°91, juillet-septembre 2004, 121-149. [Repris partiellement : Les années d’épreuve…, « Annexes, Le procès des mœurs », Champion, 2009, 450-462.]
La présentation rapide de la biographie de madame Guyon, mais détaillée en ce qui concerne ses rapports avec les chartreux et avec leur Général (I. Eléments historiques), nous donne l’occasion d’examiner très précisément les charges portées contre elle et de confirmer sa réhabilitation (II. Accusations). Que cette incursion érudite dans la chicane ne décourage pas le lecteur ! Le second volet de notre étude aborde le thème crucial de la transmission cœur à cœur de la grâce au sein du réseau spirituel dans lequel fut formée madame Guyon (III. Une filiation au sein d’un réseau), puis suit le lent parcours d’une vie mystique selon le plan exposé dans le traité des Torrents, en tentant un dialogue avec Dom Le Masson (éventuellement assisté par Hugues de Balma) : voie active de la méditation, voie passive de lumière, voie passive en foi, cette dernière conduisant, par le dépouillement, de l’amour à une vie nouvelle (IV. La vie mystique).
Dom Le Masson résume ainsi, en 1699, à la fin de la « querelle du quiétisme », la doctrine suspecte et les effets qu’on en peut attendre 369 :
« Quelle conduite spirituelle intérieure, quelle pratique conforme aux principes de l'Évangile ; quelle pureté de morale peut-on attendre des personnes qui sont persuadées ?
1. Qu'il n'est question que de faire à Dieu un don de sa liberté, lequel étant une fois fait dure toujours, sans qu'il soit besoin de le renouveler, et que ce serait même une faute de le réitérer.
2. Que l'Âme qui a fait ce don doit croire que l'esprit de Dieu la possède et la gouverne, de telle sorte que c'est lui qui agit d'en elle, et qu'elle doit considérer toutes ses pensées et tous ses mouvements comme des opérations divines.
3. Qu'elle doit s'abandonner à cette conduite de l'Esprit de Dieu sans faire [59] aucune réflexion sur elle-même, ni sur ce qui se passe dans elle, et sans faire autre chose que pratiquer l'abandon.
4. Qui croit que c'est déroger à cet abandon, que de demander quelque chose à Dieu, tel qu'il puisse être, et en quelque état qu'elle se trouve de dangers, de tentations, etc. et qui n'a besoin que de cet abandon pour toute préparation aux Sacrements.
5. Et enfin qui croit faire un sacrifice à Dieu en renonçant au salut éternel.
Que peut-on, dis-je, attendre des personnes préoccupées de ces erreurs ? Rien autre chose,
1. Qu'une destruction cachée, mais réelle, et effectuée de toutes les bonnes moeurs.
2. Qu'un anéantissement du Christianisme.
3. Et enfin qu'un Athéisme d'exercice et de pratique, dans lesquelles on vivra en ne rendant pas plus de culte à Dieu que s'il n'y avait point de Dieu.
Il ne restera donc plus dans ces personnes, que la bestialité de l'homme animal, et que la cupidité revêtue des termes de piété, que ces Spirituels abandonnés ont dérobé des livres des mystiques pour s'en faire comme des habits et en couvrir leurs turpitudes.
Ou plutôt il ne restera plus qu'une diabolicité, s'il est permis d'user de ce terme, [60] revêtue d'un vêtement trompeur d'Amour de Dieu imaginaire.
Voilà de quels malheurs le Christianisme est délivré par l'extirpation du Quiétisme. » .
Ce texte frappe par son extrême violence et nous essaierons donc d’en comprendre l’origine en retraçant tout d’abord le trajet biographique de madame Guyon, puis en examinant les charges portées contre ses mœurs, enfin en esquissant quelques points de comparaison entre les conceptions de la vie intérieure chez deux spirituels que rien n’aurait dû opposer.
Madame Guyon (1648-1717) est une figure célèbre mais méconnue. Rappelons brièvement les principaux événements de sa vie, en privilégiant ses relations avec les chartreux et les chartreuses.
Elle naît en 1648 dans une famille bourgeoise riche. Cinquième enfant issue d’un second mariage de son père, elle semble avoir été négligée : ainsi, livrée à elle-même, elle va « dans la rue avec d'autres enfants jouer à des jeux qui n'avaient rien de conforme à sa naissance » 370. Elle a cependant la chance d’être éveillée à la vie de l’esprit par sa demi-sœur religieuse Marie-Cécile, « si habile qu’il n’y avait guère de prédicateurs qui composât mieux des sermons qu’elle » .
Elle sera également en bons termes avec son demi-frère Grégoire, de la chartreuse de Gaillon. Il a toute son estime, ce dont témoigne une lettre qu’elle lui écrit en décembre 1684. Elle témoigne également de l’esprit qui animait madame Guyon au moment de sa rencontre avec Dom Le Masson :
« Vous ne devez pas douter, mon très cher frère, que ce ne soit avec beaucoup de plaisir que je reçois de vos nouvelles, mais je vous dirai simplement que votre dernière m’en a donné plus que nulle autre. Elle a le goût du cœur, vous êtes le seul de ma famille qui goûtiez la conduite de Dieu sur moi […]. Vous ne sauriez dire le bien que Notre Seigneur fait faire à Grenoble pour l’intérieur […]. Il faut que je verse mon cœur dans le vôtre et que je vous dise q371.
ue je trouve partout cette volonté essentielle de Dieu, non hors de Lui, mais en Lui-même, en sorte qu’Il m’a mise dans l’impossibilité de faire autre chose que ce qu’Il veut de moment en moment, sans que je puisse me regarder moi-même… »Grégoire mourra, âgé, en février 1698, au moment même où madame Guyon subira les longs interrogatoires de La Reynie, dans le donjon de Vincennes.
Revenons en 1664. Elle est mariée à seize ans :
« Mon mari avait vingt et deux ans de plus que moi […] J'eus quelque temps un faible, que je ne pouvais vaincre, qui était de pleurer […] L’on [il s’agit de la belle-mère autoritaire] me tourmentait quelquefois plusieurs jours de suite sans me donner aucune relâche […] Je m'en plaignais quelquefois à la Mère Granger372 qui me disait : Comment les contenteriez-vous, puisque depuis plus de vingt ans je fais ce que je peux pour cela [pour les contenter], sans en pouvoir venir à bout ? » 373.
Après « douze ans et quatre mois de mariage » son mari meurt avec courage en 1676, réconcilié par l’attention avec laquelle elle le soigna : « Il me donna des avis sur ce que je devais faire après sa mort pour ne pas dépendre des gens… ». Elle est veuve, âgée de 28 ans, ayant eu cinq enfants dont trois lui survivront.
Une longue nuit mystique de sept années prend fin deux ans plus tard. Elle règle affaires familiales et financières, consulte son directeur Bertot et des spirituels dont Claude Martin, le fils de Marie de l’Incarnation, puis part en Savoie : « Je donnai dès Paris […] tout l'argent que j'avais […] Je n'avais ni cassette fermant à clef, ni bourse 374. » A Gex, près de Genève, où elle arrive fin juillet 1681, « l’on me proposa l'engagement et la supériorité » des Nouvelles Catholiques chargées de l’éducation de jeunes protestantes. Mais « certaines abjurations et certains détours ne me plaisaient pas ».
C’est à ce moment que, « dépouillée de tout, sans assurance et sans aucuns papiers, sans peine et sans aucun souci de l'avenir », elle compose en 1682, à Thonon, où se jette la Dranse dans le lac Léman, les Torrents, un exposé du déroulement de la vie mystique illustré par une analogie. Elle découvre aussi « une autre manière de converser », en union avec le P. Lacombe : « j’apprenais son état tel que je le ressentais, puis incontinent je sentais qu’il était rentré dans l’état où Dieu le voulait…375 »
A l’automne 1683 elle se rend de Thonon à Turin qu’elle quittera le 2 avril 1684 pour Grenoble où elle reprend son apostolat qui s’étend:
« Je ne fis aucune visite, mais je fus surprise lorsque, peu de jours après mon arrivée, il vint me voir plusieurs personnes qui faisaient profession d'être à Dieu d'une manière singulière. / Je m'aperçus aussitôt d'un don de Dieu qui m'avait été communiqué, sans que je le comprisse, du discernement des esprits et de donner à chacun ce qui lui était propre. […] Je voyais clair dans le fond l'état des âmes de celles qui me parlaient, et cela avec tant de facilité, que celles qui venaient me voir étaient dans l’étonnement et se disaient les unes aux autres que je leur donnais à chacune ce qu’elles avaient besoin […], elles s'envoyaient (à moi) les unes les autres. Cela vint à tel excès que, pour l'ordinaire, depuis six heures du matin jusqu’à huit heures du soir, j'étais occupée […]. Il leur était donné une facilité surprenante pour l'oraison… » 376
Cet apostolat s’étend à des religieux (des capucins et / ou des bénédictins 377) :
« …un frère qui s'entend très bien aux malades étant venu à la quête, et ayant su que j'étais mal, entra. Notre-Seigneur […] permit que nous entrâmes dans une conversation qui réveilla en lui l'amour qu'il avait pour Dieu, et qui était, à ce qu'il dit, étouffé par ses grandes occupations. Je lui fis comprendre qu'il n'y avait aucune occupation qui pût l'empêcher ni d'aimer Dieu, ni de s'occuper de lui. » 378
« Ce bon frère fit en sorte que son supérieur me vint voir pour me remercier des charités, disait-il, que je leur faisais. Notre-Seigneur permit qu'il trouva quelque chose dans ma conversation qui lui agréa. Enfin il fut achevé d'être gagné, et ce fut lui qui, étant fait visiteur à quelque temps de là, débita une si grande quantité de ces livres [il s’agit du Moyen court] qu'ils firent acheter à leurs frais… » 379.
Elle fait ensuite allusion à l’ordre des chartreux :
« Notre-Seigneur me donna un très grand nombre d'enfants et trois religieux fameux d'un ordre dont j'ai été et suis encore fort persécutée. Ceux-là me sont très intimes, surtout un. Il me fit servir à un grand nombre de religieuses et de filles vertueuses… » 380.
Elle rédige des Explications de l’Ecriture sainte incluant une interprétation du Cantique des cantiques. Le 7 mars 1685, est publié le Moyen court, à l’initiative d’un conseiller au Parlement. D’assez nombreuses réimpressions feront de cet ouvrage un succès de librairie tandis que le rayonnement de l’auteur atteint des chartreux et des chartreuses.
La grande Chartreuse n’est en effet guère distante « de la ville de Grenoble, d’où l’on apporte tous les jours des denrées, la charge de deux mulets, car il faut beaucoup de vivres aux religieux, qui sont au nombre de plus de soixante… » 381. Madame Guyon aura connu les bâtiments avant l’incendie du 10 avril 1676, lorsqu’elle rencontra Dom Le Masson, peut-être pour solliciter sa permission de prendre contact avec des chartreuses. Ce dernier nous déclare :
« Je n'avais pu me dispenser, six ou sept ans auparavant, de parler à la dame, qui était venue de Grenoble, monter dans un endroit de nos [12] rochers, où elle pouvait me parler. Ceux qui m'accompagnaient peuvent être des fidèles témoins de ce que je leur dis après être sorti de la conversation de cette dame, des sentiments que j'avais conçus de ces entretiens spirituels, qui m'étaient venus tout d'abord [sic] fort suspects. » 382.
Le rayonnement de l’apostolat d’une simple laïque apparaît finalement assez dérangeant et l’évêque de Grenoble, Etienne Le Camus 383, fait prier Mme Guyon de quitter Grenoble :
«…La dame me demanda la permission de continuer ses conférences, et je la lui refusai, et je lui fis dire qu’il lui serait avantageux de se retirer du diocèse [de Grenoble]. De là, elle s’en alla dans des monastères de chartreuses, où elle se fit des disciples. / Elle était toujours accompagnée d’une jeune fille qu’elle avait gagnée… [suit un récit que nous reproduirons dans la section relative aux moeurs] / Ce général, homme très savant et très sage, a été obligé de sortir de sa solitude, pour aller réparer les désordres que cette dame avait faits dans quatre couvents de chartreuses, où elle avait fait la prophétesse comme partout ailleurs. » 384.
Madame Guyon visita de fait au moins le monastère de Premol, distant de trois lieues de Grenoble, qui comptait probablement une trentaine de religieuses 385 :
« Elle vit en ce pays-là les chartreuses de Ple…. [Prémol], à qui elle donna un commentaire sur le Cantique des cantiques et leur apprit beaucoup de choses de spiritualité, dont le père général des chartreux ne fut pas content : ce qui l’a même engagé depuis à faire d'autres commentaires sur le même cantique […] elle cessa, à cause de cela, de voir les chartreuses…» 386
Ses livres et sa doctrine pénétrèrent également à Mélan et à Salettes 387. Cette irruption dans la vie des chartreuses irrita le Général, dont son biographe nous dit :
« À peine averti, nous le voyons recourir aux grands moyens : il va se rendre lui-même sur les lieux. / Pour comprendre ce que cette démarche a de tout à fait insolite, il faut se rappeler que l'observance des « limites de chartreuse » est pour le général [.] une tradition sacro-sainte, et à laquelle on ne cite que très peu de dérogations dans toute histoire de l'ordre. Néanmoins Dom le Masson n'hésite pas à recourir à Rome pour demander les dispenses nécessaires. Le 4 avril 1690, il obtient d'Alexandre VIII un bref l'autorisant à visiter en personne les trois couvents [.] Dom Innocent agit avec vigueur. Il fait brûler sous ses yeux tous les livres qui, de près ou de loin, touchent au quiétisme ; puis il rassemble les moniales en séance capitulaire, et, après avoir réfuté les doctrines guyonniennes, il expose les principes du véritable amour de Dieu d'après saint François de Sales : la première preuve en est l'obéissance à la loi de Dieu et aux Statuts de l'ordre. [.] La visite avait porté d'excellents fruits. « Les moniales furent subjuguées par la science et la vertu du révérend père » nous dit l'historien du monastère de Mélan [.] « J'ai de la joie, écrit de son côté le général à la prieure de ce monastère, d'apprendre que vous avez remis les esprits à la paix [.] Vous savez, ajoute-t-il, qu'il y avait bien du déchet. » 388.
L’irritation de Le Masson envers « cette femme que Saint-Jean appelle Jézabel dans son Apocalypse 389 » l’emporte :
« Je connais de quoi est capable Madame de Guyon et de nom et de doctrine, d'œuvre et même de visage, car elle a voulu me voir, et je lui ai parlé sur le bord de notre désert. [.] Madame de Maintenon a fait un bien qui est encore plus grand qu'elle ne pense en faisant écarter et resserrer cette femme. » 390.
L’alarme, qui n’avait visiblement pas été dissipée par leur rencontre, provoqua finalement la rédaction par Le Masson d’une Déclaration […] à la postérité 391 :
« Voici l’origine de ma descente chez les moniales […] J'ai reconnu depuis par expérience locale la grandeur du mal qui surpasse beaucoup tout ce que je pensais, et la nécessité du remède [.] sans recourir à Rome, où il faudrait décliner son nom, révéler la turpitude, etc. »
La « turpitude » ne semble pas avoir été très considérable. En 1702 :
« Dom Charles le Coulteux montre que nul reproche ne fut tenu contre les communautés de Prémol et de Salettes ; il précise ce qu'on put constater à Mélan : « Choses de peu d'importance », selon lui, « dont les communautés de filles ne sont jamais exemptes ». Notre documentation ne nous permet guère de concilier ces jugements contrastants [entre Le Masson et Le Coulteux]…» 392.
Revenons à madame Guyon, en route pour la seconde fois vers le Piémont, cette fois-ci par mer, car nous sommes à peine sortis de l’hiver 1685. A Marseille, elle est appréciée de Malaval. Après un voyage difficile sur mer, par suite de tempête, et sur terre, par suite du mauvais accueil des Génois bombardés peu de temps auparavant 393, et d’une rencontre de voleurs, elle arrive à Gênes le 18 avril et à Verceil [Vercelli, à 70 kilomètres de Milan] le 20 avril. Elle est bien accueillie par l’évêque V.A. Ripa 394, qui fut en relation avec le cardinal quiétiste Petrucci, puis par son amie la marquise de Prunai, proche de la Cour de Turin. Elle écrit cependant le 3 juin 1685 à J. d’Arenthon, évêque de Genève, qui lui refusera de s’installer dans son diocèse 395. Enfin, après un séjour de près d’un an en Piémont 396, madame Guyon et le P. Lacombe, nommé à Paris, retournent au printemps 1686 en France, et passent une seconde fois par Grenoble :
« Tous ceux que Dieu m'avait donnés la première fois que je fus à Grenoble, me vinrent voir durant ma maladie, et témoignèrent une extrême joie de me revoir. Ils me montrèrent les lettres et les rétractations de cette pauvre fille passionnée [Cateau-Barbe] 397, et je ne vis pas que personne fut resté impressionné de ses contes. Monsieur de Grenoble me témoigna plus de bonté que jamais, m'assura n'en avoir jamais rien cru, et m'offrit de rester dans son diocèse. L’on me fit encore de nouvelles instances pour me porter à rester à l'hôpital général…» 398.
Ils remontent enfin vers Paris, sont à Lyon le 25 mai, puis à Dijon où ils rencontrent Claude Quillot. Le 16 juillet, Molinos est arrêté à Rome. « J’arrivai à Paris la veille de la Madeleine 1686 [22 juillet], justement cinq ans après mon départ. » Nous abrégeons la suite, période publique mieux connue 399 :
Des jalousies entre religieux « firent entendre à Sa Majesté que le père Lacombe était ami de Molinos » […] Quant à elle : « l’on me signifia que l'on ne voulait pas me donner ma fille, ni personne pour me servir; que je serais prisonnière, enfermée seule dans une chambre […] au mois de juillet dans une chambre surchauffée. » On veut en fait marier sa fille au neveu (dissolu) de l’archevêque de Paris, Harlay.
Libérée, elle quitte le couvent-prison de la Visitation pour habiter « une petite maison éloignée du monde. » Elle est active auprès d’un cercle de disciples et à Saint-Cyr où « madame de Maintenon me marquait alors beaucoup de bontés ». Le duc de Chevreuse lui fait connaître Bossuet, auquel on communique la Vie écrite par elle-même que ce dernier « trouva si bonne qu'il lui écrivit qu'il y trouvait une onction qu'il ne trouvait point ailleurs, qu'il avait été trois jours en la lisant sans perdre la présence de Dieu 400 ».
Cela ne dure pas. Elle a quarante-sept ans lorsque commence la seconde période d’épreuves. Elle se rend tout d’abord d’elle-même au couvent de Sainte-Marie de Meaux où elle conquiert l’estime de la mère Picard et des religieuses tandis qu’elle est fort menacée par Bossuet, soumis lui-même aux pressions de madame de Maintenon (les causes du changement d’attitude de l’épouse secrète du Grand Roi ne sont pas encore clairement établies : se mêlent l’attitude de Fénelon, la crainte du scandale, et peut-être une jalousie spirituelle).
Madame Guyon est finalement arrêtée et enfermée par lettre de cachet à Vincennes : « après neuf ou dix interrogatoires de six, sept et huit heures quelquefois, il [M. de La Reynie] jeta les lettres et les papiers sur la table…» Elle est transférée dans un couvent-prison à Vaugirard constitué spécialement : « [la gardienne] venait m'insulter, me dire des injures, me mettre le poing contre le menton, afin que je me misse en colère. » On bascule enfin de la contrainte à la terreur : « M. le Curé me dit, un jour, un mot qui me parut effroyable […] qui était qu'on ne me mettait pas en justice parce qu'il n'y avait pas de quoi me faire mourir […] défendant, s'il me prenait quelque mal subit comme apoplexie ou autre de cette nature, de me faire venir un prêtre 401. »
Embastillée, elle subit « plus de vingt interrogatoires, chacun de plusieurs heures […] ma vie me quittait. Je tâchai de gagner mon lit pour mourir dedans […] J'aurais toujours caché mon mal, si l'extrême maigreur, jointe à l'impuissance de me soutenir sur mes jambes, ne l'eût découvert. On envoya quérir le médecin qui était un très honnête homme. L’apothicaire me donna un opiat […] Je le montrai au médecin qui me dit à l'oreille de n'en point prendre, que c'était du poison. » 402. Libérée à cinquante-quatre ans, durant ses dernières années actives à Blois, elle forme des disciples français et étrangers, avant de mourir en paix, âgée de soixante-neuf ans :
« Elle vivait avec ces Anglais [écossais] comme une mère avec ses enfants. […] ne leur interdisait aucun amusement permis, et quand ils s’en occupaient en sa présence et lui en demandaient son avis, elle leur répondait : Oui, mes enfants, comme vous voulez. […] Bientôt ces jeux leur devenaient insipides, et ils se sentaient si attirés au-dedans, que laissant tout, ils demeuraient intérieurement recueillis en la présence de Dieu auprès d’elle. » 403.
Le dossier des accusations portant sur la vie privée de madame Guyon est incontournable, car l’autorité du Général des chartreux, dont on nous dit qu’il était crédule, leur avait donné du poids. Les calomnies ont été réfutées grâce aux travaux érudits de Louis Cognet, Jean Orcibal, Marie-Louise Gondal.
Dom Innocent Le Masson avait écrit à M. Tronson 404, le 8 novembre 1694 :
« … Permettez-moi de vous témoigner la consolation que j’ai eue en voyant l’Ordonnance de Mgr votre archevêque, qui condamne et défend les livres d’une dame directrice dont la doctrine métaphysique a fait bien du tort à plusieurs bonnes âmes, et sa conduite encore plus à quelques-unes. J’ai trouvé son Cantique 405 entre les mains de nos filles chartreuses, qui leur aurait mis dans l’esprit de dangereuses rêveries si je ne leur avais retiré des mains ; et même je leur en ai dressé un autre 406, afin de leur arracher de l’esprit ce que celui de la dame y avait déjà imprimé. Je me donne l’honneur de vous l’envoyer… »
Il s’agissait là d’une « compétition portant sur l’autorité spirituelle » : le Général avait de bonnes raisons pour ne pas accepter l’intervention d’une laïque chez ses dirigées – quand bien même madame Guyon se défendait d’avoir recherché extérieurement ou intérieurement une telle autorité.
Mais Dom Innocent ne s’arrête pas là. Dans une lettre 407 écrite trois jours plus tard, le 11 novembre 1694, où il informe l’abbé de La Pérouse de l’envoi de son propre Cantique en réponse à celui de la Dame, il insinue des « choses terribles » 408. Car tout procès d’Inquisition requiert que deux volets soient remplis, l’un portant sur la doctrine et l’autre portant sur les mœurs 409.
« …J’ai écrit à M. Tronson une lettre de congratulation […] J’ai même donné charge à un des officiers de la Chartreuse de Paris de lui porter un de mes Cantiques, où il verra que je ne l’ai fait que pour détruire les dangereuses et méchantes rêveries de la Dame. […] C’est à moi-même, monsieur, que la patiente [il s’agit de Cateau-Barbe, fille qui fut un temps au service de madame Guyon] l’a dit, flens et gemens [pleurant et gémissant]. Elle me l’a dit comme un enfant à son père, pour tirer de lui instruction et consolation. C’est un sujet d’affliction qui lui reste au cœur d’avoir suivi, etc. [sic] ; et un des sujets de ses plus intimes actions de grâces à Dieu, c’est d’avoir été préservée du danger, qui lui paraît comme un abîme où elle devait périr, sans un secours spécial de la miséricorde de Dieu. C’était comme un pauvre agneau innocent qu’on menait, etc. [sic]. Il y a des circonstances singulières que le papier ne peut souffrir ; mais je prie M. T[ronson] d’user de sa prudence en ceci : car si cette dame adroite [madame Guyon] en avait la moindre ouverture, elle se douterait bien que c’est la patiente qui me l’a révélé, et elle envelopperait une fille angélique dans ses affaires. C’est un grand service pour le public que d’arrêter le cours du dommage que cette illuminée fera partout, si on la laisse faire. » 410.
On ne perçoit pas très clairement la nature exacte du lien suggéré. En tout cas Tronson aura connaissance de ces insinuations, comme l’indique sa lettre à l’abbé de la Pérouse du 29 janvier 1695, rendant compte de la défense de madame Guyon à l’époque des entretiens d’Issy :
« …elle donne des explications si catholiques aux difficultés qu’on lui propose, qu’il ne sera pas aisé de condamner la personne touchant la doctrine, à moins qu’on ne voie du dérèglement dans les mœurs. Le fait contenu dans le billet du Père général est terrible ; mais comme on ne peut nommer personne, il ne fera pas sur les esprits toute l’impression qu’il serait à désirer […] le détail que je vous ai écrit était pris de sa Vie […] je vous prie même d’effacer dans les lettres que je vous ai écrites, que ces choses sont tirées de sa Vie… » 411
Ce qu’il répète dans le post-scriptum à sa lettre adressée à Le Masson le 8 juillet 1695 :
« Je n’ai pu me servir efficacement du billet que vous savez et que M. l’abbé de la Pérouse m’avait envoyé, parce que le secret [d’obligation] m’empêchant de nommer personne, ni de dire le lieu d’où il était envoyé, il n’a eu aucun effet. » 412.
Le cardinal Le Camus, évêque de Grenoble, reprendra l’accusation dans une lettre adressée à l’évêque de Chartres en 1697. Cette lettre qui circula à Paris au moment des interrogatoires au donjon de Vincennes a déjà été citée 413 à propos de l’activité « missionnaire » de madame Guyon. Nous reproduisons maintenant les accusations :
« […] Elle était toujours accompagnée d’une jeune fille qu’elle avait gagnée, et qu’elle faisait coucher avec elle 414 : cette fille est très bien faite et pleine d’esprit. Elle l’a menée à Turin, à Gênes, à MarseiIle et ailleurs, et ses parents s’étant venus plaindre à moi de l’enlèvement de leur fille, j’écrivis qu’on la renvoyât, et cela fut exécuté. Par cette fille, on a découvert d’affreux mystères. On s’est convaincu que Mme Guyon a deux manières de s’expliquer. Aux uns, elle ne débite que des maximes d’une piété solide ; mais aux autres, elle dit tout ce qu’il y a de plus pernicieux dans son livre des Torrents, ainsi qu’elle en a usé à l’égard de Cateau-Barbe ; c’est le nom de cette fille dont l’esprit et l’agrément lui plaisaient.
Repassant par Grenoble, elle me fit tant solliciter 415, que je ne pus lui refuser une lettre de recommandation […]
Si le bénédictin [Dom Richebracque] ne s’était pas rétracté, c’eût été une nouvelle preuve contre cette dame : mais ce père se trouva engagé à se dédire par une personne de grande qualité dont il faut taire le nom 416. Mais il y avait déjà de quoi se convaincre assez des erreurs et de la conduite de cette femme, qu’on voyait courir de province en province avec son directeur […]
Le général des chartreux a écrit une très grande lettre à M. N. [Tronson], sur tout ce qu’il a découvert de la conduite de cette dame et de Cateau-Barbe. Ce général, homme très savant et très sage 417… »
Terminons sur les suites des insinuations concernant la perturbatrice. L’enquête menée par Chevreuse conduisit à des témoignages donnant un tout autre son de cloche. S’en détache celui du bénédictin, Dom Richebracque, qui répond point par point, en prenant la défense de l’accusée, en particulier, sur la question de ses mœurs 418 :
« …le bruit s'apaisa bientôt, parce, disait-on, que la fille [Cateau-Barbe] s'était rétractée, ayant, par les remords de sa conscience, reconnu que le seul dépit de n'avoir pas fait le voyage [en Piémont] l'avait fait parler si mal à propos. On disait aussi que cette fille avait eu quelque temps l'esprit égaré. Vous voulez, monseigneur, que j'ajoute s'il ne m'est rien revenu d'ailleurs de mauvais des mœurs de la dame. Je le fais, en vous assurant que non. On disait au contraire beaucoup de bien de sa grande retraite, de ses charités, de son édifiante conversation, etc. Un M. Giraud [l’éditeur du Moyen court], entre les autres, conseiller, et si j'ose le dire d'un si saint homme, mon ami, homme d'une probité reconnue, et que l'on m'a mandé être mort depuis quelques mois en odeur de sainteté, ne pouvait s'en taire, et prenait généreusement son parti, quand la prudence ou la charité l'exigeaient de lui. »
On dispose également d’attestations remarquables des religieuses et de la supérieure du couvent de Meaux où madame Guyon fut emprisonnée, de réfutations d’accusations diverses, etc. 419.
En conclusion, les deux insinuations les plus directes portant sur les mœurs les plus intimes, d’une part issue d’une dénonciation de Cateau-Barbe, reprise par Dom Le Masson, d’autre part venant des témoins de rapports paraissant trop intimes avec le P. Lacombe, renforcés par une fausse lettre attribuée au P. Lacombe et présentée à madame Guyon à Vincennes 420, ne purent être confirmées malgré des pressions intenses. Madame de Maintenon eut communication des interrogatoires préparés soigneusement 421, une enquête avait été préalablement conduite sur toutes les relations de l’accusée 422. Madame Guyon fut finalement lavée sur le chapitre des mœurs : « Et quand l’Assemblée du Clergé donna le 26 juillet 1700 à Bossuet l’occasion de présenter une relation de toute l’affaire, il dut reconnaître […] que pour les abominations qu’on regardait comme les suites de ces principes [quiétistes], il n’en fut jamais question, et cette personne en témoignait de l’horreur. » 423.
L’abbé Cognet, en 1967, met en cause l’évêque de Grenoble : « l'attitude prise par Le Camus demeure mystérieuse et, pour l'apprécier, il faut tenir compte des sympathies ouvertement jansénistes et de l'évidente duplicité du personnage, qui plus tard cherchera à se donner la gloire un peu facile d'avoir été l'un des premiers à détecter le quiétisme en France424. » Deux études de Jean Orcibal confirment la réhabilitation 425. Madame Gondal, puis nous-même constatons qu’« à mesure que les documents sortent du silence où ils ont été enfouis, la contre-accusation menée par l’accusée s’avère exacte 426. »
Elevons-nous maintenant au-dessus de la chicane pour aborder le fond spirituel. Les attitudes de l’évêque de Grenoble et de Dom Le Masson nous paraissent moins mystérieuses si l’on prend conscience que l’influence de madame Guyon reposait sur l’expérience vécue par ses amis, à savoir celle d’une transmission cœur à cœur de la grâce, apparemment inexplicable pour ces prélats, et ceci d’autant plus qu’il s’agissait d’une femme et d’une simple laïque.
Cette expérience est pourtant bien connue dans le monde entier ; elle est restée par exemple vivante dans l’orthodoxie. Madame Guyon affirme être le lieu où se transmet la grâce de cœur à cœur en silence. Le directeur spirituel est alors semblable à un canal où l’eau de la grâce dévale vers le cœur de celui qui reçoit et le fait avancer dans sa vie spirituelle.
Le célèbre verset « …lorsqu’il y a en quelque lieu deux ou trois personnes assemblées en mon nom, je suis là au milieu d’elles » est commenté ainsi par madame Guyon :
« Ils se parlent plus du cœur que de la bouche ; et l’éloignement des lieux n’empêche point cette conversation intérieure. Dieu unit ordinairement deux ou trois personnes […] dans une si grande unité, qu’ils se trouvent perdus en Dieu […] l’esprit demeurant aussi dégagé et aussi vide d’image que s’il n’y en avait point. […] Dieu fait aussi des unions de filiations, liant certaines âmes à d’autres comme à leurs parents de grâce. » 427.
Elle affirme ce lien intérieur avec Fénelon, qu’elle considère comme son fils spirituel le plus proche, et écrit en avril 1690 :
« …j’ai cette confiance que si vous voulez bien rester uni à mon coeur, vous me trouverez toujours en Dieu et dans votre besoin » 428.
A cette confiance, celui-ci répond à un moment où il craint de la voir mourir :
« …serais-je à l'avenir sans guide ? Vous savez ce que je ne sais point et les états où je puis passer [.] Je puis me trouver dans l'embarras ou de reculer sur la voie que vous m'avez ouverte, ou de m'y égarer faute d'expérience et de soutien. Je me jette tête première et les yeux bandés dans l'abîme impénétrable des volontés de Dieu. Lui seul sait ce que vous m'êtes en Lui et je vois bien que je ne le sais pas moi-même, mais je vous perds en Lui comme je m'y perds » 429.
Madame Guyon le considèrera un temps comme son successeur :
« Je vous laisse l’esprit directeur que Dieu m’a donné. » 430.
Mais Fénelon mourra avant elle.
Une telle direction spirituelle s’exerçant de cœur à cœur ne peut se justifier que si elle s’inscrit dans le droit fil d’une tradition. Les influences reçues par la jeune madame Guyon font apparaître un réseau spirituel très dense dont émergent des figures irréprochables sur le plan religieux catholique 431. Au sein de ce réseau qui couvre au moins trois générations, prend place une filiation cachée dont nous indiquons ici très brièvement l’existence.
Remontons le temps.
Madame Guyon, vers la fin de sa vie, rassemble les lettres et des opuscules de son directeur de jeunesse, le prêtre Jacques Bertot (1620-1681). Un « tombeau » est ainsi élevé à sa mémoire sous la forme de quatre volumes, édités en 1726, sous un titre inhabituel mais très exact : « Le Directeur mystique […] ». On retrouve un enseignement très semblable à celui de madame Guyon - à tel point que l’on a pu penser qu’elle avait mis la main à l’ouvrage (ce que le style très abrupt de Bertot dément à nos yeux).
Cette direction est assurée sans compromis. L’amour du directeur se manifeste dans sa rigueur ; on n’affronte rien qui soit au-dessus de ses forces, mais tout est apporté par la grâce et elle seule ; il n’y a pas de mérite 432. Voici un extrait d’une lettre de Bertot à la jeune madame Guyon :
« Vous ne pouvez assez entrer dans le repos et dans la paix intérieure; car c’est la voie pour arriver où Dieu vous appelle avec tant de miséricorde. Je vous dis que c’est la voie, et non pas votre centre : car vous ne devez pas vous y reposer ni y jouir, mais passer doucement plus loin en Dieu et dans le néant ; c’est-à-dire qu’il ne faut plus vous arrêter à rien quoiqu’il faille que vous soyez en repos partout. [.] Je vous en dis infiniment davantage intérieurement et en présence de Dieu; si vous y êtes attentive vous l’entendrez. Soutenez-vous en Dieu nuement et simplement, seule et une [.] N’ayez donc plus d’idées, de pensées, de sentiments de vous-même, non plus que d’une chose qui n’a jamais été et ne sera jamais.» 433.
Bertot parle de l’union spirituelle qu’il éprouve avec ses amis et disciples, avant que madame Guyon n’en fasse la description vécue. Il les porte comme un père dans ses prières et les amène à l’union avec lui dans le même état spirituel :
« Si j’entre dans cette unité divine, je vous attirerai, vous et bien d’autres qui ne font qu’attendre ; et tous ensemble n’étant qu’un en sentiment, en pensée, en amour, en conduite et en disposition, nous tomberons heureusement en Dieu seul. » 434.
Jacques Bertot fut le confesseur de la célèbre abbaye de Montmartre à Paris. Son rayonnement s’étendit au cercle de laïcs auquel vint se joindre la jeune Jeanne-Marie Guyon. Il avait été le confesseur des religieuses du couvent fondé à Caen par la sœur de Jean de Bernières (1602-1659) dont il était le fidèle compagnon. Ce dernier, qui fut le « directeur des directeurs de conscience 435 », accueillait ses amis à l’Ermitage. Il en parle avec humour :
« Il m’a pris un désir de nommer l’Ermitage l’hôpital des Incurables, et de n’y loger avec moi que des pauvres spirituels [.] Il y a à Paris un hôpital des Incurables pour le corps, et le nôtre sera pour les âmes. » 436.
« Je vous conjure, quand vous irez en Bretagne, de venir me voir; j’ai une petite chambre que je vous garde : vous y vivrez si solitaire que vous voudrez ; nous chercherons tous deux ensemble le trésor caché dans le champ, c’est-à-dire l’oraison. » 437.
Il était bien conscient de n’être que l’intendant de Dieu :
« Nous vivons ici en grand repos, liberté, gaieté et obscurité, étant inconnus du monde, et ne nous connaissant pas nous-mêmes. Nous allons vers Dieu sans réflexion [.] Je connais clairement que l’établissement de l’Ermitage est par ordre de Dieu, et notre bon Père [Chrysostome] ne l’a pas fait bâtir par hasard ; la grâce d’oraison s’y communique facilement à ceux qui y demeurent, et on ne peut dire comment cela se fait, sinon que Dieu le fait. » 438.
Ces rapports personnels dans sa direction évoquent des lettres que Madame Guyon adressera bien plus tard de Blois à des dirigés :
« …vous serez dans la maison du petit Maître tant que vous le voudrez et pourrez. Si les bons Ecossais viennent, vous pourrez découcher et descendre dans le bas, car je fais de vous comme des choux de mon jardin. » 439.
Jean de Bernières (et bien d’autres) furent dirigés par le rigoureux mais attachant père Chrysostome de Saint Lô (1594-1646), du Tiers Ordre Régulier franciscain, dont la vocation fut suscitée par un laïc, Antoine le Clerc sieur de la Forest (1563-1628).
Le P. Chrysostome fut lui-même formé par deux italiens arrivés vers 1590 : Vincent de Paris et son compagnon Antoine. La première communauté du Tiers Ordre Régulier franciscain s’était propagée jusqu’à Gênes où ils eurent en charge l’hôpital 440. On sait que Catherine de Gênes (1447-1510), dont l’influence sera très grande chez Jacques Bertot et Madame Guyon, a été une tertiaire franciscaine.
On voit que madame Guyon n’était en rien une aventurière puisqu’elle a été formée dans la plus grande rigueur au sein d’une tradition remontant aux franciscains. On peut remarquer aussi que ce milieu d’amis comprenait aussi bien des laïcs que des prêtres, des hommes que des femmes : Antoine le Clerc, sieur de la Forest - P. Chrysostome, religieux – M. de Bernières, receveur des impôts – M, Bertot, prêtre – Mme Guyon… Ceci a probablement interdit la fondation d’un ordre religieux qui eût pu défendre leur spiritualité en leur prêtant une identité structurelle.
Ces liens spirituels ont été vécus dans la plus grande discrétion, sans demander d’autorisation à une autorité. Cette liberté était difficile à admettre pour Dom Le Masson, qui n’en a vu que les dangers potentiels.
Après avoir évoqué le milieu dans lequel madame Guyon se situait, nous esquisserons l’étude de quelques thèmes mystiques sur lesquels Dom Le Masson et madame Guyon ont pu s’opposer. Nous nous appuierons sur plusieurs sources.
Deux ouvrages de Dom Le Masson critiquent incidemment les mœurs et la spiritualité de madame Guyon : La Vie de Mgr d’Arenthon d’Alex (1697) 441, suivie d’ Eclaircissements. (1699) 442. Deux de ses autres ouvrages abordent le quiétisme : l’Introduction à la vie Intérieure et parfaite […] (1677, 1701) 443 critiquait déjà « l’inaction » de « nouveaux mystiques », tandis que la Direction […] de l’Oraison […] à l’usage des religieuses chartreuses (1695) 444 réagit contre l’influence directe exercée par madame Guyon.
En face, on trouve trois brefs ouvrages de madame Guyon, (car la grande édition hollandaise de ses œuvres par le pasteur Poiret ne sera produite qu’à partir de 1712). Il s’agit du Moyen court (1685, 1686, .) 445 ; d’un Commentaire au Cantique des cantiques (Lyon, 1688) 446 ; d’une Règle des Associés à l’enfance de Jésus (1685, 1690). On note que ce qui est facilement accessible aujourd’hui, et donc lu, sont les « écrits de jeunesse » de la première moitié de sa vie : ils incluent les Torrents composés à Thonon dès 1682, ainsi que les deux premières parties (sur quatre en y rattachant le « récit des prisons ») de la Vie par elle-même -, tandis que les « écrits de maturité » de la seconde moitié de sa vie - elle mourut en 1717 âgée de soixante-neuf ans - restent méconnus : Lettres de directions spirituelles, écrits sur la Vie intérieure. 447.
Nous limiterons les citations au Moyen court, connu de Dom Le Masson, en suivant le plan du traité des Torrents, écrit auparavant. Ce dernier texte n’est pas un poème lyrique, comme le suggère un éditeur moderne 448, mais expose l’expérience d’une voie parcourue en de nombreuses années, suivant des étapes nettement différenciées. Nous reprenons leurs titres, judicieusement choisis par l’éditeur Poiret qui devint un disciple apprécié de madame Guyon.
C’est la voie traitée par Dom Le Masson dans la tradition des traités ouvrant la voie spirituelle. Dans La Direction […] à l’usage des religieuses chartreuses… le passage suivant reconnaît la réalité mystique tout en la faisant dépendre d’un ordre à suivre où l’adhésion à des croyances risque de prendre le pas sur la vie de foi :
« Vous verrez dans les avis qui sont donnés à la fin de ce traité aux âmes avancées, que quand elles sont comme arrêtées dans ce recueillement par une impression de grâce, et tout occupées de la présence de Dieu, elles doivent s'y tenir, en faisant des effusions de cœur dans son sein, tant que cette impression dure. Si la même [33] chose vous arrive, observez la même règle, mais revenez ensuite à l'ordre de votre direction. Il faut suivre cet ordre, parce qu'étant nécessaire que les commençants soient bien instruits et convaincus des vérités chrétiennes avant que de passer à un plus haut degré [.] [34] l'âme donc ne doit pas recourir aux moyens quand elle se sent comme parvenue à la fin. »
Suit un traité tout à fait classique et raisonnable abordant la méditation, certainement utile à l’enseignement des novices, où abondent les comparaisons avec la grandeur royale :
« [44] l'entretien se doit commencer, 1. Par la connaissance de son néant [.] [45] 2. Par la contrition de ses péchés. 3. Par l'intention d'unir notre prière à celle de Jésus-Christ [.] Disons donc aussi qu'une âme fidèle [47] doit imiter ce gueux [mendiant qui rencontre un roi]. Il faut qu'elle se jette en esprit devant Dieu, comme un autre Lazare, couverte de plaies, mais pleine de désirs d'être rassasiée des miettes de pain qui tombent de sa table ; qu'elle lui découvre ses misères et ses besoins. [.] Comme dit saint François [53] de Sales, le vrai amour n'a guère de méthode. Si l'âme se trouve sèche dans ses considérations, elle doit rejeter le découragement aussi bien que l'inquiétude, et demeurer avec simplicité en la présence de Dieu, pour y fait l'exercice du pauvre gueux dont nous venons de parler. [.] [55] Combien y a-t-il de courtisans qui vont cent fois à la présence du roi, non pas pour lui parler ni pour l'ouïr, mais simplement afin d'être vus de lui et de témoigner par leur assiduité qu'ils sont ses serviteurs ? »
Madame Guyon reconnaît cette voie. Elle suggère de faire cette oraison en s’appuyant sur une lecture et regrette qu’on ne l’enseigne pas, même aux simples qui ne savent lire :
« Après s'être mis en la présence de Dieu par un acte de foi vive, il faut lire quelque chose de substantiel et s'arrêter doucement dessus non avec raisonnement mais seulement pour fixer l'esprit, observant que l'exercice principal doit être la présence de Dieu, et que le sujet doit être plutôt pour fixer l'esprit que pour l'exercer au raisonnement. »449.
« Premièrement, il faut qu'ils apprennent une vérité fondamentale, qui est que « le Royaume de Dieu est au-dedans » d'eux (Lc.17,21) et que c'est là qu'il le faut chercher. Les curés devraient apprendre à faire oraison à leurs paroissiens, comme ils leur apprennent le catéchisme. Ils leur apprennent la fin pour laquelle ils ont été créés et ils ne leur apprennent pas à jouir de leur fin. » 450.
Elle reconnaît la nécessité de la mortification :
« La mortification doit toujours accompagner l'oraison selon les forces, l'état d'un chacun et l'obéissance. Mais je dis que l'on ne doit pas faire son exercice principal de la mortification ni se fixer à telles et telles austérités, mais suivre seulement l'attrait intérieur et s'occuper de la présence de Dieu sans penser en particulier à la mortification. Dieu en fait faire de toutes sortes, et Il ne donne point de relâche aux âmes qui sont fidèles à s'abandonner à lui, qu'Il n'ait mortifié en elles tout ce qu'il y a à mortifier. Il faut donc seulement se tenir attentif à Dieu et tout se fait avec beaucoup de perfection. Tous ne sont pas capables des austérités extérieures, mais tous sont capables de ceci. » 451.
Le Masson évoque la vie mystique en se limitant aux états de contemplation consciente de la douce présence divine. La « vie de foi », qui suivra ces heureux prémices, n’est pas abordée.
« Il y a une autre espèce de contemplation, qui s’appelle passive, de laquelle je ne dis rien. Dieu apprend lui-même ce que c’est aux âmes qu’Il y élève… »452.
« Quand l'âme est attachée à Dieu par la contemplation et qu'elle est toute occupée de sa simple Présence, elle est dans un acte essentiel et continué sans interruption qui comprend tous les actes qu'elle pourrait faire, sans qu'elle ait besoin pour lors des opérations de ses puissances. Si donc les puissances demeurent suspendues pendant ce temps-là, comme quand on est surpris et occupé par une agréable mélodie de voix et d'instruments de musique, et que l'âme puisse faire et fasse par effet un acte intime et essentiel sans qu'elle [253] ait besoin du secours de ses puissances, elle les doit tenir dans cette suspension quand la présence de Dieu les y a mises plutôt que de les rappeler à un travail et à des opérations naturelles ; car cela ne servirait pour lors qu'à troubler la jouissance où elle est de la douce présence de Dieu. » 453.
Il s’oppose à l’inaction, terme pris dans son sens moderne d’oisiveté et non comme un état où se vit l’action de la grâce divine au cœur de l’être (in-action), tout en mettant justement l’action de Dieu en premier :
« Ces actes […] ne laissent point l’âme dans la malheureuse oisiveté d’inaction, que les Quiétistes se sont formée, sous le prétexte de cette passiveté […] Le véritable anéantissement de nous-même ne consiste pas à ne nous point servir de nos puissances, mais à ne faire aucun fond sur nous-mêmes non plus que sur le néant et à attendre tout de Dieu… » 454.
Ce à quoi madame Guyon répond :
« Quelques personnes, entendant parler du silence dans l'oraison, se sont faussement persuadées que l'âme y demeure stupide, morte et sans action. Non, assurément, elle agit plus noblement et plus fortement. Elle est mue et agie par l'Esprit de Dieu. […] L'on ne dit pas qu'il ne faut point agir, mais qu'il faut agir par dépendance du mouvement de la grâce. » 455.
Et elle explique que :
« cette action de l'âme est une action pleine de repos. Lorsqu'elle agit par elle-même, elle agit avec effort. C'est pourquoi elle distingue mieux alors son action. Mais lorsqu'elle agit par dépendance de l'esprit de la grâce, son action est si libre, si aisée, si naturelle, qu'il semble qu'elle n'agisse pas. […] Tous les mouvements que nous faisons par notre propre esprit empêchent cet admirable peintre de travailler et font faire de faux traits. Il faut donc demeurer en paix, et ne nous mouvoir que lorsqu'Il nous meut. […] si nous ne savons pas ce qu'il nous faut, ni même demander comme il faut ce qui nous est nécessaire, et que l'Esprit qui est en nous, à la motion duquel nous nous abandonnons, le demande pour nous, ne devons-nous pas le laisser faire ? »
Madame Guyon explique comment l’in-action est une action divine dans l’intérieur, vivement ressentie (et parfois pâtie) et explique l’apparente disparition des opérations :
« …l'opération de Dieu, devenant plus abondante, absorbe celle de la créature, comme l'on voit que le soleil, à mesure qu'il s'élève, absorbe peu à peu toute la lumière des étoiles, qui se distinguaient très bien avant qu'il parût. Ce n'est point le défaut de lumière qui fait que l'on ne distingue plus les étoiles, mais l'excès de lumière. Il en est de même ici. La créature ne distingue plus son opération, parce qu'une lumière forte et générale absorbe toutes ses petites lumières distinctes et les fait entièrement défaillir, à cause que son excès les surpasse toutes. De sorte que ceux qui accusent cette oraison d'oisiveté se trompent beaucoup. Et c'est faute d'expérience qu'ils le disent de la sorte. » 456.
Elle justifie cette apparente facilité par sa comparaison préférée du cours d’une rivière :
« Tout ce qu'il y a de plus grand dans la religion est ce qu'il y a de plus aisé. […] De même dans les choses naturelles. Voulez-vous aller à la mer ? Embarquez-vous sur une rivière et, insensiblement et sans effort, vous y arriverez. » 457.
Mais l’on n’est pas toujours orienté vers Dieu, aussi elle reconnaît la nécessité de « faire des actes » dans le cas contraire :
« Si je suis tourné vers Dieu et que je veuille faire un acte, je me détourne de Dieu et je me tourne plus ou moins vers les choses créées, selon que mon acte est plus ou moins fort. Si je suis tourné vers la créature, il faut que je fasse un acte pour me détourner de cette créature et me tourner vers Dieu. […] Jusqu'à ce que je sois parfaitement converti, j'ai besoin d'actes pour me tourner vers Dieu. » 458.
Ensuite cela devient une habitude :
« Comme plusieurs actes réitérés font une habitude, l'âme contracte l'habitude de la conversion. L'acte devient habituel et non formel, dans la suite. [L'âme] ne doit pas se mettre alors en peine de former cet acte parce qu'il subsiste. […] Elle trouve même qu'elle se tire de son état pour le faire, ce qu'elle ne doit jamais faire. » 459.
Une comparaison éclaire ce passage de l’acte « volontaire » à la coopération naturelle au travail de la grâce :
« Lorsque le vaisseau est au port, les mariniers ont peine à l'arracher de là pour le mettre en pleine mer. Mais ensuite ils le tournent aisément du côté qu'ils veulent aller. Lorsque l'âme est encore dans le péché et dans les créatures, il faut, avec bien des efforts, la tirer de là, il faut défaire les cordages qui la tiennent liée. Puis ramant par le moyen des actes forts et vigoureux, tâcher de l'attirer au-dedans, l'éloignant peu à peu de son propre port, et en l'éloignant, on la tourne au-dedans qui est le lieu où l'on désire voyager.
« Lorsque le vaisseau est tourné de la sorte, à mesure qu'il avance dans la mer, il s'éloigne plus de la terre. Et plus il s'éloigne de la terre, moins il faut d'effort pour l'attirer. Enfin, on commence à voguer très doucement et le vaisseau s'éloigne si fort qu'il faut quitter la rame, rendue inutile. Que fait alors le pilote ? Il se contente d'étendre les voiles et de tenir le gouvernail.
« Etendre les voiles, c'est faire l'oraison de simple exposition devant Dieu, pour être mû par son Esprit. Tenir le gouvernail, c'est empêcher notre coeur de s'égarer du droit chemin, le ramenant doucement et le conduisant selon le mouvement de l'Esprit de Dieu qui s'empare peu à peu de ce cœur, comme le vent vient peu à peu enfler les voiles et pousser le vaisseau. » 460.
Après la découverte de l’intériorité et des prémices où sont données la paix et parfois la jouissance de la présence divine, l’homme doit être purifié au point d’être consumé par le feu divin. Le chapitre XXIV du Moyen court, traitant du « moyen le plus sûr pour arriver à l'union divine », résume cette longue période qui couvre les deux premières des trois voies traditionnelle de purification, d’illumination, d’union :
« § 1. Il est impossible d'arriver à l'union divine par la seule voie de la méditation pour plusieurs raisons dont j'en dirai quelques-unes. Premièrement, selon l'Ecriture, « Nul homme vivant ne verra Dieu » (Exode, 55, 20). Or tout l'exercice de l'oraison discursive ou même de la contemplation active, regardée comme une fin et non comme une disposition à la passive, sont des exercices vivants par lesquels nous ne pouvons voir Dieu, c'est-à-dire être unis à Lui. […]
« § 6-7. [.] Il faut que sa Sagesse, accompagnée de la divine Justice, comme un feu impitoyable et dévorant, ôte à l'âme tout ce qu'elle a de propriété, de terrestre, de charnel et d'actif. […] l'homme aime si fort sa propriété, et il craint tant sa destruction que, si Dieu ne le faisait lui-même et d'autorité, l'homme n'y consentirait jamais. L'on me répondra à cela que Dieu n'ôte jamais à l'homme sa liberté et qu'ainsi il peut toujours résister à Dieu, que je ne dois pas dire que Dieu agit absolument et sans le consentement de l'homme. Je m'explique, et je dis qu'il suffit d'un consentement passif, que l'homme ait une entière et pleine liberté, parce que s'étant donné à Dieu dès le commencement, pour qu'il fasse de lui et en lui tout ce qu'Il voudrait, il fit alors un consentement actif et implicite à tout ce que Dieu ferait. Mais lorsque Dieu détruit, brûle, purifie, l'âme ne voit pas que cela lui soit avantageux.
« § 8. Dieu, donc, purifie tellement cette âme de toutes opérations propres, distinctes, aperçues, et multipliées, qui font une dissemblance très grande, qu'enfin Il se la rend peu à peu conforme et enfin uniforme, relevant la capacité passive de la créature, l'élargissant et l'ennoblissant, d'une manière cachée et inconnue - c'est pourquoi on l'appelle « mystique ». Mais il faut qu'à toutes ces opérations l'âme ne travaille que passivement.
Le dialogue peut continuer avec un chartreux, Hugues de Balma (~1300), auteur d’une Théologie mystique :
« Parce qu'il ne s'attribue pas en effet les choses qu'il possède, mais les fait toutes tourner à la louange du dispensateur de toutes choses, il creuse en soi une concavité en luttant contre soi-même avec plus de vérité. Par elle, l'abondante pluie des grâces divines, franchissant monts et collines, s'introduit dans les endroits moins élevés, de telle sorte que plus grande aura été la concavité de l'humilité, plus elle sera capable de recevoir une grâce plus abondante. » 461.
Ce « creusement » est en quelque sorte céder à l’opération de Dieu, passiveté qui succède peu à peu à l’action ; madame Guyon poursuit:
« Il est vrai qu'avant d'en venir là, il faut qu'elle agisse plus au commencement. Puis, à mesure que l'opération de Dieu devient plus forte, il faut que peu à peu et successivement, l'âme lui cède, jusqu'à ce qu'Il l'absorbe tout à fait. Mais cela dure longtemps.
« § 9. C'est pourquoi, on ne dit pas, donc, comme quelques-uns l'ont cru, qu'il ne faille pas passer par l'action, puisqu'au contraire c'est la porte. Mais seulement qu'il n'y faut pas toujours demeurer. »462
Alors naît une liberté nouvelle. La « mort » subie par le spirituel pèlerin était un passage et non le terme. Le chartreux Hugues de Balma le dit :
« Lorsque, grâce au secours divin, sont supprimés les empêchements […] liens qui s’opposent à la perfection de l’extension unitive, libre alors comme un oiselet, la puissance affective qu'emportent les seules ailes des affections ardentes jouit d'une liberté si grande que chaque fois qu'elle le veut très ardemment elle est mue vers Dieu… » 463.
Pour Dom Le Masson une des fausses idées des « Sectateurs du Quiétisme » est celle d’une permanence possible de l’état de grâce.
L'essence de Dieu est [35] tellement propre aux trois adorables Personnes de la Sainte Trinité qu'elle n'est communicable à aucune créature. Ces termes donc d'union essentielle et d'autres semblables, usurpés par quelques mystiques de ce temps, sont des êtres de raison qui servent à attirer et à donner de l'estime aux âmes imprudentes, qu'on jette ensuite facilement dans des erreurs, ou qui s'y précipitent elles-mêmes. » 464.
« Êtres de raison » ou état expérimenté par les mystiques accomplis ?
Un tel état d’union est décrit dans la seconde Relation de 1654 lorsque Marie de l’Incarnation est âgée de cinquante-cinq ans :
« Il ne se peut dire la paix et la grande tranquillité que l’âme possède, se voyant entièrement libre de ses liens et rétablie en tout ce qu’elle avait perdu […] comme ayant eu diverses affaires depuis que je suis en Canada […] L’on prenait souvent mon procédé comme provenant de mon naturel […] l’on ne voyait pas que, mon esprit étant possédé de cet Esprit des maximes du Fils de Dieu, j’agissais par ce principe […] Dans les susdits emplois, mon esprit était toujours lié à cet Esprit qui me possédait… » 465.
L’état « apostolique » est décrit avec une grande sobriété dans la conclusion de la Vie, rédigée lorsque madame Guyon est âgée de soixante et un ans :
« L’état simple et invariable. Dans ces derniers temps je ne puis parler que peu ou point de mes dispositions, c’est que mon état est devenu simple et invariable. […] Le fond de cet état est un anéantissement profond, ne trouvant rien en moi de nominable. Tout ce que je sais, c'est que Dieu est infiniment saint, juste, bon, heureux ; qu'Il renferme en soi tous les biens, et moi toutes les misères. Je ne vois rien au-dessous de moi, ni rien de plus indigne que moi. Je reconnais que Dieu m'a fait des grâces capables de sauver un monde, et que peut-être j'ai tout payé d'ingratitude. Je dis peut-être, car rien ne subsiste en moi, ni bien, ni mal. Le bien est en Dieu, je n'ai pour partage que le rien. Que puis-je dire d'un état toujours le même, sans vue ni variation ? Car la sécheresse, si j'en ai, est égale pour moi à l'état le plus satisfaisant. Tout est perdu dans l'immense, et je ne puis ni vouloir, ni penser. […] Décembre 1709. » 466.
Rien n’aurait dû opposer la mystique et le chartreux au niveau de la vie intérieure ; de fait ils s’accordent sur le rôle de la grâce divine, la finalité dans l’amour, etc., « fondamentaux » communs à tous et à toutes époques. Mais l’un et l’autre se placent à des étapes différentes du parcours des « sentiers de l’amour divin 467 ». Ceci provoque des appréciations de l’oraison qui semblent contradictoires. S’y ajoutent, mais secondairement, des conditions du cheminement différentes pour des chartreux ou pour des laïcs.
L’approche de madame Guyon, de nature expérimentale, n’insiste guère sur une ascèse préparatoire, mais sur l’abandon de la volonté propre. L’ascèse devient une garde du cœur ou vigilance collaborant au travail de la grâce divine, aidée par une transmission cachée de la grâce.
L’affrontement entre madame Guyon et Dom Le Masson illustre l’opposition entre un « christianisme intérieur » et une pratique religieuse. La théorie – la carte du géographe - ne rend guère compte de l’expérience – le vécu de l’explorateur - selon la comparaison de Bergson rapportée par Jean Guitton dans la préface de ce dernier à la biographie de Dom Le Masson par Martin :
« …il y avait en elle [madame Guyon] cette note de réalité qui ne trompe pas, et qui distingue du premier coup et à coup sûr le récit d'un voyageur qui a parcouru le pays dont il parle et la reconstitution de ce même pays par un auteur qui n'y est pas allé. » 468.
Laissant de côté les démêlés nés de la rencontre historique entre le « Louis XIV des chartreux » et la « Dame Directrice », il faudra un jour montrer plus profondément que nous n’avons pu le faire ici, comment les meilleurs des auteurs chartreux, les trois Guigues et Hugues de Balma au Moyen Age, Guillerand et Porion récemment, s’accordent à la quiétude de madame Guyon et de son disciple Fénelon.
Sur le plan historique notons que les deux grands prélats adversaires de madame Guyon, Dom Le Masson et Bossuet, sont contemporains : ils naissent en 1627 et meurent respectivement en 1703 et 1704. Ils précèdent d’une génération celle qui naquit en 1648. Le défi à leur autorité, au nom d’une expérience intime, illustre la transformation en cours vers la modernité. « A partir de 1670, on constate un recul progressif des systèmes explicatifs à priori » 469, et « les plus hardis prétendent que la valeur d’une foi vient moins de son invérifiable orthodoxie que de l’authenticité de la conscience du croyant » 470.
Il est illusoire de vouloir unifier la diversité des vécus. Les uns, tel l’ascétique Dom Le Masson, privilégient l’exercice de la volonté propre en vue de mériter (un choix divin ?). Les autres, telle la mystique madame Guyon, privilégient l’abandon de leur volonté propre pour se conformer à la Providence divine.
Selon ce dernier point de vue, on craindra qu’une ascèse des pratiques ne mène à l’opposé de celle consistant en l’abandon de la volonté propre. De même, dans certaines analyses psychanalytiques accomplies, un meilleur fonctionnement de l’humain renforce la dureté de son noyau intime dominateur.
La vigilance (« la fine pointe de l’âme ») visera à se conformer au travail animé par la grâce (issue de « l’Immense »). On peut recourir à l’analogie d’un foyer dans une maison. L’ascèse correspond à la fermeture des portes et des fenêtres qui assure l’absence de courants d’air figurant les dispersions. Cette précaution permet au feu de bien prendre - mais on ne peut que rassembler les brindilles, c’est à la grâce divine de l’allumer. Sans l’in-action de la grâce, on est dans le froid et le noir. Quand le feu est établi, on peut ouvrir portes et fenêtres - retrouver une activité complète - ce qui ne peut que faire croître la flamme. Les formes de l’intériorité (prière vocale ou liturgique, oraison mentale, oraison passive, abandon, etc.) balisent le cheminement vers l’amour. Dans des cas très exceptionnels, quand la personne est toute entière emplie par la grâce, le terme de la vie mystique serait sa transmission à d’autres.
La Société Internationale pour l’Étude des Femmes de l’Ancien Régime, société savante née en 2000, a pour vocation l’étude des conditions de vie, des actions, des oeuvres et de la pensée des femmes des périodes précédant la Révolution française
Née le 13 avril 1648 à Montargis dans une famille de riches bourgeois, mariée à seize ans à Jacques Guyon, Jeanne-Marie Bouvier aura cinq enfants dont trois survivront. A dix-huit ans, elle s’éveille à la vie intérieure grâce au «bon franciscain» Archange Enguerrand. Sa conseillère, Geneviève Granger, supérieure des bénédictines de sa ville natale, la présente en 1671 à Jacques Bertot, confesseur à l’abbaye de Montmartre (Paris), qui la dirige sur le chemin mystique. Veuve fortunée à vingt-huit ans, Mme Guyon cherche à servir son Eglise. A partir de 1681, elle voyage. A Gex, elle refuse d’être supérieure d’un couvent éduquant des converties du protestantisme. A Thonon, elle compose les Torrents et découvre l’union spirituelle vécue sous la forme d’une prière silencieuse transmise de coeur à coeur. A Turin, puis à Vercelli, auprès de l’évêque Ripa, elle connaît le milieu quiétiste italien. De retour à Grenoble, elle reçoit laïcs, clercs et religieuses, à l'intention desquels elle compose son Moyen court et ses Explications de la Bible. C'est une femme d'expérience qui revient à Paris, en 1686, pour reprendre la direction du cercle spirituel formé autour de Bertot. Accusée de quiétisme, elle est emprisonnée le 29 janvier 1688 (Molinos a été condamné en août 1687). Délivrée en septembre de la même année, sur intervention de Mme de Maintenon, alors favorable, elle est appréciée à Saint-Cyr et s’attache de nombreux disciples, dont Fénelon, les ducs et duchesses de Chevreuse et de Beauvillier. Tous lui demeureront fidèles durant près de trente ans, alors que son influence sur eux fait jaser la Cour et déplaît à Mme de Maintenon. Elle ose prétendre obéir avant tout -et malgré tout- à l'impulsion de la grâce, ce qui provoque les colères d’un Bossuet pris entre ces deux femmes («séjour» à Meaux, 13 janvier-v. 9 juillet 1695). Tombée en défaveur, elle choisit l’isolement et le silence. Emprisonnée par lettre de cachet le 27 décembre 1695, elle est suspectée de mauvaises moeurs et accusée d’avoir fondé une «petite Eglise» secrète. Mais les pressions violentes du pouvoir judiciaire royal, du confesseur imposé et de l’archevêque de Paris ne mèneront à rien. Lavée de tout soupçon, elle sort de la Bastille le 24 mars 1703, sur un brancard. Il lui reste un peu plus de treize années à vivre qu’elle consacre, à Blois, à former des disciples catholiques et protestants, les ouvrant à la vie intérieure dans une discrétion totale. Elle meurt le 9 juin 1717.
Son oeuvre ne se limite pas à sa poignante Vie écrite par elle-même (1682-1707). Aucun auteur de l’époque n’a eu une telle connaissance conjointe de la Bible et des textes mystiques -amorcée dès l’enfance auprès de sa soeur, religieuse, puis acquise en autodidacte. En témoignent d’amples Explications de l’Écriture (1684), ainsi que les Justifications, une anthologie préparée en vue du procès fait au cercle quiétiste (1694). Cette base de connaissances alliée à son expérience intime lui ont permis d’expliquer le vécu des mystiques: leur oraison est présentée de façon simple et directe dans le Moyen court tandis que l’écrit plus ample des Torrents compare leur chemin caché au cours varié d’un torrent qui se jette dans la mer. Une large Correspondance de direction et des opuscules rassemblés par les disciples sous le nom de Discours spirituels sont les chef-d’oeuvres de la «Dame directrice». L’influence diffuse de ces écrits, sauvés au XVIIIe siècle grâce à l’éditeur Pierre Poiret, s’exercera de façon cachée en milieu catholique, plus ouverte en milieu protestant piétiste. L’Abandon à la Providence divine, oeuvre d’une «main guyonnienne» longtemps attribuée à Jean-Pierre de Caussade, constitue une résurgence de son école en milieu catholique, avec toute la précaution rendue nécessaire après la condamnation du quiétisme (1699). Ses écrits circulent aussi chez les Quakers, chez Wesley et les Méthodistes. Mme Guyon a été pour Jean Baruzi, spécialiste de Jean de la Croix, sa meilleure interprète (avec Fénelon), et, pour le philosophe Bergson, le témoin mystique à l’état brut.
Elle présente l’exemple d’une veuve indépendante ayant appris à tenir bon face à «l’inquisition masculine» (Bossuet, La Reynie). Elle doit aussi une partie de ses épreuves au comportement de l’autre veuve remarquable du temps, Mme de Maintenon: opposition entre femmes d’égales intelligences, mais d’intérêts fort différents.
- 1681-1717 : Lettres chrétiennes et spirituelles sur divers sujets qui regardent la vie intérieure ou l’esprit du vrai christianisme, éd. Pierre Poiret, Cologne [Amsterdam], J. de La Pierre -- Lettres chrétiennes et spirituelles… Nouvelle éd. enrichie de la correspondance secrète de Mr. de Fénelon avec l’auteur, éd. Dutoit, Londres [Lyon], sn, 1767-1768 -- Correspondance, éd. D. Tronc, Paris, Honoré Champion, «Correspondances», 2003-2005 (t.I: Directions spirituelles, 2003; t.II: Combats, 2004; t.III: Chemins mystiques, 2005; largement augmentée par l’édition du fonds manuscrit principalement préservé aux Archives Saint-Sulpice de Paris).
- 1682? : Les Torrents spirituels, dans Les Opuscules spirituels., voir infra -- dans OEuvres mystiques, voir infra (version 1720, variantes des éd. et des ms., adjonction des précisions développées par l’auteur dans ses Justifications, repérage des passages relevés dans l’Ordonnance de l’évêque de Chartres).
- 1682? : Petit abrégé de la Voie et de la réunion de l’âme à Dieu, dans Les Opuscules spirituels., voir infra -- dans OEuvres mystiques, voir infra.
- 1682-1709 : La Vie de Mme J.-M. B. de La Mothe Guion, écrite par elle-même, Cologne [Amsterdam], J. de La Pierre, 1720, 3 vol. (rééd. à l’identique par Dutoit, Paris [Lyon], Chez les Libraires Associés, 1790) -- La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, éd., intr. et annot. par D. Tronc, étude littéraire par A. Villard, Paris, Honoré Champion, «Sources Classiques», 2001 (éd. en 5 parties: les parties 1 à 3 correspondent aux trois vol. de la Vie par elle-même, augmentée des apports d’une première rédaction restée manuscrite; la partie 4 correspond au ms. du «récit de captivité»; la partie 5 rassemble des témoignages sur la dernière période vécue à Blois).
- 1682 ou 1683 (peu après Les Torrents) : Moyen court et très facile pour l’oraison que tous peuvent pratiquer très aisément., Grenoble, J. Petit -- dans OEuvres mystiques, voir infra (var. des éd. et des ms., adjonction des précisions des Justifications).
- 1683? : Règle des associez à l’enfance de Jésus, modèle de perfection pour tous les estats, tirée de la sainte Ecriture et des Pères., Lyon, A. Briasson -- dans Le Moyen court et autres récits, une simplicité subversive, éd. M.-L. Gondal, Grenoble, Jérôme Millon, «Atopia», 1995 (version manuscrite).
- av.1684 : Le Cantique des cantiques, interprété selon le sens mistique et la vraie représentation des états intérieurs, Lyon, A. Briasson -- dans OEuvres mystiques, voir infra (chapitres IV-VIII, adjonction des précisions apportées par l’auteur dans ses Justifications).
- 1684 : Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure. Divisé en Huit Tomes. On expose dans la préface les conjectures que l’on a touchant l’auteur de cet ouvrage, éd. Pierre Poiret, Vincenti/Cologne [Amsterdam], Jean de la Pierre (rééd. à l’identique par Dutoit, Paris [Lyon], Les Libraires Associés, 1790 ; souvent la seule citée car moins rare) -- choix dans OEuvres mystiques, voir infra.
- 1684 : Les livres de l’Ancien Testament avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure, divisés en douze tomes comme il se voit à la fin de la Preface, éd. Pierre Poiret, Vincenti/Cologne [Amsterdam], Jean de la Pierre (rééd. à l’identique par Dutoit, Paris [Lyon], Les Libraires Associés) -- choix dans OEuvres mystiques, voir infra.
- 1686? : Lettre… et Instruction chrétienne d’une mère à sa fille, dans Les Opuscules spirituels., voir infra.
- 1688-après 1703 : Discours chrétiens et spirituels sur divers sujets qui regardent la vie intérieure, tirés la pluspart de la Sainte Écriture, éd. Pierre Poiret, Vincenti/Cologne [Amsterdam], Jean de la Pierre (140 pièces auxquelles il faut ajouter 16 pièces éditées avec la correspondance) -- choix de 50 pièces dans OEuvres mystiques, voir infra.
- av. 1694 : Traité de la purification de l’âme après la mort ou du Purgatoire, dans Les Opuscules spirituels., voir infra -- Le Purgatoire, éd. M.-L. Gondal, Grenoble, Jérôme Millon, «Atopia», 1998.
- été 1694 : Les Justifications de Mme J.-M. B. de La Mothe-Guion, écrites par elle-même. avec un examen de la IXe et Xe conférence de Cassien, touchant l’état fixe d’oraison continuelle, par feu M. de Fénelon, Cologne [Amsterdam], J. de La Pierre, 1720.
- après 1703 : L’âme amante de son Dieu, représentée dans les emblèmes de Hermannus Hugo sur ses “Pieux désirs”, et dans ceux d’Othon Vaenius sur l’amour divin, avec des figures nouvelles accompagnées de vers., éd. Pierre Poiret, Cologne [Amsterdam], Jean de La Pierre, 1717 -- L’Ame amante de son Dieu, représentée dans les emblèmes de Hermannus Hugo., nouvelle édition considérablement augmentée, Paris, Les Libraires Associés, 1790.
- après 1703 (certains cantiques furent composés antérieurement en prison) : Poésies et Cantiques spirituels sur divers sujets qui regardent la vie intérieure ou l’esprit du vrai christianisme, par Madame J.M.B. de la Mothe-Guyon, divisés en quatre volumes, Vincenti/Cologne [Amsterdam], Jean de la Pierre, 1722 -- choix dans OEuvres mystiques, voir infra.
- 1704 : Les Opuscules spirituels de Madame J. M. B. de la Mothe Guyon, éd. Pierre Poiret, Cologne [Amsterdam], Jean de la Pierre (première partie seule complète, seconde partie fragmentaire issue de l’Ordonnance de l’évêque de Chartres; rétablissement de la seconde partie en 1712 et variantes en 1720).
- 1707 : Récits de Captivité, éd. M.-L. Gondal, Grenoble, Jérôme Millon, «Atopia», 1992 (ce ms. est également reproduit dans la 4e partie de La Vie par elle-même., voir supra).
- Madame Guyon: la passion de croire, choix de textes par M.-L. Gondal, Paris, Nouvelle Cité, 1990.
- Le Moyen court et autres récits, une simplicité subversive, textes édités par M.-L. Gondal, Grenoble, Jérôme Millon, «Atopia», 1995.
- OEuvres mystiques, éd. D. Tronc, Paris, Honoré Champion, «Sources Classiques», 2008.
- Madame Guyon, Les années d’épreuves, Emprisonnements et interrogatoires, éd. D. Tronc, Paris, Honoré Champion, «Pièces d’Archives» (à paraître).
- Cognet, Louis, Crépuscule des Mystiques, Paris, Desclée, 1958 (la plus grande partie de l’ouvrage porte sur le vécu de Mme Guyon avant 1695).
- Gondal, Marie-Louise, Madame Guyon (1648-1717), un nouveau visage, Paris, Beauchesne, 1989.
- Madame Guyon, Rencontres autour de la Vie et l’oeuvre de Madame Guyon, Grenoble, Millon, 1997 (contributions de spécialistes pour la première fois rassemblés autour de cette figure).
- Mallet-Joris, Françoise, Jeanne Guyon, Paris, Flammarion, 1978.
- Orcibal, Jean, «Le Cardinal Le Camus témoin au procès de Madame Guyon» [1974]; «Madame Guyon devant ses juges» [1975]; «Introduction à Jeanne Marie Bouvier de la Mothe-Guyon: les Opuscules spirituels» [1978], dans Etudes d’Histoire et de Littérature Religieuse, Paris, Klincksieck, 1997, p.799-818, 819-834, 899-910.
- 1700? : Élisabeth-Sophie Chéron, Portrait de Jeanne-Marie Bouvier de la Mothe Guyon, Moscou, Musée Pouchkine (gravé par Michel Aubert, Paris, BNF, Estampes, Ed 100, fol, p.33).
- «Nous [J. Bénigne Bossuet], évêque de Meaux, [.] sommes demeuré satisfait de sa conduite, et lui avons continué la participation des saints sacrements dans laquelle nous l’avons trouvée; déclarons en outre que nous ne l’avons trouvée impliquée en aucune sorte dans les abominations de Molinos ou autres condamnées ailleurs, ni n’avons entendu la comprendre dans la mention qui en a été par nous faite dans notre Ordonnance du 16 avril 1695. Donné à Meaux le 1er juillet 1695.» («Témoignages divers», dans Correspondance, voir supra, oeuvres, t.II, pièce no 492, «D», 1er juillet 1695)
- «J’ai vu de près des faits certains qui m’ont infiniment édifié: pourquoi veut-on que je la condamne sur d’autres faits que je n’ai point vus, qui ne concluent rien par eux-mêmes, et sans l’entendre pour savoir ce qu’elle y répondrait?» (Lettre de Fénelon à Tronson, dans Correspondance de Fénelon, t.IV, lettre 351, 26 février 1696, Paris, Klincksieck, 1976)
- «Mais je recommanderai principalement, comme un exemple spécial et très complet, et en même temps comme une illustration toute pratique des idées que j’ai présentées, l’autobiographie de Mme Guyon; c’est une belle et grande âme, dont la pensée me remplit toujours de respect; apprendre à la connaître, et rendre justice à ce qu’il y eut d’excellent dans sa façon de sentir, tout en se défiant des aberrations de son intelligence, voilà pour une nature d’élite une jouissance d’autant plus grande, que son livre ne sera jamais en crédit auprès des intelligences vulgaires, c’est-à-dire du plus grand nombre; car, partout et toujours, chacun n’apprécie que ce qui lui ressemble dans une certaine mesure.» (Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté. [1859], trad. par A. Burdeau, Paris, Presses universitaires de France, 1966, p.483-484)
- «Plus encore que Fénelon qui [.] ne consent pas à faire de la foi elle-même une obscurité que ne soutiendrait pas l'évidence de l'autorité, Mme Guyon voudrait aller au delà de toute donnée distincte [.elle] estime qu'elle retrouve en tout cela la doctrine de saint Jean de la Croix. Elle allègue des textes solidement choisis et oppose avec rigueur “la voie de lumière distincte” et “la voie de la foi”. Elle sait qu'il est “de très grande conséquence d'empêcher les âmes de s'arrêter aux visions et aux extases; parce que cela les arrête presque toute leur vie.” [.] C'est parce que la pensée de Jean de la Croix nous est arrivée mutilée et déformée que l'intuition fondamentale n'y est pas aisément discernable. Cette intuition, qu'on le veuille on non, est ressaisie de façon aiguë à travers la tradition mystique catholique, par Fénelon et Mme Guyon.» (Jean Baruzi, Saint Jean de la Croix et le problème de l’expérience mystique, Paris, Alcan, 1931, p.440, 443)
- «Ces quelques notations sans épuiser le contenu de la spiritualité guyonnienne, suffisent à montrer combien profondément elle est insérée dans notre tradition mystique. Il faut donc juger avec indulgence, comme le remarquait déjà Fénelon, les inexactitudes d’expression qu’on y rencontre çà et là, et que le contexte corrige.» (Louis Cognet, «Guyon», dans Dictionnaire de Spiritualité, Paris, Beauchesne, 1967, t.6, col.1336)
- «Or, si l’on veut bien lire Mme Guyon sans occulter la force déployée en sa vie par cet extraordinaire dynamisme auquel elle donne le nom de Dieu, de Verbe, d’Esprit, la question qui nous paraît posée dépasse celle d’un sujet personnel. Celui-ci livre passage à la parole, dont l’origine et la fin lui échappent [.]. Origine et fin courent dans l’univers et entre les êtres.» (Marie-Louise Gondal, Madame Guyon., voir supra, choix bibliographique, p.278)
D. Tronc, « L’expérience
‘quiétiste’ de Madame Guyon », Mélanges Carmélitains,
Téqui éd., vol. 2 (2004), 349-395. [Florilège].
Dans la présentation orale faite en mars 2003 chez les Grands Carmes de Nantes, nous avons évité toute discussion autour du « quiétisme » en général, car cette étiquette imprécise amalgame les figures, des plus discutées aux plus sûres, en Espagne, en Italie, en France, et ceci sur une durée de plus d’un siècle. Notre but était précis : faire apprécier la profondeur de l’expérience de madame Guyon (1648-1717) par la lecture de quelques-uns de ses textes, en évitant toute approche érudite factuelle.
Le contenu du texte issu d’une telle présentation reflète cette volonté de laisser la parole à Jeanne-Marie Guyon, fidèle disciple du « petit maître », Jésus-Christ. Après avoir évoqué sa biographie et le cadre dans lequel elle prit place, nous présentons son enseignement qui fut exceptionnellement bien préservé et qui s’appuie, outre l’expérience personnelle, sur la maîtrise de deux traditions chrétiennes : biblique et mystique. Ensuite un choix de textes suggère les beautés et la profondeur d’un témoignage qui traduit une vie intérieure accomplie.
Nous attirons l’attention du lecteur sensible désirant « connaître » davantage madame Guyon sur les deux annexes qui complètent ici cette présentation : une bibliographie veut faciliter la lecture de cette très grande mystique d’expression française tandis qu‘un tableau des influences commenté indique les relations - dont celle du Grand Carme Maur de l’Enfant-Jésus - qui la situent dans le droit fil de la spiritualité de son siècle.
La vie de Madame Guyon témoigne d’une existence surmontant des résistances variées au prix de tourments qui laissèrent peu de place à la quiétude. La timidité et le respect des conventions de la jeune femme avant et au début de son mariage laissent place à une volonté de fer et à un esprit de liberté qui affronte la coalition des structures civiles et religieuses de l’époque avec une intelligence dont témoignèrent amis et ennemis. Elle passe des honneurs de la Cour à la honte des interrogatoires policiers. Finalement, après la tempête, demeure chez la vieille dame une vision paisible et ample qui associe respect de la tradition et liberté des opinions. Le résumé qui suit reprend souvent, sous forme de courtes citations entre guillemets, les expressions utilisées par Madame Guyon dans la Vie écrite par elle-même, dans le récit des prisons, dans les témoignages de disciples :
La petite fille est confiée à quatre ans aux bons soins de religieuses. Eveillée, elle sait comment éviter le simulacre de martyre joué par ces dernières, en leur objectant : « Il ne m'est pas permis de mourir sans la permission de mon père ! » Livrée à elle-même lorsqu’elle retourne dans sa famille, elle va « dans la rue avec d'autres enfants jouer à des jeux qui n'avaient rien de conforme à sa naissance. » Sa demi-sœur religieuse du côté de son père, « si habile qu’il n’y avait guère de prédicateurs qui composât mieux des sermons qu’elle » - et qui savait le latin - l’éveille à la vie de l’esprit. Mais la jalousie de l’autre demi-sœur religieuse et les réprimandes de confesseurs assombrissent cette adolescence.
Elle est mariée à seize ans : « mon mari avait vingt et deux ans de plus que moi, je voyais bien qu'il n'y avait pas d'apparence de changer … outrée de douleur, il n'y avait que six mois que j'étais mariée, je pris un couteau, étant seule, pour me couper la langue … J'eus quelque temps un faible que je ne pouvais vaincre qui était de pleurer … L’on me tourmentait quelquefois plusieurs jours de suite sans me donner aucune relâche … Je m'en plaignais quelquefois à la Mère Granger 471 qui me disait : « Comment les contenteriez-vous, puisque depuis plus de vingt ans je fais ce que je peux pour cela sans en pouvoir venir à bout » ? »
Après « douze ans et quatre mois de mariage » son mari meurt avec courage : « Il me donna des avis sur ce que je devais faire après sa mort pour ne pas dépendre des gens… ».
A trente-deux ans elle se libère et part pour Genève : « Je donnai dès Paris … tout l'argent que j'avais … Je n'avais ni cassette fermant à clef, ni bourse. » A Gex « l’on me proposa l'engagement et la supériorité » des Nouvelles Catholiques. Mais « certaines abjurations et certains détours ne me plaisaient pas ». « Dépouillée de tout, sans assurance et sans aucuns papiers, sans peine et sans aucun souci de l'avenir », elle compose à Thonon les Torrents : « Cela coulait comme du fond et ne passait point par ma tête. Je n'étais pas encore accoutumée à cette manière d'écrire … je passais quelquefois les jours sans qu'il me fût possible de prononcer une parole. » Mais elle découvre « une autre manière de converser », en union avec le P. Lacombe : « j’apprenais son état tel que je le ressentais, puis incontinent je sentais qu’il était rentré dans l’état où Dieu le voulait … Peu à peu je fus réduite à ne lui parler qu'en silence. » Suivent des séjours fructueux en Piémont pendant près d’une année, puis à Grenoble.
A trente-huit ans elle revient à Paris, au moment où le quiétiste Molinos est condamné à Rome. Des jalousies entre religieux « firent entendre à Sa Majesté que le père Lacombe était ami de Molinos … [le roi] ordonna … [qu’il] ne sortirait point de son couvent … ils résolurent de cacher cet ordre au père…» qui est finalement arrêté. Quant à elle, « l’on me signifia que l'on ne voulait pas me donner ma fille, ni personne pour me servir; que je serais prisonnière, enfermée seule dans une chambre … au mois de juillet dans une chambre surchauffée. » On veut en fait marier sa fille au neveu de l’archevêque de Paris. Elle se défend vigoureusement lorsqu’on lui reproche de prendre Dieu à témoin : « Je lui dis que rien au monde n'était capable de m'empêcher de recourir à Dieu. »
Libérée, elle quitte le couvent-prison de la Visitation pour habiter « une petite maison éloignée du monde. » Elle est active auprès d’un cercle de disciples et à Saint-Cyr où « Madame de Maintenon me marquait alors beaucoup de bontés ; et pendant trois ou quatre années que cela a duré j'en ai reçu toute sorte de marques d'estime et de confiance. » Le duc de Chevreuse lui fait connaître Bossuet, auquel on communique la Vie écrite par elle-même que ce dernier « trouva si bonne qu'il lui écrivit qu'il y trouvait une onction qu'il ne trouvait point ailleurs, qu'il avait été trois jours en la lisant sans perdre la présence de Dieu. »
Cela ne dure pas. Elle a quarante-sept ans lorsque commence la seconde période d’épreuve. Elle se rend tout d’abord d’elle-même au couvent de Sainte-Marie de Meaux où elle conquiert l’estime de la mère Picard et des religieuses tandis qu’elle est fort menacée par Bossuet, soumis lui-même aux pressions de madame de Maintenon (les causes du changement d’attitude de l’épouse secrète du Grand Roi ne sont pas encore clairement établies : se mêlent l’attitude de Fénelon, la crainte du scandale, une jalousie spirituelle). Madame Guyon est finalement arrêtée et enfermée par lettre de cachet à Vincennes : « après neuf ou dix interrogatoires de six, sept et huit heures quelquefois, [M. de La Reynie] jeta les lettres et les papiers sur la table … Il fit un dixième interrogatoire où il me demanda permission de rire. » Elle est transférée dans un couvent-prison à Vaugirard constitué spécialement : « [la gardienne] venait m'insulter, me dire des injures, me mettre le poing contre le menton, afin que je me misse en colère.» Il est probable qu’on ait voulu se débarrasser d’elle à l’aide de vin empoisonné. On bascule de la contrainte à la terreur : « M. le Curé me dit, un jour, un mot qui me parut effroyable … qui était qu'on ne me mettait pas en justice parce qu'il n'y avait pas de quoi me faire mourir … défendant, s'il me prenait quelque mal subit comme apoplexie ou autre de cette nature, de me faire venir un prêtre. » Après un chantage exercé sur tous ses proches - sans succès - elle est embastillée.
L’archevêque de Paris présente une lettre forgée et attribuée au Père Lacombe : « [M. le Curé] s'approchant me dit tout bas : On vous perdra ». On la sépare de ses filles de compagnie qui seront maltraitées : « il y en a encore une dans la peine [tourment] depuis dix ans pour avoir dit l'histoire du vin empoisonné devant le juge. L’autre dont l'esprit était plus faible le perdit par l'excès et la longueur de tant de souffrances, sans que dans sa folie on pût jamais tirer un mot d'elle contre moi … elle vit présentement paisible et servant Dieu de tout son cœur. » On les remplace par « une demoiselle qui, étant de condition et sans biens, espérait faire fortune, comme on lui avait promis, si elle pouvait trouver quelque chose contre moi. » Les pressions continuent : « M. d'Argenson vint m'interroger. Il était si prévenu et avait tant de fureur que je n'avais jamais rien vu de pareil. » Elle subit « plus de vingt interrogatoires, chacun de plusieurs heures. » Un prisonnier tente le suicide ? « Il n'y a que l'amour de Dieu, l'abandon à sa volonté … sans quoi les duretés qu'on y éprouve sans consolation jettent dans le désespoir … Quelquefois, en descendant, on me montrait une porte, et l'on me disait que c'était là qu'on donnait la question. D'autres fois on me montrait un cachot, je disais que je le trouvais fort joli … ma vie me quittait. Je tâchai de gagner mon lit pour mourir dedans … J'aurais toujours caché mon mal, si l'extrême maigreur, jointe à l'impuissance de me soutenir sur mes jambes, ne l'eût découvert. On envoya quérir le médecin qui était un très honnête homme. L’apothicaire me donna un opiat … Je le montrai au médecin qui me dit à l'oreille de n'en point prendre, que c'était du poison. »
Elle est libérée à cinquante-quatre ans. Durant ses dernières années actives à Blois, elle forme des disciples français et étrangers : « elle vivait avec ces Anglais [écossais] comme une mère avec ses enfants. … ne leur interdisait aucun amusement permis, et quand ils s’en occupaient en sa présence et lui en demandait son avis, elle leur répondait : Oui mes enfants, comme vous voulez. … Bientôt ces jeux leur devenaient insipides, et ils se sentaient si attirés au-dedans, que laissant tout, ils demeuraient intérieurement recueillis en la présence de Dieu auprès d’elle. » Elle meurt en paix à soixante-neuf ans.
Le contexte était défavorable par suite de la condamnation de Molinos et, post-mortem, de « pré-quiétistes » par les Inquisitions italienne et espagnole. Ce qui nous surprend n'est pas tant le désastre final, prévisible compte tenu de la disparité des forces en présence, que sa date tardive. En effet, plus de dix années séparent la condamnation romaine de 1687 de Molinos, de l'isolement complet de Madame Guyon dans une des huit tours de la Bastille : elle est ainsi réduite au silence pour une durée comparable.
A notre avis il ne s’agit pas tant d’une querelle d’idées que du trouble créé par une femme dans l’ordre social masculin : simple laïque, elle refuse l’entrée en religion mais dirige des religieux ; bourgeoise, elle détourne les grandes familles du « couvent de la Cour » (Saint-Simon). Bossuet, au début, semble sous le charme de la grâce mais, soucieux de sa carrière, il se fait l’exécuteur de l’épouse du roi. Fénelon voudra concilier les extrêmes et tentera d’expliquer l’expérience mystique ; acculé, il restera fidèle à l’expérience intérieure révélée par Madame Guyon et choisira le parti de son initiatrice. D’autres adopteront un profil bas.
Pour comprendre ces crises et leur conclusion, il faut tenir compte des conditions concrètes de l’existence et de la mentalité de l’époque : l’adhésion au catholicisme, religion unique après la révocation de l’ édit de Nantes, et l’obéissance à un roi absolu, oint de Dieu, sont des évidences pour tous les Français de cette époque. L’individu est mis en échec par un système d’inquisition dans sa version « douce » : celle du confesseur, obligatoire pour tout catholique depuis le concile de Trente, et qui a le droit de connaître le fond des consciences. Pour Madame Guyon, son état mystique la rend incapable de mentir ou de biaiser par omission, comme furent obligés de le faire, un demi-siècle plus tôt, les libertins 472. De plus, chaque événement et chaque personne sont envoyés de Dieu, d’où, sur le point particulier le plus intime, l’obligation torturante d’obéir au confesseur qui lui est dévolu.
Le statut féminin de l’époque impose à Mme Guyon d’exercer une « influence » hors cadre, ce qui est ressenti comme une résistance plus ou moins secrète, donc suspecte, et comme une concurrence vis-à-vis de la médiation assurée par les clercs appuyés sur la discrétion sacramentaire. Même les moins combatifs sont agacés par la « Dame directrice 473 ». Mais sa fermeté n'est en rien stoïque : son origine est toute intérieure, trouvant sa source dans la vie mystique, à laquelle se soumet, consciemment et entièrement, une nature par ailleurs volontaire.
Il s'agit de se laisser entièrement conduire par la grâce divine : c'est le sens profond de la « méthode » quiétiste, au-delà de la nature particulière d'une oraison dite passive : dans chaque action, dans chaque état de la vie de tous les jours, il « suffit » de s’ouvrir à l'action de la grâce pour en être imprégné 474. Toute la « querelle » est vécue par Madame Guyon de cette façon. De même elle donnait sa Vie à lire, non par égotisme, mais pour que ses amis voient comment, à chaque instant, autant qu'on le peut, on lâche prise sur soi-même pour laisser Dieu agir.
La vie de madame Guyon est assombrie par la condamnation du quiétisme dont cette section présente sommairement sa dernière phase historique 475. Plus généralement, le climat d’intolérance est grand depuis la fracture entre protestants et catholiques, soutenu par le pouvoir civil et par une opinion qui veut éviter tout risque de retour aux terribles luttes d’origine religieuse si proches (décennies 1560 en France et 1630 en Allemagne). Il s'agit ici d’un phénomène de recherche de cohésion sociale plutôt que de véritables divergences dogmatiques (mais il est facile d’établir des listes de propositions hétérodoxes).
Le « quiétisme » est le nom que prend au dix-septième siècle la résistance de nombreux mystiques dans le monde catholique. Il est symétrique de « piétisme » dans le monde protestant 476. Des liens s’établiront d’ailleurs par la suite entre ces deux tendances vers un « christianisme intérieur » sans structure humaine bien définie, par exemple au travers de disciples de Madame Guyon hollandais et suisses.
Nous renvoyons aux études de J. Le Brun et E. Pacho 477. La première trace de « quiétisme » italien est ainsi décrite :
Au début de 1671, l'inquisiteur de Casale Monferato communique au Saint-Office la dénonciation concernant un médecin français, Antoine Girardi (ou Grignon) ; il enseigne . « une nouvelle manière de faire oraison, qu'il appelle oraison de silence et de quiétude » . selon la manière que prône la religieuse ursuline Marie Bon du diocèse de Vienne en Dauphiné . le foyer ne disparut pas . il s'étendit . sur la Riviera à l'ouest de Gênes (1675) 478.
Lorsque le quiétisme devient une cause controversée, après le succès retentissant de la Guia espiritual de Molinos dont huit éditions italiennes voient le jour de 1675 à 1685, un équilibre parait encore possible, évitant un « crépuscule » des mystiques en terre catholique. Innocent XI cherche d’ailleurs un accord entre « méditatifs » et « contemplatifs ». Mais la situation favorable à Molinos se détériore assez brusquement, tout comme avait été rapide son ascension : il est emprisonné le 18 juillet 1685 tandis que sa Guia sera condamnée par l’Inquisition espagnole le 24 novembre de la même année 479.
Ce quiétisme méditerranéen était connu de Madame Guyon. Elle passe par Marseille et rencontre Malaval. Elle décrit dans la Vie comment la défunte Mère Bon lui apparaît en songe avant son départ pour Gex. Plus tard elle séjourne près d’un an en Piémont, à Turin et dans le diocèse de Verceil, où, en compagnie du P. Lacombe, ce dernier maniant mieux l’italien que le français, elle se lie avec l’évêque Ripa : ils entreprennent un apostolat commun 480.
C’est dans un cadre international troublé qu’en 1686 Madame Guyon arrive à Paris. En 1687, Molinos emprisonné depuis deux ans, est officiellement condamné à Rome par la bulle Coelestis Pastor, comme « quiétiste ». En même temps est condamné post-mortem Jean de Bernières (1602-1659), dont on n’ignorait pas à l’époque l’influence déterminante sur le cercle de Montmartre animé par le confesseur Jacques Bertot (1620-1681), cercle repris par Madame Guyon à son retour de voyages.
Tout ce combat pour quelles « idées » ? Que recouvre pour les critiques français l’étiquette de quiétiste ?
« Une des références de l'antiquiétisme en France est le texte de la bulle Coelestis Pastor, imprimé en latin et en français dès l'automne 1687 . la thèse essentielle des quiétistes serait, d'après la bulle, une définition de la « voie intérieure », « voie unique », par l'annihilation des puissances . ni connaissance, ni souvenir de Dieu, ni de soi, ni rien de propre, ni images . la négation ne porte pas sur l'objet (récompense, châtiment, mort, éternité, salut, etc.) mais sur la démarche du sujet, démarche d'ordre psychologique, devant l'objet de la foi : il ne doit pas « penser » à ces objets, ne doit pas en avoir souci ou espérance . [ce qui exprimerait] un retour du sujet sur soi-même, une volonté propre, un amour propre 481. »
Les protagonistes de la querelle ont comme perspectives la question de la cessation des actes, et celle de l'absence possible de toute pensée pendant l’oraison. C’est alors que l’inaction prend son sens moderne de perte de temps, alors qu'il s'agit d'action intérieure mystique, in-action 482. Les uns, s’attachent à une représentation intellectuelle, les autres, dans la tradition transmise par Benoît de Canfeld, font intervenir la volonté, la fine pointe de l’âme chère à François de Sales, ou « cœur », siège de la volonté :
« Mme Guyon met l'oraison du coeur au-dessus de « l'oraison de seule pensée » (p.5 [du Moyen Court]), car la pensée est discontinue, l'esprit ne pouvant penser à une chose qu'en cessant de penser à une autre, tandis que l'oraison du cœur n'est point interrompue [.] tandis que Bossuet s'oppose, comme Nicole, à une foi nue et à un amour qui ne reposerait sur une connaissance, tout en refusant à la fois un retour sur soi et un retour sur une simple présence de Dieu. Les « actes intérieurs » sont produits par l'attention, et, selon Bossuet, disposent à l'attention [.] conception de l'abandon comme acte 483. »
Ainsi l’opposition naît de la diversité des expériences intérieures. Certains analystes modernes s’attachent à distinguer entre les couches successives de conscience atteintes par des « plongées » plus ou moins profondes – avec le risque de se limiter à l’humain décrit au niveau conscient ou approché au niveau de l’« inconscient » des rêves, etc. Pour notre part, nous y voyons des expériences liées à un lent « progrès » intérieur, rendu possible lorsque s’exerce une influence qui se situe au-delà de l’humain, la grâce divine.
Au niveau sémantique, quiétisme renvoie à « l’oraison de quiétude » qui se distingue de « l’oraison discursive » : Quiroga, un disciple mystique de Jean de la Croix, éclaire ces points :
« La contemplation est parfaite, elle s'exerce non seulement au-dessus de la raison, mais aussi sans appui sur elle, lorsque l'entendement connaît par la lumière divine les choses que n'atteint aucune raison humaine […] Beaucoup de contemplatifs pratiquent le premier point, c'est-à-dire abandonner tous les actes de la raison, se dépouiller de toutes les similitudes de la connaissance naturelle, et entrer sans tout cela en l'obscurité de la foi comme Moïse dans la nuée qui recouvrait le sommet de la montagne ; mais se reposer là comme lui en totale quiétude d'esprit, bien rares sont ceux qui s'y adonnent : au contraire, en cette obscurité, l'intention de leur esprit est appliquée à la connaissance, leur entendement cherchant à toujours reconnaître son propre acte, quand même serait-ce en cette obscurité de foi. Et cette démangeaison et ce mouvement qui consiste à vouloir reconnaître toujours son propre acte en y inclinant l'intention de l'esprit, s'opposent à ce que nous avons vu par ailleurs de la doctrine de saint Denys : non seulement l'entendement doit abandonner toutes les choses créées et leurs similitudes, mais il doit aussi s'abandonner lui-même en se mettant en quiétude quant à toute son opération active, aussi élevée soit-elle, afin d'être mû par Dieu sans attache ni résistance de sa part 484. »
Il faut aller au-delà de la distinction entre des types d’oraison. Il s'agit d'inclure toute la vie, aussi bien extérieure qu’intérieure. Un grand calme déborde peu à peu des temps d’oraison, signe de l'imprégnation par la grâce, qui est une émanation de l’amour divin, « sous forme d’énergie » dirions-nous aujourd'hui, par in-action, attitude d’ouverture à la source intérieure. Alors l’attention au chemin, aux étapes, aux ruptures, laisse place à l’état de grand large, le vaisseau ayant atteint l’océan sans rivage. Ainsi madame Guyon décrit « l’état apostolique » :
« Cet état néanmoins n’est point une sortie de la créature au dehors pour parler, agir et produire les effets de la vie apostolique. L’âme n’y a point de part : elle est morte et très anéantie à toute opération. Mais Dieu, qui est en elle essentiellement en Unité très parfaite où toute la Trinité en distinction personnelle Se trouve réunie, sort Lui-même au-dehors par Ses opérations : sans cesser d’être tout au-dedans et sans quitter l’unité du Centre, Il se répand sur les puissances, faisant par elles et avec elles 485 …»
L’intérêt des écrits de Jeanne Guyon vient non seulement de leur valeur intrinsèque mais aussi de leur excellente préservation assurée par l’édition entreprise de son vivant par le pasteur Poiret et par la sauvegarde des nombreux manuscrits rassemblés à l’époque de la querelle du quiétisme, en particulier par les évêques juges des rencontres d’Issy. En fait on possède l’essentiel de ce qu’elle a écrit, ce qui est tout à fait exceptionnel 486.
L’abondance et la spontanéité de l’auteur, qui livre des informations ordinairement tenues cachées parce qu’elle ne prévoyait pas leur publication, ainsi que l’absence d’une mise en forme par souci de ne pas interférer avec la spontanéité de l’inspiration, ont nui à leur appréciation. On y ajoutera d’autres causes : vu du monde catholique, le rôle « détestable » des éditeurs, les ministres protestants Poiret et Dutoit, la présence parmi les proches de la fin de sa vie à Blois de nombreux Ecossais, Hollandais, Suisses - qu’elle n’incite d’ailleurs pas à se convertir au catholicisme mais au « petit maître » intérieur, Jésus-Christ ; vu du monde protestant, l’équivoque d’une femme qui s’est occupée au début de sa vie publique de Nouvelles Catholiques converties après la révocation de l’édit de Nantes, et qui n’a jamais rejeté les messes et les sacrements ; s’y ajoutent le scandale et l’ « indiscrétion » d’écrits qui ne sont pas restés confidentiels, abordant librement des sujets tels que la transmission silencieuse, le rôle apostolique du mystique, la formation mystique des « enfants intérieurs », l’absence de fausse humilité. C’est une cause profonde probable, sinon de la condamnation, du moins de la discrétion de défenseurs qui éprouvent une gêne 487. S’ajoutent bien entendu une mise en cause de la fonction cléricale 488, l’insatisfaction de Madame de Maintenon, la servilité et la brutalité de Bossuet, la condamnation plus politique que théologique des Explications sur les maximes des saints 489.
Un très large spectre est couvert et offre trois approches de la vie mystique, ce qui constitue un cas unique à notre connaissance.
1. En premier lieu, les témoignages de sa vie et de son expérience intérieure. Ils sont remarquables par une grande acuité psychologique propre au siècle de Racine et par un fort désir de comprendre ce qui lui arrive, dont elle ne trouve pas autour d’elle une explication satisfaisante. On note, surtout dans des écrits de jeunesse, une forte volonté appliquée à ne rien laisser échapper de ce qui lui arrive, défaut dont elle se corrigera ensuite et que l’on ne retrouve plus dans les textes édités. Elle demeure, dit-on, « bavarde » : en fait cette abondance est l’effet d’une irruption toute moderne de la dimension subjective psychologique 490. Elle influera des auteurs qui sont sensibles à la dimension intérieure, tels que Rousseau, Constant, Amiel.
2. En second lieu, un enseignement est mis en forme dont témoigne le Moyen court qui a atteint un large public à l’époque, avant sa condamnation, grâce à la simplification qui caractérise ce texte direct 491. Cette simplification vient de l’affranchissement vis-à-vis de tout moyen préalable qui apparaît comme une condition humaine mise à l’exercice de la grâce divine et traduit souvent notre volonté d’appropriation. Acquis théologiques et dogmatiques, méthodes de prières et exercices, sélections sociales ou culturelles sont écartés ; seul demeure le recours à l’expérience intérieure faisant appel à la médiation du « petit maître » Jésus-Christ 492. Cette simplification permet une ouverture à tous, car la liberté sauvage des torrents est préférable aux canaux faits de mains d’hommes. Ceci pouvait faire peur aux hommes de métier, les religieux dont la médiation est mise en question. A leur décharge, les événements vécus dans les convulsions de la Réforme et Contre-réforme étaient encore proches et peu encourageants. Cette remise en cause par l’intérieur de l’ordre traditionnel sera d’ailleurs appliquée au siècle des lumières sous une forme subversive qui conduira à des révolutions politiques et sociales nécessaires mais douloureuses.
Madame Guyon apparaît chez ceux qui l’ont étudiée soit comme une mystique arrivant trop tard à l’époque d’une normalisation centralisatrice despotique (Brémond, Cognet), soit comme veuve libre et décidée constituant un modèle féministe avant l’heure (Mallet-Joris, Bruneau, etc.), soit comme religieuse laïque sans Eglise d’accueil (Gondal), soit comme précurseur de l’union entre catholiques et protestants (thème qui demeure encore inexploité), avec une indifférence notoire vers la fin de sa vie pour l’appartenance extérieure à telle ou telle Eglise (elle n’approuve ni Fénelon dans sa tentative de conversion de Poiret, ni la conversion catholique de Ramsay) sans pour cela relâcher la vie sacramentelle référée à « notre petit maître ». Que choisir parmi toutes ces interprétations ?
On cherchera le moteur qui lui a permis de tenir le cap pendant sa longue existence : la grâce. Il est au-delà de l’humain mais induit des manifestations physiques, incluant les phénomènes de transmission, de souffrance par compassion, des aspects psychologiques (incluant les rêves). C’est une union intime qui, bien loin d’être un état stabilisé est caractérisé par sa dynamique active orientée vers les autres, une nouvelle vie féconde, une résurrection au service d’une motion divine. On voit ici le risque de méprise si le « prophétique » prend la place de « l’inspiration » selon la distinction donnée plus tard par Dutoit, un disciple de la fin du XVIIIe siècle, conscient d’une telle faiblesse possible chez lui. Ce risque s’est traduit historiquement dans des débordements (revivals, évangélisme) à la mesure de la sclérose des structures en place. Contrairement au véritable intérieur, l’activisme prend alors le pas sur la passiveté, la sensation l’emporte sur l’union, les effets sont privilégiés au détriment de la source. Tout ceci justifie l’insistance sur la pierre de touche que constitue une très profonde tranquillité, quiétude qui accompagne une efficience invisible, au risque d’être accusée de paresse « quiétiste ».
3. Enfin un recours à la Tradition par le commentaire ou Explications de l’Ecriture et du Nouveau Testament confrontés avec l’expérience intérieure. Ce commentaire constitue la moitié de l’œuvre soit près de huit mille pages. Ce recours à l’Ecriture interprétée spirituellement fut complété dix ans plus tard par les Justifications, anthologie de textes mystiques de plus de mille pages assemblée autour de thèmes constitués par des mots-clefs. Nous laisserons de côté ces deux sources dans l’anthologie qui suit.
Au delà de la variété demeure la qualité : si l’absence de tout retour sur soi conduit à de nombreuses répétitions (elle évitait volontairement tout repentir littéraire ce dont témoignent ses autographes), la spontanéité assure une conformité à l’expérience vécue qui n’est pas repensée ou coulée dans un moule traditionnel ; la finesse d’analyse comme le lyrisme s’appuyant sur des analogies offertes par la nature annonce les meilleurs auteurs de l’âge romantique. Surtout, toutes les étapes de la vie intérieure sont couvertes, dont l’état constant et apostolique qui suit les degrés de désappropriations et permet la transmission, moyen de formation de disciples. Cet état est certes décrit antérieurement par des mystiques comme l’achèvement d’union au divin 493 mais sans dire l’aide qu’elle permet d’apporter par la communication en silence et par le partage d’états intérieurs.
On peut distinguer chez Madame Guyon et ses prédécesseurs Bernières, Bertot, comme chez d’autres mystiques, sans en faire un système, trois périodes s’étendant chacune sur des années :
(1) découverte de l’intériorité, accompagnée d’une simplification et d’une pacification progressive. Cette découverte peut s’accompagner d’événements intimes variés selon les tempéraments et l’environnement, brefs instants ou états pouvant durer des jours. Leur caractère extra-ordinaire a toujours attiré une attention exagérée au détriment de la dynamique vitale qu’ils alimentent, de la part de scrutateurs qui ont vite fait de repérer divers alliages impurs de la nature à la grâce dans ces phénomènes. Très utiles pour confirmer le commençant dans sa voie, ils relativisent les jouissances, très réelles et bonnes, dont notre nature est capable. Ils substituent l’expérience réelle directe aux croyances.
(2) Longues années de désappropriations, qui correspondent au stade de purification décrit par tous les auteurs. Le terme de « purification » est ambigu dans la mesure où il risque de laisser croire qu’elle conduirait à son terme à un « nous-mêmes » délivré de ses défauts. Le « nous-mêmes » ne pourra subsister. Sera-t-il transformé ou fondu dans une « vastitude », appelant la comparaison classique de la goutte d’eau dans l’océan ? Mais cette fusion ne voit disparaître ni les capacités, ni les infirmités, ni la structure individuelle, même si cette dernière s’efface à la mort ; elle permet leur mise au service de ce qui vient prendre la place centrale au cœur de la structure, comme l’exprime l’apôtre Paul dans le verset repris très souvent par madame Guyon : Et je vis, non plus moi-même ; mais c’est Jésus-Christ qui vit en moi… (Ga, 2, 20). Les épreuves sans lesquelles l’amour propre ne serait jamais réduit en cendre pour laisser place à une renaissance dans le pur amour, correspondent à cette longue période.
(3) Naissance à une vie nouvelle où s’exerce très exceptionnellement une transmission. Le terme de vie « apostolique » souvent utilisé par Madame Guyon se réfère directement à la description imagée des Apôtres lorsqu’ils sont compris par tous leurs « auditeurs » après leur Pentecôte : ce n’est plus leur discours qui compte - il ne pouvait être entendu physiquement en diverses langues - mais ce qui passe de cœur à cœur à travers les mots - une forme intense de l’expérience très courante où l’on est sensible à la véracité de l’orateur - et qui peut aussi bien être transmis en silence.
Il est prématuré de structurer ces textes selon un schéma préétabli : madame Guyon s’en était bien gardée lorsqu’elle rassembla des textes mystiques dans ses Justifications en 67 « clés » constituant en quelque sorte un glossaire spirituel. Nous suivons l’ordre chronologique et de leur situation au sein des oeuvres, dans les Torrents, la Vie par elle-même, plus largement dans les Discours … qui concernent la vie intérieure rassemblant de nombreux opuscules qui circulaient à la fin de sa vie dans le cercle des disciples, enfin dans la correspondance longtemps demeurée inédite, regroupée thématiquement : directions spirituelles, combats, mystique. Mais en fait sont entremêlés, comme dans une tresse, événements de la vie concrète, vie intérieure à l’écoute de la grâce, enseignement mystique, perçus et mis au service du « petit maître », le médiateur mystique Jésus-Christ.
(1) Les Torrents décrivent le parcours mystique à l’image de la Dranse, petite rivière issue des Alpes, au parcours parfois irrégulier, qui termine sa course près de Thonon, dans le lac Léman. Facilement accessible, ce texte le plus connu, composé relativement tôt, vers la fin 1682, est précis malgré un style souvent lyrique 494. Il faut apprécier son contenu comme traduisant une expérience récente - Madame Guyon est âgée de trente-cinq ans environ lorsqu’elle rédige rapidement le texte - et non comme une théorie spirituelle.
La lente purification ou « mort » mystique mène à la vie divine sans limitation visible :
« Chapitre 7.
« 5. Ce degré de mort est extrêmement long et dure quelquefois les vingt et trente années à moins que Dieu n'ait des desseins particuliers sur les âmes. …495 30. Ici Dieu va chercher jusques dans le plus profond de l'âme son impureté 496. Il la presse et la fait sortir. Prenez une éponge qui est pleine de saletés, lavez-la tant qu'il vous plaira : vous nettoierez le dehors mais vous ne la rendrez pas nette dans le fond, à moins que vous ne pressiez l'éponge pour en exprimer toute l'ordure et alors vous la pourriez facilement nettoyer. C'est ainsi que Dieu fait : il serre cette âme d'une manière pénible et douloureuse, puis il en fait sortir ce qu'il y a de plus caché.
« Chapitre 9.
« 5. Il faut remarquer que comme elle n'a été dépouillée que très peu à peu et par degré, elle n'est enrichie et revivifiée que peu à peu. Plus elle se perd en Dieu, plus sa capacité devient grande : comme plus ce torrent se perd dans la mer, plus il est élargi et devient immense …
« 6. Cette vie divine devient toute naturelle à l'âme. Comme l'âme ne se sent plus, ne se voit plus, ne se connaît plus, elle ne voit rien de Dieu, n'en comprend rien, n'en distingue rien. Il n'y a plus d'amour, de lumières ni de connaissances. Dieu ne lui paraît plus comme autrefois quelque chose de distinct d'elle, mais elle ne sait plus rien sinon que Dieu est et qu'elle n'est plus, ne subsiste et ne vit plus qu'en lui.
(2) La Vie par elle-même est rédigée tout au long de son déroulement, en plusieurs reprises, parfois en prison, entre 1683 et 1709. C’est ce qui explique certaines répétitions, une modification progressive du style, mais surtout l’extraordinaire qualité intuitive et vivante du récit. Facilement accessible, nous en citons ici un seul passage extrait de la conclusion rédigée par la vieille dame qui a traversé toute les épreuves :
3.21. L’état simple et invariable 497.
« Dans ces derniers temps je ne puis parler que peu ou point de mes dispositions, c’est que mon état est devenu simple et invariable. … Le fond de cet état est un anéantissement profond, ne trouvant rien en moi de nominable. Tout ce que je sais, c'est que Dieu est infiniment saint, juste, bon, heureux ; qu'il renferme en soi tous les biens, et moi toutes les misères. Je ne vois rien au-dessous de moi, ni rien de plus indigne que moi. Je reconnais que Dieu m'a fait des grâces capables de sauver un monde, et que peut-être j'ai tout payé d'ingratitude. Je dis peut-être, car rien ne subsiste en moi, ni bien, ni mal. Le bien est en Dieu, je n'ai pour partage que le rien. Que puis-je dire d'un état toujours le même, sans vue ni variation ? Car la sécheresse, si j'en ai, est égale pour moi à l'état le plus satisfaisant. Tout est perdu dans l'immense, et je ne puis ni vouloir, ni penser. … Décembre 1709. »
(3) Mais Madame Guyon ne va pas s’arrêter sur cette perte dans l’immense : elle va former des disciples français et étrangers, catholiques et protestants en proposant des opuscules rassemblant les points communs expérimentaux et en répondant aux uns et aux autres dans sa correspondance.
Les opuscules - parfois issus eux-mêmes de lettres – furent rassemblés sous le titre de Discours chrétiens et spirituels … qui concernent la vie intérieure, publiés en 1716.
L’ouverture est un appel à gravir le mont qui rassemble à son sommet tous les mystiques 498 :
« 1.01 De deux sortes d’Écrivains des choses mystiques ou intérieures 499.
« …comme une personne qui est sur une montagne élevée, voit les divers chemins qui y conduisent, le commencement, le progrès, et la fin où tous les chemins doivent aboutir pour arriver à cette montagne, on voit avec plaisir que ces chemins si éloignés se rapprochant peu à peu et enfin se joignant en un seul et unique point, comme des lignes fort éloignées se rejoignent dans un point central, se rapprochent insensiblement. On voit aussi alors, avec douleur, une infinité d’âmes arrêtées, les unes pour ne vouloir point quitter l’entrée de leur chemin, d’autres pour ne vouloir pas franchir certaines barrières qui traversent de temps en temps leur chemin ; [ on voit] que la plupart retournent sur leurs pas faute de courage, et enfin que d’autres, plus courageuses, franchissant tous les obstacles, arrivent au terme tant désiré. On voit avec quelle bonté Dieu leur tend la main… »
L’amour est le « moyen » utilisé pour connaître Dieu, dans la tradition de la mystique « affective » mais non sensible, particulièrement développé chez des franciscains, des chartreux et des carmes. La belle image d’une balance lie notre abaissement et l’élévation vers Dieu :
« 1.49 Divers effets de l’amour.
« … Plus il y a de charité dans une âme, plus il y a d’humilité - de cette humilité profonde qui, causée par la réelle expérience de ce que nous sommes, fait que, quand nous le voudrions, nous ne pourrions nous attribuer aucun bien. Car l’esprit d’amour est aussi un esprit de vérité. En sorte que l’amour fait ces deux fonctions, qui n’en sont qu’une, qui est de nous mettre en vérité sitôt que nous sommes en charité, car l’amour est vérité. Plus l’amour devient fort, pur, étendu, plus il nous fait approfondir notre bassesse. C’est comme une balance : plus vous la chargez, plus elle s’abaisse et plus elle s’abaisse d’un côté, plus elle s’élève de l’autre. Plus le poids de l’amour est grand, plus elle s’abaisse au-dessous de tout et plus l’autre côté de la balance s’élève vers cet amour-vérité qui fait connaître ce que Dieu est et ce qu’Il mérite. Tout s’élève pour rendre gloire à Dieu et pour L’aimer au-dessus de tout, à mesure que nous sommes plus rabaissés.
Cet amour est pur, net et droit, sans retour sur soi et sans motif intéressé ; sa forme passive est proprement « mystique », cachée par sa lumière même, parce qu’elle reçoit tout de Dieu, dépasse tout entendement et ne peut être décrite ; c’est Dieu lui-même qui agit :
« 1.53 Du repos en Dieu.
« … Pour aimer Dieu comme Il le mérite … il faut L’aimer d’un Amour pur, net, droit, qui ne regarde que Lui-même : il faut que cet amour surpasse toutes choses et soi-même, sans qu’il lui soit permis d’avoir d’autre regard ni retour sur aucun objet que sur Dieu même en Lui-même, pour Lui-même. Toute autre vue ou motif est indigne de Dieu et n’est pas le pur amour, qui est seul proportionné, sans proportion, à ce que Dieu est. Il aime Dieu dans la totalité de ce qu’Il est : il aime, comme dit saint Denis, le beau pour le beau 500. … C’est ainsi qu’on aime Dieu dans le ciel, sans retour ni raison d’aimer. L’amour est la seule raison d’aimer, l’amour est la récompense de l’amour. Et comme la foi ne discerne rien en Dieu et croit ce qu’Il est dans Sa totalité, l’amour ne discerne rien, mais il aime Dieu dans Sa totalité.
« … Ensuite elle devient passive, recevant les pures lumières de l’Esprit de Dieu sans y rien ajouter, faisant cesser les lumières du propre esprit. Puis la lumière de Dieu qui devient plus abondante, fait cesser nos propres limites, les mettant en obscurité, comme la lumière du soleil fait disparaître celle des étoiles. Et c’est alors que la foi pure et nue, que la lumière de vérité s’empare de l’esprit, le fait défaillir et mourir à toute lumière et action propre pour recevoir passivement la vérité telle qu’elle est en elle-même et non en image. La volonté est ensuite privée de toute action propre, d’amour, d’affections, de toute action quelle qu’elle soit, pour recevoir purement l’action de Dieu, soit qu’Il la purifie ou qu’Il la vivifie. Et c’est l’amour qui fait toutes ces choses, pour être lui-même l’action de la volonté. »
Tous ne sont pas appelés à la vie mystique et de nombreux grands saints suivent la « voie des lumières » ; l’image de la cire à cacheter - Madame Guyon possédait divers cachets dont un comportant deux cœurs accolés et irradiants et un autre comportant un soleil lointain associé à un héliotrope - est suggestive de la différence d’apparence pour la même « forme divine » :
« 1.60 Différence de la sainteté propriétaire et de la sainteté en Dieu.
« Vous me demandez la différence de ceux qui sont saints en eux-mêmes et de ceux en qui Dieu seul est saint. Quoique j’aie expliqué diverses fois cette différence, je vous en dirai quelques mots. Les premiers sentent et connaissent leur sainteté, elle leur sert d’appui et d’assurance. Leurs œuvres leur paraissent des œuvres de justice, dont ils attendent des récompenses et des couronnes.
« … Ceux en qui Dieu est saint, ne sont pas des pierres ou médailles de relief, mais des pierres gravées profondément, comme celle des cachets. C’est Dieu qui S’imprime profondément en eux, qui est leur véritable sainteté. Il ne paraît au dehors de ceux-là qu’une concavité. On n’en peut discerner la beauté qu’en les imprimant sur la cire, c’est-à-dire qu’on ne les connaît qu’à leur souplesse et à la perte de toute leur propriété et de tous les apanages de la volonté propre… »
La voie mystique n’est pas une voie de facilité, même si elle ne requiert pas un effort volontaire et une pratique constante des œuvres ; elle inclut parfois la nuit achevant l’abandon par la perte de soi-même :
« 1.62 De la Foi pure et passive, et de ses effets.
« … Aussi est-ce la conduite de Dieu que nous pouvons voir pas à pas. Dieu ôte à l’âme tout appui extérieur pour la perdre dans l’intérieur. Ensuite il lui ôte la pratique des bonnes choses extérieures pour la perdre davantage. Puis il lui ôte l’usage des vertus pour l’arracher à elle-même. Il lui fait enfin éprouver les plus extrêmes faiblesses et misères qui sont des coups de grâce, et par là Il la perd en Lui. Au commencement de l’expérience des misères, l’âme se perd dans l’abandon, dans la confiance et le sacrifice. Mais comme ce sacrifice, cet abandon etc. sont encore comme des fils subtils, Dieu lui ôte tout abandon aperçu, tout espoir de salut connu, en sorte qu’elle est contrainte comme malgré elle de se perdre. Mais où se perdre ? Encore si c’était en Dieu aperçu, elle serait trop heureuse. C’est dans l’abîme où elle ne voit rien ni ne connaît rien. Et après enfin elle tombe en Dieu, non pour jouir de Dieu pour elle, mais elle pour Dieu et Dieu pour Lui-même. »
Mais auparavant un long chemin aura été parcouru, dont la mémoire est d’ailleurs utile pour ne pas abandonner lorsque l’espoir de survie se perd ; la comparaison de la tempête et du naufrage est menée sans concession jusqu’à son terme :
« 2.15 Différence de la foi obscure à la Foi nue.
« Vous demandez la différence de la foi obscure à la foi nue. On commence par la foi savoureuse, qui est comme voguer sur mer avec le vent en poupe, guidé par un excellent pilote. Vous faites beaucoup de chemin avec joie et en plein jour. Vous vous confiez au pilote, mais tout va si bien que vous n’avez nulle occasion d’exercer votre confiance.
« La nuit vient : vous craignez de vous égarer mais vous vous confiez à votre pilote, qui vous dit de ne rien craindre. Ensuite les vents deviennent contraires, les ondes s’élèvent, la mer grossit, votre crainte augmente ; cependant vous êtes soutenus et par l’excellence du pilote et par la bonté du vaisseau. La tempête augmente, la nuit devient plus noire. Il faut jeter les marchandises dans la mer. On espère le jour et que la bonté du vaisseau résistera aux coups de mer ; mais le jour ne vient point, la tempête redouble. On espère un sort favorable, lorsque le vaisseau tout à coup se brise contre les rochers.
« Quelle transe, quel effroi ! On se sert du débris du naufrage pour arriver au port. On commence tout de bon à s’abandonner sur une faible planche, on n’attend plus que la mort, tout manque, l’espérance est bien faible de se sauver sur une planche. Il vient un coup de vent qui nous sépare de la planche. On fait de nécessité vertu, on s’abandonne, on tâche de nager, les forces manquent, on est englouti dans les flots. On s’abandonne à une mort qu’on ne peut éviter, on enfonce dans la mer sans ressource, sans espoir de revivre jamais.
« Mais qu’on est surpris de trouver dans cette mer une vie infiniment plus heureuse qu’elle n’était dans le vaisseau … »
Si les hommes diffèrent, Dieu est un et Il est toujours le premier à nous aimer, comme l’attestent les mystiques dont le chemin a été ainsi ouvert, parfois par un contact fort : François d’Assise, Angèle de Foligno, Catherine de Gênes 501.
« 2.25 Variété et uniformité des opérations de Dieu dans les âmes.
« La conduite de Dieu sur l’âme est une conduite toujours uniforme. Et ce que nous appelons foi est proprement une certaine connaissance obscure, secrète et indistincte de Dieu, qui nous porte à Le laisser opérer en nous parce qu’Il a droit de le faire.
« … Son opération est toujours la même. Dès le commencement elle consiste en un regard d’amour sur l’homme et ce regard le consume et détruit ses impuretés. Dieu est d’abord occupé à combattre notre activité et tous les obstacles qui empêchent Son entière pénétration dans notre âme. … Car il faut concevoir que toutes les opérations de Dieu en Lui-même et hors de Lui-même ne sont qu’un regard et un amour éclairant et unissant. Ce regard brûle et détruit, comme je l’ai dit, les obstacles. »
Mais tout ne se passe pas d’un coup, même si le départ peut se rattacher à un événement marquant. L’image de la fonte progressive des glaces, de la fluidité de l’eau propre à toute impression ultérieure est souvent reprise par madame Guyon, soit pour suggérer une réponse sous la forme d’une analogie au problème posé par l’absence et par le « péché » qu’elle représente, soit pour figurer la liberté par conformité au Seigneur qui prend les choses en main et « recrée » sa créature :
« 3.11 Vie d’une âme renouvelée en Dieu et sa conduite.
« … Il ne faut pas croire que Dieu endurcisse le cœur de l’homme autrement que le soleil endurcit la glace : c’est par son absence. Plus les pays sont éloignés du soleil, plus tout y est glacé. L’homme s’éloignant de son Dieu et ne s’en rapprochant plus, devient une glace pétrifiée qui ne peut plus se dissoudre à moins qu’il ne retourne à son Dieu. Alors il Le retrouve au même lieu où il L’avait laissé, toujours prêt à lui faire sentir les influences de Sa grâce ; et plus il approche de ce soleil, plus il se fond peu à peu, en sorte que si après tant de misères il s’approchait assez près de Dieu, il se fondrait et se liquéfierait entièrement. Ce qui empêche sa liquéfaction parfaite, c’est la propriété, qui congèle toujours plusieurs endroits de notre âme, laquelle dès que sa glace est entièrement fondue et rendue toute fluide, s’écoule nécessairement dans son être original, où tous les obstacles sont ôtés. C’est le feu de l’Amour pur qui le fait en cette vie, et ce sera le feu du Purgatoire qui le fera en l’autre.
« Alors il ne reste plus à cette eau aucune impression, aucune qualité propre, aucun vestige. Alors l’âme dans son rien ne peut rien, n’est propre à rien. Il n’y a que l’Être Créateur qui la rende propre à tout ce qu’il lui plaît, et qui agisse sans résistance sur ce rien, qui lui a remis le caractère propre de l’homme, qui est la liberté. Alors l’homme dans son rien, ayant remis à son Dieu et à son Père cette liberté qu’il lui avait donnée, Dieu le crée de nouveau : Emitte Spiritum tuum, et creabuntur ; et renovabis faciem terræ 502.
« Mais cette recréation n’est plus au pouvoir de l’homme, ni à son usage, mais au pouvoir de Dieu et à sa volonté … »
En particulier Madame Guyon utilise l’image souple de l’eau pour tenter de faire comprendre à Bossuet la simplicité d’une vie intérieure sans phénomènes extraordinaires, comme ce dernier les appréciait chez certaines religieuses imaginatives :
« A Bossuet. Vers le 10 février 1694.
« … Plus les choses sont simples, plus elles sont pures et plus elles ont d’étendue. Rien de plus simple que l’eau, rien de plus pur ; mais cette eau a une étendue admirable à cause de sa fluidité ; elle a aussi une qualité, que, n’ayant nulle qualité propre, elle prend toutes sortes d’impressions : elle n’a nul goût et elle prend tous les goûts, elle n’a nulle couleur et elle prend toutes les couleurs. L’esprit, en cet état, et la volonté sont si purs et simples que Dieu leur donne telle couleur et tel goût qu’il Lui plaît, comme à cette eau, qui est tantôt rouge, tantôt bleue, enfin imprimée de telle couleur et de tel goût que l’on veut lui donner. Il est certain que, quoique l’on donne à cette eau les diverses couleurs que l’on veut, à cause de sa simplicité et pureté, il n’est pourtant pas vrai de dire que l’eau en elle-même ait du goût et de la couleur, puisqu’elle est de sa nature sans goût et sans couleur, et c’est ce défaut de goût et de couleur qui la rend susceptible de tout goût et de toute couleur. C’est ce que j’éprouve dans mon âme : elle n’a rien qu’elle puisse distinguer ni connaître en elle ou comme à elle, et c’est ce qui fait sa pureté ; mais elle a tout ce qu’on lui donne et comme l’on lui donne, sans en rien retenir pour elle. Si vous demandiez à cette eau quelle est sa qualité, elle vous répondrait que c’est de n’en avoir aucune. »
(4) Nous allons maintenant citer des lettres. Ce fut le moyen second utilisé par Madame Guyon pour animer ses disciples : l’illustre Fénelon, le fidèle duc de Chevreuse, plus tard l’éditeur Poiret, le baron de Metternich, les écossais Duplin et Lord Deskford, ainsi que des figures plus cachées telle la paysanne qui conclut cet aperçu.
Le premier moyen utilisé, qui explique la ferme fidélité de Fénelon et d’autres sur plus de vingt années, malgré la parenthèse du secret durant cinq ans à la Bastille, est celui de la transmission de la grâce par communication intime de cœur à cœur dont nous trouvons l’affirmation dans de nombreuses lettres 503 :
« À Fénelon. 21 juin (?) 1689 504.
« … Il a permis que je m’en allasse avec vous, pour vous apprendre qu’il y a un autre langage, lequel Lui seul peut apprendre et opérer, [où] Il n’emplit le cœur de l’onction pure de la grâce que pour vider l’esprit, et Il ne donne que pour ôter : c’est une expérience qui demeure, lorsque la conviction de l’esprit est ôtée. Je vous demande donc audience de cette sorte, de vouloir bien cesser toute autre action et même autre prière que celle du silence. Lorsque l’on a une fois appris ce langage (plus propre aux enfants qu’aux hommes, qui l’ignorent d’ordinaire), on apprend à être uni en tout lieu sans espèces et sans impureté, non seulement avec Dieu dans le profond et toujours éloquent silence du Verbe dans l’âme, mais même avec ceux qui sont consommés en Lui : c’est la communication des saints véritable et réelle. C’est la prière de Jésus-Christ : qu’ils soient un comme nous sommes un [Jn, 17, 22].
Ces communications parurent extravagantes à la fin du XVIIe siècle cartésien. Elles sont attestées, mais de façon voilée, par de nombreux spirituels chrétiens. On peut concevoir qu’il n’y ait point de coupure entre ce monde visible et sa totalité ; madame Guyon a recours aux hiérarchies de Denys, auteur traditionnellement invoqué par les mystiques, et aussi, cartésienne et moderne, au mystère de l’aimant, pour suggérer la plausibilité de telles circulations d’amour divin – il s’agit simplement de reconnaître l’efficace de la prière :
« Au duc de Chevreuse. Octobre 1693.
« La main du Seigneur n’est point raccourcie.
« Il me semble qu’il n’y aura pas de peine à concevoir les communications intérieures des purs esprits si nous concevons ce que c’est que la céleste hiérarchie où Dieu pénètre tous les anges et ces esprits bienheureux se pénètrent les uns les autres. C’est la même lumière divine qui les pénètre et qui, faisant une réflexion des uns sur les autres, se communique de cette sorte. Si nos esprits étaient purs et simples, ils seraient illuminés. Et cette illumination est telle, à cause de la pureté et simplicité du sujet, que les cœurs bien disposés qui en approchent, ressentent cette pénétration. Combien de saints qui s’entendaient sans se parler ! Ce n’est point une conversation de paroles successives, mais une communication d’onction, de lumière et d’amour. Le fer frotté d’aimant attire comme l’aimant même. Une âme désappropriée, dénuée et simple et pleine de Dieu attire les autres âmes à Lui, comme les hommes déréglés communiquent un certain esprit de dérèglement. C’est que sa simplicité et pureté est telle que Dieu attire par elle les autres cœurs. »
Mais les disciples ont besoin, au début de leur découverte intérieure, de conseils et non de théorie : comment prier, comment se détacher - sans pour cela quitter le monde -, comment lâcher intellectuellement prise… Cela était difficile pour le baron de Metternich, ancêtre non négligeable de l’homme d’état du XIXe siècle, protestant subtil et questionneur :
« Au baron de Metternich. Vers 1715.
« Demeurez simplement exposé à Ses yeux divins comme on s’expose aux rayons du soleil et au feu pour se réchauffer et, quoiqu’il ne vous paraisse aucune action de votre part que la simple exposition de vous-même devant Dieu, la chaleur divine de Son amour ne laissera pas de vous pénétrer imperceptiblement, comme le feu pénètre insensiblement les corps qui sont à une certaine distance, et leur donne une chaleur qui s’insinue partout, ce qui n’est pas si sensible. Nous sommes souples sous Sa main. Je me trouve fort unie à vous en Notre Seigneur.
« Au même. / Ce que vous devez faire le plus présentement est de vous détacher universellement de toutes choses et de vous-même, sans quoi la solitude vous serait peu utile … Une des raisons qui fait que je désire qu’on ne quitte point son état, quoique je désire qu’on soit parfaitement détaché, c’est que Dieu voulant à présent et dans les siècles à venir introduire Son Esprit intérieur dans tous les lieux, parmi toutes les nations, dans tous états et conditions, je ne crois pas qu’on doive facilement quitter son état à moins d’une vocation particulière, …
« Au même. / …Vous dites que vous voulez être abandonné à Dieu, et [cependant] vous voulez qu’à chaque pas Il vous rende raison des lieux où Il vous mène, et pourquoi Il vous y mène. Vous ne feriez pas ce tort à un guide que vous croiriez honnête homme : vous vous laisseriez conduire… »
Madame Guyon doit parfois mettre un terme à certaines pratiques, que l’on retrouve à toute époque, et aujourd’hui dans certaines techniques orientales, faisant appel à un effort de concentration juste à l’opposé de l’abandon à la providence divine :
« … Ce que vous me dites de la violence que vous vous faites pour rendre votre esprit abstrait n’est nullement ce que Dieu demande de vous, et ce n’est point la voie dont il s’agit. Nous tâchons que tout se concentre dans le cœur, sans nul effort de tête, car Dieu souvent cache ce qu’Il opère dans l’intime de l’âme sous des distractions vagues et involontaires, afin de le dérober à la connaissance du démon et de l’amour propre.
« À Lord Deskford. 15 avril 1715.
« … Ce que j’ai prétendu, monsieur, a été de vous inspirer une oraison libre dont l’amour soit le principe, et qui parte plus du cœur que de la tête : quelques douces affections mêlées de silence. Car comme votre esprit est accoutumé à agir, à philosopher et à raisonner, j’ai voulu faire tomber l’activité de l’esprit par une foi simple de Dieu présent, que vous devez aimer, et auquel vous devez vous unir par un amour pur et simple, conforme à la simplicité de votre foi. Cela ne se fait pas par une tension de l’esprit qui nuit à la santé, mais par un amour seul, excitant la volonté par une tendance de cette volonté vers son divin Objet. »
Le plus souvent elle répond aux difficultés rencontrées sur « la voie », soulignant son déroulement naturel, à condition d’accepter la destruction du vieil homme ; on a toujours ici une mystique sobre, bien loin des excès, visions et révélations :
« Lettre [D.2.1]. Abrégé des voies de Dieu 505.
« Monsieur, / Soyez donc persuadé qu’il n’y a rien de violent dans la conduite de Dieu que ce que nous y ajoutons, que Sa conduite est douce et suave : s’il y a quelque violence, c’est ou parce que notre volonté n’est pas encore parfaitement gagnée, ou parce que notre amour propre la cause … Lors donc que toutes ces choses sont, la volonté meurt à soi véritablement, non d’un trépas douloureux et sensible, mais d’un passage doux et tout naturel, qui fait que cette volonté cessant d’être arrêtée en elle-même par ce qu’il y a même de plus délicat, passe infailliblement et nécessairement en Dieu. C’est ce que l’on appelle mort. Elle [la volonté] est morte quant à son propre, mais elle ne fut jamais plus vivante : elle vit en Dieu, non de la première vie, ou d’une vie qui lui soit propre, mais d’une vie que Dieu lui communique, qui n’est autre que Sa propre vie et Sa volonté. … Et c’est alors qu’elle participe aux qualités de Dieu, qui est de se communiquer aux autres, ou plutôt, c’est comme une rivière qui, s’étant perdue dans un grand fleuve, suit sa course et n’en suit point d’autre …
« Ceci, loin d’être une chose forgée par l’imagination, est toute l’économie de la Divinité hors d’Elle-même. C’est la fin et de la création, et de toutes religions, qui n’ont été établies de Dieu que pour conduire l’homme en Dieu même, comme les lits de chaque fleuve sont pour les perdre dans la mer. C’est tout le travail de Dieu sur Ses créatures, c’est toute la gloire qu’Il en peut et doit tirer. Tout ce qui n’est point cela, sont des moyens ou éloignés, ou plus proches, mais ce n’est point ni notre fin ni notre essentielle béatitude.
« On m’a lu votre lettre, monsieur. … Il faut devenir enfant après avoir été homme. Il faut plus, car il faut renaître de nouveau afin de devenir une nouvelle créature en Jésus-Christ. Mais avant ce temps, il faut que tout ce qui est du vieil homme soit détruit, savoir la propriété, l’amour de la propre excellence, enfin tout amour propre, ce qui s’entend de tout ce qui nous concerne et qui a rapport à nous, quel qu’il soit. Le petit enfant se laisse porter où l’on veut : si son père le couche sur un fumier, il n’y pense pas, il n’en sait pas même faire le discernement, il y dort comme dans son [314] berceau, abandonné qu’il est aux soins de son père. Abandonnez-vous donc en la main de Dieu avec un grand courage … »
Une mise en garde vis-à-vis du « sentiment » et surtout des voies extraordinaires préconisées par le prophétisme de certains jeunes émigrés protestants, - considérés comme des martyrs après la terrible répression qui suivit la guerre des Cévennes, et qui firent le tour d’Angleterre et d’Ecosse, inspirés par les annonces publiques des prophètes de l’Ancien Testament -, confirme le caractère sobre de Madame Guyon :
« Il y a deux sortes de goûts, celui du fond et celui du sentiment. Il est de la dernière conséquence pour vous et pour les autres que vous ne vous conduisiez pas par le dernier. … N'allez donc jamais par ce que vous sentez ou ne sentez pas. Mais allez par un je ne sais quoi qui, bien que sec, détermine d'abord et ne laisse nulle hésitation. Il détermine sans goût et sans lumière de la raison parce qu'il détermine par la vérité de Dieu. Comme vous n'êtes pas par état dans la pure lumière de Dieu, et qu'il s'en faut bien, vous ferez souvent des fautes là-dessus. Mais à force d'en faire, vous vous accoutumerez à la nue opération de Dieu, non seulement pour être dépouillé, mais pour être agi. Hors de là, tout est méprise.
« … Le règne de Dieu ne viendra point par aucun bruit extérieur, mais l’Esprit Saint, étant répandu par tous nos cœurs, préparera par l’onction de sa grâce le règne de Jésus-Christ. La plupart des recueillements des personnes agitées comme cela [les jeunes cévenols] ne sont qu’un bandement et une occupation forte de la tête et du cerveau pour contraindre leur entendement à la cessation, et ces personnes-là ont un recueillement plutôt d’assoupissement. Ce que nous appelons vrai recueillement n'occupe point la tête, mais c'est une tendance du cœur, ou plutôt de la volonté vers Dieu, qui fait que la volonté étant toute occupée de son Dieu, à L'aimer, à Le goûter, ne fait plus aucune attention à ce qui se passe dans l'esprit et en est comme entièrement séparée.
« Vous pouvez tirer de là, mon cher frère, que toutes ces voies extraordinaires, quand même elles seraient vraies, ne pourraient nous unir au Souverain Bien, puisqu'il est bien éloigné de consister en ces choses. L'état de ces prophètes ne peut donner ce qu'on appelle un véritable silence intérieur. Ce que j'appelle silence intérieur est quelque chose de si tranquille, de si paisible, de si un, qu'il ne peut compatir avec aucune agitation corporelle, puisqu'une personne même qui possède ce silence intérieur dans les plus violentes douleurs ne donne aucune marque d'agitation, et peut se plaindre comme un enfant, mais ne s'agitera jamais. Saint Jean dit en l'Apocalypse qu'il se fit un grand silence au ciel [Ap 3, 1]. Lorsque ce silence est fait dans l'âme, il se communique jusqu'au dehors. Il y a deux sortes de silence extérieur : 1° l'un, que nous faisons nous-mêmes par pratique en nous imposant une suppression de toutes paroles. Ce silence, quoique bon, n'est pas pareil à : 2° l'autre silence qui vient [du silence intérieur] et qui est opéré par le silence intérieur. Dans le premier, c'est nous qui nous taisons ; dans le second, c'est l'amour qui fait taire, et l'âme sent bien que, lorsqu'elle veut parler, elle s'arrache à un je ne sais quoi qui l'attire au-dedans d'elle-même… »
(5) Nous terminons cette évocation de la voie mystique servie par Madame Guyon par deux lettres qui ne sont pas d’elle. La première, « en amont », lui est adressée par Monsieur Bertot, le prêtre qui la dirigea lorsqu‘elle était encore mariée ; la suivante, « en aval », provient d’une « simple paysanne » qui résume l’enseignement de tous, en rapportant tout à l’amour :
« De Bertot. Avant avril 1681 506. De l’état d’anéantissement parfait en nudité entière, où l’âme est et vit en Dieu, au-dessus de tout le sensible et perceptible.
« Le dernier état d’anéantissement de la vie intérieure est pour l’ordinaire précédé d’une paix et d’un repos de l’âme dans son fond, qui peu à peu se perd et s’anéantit, allant toujours en diminuant, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de sensible et de perceptible de Dieu en elle. Au contraire elle reste et demeure dans une grande nudité et pauvreté intérieure, n’ayant que la seule foi toute nue, ne sentant plus rien de sensible et de perceptible de Dieu, c’est-à-dire des témoignages sensibles de Sa présence et de Ses divines opérations, et ne jouissant plus de la paix sensible dont elle jouissait auparavant dans son fond ; mais elle porte une disposition qui est très simple, et jouit d’une très grande tranquillité et sérénité d’esprit, qui est si grande que l’esprit est devenu comme un ciel serein.
« … Dans cet état ces âmes vivent toujours à l’abandon et étant abandonnées d’état et de volonté à la conduite de Dieu sur elles, pour faire d’elles et en elles tout ce qu’Il voudra pour le temps et pour l’éternité … Enfin dans cet état ces âmes jouissent d’une grande liberté d’esprit, non seulement pour lire et pour écrire, mais aussi pour parler dans l’ordre de la volonté de Dieu. Et ces âmes parlent souvent sans réflexion et comme par un premier mouvement et impulsion qui les y porte et entraîne.
« Ces âmes ne laissent pas en cet état si simple et nu de s’acquitter fidèlement des devoirs de leur état, car Dieu qui est le principe de leurs mouvements et actions, ne permet pas qu’elles manquent à rien de leurs obligations.
« Lettre d’une paysanne à Madame Guyon 507.
« … L’amour tient lieu de tout, il ne m’apprend autre chose que la vérité, qui est au- dessus de moi et hors de moi. Oui, Amour, tout ce que l’on me peut dire regarde l’âme, et vous m’avez chassée hors d’elle. Vous y tenez lieu de tout, et je ne puis m’arrêter en aucun autre objet qu’en vous seul. O divin Amour ! Vous êtes tellement seul que je ne sais pas si j’ai une âme. Mon unique et pur Amour a délaissé et oublié l’âme : il n’y a temps et lieu que pour lui. Je me soucie autant de toi, ô âme, comme d’une paille … Oh ! qu’on ne me parle plus de l’âme ni de tout ce qui la concerne ! Je ne sais plus autre chose que mon Amour ; et il me semble que tout y est tellement Lui, qu’il y a une impossibilité morale de pouvoir plus regarder ni penser à son âme, mais bien à ce seul et unique Amour, et à cet objet de pureté.
« Mais de dire ce qui occupe, et comme l’on est occupé, c’est ce qui ne se dira jamais. Je n’ai rien de distinct ni de particulier : c’est un objet où tout est un, sans aucune distinction ni discernement. Il n’y a rien en Dieu de particulier, tout y est un, mais silence à toute expression ! Silence à toute intelligence ! Silence pour toute parole ! Je commence de rendre compte de la vérité dont je suis certaine, qui est Dieu, et de Son divin amour, qui est tout mien et qui est tout moi, en disant que je ne puis rien dire. Et je finis en disant que je n’en dirai rien. »
Ce tableau rassemble les influences qui assurèrent la formation spirituelle de madame Guyon. Il complète et corrige un tableau présenté en préface à notre édition de sa Vie par elle-même. Loin d’être une « aventurière », Madame Guyon s’inscrit au cœur de la spiritualité du siècle, bénéficiant de l’apport de certains de ses plus grands spirituels : Bernières, Marie de l’Incarnation, Maur de l’Enfant-Jésus, Laurent de la Résurrection. Domine le noyau de l’école mystique normande, puis parisienne, autour de la chaîne de transmission Jean-Chrysostome de Saint-Lô – Jean de Bernières – Jacques Bertot. Les mystiques importants pour Bertot et pour Madame Guyon sont juxtaposés horizontalement selon leurs affinités, et verticalement selon leurs dépendances. Tous ne sont pas cités, tels Renty, ami de Bernières, Jean Eudes, connu de Bertot, etc. Les dates données dans la colonne de gauche par « générations » de 25 ans correspondent très approximativement aux pics d’activité des membres situés sur une même rangée.
Une analyse fine de ce tableau distingue cinq groupes distribués selon les colonnes : (1) les carmes déchaussés auxquels se rattache Laurent de la Résurrection, apprécié de madame Guyon et connu de Fénelon. (2) les carmes de la réforme de Touraine menée spirituellement par Jean de Saint-Samson, dont est disciple Maur de l’Enfant-Jésus, un des correspondant et directeur de la jeune madame Guyon ; elle le rencontra probablement. Jean de Saint-Samson lui-même est cité très abondamment dans les Justifications. (3) L’abbaye de Montmartre bénéficiaire de la réforme soutenue par le capucin Benoît de Canfield : Bertot y sera confesseur auprès de F.-R. de Lorraine qui éditera un de ses ouvrages. (4) Le groupe de l’Ermitage animé par Bernières au sein de l’école normande et parisienne est mené par Chrysostome de Saint-Lô du tiers ordre régulier franciscain. Il se subdivise en trois branches : (4a) six figures féminines présentées en deux colonnes, regroupant, outre Marie des Vallées et Marie de l’Incarnation du Canada (Madame Guyon demandera conseil à son fils dom Martin), quatre supérieures conventuelles dont Mechtilde de Bar, la « Mère du Saint-Sacrement » (« sainte » selon Madame Guyon, elle fut un temps suspecte de quiétisme), (4b) la « lignée » incluant Chrysostome, Bernières, Bertot et madame Guyon, enfin (4c) une branche parallèle passant par Archange Enguerrand, le « pauvre villageois, vigneron de Monmorency », auteur notable. (5) Le groupe savoyard qui rend justice à la mère Bon et se rattache au Père Lacombe. Par ce groupe passa probablement l’influence de quiétistes d’Italie (ainsi que lors d’un séjour en Piémont chez l’évêque Ripa qui connut le cardinal Petrucci).
Dominique et Murielle Tronc, 21 mars 2019.
Contribution au Colloque des vingt ans du CRESC « Centre de recherches et d’études de spiritualité cartusienne : Du monde au désert, l’aspiration à la solitude au XVIIe siècle. »
La plupart des mystiques, du moins au 17e siècle, estiment nécessaire de partir à l'écart du monde pour chercher l'expérience intérieure. Ils vivent en général dans des bâtiments prévus à cet effet et embrassent la vie monastique pour ne pas être distraits de leur contemplation. Ils pensent que la nature humaine est trop faible pour résister sans un cadre fort. Parce qu’ils vivent ensemble, ils peuvent échanger oralement des conseils spirituels.
Ceux dont je vais parler ne disposent ni de bâtiments ni de règles. Ils ne sont guère encouragés à délivrer quelque enseignement, mais ils échangent entre eux des lettres qui nous sont parvenues et même en très grand nombre. Cette époque inquisitoriale oblige à l’autocensure pour pouvoir communiquer des textes à des collectivités religieuses ; le seul espace de liberté est souvent réduit aux correspondances et les lettres s’échangent discrètement entre les rares mystiques vivant au sein d’une majorité de dévots.
En général les dialogues entre mystiques ne nous sont parvenus que très exceptionnellement parce que les lettres d’un saint reconnu, souvent fondateur d’Ordre, sont privilégiées au détriment de correspondant(e)s jugés moins intéressants. L’assymétrie due à la disparition des correspondances « passives » n’existe pas dans un groupe qui privilégie la transmission spirituelle en dehors de règles et de pratiques.
Dans la filiation de la quiétude à laquelle s’intéresse cette contribution, de nombreux dialogues se sont répétés, liant « aînés » à « cadets » (pris au sens spirituel), mystiques accomplis à pèlerins en marche sur quatre générations : du Père Chysostome de Saint-Lô (1594-1646) du Tiers-Ordre Régulier franciscain au laïc Jean de Bernières (1601-1659) ainsi qu’à Mère Mectilde (1614-1698) la fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement dont la longue vie lui fit rencontrer Madame Guyon et Fénelon ; de Monsieur de Bernières au prêtre Jacques Bertot (1620-1681) ; de Monsieur Bertot à Madame Guyon (1648-1717), qui dirigera Fénelon (1651-1715), la duchesse de Mortemart (1665-1750), le pasteur Poiret (1646-1719) et bien d’autres1.
Parmi ces figures, nous avons choisi le dialogue épistolaire entre M. Bertot et sa dirigée Mme Guyon car ils se sont posé le problème de la solitude.
Jeanne de la Motte-Guyon (1648-1717) a d'abord été une jeune fille de la riche bourgeoisie provinciale. Éduquée chez les bénédictines, elle eut la chance de rencontrer la Mère Geneviève Granger (1600-1674) dont la profondeur et le rayonnement l'attirèrent très jeune vers la vie contemplative. Elle menait donc de front la pratique de l’oraison et la vie traditionnelle d’une jeune fille : elle consacrait plusieurs heures par jour à la prière et faisait des retraites. Mais elle fut arrachée à ce cadre idéal quand on la maria au riche et vieux M. Guyon qui voulait qu'elle lui consacre tout son temps ! Sa belle-mère la surveillait et l'empêchait de prier. Ces contraintes la rendaient malade, engendraient chez elle une immense souffrance et un désir de solitude impossible à satisfaire.
Par bonheur, la Mère Geneviève Granger, qui se sentait vieillir, l'envoya à l'un des plus grands mystiques de son temps, le père Jacques Bertot (1620-1681), qui avait apporté à l’abbaye de Montmartre la spiritualité de l’Ermitage fondé à Caen par Jean de Bernières (1602-1659).
Leur rencontre eut lieu le 21 septembre 1671. C’est une date essentielle pour elle. Aussi elle en rapporte précisément les circonstances assez inhabituelles2 :
Il faut que je rapporte par quelle providence je le connus la première fois. Il était venu pour la Mère Granger [supérieure des bénédictines de Montargis]. Elle souhaitait fort que je le visse ; sitôt qu’il fut arrivé, elle me le fit savoir, mais comme j'étais à la campagne, je ne trouvais nul moyen d'y aller. Tout à coup mon mari me dit d'aller coucher à la ville pour quérir quelque chose et donner quelque ordre. Il devait m'envoyer quérir le lendemain, mais ces effroyables vents de la saint Matthieu vinrent cette nuit-là de sorte que le dommage qu'ils causèrent m'empêcha de retourner de trois jours. Comme j'entendis la nuit l'impétuosité de ce vent, je jugeai qu'il me serait impossible d'aller aux Bénédictines ce jour-là et que je ne verrais point M. Bertot. Lorsqu'il fut temps d'aller, le vent s'apaisa tout à coup, et il m'arriva encore une providence qui me le fit voir une seconde fois...
Mme Guyon se plaça sous son autorité, ce qui nous vaut maintenant de lire leur échange de correspondance. Elle lui confie combien elle souffre dans une belle famille où elle ne peut pas se consacrer à la recherche de Dieu
M. Bertot connaissait bien lui-même cette attirance vers la solitude où l’on pense trouver Dieu plus facilement. Voici la jolie lettre envoyée à Mme Guyon en 1674 où il avoue sa nostalgie3 :
« L’air du monde non seulement est infecté en plusieurs manières mais encore il n’a nul agrément, comparé à celui de la solitude où l’on goûte en vérité le printemps et une sérénité qui contient le goût de Dieu. Dieu seul est le printemps de la solitude et c’est là qu’on le goûte.
« Il est vrai qu’avant que cela soit et que l’âme ait le calme, le désembarrassement et le reste que Dieu communique en solitude, il faut peiner et travailler, la nature se vidant d’un million de choses qui empêchent l’âme de goûter à loisir cet air doux et agréable d’une solitude calme et tranquille qui, à la suite, lui est vraiment Dieu : car qui fait cette solitude si belle, si sereine, si douce et si agréable, sinon Dieu, qui, se donnant à l’âme et l’âme l’ayant trouvé, elle le goûte et en jouit comme nous jouissons de l’air agréable du printemps, de la beauté des fleurs, de leur odeur plaisante et de tout le reste.
« En vérité, les créatures, et le soi-même encore plus, sont un vrai hiver à l’âme qui y habite, et quand l’âme trouve Dieu, elle trouve le printemps en toute manière par la solitude et l’éloignement du créé, en repos et cessation de tout. Je vous avoue qu’un je ne sais quoi me fait soupirer, avec patience et sans désir, après l’entier dégagement de la manière que Dieu le voudra. »
Et pourtant, Bertot refusa toujours de céder à ce désir, considérant qu'il fallait pratiquer l'oraison là où, selon son expression, « l’ordre de Dieu » l’avait placé. Jamais il n’encouragea Mme Guyon à fuir son environnement, mais au contraire il lui ordonna une pratique qui se révélera plus profonde car elle transcende les contraires : l’oraison au milieu des contraintes domestiques. Leur échange de lettres montre une jeune femme qui obéit comme elle peut aux instructions de Bertot. Petit à petit, on la voit passer du dégoût d'avoir à veiller un vieux mari et du regret de ne pouvoir prier tranquillement dans sa chambre, à une acceptation paisible. Elle part d'un état où elle croit que toute occupation humaine est une perte de temps en comparaison de la vie en Dieu : ce serait tellement mieux si elle était ailleurs. Or, à sa grande surprise, elle va expérimenter tout le contraire :
« Il m’est arrivé une fois ou deux, parce que je m'y trouvais fort recueillie, de me retirer pour m'en aller faire oraison, croyant aller faire merveilles, et j'expérimentais tout le contraire : c'était une inquiétude et une dissipation qui me peinai[en]t beaucoup et je ne pouvais pas être là en repos, voyant que ce n’était pas l’ordre de Dieu 4. »
C'est donc dans la médiocrité du réel que se trouve la perfection car là, à cet instant, Dieu se manifeste. Bertot approuve cette nouvelle expérience :
« […] dire que la soumission et la subordination à un mari et tout le reste d’une condition soit à une âme éclairée divinement un ordre si divin, il faut l'expérience pour le croire ; cependant cela est vrai. C'est pourquoi vous trouverez toujours, lorsque l'ordre divin demandera quelque chose de vous, que vous trouverez plus Dieu en son exécution qu'à faire oraison ou à vous employer dans les plus divins exercices car l'un vous est Dieu et l'autre ne vous peut être tout au plus qu'une sainte et vertueuse pratique5. »
Quand l’état de son mari empire, elle sait maintenant rester bien centrée au coeur de la grâce et ne désire plus rien d’autre que ce qu’elle est en train de vivre :
« Depuis dix ou douze jours M. N. [M. Guyon] a eu la goutte. J’ai cru qu'il était de l'ordre de Dieu de ne le pas quitter et de lui rendre tous les petits services que je pourrais. J'y suis demeurée, mais avec une telle paix et satisfaction que je n'en ai expérimentées de même. Quoique tous ces ajustements me soient insupportables, je ne puis désirer autre chose et j'y suis tellement contente que je ne me trouve pas ailleurs de même . Car quand je le quitte pour des moments pour faire quelques lectures ou prières, c’est avec inquiétude de ce que je n’y vois pas l’ordre de Dieu6. »
En acceptant les difficultés comme étant d’origine divine, elle commence donc à ressentir la vie de la grâce, et Bertot en est tout heureux :
« Je ne puis vous exprimer ma joie [en] remarquant que vous commencez de goûter les effets de cette eau vive et que, comme vous dites fort bien, ce qui vous aurait donné la mort et qui vous aurait été insupportable vous est présentement délicieux et que non seulement vous y trouvez la vie mais une souveraine consolation7. »
Bertot et Mme Guyon à sa suite vivent donc l'intériorité au milieu des tracas de la vie ordinaire et des circonstances où la Providence divine les met. On ne cherche pas à y échapper, on n’en change pas volontairement, car ce serait affirmer une volonté propre :
« La vraie dévotion, écrit Bertot, est de mourir à sa volonté et conduite propre par l’état que la divine Providence nous a choisi, nous laissant entre les mains de la divine Providence comme un morceau de bois en celle d’un sculpteur pour être taillé et sculpté selon son bon plaisir. Il faut bien savoir que cela s’exécute assurément par l’état de votre vocation : les ouvriers qui doivent travailler à faire cette statue sont monsieur votre mari, votre mère, vos enfants, votre ménage8. »
Ce que Bertot pratique et enseigne là, a été énoncé bien avant lui par Ruusbroec (1293-1381) sous le nom de « vie commune ». Chez lui, le mystique n’est pas accompli tant qu’il n’est pas capable de vivre en même temps sur les deux plans, accueillant les mouvements de la grâce divine tout en agissant sur le plan humain. Voici ce qu’il en dit à la fin de La Pierre brillante :
« […] il est un instrument de Dieu vivant et disponible, avec lequel Dieu opère ce qu’il veut et comme il veut ; et il ne s’attribue pas cela, mais il en donne à Dieu l’honneur ; et voilà pourquoi il reste disponible et prêt pour faire tout ce que Dieu commande, et fort et vaillant pour pâtir et supporter tout ce que Dieu établit sur lui. Et c’est pourquoi il mène une vie commune, parce qu’il est également prêt à contempler et à agir, et il est parfait dans les deux9. »
On vit donc comme tout le monde, on ne se réfugie nulle part. Si la solitude vient, c’est qu’elle est voulue par Dieu. Et elle n’est pas toujours agréable, comme par exemple les années de prison pour Mme Guyon. Toute la personne s’abandonne entre les mains de la grâce. Pour le faire comprendre, Bertot utilise la comparaison suivante :
« N’avez-vous jamais pris garde, sur le bord de quelque rivière, comment elle entraîne à son gré par son mouvement propre quelque morceau de bois qui flotte dans l’eau : il ne fait rien et il fait tout car il se laisse aller au gré de l’eau qui le porte insensiblement jusqu’au plus profond de la mer. Voilà l’exemple d’une âme qui correspond en simple abandon au vouloir divin dans le mal, lequel supplée et contient pour lors tout exercice, de telle manière que souvent même on les perd ; mais encore toutes les lumières, tous les goûts, et tout ce que l’on savait des voies de Dieu s’efface, devenant dénué de tout10. »
La métaphore sera développée par Madame Guyon dans les Torrents11 :
« Pour les âmes du troisième degré que dirons-nous sinon que ce sont comme des Torrents qui sortent des hautes montagnes ? Elles sortent de Dieu même, et elles n’ont pas un instant de repos qu’elles ne soient perdues en Lui. Rien ne les arrête. Aussi ne sont-elles chargées de rien. Elles sont toutes nues et vont avec une rapidité qui fait peur aux plus assurées. Ces torrents coulent sans ordre çà et là par tous les endroits qu’ils rencontrent propres à leur faire passage. Ils n’ont ni leurs lits réguliers, comme les autres, ni leur démarche dans l’ordre. [...] ».
De tels textes susciteront l’indignation du clergé car il y verra la permission de faire n’importe quoi. En réalité, même si ces gens vivaient au milieu de la société, ils menaient discrètement une vie très sérieuse. Témoins les vœux secrets de chasteté et de pauvreté que Mme Guyon confia au duc de Chevreuse12 :
« J’avais fait cinq vœux en ce pays-là : le premier de chasteté, que j’avais déjà fait sitôt que je fus veuve ; celui de pauvreté ; c’est pourquoi je me suis dépouillée de tous mes biens. Je n’ai jamais confié ceci à qui que ce soit. Le troisième, d’une obéissance aveugle, à l’extérieur, à toutes les providences ou à ce qui me serait marqué par mes supérieurs ou directeurs, et au-dedans, d’une totale dépendance de la grâce. Le quatrième, d’un attachement inviolable à la sainte Église, ma mère, non seulement dans ses décisions générales, où tout catholique est obligé de se soumettre, mais dans ses inclinations, et de procurer le salut de mes frères dans ce même esprit. Le cinquième était un culte particulier à l’enfance de Jésus-Christ, plus intérieur qu’extérieur. Et quoique mon âme ne fût plus en état d’avoir besoin de ces vœux, Notre Seigneur me les fit faire extérieurement et me donna, en même temps, au-dedans, l’effet réel de ces mêmes vœux.
Depuis ce temps, il n’est pas en mon pouvoir de garder de l’argent : je vis avec une entière pauvreté. J’ai eu une obéissance d’enfant, qui ne me coûte rien parce que je ne trouve pas même en ma volonté un premier mouvement de résistance. Je peux dire le même sur tout le reste. »
Ces vœux secrets la situent dans la mouvance du Tiers-Ordre franciscain. L’influence du Tiers ordre franciscain passe du Père Chrysostome de Saint-Lô au laïc Jean de Bernières, de ce dernier au P. Jacques Bertot ; de Bertot à Madame Guyon. On trouve également de nombreux capucins qui influèrent sur eux dont Benoît de Canfield est la figure de proue, « le bon franciscain » Archange Enguerrand, etc.
Le troisième vœu que nous venons de citer nous intéresse directement :
« […] une obéissance aveugle à l’extérieur à toutes les providences ou à ce qui me serait marqué par mes supérieurs ou directeurs, et au-dedans d’une totale dépendance de la grâce. »
Mme Guyon suit donc exactement la même voie que son père spirituel : un abandon qui nécessite d’instant en instant d’ouvrir sa vie aux impulsions divines. Cette ouverture ne nécessite même pas d’effort : elle n’est pas un acte, mais un état où l’on se perd en Dieu d’instant en instant :
« […] Remarquez bien que, quand je vous dis que le moment de ce que vous avez à faire ou à souffrir devient Dieu et est Dieu à une telle âme […] j’entends que tout ce qu’elle a à faire ou à laisser, quelque petit ou naturel qu’il soit, comme le travail, la conversation, le boire, le manger, le dormir et le reste d’une vie sagement raisonnable, est Dieu à telle âme et qu’elle doit être et faire ces choses dans les mêmes dispositions sans dispositions, car c’est par état13. »
Le monde entier devient alors signe de Dieu, chaque événement est divin :
« […] il n’y a rien de naturel pour les âmes qui sont assez heureuses de vivre en foi, et qu’encore que les choses arrivent naturellement, tout est divin et conduit par l’infiniment sage Providence. Si bien qu’il ne faut jamais rien regarder naturellement mais divinement, soit les maladies ou le reste qui nous arrive, tout étant pour la perfection de l’état où nous sommes14. »
Si l’on vit dans un monde où le divin est partout, on ne dépend pas d’un lieu pour trouver Dieu. Se retirer dans un lieu particulier n’a pas de sens. Bertot et Guyon ne veulent plus faire des allées et venues entre vie ordinaire et moments de contemplation : ils cherchent la grande unité, la plongée permanente dans le divin, tandis que l’extérieur est soumis aux aléas voulus par la Providence divine. Leur désir est de passer de la dualité extérieur/intérieur, de l’alternance contemplation/vie ordinaire à l’unité en Dieu sans interruption. C'est le but vers lequel Bertot guide la jeune Mme Guyon, là où Dieu disparaît en tant qu'objet à atteindre, pour devenir la Présence au sein de laquelle on vit :
« [...] quand, par dénuement et simplicité, l’âme tombe en Dieu, elle devient sans objet, et ce qu’elle a à faire et à souffrir de moment en moment lui devient Dieu et véritablement lui est Dieu. Heureuse une âme qui est appelée de Sa Majesté pour cette grâce ! Car elle trouve le moyen de jouir de Dieu sans moyen [intermédiaire], par où Dieu peu à peu lui devient toutes choses, et toutes choses lui deviennent Dieu15. »
Cette vie en Dieu a une contrepartie : une solitude toute intérieure, faite de nudité et d’éloignement du créé. C’est une sorte de désert, de mort, car l’on quitte intérieurement ce qui est humain pour vivre dans le divin :
« Cette mort, cette humilité, et cette petitesse ne se trouvent pas dans les écoles et dans les grands traités de Théologie. Ainsi quoique vous voyez quantité de savants vous en trouvez peu divinement éclairés de la Sagesse divine. Elle se trouve en la fuite du monde, en la solitude, en l’oraison et dans les autres petits exercices, qui nous cachent peu à peu à nous-mêmes et aux créatures ; et ainsi insensiblement en nous dérobant de la lumière humaine, nous trouvons la divine, et en nous enterrant en quelque façon tout vivant nous trouvons la mort qui nous perd aux créatures, à nous-mêmes et à l’humain (comme le tombeau nous dérobe nos amis,) pour nous trouver dans la vérité de la foi, qui a et renferme toute vérité ; et de cette manière ces pauvres mourants et morts sont entrés dans les vérités éternelles de Jésus-Christ et des saintes Écritures tout autrement que les savants. Ce n’est pas qu’ils en soient exclus ; au contraire quand ils sont humbles ils ont un secours admirable : car la science est une lumière excellente, étant relevée et divinement éclairée par la foi et ensuite par la lumière divine 16. »
Malgré la sévérité de ce texte, il ne faut pas penser que Bertot est attiré par le grand modèle de l'époque qu'est la Trappe. S'il s'incline devant ces héros de la spiritualité, on sent qu'il a quelques doutes sur leur volontarisme et leur orgueil ascétique. Il préfère la modération et quand il analyse sa propre façon de vivre la solitude, c'est avec modestie et réalisme :
« […] en vérité il faut que cela soit bien modéré puisque, quand il y en a plus qu’il ne faut, cela fait toujours un autre tracas et embarras. Heureuses les âmes qui ont le don de la pauvreté absolue, car par là elles ont l’entière solitude sans aucune crainte. Mais c’est une chose que j’admire de loin, me contentant de ma petite grâce et de ma petite solitude. Car selon ce don de pauvreté, la solitude est grande. Pauvreté de biens, d’amis, de créatures : voilà la grande solitude, à laquelle je ne prends part que selon le don de Dieu à mon âme. »
Il termine en appelant Mme Guyon à prendre conscience que tout est « bruit » en comparaison du grand silence intérieur :
« Je prie Dieu de vous y donner et de vous faire bien entendre le grand bruit des créatures, du soi-même et généralement du créé17. »
Lorsque Mme Guyon a succédé à Bertot et pris la direction spirituelle de son groupe, la continuité a été totale. Contrairement à Fénelon qui tentait de convertir les gens, elle a toujours jugé sans intérêt de changer de lieu, d'état ou de religion, car l'essentiel est intérieur : s'abandonner à la volonté du Seigneur et accueillir sa grâce dans une solitude intérieure de plus en plus profonde.
A cause de son rayonnement intérieur exceptionnel, s'est formé autour d'elle un groupe extrêmement soudé, qui a résisté vaillamment aux attaques des pouvoirs ecclésiastique et royal. Ils n’étaient soumis à aucune règle, ils ne formaient pas un ordre, ils ne se sont pas réfugiés dans un bâtiment spécial et ne sont pas partis dans la montagne pour vivre l'oraison. Chacun reste là où Dieu l'a placé, et il se trouve qu'au début, ce lieu de vie fut paradoxalement la Cour de Versailles puisque Fénelon était précepteur du Dauphin et Chevreuse ministre de Louis XIV. Ils se réunissaient discrètement pour pratiquer l'oraison dans les appartements des uns ou des autres18 : Fénelon vivait à trente mètres des Chevreuse !
Mais leur rêve de convertir la Cour fut détruit par la disgrâce royale : Fénelon perdit son appartement, Mme Guyon fut enfermée à la Bastille pendant des années, supportant une solitude imposée. Fénelon subit les attaques de Bossuet et finit sa vie exilé à Cambrai où il recevait et dirigeait discrètement ses amis mystiques19 :
« Vous me direz peut-être, ma bonne D[uchesse], que ce silence intérieur est difficile, quand on est dans la sécheresse, dans le vide de D[ieu] et dans l’insensibilité que vous m’avez dépeinte. Vous ajouterez peut-être que vous ne sauriez travailler activement à vous recueillir. Mais je ne vous demande point un recueillement actif, et d’industrie. […] Il suffit de laisser souvent tomber l’activité propre par une simple cessation ou repos qui nous fait rentrer sans aucun effort dans la dépendance de la grâce. »
Il se forma à Cambrai un cercle spirituel parallèle à celui de Mme Guyon à Blois, en union avec elle. Nous sont parvenus deux témoignages sur la « vie commune » menée par de paisibles convives traités à égalité par l’Archevêque :
« Moins hagiographique mais non moins élogieux que Ramsay, l’abbé Ledieu, secrétaire de Bossuet , en fait également une relation détaillée lorsqu’il passe par Cambrai en septembre 1704 […] Avec simplicité l’archevêque bénit la table et prend sa place tandis que chacun s’installe, Ledieu à la droite du prélat. Il y a là des amis, des collaborateurs, des secrétaires et aumôniers, des gens de la famille, un écuyer : quatorze personnes en tout, placées sans hiérarchie, ce qui provoque l’étonnement et l’admiration de l’hôte habitué à moins de modestie chez M. de Noailles ! […] Les échanges sont libres, affables et même gais. Comme tous les vrais pessimistes, Fénelon goûte les petits détails comiques, il aime les gens joyeux, et il fait partager avec douceur son enjouement... 20»
Mme Guyon fut libérée, mais comme elle était surveillée, la seule solution fut d'être accueillie à Blois près de son fils. Des amis de toutes nationalités, catholiques et protestants, vinrent y visiter « notre Mère ». La spiritualité y était très cachée : en apparence, une vieille dame recevait ses amis … Ils étaient forcés de vivre la quintessence de la mystique sans aucune forme extérieure. Dans la plus grande simplicité, la grâce faisait partie du quotidien, comme le raconte ce texte par lequel je conclurai :
« Plusieurs Anglais et Écossais protestants firent connaissance avec elle durant son exil à Blois. Ils avaient aussi vu M. de Cambrai et M. Poiret. Ils se rendirent chez elle et mangeaient à sa table, […] Elle vivait avec ces Anglais comme une mère avec ses enfants […] Souvent ils se disputaient, se brouillaient ; dans ces occasions elle les ramenait par sa douceur et les engageait à céder ; elle ne leur interdisait aucun amusement permis, et quand ils s'en occupaient en sa présence, et lui en demandaient son avis, elle leur répondait : « Oui, mes enfants, comme vous voulez. » Alors ils s'amusaient de leurs jeux, et cette grande sainte restait pendant ce temps-là abîmée et perdue en Dieu. Bientôt ces jeux leur devenaient insipides, et ils se sentaient si attirés au-dedans que, laissant tout, ils demeuraient intérieurement recueillis en la présence de Dieu auprès d'elle.21 »
Voilà donc une expérience de la grâce au beau milieu de la vie ordinaire.
Cette expérience se situe au-delà des contraires, qu’ils soient politiques (Ecossais en lutte contre les Anglais en 1715, récit précédent) ou religieux (règles d’exclusion observées entre catholiques et protestants). Le respect des religions n’empêchent pas la plongée mystique. Les protestants la vivent en compagnie de « notre Mère » en présence du prêtre catholique envoyé par Mgr Berthier, évêque de Blois ami de l’Archevêque Fénelon, moyennant un peu d’ingéniosité :
« Quand on lui apportait le Saint Sacrement, ils se tenaient rassemblés dans son appartement, et à l’arrivée du prêtre, cachés derrière le rideau du lit, qu’on avait soin de fermer, pour qu’ils ne fussent pas vus parce qu’ils étaient protestants, ils s’agenouillaient et étaient dans un délectable et profond recueillement, chacun selon le degré de son avancement, souvent aussi dans des souffrances assorties à leur état. ».
Si ces mystiques mènent une vie retirée, c'est par nécessité face aux menaces extérieures qui les contraignent à se cacher. Le problème n'est pas pour eux de trouver la vie d'oraison grâce à la retraite hors du monde, mais de se soustraire à l'hostilité du monde envers la mystique.
Bibliographie : sources des citations précédentes et de textes parallèles.
Nous venons d’utiliser des extraits pris au sein des échanges qui lièrent mystiquement madame Guyon à son directeur Monsieur Bertot.
La bibliographie22 qui suit donne les sources de nos citations. Elle ouvre également accès à des échanges antérieurs (P. Chrysostome, Bernières, Mère Mectilde) et postérieurs (Guyon et disciples, puis « chrétiens intérieurs » du Siècle des Lumières. L’impact de ces échanges entre membres de l’école est de même forte intensité si l’on s’intéresse au vécu mystique intime. Leurs expressions s’avèrent souvent « étrangement » semblables (selon un érudit, Guyon « plagia » Bertot). Ces échanges multiples ont surtout permis de maintenir une filiation vivante sur près de deux siècles.
Les références bibliographiques sont attachées en notes par figures précédemment citées. L’ordre chronologique se trouve respecté et l’on observe comment elles ont tour à tour oeuvré pour éviter la disparition d’une vie mystique commune. Les ‘partages’ eurent successivement lieu aux Ermitages de Caen23 puis de Québec24, au couvent de Montmartre, à Paris, au sein même du château de Versailles, à Blois, à Cambrai, enfin hors du Royaume .
Les écrits du Père Chrysostome de Saint-Lô25 furent préservés par Jean de Bernières qui l’édita à ses frais à Caen26. Ils incluent des échanges entre eux deux27. Mère Mectilde28 obtint difficilement les écrits « de notre bon Père » gardés par des frères du Tiers Ordre Régulier franciscain qui ne l’estimaient guère. Jourdaine de Bernières préserva les lettres de son frère après la réécriture très libre du Chrétien intérieur29 opérée par le co-rédacteur capucin Louis-François d’Argentan . Madame Guyon30 obtint le transfert d’écrits de Bertot31 grâce probablement à l’intervention de la duchesse de Charost ; pendant ses emprisonnements, elle a réussi à faire préserver par des proches ces écrits et les nombreuses lettres reçues directement de son Directeur mystique. L’éditeur Pierre Poiret devenu disciple a rassemblé et publié presque tous les écrits de Madame Guyon32 malgré l’opposition de certains autres disciples (ils se disputèrent sur l’opportunité de publier une Vie par elle-même très véridique donc peu hagiographique – le « récit des prisons » resta manuscrit). Les bénédictines « filles » spirituelles de Mectilde sauveront durant trois siècles ses lettres et ses « dits » par des copies et recopies multiples, incluant au passage quelques lettres de Bernières, une contribution précieuse qui permet d’évaluer la fidélité de ce qui ne nous est parvenu ailleurs qu’imprimé)33. Enfin d’utiles témoignages sur la vie des « chrétiens intérieurs » sont livrés par des disciples au siècle des Lumières (Fleischbein, Dutoit, Klinckjöström...)34 et en particulier en Ecosse35.
Trois vastes recueils épistolaires s’en détachent. Ils se relaient dans une belle continuité : lettres de Bernières de ~1635 à 1659, lettres de Bertot de 1660 à 1681, recueil que nous venons de mettre en valeur, lettres de Guyon de ~1686 à 1717 . On y trouve les traces, les preuves et surtout l’essentiel mystique de l’Ecole du Coeur.
A MYSTICAL TRANSMISSION SCHOOL 3
MADAME GUYON AT THE CENTRE OF A MYSTICAL TRANSMISSION 9
A SCHOOL OF THE HEART IN FRANCE AND CANADA 49
THE BEGINNINGS & MONSIEUR DE BERNIÈRES 51
The Franciscan origin of the School of the Heart 51
Antoine le Clerc (1563-1628) 53
Jean-Chrysostome de Saint-Lô (~1594-1646) 57
Jean de Bernières (1601-1659) 63
His training with Fr. P. Chrysostome 65
Marie des Vallées (1590-1656) 69
Charlotte le Sergent (1604-1677) 71
Marie of the Incarnation (1599-1672) 73
A reconstituted and influential work. 77
Jourdaine de Bernières (1596-1645) and her Ursulines. 87
Jean Eudes (1601-1680), missionary. 91
Gaston de Renty (1611-1649) 93
Louis-François d’Argentan (1615-1680), Capuchin. 97
François de Laval (1623-1708) in France 99
Henri-Marie Boudon (1624-1702) 103
Claude La Colombière (1641-1682) 105
Jean Aumont (1608-1689), a poor villager. 107
MONSIEUR DE BERNIERES (1602-1659) 123
MONSIEUR BERTOT, MYSTICAL DIRECTOR. 133
THE INFLUENTIAL "SISTER MARIE" DES VALLÉES (1590-1656). 149
CLAUDINE MOINE, DRESSMAKER (1618 – AFTER 1655). 167
"LA BONNE ARMELLE " (1606-1671) 177
MOTHER MECTILDE (1614-1698) 191
Initiation by Fr. Chrysostome 193
Direction by Bernières and his friends. 207
The mystical ascension of her final years 209
Her links with the "later quietists" 211
[note provisoire : Projet d’assemblage, D. Tronc, 8 août 18] 215
Logique de cette base de données 2
Table Poiret Guyon Discours Titres 7
Table Poiret Guyon Discours Matières 8
Synthèse ancienne (Guyon, Civoré, Honoré) 10
Tri de Bertot [B] + Guyon Discours [D] + Synthèse ancienne {Guyon Clefs + Civoré + Honoré [GCH] 16
{ TERMES principaux (nœuds) [T] } 38
Glossaire Guyon du tome I de la Correspondance réduit à ses entrées [GG] 40
{ Vocabulaire par Termes principaux [T] + Glossaire Guyon [GG] } 42
{ Vocabulaire par Termes principaux [T] + Glossaire Guyon [GG] + Sandaeus [S]} 45
101.FEMMES MYSTIQUES
cf.43.MECTILDE_Itinéraire+Entretiens
Méthode claire et facile pour bien faire Oraison Mentale. Et pour s’exercer avec fruict en la Presence de Dieu. Faisant le quatrième Traité de la Conduite spirituelle des Novices. Par le R. P. Marc de la Nativité de la Vierge. (1650), pdf, 610 p.
La seule « bonne » Méthode mystique au XVIIe siècle !
J’ai commencé une transcription abandonnée puisque Google books offre le pdf repris ici sous Lulu
Il faudrait faire un choix… Voir 43.MECTILDE…...
Catherine de Bar 1614-1698 Mère Mectilde du Saint-Sacrement, Itinéraire spirituel par V. Andral suivi des Entretiens familiers par M.-C. Castel, réédition hors-commerce.
Le meilleur publié sur Mectilde !
Resté malheureusement en édiiton interne à l’Ordre des Bénédictines du Saint-Sacrement
Lettres Guyon – Chevreuse : Charles-Honoré Duc De Chevreuse (1656-1712), 556 p.
Amorce l’étude de ce fidèle disicple.
Autres études à consulter sous SOURCES DT /
dont sous
/ Filiation après Guyon / 217 FENELON Orcibal
les OCR de la CF Correspondance de Fénelon – il rest à les revoir.
C’est un outil incontournable pour étudier le Quiétisme surtout grâce aux notes d’Orcibal !
Car il n’existe aucun relevé des noms des admirables notices d’Orcibal...Travail considérable à finaliser...
Dont aussi mais plus spécifique :
Une note :
Des contributions « secondaires » non numérotées suivant 139f
[………...]
Lilian Silburn redécouvrit une Tradition mystique indienne oubliée car aujourd’hui disparue. Ses travaux restent encore peu visités, car ils ont été publiés en français dans des ouvrages spécialisés ou sous forme de contributions dans une revue exigeante.
Mystique sans religion, n’appartenant à aucun groupement, n’en critiquant aucun, elle apprécia Plotin, Spinoza, Bergson. Elle entreprit une recherche qui la mena de l’Avesta à un Bouddhisme dont le « ni ceci ni cela » évite toute dogmatique réductrice - ce qui l’attirait. En témoigneront Instant et Cause et Au sources du Bouddhisme. Lilian S. s’attachera ensuite à une synthèse exceptionnelle qui se produisit puis fut protégée dans le Cachemire montagneux du nord de l’Inde.
L’érudite qui était en recherche d’une expérience purement intérieure menée de coeur à coeur, la trouva ! mais hors de son champ d’études, par la rencontre inopinée d’un mystique de culture sufi. Ainsi naquit une synthèse improbable, hors de toute croyance, mais vérifiée par expérience intérieure et contrôlée par un solide esprit critique. Lilian S. communiquera par la suite une expérience semblable autour d’elle.
La rencontre de traditions parfois tantriques de l’Inde classique avec le deuxième bouddhisme dit du Grand Véhicule, constitue un achèvement qui s’est produit paisiblement, peu avant le Xe siècle. Lilian Silburn n’affirme rien, elle traduit, elle explique et donne sens à un corpus de textes choisis d’accès difficile. Elle en découvre le fil d’or : la puissance mystique vécue par leurs auteurs.
Les tomes I à IV sont des études générales. Lilian S. et ses amis les met autant qu’il est possible à portée de tous. Les tomes V à VIII restituent le corpus rédigé par des mystiques sivaïstes cachemiri. Plus précisément, voici titres et ‘signatures’ :
I. Vie508 et premiers travaux sur l’Inde classique expose recherche, rencontre et échanges avec un maître d’une toute autre origine, reproduit des contributions à L’Inde Classique, présente deux Upanisad (et un ‘programme d’études’). II. Instant et Cause cerne le mystère de notre « prison temporelle » tel qu’elle est analysée des Veda et des Upanisad aux bouddhismes. III. Revue « Hermès » est un recueil de contributions à une revue consacrée à une vie intérieure sans barrières, mais avec exigeance. Elle inclut celles d’amis de Lilian Silburn. IV. Aux sources du Bouddhisme » expose un bouddhisme vécu mystiquement en éclairant ses textes essentiels.
V-VIII livrent quarante années d’études sivaïtes présentées chronologiquement. Il s’agit des traductions et d’éclairages portés sur le corpus sivaïte mystique reconstitué. La confluence entre Bouddhisme du grand Véhicule ouvert aux laïcs et une partie de l’Inde libérée des contraintes propres à l’ascèse, constitue une synthèse adaptée au monde d’aujourd’hui. Onze (ou treize) titres : V Paramartha, Vatûlanâtha, Vijnana Bairava, Bhakti ; VI Mahartamanjari, Hymnes de Abhinavagupta, Hymnes aux Kali & Sivanandanatha, VII Sivasûtra & Vimarsini, Kundalini VIII Spandakarika de Vasugupta, Tantraloka chapitres 1-5.
LILIAN SILBURN, UNE VIE MYSTIQUE 5
Précisions de Lilian sur la nature de ses « notes » 29
Anecdote : Huzur Maharaj et la prostituée/4 57
LILIAN ET LE GURU 1950-1966 69
Extraits des lettres du guru 71
Extraits de lettres de Lilian au guru 77
Extraits du journal de Lilian 79
Extraits des lettres du guru 94
Extraits du journal de Lilian 100
Un poème chanté par le guru 100
Extraits des lettres du guru 105
Extraits du journal de Lilian 108
Extraits de lettres à Serge Bogroff 110
Après l’annonce de la mort du soufi 112
Extraits des lettres du guru 116
Extraits du journal de Lilian 119
Extraits des lettres du guru 126
Extraits des lettres du guru 134
Extraits du journal de Lilian 137
Extraits de lettres de Lilian 138
Extraits des lettres du guru 144
Extraits de lettres de l,ilian 150
Extraits des lettres du guru 154
Extraits des lettres du guru 160
Lettre de Lilian à une amie 165
Extraits des lettres du guru 169
Extraits des lettres du guru 177
Extraits des lettres du guru 185
Extraits des lettres du guru 190
Extraits des lettres du guru 194
Extraits des lettres du guru 200
Extraits des notes de Lilian 204
Extraits des lettres du guru 208
Extraits des lettres du guru 214
APERÇU SUR LES SÉJOURS AU KASMÏR 223
Une expérimentation scientifique 253
1975 — Dernier voyage en Inde 270
Lettre adressée au Vésinet 273
En marge des travaux sur le sivaïsme 276
Lilian s’impatiente parfois : 284
La vague marseillaise, 1980-1981 290
Un visiteur de passage : Minouche 300
L’aide d’un guide est indispensable à plus d’un égard/2 323
Différence entre le saint et le sadguru* 329
Voie de la transmission de cœur à coeur/1 341
Voie de l’amour, voie du non faire 345
Instant et cause. Le discontinu dans la pensée philosophique de l’Inde. 353
Le Paramãrthasãra de Abhinavagupta 353
La Bhakti. Le Stavacintãmani de Bhattanãrãyana 353
La Mahãrthamanjarï de Mahesvarãnanda 353
Hymnes aux Kãlï. La roue des énergies divines 354
Sivasütra et Vimarsini de Ksemarãja 354
La Kundalini ou l’énergie des profondeurs 354
Abhinavagupta. La Lumière sur les Tantras. Chapitres I à 5 du Tantrãloka. 354
ARTICLES DE REVUES OU CONTRIBUTIONS À DES OUVRAGES COLLECTIFS 355
Un hymne à énigmes du Rig Veda 355
Nirukta and anirukta in Vedism 355
La philosophie du Pancarãtra 355
Le matérialisme : les Nãstika, Lokãyatika et Cãrvãka 355
L’expérience mystique dans le bouddhisme indien 356
DIRECTION D’OUVRAGES COLLECTIFS 357
Les Voies de la mystique, ou l’accès au sans-accès 357
Le Vide, expérience spirituelle en Occident et en Orient 358
Le Maître spirituel selon les grandes traditions et d’après des témoignages contemporains 358
Tch'an. Zen. Racines et, floraisons 358
TABLE DES MATIÈRES [Imprimé] 363
Lilian et le guru (1950-1966) 69 363
Aperçu sur les séjours au Kasmïr 366
SOURCES VÉDIQUES. STYLE ET MÉTAPHORES. 384
ÉVOLUTION DE LA MATIÈRE PRIMORDIALE. 402
CONTRIBUTIONS A « L’INDE CLASSIQUE » 465
Liliane Silburn et Anne-Marie Esnoul 465
LA PHILOSOPHIE DU PANCARATRA 477
PRIÈRE PURE ET PURETÉ DU CŒUR 507
LE TÉMOIGNAGE DE LA TRADITION 513
PLÉNITUDE ET DÉPOUILLEMENT 555
LE RENONCEMENT, CONDITION DE LA PRIÈRE 573
LA PURETÉ DU CŒUR, FRUIT DE LA PRIÈRE, PARCE QUE FRUIT DE LA GRÂCE 575
LE RENONCEMENT, EXIGENCE DE L’AMOUR 581
LE DISCONTINU DANS LA PENSÉE PHILOSOPHIQUE DE L’INDE 5
TABLE DES MATIÈRES [d’origine] 8
Savitr. Incitation et durée 26
Rta et l’agencement du cosmos 27
Activité créatrice de la durée 40
Kratu, mantu, māyā… dans leur rapport avec les dieux prévoyants, élaborateurs de la durée 46
Les Rbhu, dieux de l’agencement (rta) 49
Ketu et Praketa. Signal discriminateur 53
Prajāpati, l’année, en sa dispersion germinale 86
Désir procréateur, visrj — et retas 89
Le temps destructeur. La mort 91
Prajāpati-le-Temps en sa reconstruction 95
Exemple de construction et de consolidation des structures : l’autel du feu 108
CONTINUITÉ ORGANISÉE (SANTATI, LE TISSAGE) 140
DISCONTINUITÉ DE L’ACTE RITUEL ET CONCENTRATION DU BRAHMAN 146
I. LES UPANISAD ET LE SACRIFICE 169
Le souffle vital el cosmique, principe de continuité 169
Evanescence des actes sacrificiels 173
Akāsá, espace cosmique et intime 176
CHAPITRE IV SĀSVATAVADĀ ET UCCHEDAVÁDA 203
Eternalisme et destructionnisme 203
THEORIES EVOLUTIONNISTES. SVABHAVAVADA 210
IMPERMANENCE ET DEVENIR DANS LES UPANISAD TARDIVES ET SECTAIRES 226
Rapports du Buddha, des matérialistes et des Samana 248
Rapport du Buddha, des Kālavādin et de Makkhali Gosāla 249
CHAPITRE V BOUDDHISME PRÉCANONIQUE ET L’INTUITION DU BUDDHA 259
Impermanence de la pensée (citta et vijñána) 280
La conscience et ses limites 286
CHAPITRE VI BOUDDHISME CANONIQUE 295
La théorie du Karman et la voie moyenne 295
Explication du terme « pratityasamutpāda » 307
Variantes de la production en dépendance. 307
FACTEURS DE LA CONTINUITÉ : avidyā, samskāra et vijñāna 311
Vijñāna, conscience discriminatrice du moi et du non-moi 320
Trsnā, soif et appropriation 325
Abhisamskāra, intention et organisation 331
Anusaya, préoccupation mentale, regret 332
Souci, agitation, douleur, 338
ACTIVITÉ DÉPOLARISÉE DU DÉLIVRÉ (TATHAGATA) 350
CHAPITRE VII SECTES ANCIENNES 357
Le problème du subconscient 364
Problèmes de la subconscience 370
SARVASTIVADIN — VAIBHASIKA 398
Les forces caractéristiques. 400
DISCUSSION ENTRE SARVĀSTIVĀDIN ET SAUTRÁNTIKA 415
CHAPITRE VIII SAUTRANTIKA ET LOGICIENS DE L’ÉCOLE DE DIGNAGA 429
Comment construit-on la durée 448
II. SENSATION MENTALE ET INTROSPECTION (meinasa pratyaksa et svasamvedanà) 453
Organisation (kalpanā) et exclusion (vikalpa) 461
SOURCE DE LA CONSTRUCTION IDENTIQUE OU DE LA NOTION DE DURÉE 467
SANTANA, LA SÉRIE OU L’ENCHAINEMENT DES INSTANTS 474
Cetanā, acte de volition/2 475
Evolution de la série et maturation 479
Durée de vie de l’homme délivré 490
Rupadhátu/1, le plan du formel 500
Ártipyadhátu, extases au-delà de la forme 503
DÉSORGANISATION TEMPORELLE 509
L’UNIVERSELLE INSTANTANÉITÉ ET SA DÉMONSTRATION 518
Argument tiré de l’analyse du principe de contradiction 519
Argument tiré d’une analyse de la notion d’existence 529
Argument tiré de l’analyse de la notion de destruction 532
CHAPITRE IX OBJECTIONS FAITES A LA THÉORIE DE LA DISCONTINUITÉ 541
PROBLÈME DU KARMAN ET DE LA CAUSE ET DE L’EFFET 541
Causalité des systèmes brahmaniques 544
Discontinuité entre la cause el son effet 552
L’acte et son fruil (karman) 556
Impressions des actes (vāsanà) 559
RÉFUTATION DE L’AME SUBSTANTIELLE ET DE L’AGENT 561
Critique de l’ātman des Vaisesika 562
Réfutation de la thèse des Kâsyapiya 574
Problème de la fixation et du rappel des souvenirs 595
CONCENTRATION (SAMĀDHI) ET INSTANTANÉITÉ 604
EXTASES INCONSCIENTES ET INSTANTANÉITÉ 607
BIBLIOGRAPHIE ET TABLE DES SIGLES 639
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES 685
H. CORNÉLIS, Le Discontinu dans la pensée Indienne. 688
Sous un même titre « HERMES » parurent de nombreuses séries de contributions consacrées à la réalité intérieure. Elles étaient ouvertes à ‘l’expérimentation spirituelle’. Plusieurs se succédèrent ainsi entre 1933 et 2010. Sur cette longue durée proche de celle d’un siècle s’exprimèrent de nombreuses figures de « sensibilité spiritualite érudite 509 ».
Mais le public n’était « pas aussi important qu’on pouvait le croire, en tout cas à ce niveau d’exigence ». Aussi leurs contributions restèrent confidentielles 510 malgré une qualité que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
§§
Je reprends ici un choix effectué dans les dernières parutions d’« HERMES » . Il s’agit des textes rédigés par Lilian Silburn, Jacqueline Chambron, Jacqueline Sebeo, Jean et Marinette Bruno. Ils constituent une magnifique conclusion aux séries. Ils sont un appel adressé à tous les chercheurs de vie intérieure.
De plus le quart du présent volume constitue une anthologie mystique qui ouvre à l’universel. Elle elle constituée de choix d’écrits de Ruusbroec, de Jean de la Croix, de Madame Guyon et s’achève sur une une présentation du Nuage d’Inconnaissance apprécié par Lilian Silburn. L’ouverture sur les trois traditions en terres d’Islam, en Inde, en Chine est assurée par des textes de Jîli, Abhinavagupta, K’uo an511.
L’ensemble de tous les textes, incluant l’anthologie que nous venons d’évoquer, suit strictement l’ordre des parutions d’ »HERMES », soit n°4 et n°6 de la Deuxième série dirigée par Jacques Masui, puis n°1, n°2 [= n°6 de la Deuxième série], n°3, n°4 de « Nouvelle [Troisième] série sous la direction de Lilian Silburn »512.
Il serait désastreux de démanteler la stucture sous-jacente révélée par les sommaires ou tables de matières. Ils révèlent des choix et la pensée profondément structurée de leur « dame directrice513 ».
Cette pensée s’unifie autour de trois thèmes essentiels : les Voies mystiques, le (vrai !) Vide, le Maître spirituel. Ce sont les trois parties de la présente restitution. A ces parties I, II, III, reprenant les titres des HERMES numéros 1, 2, 3, s’ajoutent IV, V, VI beaucoup plus brèves : numéro 4, textes inédités, présentation et histoire des séries.
§§
Je découvre aussi et enfin que les SOMMAIRES rétablis intégralement en section VI HERMES méritent une méditation attentive. Les ‘grands connaisseurs’ d’auteurs spirituels sont presque tous présents514. Bien des contributions oubliées et écartées du présent tome « Lilian Silburn et ses Amis III Revue HERMES » mériteraient redécouverte. Une autre sauvegarde, intellectuelle donc moins urgente, serait à faire ?
Table
Nouvelle orientation d’HERMES 11
INTRODUCTION : « ACCÈS AU SANS-ACCÈS » 21
L'Essence unique et incomparable 22
Intensité omnipénétrante de la lumière 42
Opacité des voiles ou des attributs divins 44
La taie sur l'oeil ou le voile de la dualité 45
LES VOIES MYSTIQUES SELON MADAME GUYON 65
par JEANNE-MARIE BOUVIER DE LA MOTTE-GUYON 71
[Extraits, Marinette Bruno] 71
Différentes voies du retour de l'âme à Dieu 71
PREMIERE VOIE, d'activité et de méditation ou les petites rivières 72
DEUXIEME VOIE, passive mais de lumière ou les grandes rivières et les fleuves 75
TROISIEME VOIE, passive et de foi nue ou les torrents 80
Premier degré : Amour et intériorité 81
Deuxième degré : course tumultueuse de l'âme à sa perte et à sa mort 85
Dépouillements et trépas mystique 90
Troisième degré : de l'ensevelissement à la poussière ou à l'anéantissement 91
Quatrième degré : commencement de la vie divine 92
De trois voies imperceptibles 103
LES TROIS AVÈNEMENTS DU CHRIST DANS L’ÂME D’APRÈS RUYSBROECK L’ADMIRABLE 105
LES NOCES SPIRITUELLES (extraits) 109
[Jacqueline Chambron, trad. J.-A. Bizet] 109
DU TRIPLE AVÈNEMENT DU CHRIST (LIVRE II) 109
A. Le premier avènement lequel se fait dans le cœur 111
B) DEUXIÈME MODE. SURABONDANCE DES CONSOLATIONS 112
C) TROISIÈME MODE. PUISSANT ATTRAIT VERS DIEU 113
D) QUATRIEME MODE DE LA DERELICTION 114
PREMIER RUISSEAU : COMMENT IL FAIT L'ORNEMENT DE LA MÉMOIRE 117
DEUXIÈME RUISSEAU :COMMENT IL ÉCLAIRE L’ENTENDEMENT 118
TROISIEME RUISSEAU : COMMENT IL CONFIRME LA VOLONTÉ EN TOUTE PERFECTION 119
C. Troisième avènement. La touche ressentie dans l'unité de l'esprit 121
COMMENT L'HOMME DOIT ÊTRE ORNÉ POUR ACCÉDER AUX EXERCICES LES PLUS INTIMES 121
DU TROISIÈME AVÈNEMENT DU CHRIST QUI NOUS CONDUIT À LA PERFECTION DANS LES EXERCICES INTIMES 121
D’UNE SORTIE DE L’ESPRIT EN SON FOND INTIME SOUS L'ACTION DE LA DIVINE TOUCHE 122
LA VIE DANS LA CONTEMPLATION DE DIEU (livre III) 125
Quatrième partie : la rencontre 128
LES TROIS VOIES ET LA NON-VOIE DANS LE ŚIVAÏSME NON DUALISTE DU CACHEMIRE 133
Manifestation et retour à la source : le jeu divin 133
STANCES FINALES DU PREMIER CHAPITRE DU TANTRÂLOKA d'ABHINAVAGUPTA . 137
STANCES DU TANTRÂLOKA : LA TRIPLE VOIE 143
Voie divine ou de la volonté 143
Voie de l'énergie ou de la connaissance 143
Voie de l'individu ou de l'activité 143
La grâce et la triple absorption 144
Absorption dans la quintessence . 146
Absorption propre à la voie divine 148
Absorption propre à l'énergie 149
Absorption propre à la voie de l'individu 149
VOIE DE L'INDIVIDU OU DE L'ACTIVITÉ 153
Les yogānga ou membres du yoga 155
Recueillement ou méditation (buddhidhyāna) 158
Le sacrifice du monde objectif 160
LA VOIE DE L'ÉNERGIE COGNITIVE 163
VOIE DIVINE OU DE LA VOLONTÉ 173
Triple aspect du reflet de l'univers dans la Conscience 178
L'ABSENCE DE TOUTE VOIE (ANUPÂYA) 181
LE TANTRASARA D'ABHINAVAGUPTA . 185
Absorption dans la non-voie (anupāya) 188
Absorption divine de la voie de Śiva 189
Stance traduite du prākrit 193
Absorption propre à l’énergie 193
Absorption propre à la voie de l'individu 199
Poussée ascensionnelle du souffle (uccāra) 201
Phonèmes faits du souffle subtil 203
Stance finale du Chapitre V 204
LES DÉVOILEMENTS DIVINS SELON 'ABD AL-KARÎM AL-JÎLÎ 207
La Divinité et la création ou le déploiement des Qualités divines 209
L'occultation et son remède 210
Les Qualités, voile de l'Essence 211
Métaphysique et expérience 212
[Extraits, traduction Titus Burckhardt] 215
Du dévoilement (tajallî) des Activités divines 215
Du dévoilement (tajallî) des Noms divins 217
Du dévoilement (tajallî) des Qualités divines 219
Du dévoilement (majla) de l'Essence 225
Le dévoilement unique : celui de Dieu à Lui-même 231
LES DIX ÉTAPES DANS L'ART DE GARDER LA VACHE par K'UO AN .. 233
[Paul Petit - analyse : Lilian Silburn] 233
À la recherche de la vache 235
Il découvre les traces de la vache 236
Il rentre chez lui sur le dos de la vache 239
La vache oubliée, l'homme reste seul 239
La vache et l'homme tous deux hors de vue 240
Il retourne à l'origine, à la source 240
Il entre dans la ville, répandant le bonheur à pleines mains 241
Analyse : le domptage du buffle 241
CONCLUSION : LES TROIS VOIES ET LA NON-VOIE A LA LUMIERE DE MAÎTRE ECKHART 245
Transformation de l'activité 247
Vanité des œuvres extérieures, des mérites et des vertus 249
Le recueillement ou la douceur d'aimer 254
VOIE DE LA VOLONTÉ OU VOIE DIVINE 265
Effacement de la « grande idolâtrie » 285
Point de naissance pour ce qui est déjà né : 285
Point d'anéantissement dans l'éternelle essence : 286
Point de moyen pour accéder à la réalité : 287
« L'ombre se perdit dans le soleil... » 296
Le Vide Expérience spirituelle en Occident et en Orient 307
LE VIDE, LE RIEN, L'ABÎME. 309
CONCENTRATION MENTALE ET VIDE MYSTIQUE SPONTANÉ 311
ASPECTS PASSIF ET ACTIF DU VIDE MYSTIQUE 314
VIDE ET DÉTACHEMENT DE LA QUIÉTUDE 323
NUIT DE L'AMÈRE DESTRUCTION 333
CONSCIENCE REVENUE SE DÉTACHANT SUR UN FOND DE VIDE INCONSCIENT 355
LE VIDE CHEZ St JEAN DE LA CROIX 375
I. VIDE DOIT ÊTRE L'AUTEL DU SACRIFICE 376
II. « METS-LA AUSSI VIDE SUR LA BRAISE... » 378
III. « APRÈS TOI JE SORTIS CRIANT, ET TU ÉTAIS PARTI. » 384
Pourquoi le laisser ainsi » 387
Et ne pas emporter le vol que Tu fis ? 387
LES SEPT VACUITÉS D’APRÈS LE ÇIVAÏSME DU CACHEMIRE . 393
KHA, MOYEU, ET VIDE DE L'INTÉRIORITÉ 394
VYOMAN OU IMMENSITÉ DE LA CONSCIENCE 395
INTÉRIORITÉ ET VIDE INTERSTITIEL 396
VIDE UNIVERSEL DE L'ÉNERGIE OMNIPÉNÉTRANTE 400
VYOMAN OU IMMENSITÉ COSMIQUE 400
VIDE DE L'ÉGALITÉ (SAMANÂ) 400
LE VIDE A LA SOURCE DE L'INSPIRATION 405
chez les peintres lettrés de la Chine ancienne d'après Nicole Vandier-Nicolas 405
Le Maître Spirituel selon les traditions d’Orient et d’Ocident 423
AUJOURD’HUI : QUEL MAÎTRE POUR QUEL DISCIPLE ?42 425
Les virtuoses de l'ascension 429
Excursion isolée ou sauvage 432
Point de montagne et point de guide 436
Ni montagne ni carte : les marchands du temple 438
TECHNIQUES DE LA TRANSMISSION MYSTIQUE DANS LE SHIVAÏSME DU CACHEMIRE . 443
Prātibho guru, maître par illumination. 447
Le maître authentique (sadguru). 448
MODALITÉS DE LA TRANSMISSION 450
Communion dite de l'énergie. 454
Communion dite de l'être limité. 456
1. - Initiation du fils spirituel. 456
Nādavedha, initiation par le son. 459
2. - Onction du guide spirituel (abhisheka). 461
LA TRANSMISSION SPIRITUELLE CHEZ UN MYSTIQUE CHRÉTIEN DU XVIIe SIÈCLE : JEAN—JACQUES OLIER 467
LE RESSORT MYSTIQUE DE L'ACTION 467
UN DIRECTEUR PARFOIS LYRIQUE 469
LE CHRIST VIVANT DANS LE COEUR 474
UNE INTERACTION PSYCHOLOGIQUE 480
LES EFFETS DE LA TRANSMISSION 483
MADAME GUYON ET LA COMMUNICATION INTÉRIEURE EN SILENCE 487
MADAME GUYON L'EXPÉRIENCE DE LA TRANSMISSION ET L'ÉTAT APOSTOLIQUE 501
ANALYSTE ET TRANSFERT MAÎTRE ET TRANSMISSION 519
[Jacqueline Sebeo et Marc Porté] 519
I. DÉFINITIONS ET CONTENANT 521
Le lieu, l'espace, le temps 522
Le lieu, l'espace, le temps 527
Transfert et processus transférentiel 532
Le sujet et l'introduction au manque 533
De l'amour fou » à l'amour d'objet » 535
Lien d'amour et introduction à l'Amour divin 537
De l'amour-abandon à l'amour pur 540
DE L'IMPOSTURE À L'INCOMPÉTENCE. BONS ET MAUVAIS DISCIPLES.. 553
[Lilian Silburn et Marinette Bruno] 553
La transformation du disciple 578
AUTOUR D'UN SADGURU DE L'INDE CONTEMPORAINE . 585
A PROPOS DE LA PHOTOGRAPHIE 609
QUELQUES NOTIONS FONDAMENTALES 626
SUR LE NUAGE D'INCONNAISSANCE . 641
"HERMÈS", UNE REVUE SPIRITUALISTE OUBLIÉE 647
TROIS SÉRIES ET LEURS CONTENUS 651
154.Lilian Silburn Tome IV Bouddhisme.odt
CHAPITRE I. LE BOUDDHISME ANCIEN 31
Aperçu sur la vie et la mort du Buddha 31
Le dhamma : les quatre vérités mystiques 46
Première vérité : la douleur universelle 47
Deuxième vérité : la cause de la douleur 50
Troisième vérité : le chemin du milieu 59
Les quatre absorptions (dhyāna) 62
Les quatre ravissements (samāpatti) 66
Atthassalini , commentaire sur le Dighanikaya (extraits) 70
Sur la faculté d'absorption du Buddha 75
Vigilance et chemins de la libération 81
Quatrième vérité : le nirvâna 82
L'arhat et sa libre activité 83
CHAPITRE II. DU PETIT VÉHICULE AU GRAND VÉHICULE 91
La méditation sur le Triple Joyau 91
Sermon sur la pointe de l'étendard (Dhuajagrasutra) 97
ORIENTATIONS DU GRAND VÉHICULE 101
Communauté et sortie du monde (pravrajya) 101
CHAPITRE III. INTÉRIORITÉ ET UNIVERSALITÉ DANS LE MAHAYANA 111
Les samādhi, portes de la délivrance 120
Grandeur de la Réalité (Ainsité) 129
Grandeur des attributs de Buddha : le tathagatagarbha 132
Grandeur de l'activité du Buddha 140
Les champs de Buddha (buddhaksetra) 144
La grâce du Buddha et le « nuage du dharma », d'après « Le Lotus de la Bonne Loi » 148
Hymne au Buddha d'Asanga (Mahayanasutralamkara). 150
CHAPITRE IV. LE BODHISATTVA 155
Grandeur du voeu du bodhisattva 157
L'aspiration à l'Éveil universel 164
CHAPITRE V. LE MADHYAMAKA, OU ÉCOLE DE LA VOIE DU MILIEU 203
Vérités mystiques et vacuité 214
Les quatre hymnes de Nagarjuna 233
Hymne à la Réalité absolue 235
Astasahasrikaprajñaparamita (extraits) 243
Rêves d'un bodhisattva sans recul 250
Le plus subtil détachement 251
CHAPITRE VI. LE VIJNANAVADA OU YOGACARA 258
La conscience de tréfonds (alayavijnana) 264
La non-production (anutpadadharma) 276
Vue d'ensemble selon le Mahayanasutralamkara 279
Pénétration dans les terres, connaissance indifférenciée : chemin de la vision (darsanamarga) 285
Chemin de la pratique mystique (bhavanamarga) : les dix terres (bhumi) 287
Le renversement du support 295
Extinction-sans-point-d'appui (apratisthanirvâna) 298
La connaissance de miroir, cime de la vie mystique 301
Mahayanasutralankara d'Asanga 304
CHAPITRE VII. LE TANTRISME 340
Le foisonnement des pratiques 342
Prajnopayavinicayasiddhi d'Anangavajra IVe section : La contemplation de la Réalité 357
Advayavajrasamgraha. Chapitre VIII : La Quintuple Manifestation 360
Hevajratantra IIe partie, chapitre II : Comment parvenir à la perfection 364
Hevajrasekaprakriya. La Pratique du Sacre de Hevajra . 370
Kalacakrayana. Le Véhicule de la Roue du Temps 380
CHAPITRE VIII. L'ÉCOLE SAHAJIYA . 386
La présence bouddhique dans la poésie bengali 386
Les Dohakosa de Saraha et de Kanha 393
Analyse du Dohakosa de Kanha 426
LE BOUDDHISME HORS DE L'INDE 437
LA DIFFUSION DU BOUDDHISME : PÈLERINS ET TRADUCTEURS 439
CHAPITRE Ier. LE BOUDDHISME AU TIBET 451
'Brug-pa Kun-legs, le yogin, dit le Fou de 'Brug »1 463
CHAPITRE II. LE BOUDDHISME EN CHINE ET AU JAPON 485
Les grandes orientations du bouddhisme 485
Le Véhicule unique selon Tsong-mi 496
Enquête sur l'origine de l'homme 1 (extraits) 496
Sutra de l'Éveil parfait 1 508
L'école ésotérique japonaise du Shingon 534
Mahavairocana-sutra 2 (extraits du chapitre Ier) 547
L'enseignement des maîtres chinois 555
Entretiens du Maître de dhyâna Chen-houei 1(extraits) 557
Lin-tsi et le dépouillement 1 564
Jurisprudence, ou quelques koan 579
CONCLUSION. LE SILENCE DU BUDDHA 585
Prononciation des sons sanskrits translittérés 589
CANON PALI, THERAVADA (PETIT VÉHICULE) 592
MAHÂYÂNA (GRAND VÉHICULE), TANTRISME 594
LE BOUDDHISME ET SES INTERPRÉTATIONS : GÉNÉRALITÉS 605
BOUDDHISME INDIEN : GÉNÉRALITÉS ET INTERPRÉTATIONS 606
BOUDDHISME PÂLI, THERAVÂDA, SINGHALAIS, KHMER 608
BOUDDHISME MAHAYANA, TANTRIQUE, SAHAJIHA 610
BIBLIOGRAPHIES ET ENCYCLOPÉDIES 622
Index des noms de personnes 638
LES TERRES OU ÉTAPES DU BODHISATTVA 647
Première terre, joyeuse (pramuditâ ) 647
Deuxième terre, l'immaculée ( nirmalâ ) 647
Troisième terre, l'irradiante (prabhâkarî ) 648
4e terre, l'intuition ignée ( arcismatî ) 648
5e terre, difficile à conquérir ( sudurjayâ) 648
6e terre, adhimukhi, de présence ou face à face. 649
7e terre, celle qui va loin ( dûramgamâ ) 649
8e terre, l'inébranlable ( acalâ ) ou non-agitée 650
9e terre, de bonne intuition ( sadhumati ) 650
10e terre, nuage du dharma (dharmameghâ ) 651
11e terre, terre de buddha ou de tathagâta (buddhabhûmi ) 651
Les stances sur les diverses terres : 654
INTRODUCTION AU PARAMÂRTHASÂRA 11
LA PHILOSOPHIE D'ABHINAVAGUPTA. 29
PREMIÈRE PARTIE : MANIFESTATION COSMIQUE 39
Sadvidyātattva ou suddhavidyātattva 41
LA QUINTUPLE SCIENCE OU LES QUATRE MODALITÉS DE LA CONSCIENCE 51
DEUXIÈME PARTIE : VOIES DE LA DÉLIVRANCE 57
INDEX [des termes sanskrits avec leur signification] 117
AVEC LE COMMENTAIRE D’ANANTASAKTIPÂDA 131
Vatûlanâtha sûtra : STANCES D’INTRODUCTION 147
Premier sûtra. (Il y a) saisie de l’essence en vertu de la présence de la grande Inopinée 149
sûtra 2. Le flux des opérations se trouve tout à coup saturé par la saisie de cette (essence) 150
sûtra 3. L’entrée dans la grande vacuité résulte de la brisure par friction3 des deux tablettes4. 151
sûtra 4 La fixation1 dans la conscience universelle est due à l’engloutissement du couple (des opposés) 153
sûtra 5. La grande union procède de l’unification des sens et de (leurs) objets7 155
sûtra 8. Par la jouissance de la triple saveur1, (il y a) apparition involontaire du Brahman absolu qui n’a pas d’attaches 159
sûtra 10. Épanouissement des grands rayons par l’émanation des douze courants 161
sûtra 11. Lors de l’apparition des cinq comportements (il y a) ensevelissement sans progression 162
Sûtra 7. Les quatre formes de la Parole 190
TEXTE SANSKRIT en Devanagari omis 224
INDEX [sanskrit avec signification - diffère de l’index précédent, car propre au Vatûlanâtha s.] 227
Définition du Dieu, Bhairava et de la Déesse, Bhairavi 251
DIFFÉRENCIATION DE LA RÉALITÉ FAITE DE PARTIES (BHAIRAVA SAKALA) 257
LES VOIES DU RETOUR Caractères des cent douze moyens 264
VOIE DE L’INDIVIDU (ÂNAVOPÂYA) ET ABSORPTION DANS L’OBJET (LAYA) 269
Voie de l’énergie (saktopaya) ET ABSORPTION DANS LA PURE ÉNERGIE 271
Les cinq moyens de pénétrer dans le Cœur 279
Effervescence de l’énergie et absorption en kula 282
Méditation sur l’extrémité des conduits : Excitation des nerfs et détente de l’énergie 288
Contraction de l’énergie dans le Soi universel Sarvâtmasamkoca1 291
Épanouissement de l’énergie Vyâpti, pénétration universelle 292
Ascension de la kundalini et fonctionnement du souffle (uccâra) par la récitation de AUM 295
Voie de Siva (Sambhavopayâ) ET ABSORPTION DANS LA VACUITÉ 301
Apophatisme de la voie de Siva La sûnyatâ 302
Les sept vacuités et l’anéantissement progressif 308
Voie brève et instantanée du nirvikalpa. Acte d’extase (Udyama) 310
Le libéré vivant et la samatà 315
Karankinyâ krodhanayâ bhairavyâ lelihânayâ / 387
Khecaryâ drstikâle ca para vyâptih1 2 prakâsale // 387
Âtmano nirvikârasya kva jnânam kva ca vâ kriyâ / jnânâyattâ bahirbhâvâ alah sûnyam idam jagat // 443
POSTFACE. LES CYCLES DE LA PROGRESSION MYSTIQUE 463
SECOND CYCLE ENTRÉE DANS L’ÉTHER DU CŒUR (VYOMAN) OU VACUITÉ 466
TROISIÈME CYCLE ABSORPTION APAISÉE DANS L’INTIME DU CŒUR 468
QUATRIÈME CYCLE LE CENTRE ET L’ÉVEIL LE PLUS HAUT 469
CINQUIÈME CYCLE LA FÉLICITÉ MYSTIQUE 470
SIXIÈME CYCLE LES DIVERSES MUDRÂ ET L’ÉVANOUISSEMENT DU SUPPORT 472
SEPTIÈME CYCLE BHAIRAVA S’INSTAURE. RÉVÉLATION DE LA CONSCIENCE AU FLOT JAILLISSANT 475
HUITIÈME CYCLE RETRAIT A LA SOURCE DE L’ÉNERGIE DE VOLONTÉ ET PARFAITE OMNIPÉNÉTRATION 477
NEUVIÈME CYCLE RÉALISATION DU SOI ABSOLU. CONNAISSANCE DE L’UN 479
DIXIÈME CYCLE ILLUMINATION SUPRÊME ET ÉGALISATION (SAMATÂ) RÉHABILITATION DE LA PENSÉE ET DES ORGANES ET LIBERTÉ ABSOLUE 481
ONZIÈME CYCLE BHAIRAVA APAISÉ OU PARÂMASIVA INEFFABLE DONT LA LIBERTÉ SE MANIFESTE PLEINEMENT 484
APPENDICE LE BRAHMAN OU L’EXISTENCE BRAHMIQUE 489
TABLE DES MATIÈRES [ancienne] 520
Sa place, son rôle et ses représentants 529
Les différents visages de Siva 535
I. SIVA - LE - MAGICIEN (MAYAVIN) 541
Conscience chez le jñânin. 542
Béatitude et liberté chez le yogin. 545
L'amour du Soi chez le bhakta. 547
PASUPATI, gardien du troupeau 549
VIRUPÂKSA et le troisième Oeil 552
III. SIVA, DIEU D'AMOUR, AMANT D'UMÂ - PARVATI 559
Origine divine de la bhakti 561
Indifférenciation et triangle du coeur : 561
V. SIVARATRI, LA NUIT MYSTIQUE 589
VI, SIVA DANSEUR AU GRAND BANQUET DE LA VIE 601
SAMATÂ, AMOUR GLORIEUX DE LA MAJESTÉ DIVINE 605
Le bhakta et son identification au cosmos 611
LA BHAKTI PAR RAPPORT AU YOGA ET A L'ILLUMINATION 621
L'amour et les moyens de délivrance : ascèse et yoga 623
LE STAVACINTÂMANI DE BHATTANÂRÂYANA 635
INDEX DES NOTIONS ET DES IMAGES 705
La MAHARTAMANJARI DE MAHESVARANANDA AVEC DES EXTRAITS DU PARIMALA 6
Krama et les autres systèmes 23
Conscience de soi (pratyavamarsa) 35
La Réalité absolue (mahâsattâ) 39
Prise de conscience extériorisée dans la connaissance et la perception objective 45
Prise de conscience subtile 47
Prakâsa et vimarsa dans les états mystiques 49
Vimarsa intériorisé et sa vibration 50
Voie de la prise de conscience. Ecole Pratyabhijnà 56
Voie de l’énergie. École Krama-Mahârtha 61
Sakticakra La roue des énergies 64
Mahotsava Le grand banquet des siddha et yoginî 70
Les siddha et la kramamudrâ 75
ANALYSE DE LA MAHÀRTHAMANJARl 92
Pîtha, siège ou trône divin. 176
Pancavâha, le quintuple courant 178
Nelratraya, les trois yeux 180
Voie inférieure (ânavopâya) 248
Voie intermédiaire (sâktopâya ) 248
Voie suprême (sâmbhavopâya) 249
Références à l’ancienne pagination (qui figure intercalant les pages du texte courant). 285
Omissions µ = pp. 217-225 = + 9 grandes pages en petit caractères conduisant à ~+ 15 pages 285
TABLE DES MATIÈRES [ancienne] 309
QUINZE STANCES SUR LA CONSCIENCE 343
QUÊTE DE LA RÉALITÉ ULTIME 352
OFFRANDE DE L’EXPÉRIENCE INTIME 358
HYMNE A LA GLOIRE DE L’ABSOLU 371
HUIT STANCES SUR L’INCOMPARABLE1 378
DOUZE STANCES SUR LA RÉALITÉ SUPRÊME 390
LA VINGTAINE RELATIVE AU GRAND ENSEIGNEMENT 403
HYMNE A LA LOUANGE DE LA ROUE DES DIVINITÉS SITUÉES DANS LE CORPS 413
HYMNES AU KÂLI LA ROUE DES ÉNERGIES DIVINES 440
Généalogie des maîtres de l’école Krama [Tableau] 450
CHAPITRE PREMIER THÈMES ESSENTIELS DU SYSTÈME KRAMA 452
Vide par-delà tout vide et l’indicible 470
Les trois niveaux du Vide dans la manifestation 475
Les sujets conscients du vide (sünyapramâtr) 477
CHAPITRE III LA ROUE DES KÀLl, ÉNERGIES CONSCIENTES 495
CHAPITRE IV DÉPLOIEMENT DES KÂLI, LEURS DOUZE MOUVEMENTS 532
CHAPITRE V ADORATION DES KALI (KAlIPÜJA) 549
Srîkâlikastotra de Sivanandanatha 564
SRÏKÀLIKÂSTOTRA DE SlVÀNANDANÂTHA 574
LE KRAMASTOTRA D'ABHINAVAGUPTA 600
LE KRAMASTOTRA D’ABHINAVAGUPTA 611
[ce qui suit n’a pas été revu] 685
KRAMASTOTRA DE ABHINAVAGUPTA 692
TANTRÂLOKA, chapitre IV. 148-173 sur les douze KÂLI 697
SlVASÛTRA ET VIMARSINI DE KSEMARÂJA 4
SIVASÛTRAVIMARSINl DE KSEMARÂJA 39
Le lien est une connaissance (limitée) 46
Le groupe de l’illusion (et) le corps de l’activité fragmentatrice1 « forment le lien » 48
La Mère — ensemble des phonèmes — est l’énergie qui gouverne la connaissance 50
L’élan est bhairava — l’absolu 52
En se recueillant intensément3 53
Celui qui jouit des trois (états) est le souverain des héros (ses énergies sensorielles) 59
L’émerveillement (caractérise) les étapes du yoga 60
(Sa) volonté est l’énergie Umâ, c’est kumârï, la vierge 61
(Son) corps est le perceptible 63
Ou bien en se recueillant intensément sur la pure Réalité, il obtient l’énergie illimitée 65
(Son) discernement est connaissance du Soi 66
Le bonheur du samâdhi est (pour lui) la félicité du monde 66
En se recueillant intensément sur l’énergie, il produit le corps (souhaité) 68
Unification des éléments, séparation des éléments et fusion à tout 69
Lorsqu’apparaît la pure Science, c’est là réaliser la souveraineté sur la roue (des énergies) 70
Lorsqu’il se recueille sur le grand Lac, il a l’expérience de l’efficience des mantra 71
CHAPITRE II [Voie de l’Energie] 73
(Sa) conscience (intériorisée) est le mot sacré 73
L’acte zélé est (ici) l’efficace 74
Le secret des mantra, c’est l’existence d’un corps de (pure) Science 75
Le maître spirituel, celui qui enseigne la véritable signification, est ici la voie parce qu’il révèle pleinement l’universalité (vyâpti)1. 82
La compréhension de la roue des phonèmes ‘ a lieu pour le disciple ’ complète le sûtra. 83
Le corps est l’oblation rituelle 87
La connaissance est (sa) nourriture 88
Dès que la science mystique se résorbe, la perception propre au « rêve » surgit de cette (résorption)1 89
Le soi est la conscience (empirique) 92
La connaissance forme le lien 93
(Opérer) dans le corps la résorption des activités fragmentatrices 95
Le pouvoir surnaturel est dû au voile de l’obscurcissement1 98
Vigilant, il a pour rayon le second (l’univers) 101
Le Soi intérieur est la scène 103
Les organes des sens sont les spectateurs 104
Grâce au pouvoir de l’intuition il atteint avec succès la Nature réelle 105
La liberté est atteinte avec succès 105
Tel il est là (dans son corps) tel il est autre part 106
Établi en (cette) attitude, il plonge aisément dans le lac 107
Réalise une création faite d’une parcelle de soi 108
Tant que la (pure) Science ne disparaît pas, la (re)naissance cesse 109
Le Quatrième doit être répandu sur les trois (états) comme de l’huile 112
Quand le souffle fonctionne de façon égale, il perçoit l’égalité 115
Un écoulement inférieur a lieu au cours de l’étape intermédiaire 116
Les fonctions du corps forment son observance religieuse 119
(Sa) conversation est récitation (mantra réel) 119
La Connaissance du Soi est le don 121
Il remplit le rôle1 de berger car il est source de Connaissance 121
L’univers est l’expansion de sa propre énergie 123
Maintien et réabsorption (de l’univers) 124
Bien que ces (états) fonctionnent, lui ne s’écarte pas de sa nature de Sujet conscient 125
considère comme extérieurs (à lui) plaisir et douleur1 2 126
Parce qu’il en est complètement libéré, (on le dit) ' isolé ’ 127
Par contre celui que restreint l’obscurcissement est fait d’actes karmiques 128
Une fois la différenciation éliminée, il effectue une autre créativité 128
Chacun éprouve par sa propre expérience l’énergie créatrice 129
Animer les trois états (par le Quatrième) 130
En raison de son penchant, se dirigeant vers l’extérieur, il est ' traîné ’1 134
Sa Connaissance fermement établie dans ce (Quatrième) grâce à la disparition de ce (penchant), l’individualité disparaît complètement 135
Les éléments (n’étant pour lui qu’une) cuirasse, alors, complètement libre, il est éminemment semblable au maître1, le Suprême 136
L’union au souffle de vie est naturelle 137
De nouveau il y a réouverture des yeux 140
Stances finales de Ksemarâja 141
ANALYSE DES SIVASÛTRA ET DE LEUR COMMENTAIRE 143
1 [la Conscience qui a pour essence la liberté est le Soi] 143
3 [les énergies divines se convertissent en activité fragmentatrice (kalâ), en science déterminée (vidyâ), en inclination ou désir restreint...] 149
5 [de quelle manière peut-on s’en tenir à l’instant ou demeurer dans l’initiative de l’acte ? ] 154
État de veille et objectivité (prameya) 163
État de rêve et moyen de connaissance (pramâna) 164
Profond sommeil et sujet connaissant (pramâtr) 166
Quatrième état et la connaissance résultante (pramiti) 167
Turyâtïta, ‘ par-delà le Quatrième état ’ 168
11 [A partir du présent sûtra le texte traite de turyâtlta, la Conscience ininterrompue...] 168
12 [...l’émerveillement qu’il éprouve, ou sentiment indicible de sa souveraineté.] 170
13 [ l’efficience provenant de cet émerveillement] 171
14 [Comment dès lors perçoit-il le monde et sa personne dont il a réalisé la fusion ?] 172
15 [...vision de toute chose comme la Réalité...] 173
16 [...énergie sans limite...] 174
17 [...discernement vigilant accompagné d’une intense conviction] 174
22 [...le grand lac du Je absolu] 178
1 La conscience est le mantra 180
2 [En quel sens l’acte zélé (prayatna) possède-t-il l’efficience pour atteindre le but ?] 182
3 [l’efficience des paroles] 184
7 [L’intériorisation du processus des phonèmes (mâtrkâ) est...] 189
1-2 [une nouvelle définition de la conscience...] 201
3 [L’illusion consiste à ...] 203
4 [... résorber les énergies fragmentatrices] 204
5 [... moyens pour obtenir une parfaite méditation] 205
6 [... contre ces pouvoirs entachés de dualité] 208
8 [Par une vigilance intense le jnânin, conscient d’être le Sujet absolu, obtient la félicité universelle ...] 214
9 [...il fait office de danseur] 215
17 [... pouvoir créateur...] 219
28-32 [A quelle activité s’adonne-t-il ?] 226
TABLE DES MATIÈRES [ancienne = utile par pagination] 247
LA KUNDALINÎ OU L’ÉNERGIE DES PROFONDEURS 253
Etude d’ensemble d’après les textes du Sivaïsme non dualiste du Kasmir 253
La Kundalinï ou L’énergie des profondeurs 254
Étude d’ensemble d’après les textes du Sivaïsme non dualiste du Kasmir 254
LE YOGA DE LA KUNDALINI RYTHME ET VIBRATION 261
Effervescence et barattement de l'énergie (ksobha et manthana) 266
Première partie ÉVEIL ET DÉPLOIEMENT DE LA KUNDALINÏ 271
Le serpent des profondeurs 271
Chapitre premier Triple émission de Siva et les trois aspects de la Kundalini 275
La triple émission (visarga) 277
Émission inférieure et prânakundalinï 279
Chapitre II La kundalinï « lovée » dans le corps 282
Centre inférieur (mülâdhâra ou mülabhümi) 283
Centre du nombril (nabhicakra) 285
Le centre du cœur (hrdayacakra) 285
Centres kantha et bhrumadhya 285
Le brahmarandhra ou dvadasanta 288
Susumnâ, cakra et trikona Voie médiane, roues et triangles 289
Chapitre III Diverses manières d’épanouir la voie médiane 293
1. Vikalpaksaya, destruction de la pensée dualisante 293
2. Moyens associés au souffle (prâna) 294
Manthana ou le barattement des souffles 298
3. Contemplation des extrémités 13 (kotinibhâlana) 306
4 — 5 Rétraction et épanouissement de l’énergie 307
Extrait de l’extérieur, on s’implante dans le (Soi) éternellement présent 15 307
Chapitre IV Le parabija SAUH et la pratique du bâton (prânadan-daprayoga) 311
Visarga, unmanâ et kramamudrâ 315
Chapitre V Mouvements de la kundalinï relatifs à la pratique d’un yogin 318
Prânakundalinï, énergie du souffle 319
Adhahkundalinï, énergie inférieure 320
Ürdhvakundalinï, énergie ascendante 320
Voies incomplètes ou défectueuses 324
Chapitre VI Réactions variées du yogin 326
Les cinq phases de la vibration ou les signes du chemin 326
Udbhava ou pluti, saut ou bond 327
Ghürni, vibrant tournoiement 329
Sextuple poussée ascensionnelle du souffle et ses félicités 330
Chapitre VII Kundalinï en sa cosmicité ou le sacrifice intime 334
PERCÉE DES CENTRES ET ÉTAPES DE L'ASCENSION 337
Chapitre I Vedhadiksâ, initiation par pénétration 338
Pénétration du guru dans les souffles du disciple 340
Initiations par percée des centres 343
Mantravedha, percée des centres par le mantra 344
Nâdavedha, percée par résonance mystique 345
Binduvedha, percée par la puissance virile 346
Sâktavedha, percée dite de l’énergie 347
Bhujahgavedha, percée dite du serpent 348
Initiations extérieures 17 350
Chapitre II Le Sâktavijnâna de Somânanda Le discernement relatif à l’énergie 1 356
Chapitre III L’AMARAUGHASÂSANA de GORAKSANÀTHA 366
SENS PROFOND DE LA PRATIQUE ÉSOTÉRIQUE 379
Chapitre I L’androgyne, ardhanàrïsvara 379
L’effervescence et la ferveur 382
Chapitre II Transfiguration du corps et de l’univers 385
Chapitre III Mantra SAUH et KHA 392
SAUH, mantra de l’émanation 392
KHA, mantra de la résorption 394
Chapitre IV Kulamârga, la voie ésotérique 397
Conditions requises pour être apte au kulayâga. 397
Effets de la pratique caryàkrama 400
Incertitude et fluctuation (kampa) 403
Réunions ésotériques (yoginïmelaka) 406
Rôle respectif de l'homme et de la femme : œuvre d’un guru à leur égard 418
Chapitre V Kulayâga, sacrifice ésotérique 420
Extraits du Tantràloka, chapitre XXIX 420
Vidhi de la Duti ou adiyaga 5 422
Roue principale et roues secondaires 426
Sàntodita, quiescent et émergent 430
Le triple visarga, quiescence, émergence et kaula 435
Mantravïrya propre à dhvani, vibration sonore 439
Attitude mystique suprême, la khecarimudra 440
« Quand s’unissent connaissance et connu, le sujet connaissant apparaît. » 441
Effet de cette attitude mystique 442
Définition de l’omnipénétration (mantravyàpti) 444
PRONONCIATION DU SANSKRIT EN TRANSCRIPTION 466
TABLE DES MATIÈRES [d’origine 468
SPANDAKÀRIKÀ STANCES SUR LA VIBRATION DE VASUGUPTA 5
ET GLOSES DE BHATTA KALLATA, KÇEMARÀJA, UTPALACÀRYA SIVADR5TI (CHAPITRE I) DE SOMANANDA 5
LILIAN SILBURN Directeur de recherche au C.N.R.S. 5
PARIS DE BOCCARD Édition-Diffusion 11, Rue de Médicis — 75006 PARIS 1990 5
SIVAÏSME NON DUALISTE1 ET PHÉNOMÉNOLOGIE TRANSCENDANTALE 7
SPANDA, LA VIBRATION, ET L'ORIGINALITÉ DU SIVAÏSME NON DUALISTE DU KASMlR 13
Suprême spanda ou paraspanda 18
Spanda intermédiaire ou paraparaspanda 19
Spanda inférieur ou aparaspanda 21
LE SlVAÏSME ET LES SYSTÈMES INDIENS 25
Aperçu général selon ksemaràja 25
Esquisse d’une comparaison AVEC LE SÀMKHYA ET AVEC LA DOCTRINE VEDÀNTIN DE SANKARA 27
SPANDAKARIKA STANCES SUR LA VIBRATION DE VASUGUPTA 43
SPANDAKÀRIKÀ STANCES SUR LA VIBRATION 47
DEUXIÈME PARTIE - LES GLOSES DE KSEMARAJA ET DE BHATTA KALLATA 53
SPANDASAMDOHA DE KSEMARÂJA - GLOSE DE LA PREMIÈRE STANCE DE LA SPANDAKÂRIKÂ 53
SPANDANIRNAYA DE KSEMARÂJA ET SPANDAKÂRIKÂVRTTI DE BHATTA KALLATA 72
1 [Nous offrons nos louanges...] 75
2 [...rien ne peut le voiler] 83
3 [Bien que ce (spanda) se répande...] 88
4 [... les formes de conscience] 90
5 [...ce qui existe au sens suprême] 92
6-7 [(La Réalité) à partir de laquelle il y a déploiement] 94
8 [… Contact avec la puissance du Soi] 97
9 [Dès que s’apaise l’agitation...] 98
10 [ (Se révèle) à lui, en effet, sa nature...] 100
11 [... pour qui demeure comme frappé d’émerveillement] 101
12-13 [Le non-être n’est pas objet d’expérience mystique...] 103
14-16 [… deux états de ce (spanda)] 108
17 [Le parfaitement éveillé...] 111
18 L’Omnipénétrant, indissolublement uni à sa suprême énergie... 113
19 [Les émanations des vibrations...] 114
20 [... précipitent ceux dont l’intelligence est mal éveillée] 115
21 [celui qui est toujours ardent...] 117
22 [Au comble de la furie...] 118
23-25 [Ayant fermement pris pour appui...] 120
II SAHAJA VIDYODA YASPANDA 123
Apparition de la science innée 123
1-2 [26] [Quand ils se sont emparés de cette puissance...] 124
3-4 [28-29][... point d’état qui ne soit Siva] 127
5 [... l’univers entier comme un jeu] 129
6-7 [...l’apparition de ce qui est contemplé dans le cœur] 130
La vibrante réalité dans la splendeur de son déploiement1 134
1-2 [... de même durant le rêve] 135
3 [Sinon, la libre émanation...] 138
4-5 [... la chose se présente sans délai...] 139
6 [... on apaise également sa faim] 141
7 [... l’omniscience et d’autres pouvoirs] 142
8 [L’indolence, la ravisseuse] 142
9 [Chez celui qui s’adonne à une seule pensée...] 144
10 [De là procèdent immédiatement...] 145
12 [Qu’il demeure toujours bien éveillé...] 147
13 [En dépit de sa véritable nature...] 149
14 [... la perte de la saveur...] 152
15 [... ces énergies sont toujours empressées...] 153
16 [Cette énergie de Siva qui a l’activité pour forme engendre la servitude] 155
17-18 [Entravé par l’octuple forteresse...] 156
19 [Mais quand il s’enracine en un seul lieu (le spanda)...] 157
2 [Bien que très difficile à acquérir...] 161
SPANDAPRADlPIKA D’UTPALACARYA ET AUTRES GLOSES 164
SPANDAPRADIPIKA FLAMBEAU DE LA VIBRATION1 166
yatra sthitam idam sarvam kàryam yasmàc ca nirgatam I tasyânâvrtarüpatvân na nirodho ‘sti kutracit II 173
atikruddhah prahrsto va kim karomïti va mrsan I 189
tatraiva sampralîyante sântarüpà niranjanâh I sahârâdhakacit tena tenaite sivadharminah II 196
svarüpâvarane câsya saktayah satatotthitâh I yatah sabdânuvedhena na vinâ pratyayodbhavah II 1 217
agâdhasamsayàmbhodhisamuttaranatârinïm I 220
(Premier chapitre) et Commentaire d’après Utpaladeva 224
TABLE DES MATIÈRES [de l’édition] 257
ABHINAVAGUPTA LA LUMIERE SUR LES TANTRAS Chapitres 1 à 5 du Tantrâloka 260
PRINCIPALES ABRÉVIATIONS UTILISÉES 263
LES TRADITIONS SIVAÏTES TANTRIQUES 268
LE NON-DUALISME CACHEMIRIEN. LE TRIKA. ABHINAVAGUPTA 280
Les diverses sortes de grâce 313
LE TEXTE DU TANTRÀLOKA. LA TRADUCTION 334
SUMMARY OF THE INTRODUCTION 337
KASMIRIAN NON-DUALISM. THE TRIKA. ABHINAVAGUPTA 341
COSMOGONY AND LIBERATION. DIVINE GRACE 346
THE TEXT OF THE TANTRÂLOKA. THIS TRANSLATION 351
PREMIER CHAPITRE Introduction générale 353
STANCES D’HOMMAGE ET D’INVOCATION 1 355
INTRODUCTION GÉNÉRALE (22-106) 361
DE QUELQUES NOTIONS FONDAMENTALES (107-166) 387
LES VOIES DE LA LIBÉRATION 396
LE MAÎTRE SPIRITUEL ET SES DISCIPLES 416
LES QUATRE FORMES DE LA CONNAISSANCE 418
TROISIÈME CHAPITRE sàmbhavopâya 439
L’ÉMANATION PHONÉMATIQUE (paràmarsodayakrama ) 456
LES MANTRAS ET LE VARNAPARÂMARSA L’énergie émettrice et les niveaux de la parole 508
CONCLUSION. SUR LE REFLET ET LA VOIE DE SIVA 530
QUATRIÈME CHAPITRE sâktopâya 536
PURIFICATION (SAMSKRIYÀ) DES VIKALPA 1 537
RAISON INTUITIVE (SATTARKA) 539
NATURE DU MAÎTRE SPIRITUEL 543
INUTILITÉ DES MEMBRES CONSTITUTIFS DU YOGA 553
INUTILITÉ DES RITES EXTÉRIEURS 558
APPARITION DES ÉNERGIES DE LA ROUE DE LA CONSCIENCE 561
LA QUINTUPLE FONCTION DE KAL 583
COEUR DE L’ÉMISSION OU MANTRA DE L’ÉMISSION : S AU H 587
COEUR OU MANTRA DE LA RÉSORPTION LE PIN DAN À TH A, KHPHREM88. 589
LES VÉRITABLES PRATIQUES MYSTIQUES 591
PRESCRIPTIONS ET PROHIBITIONS ÉGALEMENT VAINES 594
CINQUIÈME CHAPITRE ânavopâya 608
RECUEILLEMENT DE L’INTELLIGENCE, buddhidhyâna 615
ROUE DES ÉNERGIES, PRATIQUE DES KÂLI 617
POUSSÉE ASCENSIONNELLE DE L’ÉNERGIE DU SOUFFLE : 622
LES DIVERSES FÉLICITÉS QUI MÈNENT AU QUATRIÈME ÉTAT (TURYA) ET AU-DELÀ (TURYÀTÎTA). 623
MANTRA VYÀPTI ET PROCESSUS PARALLÈLE DU BU A S AU H 627
PÉNÉTRATION DANS LA SUPRÊME RÉALITÉ (paratattvântarpravesa) 637
MANTRABHUMI, TERRE DES MANTRAS 642
LES SIGNES DU CHEMIN OU CINQ MANIFESTATIONS DE LA VIBRATION 647
LA PRATIQUE DES ORGANES POUR PURIFIER LE CORPS SUBTIL 655
VARNA OU DHVANI, ESSENCE DES PHONÈMES. 662
SAMHÀRABIJA OU KHPHREM, GERME RÉSORBATEUR 669
TABLE DES MATIÈRES [d’origine] 685
Provient de /Synthèses/ 1.LISTES, BIBLIOGRAPHIES /éd 3 A&S
à mettre à jour
suivi de :
la reprise revue de l’ancien DT Etudes en deux tomes au lieu des quatre présents, donc non numéroté ( conservé sous / Synthèses / 4.ETUDES DT I & II older)
AC ~1350 Hymne d'Akhnaton.
AC ~250 Hymne … Zeus
AC ~300 Lao Tseu/Laozi
AC ~350? Mundaka Upanishad
AC ~250 Tchoang-tseu/Zuangzi
AC ~500 Parménide
AC ~540 Isaie
AC ~ 575 Livre de Job
AC~399 Socrate (AC 470 ? AC 399) & Platon (AC 427 ? AC 348/7)
0000Chanson Esquimau (Alaska, Groenland)
0000 Pygmées
0070~ Paul l'Apôtre
0270 Les Ennéades de Plotin (205-270)
0080~ L'Evangile selon Matthieu
0390~ La Vie de Moïse Grégoire de Nysse (~331 apr. 394).
0430 Augustin (~354 - 430)
0430~ Cassien (~360 ~430)
0485 Proclus (412 - 485).
0500? Sutra on Perfect Wisdom (Abhisamayalankara).
0500~ Denys l'Aréopagite
0632 Le Coran de Muhammad (~570 - 632)
0713 Houei-neng (638-713), Soutra de l’Estrade
0761 Wang Wei (701-761) & 762 Li po (701-762)
0780~ Jean de Dalyatha (~690 ~780)
0800?? Le cycle de La grande libération attribué à … Padmasambhava.
0801 Rabia (~713-801)
0849 Bistami/Bayazid (777-848/9)
0900~ Femmes soufies des premiers siècles de l’Hégire
0900~ Hommes soufis des premiers siècles de l’Hégire
0911 Junayd (830-911)
0922 Hallaj (857-922) présenté par Hamadani
0965 Niffari (879-965)
1021 Sulami (937?-1021)
1022 Symeon le Nouveau Théologien (949 - 1022)
1030~ Abhinavagupta (~955 - ~1030) et le Siva‹sme du Cachemire.
1033 Ab–al-Hasan Kharaqani (960-1033)
1049 Abu Said (? - 1049)
1050~ Milarepa
1064 Ibn Hazm (994-1064)
1089 Khwadja Abdullah Ansari (1006-1089)
1111 Hamid al-Ghazali (1058-1111) et son frère Ahmad (-1126)
1131 Ayn Al-Quzat Hamadani (1098 ? 1131)
1141 Hugues et Richard de Saint-Victor (? 1141).
1141 Ibn Al-Arif (-1141)
1148 Guillaume de Saint-Thierry(~1085-1148)
1153 Bernard de Clairvaux (1091-1153)
1188 Guigues II (? - 1188)
1191 Sohravardi (1155 ? 1191)
1209 Ruzbehan (1128-1209)
1220 Najmoddin Kubra (1145-1220)
1226 François d'Assise (1182-1226)
1230 Attar (1142-1230)
1235 Ibn al Faridh
1240 Hirrali (? - 1240)
1240 Ibn Arabi (1165-1240)
1240~ & ~1280 Hadewijch I & II
1240~ Traité de l'Unité
1273 Rumi (1207-1273)
1280~ Le Zohar compilé par Moïse de Leon (1240-1305).
1290 Nasafi (?-1290) & Traités du soufisme.
1300~ Hugues de Balma
1306 Jacopone da Todi (~1233 - 1306).
1309 Angèle de Foligno (1248 - 1309).
1310 Marguerite Porete (~1250 - 1310).
1318 Sultan Valad (1226-1318)
1320 Shabestari (?-1320).
1321 Dante Alighieri (-1321)
1328 Maitre Eckhart (~1260 - 1328).
1349 Richard Rolle (~1295?? ? 1349)
1361 Tauler (~1300-1361)
1361~ L'Imitation de la Vie Pauvre de N.S.J.C.
1366 Suso(~1295-1366)
1370~ La Theologia Deutsch ou Livre de la Vie Parfaite.
1370~ Le Nuage d'Inconnaissance.
1376 Hyegun (1320-1376)
1381 Jan van Ruusbroec (1293-1381)
1381 Maneri (~1263-1381)
1389 Baha Al-din Naqshband (1317-1389)
1390 Hafez de Chiraz (1316/1317 - 1390)
1390 Ibn Abbad de Ronda (1332 ? 1390)
1390~ Lalla (~1320 - ~1390).
1408~ L'Imitation de Jésus-Christ, Thomas a Kempis (1379 ? 1471).
1411 Gerlach Peters (1378-1411).
1420~ Julian de Norwich (~1343 - après1416)
1428 Jili (1366-1428)
1440~The book of Margery Kempe (~1373 ~1440)
1471 Denys le chartreux (1402-1471).
1477 Henri van Herp/Harphius (1400 - 1477).
1492 Jami (1414-1492).
1500~ Derviches anatoliens
1508 Nil Sorskij (1433-1508), influence
1510 Catherine de Gênes (1447 - 1510)
1518 Kabir (~1440 - 1518)
1529 Brug-pa (1455-1529)
1535 La Perle évangélique.
1538 Subida del Monte Sion de Bernardino de Laredo (1482 ~1540).
1548 Institutions pseudo-taulériennes
1562 Pierre d'Alcantara (1499 - 1562)
1566 Louis de Blois (1506 - 1566) et son Institution spirituelle
1582 Thérèse de Jésus (1515 - 1582).
1588 Breve compendio d'Isabelle Bellinzaga.
1591 Jean de la Croix (1542-1591).
1591 Luis de Leon (1528-1591).
1596 Grégoire Lopez (1542 - 1596)
1598 Philippe Desportes
1600 Giordano Bruno (~1550 ? 1600)
1600~ Pierre de Croix
1603 Dadu (1544?1603) and the Bauls of Bengal
1608 Jacques Levasseur (1571?1638)
1610 BenoŒt de Canfield (1562-1610)
1618 Madame Acarie, [Iere] Marie de l'Incarnation (1566-1618).
1622 François de Sales (1567 - 1622).
1623 Exercices sacrés de l'amour de Séverin Rubéric (? ? apr.1625).
1624 Jacob Bohme (1575?1624).
1624 Shaykh Ahmad Sirhindi (1564 ? 1624)
1628 Joseph de Jésus Maria [Quiroga](1562-1628).
1631 Constantin de Barbanson (1582-1631).
1631 Exercice divin de Marie de Beauvilliers (1574 - 1657).
1633 George Herbert (1593 ? 1633)
1635 Jean-François de Reims (? ? 1660).
1635 Louis Lallemant (1588 - 1635).
1635 Martial d'Etampes (1575 - 1635).
1636 Jean de Saint-Samson (1571 - 1636).
1637 Madeleine de Saint-Joseph (1578 - 1637).
1638 Falconi (1596 - 1638)
1639 Jeanne de Cambry (1581-1639)
1641 Condren (1588-1641)
1641 Dom Augustin Baker (1575 - 1641).
1641 Jeanne de Chantal (1572 - 1641).
1644 Isabelle des Anges (1565 - 1644)
1646 Jean-Chrysostome de Saint-L“ (1594 - 1646)
1649 Gaston de Renty (1611 - 1649).
1650~ Pierre Cluniac (1606 - après 1642).
1652 Maur de l?Enfant-Jésus (1617/8 - 1690).
1652 Marie-Madeleine de Jésus [de Bréauté] (1579-1652)
1654 Marie de Valernod, dame d?Herculais (1619 - 1654).
1655~ Hubert Jaspart (1582 ~1655)
1656 Marie des Vallées (1590-1656)
1656~ Claudine Moine (1618 - après 1655)
1657 Jean-Jacques Olier (1608-1657)
1657 Le Pèlerin Chérubinique d?Angelus Silesius (1624 - 1677).
1657 Madeleine de Neuvillette (1610 - 1657)
1658 Jean Rigoleu [c] (1596 - 1658).
1659 Jean de Bernières (1600 - 1659)
1661 Sarmad (? -1661)
1662 Pascal (1623 -1662)
1665 Jean-Joseph Surin (1600 -1665)
1667 Victorin Aubertin (1604 - 1669)
1668 Antoine Civoré (1608 - 1668)
1670 Le Jour Mystique de Pierre de Poitiers (? -1683)
1671 Armelle Nicolas (1606-1671)
1671 La mère Agnès (1593-1671)
1672 Marie de l'Incarnation [Guyart] (1599-1672).
1674 Geneviève Granger (1600 - 1674)
1674 Thomas Traherne (1637 - 1674)
1677 Baruch de Spinoza (1632 - 1677)
1677 Charlotte Le Sergent (1604 - 1677).
1678 Antoinette de Jésus (1612 - 1678)
1678 Henry Scougal (1650 - 1678).
1680 Alexandrin de la Ciotat (1629 - 1706).
1680 Marie Bon (1636?-1680)
1680~ poèmes de Catharina Regina von Greiffenberg (1633-1694)
1681 Monsieur Bertot (1622-1681), Directeur Mystique.
1682 Epiphane Louys (1614-1682)
1682 Marie (1644-1682) et Claude Hélyot (1628-1686)
1686 Traités de la vie intérieure de Maximien de Bernezay.
1686 Nicolas Barré (1621 - 1686).
1689 Jean Aumont (1608 - 1689)
1690 Robert Barclay (1648 - 1690) et les Quakers.
1691 Laurent de la Résurrection (1614 ? -1691)
1694 Matsu Basho (1644 ? -1694)
1696 Claude Martin (1619 -1696).
1696 Molinos (1628 - 1696).
1698 Catherine / Mectilde de Bar (1614-1698)
1699 Archange Enguerrand (1631 - 1699).
170~ Textes bouddhiques dont L’enseignement de Vimalakîrti
1708 François de Laval (1623-1708) et l’Ermitage de Québec.
1709 Alexandre Piny (1640-1709)
1711 Machrab (1657-1711)
1715 Fénelon (1651 - 1715)
1715 François La Combe (1640-1715).
1717 Jeanne-Marie Guyon (1648 - 1717)
1719 Malaval (1627-1719)
1719 Pierre Poiret (1646 -1719)
1720 Claude-Fran‡ois Milley (1668 -1720)
1733 James (1645-1726) et Georges Garden (1649-1733)
1737 Maria-Magdalena Martinengo (1687 ? 1737)
1751 Jean-Pierre de Caussade (1675 - 1751)
1751~ L'Abandon à la Providence divine
1769 Gerhard Tersteegen (1697 - 1769)
1775 Paolo [Danei] della Croce (1694-1775)
1782 La Philocalie, une bibliothèque spirituelle.
1785 Khwaja Mir Dard (1720-1785)
1798 Jeanne Le Royer (1731-1798)
1803 Jean-Nicolas Grou (1731 - 1803)
1804 Emmanuel Kant (1724-1804)
1820 Pierre de Clorivière (1735 - 1820)
1823 Sheikh Al-Arabi ad-Darqawi (-1823)
1827 Dov Baer de Loubavitch (1773 - 1827)
1833 Seraphim de Sarov (1759-1833)
1837 Giacomo Leopardi (1789 - 1837).
1840~ Optino et la Paternité spirituelle en Russie.
1843 Johann Christian Friedrich Hölderlin (1770 - 1843).
1849 Edgar Allan Poe (1809-1849)
1850 William Wordsworth (1770-1850)
1852 François Libermann (1802 - 1852)
1854 Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling (1775-1854)
1855 Gérard de Nerval (1808-1855)
1867 Charles Baudelaire (1821 ? 1867)
1870~ Récits d'un pèlerin [russe]
1881 Amiel (1821 ? 1881)
1883 Abd el-Kader (1807-1883)
1886 Emily Dickinson (1830-1886)
1891 Arthur Rimbaud (1854 - 1891)
1892 Charles-Louis Gay (1815-1892)
1897 Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897)
1900 Félix Ravaisson (1813-1900)
1902 Richard Maurice Bucke (1837-1902)
1906~ Archimandrite Spiridon
1908 Lucie Christine (1870 - 1908)
1910 William James (1842-1910)
1914 Jean Jaures (1859 - 1914)
1914 Témoignages issus des Enfers (1914-1953)
1917 Léon Bloy (1846-1917)
1918 Marie-Antoinette de Geuser « consummata »(1889-1918)
1919 Rosa Luxemburg (1871-1919)
1922 Marcel Proust (1871-1922).
1922 W. H. Hudson (1841-1922)
1924 Franz Kafka (1883-1924)
1929 Hugo von Hofmannsthal (1894-1929)
1932 Ramakrishna (? -1932)
1933 Henri Bremond (1875-1933)
1934 Ahmad al Alawi (-1934)
1934 Ha‹m Nahman Bialik (1873 -1934)
1938 Edmond Husserl (1859-1938)
1938 Ossip Mandelstam (1891 -1938)
1938 Starets Silouane (1866-1938)
1941 Henri Bergson (1859-1941)
1941~Thomas Kelly (1893-1941), Quaker
1942 Edith Stein (1891-1942)
1942 Brandsma (1881-1942)
1943 Etty Hillesum (1914 - 1943).
1943 Jiri Langer (1894-1943)
1943 Simone Weil (1909 - 1943)
1944 René Daumal (1908-1944)
1946 H.G. Wells (1866-1946)
1948 Georges Bernanos (1888-1948)
1948 Vital Lehodey (1857-1948)
1950 Joé Bousquet (1897-1950)
1950 Ramana Maharshi (1879 - 1950)
1950 Simon Frank (-1950)
1953 Jean Baruzi (1881-1953)
1955 Albert Einstein (1879-1955)
1955 Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955)
1960 Jules Supervielle (1884-1960)
1960 Ra‹ssa Maritain (1883-1960)
1961 Dag Hammarskjold (1905-1961)
1961 Erwin Schrodinger (1887-1961).
1962 Gaston Bachelard (1884-1962)
1963 Aldous Huxley (1894-1963).
1963 Ramdas (-1963)
1966 D.T.Suzuki (1870-1966)
1967 Marie Noel (1883-1967)
1968 Antonio Porchia (1885 - 1968)
1968 Jean Paulhan (1884?1968)
1971 mile Dermenghem 1892-1971
1971 Jean Grenier (1898-1971)
1973 Henri Le Saux / Swami Abhishtktananda (1910-1973)
1975 Carlo Levi (1902-1975)
1975 Maurice Zundel (1897-1975)
1975 Patrice de la Tour du Pin (1911-1975)
1977 Evguénia Guinzbourg (1906-1977)
1979 Jeanne Schmitz-Rouly (1891-1979)
1979 Paul Agaësse (-1979)
1980 Lev Gillet (1893 ? 1980)
1980~ Lu Kuan Yu (1898?-) & Hsu Yun
1982 Varlam Chalamov (1907 - 1982)
1983 Arthur Koestler (1905-1983).
1984 Henri Michaux (1899-1984)
1985 Vladimir Jankélévitch (1903-1985)
1986 Bernadette Roberts (1931-1986)
1987 Jean-Baptiste Porion (-1987)
1988 Sayd Bahodine Majrouh (-1988)
1992 Lilian Silburn (1909-1992)
1995 Gilles Deleuze (1925 -1995)
1995 Roberto Juarroz (1925 -1995)
1997 George Wald (1906-1997)
1998 Julien Green (1900-1998)
1999 Eliane Jeannin-Garreau (1911-1999)
2000~ R.H. Blyth [on Zen]
2000~ Toshihiko Izutsu [on Zen]
2002 Marie-Dominique Molinié (1918-2002)
2008 Alexandre I. Soljenitsyne (1918-2008)
2009 Stephen Jourdain (1931-2009)
2012 Dalila Pereira da Costa (1918-2012)
3000 Claude Vigée (1921 -? )
3000 Dom Georges Lefebvre
3000 Fabienne Verdier (1962-
3000 François Roustang (1923 -? )
3000 Henri Chambron (1926- )
3000 Jacques Ancet (1942 -
3000 Kenneth White (1936-)
3000 Nils Kuhn de Chizelle
3000 Radu Mihaileanu (1958-
Répartition par tranches temporelles :
Années Figures
2000
130 > 33
1700
70 > 19
1600
75 > 28
1000
32 >17
AC 500
Répartition par origines :
HORS TRADITIONS RELIGIEUX CHRETIENS CHRET. France
81 fig. > 22 74 > 27 69 > 25 78 >23
La répartition s’avère assez uniforme avec en moyenne ~20 entrées par tranche temporelle ou par origine.
Pour une figuration selon un tableau de 4 colonnes x 4 lignes soit 16 cellules, la résolution reste statistiquement valide compte tenu de 305 entrées ( ~ 19 noms en moyenne par cellule). 97 noms sont sélectionnés pour figurer nommément en un tableau516 (~ soit une réduction à 6 noms par cellule).
L’ordre adopté est ici celui des naissances !
L’ensemble des figures ayant connu le XVIIe siècle couvre un siècle et demi environ. Cette identification des principaux membres formant la communauté mystique déborde en effet le siècle de part et d’autre, puisque certains naissent dans la seconde moitié du XVIe siècle et d’autres connaîtront le début du Siècle des Lumières.
Notre approche dissocie le saint du mystique, relativise les notions d’écoles calquées sur l’appartenance à un ordre, tente de compenser difficilement, par suite du déséquilibre des sources observé entre vies consacrées et vie menée dans le monde laïc.
Les figures d’intérêt mystique représentent un peu plus de la moitié de l’ensemble : soit 33 présences féminines (F), 16 appartenances à l’ordre du Carmel (c), des bénédictin (e) s (b), 9 jésuites (j), 11 capucins (cp), des récollets (r), des membres du Tiers Ordre franciscain (t), 14 laïcs (L).
Des regroupements d’importances inégales sont indiqués en colonne « groupes » : 1. Parisiens actifs au début du siècle, 2. autour de François de Sales, 3. autour de Port-Royal, 4. au nord du royaume, 5. Parisiens actifs plus tardivement, 6. École du pur amour, 7. normands ou en relation, 8. quiétistes, 9. étrangers. Toutes les figures ne sont pas regroupées (vie en province, ermites…).
Apparaissent quelques noms illustres de religieux qui ne sont pas mystiques, tel que Bossuet ou Labadie. L’on peut parfois les considérer comme des « contre-exemples », mais ils ne furent pas indifférents aux mystiques. Enfin la présence de quelques étrangers n’appartenant pas à la sphère d’expression française, tel Baker ou Sandaeus (auteur d’un célèbre dictionnaire de termes mystiques), qui écrivaient en latin, s’impose parce que la moitié des éditions du XVIIe siècle étaient faites dans cette langue largement lue ; ou bien, tel Angelus Silesius, poète silésien, ou Robert Barclay, mystique quaker, pour souligner le débordement de frontières linguistiques ou des principales dénominations religieuses lorsque l’on s’attache aux seuls mystiques. Dans les cas hors catholicité, nous avons dissocié leur présentation du fil chronologique.
L’ordre chronologique est essentiel si l’on s’interroge sur les rencontres et des influences possibles. Lorsque l’on adopte l’ordre alphabétique, l’accès par nom est évident, mais la liste ne constitue alors qu’un repérage.
Table à consulter pour situer les figures mystiques (et elles seules), leurs rencontres possibles par un indice de probabilité (groupes d’appartenance).
Nom (Prénom) dates durée groupes
Anne de Jésus 1545-1621 76 9 c,F
Anne de Saint-Barthélémy 1549-1626 77 9 c,F
Brétigny (Jean Quintanadav.) 1556-1634 78 1
Gallemant (Jacques) 1559-1630 71 1
Beaucousin (Richard) 1561-1610 49 1
Canfield (Benoit de —) 1562-1610 48 1 cp
Quiroga (Joseph de Jésus M.) 1562-1628 66 9 c
Ange de Joyeuse 1563-1608 45 1 cp
Coton (Pierre) 1564-1626 62 1 j
Isabelle des Anges 1565-1644 79 9 c,F
Marie de l’Incarnation (Acarie)1566-1618 52 1 c,F
François de Sales 1567-1622 55 2
Saint-Samson (Jean de —) 1571-1636 65 c
Chantal (Jeanne de —) 1572-1641 69 2 F
Le Gaudier (Antoine) 1572-1622 50 j
Marie de Beauvilliers 1574-1657 83 1 b, F
Baker (David-Augustin) 1575-1641 66 4 b
Rubéric (Séverin) Apr.1625 r
Bérulle (Pierre de —) 1575-1629 54 1
Martial d’Étampes 1575-1635 60 cp
Marie de Valence (Teysson.) 1576-1648 72 F
Joseph du Tremblay (« Père J. ») 1577-1638 61 1 cp
Gregorio da Napoli 1577-1641 64
Madeleine de St-Joseph (de Font.) 1578-1637 59 1 c,F
Sandaeus (Maximilien) 1578-1656 78 9
Marie de Jésus (de Bréauté) 1579-1652 73 1 c,F
Marguerite d’Arbouze 1580-1626 46 b, F
Cambry (Jeanne de —) 1581-1639 58 4 F
Saint-Cyran (Duvergier de H.) 1581-1643 62 1
Vincent de Paul 1581-1660 79 5
Camus (Jean-Pierre) 1582-1652 70 2
Constantin de Barbanson 1582-1631 49 4 cp
Jaspart (Hubert) 1582-1655 73
Bourgoing (François) 1585-1662 77 1
Condren (Charles de —) 1588-1641 53 5
Jean-Evangéliste de Bois-le-Duc 1588-1635 47 9 cp
Lallemant (Louis) 1588-1635 47 5 j
Saint-Jure (Jean-Baptiste) 1588-1657 69 6
Catherine de Jésus 1589-1623 34 c,F
Marie des Vallées 1590-1656 66 6 F
Marillac (Louise de —) 1591-1660 69 F
Angélique Arnauld 1591-1661 71 3 F
Louise de Ballon 1591-1668 77 b,F
Agnès (Mère) 1593-1671 78 3 F
Chrys. de Saint-Lô (Jean) 1594-1646 52 6 t
Chardon (Louis) 1595-1651 56
Falconi (Jean) 1596-1638 42 9
Rigoleuc (Jean) 1596-1658 62 5 j
Marie-Mad.de J. (de Bains) 1598-1679 81 5 c,F
Marie de l’Incarn.(Canada) 1599-1672 73 c,F
Granger (Geneviève) 1600-1674 74 6 b,F
Surin (Jean-Joseph) 1600-1665 65 5 j
Eudes (Jean) 1601-1680 79 7
Bernières (Jean de-) 1602-1659 57 6 L
Victorin Aubertin 1604-1669 65 r
Noulleau (Jean-Bapt.) 1604-1672 68
Charlotte Le Sergent 1604-1677 73 b,F
Cyprien de la Nativité 1605-1680 75 c
Cluniac (Pierre) 1606-1642 5 j
Armelle (Nicolas) 1606-1671 65 F,L
César de Bus 1607
Aumont (Jean) « vigneron » 1608-1689 81 6 L
Civoré (Antoine) 1608-1668 60 j
Olier (Jean-Jacques) 1608-1657 49 5
Amelote (Denis) 1609-1679 70 5 j
Neuvillette (Madeleine de-) 1610-1657 47 5 F,L
Labadie (Jean de-) 1610-1674 64
Renty (Gaston de-) 1611-1649 38 7 L
Agnès de Jés.Maria (Bellefonds)1611-1691 80 5 c,F
Hardouin de S.Jacques (Eloi) 1612 ?-1661 cp
Antoinette de Jésus 1612-1678 66 F
Louys (Epiphane) 1614-1682
Mectilde (Mère du St-Sacrement)1614-1698 84 b,F
Laurent de la Résurrection 1614-1691 77 5 c
Maur de l’Enfant-Jésus 1615-1690 c
Guilloré (François) 1615-1684 69 j
Bourignon (Antoinette) 1616-1680 64 9 F
Blémur (Jacqueline Bouette de -)1618-1696/7 87 b,F
Moine (Claudine) 1618apr.1655 5 F,L
Hamon (Jean) 1618-1687 69 3 L
Claude Martin (dom) 1619-1696 77 7 b
Bertot (Jacques) 1620-1681 61 6
Barré (Nicolas) 1621-1686 65 5
Pascal (Blaise) 1623-1662 39 3 L
Boudon (Henri-Marie) 1624-1702 78 7
Bellinzaga (Isabelle)(« dame milanaise») 1624 9 F,L
Scheffler (Angelus Silesius) 1624-1677 53 9 L
Rancé (Armand-Jean de-) 1626-1700 74
Boniface Maes 1627-1706 79 9
Bossuet (Jacques-Bénigne) 1627-1704 77 5
Malaval (François) 1627-1719 92 8
Molinos (Michel de-) 1628-1696 68 8
Laurent de Paris 1631 cp
Enguerrand (Archange) 1631-1699 68 6 r
Le Gall de Querdu 1633-1694 61 7
Bon (Marie de l’Incarnation-) 1636-1680 44 8 F
Petrucci (Pierre-Matthieu) 1636-1701 65 8
Piny (Alexandre) 1640-1709 69 5
La Combe (François) 1640-1715 74 8
La Colombière (Claude de-) 1641-1682 41
Hélyot (Claude et Marie) 1644-1682 37 5 F, L
Poiret (Pierre) 1646-1719 73 9 L
Barclay (Robert) 1648-1690 42 9 L
Guyon (Jeanne-Marie) 1648-1717 69 6 F, L
Scougal (Henry) 1650-1678 28 9
Fénelon (François de-) 1651-1715 64 6
Honoré de Sainte Marie (dom) 1651-1729 78 5 c
Jean-François de Reims 1660 cp
Milley (François-Claude) 1668-1720 52
Caussade (Jean-Pierre de-) 1675-1751 76 6 j
Dutoit (Jean-Philippe) 1721-1793 72 6
Bernezay (Maximien de-) Apr.1686 r
Paul de Lagny cp
Utilisé pour références bibliographiques. Quelques entrées sont doublées ou font l’objet de renvois entre auteurs.
Augmenté d’un quatrième de couverture ou d’un résumé du contenu en corps maigre lorsque je dispose facilement du quatrième.
Adjonction des autred ouvrages de la collection « Sources mystiques » conduite conjointement avec le P. Max de Longchamp en association récente avec dom Thierry Barbeau.
Archange Enguerrand (1631-1699), Directeur franciscain récollet et « Bon religieux » auprès de Madame Guyon, Dossier assemblé par Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 2017, 196 p.
Quatrième: Archange Enguerrand se rattache par l’intermédiaire de son maître Jean Aumont au réseau de « l’école du cœur » issu de l’Ermitage fondé à Caen par monsieur de Bernières. Entré chez les récollets, il séjourna un temps au mont Alverne, l’illustre « désert » franciscain proche d’Assise.
A son retour, il croisa à Montargis la jeune madame Guyon âgée de vingt ans. C’est le « bon religieux » qui l’introduisit à la vie intérieure. Un bref rappel de cette rencontre figure dans la Vie par elle-même rédigée par la mystique. Il est suivi de l’étude d’Archange par André Derville, jésuite qui mena à bien l’achèvement du Dictionnaire de Spiritualité.
Le corps du volume livre pour la première fois le second travail ample du même biographe A. Derville. Il s’agit d’une série complète de lettres de direction adressées à une religieuse dans l’épreuve. Ces lettres lui font prendre sa juste place parmi les grands directeurs mystiques du dix-septième siècle. Elles soulignent l’intérêt d’une œuvre profonde et de belle écriture restée pour sa plus grande partie manuscrite.
Armelle Nicolas Témoin du Pur Amour, Le Triomphe de l’Amour divin dans la vie d’une grande servante de Dieu, Texte présenté par Dominique et Murielle Tronc, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2011, 519 p.
Quatrième : Armelle Nicolas (1606-1671), servante rustique et illettrée, expérimenta l'envahissement de l'Amour divin, auquel elle répondit par le don absolu d'elle-même. Au coeur d'une Bretagne où oeuvraient les missionnaires jésuites, Armelle bénéficia notamment de l'aide spirituelle des Pères Jean Rigoleuc et Vincent Huby.
Son amie ursuline Jeanne de la Nativité nota soigneusement les actions et les dits de celle qui appelait Dieu « son divin Amour », et avait fait de la fidélité à cet amour l'axe de sa vie rude et simple de domestique. Le lecteur est frappé d'emblée par l'ampleur de vue et l'optimisme d'Armelle, basés sur une confiance inconditionnelle en la grâce, par une persévérance opiniâtre qui dépasse tous les obstacles, courant à l'union avec Dieu avec intensité et ardeur.
Le Triomphe nous donne avec une exactitude remarquable le récit d'une vie mystique achevée : on suit Armelle dans cet itinéraire surprenant depuis la passion de ses débuts, jusqu'à l'insondable paix de l'unité divine de son achèvement, au fil d'un abandon de plus en plus profond.
L'influence de l'ouvrage fut très grande au-delà des frontières françaises, jusqu'en Hollande, en Allemagne, en Angleterre et en Écosse. Une mystique à redécouvrir.
Armelle Nicolas, « Aime-Moi », Faits et dits de la Bonne Armelle, servante bretonne, Dits mis en forme par Gérard Pfister, suivis de deux chapitres du « Triomphe du divin Amour », Arfuyen éd. suspendue, 166 p.
Benoît de Canfield, La Règle de perfection, Quinze chapitres de De la volonté de Dieu essentielle, d’après la première édition, Texte établi et présenté par Murielle et D. Tronc, Paris, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2009, 170 p.
[Troisième partie de la Reigle collationnée sur le ms. de Troyes (photos disponibles). Elle corrige (rarement) l’édition établie par J. Orcibal.]
Carmélites françaises à l’âge classique, Histoire et Florilège de leurs écrits spirituels, par Marie de l’Enfant-Jésus, moniale-ermite, à paraître aux Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques ».
[Belles pages oubliées issues de carmélites des trois premières générations françaises. Il s’agit de « sauver » un essentiel mystique relevé au carmel de Clamart avant sa fermeture. Ce carmel préservait les archives du premier Carmel de Paris fondé en 1604.
Base photographique très étendue (un choix par Dominique Tronc conseillé par la dernière archiviste sœur Thérèse, ~10000 photos est disponible). La description du fonds manuscrit fut établi (pour la première fois) juste avant son transfert par Chantale Sanson archiviste en retraite. Les livres -- sélectionnés par des générations de carmélites intérieures -- sont disponibles chez les carmes d’Avon, les archives au carmel de Pontoise (~2014)].
Constantin de Barbanson, I, Les Secrets sentiers de l’Esprit divin, manuscrit précédant les Secrets sentier de l’Amour divin, Introduction et annotations par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », série « Constantin de Barbanson », 2014, 364 p.
Quatrième : Les Secrets sentiers de l’Esprit divin traduisent l’élan d’un directeur de communauté franciscaine lorsqu’il propose oralement et sans détour de répondre à l’appel mystique.
Le manuscrit donnant suite à une retraite, ici transcrit, sera source des Secrets sentiers de l’Amour divin, imprimé prudent, très apprécié.
Nous le faisons précéder d’une présentation de leur auteur Constantin de Barbanson (1582-1631), chantre de l’Unité. Il poursuit ce que son prédécesseur Benoît de Canfield rédigea avant de se taire devant des oppositions fortement manifestées.
Les deux capucins furent chefs de file d’une vie mystique en plein essor. Ils partagent un même optimisme profond. Nous ouvrons ici l’édition critique d’un corpus. Constantin révèle, par son expérience des « voies les plus reculées de la connaissance des mortels », la vie mystique de ses débuts à son accomplissement.
Constantin de Barbanson, II, Les Secrets sentiers de l’Amour divin, Ouvrage publié à Douai en 1629, Oeuvre mystique annotée par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », série « Constantin de Barbanson », 2014, 350 p.
[reprise de l’édition de Douai].
Constantin de Barbanson, III & IV, Anatomie de l’âme, Première partie comportant vingt-deux chapitres, Depuis le commencement de la vie spirituelle, jusqu'à l'état expérimental de la grâce supernaturelle. Deuxième partie, Il y a encore une seconde Anatomie à passer selon l'être de la déiformité, après la mort de la propriété. Oeuvres mystique annotée par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », série « Constantin de Barbanson », 2014, 407 p.
Constantin de Barbanson, V, Anatomie de l’âme, Troisième partie comportant quatre Traités, Comment l’âme qui est parvenue à l’état de la perfection se doit comporter pour faire progrès…, Présentation et notes par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », série « Constantin de Barbanson », 2014, 346 p.
L’Anatomie de l'âme, et des opérations divines en icelle. Qui est une addition au livre des Secrets Sentiers de l'amour Divin : enseignant en quoi consiste l'avancement spirituel de l'âme dévote, et le vrai état de la perfection. Où les vérités fondamentales de la vie Mystique sont mises au jour… présente une approche très originale, moniste et donc compatible avec d’autres traditions: « Nous avons dit en l’Avant-propos de cette Anatomie aux points 6 et 7, qu'aucuns ont de coutume de traiter en telle sorte des choses mystiques, qu'ils s'arrêtent seulement, et par exprès aux matières les plus relevées de la vie suréminente, [l]esquelles ils semblent vouloir poser tous les secrets plus importants de la perfection spirituelle ; comme s'ils ignoraient, ou ne faisaient peu ou point estime de tout ce qui se fait selon les infériorités, et les états, et degrés les plus bas de nos âmes, dont ils ne disent mot depuis le commencement jusqu'à la fin de leur doctrine ; bien que néanmoins ce soit en ces états, et bassesses que sont contenus les vrais fondements et secrets principaux de la voie mystique… » Constantin expose pourtant une vie mystique avancée et présente sans détour un ‘état permanent’ final. Il est remarquable par un optimisme qui le conduit à insister sur l’efficace propre au mystique accompli. Ce dernier n’a plus à craindre une fausse ‘divinisation’, car, loin d’être une illusoire possession, elle marque l’abandon et l’oubli total de soi-même, signes de la prise en main de l’être par la grâce.
Dom Georges Lefebvre, Prière du Cœur et pureté de cœur, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 2016, 130 p.
[avec des textes de Saint Grégoire le Grand et de Saint Jean de la Croix réédition d’un ouvrage rare d’un moine de l’abbaye de Ligugé paru chez Desclée de Brouwer en 1953 – exemplaire annoté par Lilian Silburn].
Dominique de Saint-Albert, Œuvres mystiques, fr. Klaus & D. Tronc., en préparation, HC.
D. Tronc, art. « Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon », XVIIe siècle, PUF, n°1-2003, 95-116.
[L’article Wikipedia (que j’ai révisé) sur Madame Guyon renvoie à cairn.be (distribution électronique Cairn pour les éditions des Presses Universitaires de France) qui reproduit l’article « Une filiation mystique… ».
Il a été traduit in Recherchen XXVI, Benediktinerinnen, « Weitergabe eines mystichen Erbes… », Köln, 2008.]
D. Tronc, « L’expérience ‘quiétiste’ de Madame Guyon », Mélanges Carmélitains, Téqui éd., vol. 2 (2004), 349-395.
[Florilège].
D. Tronc, « Quiétude et vie mystique : Madame Guyon et les Chartreux », Transversalités, Inst. Cath. de Paris, n°91, juillet-septembre 2004, 121-149.
D. Tronc, « Un mystique réformateur des carmes, Jean de Saint-Samson (1571-1636) », Carmel, n°112, juin 2004, 71-83.
La série suivante est une extension d’études519, d’où sa liste en reprise condensée des titres qui suivent :
D. Tronc EXPERIENCES MYSTIQUES :
I. DES ORIGINES A LA RENAISSANCE
II. L’INVASION MYSTIQUE EN FRANCE DES ORDRES ANCIENS
III. ORDRES NOUVEAUX ET FIGURES SINGULIÈRES
IV. DE L’ERMITAGE A MADAME GUYON ET FENELON
IVb. LES FILIATIONS DE LA QUIETUDE AU SIECLE DES LUMIERES
V. FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700
VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident I. Des Origines à la Renaissance, Editions Les Deux Océans, aujourd’hui Dervy-Trédaniel, 2012, 344 p.
[Guide - Florilège introduisant aux principales figures mystiques de la Tradition chrétienne. A noter la disparition momentanée de ce tome I d’Expériences… puis sa réapparition à prix cassé sur Amazon, probablement par suite de déstockage. Compte tenu de la disparition des Deux Océans, une reprise révisée est préparée en collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident II. L’invasion mystique en France des Ordres anciens, Editions Les Deux Océans, Dervy-Trédaniel, 2012, 378 p.
Reprise révisée pour la collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident III. Ordres nouveaux et Figures singulières. Editions Les Deux Océans, Dervy-Trédaniel, 2014, 394 p.
Reprise révisée pour la collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident III. Ordres nouveaux et Figures singulières. Editions Les Deux Océans, Dervy-Trédaniel, 2014, 394 p.
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. DE L’ERMITAGE A MADAME GUYON ET FENELON, 2018.
Collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident IV. DE L’ERMITAGE A MADAME GUYON ET FENELON, 2018.
Collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident IVb. LES FILIATIONS DE LA QUIETUDE AU SIECLE DES LUMIERES, 2018.
Collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident V. FIGURES AU SEIN DE TRADITIONS APRES 1700, 2018.
Collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, Expériences mystiques en Occident VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800, 2018.
Collection « Chemins mystiques ».
D. Tronc, FRANCISCAINS DU DIX-SEPTIEME SIECLE :
I. INTRODUCTIONS, OBSERVANTS, TIERS ORDRES, RECOLLETS
II. REFORME CAPUCINE
III. ETUDES historiques (P. Moracchini, J.-M.Gourvil, D. Tronc) – AUTRES FIGURES
D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siecle. I. Introductions, Florilège issu de Traditions franciscaines (Observants, Tiers Ordres, Récollets), Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014, 367 p.
D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siecle. II. Florilège de figures mystiques de la réforme Capucine. Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014, 400 p.
D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siecle. Tome III. Un grand siècle franciscain à Paris [Pierre Moracchini] & Nécrologe capucin - Le franciscanisme et l’invasion mystique [Jean-Marie Gourvil] - Figures mystiques féminines, Minimes, Un regard sur les héritiers - Tables. Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014, 268 p.
D. Tronc, CHRONOLOGIE
I. DES ORIGINES A 1600
II. DE 1600 A NOS JOURS
Chronologie Mystique I Des Origines à 1600, Florilège établi par Dominique Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 400 p.
Quatrième: Je propose une approche globale de témoignages « mystiques ». Deux tomes assemblent des textes provenant de cultures diverses dans le temps et dans l’espace :
I Origines à 1600, toutes Traditions confondues
II De 1600 à aujourd’hui.
Un accord entre spécialistes quant aux figures mystiques propres à diverses cultures témoigne de l’unicité du vécu au plus profond. Les variations d’origines culturelles et religieuses ne le voilent pas pour ceux qui y ont été rendus sensibles même une fois.
Un inventaire est présenté d’une façon qui peut apparaître provocatrice dans sa diversité : une « longue page » déroulée chronologiquement. Le lecteur fera son choix dans ce Florilège mystique. Il choisira et appréciera les textes de quelques-uns. Il est inutile de les présenter longuement puisqu’il suffit de consulter une encyclopédie en ligne telle que Wikipedia. Nous nous plaçons à l’opposé de dictionnaires biographiques.
Un nom, un beau dit ou un seul extrait qui parle au cœur, et cela suffit à justifier ce travail.
Chronologie Mystique II De 1600 à nos jours, Florilège établi par Dominique Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com
Suite et fin. De nombreuxchercheurs et découvreurs débordent les cadres traditionnels. Ils sont présentés dans Expériences mystiques en Occident VI. FIGURES HORS CADRES APRES 1800.
Les Amis des Ermitages de Caen & de Québec, dossier assemblé par D. Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 2015, 564 p.
Quatrième: Nous présentons en première partie sous le titre I. FILIATION ET AMIS le cercle large de l’Ermitage normand. C’est la vision « horizontale » où nous accordons la plus grande importance aux mystiques fondateurs.
Comment s’opère la succession d’aîné à cadet ? C’est la vision « verticale » Nous reprenons les liens entre quelques fondateurs en seconde partie où nous centrons l’aperçu intérieur sur des II. DIRECTIONS MYSTIQUES dont celles de Bernières et de Mectilde par « notre bon père Chrysostome ».
Suivent des matériaux : III. MEMBRES DU CERCLE NORMAND regroupe des extraits mystiques pour ses principales figures. IV. MARIE DE L’INCARNATION extraits de correspondance. V. LIENS entre les deux principales figures de Marie de l’Incarnation et de Jean de Bernières.]
D. Tronc, Ecoles du Cœur au siècle des Lumières, Disciples de madame Guyon & Influences, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 260 p.
[Présentation, Filiations de la quiétude : Française, Ecossaise, Hollandaise, Suisse et germanique, & Influences en terres catholiques, en terres protestantes, Echos au XIXe siècle, Reconnaissance au XXe siècle, Synthèse.]
Les trois volumes suivants figurent sous D. Tronc avec leurs quatrièmes. Rappel :
D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siecle. I. Introductions, Florilège issu de Traditions franciscaines (Observants, Tiers Ordres, Récollets), Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014, 367 p.
D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siecle. II. Florilège de figures mystiques de la réforme Capucine. Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014, 400 p.
D. Tronc, La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siecle. Tome III. Un grand siècle franciscain à Paris [Pierre Moracchini] & Nécrologe capucin - Le franciscanisme et l’invasion mystique [Jean-Marie Gourvil] - Figures mystiques féminines, Minimes, Un regard sur les héritiers - Tables. Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014, 268 p.
François d’Assise vu par ses disciples, Un choix de sources à l’usage de Dominique Tronc et d’Amis, Reprenant des textes de l’Edition du VIIIe centenaire, HC, 510 p.
Quatrième: FRANÇOIS D’ASSISE VU PAR SES DISCIPLES
L’édition du VIIIe centenaire » publiée en deux volumes dans la collection « Sources Franciscaines » au Cerf en 2010 comporte 3418 pages. Je ne reprends ici qu’un huitième de ce récent « Totum » de sources encore proches de François. Cinq parties suivent une brève présentation:
1. Quelques « pages » de François.
2. Frère Jean, compagnon de Gilles, auteur « Du commencement de l’Ordre », source primitive sobre et originale écrite moins de quinze ans après la mort de François.
3. La « Légende des trois compagnons » proposée par Léon, Rufin et Ange, en complément de la biographie de Thomas de Celano. Elle fournit des informations uniques sur la période « laïque » si mal connue de la vie de François (~1182 à 1206). On sait que sa durée dépasse celle de la période fondatrice (1206 à 1226).
4. Frère Léon est à la source de la « Compilation d’Assise », anciennement nommée « Légende de Pérouse ». Je livre l’ensemble annoté en incluant au fil du texte les passages repris de Celano (ils sont disjoints dans l’édition du VIIIe centenaire !).
5. Des témoignages éclairent les personnalités de Léon et d’autres Spirituels. Outre quelques « pages » de François, ils sont tirés des « Actus », la source latine source de la traduction italienne d’où furent extraits les attachants « Fioretti ».
Les notes généreuses mais indispensables de l’édition du VIIIe centenaire rendent inutiles de nombreuses biographies par ailleurs souvent colorées par leurs auteurs. Nous restituons ces notes au fil du texte courant en petit corps. Ce bréviaire ou « Compagnon » commode établi pour mon usage personnel est partagé avec quelques amis. Il livre un François mystique sans gloses.
François de Fénelon, La Tradition secrète des mystiques ou Le Gnostique de Clément d’Alexandrie, présentation par Dominique et Murielle Tronc, « Les carnets spirituels », Paris, Arfuyen, 2006, 216 p.
[Le Gnostique, précédemment publié par Dudon a été revu sur le ms. des Archives de Saint-Sulpice]
La Direction de Fénelon par Madame Guyon, Correspondance présentée et éditée par Murielle et D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 504 p.
Fénelon mystique, un florilège, par D. Tronc, lulu.com, HC, 457 p.
Quatrième: FENELON MYSTIQUE, UN FLORILEGE
Fénelon a fait l’objet d’un très grand nombre d’approches. Mais dès que l’on veut connaître le vécu spirituel de l’homme, études et choix de textes deviennent rares. Le titre « Fénelon mystique, un florilège » veut faire connaître l’essentiel de ses directions qui reflètent sa nature profonde. Le Florilège que je propose est chronologique. Le récit de la rencontre mystique avec madame Guyon précède des extraits d’écrits titrés dont se détache le saint Clément. Puis d’abondants témoignages privilégient la période de maturité où, délivré de toute illusion, Fénelon touche à l’achèvement mystique.
Je tire parti de l’édition critique récemment achevée de sa Correspondance. Elle permet de mieux cerner des personnalités diverses qui, aspirant à la vie intérieure, découvrirent le meilleur directeur spirituel de leur époque.
Je m’efface derrière des séries d’extraits regroupés autour de ces destinataires. Les besoins varient suivant leurs tempéraments. Le connaisseur des âmes se révèle être un ami patient dans (presque) tous les cas. Par sa profondeur et dans son exigence, il demeure pour nous un compagnon présent.
François Lacombe (1640-1715), Vie, Œuvres, Epreuves du Père Confesseur de Madame Guyon, Sources assemblées par D.Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 2016, 648 p.
Quatrième : François La Combe ou Lacombe (1640-1715) fut le compagnon aîné confesseur de madame Guyon. Il est resté dans l’ombre lorsqu’il ne fut pas simplement et sommairement mis en cause.
Nous l’approchons sérieusement ici pour la première fois en rassemblant l’essentiel de ce qui le fait mieux connaître et apprécier. Nous disposons de nombreux documents : une Vie décrite d’après des témoignages provenant principalement de Madame Guyon, des Œuvres qui ne sont pas médiocres, des Epreuves dont témoignent d’amples lettres qu’il put faire parvenir de la prison de Lourdes.
Ce dossier est établi par recours à nos éditions des œuvres de madame Guyon (Vie, Correspondance, Années d’épreuves). Ses écrits rédigés ou traduits en Français sont réédités ici pour la première fois depuis le XVIIIe siècle.
Le confesseur dans tous les sens du terme, incluant de lourdes épreuves qui demeurent cachées et vécues sans répit jusqu’à la mort, est profondément mystique. Il est digne de l’attachement d’une dirigée devenue rapidement son inspiratrice.
Quatrième : Voici l’ouvrage épuisé des Lettres d’HADEWIJCH I, accompagné d’un court traité par une autre béguine et de comparaisons avec d’autres spirituels. Il s’agit d’admirables traductions et de présentations érudites par Fr. dom Porion.
L’ouvrage livre le cœur de cette mystique qui vivait au treizième siècle et fut très influente sur Ruusbroec et bien d’autres mystiques. Je ne l’ai pas retrouvé disponible sur le Net, ce qui me conduit à l’éditer en ligne hors commerce pour des amis.
J’adjoins en fin d’ouvrage un relevé de lecture par Lilian Silburn et mon bref florilège extrait d’une « Chronologie mystique ».
D. Henderson, Mystics of the North-east, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 390 p.
[réédition de l’ouvrage publié en 1934. Outre le grand intérêt offert par son Introduction et par l’exceptionnelle qualité du travail érudit, l’ouvrage comporte des lettres de disciples adressés à Mme Guyon et aussi échangées entre eux].
Quatrième : MYSTICS OF THE NORTH-EAST Cette belle étude irremplaçable est difficile d’accès : il nous a fallu la retrouver à l'Université d'Aberdeen. Elle approche avec grande autorité et bienveillance les disciples écossais de madame Guyon dont certains l’entouraient à Blois et assistèrent à sa mort.
PREFACE 7 CONTENTS 10 INTRODUCTION. 13 I. FORERUNNERS. 13 II. MADAME GUYON, PIERRE POIRET, ETC. 18 III. RELIGIOUS CONDITIONS IN THE NORTH-EAST AFTER THE REVOLUTION. 26 IV. JACOBITE SYMPATHIES. 35 V. DR. GEORGE GARDEN. 41 VI. LORD DESKFORD. 50 VII. ALEXANDER, 4TH LORD FORBES OF PITSLIGO. 57 VIII. WILLIAM, 14TH LORD FORBES, AND JAMES, 16TH LORD FORBES. 61 IX. CHEVALIER RAMSAY. 68 X. JAMES KEITH, M.D. 74 XI. THE GARDEN CASE. 81 XII. SOME MINOR CHARACTERS. 86 XIII. THE LETTERS. 93 LETTERS OF JAMES KEITH, M.D., AND OTHERS, TO LORD DESKFORD. 99 [...] CORRESPONDENCE BETWEEN JAMES CUNNINGHAM OF BARNS AND DR. GEORGE GARDEN. [...] INDEX 379
Ruusbroec l’Admirable, La Pierre brillante (Traduction et commentaire par Max Huot de Longchamp), suivi de l’Ornement des Noces spirituelles (Traduction de 1606 par un chartreux de Paris), Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2010, 283 p.
Jean-Chrysostome de Saint-Lô (1594-1646), Du Tiers Ordre de Saint François d’Assise, Fondateur de l’Ecole du Pur Amour. Dossier de sources transcrites et présentées par Dominique Tronc. Lulu.com, 2017, 378 p.
Quatrième : Ce dossier contient de larges extraits prélevés dans les sources suivantes qui nous éclairent sur les débuts de « l’école du cœur » :
Les débuts du tiers Ordre frranciscain - Vincent Mussart - Notices (J.-M. de Vernon)
La Vie d’Antoine Le Clerc, sieur de la Forest (J.-M. de Vernon)
L’Homme Intérieur ou La Vie du Vénérable Père Jean Chrysostome (Henri-Marie Boudon)
Divers exercices de piété et de perfection(Chrysostome de Saint-Lô édité par M. de Bernières)
Divers traités spirituels et méditatifs(Chrysostome de Saint-Lô édité par Mère Mectilde)
Deux directions : Monsieur de Bernières et Mère Mectilde(Extraits prélevés dans les sources précédentes)
J’omet la transcription de près de la moitié des Divers exercices de piété et de perfection, gros assemblage de six cent pages d’écrits recueillis « de notre bon Père ». Il s’agit d’exercices méditatifs et ascétiques. Ils soulignent les épreuves subies par Jésus-Christ, le modèle pour François d’Assise qui fut fidèlement repris à l’Ermitage de Caen. Ils constituaient des supports utilisés tous les jours et lors des retraites par les Associés de l’Abjection. Marqués par un esprit de grande humilité et de simplicité franciscaine, mais aussi par le dolorisme propre aux dévots du Grand Siècle, des sections sont écourtées lorsqu’elles s’avèrent répétitives et mettent alors mal en valeur la fraîcheur spontanée propre à la vie des mystiques.
Par contre la dernière partie de l’assemblage livre les directions personnelles assurées par le P. Chrysostome. Elle est admirable.
Jean de Bernières, Le Chrétien intérieur, textes choisis suivis des Lettres à l’Ami intime, Texte établi et présenté par Murielle et D. Tronc, Paris, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2009, 200 p.
[Septième livre du Chrétien intérieur et « Lettres à l’Ami intime ».]
Jean de Bernières, Œuvres Mystiques I, L’Intérieur chrétien suivi du Chrétien intérieur augmenté des Pensées, Edition critique avec une étude sur l’auteur et son école par D. Tronc, Ed. du Carmel, coll. « Sources mystiques », 2011, 518 p.
Rencontres autour de Monsieur de Bernières (1603-1659) Mystique de l’abandon et de la quiétude, coll. « Mectildiana », Editions Parole et Silence, 2013, 594 p.
[Ce collectif assemblé par J-M. Gourvil & D. Tronc, regroupe les contributions de dom T. Barbeau, J. Dickinson, J.-M. Gourvil, I. Landy, dom J. Letellier, B. Pitaud, J. Racapé, dom E.de Reviers, D. Tronc, A. Valli.]
Jean de Bernières et l'Ermitage de Caen, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle. Lettres & Maximes. Tome I 1631 – 1646 / Suivant l’ordre chronologique de la Correspondance / Citant des extraits du Chrétien Intérieur et d’Auteurs mystiques, par Dom Éric de Reviers, o.s.b., 2018, HC, 607 p.
Jean de Bernières et l'Ermitage de Caen, une école d'oraison contemplative au XVIIe siècle. Lettres & Maximes. Tome II 1647 – 1659, HC, 610 p.
Quatrième : Jean de Bernières (1602-1659) anima une école d’oraison contemplative au XVIIe siècle. Il fut un maître authentifié par son rayonnement exercé au plan social. L’influence de Jean s’étendit au-delà de Caen car le livre du Chrétien intérieur composé à partir de sources aujourd’hui perdues fut un succès éditorial apprécié par tous les spirituels de son siècle.
Nous livrons le trésor moins retravaillé de lettres et fragments préservé au sein du couvent fondé par sa sœur Jourdaine puis publié assez confidentiellement. Les présentes Lettres & Maximes restituent leur ordre chronologique qui rend compte d’un pèlerinage intérieur. L’« abjection » au sens premier de s’incliner devant la grandeur divine laisse place à l’ « abandon » au travail mystique exigeant de la grâce.
De nombreuses lettres échangées avec son amie et fondatrice bénédictine Mectilde (1614-1698) assurent un dialogue entre pèlerins préservé rarement ailleurs. D’amples parallèles en notes proposent l’accès aux meilleurs passages du Chrétien Intérieur ainsi qu’à quelques figures mystiques connues.
L’ensemble constitue un florilège qui ouvre très droitement à la vie mystique. Il ne demande guère au lecteur de faire un tri car Jean évite de se justifier d’obligations extérieures (il n’était pas responsable religieux en titre comme le furent François de Sales, Surin, Olier, Fénelon).
Le lecteur dispose ici d’un guide d’ascension mystique toujours actuel.
Jean de Bernières / Lettres et Maximes mystiques / Un florilège établi par Dominique Tronc, 2018, HC, ~120 p.
[un choix privilégiant l’achèvement mystique des dernières années]
[projet d’interlinéaire de la Vive flamme]
Jean de Saint-Samson, Le vrai esprit du Carmel, Œuvre assemblée par le P. Donatien de S. Nicolas. Sources manuscrites, Edition critique présentée par D. Tronc avec une étude par Max Huot de Longchamp, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2012, 607p.
Jean de Saint-Samson, L’œuvre à lire, dossier, 2018, « Chemins mystiques », 355 p.
Dossier / Lire Jean de Saint-Samson, un mode d’emploi / Le Cabinet mystique & extrait de l’Œuvre assemblée par le Père Donatien de Saint Nicolas. Sources manuscrites. / Textes choisis. / La direction de Dominique de Saint-Albert / Une autorité pour Madame Guyon
Jean de Saint-Samson, Florilège, 2018, HC, 157 p.
Le cabinet mystique adressé aux âmes plus illuminées. (Première partie contenant Divers traités ou exercices proportionnés aux différents états de la vie contemplative.) suivi d’Extraits du Vrai Esprit du Carmel incluant
Jean-Joseph Surin, Un choix dans l’édition par Michel de Certeau de la Correspondance, Suivi d’une brève présentation de leur auteur, Par Dominique Tronc, coll. « Chemins mystiques », 212 p.
Quatrième : L’édition de la Correspondance de Jean-Joseph Surin (1600-1665) livre le cœur qui l’anima. Il suffit de relever un « essentiel mystique » dans le texte admirablement établi, présenté et annoté par Michel de Certeau.
Je propose un florilège. Il représente un quatorzième de l’imprimé devenu d’accès limité car paru il y a plus de cinquante ans. Il veut aider à entreprendre un effort de lecture requis pour extraire la moëlle spirituelle d’une terrible mécanique, celle de « l’aventure » ou drame de Loudun .
J’y adjoins en fin de ce court volume une présentation de Surin suivie de quelques extraits hors correspondance.
Jean-Nicolas Grou, Manuel des âmes intérieures, texte présenté par le Père Max Huot de Longchamp, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2012, 365 p.
Jean-Pierre de Caussade, Lectures Caussadiennes ; le manuscrit Cailhau et le recueil de Langres, textes présentés par Marie-Paule Brunet-Jailly, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2009, 323 p.
Jeanne de Chantal, Écrits mystiques relevés dans l’édition de 1875 par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 664 p.
[Une moitié des tomes II & III de l’édition de 1875].
Quatrième : Des « Œuvres diverses » couvrent les tomes II et III de l’ « Édition en huit tomes publiée par les soins des religieuses du premier monastère de la Visitation Sainte-Marie d'Annecy ». Ces ‘joyaux de famille’ sont précédés d’une bonne biographie d’époque, puis associés à des textes tributaires de normes religieuses, enfin suivis par une très abondante ‘correspondance d’affaires’ - celles liées aux multiples fondations de couvents. Tout ceci explique que les huit volumes composites d’un vaste ensemble composite aient été rarement explorés à cœur et que les Œuvres diverses n’aient pas été rééditées depuis 1875.
Elles recèlent des diamants qui témoignent de l’accomplissement mystique mené à terme par la Mère de Chantal (1572-1641). Leurs éclats brillent dans telle conversation orale avec ses sœurs souvent d’origine simple ou au sein d’un fragment qui nous livre la vie intime de Jeanne. Tout lecteur sensible en recherche spirituelle appréciera ce que ces témoins sortis de leur gangue reflètent de l’Essentiel.
Omettant les écrits marqués par leur époque, le lecteur trouvera ici un peu plus de la moitié du contenu des deux tomes cités. Leur étude nous a incité à consulter les sources manuscrites préservées au couvent d’Annecy, ce qui nous a été généreusement accordé. Le présent choix opéré sur une édition non critique mais fidèle ouvre la série « Jeanne de Chantal ».
Jeanne de Chantal, Recueil des bonnes choses & Extraits de Lettres, D. Tronc et Béatrice Bernard, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 2015, 256 p.
Quatrième : JEANNE DE CHANTAL, RECUEIL DES BONNES CHOSES & EXTRAITS DE LETTRES
Introduction et extraits de la Correspondance par Dominique Tronc
Les Entretiens du manuscrit de Turin-Verceil transcrit par Béatrice Bernard
Le lecteur trouvera ici un condensé en deux parties qui met en valeur l’esprit mystique de la fondatrice des Visitations Jeanne de Chantal (1572-1641).
La Mère de Chantal livre sa direction mystique autant qu’ascétique dans près de cinquante Entretiens. Ils proviennent du manuscrit de Turin-Verceil conservé à Annecy. Il a été reconnu par la première éditrice comme la plus excellente des sources dont elles disposaient. Nous l’éditons ici sous sa forme primitive.
On peut tirer le meilleur parti des milliers de pages de « lettres d’affaires » qui répondaient aux multiples besoins des couvents de visitandines. Quatre-vingts extraits sélectionnés dans la Correspondance mettent en valeur l’orientation mystique de leur fondatrice. Tel paragraphe inséré dans une lettre adressée à une nouvelle fondation s’adresse particulièrement à une sœur éloignée où la Mère tient son rôle de conseillère et de directrice. Parfois Jeanne se livre à une confidente proche ce qui nous ouvre son vécu mystique.
Lilian Silburn, Le Vide, les Voies, le Maître, HC, 281 p.
[Dossier rassemblant des contributions de Lilian Silburn dont celles parues dans la revue Hermès. Etabli sur des publications des Ed. des Deux Océans.]
VIE PAR ELLE-MEME
Madame Guyon, La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, Edition critique avec introduction et notes par D. Tronc, Etude littéraire par Andrée Villard, Paris, Honoré Champion, coll. « Sources Classiques », 2001, 1163 p.
[Les 3 volumes de la Vie connus depuis leur publication au XVIIIe siècle et repris sous les titres « 1. Jeunesse, 2. Voyages, 3. Paris », sont suivis de : « 4. Prisons, 5. Compléments biographiques » ; l’édition rétablit l’ordre du ms. d’Oxford et inclut des additions provenant du ms. ‘de jeunesse’ de St-Brieuc.]
CORRESPONDANCE
Madame Guyon, Correspondance, Tome I Directions spirituelles, Edition critique établie par D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2003, 928 p.
[Directions reçues de Maur de l’Enfant-Jésus et de monsieur Bertot, 1671-1681 ; lettres et témoignages, 1681-1688 ; direction de Fénelon, 1688-1689, complément édité pour la premièrefois de l’année 1690 ; directions du marquis de Fénelon et de disciples étrangers, après 1710]
Madame Guyon, Correspondance, Tome II Années de Combat, Edition critique établie par D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2004, 952 p.
[Les lettres de l’animatrice du cercle quiétiste couvrent surtout les années 1693-1698 ; elles sont augmentées de Témoignages ; l’ensemble constitue le « dossier » utile pour étudier les aspects de la « querelle » relatifs au vécu intérieur].
Madame Guyon, Correspondance, Tome III Chemins mystiques, Edition critique établie par D. Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2005, 934 p.
[Ce volume qui achève l’édition de la Correspondance reprend l’ensemble de lettres de direction publié en 5 volumes au XVIIIe siècle].
Madame Guyon, Lettres de direction, choix présenté par Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », Série « Madame Guyon ».
La direction de Fénelon par Madame Guyon, présentée et éditée par Murielle et Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », Série « Madame Guyon ».
EXPLICATIONS DE LA BIBLE
Jeanne-Marie Guyon, Explications de la Bible, L’Ancien Testament et le Nouveau Testament avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure, introduites et annotées par D. Tronc, Paris, Phénix Editions & hors commerce 2005, 441 p.
[tirage limité épuisé ; extraits in Madame Guyon, Oeuvres mystiques, 355-382]
Madame Guyon, Oeuvres mystiques, éd. critique avec introductions par D. Tronc, Etude par le P. Max Huot de Longchamp, Paris, Honoré Champion, coll. « Sources Classiques », 2008, 796 p.
[Un « compagnon » sous forme d’un volume maniable. Il reprend des œuvres brèves connues – Moyen Court, Torrents, Petit Abrégé, une partie du Cantique Sa seconde moitié ouvre à la partie encore méconnue datant de la pleine maturité mystique : notes apportées aux Justifications, choix de Lettres et de Discours…]
Les années d’épreuve de Madame Guyon, Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi Très Chrétien, Documents biographiques rassemblés et présentés chronologiquement par D. Tronc. Etude par Arlette Lebigre. Paris, Honoré Champion, coll. « Pièces d’Archives », 2009, 488 p.
[mise en ordre chronologique de pièces de procès incluant les interrogatoires et des témoignages issus de la Vie et de la Correspondance ; ce dossier est précédé d’une synthèse et s’achève sur des témoignages concernant la ‘décennie silencieuse’ vécue à Blois après les prisons.]
Madame Guyon, Explications du Nouveau Testament, Un choix, Ed. électronique Amazon Kindle, 2014, 220 p.
Madame Guyon, Explications du Nouveau Testament, choix présenté par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », Série « Madame Guyon ».
Madame Guyon, Explications de l’Écriture sainte, un choix présenté et annoté par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », Série « Madame Guyon ».
DISCOURS CHRETIENS ET SPIRITUELS
Madame Guyon, Ecrits sur la vie intérieure, présentation par Dominique et Murielle Tronc, Paris, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2005, 195 p.
[15 Discours]
Madame Guyon, De la Vie intérieure, Discours Chrétiens et Spirituels sur divers sujets qui regardent la vie intérieure, présentés et annotés par D. Tronc, Paris, Phénix Editions - La Procure Librairie, Collection « La Procure », 2000, réédition 2004, 482 p.
[80 Discours]
Madame Guyon, De la vie intérieure, Discours chrétiens et spirituels sur divers sujets qui regardent la vie intérieure, présentés par Dominique et Murielle Tronc, lulu.com, retiré de la coll. « Chemins mystiques » (remplacé par Discours infra.), 642 p.
Madame Guyon, Discours sur la vie intérieure, présentés par Murielle et Dominique Tronc, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, Collection « Sources mystiques » Tome I et II, 344 + 314 pages
[la plus grande partie des Discours achève la mise à disposition de l’essentiel de l’œuvre de Madame Guyon.]
JUSTIFICATIONS
Les « Justifications », un Florilège mystique assemblé par Jeanne-Marie Guyon et François de Fénelon , 2017, HC
[Intégrale]
Marc de la Nativité, Méthode claire et facile pour bien faire l’oraison
[Impression en ligne du pdf reproduisant cette édition ancienne :
METHODE CLAIRE ET FACILE pour bien faire Oraison Mentale.
ET POUR S’EXERCER AVEC fruict en la Presence de Dieu.
Faisant le quatrième Traité de la Conduite Spirituelle des Novices.
Pour les Convens Reformez de l’Ordre de Nostre Dame du Mont-Carmel.
A Paris, Chez Joseph Cottereau, rue sainct Iacques à la Prudence
1650 [Impression en ligne du pdf reproduisant cette édition ancienne]
Marc de la Nativité, Traité de la Componction
[Impression en ligne du pdf reproduisant cette édition ancienne :
Marc de la Nativité, TRAITE DE LA COMPONCTION
Faisant le cinquième Tome de la Conduite des Novices des Carmes de la Province de Touraine
Par le R. P. Marc de la Nativité de la Vierge
Publié à Tours chez Philbert Masson en 1696]
Maria Petyt (1623-1677) Mystique flamande I Notices & Études par Albert Deblaere, Dossier assemblé par Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 406 p.
Quatrième : Maria Petyt (1623-1677) est une figure flamande qui égale les plus grandes : la béguine Hadewijch (~1250] ; des françaises comme Marie de l’Incarnation du Canada (1599-1672) et Madame Guyon (1648-1717). Elle témoigne avec ces dernières d’une expérience menée à terme. Elle partage leur indépendance. Elle connut la solitude propre aux spirituelles mystiques.
L’intérêt dépasse celui offert par un assemblage de fragments rédigés par Marie Petyt grâce à la valeur du pénétrant Albert Deblaere, lui-même profond spirituel. De larges citations bien choisies de Maria parsèment ses études.
Ces textes livrent et analysent une expérience mystique menée à terme sur toute la durée d’une vie en suivant un chemin parfois difficile. L’intériorité vécue ‘jusqu’à la moelle des os’ est associée au rendu très vivant d’une existence restée cachée au sein du monde bourgeois flamand.
Je restitue deux notices (relativement) récentes rédigées par A. Derville et P. Mommaers et des florilèges. Après ce hors d’œuvre, les études du P. Deblaere couvrent l’essentiel du tome I ; en commençant par sa plus récente, brève et synthétique ; en continuant par une thèse beaucoup plus ample et mystiquement profonde, qui, première chronologiquement, tenta d’aborder la richesse mystique en respectant la théologie catholique. Le tome II permet d’apprécier plus amplement les témoignages rédigés par la mystique.
Maria Petyt (1623-1677) Mystique flamande II Textes traduits par Louis van den Bossche & Leurs contextes, Dossier assemblé par Dominique Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 380 p.
Quatrième : Maria Petyt (1623-1677) prend place entre Marie de l’Incarnation du Canada (1599-1672) et Madame Guyon (1648-1717). Elle témoigne d’une expérience commune menée à terme, partage leur indépendance et connaît la solitude des spirituels.
Après avoir bénéficié de l’intérêt qui fut porté avec constance sur Marie Petyt par le très pénétrant spirituel Albert Deblaere, voici en tome II les traductions antérieures entreprises par Louis van den Bossche, dont se détache une suite continue autobiographique.
C’est en fait tout l’ensemble qui demeure irremplaçable. Il risquait d’être perdu. Il rétablit la vie intime d’une très grande figure digne héritière d’Hadewijch. Elle nous est plus proche par ce que l’on peut considérer comme un journal intime moderne.
Son autobiographie constitue un contrepoint unique à la « Vie par elle-même » de madame Guyon, vécu également difficile de l’autre grande « dame directrice » presque contemporaine.
Marie-Anne de Mortemart 1665-1750, La « Petite Duchesse » en relation avec Madame Guyon, Fénelon et son neveu, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 270 p.
UNE ESQUISSE BIOGRAPHIQUE5
Le successeur dans la filiation ?9
Opinions de Fénelon et de Chevreuse10
Traits relevés par Saint-Simon11
LETTRES DES DEUX DIRECTEURS17
DE MADAME GUYON19
DE FENELON187
LETTRES DE MORTEMART AU MARQUIS DE FENELON 239
Annexes259
Table des matières265
Marie des Vallées, Le Jardin de l’Amour divin, Textes choisis et présentés par Dominique et Murielle Tronc, Arfuyen, « Les carnets spirituels », 2013, 207 p.
La Vie Admirable de Marie des Vallées et son Abrégé rédigés par saint Jean Eudes suivis des Conseils d’une grande servante de Dieu, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2013, 693 p
[intégrale]
Martial d’Etampes, Maître en Oraison, Textes présentés par Joséphine Fransen et D. Tronc, Editions du Carmel, coll. « Sources mystiques », 2008, 247 p. [comporte une étude et des écrits de cet éminent mystique capucin du début du XVIIe siècle.]
Maur de l’Enfant-Jésus, Ecrits de la maturité 1664-1689, coll. « Sources mystiques », Toulouse, Editions du Carmel, 2007, 344 p.
[le principal auteur mystique Grand Carme depuis le réformateur Jean de Saint-Samson fut en relation avec madame Guyon.]
Maur de l’Enfant-Jésus, Entrée à la Divine Sagesse, Editions du Carmel, coll. « Sources mystiques », Toulouse, 2008, 263 p.
[Cinq courts mais profonds traités mystiques achèvent la restitution du corpus.]
Les Amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement 1614-1698, Un florilège établi par D. Tronc avec l’aide de moniales de l’Institut des Bénédictines du Saint-Sacrement, HC 457 p. - Parole et Silence, 2017.
Les amitiés mystiques de Mère Mectilde du Saint-Sacrement, un Florilège livre un choix d’extraits de correspondances entre la fondatrice et plusieurs mystiques accomplis qui vécurent au XVIIe siècle. Il inclut aussi des « dits » livrés au cercle intime de ses dirigées.
C’est l’un des très rares ensembles qui demeure utile à tout lecteur en recherche spirituelle. Il mérite toute la reconnaissance accordée aux correspondances de François de Sales, de Jean-Joseph Surin, de Marie de l’Incarnation du Canada, de Jeanne-Marie Guyon, de François de Fénelon.
Mectilde ou Catherine de Bar (1614-1698), courageuse lorraine d’origine, annonciade devenue bénédictine puis fondatrice, traversa plusieurs fois le Royaume de France et tout son siècle en surmontant des obstacles extérieurs et intérieurs. Nous éclairons son évolution intérieure, depuis la jeune femme intense qui rencontre les mystiques normands jusqu’à la vénérable Mère du Saint-Sacrement, « une sainte » aux yeux de madame Guyon et de Fénelon.
Elle parle à cœur ouvert à ses amis et dans son cercle de bénédictines. Elle laisse comme testament les deux mots « adhérer-adorer » en se situant mystiquement dans la ligne de Jean de la Croix, de Benoît de Canfield et de Jean de Bernières. Ses paroles transcrites sont un trésor préservé à notre usage.
Jacques Bertot Directeur mystique, Textes présentés par D. Tronc, coll. « Sources mystiques », Editions du Carmel, Toulouse, 573 p., 2005.
[La première étude présentant le résultat de recherches sur la ‘vie cachée’ de monsieur Bertot et la reconstitution du corpus de ses écrits précède le choix d’un septième de leur volume]
Monsieur Bertot, Le Directeur mistique
[Intégrale en cours de saisie]
Dossier assemblé par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques »
[« Florilège de poche » par reprise du Nuage traduction par A. Guerne et anglais modernisé par E.Undrehill, et de l’Epitre de la direction intime traduction par D.M. Noetinger]
Pierre de Poitiers, Le Jour mystique, traités de Théologie mystique, choix établi et présenté par moniale-ermite Marie de l’Enfant-Jésus, Ed. du Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2015.
[Choix jugé essentiel]
« Le jour mystique » de Pierre de Poitiers, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », HC, 2017, 730 p.
[Intégrale que je juge incontournable : le dernier grand traité-sutra mystique d’occident ?]
Les Amis des Ermitages de Caen & de Québec, dossier assemblé par D. Tronc, coll. « Chemins mystiques », lulu.com, 2015, 564 p.
[dont un choix de Marie de l’Incarnation]
José de Jésus Maria Quiroga 1562-1628, Historia de la Vida y Virtudes del Venerable P. F. Juan de la Cruz & Etudes, dossier assemblé par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 338 p.
[Sections françaises sur les épreuves à Tolède et en fin de vie avec leurs originaux espagnols augmentés d’un choix de chapitres, notices et études sur Quiroga.]
Quatrième : José de Jésus Maria Quiroga appartient à la première génération qui succède à Jean de la Croix (1542-1591). Il fut nommé l’archiviste “historiador” de l’Ordre naissant des Déchaussés. Chargé d’écrire une relation de la vie de leur fondateur, il débute rapidement l’enquête, puis publie sans autorisation en 1628 son grand travail achevé depuis quelques années, une Vida y virtudes. Elle met indirectement en cause le renom de l’Ordre. L’auteur est destitué et “exilé” à Cuenca. Il meurt la même année 1628. Des confrères seront chargés à leur tour de rendre compte de la vie du saint fondateur.
Quiroga se veut véridique, visite les lieux d’épreuves, enquête, n’omet aucun des faits vécus par son héros. Formé par les novices de Jean de la Croix, il eut accès à tous et à toutes, au-delà de dépositions signées.
Trois parties à ce premier dossier : Sections françaises consacrées aux épreuves de la prison à Tolède et de la fin de vie en Andalousie. Originaux espagnols augmentés d’un choix de chapitres. Notices et études sur l’historien.
L’orientation prise par les carmes espagnols sous l’influence de Thomas de Jésus privilégiera une voie de méditation matinée d’ascèse, comme préalable à la voie contemplative que Jean de la Croix enseignait pour conduire une vie mystique. Quiroga, historien passionné, illustre et défend l’approche de son Maître.
José de Jésus Maria [Quiroga] 1562-1628, Subida del alma a Dios que aspira a la divina Union (1656) Segunda parte: De la entrada del alma al Parayso Espiritual (1659), Don que tuvo sans Juan de la Cruz, Repuestas, Apología mística en defensa de la Contemplación divina, 2016, transcriptions des éditions primitives par D.Tronc, coll. « Chemins mystiques », 604 p.
[ce qui a été édité en espagnol]
José de Jésus Maria [Quiroga] 1562-1628, L’Oraison (adaptation par la Mère Marie du Saint-Sacrement) & Réponse à un doute, Apologie mystique en défense de la Contemplation divine (traductions par le Père Max de Longchamp), coll. « Chemins mystiques », 440 p.
[ce qui a été traduit]
Mémoires de Saint-Simon concernant Fénelon, Madame Guyon et leurs proches, dossier assemblé par D. Tronc, lulu.com, coll. « Chemins mystiques », 2016, 363 p.
[Extraits des tome 1 à 13 des Mémoires concernant Mme Guyon, Fénelon, Chevreuse & Beauvilliers, le Dauphin & la Dauphine, Mme de Maintenon.]
Quatrième : Ce dossier contient les principaux extraits des Mémoires du duc de Saint-Simon relatifs aux membres des cercles animés par Madame Guyon et par Fénelon. Il donne des précisions biographiques et historiques portant sur les membres des cercles de la quiétude.
Les Mémoires sont un admirable témoignage de la vie de Cour de la dernière décennie du Grand siècle aux trois premières du siècle des Lumières. En outre, malgré la relative jeunesse de leur auteur à l’époque de la « querelle », ils nous apparaissent bien informés et à nos yeux équilibrés : Saint-Simon était l’ami des ducs.
Notre relevé fut établi sur l’édition Chéruel complétée par des notes et quelques « Additions au Journal de Dangeau » reprises de l’édition Boislisle.
Saint Thérèse de Jésus, Le Château ou Demeures de l’âme, Traduction française de Jean de Brétigny (1601), 2015, 278 p.
[« Lire le Château de l’âme » par le P. Max H. de Longchamp, « L’édition de Jean de Brétigny » par Emmanuel Pénicaut, « Traité du Château ou Demeures de l’âme »]
Saint Thérèse de Jésus, La Vie de la Mère Thérèse de Jésus écrite par elle-même, Traduction française de Jean de Brétigny (1601), 2015, 489
Saint Thérèse de Jésus, Le Chemin de Perfection Sainte Thérèse de Jésus dans la traduction française de Jean de Brétigny (1601), 2015, 294
www.cheminsmystiques.com , www.cheminsmystiques.fr & www.madameguyon.fr présentent nos éditions. De nombreux textes peuvent être téléchargés.
J’assemble ce qui vaut d’être communiqué : rien ou presque de moi-même. Dans l’immense foule quelques-uns seulement « ont à dire » (par don ou par épreuve). Mais demeurent des contacts avec quelques-uns directement par improbable rencontre, indirectement lorsque les espaces-temps diffèrent. Et quelques collections de « beaux objets ». L’exposé chronologique mélange tout. Se constitue à la mémoire un site archéologique, celui de mon habitat. Il s’agit de chances répétées.
1Voir L. Cognet, Dict. de Spir., art. « Fénelon », t. V, 1962, col. 155, & le Crépuscule des mystiques, 1958.
2Gnostique, chap. 9.
3Gnostique, chap. 16 ; Stromates 1, 1 ; Eusèbe, Hist. Eccl. V, 11.
4Cette belle ouverture le distingue de l’esprit qui anime le controversiste Tertullien, son contemporain latin, né vers 160 et mort après 220.
5Gnostique, chap. 17.
6Pour l’exposé complet des deux points de vue de Bossuet et Fénelon, voir la remarquable préface de Dudon (cet érudit perd toutefois son sang-froid quand il parle de madame Guyon).
7Str. IV 22, 135-136 ; Gnostique, chap. 5.
8Gnostique, chap. 8.
9Gnostique, chap. 17 (les citations de ce paragraphe).
10Gnostique, chap. 16.
11Gnostique, chap. 3.
12Gnostique, chap. 17.
13Gnostique, chap. 11.
14Gnostique, chap. 17.
15Fénelon, « Réflexions sur les décisions prises à Issy », (publiées par Levesque in Revue Bossuet, p. 219).
16voir J. Le Brun, La spiritualité de Bossuet, 1972, 499 : « La contemplation selon Fénelon exclut le raisonnement, les images et le discours et s’oppose à la « méditation discursive par actes réfléchis » ; dans cet état le mystique n’a ni actes, ni dispositions, ni objets, ce qui est dépasser d’emblée le conceptualisme que soutenait depuis longtemps Bossuet…»
17Gnostique, chap. 16.
18Tradition des Pères et des Auteurs ecclésiastiques sur la Contemplation, 1708, tome I, p.72.
19Nouvel état présent des travaux sur Fénelon, CRIN 36, 2000, « Bibliographie chronologique (1940-2000) ».
20Fénelon, Œuvres spirituelles, Introduction et choix de textes par François Varillon S.J, Aubier, 1954 ; François Trémolières, Fénelon et le sublime, Littérature, anthropologie, spiritualité, Honoré Champion, 2009.
21L’authenticité de la correspondance avec la « Dame directrice » ne sera reconnue qu’en 1907 par un érudit d’origine suisse.
22Madame Guyon, Correspondance Tome I Directions spirituelles, Honoré Champion, 2003 [CG], [ échanges avec Fénelon : « I. La ‘correspondance secrète’ en 1688 et 1689, II. Le ‘complément’ de l’année 1690. III. Lettres écrites après 1703, 215-564 ] - Synthèse avec des additions : La direction de Fénelon par madame Guyon, présentation par Murielle et Dominique Tronc, 2015, web.
23Nous bénéficions de l’édition assemblée par I. Noye et publiée en 2007. Elle achève la monumentale Correspondance de Fénelon [CF] sous le titre fort discret de Suppléments et corrections. Il s’agit du tome XVIII et dernier de l’entreprise. Il livre à la suite de diverses lettres retrouvées : « II. Lettres spirituelles » [LSP], 87-223. Ces « pages détachées » sont accompagnées de renvois aux lettres éditées dans les tomes II, IV, VI, VIII, XII (1972 à 1999). – Nous allons recourir largement à ce [CF 18].
24Œuvres spirituelles de Messire François de Salignac de la Mothe-Fénelon…, Volume second contenant ses lettres spirituelles, A Anvers, Chez Henri de la Meule, 1718 [OS 2].
25Comparé par exemple aux Moralistes du XVIIe siècle assemblés par J. Lafond, « Bouquins », Robert Laffont, 1992.
26Des correctifs furent apportés par A. Delplanque (1907), par la Revue Fénelon (1911-1812) dirigée par E. Griselle, par Jeanne-Lydie Goré (1957), par Mino Bergamo (1994), par Irénée Noye (2007), par F. Trémolières (2009).
27desengaño : désillusion, désenchantement. Attribué à des auteurs de la fin du siècle d’or espagnol.
28Sobriquet attaché à la ‘veuve Guyon’ par des ecclésiastiques jaloux ou incompréhensifs : c’est le cas de son inventeur Tronson, malgré son honnêté rare. Tronson (1622-1700) fut le directeur de Saint-Sulpice et le confesseur du jeune abbé.
29« Maintenant quand je découpe, je n’ai plus en esprit que le principe. Mes sens n’agissent plus ; seule ma volonté est active. Suivant les lignes naturelles du bœuf, mon couteau pénètre et divise, tranchant les chairs molles, contournant les os, faisant sa besogne comme naturellement et sans effort. Et cela sans s’user… » (Tchoang-tseu, chap. 3, B, traduction Léon Wieger, Cathasia, 1950).
30La « nature » est aujourd’hui perçue autrement depuis Darwin, mais chez Fénelon on découvre un beau lyrisme – qui l’interprète ‘au second degré’ selon la perception unifiante mystique commune à diverses traditions : « Mais parce que Vous êtes trop au-dedans d’eux-mêmes, où ils ne rentrent jamais, Vous leur êtes un Dieu caché […] tout ce qui n’est point Vous disparaît, et à peine me reste-t-il de quoi me trouver encore moi-même… » [OP 1, 44-45].
31Le choix de recourir à des notes assez étendues permet de ne pas rompre une première lecture à but méditatif de « Fénelon par lui-même ». - Nous y reportons ce qui est moins « mystique », mais témoigne de résistances diverses de dirigé(e)s comme du soin dévoué du directeur archevêque (il est comparable en cela à celui de l’évêque François dans son pauvre diocèse). Nous y reportons les très précieuses notices d’Orcibal [O] et de Noye [N].
32[CF] n° impairs, en fin des volumes.
33« Les années d’épreuves de Madame Guyon, Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi Très Chrétien », Honoré Champion, 2009, [EG], ‘dossier’ précédé d’une brève synthèse : « Années d’épreuves et stratégie inquisitoriale », 14-30, situant les événements de la période couvrant la majorité des documents livrés dans le présent volume. Ces événements succèdent à ceux, mieux connus, d’une ‘période publique’ qui prend fin en 1695 (elle couverte par le Crépuscule des mystiques de Louis Cognet).
34Qui n’était pas un médiocre même s’il reste à l’ombre de sa « dirigée ». Voir François La Combe (1640-1715), Correspondance avec Mme Guyon, Œuvres, Etudes, assemblées par D. Tronc, hors commerce, 2016.
35Nous avons procédé par travail exhaustif opéré sur des volumes de la [CF]. Nous pouvons fournir à des chercheurs les échafaudages : OCR, etc. Ils pourraient facilement être publiés.
36Madame Guyon, Correspondance, Tome I Directions spirituelles, Edition critique établie par Dominique Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2003, dont nous reprenons les numéros de lettres.
37Les nombreuses notes que nous leur attachons constituent un premier choix bibliographique.
38M. Masson, Fénelon et Mme Guyon, Paris, 1907. – Masson était un érudit d’origine suisse comme le fut longtemps auparavant le pasteur Dutoit – Mambrini, auteur vaudois notable et deuxième éditeur des oeuvres de Mme Guyon, après le pasteur Poiret. – L’érudit Masson omet de longs fragments qu’il juge de peu d’intérêt. Mais il met en parallèle de nombreux passages d’écrits de Fénelon justifiant une authenticité qui avait été niée pour défendre l’archevêque de Cambrai. – Nous ne reprenons pas ces parallèles ni de nombreuses autres notes utiles et bien établies par J. Orcibal, v. les Correspondances citées infra.
39Par un inventaire de la bibliothèque des Théatins dispersée à la Révolution.
40Madame Guyon, Correspondance, Tome I Directions spirituelles, op.cit. - Les lettres de Fénelon, qui constituent ce que l’on nomme une « correspondance passive », ici imprimée en italiques, furent seules éditées et annotées par J. Orcibal dans la Correspondance de Fénelon, tome II et III, Klincksieck, 1972 (avec en notes quelques résumés ou brèves citations issues des lettres de madame Guyon. Ainsi cette dernière demeura-t-elle assez longtemps encore mal connue).
41La Correspondance de Fénelon édite ce document en deux « lettres » séparées : la séquence des questions diverses de Fénelon puis la séquence de leurs réponses par Madame Guyon : ainsi chaque « lettre » (numéros 1373 et 1373A) présente une séquence de paragraphes sans liens entre eux, ce qui n’incite pas à comparer les deux lettres - tâche malaisée puisque le lecteur doit avoir préalablement numéroté tous les paragraphes afin d’accorder réponses aux questions… En outre le respect d’une orthographe purement phonétique - le caractère exceptionnel d’un tel respect envers la seule madame Guyon est signalé dans l’introduction aux notes de la lettre 1373A – fait apparaître aux yeux des modernes la rédactrice comme inculte – ce qui n’est certes pas le cas.
42Madame Guyon, Correspondance, Tome III Chemins mystiques, Edition critique établie par Dominique Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2005.
43Madame Guyon, Correspondance, Tome II Combats, Edition critique établie par Dominique Tronc, Paris, Honoré Champion, coll. « Correspondances », 2004, 952 p. [Les lettres de l’animatrice du cercle quiétiste couvrent surtout les années 1693-1698 ; elles sont augmentées de Témoignages ; l’ensemble constitue le « dossier » utile pour aborder les aspects de la « querelle » relatifs au vécu intérieur – et apprécier ses conséquences].
44Correspondance, Tome I Directions spirituelles, 565-586. – Sont-elles vraiment ‘dignes’ de Fénelon ? Certes il s’agit de chansons plutôt que de poésies, c’est le cas de poésies de madame Guyon qui ne font pas partie de ses chefs d’œuvres (v. un aperçu émouvant dans Madame Guyon, Œuvres mystiques, Honoré Champion, 2008, 763-777).
45Correspondance de Madame Guyon en trois tomes cités supra. - On aura largement recours aux admirables notes de la Correspondance de Fénelon, Klincksieck puis Droz, où J. Orcibal donne de nombreuses précisions concernant - entre autres - les disciples de « notre père » Fénelon et de « notre mère » madame Guyon (v. les premiers de dix-huit tomes). Il s’agit des travaux d’une vie d’où procèdent plusieurs milliers de notes (volumes impairs) attachées aux lettres (volumes pairs).
Pour le lecteur désirant aller au-delà d’une lecture à seule fin spirituelle proposée dans le présent volume, une vue d’ensemble des événements vécus par la « Dame directrice » est bien éclairée par Louis Cognet, Crépuscule des mystiques, Desclée, 1958, ouvrage réédité. Prennent sa suite Les années d’épreuve de Madame Guyon, Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi Très Chrétien, Documents biographiques rassemblés et présentés chronologiquement par Dominique Tronc, Honoré Champion, 2009.
46Lettres oubliées du tome I, éditées au tome III, prise en compte de l’errata en fin de ce tome dernier, etc.
47« Je vous l’ai écrit dès le commencement, dans le temps même que je n’avais point de commerce [spirituel] de lettres avec vous. » (Correspondance, Tome I Directions spirituelles, lettre 85, octobre-novembre 1688,). V. la discussion de Masson, « Introduction », p. XXXVI-XXXVII, soulignant les rapports probables entre le supérieur Fénelon des Nouvelles Catholiques et la fondatrice madame Guyon à Gex.
48On a recours à la chronologie donnée par Orcibal en fin du tome III de la Correspondance de Fénelon, qui s’appuie elle-même en partie sur Masson, ainsi que sur de rares indications datées fournies par la Vie par elle-même et par les Correspondances I à III
49Vie par elle-même [Vie], 3ème partie, chapitre 10, § 1 -2 = 3.10.1-2 dont nous reproduison un choix infra et Correspondance de Fénelon [CF] t. III, note 1, p.153.
50[Vie] 3.11.1-2.
51[CF] t. III, note 1, p.159 ; note 15, p. 168.
52[CF] t. III, note 2, p. 182-183.
53[CF] t. III, note 12, p. 189.
54[CF] t. III, note 1, p. 211.
55 [CF] t. III : note 2, p. 221 et note 4, p. 223 ; v. lettre 215 du 26 novembre : « je cherche souvent votre cœur… »
56[CF] lettre 96.
57Correspondance, Tome I Directions spirituelles, L.231 de Madame Guyon à Fénelon.
58[Vie] 3.11.5.
59 Dictionnaire de Spiritualité ascétique et mystique [désormais cité par numéro de fascicule et de colonne, ici « DS 9.32 » : il s’agit du fascicule imprimé « 9 » sur sa tranche et « LIX-LX Labadie-Leduc » en page de couverture], Beauchesne, Paris, 1975, article « LA COMBE (FrançoIs), barnabite, 1640-1715. 1. Vie. -- 2. Œuvres. -- 3. Spiritualité. »
60En DS, 9.32 : « Etudes : P. Dudon, La Combe et Molinos, dans Recherches de science religieuse, t. 10, 1920, p. 183-211. - O. Premoli, Storia dei Barnabiti nef Seicento, t. 2, Rome, 1922. - G. Boffito, Scrittori Barnabiti, t. 2, Florence, 1933, p. 305-311 (voir aussi p. 336-337, et t. 3, 1934, p. 220). - Sur le séjour de La Combe à Lourdes, J.-Fr. Boulet, Traditions et réformes religieuses dans les Pyrénées, Pau, 1974, p. 308-312. - Voir surtout A. M. Bianchi, Fr. La Combe, un barnabite sacrificato, thèse, Gênes, 1972 / Sur la spiritualité de La Combe, cf la lettre à lui adressée par le jésuite Honoré Fabri (Arch. de Saint-Sulpice, ms 2043, 1) ; H. Delacroix, Etudes d’histoire et de psychologie du mysticisme, Paris, 1908, p. 193, 256 svv ; – J. Le Brun, La spiritualité de Bossuet, Paris, 1973, table ; DS, t. 1, col. 31-33, 48-49 ; t. 4, col. 675-676 ; t. 6, col. 13 061 336, passim.
61Citation de la Contribution d’Orcibal. Elle est reproduite en entier à la fin du présent volume, section « Sources associées ».
62Résumé tel que nous l’avons établi dans notre édition de la Vie par elle-même avant que notre intérêt ne se focalise sur le P. Lacombe. Seul le début du chapitre sera ici cité, § 1-2. -- Nous « situerons » contextuellement tous nos extraits en les faisant précéder de résumés couvrant les chapitres auxquels ils appartiennent.
63Les titres de chapitres sont nôtres. Ici, précédé de « 1.18 » : première partie de la Vie par elle-même, chapitre 18.
64Paragraphe numéroté par le premier éditeur Poiret.
65Cette information nous permet de dater cette première rencontre entre la jeune madame Guyon et le Père Lacombe aux mois de mai-juin 1671 (dans le chapitre Vie 1.15 la variole est datée du 4 octobre 1670. Madame Guyon perdant alors une partie de sa beauté à « 22 ans et quelques mois », c’est l’une des rares dates « marquantes » qu’elle cite dans sa Vie. Elle citera celle de l’enfermement de La Combe…).
66Pagination du manuscrit-source d’Oxford.
67L’effet de « présence de Dieu sur mon visage » signalé précédemment est probable et bien reconnu des mystiques ; mais madame Guyon savait-elle à l’époque « qu’il serait à Dieu » ?
68La suite du chapitre revient sur les difficultés rencontrées au logis, « les croix dans l’économie admirable que Vous y gardez », « la charité que Notre-Seigneur m’avait donnée pour les pauvres » […]. Le chapitre suivant 1.19 traite de la recontre décisive avec Monsieur Bertot (1620-1681). Il sera son directeur durant dix ans. Puis Madame Guyon se tournera sans tarder vers le Grand Carme Maur de l’Enfant-Jésus et vers le Père La Combe.
69Jacques Bertot Directeur mystique, Textes présentés par D. Tronc, coll. « Sources mystiques », Editions du Carmel, Toulouse, 2005.
70CG 1, 51-74, 21 lettres préservées du P. Maur. - Maur de l’Enfant-Jésus, Ecrits de la maturité 1664-1689, coll. « Sources mystiques », Toulouse, Editions du Carmel, 2007, Entrée à la Divine Sagesse, Editions du Carmel, coll. « Sources mystiques », Toulouse, 2008.
71Information intéressante à confirmer.
72Elle est écrite à Rome avant l’année 1683, date du seul échange épistolaire direct entre La Combe et Guyon qui nous soit parvenu (avant 1687, ils sont en relation directe et en nombreux déplacements peu favorables à la conservation de lettres ; après leurs arrestations – qui furent presque simultanées : 3 octobre 1687 pour La Combe, 29 janvier 1688 pour Guyon -- seules les lettres de La Combe pouvaient survivre hors de prison et nous ne possédons aucune lettre de celle-ci qui lui seraient parvenues).
73[CG 2], Pièce 1, p.51, reprise intégrale.
Nous résumons également dans la présente note la source et les explications données en petits caractères à la suite du texte de la lettre en [CG 2] :
« A.S.-S., fonds Fénelon, ms. 2043, copie intitulée : « Pièces concernant le père Lacombe » :
La première de ces pièces est une lettre de Lacombe au père Fabry, en latin, paginée 1 à 47, que nous ne reproduisons pas. La seconde pièce est la lettre en français qui figure ici. La troisième pièce, « Doctrine du P. Lacombe », est une copie également soignée, mais d’une autre main et de format différent. La quatrième et dernière pièce, de loin la plus importante, « Le Gnostique de Clément d’Alexandrie / mss. Original » est l’œuvre de Fénelon (édité pour la première fois par Dudon, Beauchesne, 1930 ; repris avec corrections par nous-même : « La tradition secrète des mystiques ou le Gnostique de Clément d’Alexandrie », Arfuyen, 2006).
On devine une circulation d'opuscules et lettres divers au sein du cercle guyonnien, qui joignent ainsi dans le même ensemble manuscrit les deux compagnons auxquels se confia « notre mère » : l’ainé de sept années Lacombe et le cadet de quatre années Fénelon.
74Contraction d’Isaie, 14, 13-14 : …in caelum conscendam super astra […] ascendam super altitudinem nubium ero similis Altissimo. [Vulgata, Gryson] Je monterai au ciel au-dessus des astres […] Je me placerai au-dessus des nuées les plus élevées, et je serai semblable au Très-Haut. [Sacy].
75Matt., 20, 16 : sic erunt novissimi primi et primi novissimi. Multi enim sunt vocati, pauci autem electi . [Vulgate]. Ainsi les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers, parce qu’il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. [Sacy].
76Baruch, 4, 26 : Mes enfants les plus tendres ont marché en des chemins âpres ; ils ont été emmenés comme un troupeau exposé en proie à ses ennemis. [Sacy].
77Tout ce développement digne d’un prêche baroque justifie les interprétations critiques qui ne manqueront pas.
L’on ne peut exclure des dérapages au sein de cercles quiétistes italiens et français (dont au sein du cercle animé par Rouxel près de Dijon ?).
Mais Madame Guyon et La Combe et leurs proches s’inscrivent -- ce que nous avons tendance à oublier à cause du retentissement de la « querelle du quiétisme », phénomène local amplifié à la Cour du puissant Monarque -- dans un mouvement global très large « où les thèmes mille fois répétés semblent prendre le pas sur le contact avec l’expérience vécue » (J. Le Brun, La spiritualité de Bossuet, Klincksieck, 1972, 444).
78Baruch, 4, 1-2 (contracté) : C’est ici le livre des commandements de Dieu, et la loi qui subsiste éternellement. [Tous ceux qui la gardent arriveront à la vie, et ceux qui l’abandonnent tomberont dans la mort.] Convertissez-vous, ô Jacob, et embrassez cette loi ; marchez dans sa voie à l’éclat qui en rejaillit, et à la lueur de sa lumière. [Sacy].
79Nous n’avons pas vu la lettre. A chercher dans les écrits d’Aranthon d’Alex ?
80Expériences mystiques en Occident. Une école du cœur. (Tome IV à paraître).
81« […] On y voit qu'après sa première disgrâce, ce fut chez la duchesse de Charost, à Beynes, château tout voisin de Saint-Cyr, qu'elle trouva asile, et que la duchesse de Mortemart la conduisit à Meaux, le 13 janvier 1695, pour se mettre à la disposition de Bossuet. Ses doctrines ayant été condamnées le 10 mars, et ce jugement suivi de sa rétractation solennelle, elle obtint la permission de se rendre aux eaux de Bourbon; mais les deux duchesses vinrent la prendre, le 9 juillet, et la ramenèrent à Paris, d'abord dans le faubourg Saint-Germain, puis dans le faubourg Saint-Antoine, où Desgrez l'arrêta vers la fin de décembre. » (Boislisle, tome II, n. 4 de sa p. 65).
82En témoignent les très nombreux échanges précédant de très peu l’embastillement de Mme Guyon, (Correspondance Tome II Annéess de Combats, lettres à la « Petite Duchesse »). Ils portent sur plus de cent lettres écrites entre juin 1695 et mai 1698, le dernier contact avec l’embastillée).
83« Au premier mot qu'ils [les Beauvilliers entreprennent de marier sa fille au fils du ministre Chamillart] en touchèrent à la duchesse de Mortemart, elle bondit de colère, et sa fille y sentit tant d'aversion, que plus d'une année avant qu'il se fit, la marquise de Charost, fort initiée avec eux, lui ayant demandé sa protection en riant lorsqu'elle seroit dans la faveur, pour la sonder là-dessus: ‘Et moi la vôtre, lui répondit-elle, lorsque par quelque revers je serai redevenue bourgeoise de Paris.’ » (Saint-Simon, Mémoires, Chéruel, rééd. 1966, tome 6, chap. 8 [1708], 163).
84Dernière fille dans la famille de neuf enfants, deux soeurs aînées ayant épousées les deux ducs de Chevreuse et de Beauvilliers qui tenaient l’un et l’autre de hautes fonctions. Voir Annexe. La famille Colbert.
85Notre incertitude quant à « la succession » tient au fait que le travail intérieur auprès des disciples de deux cercles, auxquels s’ajoutent leurs visiteurs provenant de l’étranger, a dû être distribué. Voir en fin d’ouvrage : « Annexe. Liste chronologique de membres ou de sympathisants de la Voie : une équipe ? » A part Mortemart on évoqua Gramont « la Colombe » (notre première supposition).
86Attribution par A. Delplanque en 1907.
87Edition [CF 18] par I. Noye, Droz, 2007 : un progrès par siècle !
88« Marie-Anne Colbert, soeur cadette des duchesses de Beauvillier et de Chevreuse, née le 17 octobre 1668, épousa, le 14 février 1679, Louis de Rochechouart, duc de Mortemart, fils du maréchal de Vivonne et général des galères en survivance. Elle n'avait que treize ans, et son mari quatorze. Devenue veuve le 3 avril 1688, elle mourut à Saint-Denis, le 14 janvier 1750. Selon Mme de Caylus, son mariage avait coûté quatorze cent mille livres au Roi. » (Boislisle, tome second, n. 1 de sa p. 7) – « Le Roi donnait d'ordinaire deux cent mille livres, à moins que les embarras financiers du moment ne le forçassent de réduire ses libéralités, Mlle de Beauvillier eut cette somme quand elle épousa le duc du Mortemart [fils de la ‘petite duchesse’], en 1703. » (Boislisle, t. second, n. 3 de sa p. 8).
89[CF] 3, L.168, n.2 d’Orcibal.
90« L’esprit Mortemart » est cité et décrit ainsi de manière assez irrésistible par le même Saint-Simon à l’occasion d’une autre figure : « Mme de Castries étoit un quart de femme, une espèce de biscuit manqué, extrêmement petite, mais bien prise, et aurait passé dans un médiocre anneau ; ni derrière , ni gorge, ni menton, fort laide, l'air toujours en peine et étonné , avec cela une physionomie qui éclatait d'esprit et qui tenait encore plus parole. Elle savait tout : histoire, philosophie, mathématiques, langues savantes, et jamais il ne paroissait qu'elle sût mieux que parler français, mais son parler avait une justesse, une énergie, une éloquence, une grâce jusque dans les choses les plus communes, avec ce tour unique qui n'est propre qu'aux Mortemart [notre soulignement]. Aimable, amusante, gaie, sérieuse, toute à tous, charmante quand elle voulait plaire, plaisante naturellement avec la dernière finesse sans la vouloir être, et assénant aussi les ridicules à ne les jamais oublier, glorieuse, choquée de mille choses avec un ton plaintif qui emportait la pièce, cruellement méchante quand il lui plaisait, et fort bonne amie, polie, gracieuse, obligeante en général, sans aucune galanterie, mais délicate sur l'esprit et amoureuse de l'esprit… » (Mémoires, Chéruel, rééd. 1966, tome 1, chap. 25 [1696], 406.)
91« Ce mot se trouve plusieurs fois dans Saint-Simon avec le sens de chansons satiriques, ou simplement de reproches vifs et piquants. » (Chéruel).
92Saint-Simon, Mémoires, Chéruel, rééd. 1966, tome 4, chap. 12 [1703], 213-214.
93Le « pilier mâle » est bien entendu « l'abbé de Fénelon, qui était leur prophète, dans qui ils ne voyaient rien que de divin » selon cette même addition au journal de Dangeau (réf. n. suivante).
94Saint-Simon, Mémoires, Boislisle, 413, « Addition de Saint-Simon au Journal de Dangeau », « 127. Mme Guyon et les commencements de son école. »
95V. Annexe. Les enfants Mortemart.
96Correspondance de Fénelon, 1829, tome onzième, 345.
97Saint-Simon, Mémoires, Chéruel, rééd. 1966, tome 6, chap. 8 [1708], 165. – nous modernisons toujours l’orthographe, « gardoit » en « gardait », etc.
98V. Ecoles du cœur au Siècle des Lumières, Disciples de madame Guyon & influences, édité en ligne.
99« Petite » duchesse parce que cadette des duchesses de Chevreuse et de Beauvillier. Mais consciente et fière de sa famille, par fois raide, car d’un fort tempérament : elle n’hésitait pas à provoquer certains à la Cour en allant sans se cacher rendre visite à « l’exilé » de Cambrai.
100Fénelon, Correspondance, Tome XVIII, Suppléments et corrections, par Jacques Le Brun, Bruno Neveu (+) et Irénée Noye [ce dernier a assuré l’essentiel du travail], Genève, Droz, 2007.
Le modeste sous-titre de Suppléments et corrections voile l’intérêt très exceptionnel de ce dernier tome : en effet il présente en partie centrale la séquence chronologique des Lettres spirituelles, en donnant les références de celles qui furent publiées dans les tomes précédents à leurs dates attestées ou estimées, et surtout en les complétant par de nombreuses lettres ou fragments. Il s’agit dans ce dernier cas des merveilles choisies et publiées par le cercle des disciples en 1718 sans dates ni nom de destinataires : elles n’avaient donc pas trouvé leur place dans l’édition critique des dix-sept tomes précédents qui respectait très rigoureusement la chronologie et excluait de ce fait toute lettre ou fragment non daté. Fénelon, dont la plus grande partie des écrits si appréciés au XVIIIe siècle a quelque peu vieilli, demeure ici très vivant par le cœur intemporel de son œuvre. Car ce très grand directeur spirituel est un mystique qui analyse sans concession mais avec grande finesse et complétude le domaine intérieur profond le plus souvent demeuré caché, même aux plus grands moralistes du XVIIe siècle, puisqu’il suppose, outre des qualités d’introspection, le travail à plus grande profondeur opéré par la grâce.
101Mémoires de Saint-Simon, Nouvelle Edition collationnée sur le manuscrit autographe, augmentée des additions de Saint-Simon au Journal de Dangeau et de notes et appendices, par A. de Boislisle, et suivie d’un Lexique des mots et locutions remarquables, Paris Hachette, [nos extraits :] tome second, 1879, & tome quatrième, 1884. – édité de 1879 à 1930 par A. de Boislisle (1835-1908).
- http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52571
- http://www.saint-simon.net/bibliographie/ conseille :
« - Mémoires, nouvelle édition collationnée sur le manuscrit autographe, augmentée des Additions au Journal de Dangeau et de notes et appendices par Arthur de Boislisle, Paris, Hachette, collection « Les Grands Écrivains de la France » 1879-1928, 41 vol. et 2 vol. de Tables. À consulter pour l’appareil critique (surtout historique) d’une richesse exceptionnelle.
« - Mémoires, Additions au Journal de Dangeau, édition établie par Yves Coirault, Gallimard, « La Pléiade », 1983-1988, 8 vol. L’édition de référence. »
102Mémoires complets et authentiques de Louis de Saint-Simon duc et pair de France, sur le siècle de Louis XIV et la Régence d’après le manuscrit original entièrement écrit de la main de l’Auteur. Texte collationné et annoté par Adolphe Chéruel. – édité à partir de 1858 par Adolphe Chéruel (1809-1891). – réédité Paris, Jean de Bonnot, 1966. - https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_(Saint-Simon)/Tome_1
Cette édition, certes inférieure à celle de Boislisle, est celle dont on retrouve facilement le texte - et à prix imbattable - sur Amazon-Kindle. Celle de Boislisle semble par contre « protégée » par l’édition Pléiade et difficilement accessible même sur Gallica ! (en 2016 pas de table résumant les 42 volumes de l’éd. Boislisle).
103La vie mystique chez les Franciscains du dix-septième siècle : I. Introductions, Florilège issu de Traditions franciscaines (Observants, Tiers Ordres, récollets), II. Florilège de figures mystiques de la réforme Capucine, III. Un grand siècle franciscain à Paris & Nécrologe capucin, Le franciscanisme et l’invasion mystique, Figures mystiques féminines, minimes, Un regard sur les héritiers, Centre Saint-Jean-de-la-Croix, coll. « Sources mystiques », 2014.
104Rencontres autour de Monsieur de Bernières (1603-1659) Mystique de l’abandon et de la quiétude, coll. « Mectildiana », Éditions Parole et Silence, 2013.
105Fénelon mystique, un florilège, coll. « Chemins mystiques », non édité, 2016.
106Louis Cognet, Crépuscule des mystiques, Paris, 1958 ; Raymond Schmittlein, L’aspect politique du différend Bossuet-Fénelon, Bade, 1954 ; Dictionnaire de Spiritualité, art. ‘Quiétisme, II. En France’, 12.2805/2842.
107Les années d’épreuve de Madame Guyon, Emprisonnements et interrogatoires sous le Roi Très Chrétien, Documents biographiques rassemblés et présentés chronologiquement, Paris, Honoré Champion, coll. « Pièces d’Archives », 2009.
108Expériences mystiques en Occident IV Une École du Cœur, synthèse en préparation.
109Concluant : Lilian Silburn, Le Vide, les Voies, le Maître, contributions parues dans la revue Hermès & Varia, 2016, Hors Commerce.
110Le Nuage d’Inconnaissance, Documents spirituels, Cahiers du sud 6, 1953, rééditée en Points Sagesses, éditions du Seuil, 1977. (un « must » à faible coût de 8 euros).
111Mise à disposition sur le net : A book of Contemplation the which is called the Cloud of Unknowing, in the which a soul is oned with God, with an Introduction by Evelyn Underhill. Le Cloud seul est repris infra.
112Le Nuage de l’Inconnaissance et les épîtres qui s’y rattachent. par dom Noetinger, Solesmes, 1925 réédition 1977, utile pour son honnête traduction du Nuage l’est beaucoup pour l’Épître de la direction intime et d’autres.
113v. le Dictionnaire de Spiritualité, tome 11, colonnes 497 à 508.
114L’édition de base en anglais ancien a été établie par P. Hodgson, 2 vol. (The Cloud. . . & Dionise…), Oxford Univ. Press, 1958.
L’adaptation en anglais moderne du Cloud par Wolters, Penguin, 1961, est décevante.
115 S. Juan de la Cruz, Obras completas, Editorial Monte Carmelo, 2003. - Nous nous adaptons au clavier azerty en utilisant « ^ » pour les accents.
116 Gran Diccionario / Grand Dictionnaire, Larousse, 1998. On sait que la langue espagnole se stabilise dès la fin du XVIe siècle. Nous n’avons guère eu à recourir au Tesoro de Covarubias (1611), au Tesoro d’Oudin (1616, 1675), au dictionnaire de la Real Academia (1726).
117 Et l’effort requis est donc rapidement récompensé ! Il est préférable et même il fait l’’économie des hésitations et des pertes de temps à la rencontre de traductions qui diffèrent entre elles. Ces dernières recherchent en effet parfois l’élégance au détriment de la fidélité et elles dépendent toujours d’un filtre : la perception mystique propre au traducteur.
118 Saint Jean-de-la-Croix, Pour lire le Docteur mystique suivi de la Vive Flamme d’Amour, Coll. « Sources mystiques », Centre Saint-Jean-de-la-Croix / Editions du Carmel, 2010. Notons que les amplifications de « B » sont relevées en italiques. Ce volume constitue en sa première partie une belle introduction à Jean.
119 Notable mais ancienne version (1933-1937). Elle est reprise, légèrement revue, dans les Œuvres de Jean de la Croix, Cerf, 2001. La traductrice Marie du Saint-Sacrement, dont le sens mystique est très sûr, n’hésite toutefois pas à prendre des libertés pour bien expliciter Jean ! Ici cela ne présente guère de dommage compte tenu du cadre espagnol annoté dans lequel elle s’insère.
Nous venons de citer les deux traductions aisément disponibles que nous préférons à la « belle infidèle » du P. Cyprien de la Nativité (1641) marquée par son époque jansénisante, et à la traduction quelque peu sèche du P. Grégoire de Saint-Joseph, Seuil, 1964.
121 §3, Adaptation de Marie du Saint-Sacrement :
Cette flamme d’amour est l’esprit de son Époux, qui est l’Esprit-Saint. L’âme le sent maintenant en elle, non seulement comme un feu qui la maintient consumée et transformée en suave amour, mais comme un feu qui, en plus de cela, brûle en elle et lance sa flamme, comme je l’ai dit ; et cette flamme baigne l’âme de gloire et la rafraîchit en une manière d’être de vie divine.
Telle est l’opération de l’Esprit-Saint en l’âme transformée en amour, que les actes intérieurs qu’elle produit est de flamboyer ; et ce sont des embrasements d’amour, dans lesquelles la volonté de l’âme étant unie, elle aime de façon très élevée, devenue un même amour avec cette flamme. Et ainsi, ces actes d’amour de l’âme sont très précieux, et elle mérite davantage et vaut davantage en un seul, que pour ce qu’elle a opéré en toute sa vie sans cette transformation, aussi grand cela soit-il, etc. Et entre la transformation d’amour et la flamme d’amour, il y a la même différence qu’entre l’habitus et l’acte, qui est la même qu’entre la bûche embrasée et sa flamme : la flamme est effet du feu qui est là.
122Cuenca est une belle ville médiévale quelque peu isolée. Elle est située à 150 km environ de Madrid, à l’entrée de la région montagneuse du même nom, sur le chemin vers la Méditerranée. Son climat est rude.
123Et déjà auparavant, le vieux compagnon Antonio de Jesus, marqué par sa vie antérieure comme carme chaussé, penchait vers une activité élargie.
124Réduit obscur débilitante en été, cette prison conventuelle n’était donc pas réservé au seul grand ennemi des carmes de l’Observance.
125Malgré ce que rapporte un Quiroga soucieux d’établir la paix au sein de l’Ordre.
126Le grand sujet de discorde. Ces carmélites sont dirigées par Graciàn, le proche de Teresa rattaché à l’Observance par nécessité à la suite de sa propre éviction des Déchaussés.
127Mais je n’ai pas accédé à l’étude première de Fortunado Antolin. Ni à ses contributions parues dans la revue « Monte Carmelo » (en réponse à mon courriel adressé en Espagne, elles ne serait plus disponibles aux archives d’ « Editorial Monte Carmelo » !).
1287 Dom Philippe Chevallier (1884-1972), moine de Solesmes (étude influente : Le cantique spirituel de Saint Jean de la Croix, Docteur de l'Eglise, 1933).
129Nouveau foyer de tension : se présente un Baruzi non catholique mais co-rénovateur des études sur un Jean de la Croix dont le rayonnement est devenu universel.
130Reconnue par des « étrangers » à l’Ordre tels que dom Ph. Chevallier, Jean Baruzi, Jean Krynen, le P. Max de Longchamp.
131 Recours incontournable pour tout travail allant au-delà d’une compilation. Car les éditions de Jean de la Croix ont souffert de manipulations. Ce que soulignait dès 1927 dom Chevallier, moine bénédictin de Solesmes, pour la Vida (je livre infra sa contribution), et de même pour la Subida selon la contribution du Dictionnaire de Spiritualité. Ma demande de reproduction de manuscrit est en cours auprès de la Bibliothèque Nationale d’Espagne.
1321914, fin du tome III, pages 511-576 : les 22 chapitres de Don… sont suivis d’une brève Repuesta.
133Une très libre adaptation ! Marie du Saint-Sacrement combine Don… para guiar las almas a Dios et brève Repuesta… qui l’accompagne ; elle redécoupe les chapitres et omet des passages… mais toujours avec profondeur spirituelle. Je donne ses titres de chapitres dès ce dossier du texte espagnol, afin d’assurer une passerelle vers le « Quiroga français ». J’ai exploité des archives restées méconnues depuis leur retour de Bangalore au Carmel de Clamart.
134La conclusion du chapitre XXII du Don que tuvo san Juan de la Cruz para guiar las almas a Dios justifie l’a volonté d’enrichir spirituellement le récit de la Vida (ce qui est absent des Vida qui suivirent ; par exemple celle de Crisogono excelle par sa précision biographique) : «…en faltando en ella la influencia y magisterio de Nuestro Santo Padre Fray Juan de la Cruz, entraron otros Maestros, que favoreciendo más el discurso de la razón y a la operación inquieta del alma, que los actos sencillos espirituales, donde se recibe la operación divina y los efectos de la influencia sobrenatural que obran nuestra perfección, hacían en sus discípulos tan diferente labor, que saliendo de ellas muchas veces con las cabezas lisiadas, se conocían pocos espíritus elevados. Y como en los noviciados no les enseñaban cómo habían de caminar a la contemplación, cuando estuviesen sazonados para ella, salían de la escuela sin saber lo principal de su vocación, y después se quedaban lo demás de su vida sin saberlo (ici se place une des très rares notes de protestation de l’éditeur de 1914), trabajando en la oración con su operación natural, sin dar lugar a la divina que introduce la perfección en el alma, de la cual procuraba preservar a sus discípulos. »
135Les fuyards pouvaient terminer sur les galères papales, ce qui faillit arriver à Graciàn [Gratien], confesseur de Teresa qui fut chassé de l’Ordre des Déchaussés et termina dans l’Observance en confessant en Flandre Ana de Jésus.
136On retrouvera de tels affrontements au cours de tentatives avortées de prise de contrôle par les carmes espagnols des carmélites françaises, exposée par Stéphane Morgain pour la France.
Rappelons que la « Vida y virtudes » interdite en Espagne, où l’on commanda de nouvelles Vida aux rédactions simples et sans vertu, sera traduite plusieurs fois en Italie comme en France. Traductions lues au XVIIe siècle, oubliées apparemment depuis.
Madame Guyon, l’autre grande mystique emprisonnée, en parle ainsi dans les Justifications, tome III, 58, « Scandale » , § 8 : « […] ces personnes de si bas aloi ne sont, en comparaison des spirituels totalement perdus, que terre, que sens, que tout désordre, qu'immortification. Ce qui serait encore bien plus véritable si elles étaient en autorité, (ici se place une note) parce que cela leur donnerait toute licence de faire ainsi. »
[note :] « On rapporte ce propos du bienheureux Jean de la Croix dans sa vie que, dans l'extrémité des peines qu’il souffrit dans sa dernière maladie, le prieur du couvent le traita et le persécuta avec une dureté incroyable, lui refusant tout ce qui pouvait lui donner quelque soulagement, soit dans le corps, soit dans l'esprit, et lui procurant tous les ennuis qu'il pouvait. Voyez la vie du bienheureux Jean de la Croix, écrite par le révérend père Joseph de Jésus Maria [Quiroga], livre 3, chapitre 17. Voyez aussi dans le[s] chapitre[s] 15 et 19 une autre persécution que le définiteur de l'ordre lui suscita environ le même temps. »
137« Sans traitement, l’évolution de l’érysipèle peut être spontanément favorable, avec une phase fébrile et d’extension durant 1 ou 2 semaines. Cependant, le plus souvent survient un abcès cutané et parfois une septicémie ou une atteinte rénale, avec un décès dans 15 à 40 % des cas. » (Wikipedia).
138Œuvres spirituelles et mystiques du divin contemplatif f. Iean de S.Samson […] avec un abrégé de sa vie, recueilly et composé par le P. Donatien de S.Nicolas, Pierre Coupard, Rennes, 1658-1659.
139Notre section « Sources » reprend ci-après les diverses éditions des œuvres de Jean de Saint-Samson.
140On observe une disparité entre la qualité des sources : certaines mains transcrivent une dictée beaucoup plus clairement que d’autres.
141En particulier par ses introductions aux traités de la Pratique essentielle de l’Amour, Coll. « Sagesses chrétiennes », Cerf, 1989.
142A.-E. Steinmann, La Nuit et la Flamme, Chemins du Carmel, Paris-Fribourg, 1982.
143C. Janssen, dans Les Origines de la réforme des carmes en France au XVIIe siècle, Martinus Nijhoff, s’Gravenhage, 1963, p. 225, souligne l’influence des déchaux sur les pratiques ; S.-M. Morgain, dans Pierre de Bérulle et les carmélites de France, Cerf, 1995, p. 69, souligne le rôle du chartreux dom Beaucousin, « l’œil des contemplatifs », qui fut en relation étroite avec les deux groupes réformateurs.
144L. Cognet, Crépuscule des mystiques, Bossuet Fénelon, Desclée, 1958. Le titre fera fortune, ce qui est peut-être à regretter.
145H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux, 11 vol., Paris, 1916-1933. (Le volume II, « L’Invasion mystique », 1930, traite de Jean de Saint-Samson au chap. V.)
146L.Reypens s.j., Dict. spir. , art. « Âme », t. I, col. 462.
147S.-M. Bouchereaux, La Réforme des carmes en France et Jean de Saint-Samson, Vrin, 1950.
148H. Blommestijn, Jean de Saint-Samson, L’Aiguillon, les flammes, les flèches et le miroir de l’amour de Dieu…, Pontificiae Universitatis Gregorianae, Rome, 1987.
149La Vie, les Maximes et partie des oeuvres du très excellent contemplatif, le vénérable Fr. Ian de S.Samson…, par le R.P. Donatien de S. Nicolas, Paris, 1651. – Les Œuvres spirituelles et mystiques du divin contemplatif F. Jean de S. Samson…, À Rennes, Par Pierre Coupard, 1658, t. I, « Abrégé de la vie… » p. 1-60. [première pagination, 1-72, suivie de la pagination des Œuvres, 1-1044…].
150La Vie, les Maximes…, op.cit., p. 3.
151Ibid., p. 9 et 10.
152Voir H. Blommestijn, op. cit., « 4. La vie de Jean de Saint-Samson », p. 69-87.
153Arias (†1605) et Louis de Grenade (1504-1588), dont les Traités spirituels peuvent « remplacer les ouvrages très médiocres de Nervèze » (Blommestijn, op. cit., p. 99).
154Choix éclairé des plus grands mystiques : Ruusbroec (1293-1381), Tauler (1300-1361), Harphius (1400-1477), La Perle évangélique (éd. 1535) de (ou d’une amie de) Maria van Hout ; Le Jardin des contemplatifs (1605) est une compilation didactique et pratique de valeur.
155La Vie, les Maximes…, op. cit., p.17.
156La Vie, les Maximes…, op. cit., p. 21.
157Ibid., p. 36.
158H. Blommestijn, op. cit., p. 81-82, citations reprises de La Vie, les Maximes…, op. cit., p. 27-28.
159Thibault impose la méditation méthodique telle qu’il l’avait pratiquée chez les jésuites et les chartreux ; il doit tenir compte de démêlés avec le général Sylvius et le provincial Le Roy, voir C. Janssen, Les Origines…, p. 158 et 160 suiv.
160Blommestijn, op.cit., p.83 – Il résume p.84 la situation délicate qui permit au convers aveugle d’assumer le rôle central dans la réforme dite de Touraine : « Les chefs de file de la réforme de Rennes, ayant bien compris la nécessité de cet équilibre dynamique entre la structuration régulière [fortement ascétique, selon les Exercitia conventualia de 1615] et l’expérience spirituelle, s’étaient employés à accueillir le simple frère de Dol chez eux pour donner corps à leurs aspirations contemplatives. C’est pourquoi ils lui avaient donné une place centrale dans le noviciat et avaient favorisé son extraordinaire rayonnement. Le modèle mystique de Jean de Saint-Samson devint rapidement de ce fait la charpente de la réforme. »
161Ibid., p.86-87.
162Les Secrets Sentiers de l’amour divin (1623) du capucin Constantin de Barbanson.
163Les Œuvres spirituelles et mystiques du divin contemplatif F. Jean de S. Samson…, à Rennes, Pierre Coupard, 1658-1659, p. 60, B. (Nous abrégerons les citations extraites de cette « édition définitive » du maître par son disciple Donatien : ici « R 60B » où R dénote Rennes [P désignera une édition parisienne antérieure] et B reproduit la lettre entre les deux colonnes de l’édition à la hauteur du début des extraits. B majuscule pour la col. de droite, b minuscule pour la col. de gauche.)
164Ms. de Rennes, 41n1, 68v° (classement par boite [ici H41], dossier [ici no1], folio : voir en fin du présent volume l’annexe décrivant le fonds des archives d’Ille-et-Vilaine à Rennes).
16540n11-2, 294v°.
16640n11-2, 296v°-297r°.
16740n11-1, 239r°-v°.
168R 64C (Vrai Esprit du Carmel, chap. 21).
169Donatien, La Vie, les Maximes et partie des œuvres, Paris, 1651, p. 6 : ce que nous abrégeons par « P[aris] 6 » qui reprend — en le modifiant, ce que nous soulignons — le ms. 9H, 40n11-1, f°252v° : « Combien de fois, ô mon amour, ai-je eu sujet de vous prier en mon abondance possédée de vous et en vous de fuir de moi hâtivement, si vous ne me vouliez voir mourir de joie et d'amour, présentement devant vos yeux ? »
170La Vie, les Maximes, p. 8.
171R 755E.
172P 6.
17340n11-2, 291r°.
174P 92.
175R 62b (Vrai Esprit du Carmel, chap. 11).
176« Les oiseaux s’esgayent à leur gré dans la vasteté de l’air » (François de Sales).
177R 762A.
178R 79A (Vrai Esprit du Carmel, chap. 16).
179R 773e.
180R 79a.
181P 498.
182rédigé : réduit
183Le mot pouvait être au masculin à l’époque.
184R 50C (Vrai Esprit du Carmel, chap. 16) — Le thème du passage par la pourriture puis par la cendre est fréquemment repris, par exemple par madame Guyon dans ses Torrents : « Enfin, réduite dans le non-être, il se trouve dans ses cendres [de l’âme] un germe d’immortalité » (I. 8.16).
185R 78a — « Rien n’est rien et tout cela n’est rien » (Attar, Langage des oiseaux, « Invocation »).
18643n2, 217r° (Vrai Esprit du Carmel, chap. 8).
18743n2, 219v°.
188R 759E (De l’effusion de l’homme…)
189R 71B,D (Vrai Esprit du Carmel, chap. 13).
190R 760A.
191R 74b.
192R 75C.
19340n11-2, 292v°.
194R 309b.
195P 495-497.
196P 510.
197R 683c, R 683B.
198R 754a.
199R 767c.
200R 145a.
201R 147C.
20242n5, 286r°.
20343n2, 200r°.
20442n5, 288r°-v°.
20543n2, 204v°.
20643n2, 227r°.
20743n2, 235r°.
20842n1, 2r°-3r°.
209R 169D.
210V. Bouchereaux et Blommestijn, op.cit.
211Constitué d’extraits de l’œuvre, dont une partie du Vrai Esprit du Carmel démembré.
212Courts extraits de l’œuvre regroupés par thèmes.
213« L’aiguillon, les flammes, les flèches et le miroir de l’amour de Dieu… » [ms. « 42n6 », v. la description du fond de Rennes en fin du présent volume] et « Epithalame de l’Époux divin… » [ms. 40n11-2] en versions modernisées établie à partir des manuscrits. Utile introduction.
214Texte du manuscrit de L’Éguillon, les flammes… [ms. 42n6].
215Cinq petits traités : « La pratique essentielle de l’amour » [ms. 43n5], « Exercices de l’amour suprême » [ms. 40n10], « Le retour de l’épouse à son Époux » [chap. 3 & 4 du Cabinet mystique, mss. 40n11-2 & 43n2], « Exercice de l’amour simple, Résumé de la vraie liberté » [ms. 40n6], en versions modernisées établies à partir des manuscrits. Utiles introductions attachées à chaque traité.
216Transcriptions de dictées manuscrites [dont les mss. 40n11-2, 41n5-1, 43n1-1, 43n4, 43n7]. Ces trois volumes s’inscrivaient dans un projet d’édition en dix volumes dont deux non parus devaient être consacrés aux oeuvres mystiques (dont le Vrai Esprit du Carmel et le Cabinet mystique).
217Devenue très rare ; nous avons utilisé l’exemplaire relié en un volume des archives du Carmel de Clamart. La reproduction complète sur DVD de cet exemplaire, accompagnée de celles des éditions antérieures par Donatien (elles sont complètes au Carmel du Broussey qui par contre ne dispose pas de l’édition « définitive ») est disponible sur demande.
218Reprise de pagination après une Vie de Jean de Saint-Samson rédigée par l’éditeur Donatien paginée 1-72.
219Sur le total des deux tomes on rencontre trois paginations : 72 + 1044 +16 = 1132 pages à 2 colonnes de 60 lignes de ~40 caractères totalisant plus de cinq millions de signes.
220Sur le web fin 2017 on trouve référence au P.Yves Jausions
221Par ailleurs critiqué par des confrères peut-être jaloux en tout cas grands défenseurs de Jean. Voir Bouchereaux.
222Sur banc éclairé généreusement partagé par l’archiviste des fonds d’Ille-et-Vilaine. DVD communiqué à ces archives à Rennes. Mais qui utilise encore un tel support ? Je proposerai prochainement l’ensemble téléchargeable en ligne sur www.cheminsmystiques.fr
223Jean de la Croix reste à compléter par l’œuvre de Quiroga, premier « historiador » de l’ordre naissant. Max de Longchamp et moi-même ont souligné son importance. Mais les manuscrits de la BNE n’ont à ce jour pas été exploités !
224Partiel, car Dominique de Saint-Albert est un autre grand mystique, sans oublier Maur de l’Enfant-Jésus et d’autres.
225Les autres fragments manuscrits utilisés dans le Cabinet mystique et dans le Vrai esprit n’ont pas été soulignés. Donatien assemble des sources diverses.
226 Dominique souffrit beaucoup ses derniers mois d’un “ulcère [un cancer?] avecq de grandes doulleurs dans le fondement” (lettre d’Isaac de Sainte Thérèse, cit. Bouchereaux., Analecta, 142).
227 Ch. I. « L’occupation la plus importante pour un chrétien, c’est de faire oraison ».
228 Ch. II. « Des moyens à utiliser pour avancer dans l’oraison d’union ».
229 Ch. III. « Comment on doit affronter lumières et ténèbres dans l’oraison ».
230 Ch. V. « En quoi consiste la vraie contemplation en cette vie ? ».
231 Jean Cassien (+ entre 430 et 435) et saint Antoine (+356), moines.
232 Ch. IX. « Sur tous ces chemins mystiques et dans tous ces états perdus… »
233A.-E. Steinmann, La nuit et la flamme, chemins du Carmel, Paris-Fribourg, 1982 ; J. Smet, The Carmelites ; A history…, 4 vol., Carmelite spiritual center, Darien, Illinois, 1982. (traduction : I Carmelitani…, 4 vol., Edizioni carmelitane, Roma, 1989).
234 C. Janssen, dans Les origines de la réforme des Carmes en France au XVIIe siècle, Martinus Nijhoff, s’Gravenhage, 1963, p. 225, souligne l’influence des déchaux sur les pratiques ; S.-M. Morgain, dans Pierre de Bérulle et les Carmélites de France, Cerf, 1995, p. 69, souligne le rôle du chartreux dom Beaucousin en relation avec les deux groupes réformateurs.
235 H. Bremond, Histoire littéraire du Sentiment religieux en France… II L’Invasion mystique (chap. V sur Jean de Saint-Samson), 1930, 2006 ; S.-M. Bouchereaux, La réforme des Carmes en France et Jean de Saint-Samson, Vrin, 1950 ; H. Blommestijn, Jean de Saint-Samson, L’éguillon, les flammes, les flèches et le miroir de l’amour de Dieu…, Pontificiae Universitatis Gregorianae, Rome, 1987.
236 Corpus aux Archives d’Ille-et-Vilaine à Rennes, 9H39 à 9H44 ; disponibles en version modernisée : Jean de Saint-Samson, Œuvres mystiques, Paris, O.E.I.L., 1984 & La pratique essentielle de l’amour, Coll. « Sagesses chrétiennes », Cerf, 1989.
237D. Tronc, Un mystique réformateur des Carmes, Jean de Saint-Samson (1571-1636), Carmel, n°112, juin 2004, 71-82, (art. repris partiellement ici).
238C. Janssen, Les origines…, op. cit., p. 83.
239 C.Janssen, « L’oraison aspirative chez Jean de Saint-Samson », Carmelus, 1956, vol. II, p. 211, présente en parallèle les textes de Harphius [van Herp] et de Jean.
240R.P. Donatien de S.Nicolas, La Vie, les Maximes et partie des œuvres du très excellent contemplatif, le Vénérable frère Ian de S.Samson…, Paris, 1651, [source que nous citons : P], p. 92.
241Œuvres spirituelles et mystiques du divin contemplatif f. Iean de S.Samson […] avec un abrégé de sa vie, recueilly et composé par le P. Donatien de S. Nicolas, Pierre Coupard, Rennes, 1658-1659, [source que nous citons : R], p. 62, colonne de gauche, à la hauteur repérée « B » [que nous notons b pour indiquer la col. de gauche ; la majuscule serait conservée pour indiquer la col. de droite].
242R 762A.
243R 79 A.
244R 773e.
245R 79 a.
246R 760A.
247R 78B.
248R 309b
249P 495-497.
250R 683c, R 683B.
251R 754a.
252R 145a.
253Archives d’Ille-et-Vilaine, 9H42, folio 2 sv.
254R 169D.
255Blommestijn, op.cit., p.86-87. Catherine de Gênes, Jean de Saint-Samson et Jean de la Croix, seront les trois mystiques cités bien avant tous les autres dans les Justifications établies en 1695 en vue des entretiens d’Issy par madame Guyon avec l’aide de Fénelon.
256Dict. Spir., 3.1542/3 (tome III, col. 1542 et 1543) ; Y. Durand, Un couvent dans la ville. Les grands carmes de Nantes, Rome, 1996, p. 209.
257M. de Certeau, « Le Père Maur de l’Enfant-Jésus, Textes inédits », R.A.M. n° 139, 1959, 266 sv., p. 268.
258Voir C. Janssen, « L’oraison aspirative chez Herp… », op. cit., vol. III, p. 19 à 216, dont p. 21, la « prière brève, qui part d’un coeur brûlant dans un élan très intense … préparation à … une prière sans forme et sans paroles dans la contemplation de Dieu et l’union avec lui. »
259Les quatre volumes des Directoires des novices (Paris, Cottereau, 1650-1651) ont intéressé des carmes des deux réformes : étude par K. J. Healy, Methods of prayer in the Directory of the Carmelite reform of Touraine, Institutum Carmelitanum, Rome, 1956 ; réédition du dernier volume par le P. Innocent de Marie Immaculée, Méthode claire et facile pour bien faire l’oraison mentale et pour s’exercer avec fruit en la présence de Dieu, éd. Beyaert, Bruges, 1962. Enfin il existe un cinquième volume (non compris sous le Directoire) : le Traité de la componction. Voir DS 10.284/7, où l’article « Marc de la Nativité de la Vierge » est consacré en grande partie au Directoire. Nous rééditerons un choix dans notre second volume consacré à Maur.
260Méthode claire et facile…, p. 217-219.
261Pour cette présentation biographique nous sommes redevables à : M. de Certeau, Le Père Maur de l’Enfant-Jésus, Textes inédits, R.A.M. n° 139, 1959, 266 sv. ; F. Lemoing, Ermites et reclus du diocèse de Bordeaux, Bordeaux, 1953 ; D. Di Domizio, Maur de l’Enfant-Jésus (+1690), a study of his life and works, Institut Catholique, réf. 9099, Thèse 254 (qui fut dirigée par Louis Cognet). L’étude de Michel de Certeau [1955] est la plus solide, D. Di Domizio [1969] apporte des compléments compte tenu de son exploitation des archives carmes et de son souci de présenter un résumé de chaque œuvre ; enfin Blommestijn [1978] résume dans Dict. Spir., 10.826/831, les événements attestés.
262Dict. Spir., 3.1542, art. « Dominique de Saint-Albert ».
263Di Domizio, op. cit., p. 3.
264Les cheveux qui servirent à la confection des personnages d’une crèche lors de l’emprisonnement de madame Guyon à la Bastille, nous sont parvenus ! (B.N.F., papiers La Reynie, ms. N. Acq. Française 5250).
265Dict. Spir., 10.284, art. « Marc de la Nativité de la Vierge ».
266Di Domizio, op. cit., p. 3 qui traduit sa source : Arch. Ord., II, 42, f°70.
267Di Domizio, op. cit., p. 6 ; v. p. 10, note 43.
268Di Domizio, op. cit., p. 16 ; v. p. 21, note 26.
269C. Janssen, Les origines de la réforme des carmes en France au XVIIe siècle, op.cit. , chapitre IV, pages 166, 180.
270M. de Certeau, op. cit., p. 269.
271J.-J. Surin, Guide Spirituel, Desclée de Brouwer, 1963. Voir sur la « campagne » de Chéron, l’Introduction par M. de Certeau, p. 1 - 61, au-delà de l’exécution rapide par Bremond, XI, [325], « La bombe Chéron ».
272« Nicolas de Jésus-Marie avait édité la Phrasium mysticae theologiae R.P.F. Joannis a Cruce elucidatio [Cologne, 1639], bientôt traduite par le Père Cyprien de la Nativité et publiée en appendice aux Œuvres spirituelles du B. Père Jean de la Croix [Paris, 1641] : Eclaircissement théologique des phrases et propositions de la théologie mystique contenues ès livres dit Bienheureux Père Jean de la Croix [figure dans le tome II, p. 1-270, avec un supplément de 71 pages: Notes et remarques en trois discours ] ». (M. de Certeau, op. cit., p. 271).
273M. de Certeau poursuit (op. cit., p. 272) : « …Surin écrivait en effet le 2 mai 1660 à la Mère Angélique de Saint-François, encore prieure des Ursulines de Loudun pour un mois : « Je crois que vous aurez vu, ou que vous verrez bientôt à Loudun le Père Maur de l’Enfant-Jésus, qui est un Père Carme de cette ville. Il vous dira de nos nouvelles: il est fort mon ami ». L'année suivante, il écrivait à Mme du Houx [qui met en relation le groupe jésuite breton et Bordeaux], qui se trouvait alors à la Visitation de Rennes : « Je ne puis laisser partir le R.P. Maur de l'Enfant-Jésus sans vous écrire un mot, Madame ma très chère fille. Le Père vous dira de nos nouvelles. C'est un bon serviteur de Dieu; vous pouvez prendre en lui toute confiance » [28 mai 1661]… ». Plus bas, à propos de la célèbre Jeanne des Anges, M. de Certeau nous informe que « …le Père Maur se montre un sage : il n'a pas l'air d'apprécier beaucoup les révélations que Jeanne prétendait tenir de son Ange gardien et qui lui permettaient de donner des consultations sur les questions les plus diverses. Le Carme fait ici preuve de plus de prudence que Surin. Il était bon juge en matière de spiritualité ; aussi la Mère de Saint-Eli, carmélite de Bordeaux, lui fait-elle lire les Questions importantes à la vie spirituelle sur l'Amour de Dieu, ouvrage que Surin venait d'écrire et qu'il prêtait à ses Philothées. » On se reportera au grand œuvre de M. de Certeau : J.-J. Surin, Correspondance, Desclée de Brouwer, 1966, où figure une brève notice élogieuse sur Maur, p. 945.
274F.Lemoing, Ermites et reclus du diocèse de Bordeaux, Bordeaux, 1953, « XII. Ermitage Sainte-Catherine de Lormont », p. 69-81 (avec reproduction de la gravure citée, issue de l’album : « Bordeaux au temps de Louis XIII »). Voir aussi l’Inventaire, donné en annexe, p.144-148.
275« Le supérieur prétendit alors que le bénéfice était indépendant du couvent de Bordeaux, ce qui occasionna une nouvelle affaire : on en référa au Général et au Pape ; l'évêque de Bazas et le Parlement de Bordeaux, sollicités d'intervenir, se montrèrent favorables au Père André ; en 1677, appel fut fait à l'archevêque de Bordeaux, Henri de Béthune, que les Carmes [dont le Père Maur] priaient de défendre les droits du couvent » F. Lemoing, Ermites…, op.cit., p. 75-76. On trouvera tous les détails dans Di Domizio, chap. V. Nous avons ici préféré allonger les notes - comme pour l’afffaire Chéron - pour éviter de donner trop d’importance à ces chicanes : elles constituent souvent les seules traces accessibles aux biographes, mais induisent un déséquilibre, pour des figures discrètes, quant aux aspects profonds de leur vie, dont le vrai caractère paisible reste alors voilé.
276M. de Certeau, op. cit., p. 10-11, établit les éditions du XVIIe siècle qui constituaient cette modeste « bibliothèque ». - Voir aussi, F. Lemoing, op.cit., « Inventaire… », p. 146-147, pour les deux bibliothèques des chambres du P. André et du P. Maur.
277M. de Certeau, op. cit., p. 274.
278F. Vial, « Une correspondance inédite de l’abbé de Brion (1700-1703) », R.A.M. 47, 1971, p. 296-297.
279Sur l’abbé de Brion, le disciple de Maur dont l’approche déborde notre cadre, outre l’étude de Darricau, « De la cour de Louis XIV à l’Ermitage de Lormont, L’abbé de Brion (1647-1728) », Revue Historique de Bordeaux, 1955, on se reportera à F. Vial, « Une correspondance… », op. cit., 291-316, et surtout aux œuvres, dont : Considérations et entretiens spirituels pour une retraite de dix jours avec un petit traité de la perfection chrétienne, Paris, 1717 ; La vie de la très sublime contemplative sœur Marie de Sainte Thérèse, carmélite de Bordeaux…, Paris, 1720 ; Lettre spirituelles… [de la même], Paris, 1720, 2 tomes [comportant quelques belles lettres au tome II, p. 366 sq. & 612 sq. ; sur sœur Marie, voir F. Vial et Bremond, VI, 435-439] ; Traité de la vraie et de la fausse spiritualité, Paris, 1728, 2 tomes.
280Traité …, op. cit., tome II, Supplément, p. 295 sq. [la critique ne dépasse guère le niveau rhétorique propre au style des controverses de « l’après-quiétisme »].
281Méthode claire et facile pour bien faire l’oraison mentale et pour s’exercer avec fruit en la présence de Dieu, éd. Beyaert, Bruges, [1962].
282Réimpression de l’éd. de 1655 : L’entrée à la divine sagesse composés par le R. P. Maur…, Bibl. Mystique du Carmel, 4 vol., Soignies [Belgique], 1921-1933. La distribution des opuscules est la suivante : vol. I, « Les trois Portes… », p. 30-141 ; vol. II, « Montée spirituelle, Traité de la fidélité », p. 1-78 ; vol. III, « Théologie chrétienne et mystique », p. 1-175 ; vol. IV, « Sanctuaire… », p. 1-77, « Exposition… », p. 80-156. Le texte est modernisé mais s’avère fidèle.
283Madame Guyon, Correspondance, tome I, Directions Spirituelles, Honoré Champion, 2003, p. 50-74.
284M. de Certeau, op. cit., « Lettres I à XXII à une religieuse de la Visitation », p. 289-303.
285Maur de l’Enfant-Jésus, Ecrits de la maturité 1664-1689, coll. « Sources mystiques », Editions du Carmel, janvier 2007, dont la présentation comporte une biographie complète de Maur, ici complétée par un aperçu du chemin intérieur.
286Cet ouvrage en quatre tomes fera ultérieurement l’objet d’un volume dans cette même collection, qui livrera un choix des textes encore vivants pour des moines d’aujourd’hui.
287L. Cognet, Crépuscule des mystiques, Desclée, 1958.
288L’entrée à la divine sagesse composés par le R. P. Maur…, Bibl. Mystique du Carmel, 4 vol., Soignies [Belgique], 1921-1933.
289Sigles : MS pour la « Montée spirituelle contenant huit degrés… », SS pour le « Sanctuaire de la divine Sapience », TM pour la « Théologie chrétienne et mystique ». Lorsque plusieurs extraits appartiennent à une même section d’un traité (titre ou chapitre), sa référence est donnée en fin de séquence.
290Terme propre aux auteurs spirituels du siècle : Bernières, Bertot, Mme Guyon …
291« O âmes qui sortez du sépulcre, vous sentez en vous un germe de vie qui vient peu à peu. Vous êtes tout étonnées qu'une force secrète s'empare de vous. Ces cendres se raniment. Vous vous trouvez dans un pays nouveau. Cette pauvre âme, qui ne pensait plus qu'à demeurer en paix dans le sépulcre, reçoit une agréable surprise. Elle ne sait que croire et que penser. Elle croit que le soleil a dardé pour un peu ses rayons par quelque fente et ouverture, mais que ce n'est que pour quelque moment. Elle est bien plus étonnée lorsque elle sent cette vigueur secrète s'emparer plus fortement de toute elle-même et que peu à peu elle reçoit une nouvelle vie… ». (Guyon, les Torrents, I, chap. IX, 3).
292“L’esprit trépasse ici dans la jouissance, il s’écoule pour se jeter dans la nudité essentielle [...] dans la Simplicité sans nom, dans l’indétermination où nulle raison n’a prise. Or dans ce gouffre sans fond [...] il n’y a ici qu’un éternel repos dans l’embrassement exultant où tout s’écoule dans l’amour” (Ruusbroec, Les Noces spirituelles, conclusion, trad. Bizet).
293« Dieu a d’abord créé le monde comme une chose amorphe et dépourvue de grâce, et semblable à un miroir qui n’a pas encore été poli ; or c’est une règle de l’Activité divine de ne préparer aucun lieu sans que celui-ci ne reçoive un esprit divin […] effusion inépuisable […] Il n’y a donc qu’un pur réceptacle… » (Ibn Arabi, La Sagesse des prophètes, Adam, trad. Burckhardt).
294“L'âme au sortir du tombeau […] est surprise que, sans avoir réfléchi sur les états de Jésus-Christ ni sur ses inclinations depuis les dix, les vingt, les trente dernières années, elle les trouve imprimées en elle par état. Ces inclinations de Jésus-Christ sont la petitesse, la pauvreté, la soumission… ». (Guyon, les Torrents, I, chap. IX, 20).
295Les références figurant dans notre étude « Maur de l’Enfant-Jésus, Grand Carme », section « L’œuvre », qui ouvre le volume Maur de l’Enfant-Jésus, Ecrits de la maturité 1664-1689, 2006, sont ici complétées dans leurs descriptions.
296Référence absente du Catalogue Collectif de France ; l’exemplaire que nous avons consulté aux archives du Carmel de Clamart ne comporte plus sa page de titre ; s’agit-il d’une édition bordelaise comme c’est le cas de la Théologie de l’année précédente (également absente du CCFR) ?
297Je ne propose pas de bibliographie, ce qui laisserait supposer une étude approfondie. J’utilise l’in-folio de 1665, fidèle aux éditions antérieures rassemblées par son frère (le livre est rare, absent de Google books et d’autres bibliothèques en ligne) : voir référence bibliographique et contenu en annexe I.
La situation livresque est comparable à celle de son contemporain grand carme Jean de Saint-Samson, (pour lequel j’utilisai un in-folio de 1658, malgré ses variantes en comparaison avec des éditions antérieures). Dans les deux cas c’est un frère ou un disciple proche qui sauvent la ou le mystique.
Les références bibliographiques accompagnent dans le présent volume la première citation de titre et ceci dès cette introduction. On complétera par les liens Web donnés en fin d’ouvrage.
298Les chapitres retenus sont donnés intégralement. Liste en table des matières. Voir aussi la description extensive de sa source : Annexe I L’in-folio de 1665.
299V. la Chronologie achevant La vie d’une recluse au dix-septième siècle, sujet de la section suivante : changements de couvents et de lieux précédant la réclusion.
300Notez l’heureux hasard qui associe un « sauveur de textes » à une figure de la turba magna : bien longtemps auparavant Pierre de Dacie à Christine (~1280), ici Pierre de Cambry à sa sœur (~1620), puis Marie des Vallées relaté par Jean Eudes (~1640), Marie de l’Incarnation (Guyart) du Canada explicité par son fils [~1670), Madame Guyon édité par Pierre Poiret (~1700). Utiles Pierre(s) ou Jean !
301Selon Pierre de Cambry, une précieuse caisse de documents aurait été volée [Boissieu],10. Et « dès 1626, treize ans avant la mort de Jeanne, sa vie était déjà écrite ! » [Boissieu],11 – ce qui n’exclut toutefois de reprises puisque qu’elle n’est parue qu’en 1659.
302Comtesse Henri de Boissieu, Une Recluse au dix-septième siècle, Paris et Gembloux, 1934. - Dorénavant cité « [Boissieu] – Ouvrage inconnu de Google books – Mon dossier photo de ce livre et sa reconnaissance OCR sont disponibles : Base DT // « 206. CAMBRY Jeanne de ».« Cambry Avant saisies & Mariage & Boissieu & Lettres.odt » - J’ai cherché mais n’ai rien trouvé sur la Comtesse elle-même ; seulement sur la famille connue de Boissieu. On ne peut que regretter un excès de discrétion comparable à celui de telle carmélite remarquable...
303Une édition critique des lettres de Jeanne de Cambry, mystique augustinienne (1581-1639) by Joan Elizabeth Smeaton , presented to the University of Waterloo in fulfilment of the thesis requirement for the degree of Master of Arts in French, Ontario, Canada, 2002. - Travail critique réalisé avec soin, utile pour ses notes ; mais l’absence du texte de Pierre de Cambry ne permet plus d’éclairer la correspondance, d’où notre choix alternatif de restituer « un tout » soit : { Pierre + Lettres + des extraits dont un dialogue }.
304Œuvres complètes, Migne, 3 tomes, 1862 ; Sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal, sa vie et ses œuvres Œuvres diverses , Paris, Plon, huit tomes [ le tome I contient le Mémoire de la mère de Chaugy sur la vie de la fondatrice ; les tomes II de 1875 et III livrent papiers et ‘dits’ de la Mère de Chantal ; les tomes suivants IV à VIII sont rendus caducs par : Jeanne–Françoise Frémyot de Chantal, Correspondance, édition critique établie et annotée par sœur Marie-Patricia Burns, Cerf, six tomes (t. I, 1986)].
Nous venons de rééditer pour ouvrir la série « Jeanne de Chantal » une moitié du contenu des tomes II de 1875 & III, car ils conservent un grand intérêt malgré leur caractère d’édition ‘contaminée’ sans renvois vers les sources : Jeanne de Chantal, Écrits mystiques relevés dans l’édition de 1875 par Dominique Tronc, 2014.
305Voir en fin du présent volume : « Quelques archives et imprimés préservés à la Visitation d’Annecy ».
306Saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal, Une extraordinaire amitié, Correspondance, recueillie et mise en orthographe actuelle par les soins des religieuses de la Visitation d’Annecy, Annecy, 2010. Introduction par Max Huot de Longchamp, IX-XXXVII. L’ouvrage comporte 467 lettres de François (dont 13 pièces) pour 51 lettres de Jeanne, 1-646.
307Nous reprenons la présentation de Jeanne de Chantal comme figure des Expériences mystiques en Occident II. L’invasion mystique en France des Ordres anciens, Éditions Les Deux Océans, 2012.
308Mémoire qu’elle adressa à dom Jean de Saint-François concernant sa vocation (Annecy, 26 décembre 1623) : reproduit dans Jeanne de Chantal, Choix d’écrits… , op.cit, « Lettre … au Révérend Père dom Jean de Saint-François ». [II, 248 sq. de l’édition 1875-1876]
309Jeanne–Françoise Frémyot de Chantal, Correspondance, édition critique établie et annotée par sœur Marie-Patricia Burns, op.cit.
310Bremond l’estimait plus avancée que François, ce qui valut à sa Sainte Chantal (Paris, 1912) d’être mise à l’Index.
311La source essentielle de toutes les biographies est le Memoire très fidelle pour la vie… de Françoise-Madeleine de Chaugy qui avait été communiqué aux premiers biographes, Fichet (1643, …) et Henri de Maupas (1644, …) (DS 8.868) ; Sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal…, op. cit., I.
312Elle demanda en effet que l’on mette sur elle dans son cercueil, les papiers de ses vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté, propres à la vie religieuse, écrits par François de Sales et par elle, ce dernier signé de son sang. (Sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal…, op. cit., II, 49).
313Cantique, 3, 6.
314Madame Guyon, Vie par elle-même, 1. 4. 8.
315Nous donnons les numéros de lettres [L.] de la Correspondance, op. cit., 1996, ou bien des extraits de ses Oeuvres, op. cit., 1875 : [numéro du tome, page].
316Passer par l’étamine, être soumis à des épreuves (Littré).
317E. Lecouturier, Françoise-Madeleine de Chaugy et la tradition salésienne au XVIIe siècle, Paris, 1933.
318DS 16.1002/10, (art. « Visitandines » par sœur Burns, l’éditrice de la Correspondance que nous citons).
319Coutumier, Annecy, 1850, 120 [l’édition s’avère très exacte comparée à ses sources, à la différence des Œuvres éditées en 1875 et destinées à un public élargi].
320Boudon, Œuvres, Migne, I, « Le Règne de Dieu en l’oraison mentale », 607 ; ce beau passage est reproduit également dans la note 4 attachée par soeur Burns à la lettre n°1858.
321Réponses de notre sainte mère Jeanne-Françoise Frémiot, baronne de Chantal… sur les Règles, Constitutions et Courtumier de l’Institut, Annecy, 1849 [comme précédemment, l’édition s’avère très exacte].
322La fondation de la Congrégation est associée à François de Sales par la Mère de Chantal.
323Jean-Joseph Surin, Correspondance, textes établi, présenté et annoté par Michel de Certeau, « Bibliothèque Européenne », Desclée de Brouwer, 1966.
324L’ocr de l’édition livre 3 532 000 caractères sans espaces et reste à mettre en forme (ocr brut mais de bonne facture, disponible sur demande pour usage personnel). Mon florilège livre 260 000 caractères sans espaces au 17 janvier 2017 soit ~ 7,2 % ou ~150 pages …pour 1827 pages de l’édition.
325D. Tronc, Expériences mystiques en Occident III. Ordres nouveaux et Figures singulières. Editions Les Deux Océans, 2014, 75 sv.
326C’est la surface qui évacue le fond : de même la contemporaine de Surin Marie des Vallées est souvent réduite à la « possédée », la Madeleine de Pierre Janet à la folie qui résume ce qu’est aux yeux du médecin la mystique, et plus récemment, certaines analyses du « langage du corps » opèrent de même.
327« Au lendemain de la mort de Surin, au dire d'un témoin, « on a de la peine à trouver quelque chose qui lui ait appartenu pour en donner à ceux qui en demandent, plusieurs personnes de qualité et de considération ayant tout emporté. Un président a pris le bâton dont il se servait ; son chapelet a été donné à un autre ; son bréviaire, aux conseillers ; on garde sa calotte pour monseigneur le prince de Conti. » Ces « personnes de mérite » exprimaient ainsi « l'estime qu'elles faisaient de sa sainteté » [Lettres de témoins, citées par Henry-Marie Bouton, L'Homme de Dieu en la personne du R. Père Jean-Joseph Seurin, religieux de la Compagnie de Jésus, Chartres, Claude Peigne, 1683, 400-401]. Il en fut de même pour les manuscrits, emportés et distribués de tous côtés. Avec la disparition de l'auteur, s'accentuait l'effritement d'une oeuvre où chacun allait puiser à sa guise les matériaux qu'il utiliserait selon sa dévotion. » (Michel de Certeau, « Les œuvres de Jean-Joseph Surin Histoire des textes », Revue d'ascétique et de mystique, t. XL (1964) n° 160.)
328Jean-Joseph Surin, Guide Spirituel pour la perfection, texte établi et présenté par Michel de Certeau, Collection « Christus » n°12, Desclée de Brouwer, 1963.
329Etude désirable sur Madame du Houx !
Etude moins utile sur les deux volets de la relation Surin avec Jeanne des Anges :
-- Relation très intime. Est-ce l’effet d’une imprégnation mystique ? car on en connaît peu sur les effets possibles d’une « communication » de nature mystique au moment même où elle se produit et dans ses suites (laquelle « communication » ne semble plausible que pour quelques-uns).
-- Relation freinée par un doute levé par la sœur des Anges elle-même quant à son directeur. Et Surin nous apparaît nettement plus à l’aise dans les relations épistolaires qui le lient à Madame du Houx et avec Anne Buignon.
Sur Jeanne des Anges, petite fille malformée et maltraitée dans son enfance devenue vindicative, on s’en tiendra à Certeau qui nous confie en ouverture à la lettre 332 (nous l’avons intitulée férocement « Vengeance ? ») : « Les peccadilles de la religieuse et son châtiment outre-tombe vont être jetés dans le public… » Voir aussi le Voyage en Savoie, page 425 : « Dans son récit de petite fille délaissée devenue un miracle ambulant, insatiable du succès qui ne la rassurent jamais, elle fait défiler ses princes… »
La condamnée jetée au public offre toutefois une silhouette bien édifiante : jamais possédée et tournée vers l’exercice de la charité.
330Nous avons disposé de l’édition de 1676 à Vannes, « chez Jean Galle près le séminaire », ici référencée Triomphe, partie. chapitre, page.
331L’édition (expurgée) de 1552 de la Vie de Catherine de Gênes est traduite dès le début du XVIIe siècle et très lue.
332Triomphe II. 3, 37.
333Brémond, Histoire littéraire du sentiment religieux…, Tome V, 122-123.
334« …la coutume dans cette maison était que tous les soirs, après le souper, on faisait la lecture de la vie des saints, ou autre livre spirituel qui traitait de même matière […] comme elle eut pris goût d’entendre les lectures, et que celles qu’on faisait le soir ne la satisfaisaient pas pleinement, elle pria une des filles de la maison, qui depuis a été religieuse chez les Ursulines de la même ville [Ploërmel], de lui lire quelque chose de fois à autre, ce que cette jeune demoiselle faisait fort volontiers ; et Dieu permit qu’un jour elle lui lût un livre qui traitait de la Passion de Notre Seigneur et des travaux qu’il avait soufferts…» (Triomphe… I. 3).
335Henri Bremond cite pour les seules femmes : la Mère de Matel, Amice Picard, Catherine Daniélou, Mme du Houx… (Histoire littéraire …, t. V, chap. III, « Jean Rigoleuc et la Bretagne mystique »). On y ajoutera Anne-Toussainte de Volvire, plus tard Madeleine Morice… (André Moisan, Trois mystiques en Brocéliande, 2008, éd. Mine de Rien – Bretagne, Le Bois de la Roche, 56430 Néant-sur Yvel).
336Il ne pourra pas suivre les exemples offerts par Jean de Brébeuf et d’Isaac Jogues : ce dernier parcourut la France, les oreilles coupées par les Indiens, témoignant des missionnaires martyrs, avant son retour au Canada où il fut (enfin ?) martyrisé. Et Rouen où Louis résida longtemps, n’est-elle pas la patrie de Corneille ?
337Pierre Champion, La Vie et la doctrine spirituelle du Père Louis Lallemant, Paris, 1694 ; Introduction à la Doctrine spirituelle…, Desclée, « Christus », 1959, 9, 53, 141, 157.
338Au milieu du siècle, outre quatre missionnaires à Quimper, Vannes est le port d’attache de Rigoleuc, Bernard, Thomas, Maunoir, Huby… Ils sont assistés par M. de Kerlivio, Catherine de Francheville, Marguerite de Kerderf…
339Pierre Champion (1633-1701). D’origine normande, enseignant en Bretagne, en Normandie, etc., il participe à des missions navales… « De Nantes, son ministère appelait souvent le P. Champion en Bretagne. C’est là que semblait l’attendre pour lui passer le flambeau, un jésuite septuagénaire, le P. Vincent Huby, disciple et héritier du P. Jean Rigoleuc, qui l’avait été lui-même du P. Louis Lallemant. Cette généalogie mystique, cette « suite » si intéressante pour nous, est nettement marquée par le P. Champion » (Histoire littéraire…, Tome V, Chap. I La Doctrine Spirituelle de Louis Lallemant, 6). « L’Ecole du Père Lallemant… » : tel est le début du titre donné par Bremond à son tome V.
340« Il faisait ses voyages à peu de frais, se traitant mal et vivant comme les pauvres … Il ne portait ordinairement point d’autre provision qu’un petit sac de farine … C’était un proverbe dans le pays pour exprimer la misère des serviteurs mal nourris, de dire qu’ils étaient traités comme le cheval du P. Rigoleuc » (Hist. littéraire…, V, 71).
341Hist. Litt. V, Chap. I, 6 & Chap. II, 69 sv. ; Dict. Spir. 13.674/80.
342Voir son témoignage à la fin du Triomphe : « Je m'estimerais coupable d'une omission très importante devant Dieu, et devant le monde, si je ne donnais le témoignage public que l'on me demande de la vérité de cette Vie, ayant eu le bien de connaître et de servir environ trente ans l'excellente âme dont elle parle… ».
343André Moisan, Trois mystiques… op.cit., page 13, note 9 ; l’oubli d’Huby par Bremond est compensé par l’étude d’Henry Marsille : Dict. Spir., tome 7, col. 842-851.
344Ce qui donne lieu à une littérature d’opuscules (« tracts », Dict. Spir., tome 7, col. 843 ; analysés en 54 entrées, col. 844-848).
345Dict. Spir., tome 7, col. 843. – « Il suffit de ces mots : Dieu est celui qui est, après quoi l’âme doit se tenir dans un profond silence, accoisant [calmant] doucement et sans effort les saillies de l’imagination qui ne laisse pas au commencement de courir comme une folle… » (col. 851).
346Dict. Spir., tome 8, col. 855.
347Hippolyte Le Gouvello, Une mystique bretonne au XVIIe siècle, Armelle Nicolas, dite la Bonne Armelle, Servante des Hommes et Amante du Christ, 1606-1671, Paris, 1913, 1934 - le visage d’Armelle présenté en vignette de notre couverture provient du tableau de 1654 reproduit en frontispice - son texte reprend largement le Triomphe… ; H. Bremond, Hist. littér. du sentiment religieux, t. V, p. 120-138 – voir la note attachée à la p. 120 : « …texte mystique de tout premier ordre … la plupart de ses 713 pages [édition parisienne de 1683 utilisé par Bremond] ont été lues à l’héroïne elle-même et approuvées par elle » ; André Moisan, Trois mystiques…, op.cit. (Armelle couvre les pages 5-20).
348On comparera ces craintes à celles de Marie des Vallées (1590-1656), de seize ans son aînée, qui demeura dans le Cotentin, dans un environnement assez comparable.
349Triomphe I. 12, [118, 119].
350Mme Guyon, Les Torrents, I 4.
351Pierre Poiret réédita les deux volumes de l’édition parisienne de 1683, regroupés en seul volume, sous le titre savoureux suivant : L’École du pur Amour de Dieu ouverte aux savans et aux ignorans dans la vie merveilleuse d’une pauvre fille idiote, païsanne de naissance et servante de condition, Armelle Nicolas vulgairement dite la bonne Armelle décédée depuis peu en Bretagne, par une fille religieuse de sa connaissance, A Cologne, chez Jean de la Pierre 1704.
352J.Orcibal, “Les spirituels Français et Espagnols”, in Études d’histoire et de littérature religieuses, Klincksieck, 1997, p. 207.
353J. Byrom, disciple de P. Poiret, résume les dits de la bonne Armelle en vers [!] et en publie une traduction allemande faite par J. Chr. Jacobi (Jean Orcibal, Études…, op. cit., p. 208).
354Ce dernier était en relation avec des intellectuels (Wesley en tant que traducteur, J. Byrom, le docteur Cheyne, des membres du groupe d’Aberdeen, etc.) et des spirituels (consulter J. Orcibal, Études…, op. cit., index).
355J. Wesley la considérait comme un « complément naturel de son adaptation de la Vie de Mme Guyon » ; et il loue l’une et l’autre au point de pouvoir être considéré comme leur disciple. (Malheureusement, il ne l’apprécia vraiment qu’à la fin de sa vie, donc trop tard pour influer fortement sur les méthodistes dont il est l’origine). Toutefois il met en garde contre l’insistance supposée des deux femmes sur la valeur de la souffrance (J. Orcibal, Études…, op.cit., p. 540 et p. 536 n. 12). – Paraît en 1754 à Germantown (Georgia) The daily conversations with God exemplify’d in the holy life of A. Nicolas (ibid., p. 208).
356Espagnol cultivé dans sa jeunesse, passé de la Cour à la condition d’ermite dans le Mexique du XVIe siècle, et dont les dits, rapportés par son ami Llosa, traduits en France par Arnauld d’Andilly, sont de grande profondeur, au-delà du charme exotique.
357LE TRIOMPHE DE L'AMOUR DIVIN DANS LA VIE D'UNE GRANDE SERVANTE DE DIEU NOMMÉE ARMELLE NICOLAS. Décédée l’An de Notre-Seigneur 1671. Fidèlement écrite par une religieuse du monastère de Sainte-Ursule de Vennes, de la Congrégation de Bordeaux, et divisée en deux parties. Première édition en 1672. Deuxième édition en 1676, Vannes, chez Jean Galle près le séminaire. Suivent des éditions à Paris en 1678, 1683, etc., ainsi que des traductions et adaptations en anglais et allemand.
358Dominique Duviard, Groix, l’île des thoniers, Chronique maritime d’une île bretonne1840-1940, Éditions des 4 Seigneurs, Grenoble, 1978.
359Albert Deblaere, S. J. (1916-1994). Ce meilleur des connaisseurs de la mystique flamande est l’auteur d’études rassemblées dans Essays on mystical littérature, Leuven, 1994. S’ajoutent des contributions admirables dans le Dictionnaire de Spiritualité, dont seul le ton affirmé pourrait encore écarter aujorud’hui quelque lecteur sensible,. Elles abordent les principaux thèmes propres aux mystiques du Nord et d’ailleurs.
360Auteur de la notice « Marie Petyt » parue dans le DS.
361Il est paru récemment un ouvrage collectif qui offre d’intéressants aperçus concernant le cadre vécu à une époque difficile (l’époque de la « guerre de Trente Ans ») : Maria Petyt, A Carmelite Mystic in Wartime, editors Joseph Chalmers, Elisabeth Hense, Veronic Meeuwsen and Esther Vate, Radbout Studies in Humanities, Brill, 2015. Les textes sont accessibles et rendus lisibles sur le web à l’adresse suivante:
http://booksandjournals.brillonline.com/content/books/9789004291874
Ces approches historiques et sociales sont accompagnées d’abondantes bibliographies réparties par contributions. Toutefois on n’y recherchera aucune approche orientée mystiquement. En voici un bref aperçu :
Après une première brève partie introductive, « Maria Petyt in Her Contexte », 1-80, vient une vaste deuxième partie, « The Latin Manuscript about the Dutch War and Its Interpretation », 81-292. En effet « Esther van de Vate discovered a set of folios – Post III 70, fol. 30r-49v – which present a new image of this female mystic. Here Maria Petyt proves herself to be very interested and deeply engaged in political affairs. She inwardly absorbed herself in the Dutch War of Louis XIV and intensely shared in his victories and defeats… ». Il s’agit d’une monographie bâtie autour d’un petit fragment du vaste ensemble de textes issus de Marie Petyt. Si elle n’offre guère d’approche intérieure, elle met en valeur une ouverture sur le monde « féministe avant l’heure » jusqu’ici négligée.
362Michel de Saint-Augustin, Introduction à la vie intérieure et pratique fruitive de la vie mystique, Éditions Parole et Silence, 2005. – Nous l’avons lu et apprécié avant de lire Marie Petyt.
363Les deux ont dirigées leurs proches : béguines « sœurs » autour de Maria, membres laïcs de cercles « quiétistes » animés par la « dame directrice ». Parfois insupportables aux yeux de certains clercs.
364Je retiens qu’un exemple d’une douzaine de traductions partielles éditées par L. van den Bossche en premier lieu dans Vie Spirituelle, revue accessible et téléchargeable sous Gallica. Leur liste est donnée par André Derville, DS tome 12, col. 1229, v. infra. Elles me paraissent marquées par une approche souvent religieuse plutôt que mystique, cas obligé durant les années 1928 et suivantes. Je reprends par contre l’ensemble paru ensuite dans les Etudes Carmélitaines.
365Maria Petyt, A Carmelite Mystic in Wartime, op.cit., livrant d’abondantes bibliographies. Un bref aperçu de ce collectif a été donné en « Présentation », note 4.
366Je ne partage pas une tendance à classer par étapes successives (« oraison de quiétude », « annihilation », « amour unifiant », « union pleine », « mariage » ou « vie transformée ») la diversité des expériences mystiques (leur variance est extrême, même au sein de la seule population de la Tradition chrétienne. Et la vie mystique opère ppour chacun par aller-retours répétés – il s’git d’assouplir le cuir ! - comme l’expose le carme Jean de Saint-Samson de grande influence sur Maria et sur Michel). De par la diversité des pèlerins, la vie intérieure s’écarte de tout chemin tracé. Mais peut-être est-il utile pour certains de classer linéairement des états afin de suggérer la réalité d’une dynamique vitale.
367D. Tronc, Expériences mystiques en Occident II. L’invasion mystique en France des Ordres anciens & III. Ordres nouveaux et Figures singulières. Editions Les Deux Océans, 2012, & 2014.
368« Le Vide, Expérience spirituelle en Occident et en Orient », Hermès Recueils de textes et d’études, Editions de Deux Océans, Hermès 6,1969, & Hermès 2 Nouvelle série, 1981.
« Les Voies de la Mystique ou l’accès au sans-accès », Hermès Recueils de textes et d’études, Editions de Deux Océans, Hermès I Nouvelle série, 1981.
« Le Maître Spirituel selon les traditions d’Orient et d’Occident », Hermès Recueils de textes et d’études, Editions de Deux Océans, Hermès 3 Nouvelle série, 1981, 2010.
« Tch’an, Zen racines et floraisons », Hermès Recueils de textes et d’études, Editions des Deux Océans, Hermès 4 Nouvelle série, 1985.
Les éditions des Deux Océans dont le site est fermé ont été récemment rachetées. On se reportera avant tout à : Jacqueline Chambron, Lilian Silburn, une vie mystique, Editions Almora, 2015, ouvrage mettant en lumière la profondeur et l’originalité de l’expérience mystique de Lilian Silburn (incluant également une bibliographie complète, 317-323).
369Dom Le Masson, Eclaircissements…, p. 58-60. Le titre complet de ce livre, comme celui d’autres sources utilisées dans cette communication, est donné en note au début de la section : « III. Vie mystique ».
370Son autobiographie fut probablement connue de Rousseau, qui écrira : « Jamais … on ne m’a laissé courir seul dans la rue avec les autres enfants… » (Confessions, partie I, livre I). Voir : Madame Guyon, La Vie par elle-même et autres écrits biographiques, Champion, 2001, Première partie, chapitre 2, section 12 (« Vie, 1.2.12 »). Les passages entre guillemets qui suivent, sont empruntés à cette Vie .
371 Lettre du 12 décembre 1684 à Dom Grégoire Bouvier, son frère, n° 68 dans : Madame Guyon, Correspondance, Tome I Directions spirituelles, Champion, 2003.
372Son premier guide intérieur, belle figure de religieuse remarquée par Bremond.
373Vie, 1.6, 1.16, 1.17.
374Vie, 2.1.7.
375Vie, 2.13 [12.8, réf. éd. Poiret].
376Vie, 2.17.7.
377Voir le Récit que le premier président de la Cour des aides fit au duc de Chevreuse de la lettre du cardinal Le Camus son frère, pièce 80 de la Correspondance de Fénelon, tome septième, Paris, 1828, indiquant des visites « au [couvent du] Verbe incarné, où plusieurs personnes de piété se trouvaient, même des novices de capucins. » - V. aussi les témoignages en sa faveur de Dom Richebracque, un bénédictin.
378Vie, 2.18.6.
379Vie, 2.20.5.
380Vie 2.20.8.
381M. Carlat, « Du désert de Bonnefoy à celui de la Grande Chartreuse, itinéraire d’un voyageur en 1672 : Alfred Jouvin, de Rochefort », revue Analecta cartusiana , n°7, 57-67, p. 62.
382Eclaircissements… p.11-12.
383A ne pas confondre avec le célèbre Jean-Pierre Camus (1584-1652), écrivain spirituel abondant, disciple estimable de François de Sales.
384Lettre adressée à l’évêque de Chartres en 1697. Cette lettre circula à Paris au moment des interrogatoires au donjon de Vincennes. Voir : Phelipeaux, Relation, t. I, p 21 : « Il est bon de rapporter une lettre de M. le cardinal le Camus [.] qui nous fut envoyée à Rome en l'année 1698 » – Madame Guyon, Correspondance II Combats, Champion, 2004, lettre 383.
385Voir A. Cayrol-Gerin, « La Chartreuse de Prémol », revue Analecta Cartusiana, n° 1, 1989, 9-23. Elle souligne que « les thèses quiétistes, ardemment propagées par madame Guyon à Grenoble dans les années 1685-1686, filtrèrent jusqu’à Prémol, où elles furent longuement examinées, sinon adoptées […] Le R. P. [Le Masson] alla jusqu’à sortir de la Grande Chartreuse sans autorisation papale et exécuter un véritable autodafé à Prémol… » (p.17). Elle avance le chiffre de 35 religieuses résidentes en 1698.
386Récit que le premier président de la Cour des aides fit au duc de Chevreuse […], op. cit., p. 168. Le texte porte « Ple… » [et non « Pré… »] ; la suite affirme que Dom Richebracque « assura M. le cardinal que Mme Guyon lui avait soutenu la XLIIe proposition de Molinos » - ce qui indignera le bon bénédictin, qui prendra parti pour madame Guyon.
387 J. Martin, Le Louis XIV des Chartreux Dom Innocent Le Masson, 51e général de l'ordre (1627-1703), préface de Jean Guitton, Téqui, 1974, p. 42.
388J. Martin, op.cit., p. 43-45.
389Lettre à Tronson du 11 mai 1696, Correspondance de M. Louis Tronson…, Bertrand, 1904, tome troisième, livre cinquième, page 511.
390Martin, op. cit., App.C. « Lettres inédites. », Lettre à Mme de Vancy, dame de Saint-Louis, aux ursulines de Saint-Germain-en-Laye, p. 200.
391« Pièce manuscrite assez curieuse » reproduite intégralement par Martin, op. cit., p. 48-49.
392Martin, op. cit., p. 49, note 34.
393Bombardement par les français commandés par Duquesne, du 17 au 23 mai 1684.
394Vittorio Augustin Ripa, évêque (1679 – 1691), qui avait pleine confiance dans le P. La Combe, « son confesseur, le chargeant d’enseigner les cas de conscience aux prêtres du diocèse ». Mgr Ripa avait séjourné à Jesi, où Petrucci était évêque : on trouve ainsi un lien entre « quiétistes » italiens et français.
395Lettre reproduite par Le Masson, Eclaicissements… - Madame Guyon, Corrrespondance I Directions spirituelles, 2003, Lettre n°70 : « Je ne pourrais être que de corps partout ailleurs qu’à Genève… »
396Qui conduira à la parution à Verceil, en 1686, de trois ouvrages spirituels : « La Combe fit imprimer son Orationis mentalis analysis et Mme Guyon son Explication de l’Apocalypse, tous deux avec l’approbation de Mgr Ripa, qui lui-même publiait l’édition présumée de l’Orazione del cuore facilitata da Mons. Ripa. [.] Il y a renversement des plans par rapport au schéma traditionnel ; ici c’est la mystique qui ouvre la voie à l’ascèse et provoque la conversion profonde du cœur. » Dict. Spir., tome 13, col. 682 à 684.
397v. sur Cateau-Barbe : Vie 3.18.4 (et lettres de Le Camus et Richebracque en notes, p. 850 de notre édition).
398Vie, 2.25.7. Madame Guyon fut active dans des hôpitaux et appréciée de madame de Miramion.
399Son grand historien est l’abbé Louis Cognet qui consacre la plus grande partie de son Crépuscule des Mystiques (1958) à la biographie de madame Guyon pendant ses premières années parisiennes.
400Vie, 3.13.2.
401Vie 4.3. [« Récits de prison »].
402Vie, 4.4 à 4.7.
403« Supplément à la vie de Madame Guyon… », édité dans Vie…, p. 1006.
404Madame Guyon, Correspondance II Combats, Champion, 2004, lettre 237. – Monsieur Tronson était le troisième supérieur des sulpiciens, confesseur du jeune Fénelon, recours de madame Guyon, qui lui adressa des lettres pathétiques de sa prison ; il est peu favorable à la « dame directrice », n’ayant pas l’inclination mystique du fondateur Olier.
405Le Cantique… de madame Guyon, v. « III. Mystique. Sources ».
406Sujets de méditations sur le Cantique des cantiques, avec son explication selon le sentiment des Pères de l’Eglise, à l’usage des religieuses chartreuses, La Correrie [imprimerie de la Grande Chartreuse], 1691 et 1692.
407A.S.-S., Fénelon, Correspondance, XI1, f°74, lettre qui suit celle, plus anodine, adressée à Tronson, dont nous venons de donner un extrait. Adressée par Dom Innocent à l’abbé de La Pérouse, cette seconde lettre compromettait gravement Mme Guyon ; v. sur tout ceci, l’étude exhaustive de Jean Orcibal soulignant la crédulité de Dom Masson, Etudes d’Histoire et de Littérature religieuses, Klincksieck, 1997, « Le cardinal Le Camus », p. 810 sv., « Madame Guyon devant ses juges », p. 819 sv. - L. Bertrand (Correspondance de Tronson, 1904) donne en note, p. 467, cette lettre – Extrait dans : Madame Guyon, Correspondance II Combats, Champion, 2004, lettre 238.
408V. Orcibal, Etudes…, op.cit., p. 830, sur les « choses terribles », et le déroulement, près de quinze ans plus tard, en 1698, des opérations de police à l’encontre de madame Guyon. Aux yeux de Bremond (dans son Apologie de Fénelon, p. 6), comme aux yeux d’Orcibal (Etudes…, p. 824), de cette accusation découleront les plus graves ennuis pendant son emprisonnement. Bremond et Orcibal retiendront contre Dom Innocent sa crédulité ; v. également Orcibal, Etudes…, p. 810, pour la conclusion d’une histoire - autre que celle impliquant Cateau-Barbe - mettant en cause une demoiselle qui avait un commerce caché avec un prêtre.
409V. Melquiades Andres, La teologia española en el siglo XVI, B.A.C., 1976 ; v. Tellechea Idigoras, introduction à la Guià de Molinos ; v. le procès de ce dernier, actuellement réhabilité.
410Puis suit, dans la même source des A.S.-S, Fénelon, Correspondance, XI1, au f° 92, l’original (non publié par L. Bertrand) d’une lettre de La Pérouse à Tronson qui informe ce dernier que « Mgr de Genève ne veut pas éclaircir les faits » : « Chambéry, le 12 décembre 1694. / Je viens , mon cher père, de recevoir la réponse de M. de Genève et elle suppose qu’il ne lui conviendrait pas d’éclaircir les faits que la Dame suppose pour se justifier, mais que lui peut faire voir ce qu’il a pensé de la doctrine par la lettre circulaire qu’il publia il y a sept ans […] ».
411Lettre XXIV dans Bertrand, Correspondance de Tronson, 1904, tome troisième, livre cinquième, p. 480. – La Vie avait été confiée sous le sceau du secret à Bossuet.
412Lettre XXXII dans Bertrand, tome troisième, livre cinquième, p. 490. Nous ne pouvons accroître trop le volume de cette section. Citons seulement la lettre de Tronson à Le Masson, entre le 15 juin et le 22 juillet 1698: « Il (l’Archevêque de Paris) est assez persuadé de leur mauvaise doctrine et de la corruption de leurs mœurs […] il serait à souhaiter […] que l‘on pût avoir quelque preuve juridique qui appuyât ce que l‘on dit du Directeur [Lacombe] et de la Directrice [madame Guyon]. Peut-être que le mystère caché qui vous me proposez de lui montrer par mon entremise pourrait servir à faire cette découverte. [Post-Scriptum :] J’ai montré votre lettre et le mémoire qu’à Monseigneur l’Archevêque de Paris parce que c’est lui qui est principalement chargé de cette affaire, ayant le Père et la Dame entre ses mains… »( A.S.-S., ms. 34, « Correspondance Tronson »).
413Madame Guyon, Correspondance II Combats, Champion, sous presse, lettre 383.
414L’interprétation charnelle saphique ne s’impose pas compte tenu des habitudes du temps, mais elle est suggérée.
415Madame Guyon, Correspondance I Directions spirituelles, Champion, 2003, lettre 71 du 28 janvier 1688 : « Je ne saurai refuser à la vertu et à la piété de Madame de la Mothe-Guyon la recommandation… ». V. aussi la lettre 72 l’accompagnant : « Madame, Je souhaiterais d’avoir plus souvent que je n’ai des occasions de vous faire connaître combien vos intérêts temporels et spirituels me sont chers… »
416Le duc de Chevreuse, qui n’exerçait aucune pression, cherchant à se renseigner sans éveiller d’opposition. Et Richebracque ne se dédit nulle part.
417« A propos d’une controverse que le général des chartreux soutint contre l’abbé de Rancé, l’abbé Goujet écrit au contraire : « Jamais homme ne fut plus crédule que ce bon général, et plus facile à adopter tout ce qu’on lui disait au désavantage de ceux qu’il croyait avoir raison de ne point aimer. Sa Vie de M. d’Arenthon d’Alex, en particulier, est pleine de pareils traits. (Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVIIIe siècle, Paris, 1736, 3 vol. in-8, t. I, p. 462). » (Note d’Urbain-Levesque, fervent bossuétiste, éditeur de la Correspondance de Bossuet,). - On connait l’opinion tranchée de Bremond exprimée dans son Apologie de Fénelon (1910), p. 6 : « .il (Dom Innocent] est le grand, l'unique témoin contre cette femme […] Le venimeux Phelipeaux n'a pas d'autre autorité que Dom Innocent. Cette autorité est nulle. La Cour d'assises la plus prévenue congédierait un pareil témoin. Sur la vertu de Dom Innocent on ne peut avoir aucun doute. M. Tronson l'estimait et c'est tout dire ; mais « c'était un homme crédule qui, dans sa solitude recueillait aussi avidement les calomnies qu'il les débite pesamment dans ses livres (La Bletterie). » Du reste, rien de plus décevant que ces terribles livres. Ils nous annoncent les pires horreurs et, en fin de compte, ils ne disent rien. » - Nous avons fait la même expérience.
418Madame Guyon, Correspondance II Années de Combat, Champion, 2004, lettre 489 du 23 avril 1695 au duc de Chevreuse. Dom Richebracque avait été prieur de Saint-Robert de Cornillon près de Grenoble.
419V. lettre n° 97 de Melle Matton sur la Grangée, Correspondance II Années de Combat ; la lettre n° 275, même tome, du R.P. Richebracque à madame Guyon, du 14 Avril 1695. « Est-il possible qu’il faille me chercher dans ma solitude pour fabriquer une calomnie contre vous, et qu’on m’en fasse l’instrument ? » ; le lettre collective n° 493, même tome, de la Mère Le Picard et de religieuses de la Visitation de Meaux du 7 juillet 1695 : « Que si ladite Dame nous voulait faire l’honneur de choisir notre maison pour y vivre le reste de ses jours dans la retraite, notre communauté le tiendrait à faveur… » ; etc.
420Vie, 4.5 (p. 943 dans notre édition) - Correspondance II Combats, lettre n° 396 attribuée au P. Lacombe. « Ce 27 avril 1698. C’est devant Dieu, Madame, que je reconnais sincèrement qu’il y a eu de l’illusion, de l’erreur et du péché… » ; Voir Orcibal, Etudes…, op. cit., p. 831, sur les « quinze nuits » du P. Lacombe avec la Dame (selon Mme de Maintenon) ; etc.
421B.N.F., ms. Fr. 5250 (papiers La Reynie).
422Madame Guyon, Correspondance II Années de Combat, Champion, 2004, pièce 504.
423Orcibal, Etudes…, op.cit., p. 831, sur la retraite finale de Bossuet, citant ici le Procès-Verbal de l’Assemblée…, p. 239.
424Dict. Spir., 6, art. « Guyon », col. 1315.
425« Le Cardinal Le Camus, témoin au procès de Madame Guyon » et « Madame Guyon devant ses juges », reproduits dans Jean Orcibal, Etudes… op.cit., p. 799-817 et p. 819-834.
426M.-L. Gondal, Madame Guyon, un nouveau visage, 1989, p. 168. Voir l’ensemble de son chapitre VII, « Le combat de la vérité ».
427V. Le Saint Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu avec des explications et réflexions qui regardent la vie intérieure, tome II, chap. XVIII, versets 19 & 20.
428Madame Guyon, Correspondance I Directions spirituelles, 2003, pièce 248, lettre à Fénelon entre le 1er et le 11 avril 1690.
429 Orcibal, Correspondance de Fénelon, tome II, Paris, Klincksieck, 1972, Lettre 111 – Madame Guyon, Correspondance I…, op. cit., pièce 249, lettre de Fénelon du 11 avril 1690.
430Correspondance I…, op. cit., pièce 248. Madame Guyon était alors malade. Elle vivra jusqu’en 1717, plus longtemps que Fénelon (1651-1715).
431D. Tronc, « Une filiation mystique : Chrysostome de Saint-Lô, Jean de Bernières, Jacques Bertot, Jeanne-Marie Guyon », dans XVIIe siècle, n°1-2003.
432Ceci n’est pas vrai seulement chez des mystiques chrétiens : on retrouve une rigueur comparable chez des maîtres sufis.
433Le Directeur Mystique, vol. IV, lettre 75, p. 247.
434Id., p.248.
435Selon l’expression de Souriau, Deux mystiques normands, M. de Renty et Jean de Bernières, Paris, 1913, p. 196.
436Bernières, Chrétien Intérieur [éd. en huit livres], p. 565.
437Bernières, Œuvres Spirituelles, II, p. 122.
438Bernières, Œuvres Spirituelles, II, p. 364.
439Correspondance I…, op. cit., lettre 370 au marquis de Fénelon de mars 1717.
440Histoire Générale et particulière du Tiers Ordre de S. François d’Assize, par le R.P. Jean Marie de Vernon, Religieux pénitent du tiers ordre de saint François, Paris, 1667, tome troisième, p. 76.
441Vie de Messire Jean d’Arenthon d’Alex, Evêque et prince de Genève, avec son directoire de mort etc…[par Dom Innocent Le Masson], 1697, Lyon in 8°.
442Eclaicissements sur la vie de Messire Jean d’Arenthon d’Alex, Evêque et prince de Genève, avec de nouvelles preuves incontestables de la vérité de son zèle contre le Jansénisme et le Quiétisme [par Dom Innocent Le Masson], à Chambéry, Par Jean Gorrin Imprimeur et marchand libraire de S.A.R. deçà les Monts. [in 8° 382pp. et tables] MDCIC (1699)
443 Introduction à la vie Intérieure et parfaite, tirée de l'Ecriture sainte, de l'Introduction à la vie dévote de Saint François de Sales et de l'Imitation de Jésus-Christ. Avec des Réflexions pour en faciliter l'intelligence, utilisant la 4° éd. de 1701, 748 p.
444Direction pour se former au saint exercice de l'Oraison et pour s'y bien gouverner avec ordre et tranquillité, à l'usage des Religieuses Chartreuses, A La Correrie, 1695, 252 p. (suivi d'un Exercice de dévotion au Sacré Coeur de Jésus-Christ).
445Moyen court et très facile pour l’oraison que tous peuvent pratiquer très aisément…, Grenoble, J. Petit, 1685 ; Lyon et Paris, 1686 ; Paris et Rouen, 1690 ; éd. dite de Cologne [par P. Poiret], 1699. – Nous utilisons l’édition par M.-L. Gondal, Le Moyen court et autres récits, une simplicité subversive, Grenoble, Millon, 1995.
446Le Cantique des cantiques, interprété selon le sens mistique et la vraie représentation des états intérieurs, Lyon, A. Briasson, 1685, ouvrage moins dense, écrit « en un jour et demi » (Vie, 2.21.9). Il présente le grand intérêt d’aborder l’état « apostolique » assumant la transmission de la grâce, ce qui s’éloigne de tout parallélisme possible avec la spiritualité exposée par Dom Le Masson. Nous ne le citons pas.
447De la Vie intérieure, choix de quatre-vingts Discours spirituels […], Phénix - La Procure, Paris, 2000. - Madame Guyon, Correspondance [trois volumes], Champion, 2003, 2004.
448C. Morali, Les Torrens…, Millon, Grenoble, 1992.
449Moyen court, ch. II.
450Moyen court, ch. III.
451Moyen court, ch. X.
452Introduction à la vie intérieure et parfaite…, vol. II, 6e avis, p. 109.
453Direction pour se former au saint exercice de l’oraison… , p. 252.
454Introduction…, vol. II, 6e avis, p. 111-112.
455Moyen court, ch. XXI.
456Moyen court, ch. XII, § 2.
457Id., §6.
458Moyen court, ch. XXII, §2.
459Id., §5.
460Id., §7-8.
461H. de Balma, Théologie mystique, « La voie unitive », Cerf, 1996, SC 409, p. 91 (§56). – « L’eau / Gratifie les dix mille êtres / Ne dispute rien à personne, /Et séjourne aux lieux dont chacun se détourne… » (Tao Te King, ch. 8, trad. C. Larre, Desclée, 1977).
462Suite du chapitre XXIV du Moyen court.
463H. de Balma, op. cit., p. 165 (§105).
464La Direction […] à l’usage des religieuses chartreuses…, p. 34.
465Marie de l’Incarnation, œuvres, Aubier, 1942, ch. LIX-LX, p. 145-146. – Dom Claude Martin, La Vie de la Vénérable Mère Marie de l’Incarnation, 1677, (rééd. Solesmes, 1981), p. 456 et 515 – Comparer la relation de 1654 (où affleure la « vie nouvelle et divine ») à celle de 1633 (témoignant du chemin).
466Vie, 3.21.
467 Les secrets sentiers de l’amour divin […], (1623), du capucin Constantin de Barbanson.
468Préface, toute pénétrée de quiétude, de Jean Guitton à Mgr Jacques Martin, Le Louis XIV des Chartreux Dom Innocent Le Masson […] , op.cit., p. 10-11.
469Jean Rohou, Le XVIIe siècle, une révolution de la condition humaine, Seuil, 2002, p. 395.
470Id., p. 540.
471Son soutien et premier guide intérieur, belle figure de religieuse.
472Le mot d’ordre de Guy de la Brosse, « la vérité et non l’autorité », n’est pas réalisable en pratique ; voir la description de ravages occasionnés par le mensonge obligé dans R. Pintard, Le libertinage érudit dans la première moitié du XVIIe siècle, Paris, 1943 ; Genève, 2000.
473C’est le nom que lui donne l’honnête Tronson, envers qui elle plaçait en dernier recours sa confiance.
474Il faut pour cela croire à l’existence de la grâce, et donc en avoir fait l’expérience. Ce dernier point est fort gênant puisque Madame Guyon, dont la certitude ne s’appuie que sur cette expérience, ne peut guère l’invoquer vis-à-vis de ses ennemis. On se moquera à la Cour de la « naïveté » du bon duc de Chevreuse qui en fera état.
475On trouvera des parallèles dans l’Espagne de la première moitié du XVIe siècle, v. Melchiades Andres, La teologia espanola…, 1976, parte II, cap. 14. Il faudrait aussi étudier les figures de mystiques qui nous paraissent très proches : Joseph de Jésus Maria Quiroga (1562-1628), disciple et défenseur de Jean de la Croix ; Grégoire Lopez (1542-1596), mexicain lu et apprécié par Poiret et des proches de madame Guyon ; Falconi (1596-1638) dont la Lettre du serviteur de Dieu est éditée avec des opuscules de la même ; etc.
476Laissant de côté un troisième monde, d’une extrême diversité, celle des anabaptistes, quakers, etc.
477Voir la notice « quiétisme » à la fin du second tome de l’édition des Œuvres de Fénelon dans la Bibliothèque de la Pléiade, par J. Le Brun ; cette notice introduit en outre à la Métaphysique des saints, texte fondamental qui résume la controverse vue du cercle guyonnien. Les articles « quiétisme » du Dictionnaire de spiritualité [DS], par E. Pacho et J. Le Brun, couvrent l’Espagne, l’Italie et la France.
478DS, art. « Quiétisme » par E. Pacho et J. Le Brun, col. 2762.
479Id., col. 2774-2775.
480En 1686, Lacombe fit imprimer son Orationis mentalis analysis, Madame Guyon son Explication de l’Apocalypse, Ripa son Orazione del cuore facilitata, « fruits de cette association spirituelle ».
481DS, art. « Quiétisme » par J. Le Brun, col. 2806.
482Id., col. 2817.
483Id., col. 2820 et 2821.
484Quiroga [José de Jésus-Maria, 1562-1629], Apologie mystique[…], Chap. 6, « Où l'on expose plus à fond cette quiétude de la contemplation… », Krynen, Thèse secondaire, A.S.-S., gV-189 ; M. Huot de Longchamp, FAC, 1990.
485Discours Chrétiens et Spirituels sur … la vie intérieure…, [1716], « 2.65 État Apostolique. Appel à enseigner. » (Madame Guyon, De la vie intérieure…, La Procure, Phénix, 2000, p. 384).
486Par contre on a perdu la plus grande partie de l’œuvre de Jean de la Croix : « ce qui nous reste … ne représente qu’une faible partie de ce qu’il a écrit… » (Cognet, La Spiritualité moderne, p. 105).
487La liste des défenseurs qui ont surmonté une certaine « étrangeté » est cependant et diverse et de qualité : on en détachera les noms de Fénelon, Poiret, Dutoit, Chavannes, Masson, Brémond, Bergson, Cognet, Mallet-Joris, Gondal, Le Brun.
488Implicite, non atténuée par une appartenance religieuse comme cela est le cas pour Marie de l’Incarnation, qui en dehors de son admirable témoignage personnel montre un conformisme qui rassure ; on note l’extrême difficulté pour sortir du cercle clérical dès que le domaine de l’intériorité propre à la « vocation » est en cause : les modèles féminins proposés récemment par l’église catholique sont Thérèse de l’Enfant-Jésus et Edith Stein, deux religieuses. Il est sain qu’une femme d’expérience comme Madame Guyon parle à des laïcs des étapes de leur vie d’autant plus précisément qu’elle a eu une vie sociale, familiale, physiologique qui se rapproche de la leur (tout en ayant malheureusement manqué un plein épanouissement). La règle ordinaire suppose une vie accomplie jusqu’à la quarantaine (ainsi dit Ruusbroec) pour voir s’épanouir une vie intérieure au-delà d’aspirations qui sont une des merveilles de la jeunesse.
489Bref Cum Alias d’Innocent XII, 12 mars 1699.
490Complétant ainsi le très objectif Bertot. Ce dernier aussi précise longuement pour assurer un bon diagnostic, fait des ajouts pour dissiper tout malentendu, tout comme un bon médecin dont le fait n’est pas le style.
491Le Moyen court fut publié à l’insu de l’auteur dès 1685.
492On note l’insistance de Bertot sur le contrôle nécessaire par un directeur. Mais les directeurs mystiques sont rares.
493Relation de 1654 de Marie de l’Incarnation, etc.
494Les Torrents ne furent publiés que tardivement par Poiret (1704, 1712, 1720).
495Les points de suspension séparés du texte indiquent une omission, ici conséquente : du cinquième au trentième paragraphe. Nous omettons dans cet article la mise entre crochets afin d’alléger la lecture.
496Impureté foncière, qui est l'effet de l'amour-propre et de la propriété que Dieu veut détruire. Ajout de l’édition de 1720.
497Il s’agit de la conclusion de ce long récit autobiographique : 3.21 désigne le 21e chapitre de la 3e partie.
498Bernardino de Laredo, Subida del Monte Sion ; Jean de la Croix, Subida del Monte Carmelo ; etc.
4991.01 désigne le premier opuscule ou « discours » de la première partie.
500Des Noms Divins, chap. 4 : « [704 A] C’est cette Beauté qui produit toute unité et qui est principe universel, parce qu’elle produit et qu’elle meut tous les êtres … [713 B] Par désir amoureux … nous entendons une puissance d’unification et de connexion, qui pousse les êtres supérieurs à exercer leur providence à l’égard des inférieurs, ceux de rang égal à entretenir de mutuelles relations… » (trad. M. de Gandillac).
501Madame Guyon est issue du courant spirituel fondé par le franciscain du tiers ordre régulier Chrysostome de Saint-Lô ; elle cite beaucoup Catherine de Gênes, tertiaire - à égalité avec Jean de la Croix ainsi qu’avec le réformateur des Grands Carmes en France, Jean de Saint-Samson, dans ses Justifications. Ces trois figures viennent largement en tête des 76 auteurs représentés.
502Ps 104, 30 : « Envoyez votre esprit et ces choses seront créées ; et vous renouvellerez la face de la terre. »
503La Vie par elle-même en donne des descriptions précises dont sa découverte à Thonon, avec le P. Lacombe.
504Dutoit, t. II, Lettre CXCII, p.588-590 - Masson, 1907, Lettre LXXIV, p. 179-180. Nous ne donnerons pas par la suite, dans cet article, ces références de sources que l’on trouvera dans notre édition.
505D.2.1 : Première lettre du deuxième volume publié par Dutoit ; le titre qui suit est de ce dernier.
506Le Directeur Mystique…, 1726, 4.81 : 81e lettre qui conclut la contribution de Bertot au quatrième volume du DM. Nous donnons des extraits de cette lettre adressée à la jeune madame Guyon : elle montre l’esprit commun qui anime Bernières, Bertot, Guyon.
507Cette lettre d’une personne simple (on a cependant peine à l’attribuer sans retouches à une simple paysanne) fut placée intentionnellement à la fin de la correspondance de madame Guyon éditée en cinq volumes par Dutoit.
508 Rédigée par Jacqueline Chambron à partir d’archives personnelles de L.S.
509 http://criticamasonica.over-blog.com/2016/03/hermes-une-revue-spiritualiste-oubliee.html cette citation et la suivante – Voir notre section VI « Hermes » tributaire de cette présentation, pp. 647-669.
510 La revue elle-même reste méconnue sur le web. En recherche Google, elle est ‘recouverte’ par la revue sociologique portant le même nom d’ « Hermès ».
511 Voir la première table non réduite des matières, 669 sv..
Relevés facilitant le recours à cette anthologie : Madame Guyon Torrents 69-104 & 491-502, Ruysbroeck Noces spirituelles 109-132, Abhinavagupta Tantraloka 137-208, Jîli de l’Homme universel 217-236, K’uo an La vache 239-245, citations de Jean de la Croix 379-395, présentation du Nuage d’Inconnaissance 645-648. Soit184 pages sur 690.[les relevés peuvent varier de quelques pages selon l’édition].
512 Pour s’y retrouver, voir notre Section VI, « Trois séries et leurs contenus », 651 sv.[listes complètes en petit corps].
513 Madame Guyon fut désignée malicieusement ainsi par l’honnête mais distant sulpicien Tronson. Elle fut reconnue un jour comme « une soeur » par Lilian Silburn.
Comme ici Lilian anima et conseilla pas à pas ses « Amis » présentateurs de textes des grands aînés le « sobriquet » est bien adapté ! Les défiances n’ont pas changées depuis des siècles.
514 Outre de nombreux textes d’auteurs mystiques, j’y relève, dans la seule « nouvelle » série sous la direction de Lilian Silburn, les noms bien reconnus de Kaltenmark, Daumas, Seyyed Hossein Nasr, Burckhardt, Dürckheim, Carré, Despeux, Gernet, Demiéville, Lü Kuan Yu, Blofeld, Conze... Les noms ne se limitent pas à des lumières de l’intelligenzia française, mais le domaine resta malheureusement trop ‘pointu’ (‘mystique’) pour pouvoir s’imposer sur le vaste marché du livre. Ce que n’ont pu accomplir les reprises successives de chantiers éditoriaaux (trois fois ...ou six fois si l’on décompose les séries parues avant 1939).
Les contributions sont d’autant plus intéressantes que leur diversité souligne une grande liberté face à l’influence souvent étrangère au domaine mystique de la religion dominante. D’où l’intérêt de se pencher sur les SOMMAIRES de la section VI.
515Etat 2016. Certains noms ont été ajoutés en 2018. Modifications prévisibles.
516Les tableaux et certaines images n’ont pu être incorporés dans les deux présents tomes d’Etudes.
517Les tableaux et certaines images n’ont pu être incorporés dans les tomes Etudes. – La liste date de ~2010 et reste à compléter.
518mise à jour en janvier 2018.
519Abandonnées.